TAKE CARE Noémie Carcaud – Cie Le Corps Crie Du 11 au 22 octobre 2016 au Théâtre de la Vie à Bruxelles Le 7 mars 2017 à l'auditorium de La Louvière à Epinal le 9 et le 10 mars 2017 au TGP à Frouard le 14 mars au Théâtre du Saulcy à Metz Une création de la compagnie Le Corps Crie en coproduction avec le Théâtre de la Vie et le CCAM, Scène nationale de Vandoeuvre. Avec le soutien de la DRAC Lorraine, du Conseil régional de Lorraine, du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle et de la Ville de Nancy. (photos Jean Marc Ame©) LA PRESSE EN PARLE La Libre 19/10/2016 RTBF 21/10/2016 "Take care" de Noémie Carcaud : bonté, beauté, subtilité, ça rime.*** Critique:***. Par Christian Jade. D’emblée, tout nous est donné : une jeune femme vêtue de rouge nous regarde entrer, comme un immense point d’interrogation, planté en bord de scène. Son appel muet, sa vague demande d’aide on les comprendra plus tard, progressivement. Mona, interprétée avec une subtile élégance par Jessica Gazon, c’est l’axe central autour duquel tourneront et se définiront les autres personnages. Son handicap, sa maladie, jamais bien définis, ses caprices de femme enfant, ses moments de folie donneront son rythme à un groupe de 7 personnages en quête de quoi? D’eux-mêmes? De leurs relations présentes et passées? De leurs fantasmes, surgis de partout et de nulle part ? De leur besoin maladroit de protection de la plus faible d’entre eux ? Un peu de tout ça, par vagues successives. Tout nous est donné aussi par une scénographie très belle et fonctionnelle de Marie Szernowicz. C’est une œuvre d’art, entre cubisme et symbolisme, sur les murs et au sol, une sorte de boîte à rêves pour remonter le temps. Mais c’est d’abord un espace hyper réaliste, avec table conviviale, vieux frigo, canapé fatigué, débarras encombré de vaisselle pour situer les personnages dans cette maison qui menace ruine. Et ça commence à discuter ferme, an sein de la fratrie, entre partisans et adversaires de la vente, autour d’une table, symbole de la convivialité, de la chaleur ce groupe, agité de contradictions. Autour de ces deux axes, une maison à vendre, ou pas, et une jeune femme malade à protéger, mais comment, des liens se tissent, se nouent, se dénouent entre les protagonistes, 3 femmes et 4 hommes. L’espace de jeu présente des recoins multiples où les 7 acteurs ne sont jamais inactifs, occupés à des jeux discrets ou des tâches ménagères pendant que les duos, trios ou quatuors se chamaillent ici et là. La "hiérarchie" de la famille (qui est père, mère, fille, frère, oncle, amant) est laissée à l’imagination du spectateur. Un test projectif, en somme où les rapports de force classiques au sein d’une famille pour un héritage font place aux fantômes du passé au sein de chacun(e). Chacun va devoir prendre ses responsabilités vis-à-vis de Mona, la malade quasi muette. D’où le titre "take care". Son ambiguïté, en anglais, va de "prendre soin de" à "donner de l’attention à". La bienveillance peut donc être active ou distante, excessive ou minimaliste. Le texte qu’on entend n’est sans doute pas "d’anthologie", à publier chez Lansman ou à l’Arche. C’est le produit, théâtralement intense, d’un long travail de plateau des acteurs, avec la participation active de la scénographe. Chacun s’est défini par rapport à la malade et en explorant ses rêves et ses fantasmes. Le spectacle est souvent "choral" au sens musical du terme, avec une tonalité parfois saccadée, rythmée par les colères les joies, un soupçon d’hystérie. Avec soudain, une étonnante danse /transe qui surgit comme un défoulement collectif des tensions accumulées. Le drame est toujours là, derrière les lézardes de la