Le Familistère Godin à Guise

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Baccara Cédric
Baccara Maud
Collette Boris
Courcier Tiphaine
Driancourt Céline
Thomasset Céline
Van Elslande Elsa
PATRIMOINE INDUSTRIEL!:
Le Familistère Godin
à Guise
Automne 2001
AR04
Responsable!: M. Seitz
Le Familistère Godin à Guise
Sommaire
Introduction
Guise
Le Familistère
Partie méthodologie
Choix du sujet
Recherches bibliographiques
Entretiens
Rédaction du rapport
I. Historique
1. Contexte, genèse du Familistère
a) L'Utopie matérialisée
b) Description du Familistère
c) La vie quotidienne dans le Familistère
2. L'après GODIN
a) Le Familistère de Guise de 1888 à la fin des années 1960
b) Le Familistère de Guise à partir des années 70
II. Vers un projet de réhabilitation
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1. Etat matériel des lieux
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2. Constat social et vie au Familistère
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3. Volonté de réhabiliter
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III. Le projet UTOPIA
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1. Genèse du projet UTOPIA
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2. Le projet UTOPIA
a) La première phase
b) La deuxième phase
c) La troisième phase
d) La visite
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3. Impacts (voirie, hôtels, parking, impacts du point de vue politique, social) 22
a) La ville
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b) La région
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Conclusion
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Critiques
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Bibliographie
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Annexes - Entretiens
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Le Familistère Godin à Guise
Introduction
Guise
Guise est une commune située dans le département de l'Aisne (02), à 90!km de
Compiègne. On y compte aujourd’hui environ 7!000 habitants.
Cette commune a totalement été ignorée pendant de nombreuses années malgré une
implantation industrielle assez importante!: les usines GODIN (fabrication de poêle en fonte),
les usines SANCERRE (mobilier de bureau métallique), LEGRAND (interrupteur), ainsi
qu'une fabrique de porte-manteaux en plastique.
Sur le plan touristique, on peut se promener autour du château de Guise, sur les bords
de l'Oise, visiter le Familistère. Il existe également un parcours d'églises fortifiées aux
alentours de la ville.
Le Familistère
En 1846, Jean-Baptiste André GODIN s’installe à Guise et avant la fin du XIXème
siècle, il devient le numéro un mondial dans la production de poêles en fonte. Mais GODIN
n’est pas seulement un grand industriel, il a aussi révolutionné le monde social en créant une
petite ville à côté de Guise. En effet il va mettre au point une société idéale en construisant un
“Palais Social”!: le Familistère. Chaque habitant, ingénieur ou ouvrier, dispose du même
confort (eau potable, toilette, vide ordures). On trouve au Familistère un théâtre, une piscine,
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Le Familistère Godin à Guise
un lavoir, deux écoles, une bibliothèque, et des magasins d’approvisionnement (dont
l’ensemble est appelé économat).
En 1880, GODIN crée l'Association du Capital et du Travail. Petit à petit, l’usine
appartient au personnel. Mais à cause de difficultés économiques, l’Association est dissoute
en 1968, entraînant la vente des appartements et le rachat des bâtiments par la ville de Guise.
Aujourd’hui, le Familistère abrite environ 300 familles et est classé monument
historique depuis 1991.
La ville de Guise ainsi que la région picarde se penchent sur la revalorisation de
l’image du Familistère. Ils ont une volonté de faire connaître GODIN et son œuvre, et de faire
entrer le Familistère dans le patrimoine historique et culturel de la région. Un projet UTOPIA
est actuellement en place pour réhabiliter le Familistère et en faire un grand pôle visitable. On
peut déjà visiter le Familistère et voir le début de la réhabilitation.
Nous vous proposons dans un premier temps de découvrir plus profondément le passé
du Familistère afin de comprendre pourquoi il est nécessaire de le réhabiliter aujourd’hui.
Puis nous verrons comment le projet UTOPIA est apparu, et ce qu’il est en détail. Enfin il ne
faut pas oublier que ce projet a des impacts sur la ville de Guise, mais aussi sur l’Aisne et sur
toute la région picarde.
