TAKE CARE - Scenes Vosges

publicité
TAKE CARE Noémie Carcaud – Cie Le Corps Crie
Du 11 au 22 octobre 2016 au Théâtre de la Vie à Bruxelles Le 7 mars 2017 à l'auditorium de La Louvière à Epinal le 9 et le 10 mars 2017 au TGP à Frouard le 14 mars au Théâtre du Saulcy à Metz Une création de la compagnie Le Corps Crie en coproduction avec le Théâtre de la Vie et le CCAM,
Scène nationale de Vandoeuvre. Avec le soutien de la DRAC Lorraine, du Conseil régional de Lorraine,
du Conseil Départemental de Meurthe et Moselle et de la Ville de Nancy.
(photos Jean Marc Ame©)
LA PRESSE EN PARLE
La Libre 19/10/2016
RTBF 21/10/2016
"Take care" de Noémie Carcaud : bonté, beauté,
subtilité, ça rime.***
Critique:***. Par Christian Jade.
D’emblée, tout nous est donné : une jeune femme vêtue de rouge nous regarde entrer, comme un
immense point d’interrogation, planté en bord de scène. Son appel muet, sa vague demande d’aide on
les comprendra plus tard, progressivement. Mona, interprétée avec une subtile élégance par Jessica
Gazon, c’est l’axe central autour duquel tourneront et se définiront les autres personnages. Son
handicap, sa maladie, jamais bien définis, ses caprices de femme enfant, ses moments de folie
donneront son rythme à un groupe de 7 personnages en quête de quoi? D’eux-mêmes? De leurs
relations présentes et passées? De leurs fantasmes, surgis de partout et de nulle part ? De leur besoin
maladroit de protection de la plus faible d’entre eux ? Un peu de tout ça, par vagues successives.
Tout nous est donné aussi par une scénographie très belle et fonctionnelle de Marie Szernowicz. C’est
une œuvre d’art, entre cubisme et symbolisme, sur les murs et au sol, une sorte de boîte à rêves pour
remonter le temps. Mais c’est d’abord un espace hyper réaliste, avec table conviviale, vieux frigo,
canapé fatigué, débarras encombré de vaisselle pour situer les personnages dans cette maison qui
menace ruine. Et ça commence à discuter ferme, an sein de la fratrie, entre partisans et adversaires de
la vente, autour d’une table, symbole de la convivialité, de la chaleur ce groupe, agité de contradictions.
Autour de ces deux axes, une maison à vendre, ou pas, et une jeune femme malade à protéger, mais
comment, des liens se tissent, se nouent, se dénouent entre les protagonistes, 3 femmes et 4
hommes. L’espace de jeu présente des recoins multiples où les 7 acteurs ne sont jamais inactifs,
occupés à des jeux discrets ou des tâches ménagères pendant que les duos, trios ou quatuors se
chamaillent ici et là. La "hiérarchie" de la famille (qui est père, mère, fille, frère, oncle, amant) est
laissée à l’imagination du spectateur. Un test projectif, en somme où les rapports de force classiques
au sein d’une famille pour un héritage font place aux fantômes du passé au sein de chacun(e). Chacun
va devoir prendre ses responsabilités vis-à-vis de Mona, la malade quasi muette. D’où le titre "take
care". Son ambiguïté, en anglais, va de "prendre soin de" à "donner de l’attention à". La bienveillance
peut donc être active ou distante, excessive ou minimaliste.
Le texte qu’on entend n’est sans doute pas "d’anthologie", à publier chez Lansman ou à l’Arche. C’est
le produit, théâtralement intense, d’un long travail de plateau des acteurs, avec la participation active de
la scénographe. Chacun s’est défini par rapport à la malade et en explorant ses rêves et ses
fantasmes. Le spectacle est souvent "choral" au sens musical du terme, avec une tonalité parfois
saccadée, rythmée par les colères les joies, un soupçon d’hystérie. Avec soudain, une étonnante danse
/transe qui surgit comme un défoulement collectif des tensions accumulées. Le drame est toujours là,
derrière les lézardes de la maison mais l’humour et la tendresse l’emportent. La mise en scène de
Noémie Carcaud, remarquable d’intelligence, repose sur la forte scénographie de Marie Scernowicz et
sur un collectif d’acteurs à l’unisson : outre Jessica Gazon, Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien
Fayard, Cédric Le Goulven. Fabienne Laumonier et Emmanuel Texeraud (aussi metteur en scène
récent de "l’Intruse" de Maeterlinck, nominée aux Prix de la Critique2016) nous emportent dans leurs
contradictions.