maison mais l’humour et la tendresse l’emportent. La mise en scène de Noémie Carcaud, remarquable d’intelligence, repose sur la forte scénographie de Marie Scernowicz et sur un collectif d’acteurs à l’unisson : outre Jessica Gazon, Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien Fayard, Cédric Le Goulven. Fabienne Laumonier et Emmanuel Texeraud (aussi metteur en scène récent de "l’Intruse" de Maeterlinck, nominée aux Prix de la Critique2016) nous emportent dans leurs contradictions. Le spectacle, que j’ai vu fort tard en cette rentrée théâtrale tonitruante, n’est visible que ce samedi 22 à Bruxelles et plus tard en France. On lui souhaite une vie "au-delà" en Belgique. "Take care" de Noémie Carcaud, au Théâtre de la Vie jusqu'au 22 octobre. Christian Jade RTBF.be Alternatives Théâtrales blog 14/11/2016 Éthique de la sollicitude Laurence Van Goethem À propos de « Take Care » de Noémie Carcaud au Théâtre de la Vie Le théâtre de la Vie est le seul théâtre à Bruxelles où l’on ne se sent pas (trop) gênés d’arriver trempés de bruine automnale, de s’asseoir dans les gradins l’imperméable roulé en boule aux pieds, élastiques de vélo fluo aux chevilles et, pourquoi pas, bébé sous le coude, comme, ce soir-là, un couple à côté de moi. Le plateau est petit mais la magnifique scénographie de Marie Szersnovicz y prend une place conséquente : nous sommes pour un soir dans une maison familiale, aux murs décrépis, un large trou à « jardin » laissant entrevoir un amas d’objets en tout genre issus d’années d’exploitation d’un intérieur domestique transmis de génération en génération. Jessica Gazon, en robe rouge, observe d’emblée le va-et-vient de l’installation du public, quand tout se joue encore dans la salle. C’est elle le personnage principal, quasi muet, de cette pièce, Take Care, écrite (sur base d’improvisations avec les acteurs) et mise en scène par Noémie Carcaud. Autour du concept de la bien-veillance (ou comment « prendre soin » d’une personne en souffrance), six frères et sœurs se retrouvent dans la cuisine de la demeure commune. La question centrale de la vente de celle-ci sera le prétexte pour explorer certaines problématiques qu’elle sous-tend : que signifie être une famille ? Quels sont les liens qui nous unissent ? Comment « reboucher » les failles de notre enfance (symbolisées par ce repaire béant) ? Les chaises, dépareillées, sont à l’image de cette famille où chacun, avec son « bagage », tente de s’exprimer tout en déployant une approche d’attention prévenante à l’autre. Car prendre soin c’est aussi reconnaître sa dépendance vis-àvis d’autrui. Et cela peut créer des frictions. Tout se passe dans cette cuisine (à « cour ») et tout se « bloque » dans ce débarras, pourrait-on dire pour simplifier. Incarnée par Jessica Gazon, Mona, la sœur « problématique », en dépression, donnera du fil à retordre à ses proches, qui, l’un après l’autre et chacun à leur façon, accumuleront les maladresses comme autant de marques d’affection exaspérée. Les premiers échanges avec la « malade » s’ancrent autour de l’alimentation : « – Je vais te faire un steak » ; ou comment soigner à coups de bon petits plats pour se doter d’une illusoire bonne conscience. Suit la problématique prosaïque – concomitamment liée – de l’évacuation de cette nourriture, soit des toilettes, ou, vu les conditions de « l’infirme », le « pot », adopté par souci de commodité. Enfin, vient la question de la solitude : on organise pour la combler un calendrier de visites, même si la patiente – très patiente pour le coup – n’en demande pas tant et semble désirer, plutôt, qu’on la laisse tranquille. Mais voilà, elle prend tout « au premier degré » lui