MALADIES
RÉNALES
GÉNÉTIQUES
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travail du diagnostic pré-implantatoire (trois centres en France sont agréés pour le
DPI), j’ai relevé un cas de syndrome d’Alport lié à l’X [18].
Dans les maladies autosomiques récessives, les tests génétiques n’ont pas d’inté-
rêt chez les homozygotes (qui développent la maladie) et chez les hétérozygotes
(qui sont le plus souvent asymptomatiques). L’intérêt majeur est dans le diagnostic
prénatal lorsque les parents ont déjà donné naissance à un enfant atteint et souhai-
tent y avoir recours. Les maladies rénales concernées sont la polykystose récessive,
la cystinose, la néphronophtise, le syndrome de Lowe, le syndrome d’Alport auto-
somique récessif ou d’autres maladies très rares à révélation précoce. Le diagnostic
prénatal et le DPI sont de la compétence des généticiens et des laboratoires agréés,
entourés des psychologues compétents.
Dans les maladies autosomiques dominantes, divers cas de figure sont rencon-
trés. Dans les maladies à forte pénétrance et à expression assez précoce dans la
vie, les tests génétiques n’ont pas un grand intérêt : l’échographie rénale est un
moyen simple et sûr de faire le diagnostic d’ADPKD et d’exclure ce diagnostic
s’il n’y a pas de kystes rénaux décelables à l’âge de 30 ans, chez les sujets à risque,
appartenant à une famille atteinte. L’exemple des maladies polykystiques hérédi-
taires montre bien qu’à côté du néphrologue et du généticien, peut exister un troi-
sième partenaire, le radiologue [19]. Les précautions prises vis-à-vis des tests
génétiques (
voir plus loin
) devraient également s’appliquer aux explorations radio-
logiques lorsque celles-ci permettent de poser le diagnostic de maladie polykysti-
que avec toutes les conséquences génétiques et cliniques que cela implique. Dans
l’ostéo-onycho-dysplasie, on peut établir simplement le diagnostic de la maladie
en examinant les ongles, les rotules et quelques radiographies osseuses, mais la
survenue d’une néphropathie est imprévisible parmi les sujets atteints et les tests
génétiques ne sont pas prédictifs à cet égard.
Dans d’autres maladies autosomiques dominantes dont les manifestations se
développent progressivement au cours de la vie, l’identification des hétérozygotes
par un test génétique a un grand intérêt clinique : c’est le cas dans la maladie de
VHL ; les sujets porteurs de la mutation bénéficient du dépistage des localisations
de la maladie, y compris dès l’enfance pour l’hémangioblastome rétinien et le phé-
ochromocytome, de leur traitement précoce et d’un suivi régulier ; à l’inverse des
sujets qui n’ont pas la mutation sont dispensés des explorations et de ce suivi et
ne risquent pas de transmettre la maladie à leur descendance [20].
La situation est plus complexe dans les maladies autosomiques dominantes à
pénétrance variable. Dans la sclérose tubéreuse (où en outre, le taux de néomuta-
tions est élevé) l’expression de la maladie varie beaucoup d’un malade à l’autre,
y compris dans une même famille. Le phénotype pathologique peut se limiter à
quelques discrètes lésions cutanées et/ou à des calcifications intracérébrales. Il en
est de même dans le syndrome branchio-oto-rénal, ou dans la glomérulosclérose
segmentaire et focale héréditaire ; dans cette dernière maladie, certains adultes por-
teurs de la mutation de l’
α
-actinine-4 n’ont pas de proté
inurie [21, 22]. Le test
génétique
est essentiel au conseil gé
nétique, mais son intérêt pour prédire l’avenir
rénal est plus limité. Dans le syndrome autosomique dominant associant
macrothrombocytopénie, surdité et atteinte rénale, dû à des mutations du
gène MYH9, certains hommes vecteurs ont des plaquettes géantes et/ou une hypo-
acousie, mais ne développent pas de néphropathie, ce qui est totalement différent
de ce qu’on observe dans le syndrome d’Alport lié à l’X où tous les hommes
atteints évoluent vers l’insuffisance rénale [17, 23].