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Le Familistère Godin à Guise
Méthodologie
Choix du sujet
Le thème sous lequel s’est constitué le groupe est le “patrimoine industriel”. Parmi les
sites évoqués le Familistère de Guise a été retenu aux dépends du PASS de Frameries (parc
scientifique installé sur un parc minier et aménagé par Jean NOUVEL), le site des Frigos à
Paris (ancienne entreprise frigorifique) ou bien encore la Biscuiterie Lu de Nantes. Notre
choix s’est porté sur le Familistère de Guise pour sa proximité, pour un certain intérêt grâce à
une présentation d’Elsa et un début de documentation (un article de Télérama à l’occasion de
la journée du patrimoine et un dépliant présentant l’ensemble).
Recherches bibliographiques
La première source de livres traitant le sujet du Familistère provient de la BUTC. Ils
nous ont principalement permis de nous informer sur Jean-Baptiste André GODIN et son
œuvre, sur un aspect plus historique du Familistère ainsi que sur les différentes utopies qui ont
vu le jour.
Cette première étape a été complétée par des recherches sur Internet nous donnant des
pistes. Nous avons pu obtenir une grande liste de textes divers et variés ayant été écrits sur le
Familistère (thèse ou doctorat). Malheureusement le manque de références concernant ces
documents (manque d’informations à propos de l’académie, où les thèses ont été soutenues, et
parfois même du nom des auteurs) ne nous a pas permis d'approfondir dans ce sens.
Les documents écrits que nous avons pu lire par la suite proviennent des différents
dossiers, concernant le projet de réhabilitation, que nous avons consultés à la mairie de Guise,
dans la bibliothèque de l’Association GODIN, aux Archives départementales de Laon…
Ils ont été complétés par les différents prospectus ou brochures de présentation de la
région picarde, du département de l’Aisne ou de la mairie de Guise. Le POS de la commune
de Guise, le contrat de plan Etat-Région mis en place par la région picarde, le Schéma
Régional de Développement du Tourisme et des Loisirs en Picardie, les cartes sur les zones de
croissance démographique de la Picardie et les actions menées en faveur du développement
touristique, sont des documentations fournies par la région sur simple demande ou bien
accessible sur le site Internet de la région.
De nombreux documents n’apparaissent pas dans cette méthodologie car ils ont eu un
apport de moindre importance pour l’élaboration de ce rapport. Ils figurent tout de même dans
la bibliographie à consulter à la fin du rapport.
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Le Familistère Godin à Guise
Entretiens
Lors de la visite de Guise nous nous étions aménagés des temps pour rencontrer des
habitants du Familistère (M.!DASSONVILLE, familistèrien depuis sa naissance et fervent
admirateur et défenseur de GODIN, Mme!MARCHAND, 94 ans, familistèrienne depuis
1935), ainsi qu’avec le conservateur, M.!PANY, qui est présent à Guise depuis juin 2000.
Ces entretiens ainsi que les rapports du BICFL nous ont poussés à prendre rendezvous avec M.!PIVIN, qui a réalisé l’étude du projet de réhabilitation au BICFL.
M.!BALLIGAND, Député du Département de l’Aisne, est disponible lors de permanences
mais il n’avait pas énormément de temps à nous consacrer, c’est pourquoi nous lui avons
transmis un questionnaire qu’il nous a retourné rapidement. Il en était de même pour le Maire
de Guise, M.!CUVELIER, maire depuis 1977, donc à l’origine, entre autres, de la
réhabilitation. Nous avons donc dû prendre un rendez-vous personnel, qui nous a beaucoup
apporté pour saisir toutes les dimensions du projet.
Tous les comptes-rendus des entretiens sont disponibles en annexe, sous forme de
notes.
Rédaction du rapport
Après avoir arrêté un plan relativement complet et détaillé du rapport, nous nous
sommes répartis le travail avec deux ou trois personnes par chapitre, sachant que nous
sommes un groupe de sept étudiants. Les derniers éléments, à savoir l’entretien avec le maire,
avec M.!RAPPIN (responsable du service technique) et le questionnaire du député régional
sont récents et nous ont permis de compléter le rapport.