reprochera-t-on. Elle « n’a pas les mêmes codes ». Comment s’entendre, dès lors ? Dans un étirement temporel sensible – l’alcool aidant (excellent Emmanuel Texeraud avec un verre dans le nez) – la deuxième partie décrispera peu à peu les problèmes et laissera place à la mort, inconsciemment aussi attendue que crainte. Le corps de Mona reste encombrant comme lorsqu’elle était en vie, et les questions resurgissent : qu’en faire ? La « nettoyer, nettoyer, nettoyer », la récurer avec une éponge (on dira même « passer l’éponge », lapsus révélateur), tenter désespérément de lui rendre sa pureté originelle, pour mieux renaître ? Noémie Carcaud pointe avec justesse dans Take Care la centralité éthique du soin et du cœur dans l’existence en société, valeurs qui sont souvent mises à mal aujourd’hui face à la course effrénée au gain et à la croissance économique. Distribution Jeu Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien Fayard, Jessica Gazon, Fabienne Laumonier, Cédric Le Goulven, Emmanuel Texeraud Ecriture et mise en scène Noémie Carcaud Assistanat Mélanie Rullier Assistanat à la dramaturgie Estelle Charles Scénographie et costumes Marie Szersnovicz Assistanat à la scénographie Camille Collin Création lumière Pier Gallen Création sonore Jean-Marc Amé Production Leïla Di Gregorio Remerciements Conchita Paz, Regina Röhrer, Francesco Italiano, Pedro Cabanas Présentation Sept protagonistes sont rassemblés dans une maison de campagne isolée, une maison de famille vétuste, en partie effondrée. Ils doivent décider de son sort, ensemble. Les enjeux font ressurgir des liens, des rapports entre eux. Et petit à petit, des souvenirs refont surface. Le passé se mêle au présent pour dévoiler les failles, les fissures, les fantômes... Des moments qui ont eu lieu dans cette maison se rejouent entre eux, se reconstituent à travers eux. Qu’est-ce que cela veut dire prendre soin ? Veiller ? Donner de l’attention ? Porter, soigner, nourrir, accompagner, satisfaire ? A quoi tiennent ces relations que nous entretenons avec notre entourage proche ou social ? Qu’est-ce qu’on attend les uns des autres ? Que se demande-t-on ? Que se donne-t-on ? Que donne-t-on qu’on ne nous a pas demandé et qui encombre ? Dans quelle mesure les rapports que nous avons avec les autres sont dénués de calcul ? Pourquoi a-t-on besoin des autres ? Pourquoi a-t-on besoin que les autres aient besoin de nous ? Qui porter et jusqu’où ? Qui sauver et de quoi ? Que ne donne-t-on pas par peur d’être vidé, envahi, dépossédé ? Le Corps Crie / Historique Le Corps Crie est né en février 1995 à Nancy, avec la création de Scandaleuses de JeanMarie Piemme. Menée par la comédienne Noémie Carcaud, installée à Bruxelles depuis 2005, la compagnie développe un travail de formes visuelles et gestuelles dans lesquelles les émotions sont portées autant par le corps et le geste, que par la voix et le texte. L’acteur, placé au centre du dispositif, devient peu à peu auteur des créations. Avec Nu, Non Lieu, puis Au plus près, Le Corps Crie quitte le texte de répertoire pour se lancer dans la création. Il explore l’humain dans ses recoins les plus intimes: son rapport à lui-même et à l’autre, ses doutes, ses désirs, ses contradictions... La recherche de la compagnie s’articule autour de la théâtralité même de la vie: à quoi on joue ? Pour qui? Quels sont les enjeux ? Où est la limite entre le réel et l’imaginaire ? Le vrai et le faux ? D’Au plus près à Take Care Le précédent spectacle de la compagnie, Au Plus Près, posait la question du “je”, de l’individu face à lui-même. Au cours du travail, la compagnie a poussé à son extrême l’individuation. Elle a exploré la solitude, plusieurs solitudes