ARGENTINE - Le commerce extérieur en 2013

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Le commerce extérieur de l’Argentine
en 2013
Résumé
L’Argentine voit son excédent commercial repartir à la baisse qui atteint 1,8% du PIB, son plus bas niveau
depuis la crise de 2001. La reprise de l’activité économique argentine (+3% en 2013 contre +0,9% en 2012)
n’est pas le seul facteur qui puisse expliquer la dégradation de ce solde car la contrainte énergétique se fait
de plus en plus pesante sur l’équilibre extérieur –le déficit énergétique a doublé en 3 ans et représente près
de la moitié de l’excédent commercial en valeur absolue– tandis que l’économie du Brésil, qui représente le
quart du commerce argentin, peine à redémarrer.
L’effet positif de la politique de restriction aux importations sur le solde
commercial s’essouffle.
La politique de restriction des importations en vigueur depuis fin 2011 avait mis un coup d’arrêt à la
tendance à la hausse des importations qui accompagnait le rebond de l’économie argentine suite à la
récession de 2009 : les entrées de marchandises ont reculé de 7,3% en 2012 (contre une augmentation de
30,2% en 2011). Les mauvais résultats de l’économie argentine l’année dernière (+0,9% en 2012 contre
8,6% en 2011) n’y étaient pas non plus étrangers. Les exportations ont également fortement chuté passant
d’une évolution annuelle de +23,1% en 2011 à -3,6% en 2012. Cela s’explique d’une part par la baisse
marquée de la demande des produits agricoles (qui représentent environ 60% des exportations argentines)
dû au ralentissement de l’économie mondiale, et en particulier de celle du Brésil (+0,9% de croissance en
2012), premier client argentin avec 19% des exportations en 2012. Les exportations argentines souffrent
également d’un protectionnisme réciproque de la part de ses principaux partenaires.
L’année 2013 marque un léger relâchement d’une politique protectionniste qui a nettement brisé le
dynamisme commercial argentin de l’après-crise de 2002. Alors que le volume des échanges argentins
affiche une hausse annuelle moyenne de 20% entre 2003 et 2011, il a reculé de 5,4% en 2012 et augmenté
de seulement 3,9% en 2013. Avec 155,3 Mds USD en 2013, le volume d’échanges n’a toujours pas
récupéré son niveau de 2011 (157,9 Mds USD) et ce, en dépit d’un rebond de la croissance argentine de
3,0% en 2013. Cette reprise a avant tout favorisé les importations qui expliquent 3,4 points de pourcentage
de la hausse du volume contre 0,5 points pour les exportations.
En raison d’une composante énergétique structurelle croissante, les importations (73,7 Mds USD) ont ainsi
enregistré une hausse de 7,5% en 2013 tandis que les exportations (81,7 Mds USD) stagnent avec une
petite hausse de 0,9%. Cela a pour effet une forte dégradation de l’excédent commercial qui recule de
35,6% à 8,0 Mds USD en 2013, soit 1,6% du PIB –son plus bas niveau depuis 2001. Avec un montant
d’exportations qui représente seulement 110,9% des importations, le taux de couverture n’avait pas été
aussi bas depuis 2000 (104,2%). Hormis un léger rebond en 2012 dû à la mise en place des mesures
protectionnistes, ce taux affiche une forte tendance à la baisse depuis 2009 quand il était de 143,5%.
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Plombée par le secteur énergétique, la reprise des exportations provient
avant tout des produits agricoles transformés.
Selon l’ancienne estimation, les exportations atteignaient 83,0 Mds USD en 2013, soit 2,1 Mds USD de plus
qu’en 2012. La hausse de 2,1% s’appuyait avant tout sur une forte reprise des exportations manufacturière,
et en particulier des produits agricoles transformés dont la contribution s’élève à 3,2 points de pourcentage
alors qu’elle est de 1,1 points pour les produits manufacturiers non-agricoles. En raison d’un recul des
exports miniers, les exportations de produits primaires contribuent peu à la hausse des exports (+0,3 point)
tandis que les exportations énergétiques ont une contribution négative de 2,0 points.
Cela est symptomatique de la contrainte énergétique grandissante en Argentine qui souffre d’un sérieux
manque d’investissement dans le secteur cette dernière décennie, obligeant le pays à réduire ses
exportations d’énergie pour approvisionner le marché domestique. Par ailleurs, la décision de l’Union
européenne d’interdire depuis mai dernier les importations de biodiesel argentin a également plombé les
exportations énergétiques qui reculent de 23,7% par rapport à 2012. La part de l’énergie dans les
exportations argentines se réduit ainsi à 6,3% en 2013 contre 8,5% en 2012 –celle-ci s’élevait encore à plus
de 10% en 2009.
A l’inverse, la part des produits agricoles transformés n’a jamais été aussi élevée depuis 2009 et atteint
36,2% (contre 33,6% en moyenne entre 2010 et 2012) et, avec une hausse de 9,4%, redevient en 2013 le
premier poste d’exportation argentin. Les exportations de produits primaires augmentent légèrement de
1,3% à 19,3 Mds USD, soit 23,2% des exports totaux –un niveau stable depuis 2010. Cela est avant tout, dû
au léger recul de 6% des exportations de céréales et de la chute de 33% des exports miniers. Au total, le
secteur agricole représente ainsi 57,7% des exportations argentines, un record depuis 1996 tandis que ce
chiffre a été en moyenne de 53,4% sur la décennie 2003-2013.