Au cours de l’avancement de l’étude nous avons pris conscience des impacts d’une
telle réalisation tant sur le point de vue local, au niveau des habitants du Familistère et des
guisards, que régional voire même européen. En effet cette réalisation s’inscrit dans une
logique de développement économique et touristique régionale, avec la volonté d’accueillir un
public venant d’endroits dépassant nos frontières (Benelux par exemple). Avec toutes les
informations recueillies, nous avions l’impression que cette dimension si importante n’était
pas perçue partout et par tous, c’est pourquoi nous avons ajouté une partie que nous
intitulerons “Critiques” qui réunira les différentes critiques des étudiants participant à cette
étude.
L’outil “mail” a beaucoup été mis à contribution pour l’échange et la circulation de
tous les documents. Tous les comptes-rendus d’entretiens et des lectures étaient envoyés à
chacun. Cela a permis que chaque participant soit au courant de la totalité de l’étude. Le
projet dans son ensemble ainsi que dans son détail était connu et maîtrisé par tous. De même,
dans unsouci de cohérence et dans le but de compléter les différents regards, un travail de
coordination a été mis en place. Même si les parties ont été réalisées indépendamment les
unes des autres par les étudiants, nous en avons opéré une relecture par tous et non une simple
juxtaposition des divers écrits.
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Le Familistère Godin à Guise
I. Historique
1. Contexte, genèse du Familistère
Le Familistère est un ensemble de bâtiments qui se trouve dans la ville de Guise, au
Nord de l'Aisne. Il a été imaginé par Jean-Baptiste André GODIN et réalisé en plusieurs
étapes. Nous allons tout d'abord expliquer comment l'idée du Familistère est née, puis, nous le
décrirons avant de préciser un peu la façon dont on vivait au Familistère.
a) L'Utopie matérialisée
GODIN, le père du Familistère, est né en 1817. Fils d'artisans serruriers, il débute sa
carrière en tant qu'ouvrier. Il crée très vite sa propre entreprise et devient rapidement le
premier producteur mondial de poêles en fonte. Cependant, au cours de sa formation, GODIN
a voyagé et a été frappé par la condition ouvrière. Il ne veut pas oublier d'où il vient et décide
d'expérimenter un nouveau système de gestion d'entreprise qui permettrait d'améliorer la
condition ouvrière. Pour se faire, il s'inspire des théories de l'Utopie.
L'Utopie est un courant initié en Angleterre par Thomas MORE qui rédigea en 1515
L'Utopie, tableau critique de la société anglaise et européenne. MORE imagine un lieu où
serait réalisée l'organisation idéale de l'Etat. L'idée est reprise par l'américain Richard OWEN
qui crée en 1800 une “entreprise modèle” de 1000 salariés et par Charles FOURIER. C'est en
1842 que GODIN découvre les écrits de FOURIER qui préconise une organisation sociale
fondée sur de petites unités sociales autonomes, les phalanstères. Ces phalanstères sont des
coopératives de production et de consommation, dont les membres sont solidaires. Pour
GODIN, la théorie de FOURIER a deux aspects!: l'un est basé sur une meilleure répartition
des biens, l'autre recherche l'accord de l'homme et de ses passions. GODIN ne retient que
l'aspect économique et social et décide de créer ce qu'il appellera le “Palais social”.
Le “Palais social” revendique plusieurs objectifs. Conçu principalement pour les
ouvriers, il doit leur procurer les «!équivalents de la richesse!»1. L'habitat préconisé est
collectif!: pour GODIN, ce type d'habitat permet de résoudre les problèmes car il instaure les
services communautaires. GODIN dénonce également la ségrégation des cités ouvrières et
condamne les habitations industrielles très en vogue en ce XIXème siècle. Enfin, il veut faciliter
1
Jean-Luc PINOL, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.