en parallèle dans un même espace, avec très peu d’interactions entre elles, jusqu’à éprouver une sorte de saturation du « je ». L’autre, le rapport à l’autre n’y était pas questionné en tant que tel, mais ne cessait pourtant d’affleurer. Comme en réponse à ce « je » envahissant, l’équipe a rapidement éprouvé le besoin de se pencher sur l’altérité, et lance dès 2011 des ateliers de recherche, qui donnent naissance au projet Take Care. L’expression anglaise rend compte d’un double sens : take care signifie à la fois prendre soin et faire attention, attentionné ou attentif, rester sur ses gardes, à l’approche d’un danger, veiller sur ou surveiller… Cette ambivalence du rapport à l’autre est leur point de départ, et ils l’explorent à partir des relations les plus quotidiennes, qui recèlent par hasard ou par inattention, autant de précieux moments de rencontres que de grandes violences. Note d’intention de Noémie Carcaud Je souffre régulièrement de la survalorisation de l’individu au sein de notre fonctionnement social occidental. Il me semble constamment que le message qu’on m’envoie est que chacun doit avant tout sauver sa peau, quel qu’en soit le prix à payer pour d’autres, et quitte à écraser des gens au passage. Et si je suis souvent happée par les affres de la vanité de la vie, que désespérément je conscientise à quel point chacun d’entre nous, malgré tous les liens, est seul, face à la vie et face à la mort, j’ai l’intime conviction que nous nous devons quelque chose les uns aux autres, entre humains. La vanité existentielle, donc, bien loin de m’encourager à n’écouter que mes propres besoins, me renforce dans l’idée que le changement ne peut commencer que par l’introspection et la remise en question individuelle. Je crois que c’est à chacun de regarder en lui et de changer des petites choses dans son rapport au monde, plutôt que d’attendre des structures politiques et sociales qu’elles s’en chargent. Chacun d’entre nous est responsable de sa relation aux gens qui l’entourent, sa famille, ses amis, ses voisins... La famille est un vivier dense dont sont issus la plupart de nos besoins et de nos manques, elle est un contexte déterminant des relations qu’on entretiendra par la suite avec d’autres gens. Il me semble qu’on se doit du soutien, entre membre d’une même tribu, qu’elle soit familiale ou amicale. Cette injonction de l’amour d’autrui, au sens biblique du terme, s’enracine dans l’héritage religieux, et se retrouve dans nombre de croyances. Pourtant, j’ai souvent le sentiment qu’on s’aime mal. En voulant bien faire on peut blesser. Entre l’intention et les faits il y a un gouffre. Nous sommes souvent maladroits les uns avec les autres, parce que nous projetons nos propres besoins, manques, sur d’autres, qui n’ont pas la même histoire, le même vécu que nous. Parfois on se fait du bien, et ce n’est pas forcément en étant doux et condescendant, parfois on a besoin que l’autre nous secoue, nous remette en cause, parce que ça nous fait avancer. Prendre soin de quelqu’un ce n’est pas que de la douceur, c’est un équilibre à trouver. C’est fragile et complexe. "Allez lève-toi quoi ! Lève-toi ! Ça me fait mal ! Ça me fait mal tu comprends ça de te voir comme ça ! Dans ce canapé que je ne peux plus blairer ! T'as une sale gueule ! Je ne veux plus voir ça, moi, je veux que tu changes tout ça…moi je vais t'aider… Mais je ne peux pas te filer ma vie, je ne peux pas te filer mon énergie… Si je pouvais le faire putain mais je le ferai ! Mais c'est à toi de le faire, c'est ton moteur à toi ! C'est ça qu'il faut que tu remettes en marche ma vieille! T'es en train de te laisser bouffer là ! Et moi je ne veux plus voir ça ! Je ne veux plus voir ça ! Putain mais respecte-toi ! Respecte-toi bordel ! Tu es en train de te laisser… Tu es en train de te barrer là !" Extrait Take Care – « L’ami », Franck et Mona Le spectacle Processus d’écriture Le processus de création de Noémie Carcaud part toujours d’improvisations. Elle propose aux acteurs des pistes, des questions, et ensemble, sur le plateau, ils établissent un dialogue constructif entre ses propositions, et les leurs, en réaction. L’acteur est au coeur du processus car il doit apporter tous ses outils d’humain: son expérience, son imaginaire, son intelligence, sa sensibilité... Suite à ces séances de recherche, Noémie Carcaud poursuit sa réflexion concernant la construction du spectacle et amorce un travail d’écriture. Il s’agit d’abord de transcrire les improvisations les plus intéressantes, puis de les remanier, de les raccourcir, d’en préciser les situations et d’en clarifier les enjeux dramaturgiques. Elle garde cependant les mots des acteurs : leurs singularités, leurs associations d’idées, la spontanéité de l’oral et la justesse des situations advenues au cours des improvisations sont en effet ce qui me permet de construire une écriture “sur-mesure”, et de conserver ainsi la justesse et la vérité des corps et des paroles. De ces temps de laboratoires sont ainsi nées plusieurs séquences, muettes ou dialoguées, assez courtes, mettant en exergue la question du care dans toute son ambivalence. La finalisation de l’écriture se fait au plateau, elle consiste essentiellement en un travail de montage des différentes séquences entre elles, après que les séquences transcrites soient repassées par l’épreuve du plateau, remises en corps et en bouche par les acteurs. Mise en scène et dramaturgie Dans Take Care, il existe deux temps : celui du présent, où les protagonistes, réunis pour un week-end dans ce lieu, doivent décider ensemble du sort de cette maison, et celui d’un temps passé (ou fantasmé?), dans lequel ils vont plonger petit à petit... Ce deuxième temps met à jour l’état des rapports entre les protagonistes, et dévoile progressivement le drame qui les réunis, à savoir l’effondrement d’une des leurs, Mona, sa plongée en eaux troubles, sa maladie, et surtout leur attitude, à tous, à chacun, pour tenter de prendre soin d’elle. Au fur et à mesure du spectacle, une distorsion se crée, jusqu’à ne plus savoir distinguer le présent du passé, les protagonistes des fantômes. Comme dans un rêve, des portes temporelles s’ouvrent et se referment et on entrevoit ce qui a été. Dans Take Care, il n’y a pas d’unité de temps, mais bien une unité de lieu : une maison vétuste et isolée. La maison étant aussi l’enjeu, elle devient un protagoniste à part entière. Cette maison est chargée du souvenir des présences de tous les gens qui y ont habité ou séjourné. Maison témoin, maison hantée. L’état de cette maison reflète l’état de Mona, un endroit effondré, insalubre. Un endroit négligé, laissé à l’abandon. Mona et la maison sont les enjeux, les allégories de ce dont on doit prendre soin. Ils sont l’héritage, ils sont les parents, les enfants, les faibles, les dépendants. Décider de garder la maison c’est décider de garder Mona, c’est conserver l’histoire, c’est soigner le témoin de leurs échecs, de leurs gouffres... Les séquences du spectacle mettent en jeu des rapports complexes entre des personnages fictifs, des situations de noeuds relationnels autour du prendre soin, ou de son contraire. Ces scènes sont représentées dans un mode de jeu hyperréaliste, avec la plus grande fidélité et sincérité possible, afin que l’émotion qui s’en dégage soit juste. Cette voie permet de rendre compte, par contraste, de