Le spectacle, que j’ai vu fort tard en cette rentrée théâtrale tonitruante, n’est visible que ce samedi 22 à
Bruxelles et plus tard en France. On lui souhaite une vie "au-delà" en Belgique.
"Take care" de Noémie Carcaud, au Théâtre de la Vie jusqu'au 22 octobre.
Christian Jade RTBF.be
Alternatives Théâtrales blog 14/11/2016
Éthique de la sollicitude
Laurence Van Goethem À propos de « Take Care » de Noémie Carcaud au Théâtre de la Vie
Le théâtre de la Vie est le seul théâtre à Bruxelles où l’on ne se sent pas (trop) gênés d’arriver trempés de bruine
automnale, de s’asseoir dans les gradins l’imperméable roulé en boule aux pieds, élastiques de vélo fluo aux chevilles
et, pourquoi pas, bébé sous le coude, comme, ce soir-là, un couple à côté de moi.
Le plateau est petit mais la magnifique scénographie de Marie Szersnovicz y prend une place conséquente : nous
sommes pour un soir dans une maison familiale, aux murs décrépis, un large trou à « jardin » laissant entrevoir un amas
d’objets en tout genre issus d’années d’exploitation d’un intérieur domestique transmis de génération en génération.
Jessica Gazon, en robe rouge, observe d’emblée le va-et-vient de l’installation du public, quand tout se joue encore dans
la salle. C’est elle le personnage principal, quasi muet, de cette pièce, Take Care, écrite (sur base d’improvisations avec
les acteurs) et mise en scène par Noémie Carcaud. Autour du concept de la bien-veillance (ou comment « prendre soin »
d’une personne en souffrance), six frères et sœurs se retrouvent dans la cuisine de la demeure commune.
La question centrale de la vente de celle-ci sera le prétexte pour explorer certaines problématiques qu’elle sous-tend :
que signifie être une famille ? Quels sont les liens qui nous unissent ? Comment « reboucher » les failles de notre
enfance (symbolisées par ce repaire béant) ?
Les chaises, dépareillées, sont à l’image de cette famille où chacun, avec son « bagage », tente de s’exprimer tout en
déployant une approche d’attention prévenante à l’autre. Car prendre soin c’est aussi reconnaître sa dépendance vis-àvis d’autrui. Et cela peut créer des frictions.
Tout se passe dans cette cuisine (à « cour ») et tout se « bloque » dans ce débarras, pourrait-on dire pour simplifier.
Incarnée par Jessica Gazon, Mona, la sœur « problématique », en dépression, donnera du fil à retordre à ses proches,
qui, l’un après l’autre et chacun à leur façon, accumuleront les maladresses comme autant de marques d’affection
exaspérée.
Les premiers échanges avec la « malade » s’ancrent autour de l’alimentation : « – Je vais te faire un steak » ; ou
comment soigner à coups de bon petits plats pour se doter d’une illusoire bonne conscience. Suit la problématique
prosaïque – concomitamment liée – de l’évacuation de cette nourriture, soit des toilettes, ou, vu les conditions de
« l’infirme », le « pot », adopté par souci de commodité. Enfin, vient la question de la solitude : on organise pour la
combler un calendrier de visites, même si la patiente – très patiente pour le coup – n’en demande pas tant et semble
désirer, plutôt, qu’on la laisse tranquille.
Mais voilà, elle prend tout « au premier degré » lui reprochera-t-on. Elle « n’a pas les mêmes codes ». Comment
s’entendre, dès lors ?
