TAKE%CARE%
Noémie Carcaud Cie Le Corps Crie
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Du!11!au!22!octobre!2016!
au!Théâtre!de!la!Vie!à!Bruxelles!
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Le!7!mars!2017!à!l'auditorium!de!La!Louvière!à!Epinal!
le!9!et!le!10!mars!2017!au!TGP!à!Frouard!
le!14!mars!au!Théâtre!du!Saulcy!à!Metz!
Une création de la compagnie Le Corps Crie en coproduction avec le Théâtre de la Vie et le CCAM,
Scène nationale de Vandoeuvre. Avec le soutien de la DRAC Lorraine, du Conseil régional de Lorraine,
du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle et de la Ville de Nancy.
(photos Jean Marc Ame©)
LA PRESSE EN PARLE
La Libre 19/10/2016
RTBF 21/10/2016
"Take care" de Noémie Carcaud : bonté, beauté,
subtilité, ça rime.***
Critique:***. Par Christian Jade.
D’emblée, tout nous est donné : une jeune femme vêtue de rouge nous regarde entrer, comme un
immense point d’interrogation, planté en bord de scène. Son appel muet, sa vague demande d’aide on
les comprendra plus tard, progressivement. Mona, interprétée avec une subtile élégance par Jessica
Gazon, c’est l’axe central autour duquel tourneront et se définiront les autres personnages. Son
handicap, sa maladie, jamais bien définis, ses caprices de femme enfant, ses moments de folie
donneront son rythme à un groupe de 7 personnages en quête de quoi? D’eux-mes? De leurs
relations présentes et passées? De leurs fantasmes, surgis de partout et de nulle part ? De leur besoin
maladroit de protection de la plus faible d’entre eux ? Un peu de tout ça, par vagues successives.
Tout nous est donné aussi par une scénographie très belle et fonctionnelle de Marie Szernowicz. C’est
une œuvre d’art, entre cubisme et symbolisme, sur les murs et au sol, une sorte de boîte à rêves pour
remonter le temps. Mais c’est d’abord un espace hyper réaliste, avec table conviviale, vieux frigo,
canapé fatigué, débarras encombré de vaisselle pour situer les personnages dans cette maison qui
menace ruine. Et ça commence à discuter ferme, an sein de la fratrie, entre partisans et adversaires de
la vente, autour d’une table, symbole de la convivialité, de la chaleur ce groupe, agité de contradictions.
Autour de ces deux axes, une maison à vendre, ou pas, et une jeune femme malade à protéger, mais
comment, des liens se tissent, se nouent, se dénouent entre les protagonistes, 3 femmes et 4
hommes. L’espace de jeu présente des recoins multiples où les 7 acteurs ne sont jamais inactifs,
occupés à des jeux discrets ou des tâches ménagères pendant que les duos, trios ou quatuors se
chamaillent ici et là. La "hiérarchie" de la famille (qui est père, mère, fille, frère, oncle, amant) est
laissée à l’imagination du spectateur. Un test projectif, en somme où les rapports de force classiques
au sein d’une famille pour un héritage font place aux fantômes du passé au sein de chacun(e). Chacun
va devoir prendre ses responsabilis vis-à-vis de Mona, la malade quasi muette. D’où le titre "take
care". Son ambiguïté, en anglais, va de "prendre soin de" à "donner de l’attention à". La bienveillance
peut donc être active ou distante, excessive ou minimaliste.
Le texte qu’on entend n’est sans doute pas "d’anthologie", à publier chez Lansman ou à l’Arche. C’est
le produit, théâtralement intense, d’un long travail de plateau des acteurs, avec la participation active de
la scénographe. Chacun s’est défini par rapport à la malade et en explorant ses rêves et ses
fantasmes. Le spectacle est souvent "choral" au sens musical du terme, avec une tonalité parfois
saccadée, rythmée par les colères les joies, un soupçon d’hystérie. Avec soudain, une étonnante danse
/transe qui surgit comme un défoulement collectif des tensions accumulées. Le drame est toujours là,
derrière les lézardes de la maison mais l’humour et la tendresse l’emportent. La mise en scène de
Noémie Carcaud, remarquable d’intelligence, repose sur la forte scénographie de Marie Scernowicz et
sur un collectif d’acteurs à l’unisson : outre Jessica Gazon, Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien
Fayard, Cédric Le Goulven. Fabienne Laumonier et Emmanuel Texeraud (aussi metteur en scène
récent de "l’Intruse" de Maeterlinck, nominée aux Prix de la Critique2016) nous emportent dans leurs
contradictions.
Le spectacle, que j’ai vu fort tard en cette rentrée théâtrale tonitruante, n’est visible que ce samedi 22 à
Bruxelles et plus tard en France. On lui souhaite une vie "au-delà" en Belgique.