l’étrangeté, de l’absurdité ou de la violence souvent contenues dans nos rapports aux autres. Le travail du corps comme outil d’expression tient une place privilégiée dans le spectacle. Les rapports des corps entre eux peuvent raconter beaucoup, avant et au-delà de la parole. Quels sont les gestes, les petites attentions quotidiennes qui nous lient avec notre entourage le plus proche ? Il y a des corps qui s’étreignent, se portent, se lavent, se soignent, se consolent, s’habillent, se nourrissent les uns les autres... Toutes ces actions, ces interactions physiques entre les protagonistes rendent lisible la dépendance dans laquelle nous sommes finalement en permanence à l’égard des autres. Le spectateur est plongé dans un univers réaliste, identifiable immédiatement, proche de lui et de ce qu’il pourrait vivre au quotidien. Petit à petit, ce réalisme se distord pour faire place à de l’onirisme, de la poésie, de l’étrangeté et de la distanciation. Le mode narratif proche du puzzle se construit de façon plutôt ludique, laissant le spectateur construire sa propre histoire avec les indices qu’il trouvera au fur et à mesure du spectacle. Acteurs Cécile Chèvre Licence d’Etudes Théâtrales à Aix en Provence / Joue dans des spectacles de François Michel Pesenti, Agnès Del Amo et Franck Dimech, entre autres./ En 96, à St-Petersbourg, cours de la faculté d’art dramatique et stage au Maly Théâtre, sur les répétitions de “Platonov” mis en scène par Lev Dodine / De retour en France, créations théâtrales avec Eva Doumbia et Angela Konrad, de la danse avec Isabelle Mouchard, du jeune public avec Laurence Janner, Laurent de Richemond et Stéphane Arcas / En 2002, joue dans la Trilogie de la villégiature de Jean Louis Benoît. Elle participe aux projets pluridisciplinaires “Tout doit disparaître” de Laurent de Richemond / En 2006, elle s’installe à Bruxelles et travaille depuis avec Stéphane Arcas et Noémie Carcaud essentiellement. Yves Delattre Depuis 1987, recherche artistique au confluent des genres : théâtre, danse, mouvement, musique, rythme et chant / Travaille avec Wim Vandekeybus dans “What the body does not remember” / Acteur-danseur avec les chorégraphes Nina (“Les Tubes”), Monica Klingler et Carmen Blanco Principal (“La Danse des Pas Perdus”, “Laps”, “Ora O”), la Compagnie Ricochets (Les 4 morts de Marie et La Folie originelle) / En 2007, créé avec Noémie Carcaud “Au plus près” / Collaboration avec la chorégraphe Nada Gambier sur plusieurs performances / Musicien (guitare, chant, percussions, compositions et arrangements), joue ponctuellement pour des cours de danse (Rosas, Michèle-Anne de Mey, Charleroi Danses Training Program, PARTS, danse afro-cubaine, danse des 5 rythmes…). / Développe une pratique professionnelle des arts du toucher (shiatsu, massage thaï, Watsu). Sebastien Fayard Artiste, comédien (école Jacques Lecoq) et performeur français vivant à Bruxelles / A travaillé avec différents metteurs en scènes, chorégraphes, artistes plasticiens dont Noémie Carcaud, la Cie Solo conversations danse collective, Fréderique de Montblanc, Nicolas Luçon, Emilie Maréchal, Madely Schott, Denis Laujol / Fait partie de la “ Cie System Failure “ / Se consacre à une série photographique (et vidéo) intitulée« Sébastien Fayard fait des trucs », série pour laquelle il prépare la publication d’un livre. Jessica Gazon Formée aux Conservatoires de Liège et de Mons (2003) / A travaillé avec Manu Mathieu, Stephen Shank, Peggy Thomas, Christine Delmotte, Jean-Michel D’Hoop, Cécile Boland, Alexandre Drouet, Vincent Goethals / A collaboré avec Virginie Strub (Les Poissons rouges, L’homme de chocolat, En attendant Gudule) / A joué dans Le