Dans un étirement temporel sensible – l’alcool aidant (excellent Emmanuel Texeraud avec un verre dans le nez) – la
deuxième partie décrispera peu à peu les problèmes et laissera place à la mort, inconsciemment aussi attendue que
crainte. Le corps de Mona reste encombrant comme lorsqu’elle était en vie, et les questions resurgissent : qu’en faire ?
La « nettoyer, nettoyer, nettoyer », la récurer avec une éponge (on dira même « passer l’éponge », lapsus révélateur),
tenter désespérément de lui rendre sa pureté originelle, pour mieux renaître ?
Noémie Carcaud pointe avec justesse dans Take Care la centralité éthique du soin et du cœur dans l’existence en
société, valeurs qui sont souvent mises à mal aujourd’hui face à la course effrénée au gain et à la croissance
économique.
Distribution Jeu
Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien
Fayard, Jessica Gazon, Fabienne
Laumonier, Cédric Le Goulven,
Emmanuel Texeraud
Ecriture et mise en scène
Noémie Carcaud
Assistanat
Mélanie Rullier
Assistanat à la dramaturgie
Estelle Charles
Scénographie et costumes
Marie Szersnovicz
Assistanat à la scénographie
Camille Collin
Création lumière
Pier Gallen
Création sonore
Jean-Marc Amé
Production
Leïla Di Gregorio
Remerciements
Conchita Paz, Regina Röhrer, Francesco
Italiano, Pedro Cabanas
Présentation Sept protagonistes sont rassemblés dans une maison de campagne isolée, une maison de
famille vétuste, en partie effondrée. Ils doivent décider de son sort, ensemble. Les enjeux
font ressurgir des liens, des rapports entre eux. Et petit à petit, des souvenirs refont
surface. Le passé se mêle au présent pour dévoiler les failles, les fissures, les fantômes...
Des moments qui ont eu lieu dans cette maison se rejouent entre eux, se reconstituent à
travers eux.
Qu’est-ce que cela veut dire prendre soin ? Veiller ? Donner de l’attention ? Porter,
soigner, nourrir, accompagner, satisfaire ? A quoi tiennent ces relations que nous
entretenons avec notre entourage proche ou social ? Qu’est-ce qu’on attend les uns des
autres ? Que se demande-t-on ? Que se donne-t-on ? Que donne-t-on qu’on ne nous a
pas demandé et qui encombre ? Dans quelle mesure les rapports que nous avons avec
les autres sont dénués de calcul ? Pourquoi a-t-on besoin des autres ? Pourquoi a-t-on
besoin que les autres aient besoin de nous ? Qui porter et jusqu’où ? Qui sauver et de
quoi ? Que ne donne-t-on pas par peur d’être vidé, envahi, dépossédé ?
Le Corps Crie / Historique Le Corps Crie est né en février 1995 à Nancy, avec la création de Scandaleuses de JeanMarie Piemme. Menée par la comédienne Noémie Carcaud, installée à Bruxelles depuis
2005, la compagnie développe un travail de formes visuelles et gestuelles dans lesquelles
les émotions sont portées autant par le corps et le geste, que par la voix et le texte.
L’acteur, placé au centre du dispositif, devient peu à peu auteur des créations. Avec Nu, Non Lieu, puis Au plus près, Le Corps Crie quitte le texte de répertoire pour se lancer dans
la création. Il explore l’humain dans ses recoins les plus intimes: son rapport à lui-même et
à l’autre, ses doutes, ses désirs, ses contradictions... La recherche de la compagnie
s’articule autour de la théâtralité même de la vie: à quoi on joue ? Pour qui? Quels sont les
enjeux ? Où est la limite entre le réel et l’imaginaire ? Le vrai et le faux ?
D’Au plus près à Take Care Le précédent spectacle de la compagnie, Au Plus Près, posait la question du “je”, de
l’individu face à lui-même. Au cours du travail, la compagnie a poussé à son extrême
l’individuation. Elle a exploré la solitude, plusieurs solitudes en parallèle dans un même
espace, avec très peu d’interactions entre elles, jusqu’à éprouver une sorte de saturation
du « je ». L’autre, le rapport à l’autre n’y était pas questionné en tant que tel, mais ne
cessait pourtant d’affleurer.
