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Femmes victimes de violences
L’urgence de la mise en œuvre de mécanismes de
protection
Elles sont battues, violées, abandonnées, menacées et humiliées par leurs maris, frères, pères et par des
étrangers. À la maison, dans la rue, au bureau, ces femmes sont agressées à longueur d’année.
Quand elles ne savent plus quoi faire et où aller, elles se retrouvent naturellement dans la rue et face à ses
dangers. Elles vivent dans la peur et l’angoisse au quotidien. Sans aucun revenu, elles mendient pour pouvoir
s’alimenter et nourrir leurs enfants.
Des enfants qui ne seront jamais comme les autres. Privés d’école et d’une vie normale, ils sont confrontés
précocement aux pires difficultés de la vie. Ces situations sont généralement dues à la violence conjugale qui se
termine dans la plupart des cas par un divorce.
Ces femmes-là vivent la violence sous toutes ces formes. La violence familière et conjugale, “cette dernière
passe inaperçue, socialement anodine et anecdotique, elle est dangereusement banalisée.
Pourtant, elle mérite d’être placée au rang des violences extrêmes du fait de sa gravité, liée au risque vital qui
pèse sur les femmes victimes beaucoup plus souvent qu’on ne le pense. Menace sur la vie parfois, la violence
conjugale est aussi très grave à cause des conséquences psycho-sociales dévastatrices qu’elle entraîne
toujours. Il ne faut pas oublier aussi un facteur aggravant supplémentaire, l’identité de l’agresseur. Celui qui est
en principe voué à un rôle de protection devient le bourreau ! Ces maris bourreaux utilisent quelquefois des
méthodes qui rappellent la torture. Certains frappent leurs femmes de manière à ne pas laisser de traces,
comme des tortionnaires expérimentés. La violence conjugale et plus généralement la violence contre les
femmes sont loin d’être un fait “naturel”, elles sont la conséquence d’un conditionnement social.
Depuis la plus tendre enfance, tant l’éducation que les rôles sociaux masculins et féminins créent et confortent
chez les femmes et les hommes deux attitudes opposées face à la violence.
Aux unes, très tôt, on tente d’inculquer la passivité et la soumission. Aux autres, dont on fomente et valorise
l’agressivité, on apprend que violenter sa “femme est un signe indubitable de masculinité”, selon toujours le
réseau Wassila.
Concernant la violence contre les femmes en général, “il est considéré comme étant un contexte qui est loin
d’être naturel. Il est organisé par une conception globale du droit. L’édifice juridique patriarcal repose en grande
partie sur la mise en place d’un droit particulier, qui crée la sphère privée. Cette dernière est constituée comme
un espace de non-droit. Si bien que le contexte de la violence contre les femmes est une construction sociale,
un phénomène de contrôle social, un axe essentiel de la domination patriarcale. Précisément, c’est en repérant
les conséquences collectives, sociales de l’application de la violence contre les femmes qu’apparaît la
dimension politique de celle-ci”, selon le réseau Wassila.
Et d’ajouter :“Il paraît donc logique de plaider pour que la sphère privée "la conjugalité" ne soit plus un espace
de non-droit. Il est donc urgent d’obtenir que, dans notre pays, la violence conjugale soit pénalisée. Le Réseau
Wassila recommande, outre l’élaboration de lois qui pénalisent la violence conjugale en tant que telle, la mise
en œuvre, dans le détail, et au plus près de la réalité, de mécanismes susceptibles de protéger les femmes
victimes de violence conjugale”.
F. Aouzelleg