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Violence conjugale | Le défi de la parole ou quand le silence tue…
Lorsque j'ai pris mes fonctions en avril 2008, Jean Studer, ministre de tutelle de l'Office de la
politique familiale et de l'égalité (OPFE), m'avait donné pour mission de reprendre la coordination
de la politique cantonale en matière de lutte contre la violence dans le couple. Le canton s'était
doté d'une loi avant-gardiste en 2004 et un dispositif de prise en charge des victimes et des
auteur-e-s de violence s'était développé. Dans tous les cantons romands, les bureaux de l'égalité
ont pour mission de coordonner la lutte contre cette violence qui touche tant de familles et en-
traîne des coûts sociaux, médicaux et humains largement sous-estimés. On considère en effet
la violence conjugale comme la forme la plus brutale de la domination d'un partenaire sur
l'autre, et le plus souvent de l'homme sur la femme, même si l'inverse existe également, mais
de manière plus anecdotique. Cette violence peut prendre la forme de pressions psychologiques,
de menaces ou, comme on l'a vu récemment dans des faits divers tragiques, de violence
extrême à l'égard des enfants pour atteindre la mère, avant que l'auteur lui-même ne mette
fin à ses jours.
Les violences domestiques ont depuis 20 ans largement quitté la sphère privée pour devenir
un fléau social que l'on combat par un arsenal juridique et une prise en charge non seulement
des victimes, mais également des auteur-e-s et, plus récemment, de leurs enfants. Ces derniers
sont désormais considérés comme des victimes directes de la violence conjugale de leurs
parents et non plus comme des victimes indirectes, tant leur développement va souffrir de ce
climat d'insécurité affective. La Convention d'Istanbul (Convention européenne sur la prévention
et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique) est entrée en
vigueur le 1er août. Même si la Suisse ne l'a pas encore ratifiée, notre pays dispose de textes
de loi, de moyens de prise en charge et de mesures de prévention comparables aux autres
pays européens. Le nombre de victimes de violence conjugale, pourtant, ne diminue pas, il
aurait même plutôt tendance à augmenter…
Dès lors, un bilan s'impose assorti d'une réflexion: où placer nos efforts? Que peut-on faire de
mieux? La violence domestique a ceci de particulier que la victime connaît l'auteur et a un lien
affectif avec lui. Et qu'y a-t-il de plus complexe que le lien affectif? Il est donc plus que néces-
saire que se développe autour de ces familles une chaîne de soutien. Les médecins, généra-
listes, pédiatres, gynécologues, dentistes, en font partie. Ils et elles sont même souvent aux
avant-postes pour détecter le danger, poser des questions, informer les patient-e-s des soutiens
existants, des risques qu'ils et elles encourent et parler du traumatisme vécu par leurs enfants,
etc. Nous avons besoin de ce partenariat avec le corps médical pour compléter le réseau et
nous ne pouvons que souhaiter qu'il se développe.
Merci donc à la SNM d'avoir consacré l'essentiel de son numéro de rentrée à cette question!
Nicole Baur, cheffe de l'Office de la politique familiale et de l'égalité
EDITORIAL
ERRATUM
Le billet du past-pésident du numéro 79 du SNM-News
a été, bien évidemment, rédigé par le Dr Pierre-Yves Bilat
et non par le Dr Walter Gusmini comme indiqué.
La rédaction du SNM-News présente ses excuses auprès
du Dr Bilat, bien que persuadée que la plume de notre
past-président, reconnaissable entre mille, n'ait pu
tromper personne.