Comme en réponse à ce « je » envahissant, l’équipe a rapidement éprouvé le besoin de se
pencher sur l’altérité, et lance dès 2011 des ateliers de recherche, qui donnent naissance
au projet Take Care.
L’expression anglaise rend compte d’un double sens : take care signifie à la fois prendre
soin et faire attention, attentionné ou attentif, rester sur ses gardes, à l’approche d’un
danger, veiller sur ou surveiller…
Cette ambivalence du rapport à l’autre est leur point de départ, et ils l’explorent à partir
des relations les plus quotidiennes, qui recèlent par hasard ou par inattention, autant de
précieux moments de rencontres que de grandes violences.
Note d’intention de Noémie Carcaud Je souffre régulièrement de la survalorisation de l’individu au sein de notre
fonctionnement social occidental. Il me semble constamment que le message qu’on
m’envoie est que chacun doit avant tout sauver sa peau, quel qu’en soit le prix à payer
pour d’autres, et quitte à écraser des gens au passage.
Et si je suis souvent happée par les affres de la vanité de la vie, que désespérément je
conscientise à quel point chacun d’entre nous, malgré tous les liens, est seul, face à la vie
et face à la mort, j’ai l’intime conviction que nous nous devons quelque chose les uns aux
autres, entre humains.
La vanité existentielle, donc, bien loin de m’encourager à n’écouter que mes propres
besoins, me renforce dans l’idée que le changement ne peut commencer que par
l’introspection et la remise en question individuelle.
Je crois que c’est à chacun de regarder en lui et de changer des petites choses dans son
rapport au monde, plutôt que d’attendre des structures politiques et sociales qu’elles s’en
chargent.
Chacun d’entre nous est responsable de sa relation aux gens qui l’entourent, sa famille,
ses amis, ses voisins...
La famille est un vivier dense dont sont issus la plupart de nos besoins et de nos manques,
elle est un contexte déterminant des relations qu’on entretiendra par la suite avec d’autres
gens. Il me semble qu’on se doit du soutien, entre membre d’une même tribu, qu’elle soit
familiale ou amicale.
Cette injonction de l’amour d’autrui, au sens biblique du terme, s’enracine dans l’héritage
religieux, et se retrouve dans nombre de croyances.
Pourtant, j’ai souvent le sentiment qu’on s’aime mal. En voulant bien faire on peut blesser.
Entre l’intention et les faits il y a un gouffre.
Nous sommes souvent maladroits les uns avec les autres, parce que nous projetons nos
propres besoins, manques, sur d’autres, qui n’ont pas la même histoire, le même vécu que
nous.
Parfois on se fait du bien, et ce n’est pas forcément en étant doux et condescendant,
parfois on a besoin que l’autre nous secoue, nous remette en cause, parce que ça nous
fait avancer. Prendre soin de quelqu’un ce n’est pas que de la douceur, c’est un équilibre
à trouver. C’est fragile et complexe.
"Allez lève-toi quoi ! Lève-toi ! Ça me fait mal ! Ça me fait mal tu comprends ça de te voir
comme ça ! Dans ce canapé que je ne peux plus blairer ! T'as une sale gueule ! Je ne veux
plus voir ça, moi, je veux que tu changes tout ça…moi je vais t'aider… Mais je ne peux pas
te filer ma vie, je ne peux pas te filer mon énergie… Si je pouvais le faire putain mais je le
ferai ! Mais c'est à toi de le faire, c'est ton moteur à toi ! C'est ça qu'il faut que tu remettes
en marche ma vieille! T'es en train de te laisser bouffer là ! Et moi je ne veux plus voir ça !
Je ne veux plus voir ça ! Putain mais respecte-toi ! Respecte-toi bordel ! Tu es en train de
te laisser… Tu es en train de te barrer là !"
Extrait Take Care – « L’ami », Franck et Mona
Le spectacle Processus d’écriture Le processus de création de Noémie Carcaud part toujours d’improvisations. Elle propose
aux acteurs des pistes, des questions, et ensemble, sur le plateau, ils établissent un
dialogue constructif entre ses propositions, et les leurs, en réaction. L’acteur est au coeur
du processus car il doit apporter tous ses outils d’humain: son expérience, son imaginaire,
son intelligence, sa sensibilité...