"Take care" de Noémie Carcaud, au Théâtre de la Vie jusqu'au 22 octobre.
Christian Jade RTBF.be
Alternatives Théâtrales blog 14/11/2016
Éthique de la sollicitude
Laurence Van Goethem À propos de « Take Care » de Noémie Carcaud au Théâtre de la Vie
Le théâtre de la Vie est le seul théâtre à Bruxelles où l’on ne se sent pas (trop) gênés d’arriver trempés de bruine
automnale, de s’asseoir dans les gradins l’imperméable roulé en boule aux pieds, élastiques de vélo fluo aux chevilles
et, pourquoi pas, bébé sous le coude, comme, ce soir-là, un couple à côté de moi.
Le plateau est petit mais la magnifique scénographie de Marie Szersnovicz y prend une place conséquente : nous
sommes pour un soir dans une maison familiale, aux murs décrépis, un large trou à « jardin » laissant entrevoir un amas
d’objets en tout genre issus d’années d’exploitation d’un intérieur domestique transmis de génération en génération.
Jessica Gazon, en robe rouge, observe d’emblée le va-et-vient de l’installation du public, quand tout se joue encore dans
la salle. C’est elle le personnage principal, quasi muet, de cette pièce, Take Care, écrite (sur base d’improvisations avec
les acteurs) et mise en scène par Noémie Carcaud. Autour du concept de la bien-veillance (ou comment « prendre soin »
d’une personne en souffrance), six frères et sœurs se retrouvent dans la cuisine de la demeure commune.
La question centrale de la vente de celle-ci sera le prétexte pour explorer certaines problématiques qu’elle sous-tend :
que signifie être une famille ? Quels sont les liens qui nous unissent ? Comment « reboucher » les failles de notre
enfance (symbolisées par ce repaire béant) ?
Les chaises, dépareillées, sont à l’image de cette famille où chacun, avec son « bagage », tente de s’exprimer tout en
déployant une approche d’attention prévenante à l’autre. Car prendre soin c’est aussi reconnaître sa dépendance vis-à-
vis d’autrui. Et cela peut créer des frictions.
Tout se passe dans cette cuisine (à « cour ») et tout se « bloque » dans ce débarras, pourrait-on dire pour simplifier.
Incarnée par Jessica Gazon, Mona, la sœur « problématique », en dépression, donnera du fil à retordre à ses proches,
qui, l’un après l’autre et chacun à leur façon, accumuleront les maladresses comme autant de marques d’affection
exaspérée.
Les premiers échanges avec la « malade » s’ancrent autour de l’alimentation : «Je vais te faire un steak » ; ou
comment soigner à coups de bon petits plats pour se doter d’une illusoire bonne conscience. Suit la problématique
prosaïque concomitamment liée de l’évacuation de cette nourriture, soit des toilettes, ou, vu les conditions de
« l’infirme », le « pot », adopté par souci de commodité. Enfin, vient la question de la solitude : on organise pour la
combler un calendrier de visites, même si la patiente très patiente pour le coup n’en demande pas tant et semble
désirer, plutôt, qu’on la laisse tranquille.
Mais voilà, elle prend tout « au premier degré » lui reprochera-t-on. Elle « n’a pas les mêmes codes ». Comment
s’entendre, dès lors ?
Dans un étirement temporel sensible l’alcool aidant (excellent Emmanuel Texeraud avec un verre dans le nez) la
deuxième partie décrispera peu à peu les problèmes et laissera place à la mort, inconsciemment aussi attendue que
crainte. Le corps de Mona reste encombrant comme lorsqu’elle était en vie, et les questions resurgissent : qu’en faire ?
La « nettoyer, nettoyer, nettoyer », la récurer avec une éponge (on dira même « passer l’éponge », lapsus révélateur),
tenter désespérément de lui rendre sa pureté originelle, pour mieux renaître ?
Noémie Carcaud pointe avec justesse dans Take Care la centralité éthique du soin et du cœur dans l’existence en
société, valeurs qui sont souvent mises à mal aujourd’hui face à la course effrénée au gain et à la croissance
économique.
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Distribution!
Jeu Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien
Fayard, Jessica Gazon, Fabienne
Laumonier, Cédric Le Goulven,
Emmanuel Texeraud
Ecriture et mise en scène Noémie Carcaud
Assistanat Mélanie Rullier
Assistanat à la dramaturgie Estelle Charles
Scénographie et costumes Marie Szersnovicz
Assistanat à la scénographie Camille Collin
Création lumière Pier Gallen
Création sonore Jean-Marc Amé
Production Leïla Di Gregorio
Remerciements Conchita Paz, Regina Röhrer, Francesco
Italiano, Pedro Cabanas
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