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Le Familistère Godin à Guise
l'ascension des ouvriers par l'éducation. Pour cela, il édifie une microsociété modèle dans
laquelle il associe «!le Travail, le Capital et le Talent!»2.
b) Description du Familistère
Alors que l'idée du Familistère évolue en fonction des rencontres que fait GODIN, un
jardin d'agrément est tout d'abord aménagé autour de l'usine. Il est conçu pour les ouvriers et
constitue un agréable lieu de détente. Ce jardin n'est que l'annonciateur d'une œuvre bien plus
importante.
GODIN ne veut pas construire le Familistère en une étape (annexe 1!: chronologie).
C'est pour cette raison qu'il choisit de réaliser trois parallélogrammes reliés par des coursives.
La construction du premier parallélogramme permettra de vérifier la bonne organisation du
bâtiment et éventuellement, de procéder à des réajustements pour les deux autres.
L'édifice se construit donc autour de trois cours recouvertes d'une verrière. Le projet
de GODIN est très ambitieux car il veut offrir à ses ouvriers ce qui se fait de mieux pour
l'époque. Il porte une attention particulière à l'éclairage et à l'hygiène. Chaque appartement
(annexes 2!: sections des bâtiments du Familistère) est disposé de manière à ce que chaque
pièce bénéficie d'un accès direct à la lumière. Une ventilation naturelle permet un
renouvellement d'air régulier et le rafraîchissement des pièces en été. Les verrières sont quant
à elles soutenues par une imposante charpente en bois qui utilise les techniques récemment
développées par l’industrie du métal.
GODIN est minutieux et perfectionniste. Il étudie le moindre détail!: les escaliers sont
construits de manière à faciliter la montée de chaque habitant, enfant comme adulte. C'est
pour cette raison que GODIN conçoit des escaliers de formes semi circulaires (marche étroite
pour les enfants côté rampe et plus large pour les adultes de l'autre côté). Les hauteurs de
marches sont réduites à 16!cm ce qui est bien inférieur aux hauteurs habituelles et bien moins
fatigant.
Le Familistère n'est pas uniquement un ensemble de logements collectifs. GODIN
construit, parallèlement aux logements des “lieux de services”. Une nourricerie et un
pouponnat facilitent le travail des femmes. Des économats proposent aux ouvriers des
produits d'alimentation à bas prix et complètent un ensemble de magasins (épicerie,
ameublement et habillement) aménagés au rez-de-chaussée du pavillon central. Le théâtre et
les écoles sont réalisés dans un souci d'éduquer les enfants ouvriers et faciliter ainsi leur
élévation sociale. Le bloc bain-piscine est quant à lui construit entre l'usine et les habitations
dans un but “hygiénique”. Les ouvriers rentrent ainsi propres chez eux. Cette disposition
facilite également le chauffage de l'eau par l'usine.
GODIN construira par la suite deux autres pavillons, afin de répondre à la demande
des ouvriers. Ces nouveaux bâtiments élèveront à plus de 700 le nombre de logements conçus
dans le Familistère. Le plan général du Familistère et l'équipement dont il dispose font de cet
ensemble une véritable ville dans la ville de Guise (annexe 3!: plan d'ensemble).
c) La vie quotidienne dans le Familistère
2
Thierry PAQUOT , Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris,
1982.
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Le Familistère Godin à Guise
Le Familistère est basé sur le principe de vie communautaire. Chaque habitant est
appelé à donner son avis et à participer à la gestion du Familistère. En effet, la gestion se fait
par l'intermédiaire de l'Association du Capital et du Travail, créée le 16 août 1880. Au sein de
l'Association, il existe plusieurs catégories de membres!: les associés, les sociétaires, les
participants et les intéressés qui ne disposent pas des mêmes pouvoirs. La distinction se fait
également au niveau des revenus car un associé reçoit 2 parts lors de la répartition des
revenus, un sociétaire en reçoit 1,5 alors que tous les autres en reçoivent une seule. Comme le
nombre d'ouvriers dans l'usine GODIN est supérieur au nombre de logements dans le “Palais
social”, ces logements sont attribués au mérite et à l'ancienneté. Or, les associés et les
sociétaires doivent obligatoirement vivre dans le Familistère!; ce sont donc ces deux valeurs:
le mérite et l'ancienneté, qui conditionnent leurs statuts.