Suite à ces séances de recherche, Noémie Carcaud poursuit sa réflexion concernant la
construction du spectacle et amorce un travail d’écriture. Il s’agit d’abord de transcrire les
improvisations les plus intéressantes, puis de les remanier, de les raccourcir, d’en préciser
les situations et d’en clarifier les enjeux dramaturgiques.
Elle garde cependant les mots des acteurs : leurs singularités, leurs associations d’idées, la
spontanéité de l’oral et la justesse des situations advenues au cours des improvisations
sont en effet ce qui me permet de construire une écriture “sur-mesure”, et de conserver
ainsi la justesse et la vérité des corps et des paroles.
De ces temps de laboratoires sont ainsi nées plusieurs séquences, muettes ou dialoguées,
assez courtes, mettant en exergue la question du care dans toute son ambivalence.
La finalisation de l’écriture se fait au plateau, elle consiste essentiellement en un travail de
montage des différentes séquences entre elles, après que les séquences transcrites soient
repassées par l’épreuve du plateau, remises en corps et en bouche par les acteurs.
Mise en scène et dramaturgie Dans Take Care, il existe deux temps : celui du présent, où les protagonistes, réunis pour
un week-end dans ce lieu, doivent décider ensemble du sort de cette maison, et celui d’un
temps passé (ou fantasmé?), dans lequel ils vont plonger petit à petit...
Ce deuxième temps met à jour l’état des rapports entre les protagonistes, et dévoile
progressivement le drame qui les réunis, à savoir l’effondrement d’une des leurs, Mona, sa
plongée en eaux troubles, sa maladie, et surtout leur attitude, à tous, à chacun, pour
tenter de prendre soin d’elle. Au fur et à mesure du spectacle, une distorsion se crée,
jusqu’à ne plus savoir distinguer le présent du passé, les protagonistes des fantômes.
Comme dans un rêve, des portes temporelles s’ouvrent et se referment et on entrevoit ce
qui a été.
Dans Take Care, il n’y a pas d’unité de temps, mais bien une unité de lieu : une maison
vétuste et isolée. La maison étant aussi l’enjeu, elle devient un protagoniste à part entière.
Cette maison est chargée du souvenir des présences de tous les gens qui y ont habité ou
séjourné. Maison témoin, maison hantée.
L’état de cette maison reflète l’état de Mona, un endroit effondré, insalubre. Un endroit
négligé, laissé à l’abandon. Mona et la maison sont les enjeux, les allégories de ce dont
on doit prendre soin. Ils sont l’héritage, ils sont les parents, les enfants, les faibles, les
dépendants.
Décider de garder la maison c’est décider de garder Mona, c’est conserver l’histoire, c’est
soigner le témoin de leurs échecs, de leurs gouffres...
Les séquences du spectacle mettent en jeu des rapports complexes entre des
personnages fictifs, des situations de noeuds relationnels autour du prendre soin, ou de
son contraire. Ces scènes sont représentées dans un mode de jeu hyperréaliste, avec la
plus grande fidélité et sincérité possible, afin que l’émotion qui s’en dégage soit juste.
Cette voie permet de rendre compte, par contraste, de l’étrangeté, de l’absurdité ou de la
violence souvent contenues dans nos rapports aux autres.
Le travail du corps comme outil d’expression tient une place privilégiée dans le spectacle.
Les rapports des corps entre eux peuvent raconter beaucoup, avant et au-delà de la
parole. Quels sont les gestes, les petites attentions quotidiennes qui nous lient avec notre
entourage le plus proche ? Il y a des corps qui s’étreignent, se portent, se lavent, se
soignent, se consolent, s’habillent, se nourrissent les uns les autres...
Toutes ces actions, ces interactions physiques entre les protagonistes rendent lisible la
dépendance dans laquelle nous sommes finalement en permanence à l’égard des autres.