Les exportations manufacturières non-agricoles (MNA) enregistrent un rebond de 3,2% et atteignent un
montant de 28,4 Mds USD en 2013, soit 34,2% des exportations totales. Cependant, cette amélioration est à
l’image de la situation du secteur industriel argentin qui affiche une légère croissance grâce au secteur
automobile qui compense les baisses d’activité de l’ensemble des autres secteurs. Les exports de matériel
de transport terrestre qui représente 40,1% des exportations MNA ont augmenté de 19,0% quand
l’ensemble des autres principaux secteurs enregistrait une hausse inférieure à 6% ou un recul.
Des importations contraintes à la hausse par l’énergie et poussée par la
reprise économique argentine.
Les appareils et Le montant des importations en 2013 est de 74,0 Mds USD, soit 5,5 Mds USD de plus
qu’en 2012. Les importations reviennent ainsi au même niveau qu’en 2011, c’est-à-dire avant l’application
des restrictions aux importations. Ce paradoxe trouve son explication dans la contrainte énergétique d’une
part et l’importance stratégique du secteur automobile dans le tissu industriel argentin. Si l’on décompose la
hausse des importations de 8,0%, on constate que la principale contribution positive sont les combustibles et
lubrifiants (+3,1 points) suivis des véhicules (+2,5 points), devant les pièces et accessoires (+1,4 points) et
les biens d’équipement (+1,4 points). Les biens de consommation et les biens intermédiaires ont une faible
contribution de +0,3 point et -0,6 point, respectivement. On peut noter que les importations de biens
d’équipement rebondissent alors qu’ils avaient été les plus durement touchés en 2012 (-2,9%), le secteur
énergétique nécessitant un investissement accru si le gouvernement souhaite inverser son rôle
prépondérant dans la dégradation du solde commercial. Par ailleurs, l’administration argentine ne semble
pas avoir appliquée le même niveau de restriction à la filière automobile, probablement, parce que le pays
reste exportateur net de véhicules. Il est cependant important de remarquer que la filière automobile reste
largement déficitaire si l’on prend en compte les importations de pièces détachées, ce qui en fait le second
plus important déficit qui pèse sur le solde commercial après l’énergie.
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La part de l’énergie atteint en 2013 un niveau historiquement haut : il représente 15,4% des importations
totales contre 13,5% en 2012. Cela représente près du double de son niveau de 2010 (8,4%). Il faut
cependant rappeler que la compagnie nationale d’énergie YPF avait annoncé devoir augmenter
significativement ses importations, suite à l’incendie de sa principale raffinerie lors des inondations de La
Plata en avril 2013. Le premier poste d’importation reste les biens intermédiaires avec 26,5% (contre 29,3%
en 2011 et 2012). Viennent ensuite les pièces détachées (20,9% contre 21,1% en 2012), les biens
d’équipement (17,2% comme en 2012), les combustibles, les biens de consommation (10,1% contre 10,6%
en 2012) et les véhicules (9,6% contre 7,8% entre 2009 et 2012).
Le Brésil, un partenaire commercial prépondérant à la santé
économique fragile.
Avec 23,6% des échanges argentins en 2013 (24% en moyenne sur la décennie 2003-2013), le Brésil reste
de loin le partenaire commercial le plus important de son voisin. Il représente 21,2% des exportations
argentines et 26,3% des importations. Si le solde bilatéral est stable par rapport à 2012 et continue à être
défavorable à l’Argentine avec -1,9 Mds USD, celui-ci s’est nettement réduit depuis 2010 (-3,5 Mds USD).
Près de la moitié des échanges argentins (48,1%) se font au sein du continent américain. Le Mercosur
(Brésil, Uruguay, Paraguay et Venezuela) représente 25,8% des exportations et 27,5% des importations ;
l’Argentine y dégage un solde positif de 3,2 Md USD. Un autre solde excédentaire important (+3,2 Md USD)
e
provient du Chili. Son seul voisin non membre du bloc commercial était son 3 client en 2012 derrière le
Brésil et la Chine (7,7% des exportations). Le volume d’échange chileno-argentin (3,3% des échanges) est
presque équivalent à celui de l’Argentine avec les autre pays latino-américains non membre du Mercosur
(4,8% des échanges, hors Mexique).
Le seul bloc commercial américain avec lequel l’Argentine enregistre un déficit (-3,4 Mds USD) est l’ALENA
qui représente 11,6% de ses échanges. Il s’agit de l’un des trois principaux déficits commerciaux avec l’UE (2,9 Md USD) et surtout la Chine (-5,0 Mds USD). Ces deux partenaires représentent en 2013
respectivement ; 15,5% et 11,3% des échanges ; 12,9% et 7,7% des exportations contre 18,4% et 15,4%
des importations. En plus d’être le deuxième client argentin, la Chine est le deuxième fournisseur argentin
(15,4% des importations argentines) en 2013 derrière le Brésil et devant les Etats-Unis. Plus généralement,
le volume d’échange sino-argentin a été multiplié par 5,5 entre 2003 et 2013 quand celui avec le Brésil a
quadruplé et les échanges avec les Etats-Unis n’ont « que » doublé.
Du côté des autres pays asiatiques, tout comme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’Argentine semble
avoir trouvé des débouchés relativement profitables. Alors que ces ensembles régionaux ne représentent
qu’une part limitée de son volume d’échanges (9,7% et 6,1%), l’Argentine y dégage de confortables
excédents qui s’élève à 3,6 Mds USD pour l’ASEAN, le Japon, la Corée du Sud et l’Inde et à 6,5 Mds USD
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
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