Monstre de Hawkline de Richard Brautigan mis en scène par Monica Espina à L’Echangeur à Paris ainsi qu’à la Manufacture de Bordeaux / A créé sa propre compagnie avec Thibaut Nève (Gazon-Nève et Cie), avec qui elle co-réalise et/ou co-écrit la plupart des spectacles (L’homme du Câble, Toutes nos mères sont dépressives, Terrain Vague, Vous n’avez pas tout dit (v.n.a.p.t.d.), Synovie...). Ils sont actuellement en préparation de leur prochaine création autour de la figure de Françoise Dolto. Fabienne Laumonier Licence d’Histoire de l’Art à l’Université de Nantes, diplôme d’Art à l’ERG en 2004 / Création du quatuor vocal L’ et une mise en voix de L’Innomable de Beckett / A partir de 2005, travaille régulièrement avec Clément Laloy. / S’associe à l’ensemble Ictus/Music Fund (Sarah Clénet, Françoise Pelherbe et François Deppe) et soutenu par l’Opéra de Lille en 2005 et 2006 / Donne un work-shop à Naplouse (Palestine) sur l’autoportrait aux étudiants des Beaux-Arts / Depuis 2007, joue pour des fictions radiophoniques et réalise des documentaires radiophoniques pour la RTBF, France Culture et arteradio.com. A reçu le prix SCAM-SACD du meilleur documentaire radiophonique en 2012 et le prix Longueur d’onde en 2013. Cédric Le Goulven Formé à l’INSAS (2001) / A travaillé avec Isabelle Pousseur (L’homme des bois), Xavier Lukomsky (Crève, tu n’as pas d’Âme, Tokyo Notes, Planète), Lorent Wanson (Vers les étoiles, Rupè, Maria de Buenos Aires, Les Anges anorexiques), Sarah Siré (Two characters Play) / Au Théâtre de la Monnaie, comédien (Don Giovanni, Boris Goudounov) / Musicien guitariste, chanteur / Metteur en scène, comédien et danseur au sein du collectif emigrativ-art, lectures performances / Projet Parole d’elle(s) : animation d’ateliers et écriture dramatique autour du féminisme / Direction artistique du Bouillonkube, lieu culturel bruxellois, organisateur et concepteur du festival Games Ovaires. Emmanuel Texeraud Formé au Conservatoire National de Bordeaux (1991-1994) puis au Théâtre National de Toulouse (1995) / A suivi les formations de Claude Régy, Jean-Michel Rabeux et les ateliers d’été d’Isabelle Pousseur / a travaillé avec Robert Cantarella, Michel Cerda, Antoine Caubet, Arnaud Meunier, Frédéric Maragnani, le collectif Cils et Delphine Cheverry. A tourné au cinéma sous le regard de Rhaouti Bendeddouche / A enseigné le théâtre à l’Ecole de la Scène (Uccle) / A signé sa première mise en scène sur un texte d’Heiner Müller « MAUSER » au Théâtre de la Vie (2009). Puis mis en scène deux comédies musicales (E.D.L.S. 2011 et 2013) / En 2016, a mis en scène « L’intruse » de Maurice Maeterlinck, nominé meilleure création artistique et technique aux prix de la critique Théâtre & Danse. L’équipe Noémie Carcaud, porteuse de projet, écriture et mise en scène Comédienne formée au Studio du CDN de Nancy, puis à l’école expérimentale LTDP (direction Joëlle Sévilla et Alexandre Astier) / A joué sous la direction de Daniel Pierson (Le Médecin malgré lui - 1994, Electre de Sophocle - 2000), d’Emilie Katona (Croisades de Michel Azama - 1993, Le Cirque Foire - 1998), de Joëlle Sévilla (La Fille Bien Gardée de Labiche et Le Bal Des Perdus, création - 1992), de Joël Pommerat (Cendrillon) / Travail de performance en solo : O Solitude - 2010, Je ne réponds plus de rien - 2010, et Jachère – 2011 / Formatrice, a dirigé ateliers et stages avec publics variés. Mélanie Rullier assistanat à la mise en scène Comédienne formée au conservatoire de Grenoble et à L’insas à Bruxelles. / A travaillé avec Noémie Carcaud, Guillemette Laurent, Marco Rullier, Jersy Klesik, natacha Cyrulnik, Laurence Janner, Eva Doumbia, Fabrice Gorgerat, Eimuntas Nekrosius, Claire