Le spectateur est plongé dans un univers réaliste, identifiable immédiatement, proche de
lui et de ce qu’il pourrait vivre au quotidien. Petit à petit, ce réalisme se distord pour faire
place à de l’onirisme, de la poésie, de l’étrangeté et de la distanciation. Le mode narratif
proche du puzzle se construit de façon plutôt ludique, laissant le spectateur construire sa
propre histoire avec les indices qu’il trouvera au fur et à mesure du spectacle.
Acteurs
Cécile Chèvre Licence d’Etudes Théâtrales à Aix en Provence / Joue dans des spectacles de François
Michel Pesenti, Agnès Del Amo et Franck Dimech, entre autres./ En 96, à St-Petersbourg,
cours de la faculté d’art dramatique et stage au Maly Théâtre, sur les répétitions de
“Platonov” mis en scène par Lev Dodine / De retour en France, créations théâtrales avec
Eva Doumbia et Angela Konrad, de la danse avec Isabelle Mouchard, du jeune public avec
Laurence Janner, Laurent de Richemond et Stéphane Arcas / En 2002, joue dans la
Trilogie de la villégiature de Jean Louis Benoît. Elle participe aux projets pluridisciplinaires
“Tout doit disparaître” de Laurent de Richemond / En 2006, elle s’installe à Bruxelles et
travaille depuis avec Stéphane Arcas et Noémie Carcaud essentiellement.
Yves Delattre Depuis 1987, recherche artistique au confluent des genres : théâtre, danse, mouvement,
musique, rythme et chant / Travaille avec Wim Vandekeybus dans “What the body does
not remember” / Acteur-danseur avec les chorégraphes Nina (“Les Tubes”), Monica
Klingler et Carmen Blanco Principal (“La Danse des Pas Perdus”, “Laps”, “Ora O”), la
Compagnie Ricochets (Les 4 morts de Marie et La Folie originelle) / En 2007, créé avec
Noémie Carcaud “Au plus près” / Collaboration avec la chorégraphe Nada Gambier sur
plusieurs performances / Musicien (guitare, chant, percussions, compositions et
arrangements), joue ponctuellement pour des cours de danse (Rosas, Michèle-Anne de
Mey, Charleroi Danses Training Program, PARTS, danse afro-cubaine, danse des 5
rythmes…). / Développe une pratique professionnelle des arts du toucher (shiatsu,
massage thaï, Watsu).
Sebastien Fayard Artiste, comédien (école Jacques Lecoq) et performeur français vivant à Bruxelles / A
travaillé avec différents metteurs en scènes, chorégraphes, artistes plasticiens dont
Noémie Carcaud, la Cie Solo conversations danse collective, Fréderique de Montblanc,
Nicolas Luçon, Emilie Maréchal, Madely Schott, Denis Laujol / Fait partie de la “ Cie
System Failure “ / Se consacre à une série photographique (et vidéo) intitulée« Sébastien
Fayard fait des trucs », série pour laquelle il prépare la publication d’un livre.
Jessica Gazon Formée aux Conservatoires de Liège et de Mons (2003) / A travaillé avec Manu Mathieu,
Stephen Shank, Peggy Thomas, Christine Delmotte, Jean-Michel D’Hoop, Cécile Boland,
Alexandre Drouet, Vincent Goethals
/ A collaboré avec Virginie Strub (Les Poissons
rouges, L’homme de chocolat, En attendant Gudule) / A joué dans Le Monstre de
Hawkline de Richard Brautigan mis en scène par Monica Espina à L’Echangeur à Paris ainsi
qu’à la Manufacture de Bordeaux / A créé sa propre compagnie avec Thibaut Nève
(Gazon-Nève et Cie), avec qui elle co-réalise et/ou co-écrit la plupart des spectacles
(L’homme du Câble, Toutes nos mères sont dépressives, Terrain Vague, Vous n’avez pas
tout dit (v.n.a.p.t.d.), Synovie...). Ils sont actuellement en préparation de leur prochaine
création autour de la figure de Françoise Dolto.