Habiter le Familistère, c'est donc bénéficier des nombreux avantages matériels qu'il
propose mais c'est également suivre un règlement intérieur très strict. D'ailleurs, l'édifice est
très décrié lors de sa construction. La polémique vient de la surveillance généralisée. L'entrée
dans les logements se fait par la cour intérieure si bien que les voisins connaissent les
moindres va-et-vient. Les toilettes, l'eau courante, les trappes à balayures se trouvent
uniquement dans des parties communes. Tous les conflits sont réglés devant le jury de
l'Association. Avant de partir à l'école, les élèves se rassemblent dans la cour du pavillon
central et chantent des chants patriotiques qui célèbrent le travail et la solidarité. Les épouses
non natives du Familistère doivent d'abord être acceptées par l'Association. GODIN veut que
son œuvre serve d'exemple et ne tolère pas les écarts. Mme!MARCHAND témoigne de son
arrivée au Familistère et de la difficulté à être acceptée par les familistériens!: longtemps, elle
est restée l’“étrangère” malgré son admission. C'est dans ce sens que l'Association agit. Les
fêtes rythment l'année et constituent la seule ouverture au monde extérieur.
Le Familistère fonctionne donc en autarcie et ne montre à l'extérieur que son visage
d'apparat. Cependant, bien que très convoitée, la vie au Familistère ne satisfait pas toujours
car le règlement y est quasiment militaire. Les familistériens n'ont pas de vie privée mais
suscitent l'envie et la jalousie chez les guisards ce qui fut parfois l’origine de conflits.
2. L'après GODIN
La population a évolué énormément depuis la mort de GODIN. A l’époque on ne
trouvait que des ouvriers de l’usine au Familistère. Aujourd’hui, on n’y vit que pour le faible
loyer. L’évolution s’est faite progressivement. La population, les appartements, les conditions
de vie se sont modifiés petit à petit.
On peut développer deux parties dans la vie du Familistère entre 1888 et aujourd’hui.
Premièrement il y a tout le déclin progressif dans l’organisation de la vie familistérienne qui
se terminent par la dissolution de l’Association Capital-Travail. Ensuite, après 1970, c’est une
phase descriptive qui narre la vie au Familistère avant le projet UTOPIA.
a) Le Familistère de Guise de 1888 à la fin des années 1960
De nombreux changements sont apparus depuis la mort de GODIN au Familistère.
Tout d’abord, la population a évolué. La première guerre mondiale a tué de nombreux
ouvriers!: en 1911, on comptait 1312 habitants au Familistère pour 1046 en 1926. La
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Le Familistère Godin à Guise
population du Familistère est surféminisée et diminue. De plus elle vieillit. En effet, on
observe une baisse du nombre de naissances!: 50 naissances en 1890 pour 15 en 1926. Il est
intéressant de noter que la mortalité infantile est plus forte au Familistère que dans le reste de
la ville jusque dans les années 1920-1925, malgré les bonnes conditions d’hygiène que
GODIN avait instaurées. La cause pourrait venir de la nourricerie qui recevait des enfants qui
n’étaient pas en âge d’y être admis. Les nourrissons étaient plus sensibles aux maladies qui
pouvaient circuler à cause de leur bas âge.
Les bâtiments et appartements se sont aussi modifiés. La guerre a détruit des maisons
comme l’aile gauche qui fut reconstruite en 1924. Mais lors de cette reconstruction, il y eut
une volonté de créer des appartements plus grands. Par conséquent, ils furent moins
nombreux. Par exemple l’aile gauche contient actuellement 89 logements pour 119 lors de sa
construction (1860). La nourricerie et le pouponnat furent également détruits pendant la
guerre, mais non reconstruits. En effet, vu la diminution du nombre d’enfants, le service
pouvait être déplacé dans l’école.