Gatineau, Etienne Bideau-Rey et Gisèle Vienne. / A la télévision : “Merci les enfants vont bien” de Stéphane Clavier, “Tragédie en direct” de Marc Rivière et “Le maître qui laissait rêver les enfants” de Daniel Losset / Assistante à la mise en scène : “La part du loup” de Fatou Taroré et “Réclame” de Marco Rullier. / Co-écrit et co-met en scène avec Estelle Rullier le spectacle « Ravissement ». Co-met en scène avec Inbal Yalon et Karine Jurquet la conférence gesticulée « Histoire ludique et détaillée du clitoris ». Estelle Charles assistanat à la dramaturgie Comédienne formée au CDN de Nancy / Travaille avec Serge Tranvouez, Claudia Stavisky, Antoine Caubet, Eric Didry, Gilberte Tsai, François Rancillac, Jean- Pierre Larroche / Créations performatives dans les Arts de la Rue (Sérial Théâtre, Illimitrof compagny). / A joué sous la direction de Daniel Pierson, Noémie Carcaud, Émilie Katona, Éric Didry, Ghislain Mugneret. / A créé sa compagnie avec Fred Parison : La Mâchoire 36, afin de faire dialoguer les différents codes du théâtre et des arts plastiques. 8 spectacles créés. De 2013 à 2016, résidence au Théâtre Gérard Philipe, Scène conventionnée de Frouard. Marie Szersnovicz scénographie costumes Diplômée en 2005 de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg / Se forme à la scénographie et à la conception de costumes / Stagiaire puis accessoiriste de Jan Fabre (L’Histoire des larmes, Je suis sang, Le Roi du plagiat, In lacrimum) / Depuis 2006, travaille avec la metteur en scène Noémie Carcaud (Au plus près), AnneCecile Vandalem (Habit(u)ation), Stéphane Arcas (L’argent, Bleu Bleu), Sabine Durand (Le Banquet dans les bois), Nalini Menamkat (1913), David Strosberg (Et avec sa queue il frappe, Petites histoires de la folie ordinaire). / Depuis 2008, complicité particulière avec Transquinquennal (Blind Date 3, Coalition (avec Tristero) Capital Confiance (avec le groupe Toc), La Estupidez, Quarante et un), avecTristero (Reset, Toestand, A map of the world avec KVS), avec Guy Dermul (Barakstad, It’s my life and I do what I want (avec la collaboration de Pierre Sartenaer), Skieven, Mest). Camille Collin assistanat scénographie Diplôme de Master en Arts plastiques, visuels et de l’espace à l’ERG en 2014. / Formation en cours du soir en scénographie à l’EPS St-Luc. Stagiaire pour Sabine Theunissen / A travaillé sur les décors de différents projets de court-métrages cinéma pour les étudiants de l’IAD et l’INSAS. / Depuis 2015, scénographe de "SAVE THE DATE" mis en scène par Clémentine Colpin / Assistante d’Aurélie Deloche pour du théâtre jeune public ; "Désordres" avec Julie Antoine et "Des Illusions" de la Cie 3637. Leïla Di Gregorio chargée de production Formée comme comédienne au Conservatoire de Liège / ESACT et en gestion culturelle (Master à l’ULB) / Depuis 2008, a travaillé comme administratrice, accessoiriste, chargée de production, comédienne/animatrice en charge du développement de public, et assistante à la mise en scène pour diverses structures : Solarium/ Aurore Fattier (Bruxelles), Arsenic (Liège), RumpelPumpel/ Matthias Langhoff (France et tournée européenne), Feria Musica (Bruxelles), le Théâtre Varia (Bruxelles), Cie Six-65/Sabine Durand (Bruxelles), Das Fraülein (Kompanie) /Anne-Cécile Vandalem (After the walls (UTOPIA), Jeanne Dandoy : Hasta la Vista Omayra / Accompagne le travail des metteurs en scène Caspar Langhoff (Des Gouttes sur une pierre Brûlante, L’établi), Rosenstein (Décris-Ravage) et Nicolas Mouzet-Tagawa (prochaine Adeline création). contact: [email protected] Carcaud Noémie: 00 32 (0)487 53 14 28 Leïla Di Gregorio: 00 32 (0)494 63 95 84 Mélanie Rullier: 00 32 (0)477 93 86 31