Fabienne Laumonier Licence d’Histoire de l’Art à l’Université de Nantes, diplôme d’Art à l’ERG en 2004 /
Création du quatuor vocal L’ et une mise en voix de L’Innomable de Beckett / A partir de
2005, travaille régulièrement avec Clément Laloy. / S’associe à l’ensemble Ictus/Music
Fund (Sarah Clénet, Françoise Pelherbe et François Deppe) et soutenu par l’Opéra de Lille
en 2005 et 2006 / Donne un work-shop à Naplouse (Palestine) sur l’autoportrait aux
étudiants des Beaux-Arts / Depuis 2007, joue pour des fictions radiophoniques et réalise
des documentaires radiophoniques pour la RTBF, France Culture et arteradio.com. A reçu
le prix SCAM-SACD du meilleur documentaire radiophonique en 2012 et le prix Longueur
d’onde en 2013.
Cédric Le Goulven Formé à l’INSAS (2001) / A travaillé avec Isabelle Pousseur (L’homme des bois), Xavier
Lukomsky (Crève, tu n’as pas d’Âme, Tokyo Notes, Planète), Lorent Wanson (Vers les
étoiles, Rupè, Maria de Buenos Aires, Les Anges anorexiques), Sarah Siré (Two characters
Play) / Au Théâtre de la Monnaie, comédien (Don Giovanni, Boris Goudounov) / Musicien
guitariste, chanteur / Metteur en scène, comédien et danseur au sein du collectif
emigrativ-art, lectures performances / Projet Parole d’elle(s) : animation d’ateliers et
écriture dramatique autour du féminisme / Direction artistique du Bouillonkube, lieu
culturel bruxellois, organisateur et concepteur du festival Games Ovaires. Emmanuel Texeraud Formé au Conservatoire National de Bordeaux (1991-1994) puis au Théâtre National de
Toulouse (1995) / A suivi les formations de Claude Régy, Jean-Michel Rabeux et les
ateliers d’été d’Isabelle Pousseur / a travaillé avec Robert Cantarella, Michel Cerda,
Antoine Caubet, Arnaud Meunier, Frédéric Maragnani, le collectif Cils et Delphine
Cheverry. A tourné au cinéma sous le regard de Rhaouti Bendeddouche / A enseigné le
théâtre à l’Ecole de la Scène (Uccle) / A signé sa première mise en scène sur un texte
d’Heiner Müller « MAUSER » au Théâtre de la Vie (2009). Puis mis en scène deux comédies
musicales (E.D.L.S. 2011 et 2013) / En 2016, a mis en scène « L’intruse » de Maurice
Maeterlinck, nominé meilleure création artistique et technique aux prix de la critique
Théâtre & Danse.
L’équipe Noémie Carcaud, porteuse de projet, écriture et mise en scène
Comédienne formée au Studio du CDN de Nancy, puis à l’école expérimentale
LTDP (direction Joëlle Sévilla et Alexandre Astier) / A joué sous la direction de Daniel
Pierson (Le Médecin malgré lui - 1994, Electre de Sophocle - 2000), d’Emilie Katona
(Croisades de Michel Azama - 1993, Le Cirque Foire - 1998), de Joëlle Sévilla (La Fille Bien
Gardée de Labiche et Le Bal Des Perdus, création - 1992), de Joël Pommerat (Cendrillon) /
Travail de performance en solo : O Solitude - 2010, Je ne réponds plus de rien - 2010, et
Jachère – 2011 / Formatrice, a dirigé ateliers et stages avec publics variés.
Mélanie Rullier assistanat à la mise en scène Comédienne formée au conservatoire de Grenoble et à L’insas à Bruxelles. / A travaillé
avec Noémie Carcaud, Guillemette Laurent, Marco Rullier, Jersy Klesik, natacha Cyrulnik,
Laurence Janner, Eva Doumbia, Fabrice Gorgerat, Eimuntas Nekrosius, Claire Gatineau,
Etienne Bideau-Rey et Gisèle Vienne. / A la télévision : “Merci les enfants vont bien” de
Stéphane Clavier, “Tragédie en direct” de Marc Rivière et “Le maître qui laissait rêver les
enfants” de Daniel Losset / Assistante à la mise en scène : “La part du loup” de Fatou
Taroré et “Réclame” de Marco Rullier. / Co-écrit et co-met en scène avec Estelle Rullier le
spectacle « Ravissement ». Co-met en scène avec Inbal Yalon et Karine Jurquet la
conférence gesticulée « Histoire ludique et détaillée du clitoris ».