Parallèlement à la diminution du nombre d’appartements, l’usine manquait d’ouvriers
à cause des dégâts causés par la guerre. C’est pourquoi, des nouveaux associés ont été
embauchés et ont voulu s’installer au Familistère. Cependant il était impossible de les loger
car les appartements étaient tous occupés. C’est pourquoi, des mansardes ont été aménagées
pour pouvoir loger une partie des ouvriers. Les autres ont dû s’installer à Guise!: tous les
ouvriers ne vivent donc plus au Familistère. C’est une des étapes du déclin de l’œuvre de
GODIN. Dans sa conception tous les ouvriers devaient loger au Familistère.
Un autre élément important est la fin de l’Association Capital-Travail en 1968.
Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les familistériens pensaient qu’ils faisaient partie de
l’élite. Leurs nombreux privilèges leurs permettaient de vivre aisément. Pourtant à partir de
1950, une politique de bas salaire est appliquée car le partage des bénéfices n’est plus
possible!: les affaires deviennent plus délicates à cause de la concurrence. Cette modification
de salaires provoque des grèves. L’Association ne peut plus exister. En 1968, pour être plus
compétitif, GODIN S.A., une société par action, est substituée à la société du Familistère
(GODIN S.A. étant une filiale du groupe Le Creuset). Mais la situation continue de se
dégrader. Le rachat de l’Association entraîne la liquidation des biens de GODIN!: l’école et le
théâtre sont rachetés par la municipalité, les logements sont vendus, mis en copropriété. Enfin
les associations créées par GODIN ont toutes disparues en 1970, ainsi que les grandes fêtes
annuelles.
En résumé, depuis 1880, le Familistère était une “habitation unitaire”!; il y avait en
effet 3 espaces différents!: l’espace de travail (l’usine), l’espace d’habitation (le Familistère),
et l’espace lié à l’éducation, aux loisirs et à la vie communautaire.
Jusqu’à la fin des années 1960, le Familistère a conservé cet esprit d’unité. Mais à
partir de 1968-1970, la cohérence entre ces éléments est brisée. En effet, on peut observer la
dissolution de la société du Familistère et la division de la propriété des bâtiments. Seule
l’usine conserve le même statut.
b) Le Familistère de Guise à partir des années 1970
La dissolution de l’Association a eu quelques avantages, notamment au niveau des
rapports entre Guise et le Familistère. Depuis longtemps, les guisards tentaient de devenir
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Le Familistère Godin à Guise
familistériens pour profiter des avantages qui s’y trouvaient!: les nombreux commerces, les
bonnes conditions d’hygiène (eau courante, toilettes et vide-ordures à chaque étages), et les
bons salaires. Mais petit à petit, on retrouve ces conditions d’hygiène dans les maisons de
Guise, les commerces du Familistère disparaissent et la fin de l’Association supprime les bons
salaires des ouvriers. C’est pourquoi aujourd’hui la jalousie est éteinte. Après le rachat des
appartements du Familistère, de plus en plus de guisards sont devenus familistériens.
Le Familistère n’est plus une ville hors de la ville, c’est une ville dans la ville. La
population est très hétérogène!: on trouve des anciens familistériens et de nouveaux habitants,
des jeunes et des moins jeunes, des cadres et des ouvriers, des gens qui travaillent à l’usine,
d’autres qui travaillent en ville, des français et des immigrés (appelés turcs!: habitants
d’origine marocaine, algérienne, souvent portugaise, et quelque fois turque).
Cette hétérogénéité a cependant apporté des problèmes. La bonne ambiance qui
existait au Familistère au XIXème siècle a disparu. Par exemple, en 1970 lors du rachat des
appartements, les français se plaignaient de la présence des turcs. De plus, le “mur de Berlin”
a été construit en 1976 pour empêcher les enfants du pavillon central de jouer avec les enfants
turcs dans la cour de l’aile droite. Cependant, ce mur était plutôt symbolique car les enfants
pouvaient toujours aller dans la cour en passant par les étages.