Estelle Charles assistanat à la dramaturgie Comédienne formée au CDN de Nancy / Travaille avec Serge Tranvouez, Claudia Stavisky,
Antoine Caubet, Eric Didry, Gilberte Tsai, François Rancillac, Jean- Pierre Larroche /
Créations performatives dans les Arts de la Rue (Sérial Théâtre, Illimitrof compagny). / A
joué sous la direction de Daniel Pierson, Noémie Carcaud, Émilie Katona, Éric Didry,
Ghislain Mugneret. / A créé sa compagnie avec Fred Parison : La Mâchoire 36, afin de faire
dialoguer les différents codes du théâtre et des arts plastiques. 8 spectacles créés. De
2013 à 2016, résidence au Théâtre Gérard Philipe, Scène conventionnée de Frouard.
Marie Szersnovicz scénographie costumes Diplômée en 2005 de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg / Se forme à la
scénographie et à la conception de costumes / Stagiaire puis accessoiriste de Jan Fabre
(L’Histoire des larmes, Je suis sang, Le Roi du plagiat, In lacrimum) /
Depuis 2006, travaille avec la metteur en scène Noémie Carcaud (Au plus près), AnneCecile Vandalem (Habit(u)ation), Stéphane Arcas (L’argent, Bleu Bleu), Sabine Durand (Le
Banquet dans les bois), Nalini Menamkat (1913), David Strosberg (Et avec sa queue il
frappe, Petites histoires de la folie ordinaire). / Depuis 2008, complicité particulière avec
Transquinquennal (Blind Date 3, Coalition (avec Tristero) Capital Confiance (avec le
groupe Toc), La Estupidez, Quarante et un), avecTristero (Reset, Toestand, A map of the
world avec KVS), avec Guy Dermul (Barakstad, It’s my life and I do what I want (avec la
collaboration de Pierre Sartenaer), Skieven, Mest).
Camille Collin assistanat scénographie Diplôme de Master en Arts plastiques, visuels et de l’espace à l’ERG en 2014. / Formation
en cours du soir en scénographie à l’EPS St-Luc. Stagiaire pour Sabine Theunissen / A
travaillé sur les décors de différents projets de court-métrages cinéma pour les étudiants
de l’IAD et l’INSAS. / Depuis 2015, scénographe de "SAVE THE DATE" mis en scène par
Clémentine
Colpin
/
Assistante
d’Aurélie
Deloche
pour
du
théâtre
jeune
public ; "Désordres" avec Julie Antoine et "Des Illusions" de la Cie 3637.
Leïla Di Gregorio chargée de production Formée comme comédienne au Conservatoire de Liège / ESACT et en gestion culturelle
(Master à l’ULB) / Depuis 2008, a travaillé comme administratrice, accessoiriste,
chargée de production, comédienne/animatrice en charge du développement de public,
et assistante à la mise en scène pour diverses structures : Solarium/ Aurore Fattier
(Bruxelles), Arsenic (Liège), RumpelPumpel/ Matthias Langhoff (France et tournée
européenne), Feria Musica (Bruxelles), le Théâtre Varia (Bruxelles), Cie Six-65/Sabine
Durand (Bruxelles), Das Fraülein (Kompanie) /Anne-Cécile Vandalem (After the walls
(UTOPIA), Jeanne Dandoy : Hasta la Vista Omayra / Accompagne le travail des metteurs
en scène Caspar Langhoff (Des Gouttes sur une pierre Brûlante, L’établi),
Rosenstein
(Décris-Ravage)
et
Nicolas
Mouzet-Tagawa
(prochaine
Adeline
création).
contact:
[email protected]
Carcaud Noémie: 00 32 (0)487 53 14 28
Leïla Di Gregorio: 00 32 (0)494 63 95 84
Mélanie Rullier: 00 32 (0)477 93 86 31
Téléchargement