Aujourd’hui, ces différends ont disparu, les mentalités ont évolué. Pourtant les
habitants ne se connaissent pas entre eux. On peut prendre pour exemple le témoignage de
Mme!MARCHAND qui habite le Familistère depuis 1935. Elle ne connaît toujours pas sa
nouvelle voisine qui est installée depuis six semaines. Elle entend le mari partir le matin, sans
l’avoir jamais vu non plus.
Lors de notre visite sur place, nous avons en effet pu constater que les gens ne se
parlaient à peine. La vie privée est certes plus respectée qu’à l’époque, mais malgré tout, il est
dommage que l’idée d’une grande famille créée par GODIN ait disparu.
En 1989, pour tenter de faire survivre le Familistère, des passionnés de l’œuvre de
GODIN créent «!l’Association pour la fondation GODIN!». Le président fondateur est Guy
DELABRE, universitaire, auteur avec Jean-Marie GAUTIER d'une remarquable thèse en
sciences économiques “GODIN et le Familistère de Guise”.
Cette association a les objectifs de!:
- sauver l'ensemble du patrimoine GODIN, notamment dans l’immobilier,
- conserver et utiliser tous les bâtiments existants et même les jardins,
- faire découvrir et connaître l’œuvre de GODIN,
- faire de Guise et du Familistère un pôle d'attraction,
- rendre compatibles les possibilités financières d'une commune et les projets de sauvetage du
site,
- mettre en place des structures en harmonie avec l'environnement (architectural, industriel,
sociologique…),
- faire œuvre originale, à la mesure de l’œuvre de GODIN,
- ne pas se cantonner à la commémoration, mais aller vers l'évocation et la création,
- donner un retentissement international à la valorisation du site.
Cette volonté de faire revivre le Familistère s’est développée doucement. Aujourd’hui,
le Familistère commence une longue réhabilitation. Ce projet a mûri petit à petit comme nous
allons le voir dans la partie suivante.
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Le Familistère Godin à Guise
II. Vers un projet de réhabilitation
Quel héritage matériel et social nous laisse la société du Familistère après sa
dissolution!? Réponse!: un patrimoine en décrépitude qui entraîne ses habitants et son image
dans une même pente. Il faut donc renouveler à cela et sauver ce monument historique, lourd
de caractères exceptionnels pour la ville et la région.
1. Etat matériel des lieux
Un constat a été fait!: le Familistère dépérit. Le jardin d'agrément, patrimoine moral et
culturel n'est pas suffisamment entretenu. Le groupe de bâtiments buanderie-bains-piscine est
délaissé. Les économats sont abandonnés en ruine à la nature. La décision est stricte, il n'y a
aucun investissement à mettre dans ce lieu.
A partir de 1992, les avis commencent à changer!: une étude a été demandée
concernant le Familistère en lui-même et ses proches environs. Une remise en état s’avère
nécessaire avec comme souci la préservation du patrimoine historique en tant que bien
collectif, l’habitabilité et la sécurité pour les occupants, ainsi que la revalorisation de l’image
du Familistère, tant pour les personnes extérieures que pour les habitants des bâtiments. Les
travaux à effectuer ont été estimés de l’ordre de 16 à 18,5 millions de francs TTC, avec des
différences notables entre les ailes. L’aile gauche nécessite 9,5 millions de francs alors que
l’aile droite ne nécessite que 3,5 millions, sachant que la charpente et la couverture seraient
prise par l’assurance pour prévenir les risques d’incendie.
Il n’y a pas eu de réelle volonté d’étaler les travaux dans le temps sachant, que ceux de
première urgence recouvrent 70 à 74!% du coût total. Ces opérations s’inscrivent dans une
logique qui ne voit pas uniquement le monument historique mais qui prend en compte
également le point de vue architectural, culturel, social et économique. Cette réflexion a été
menée afin de faire une analyse des potentialités de l’ensemble, des possibilités de
réaffections éventuelles des bâtiments et de principes d’interventions sur les espaces
extérieurs.
Une planification en trois étapes a été établie suivant les degrés d’urgence. En traitant
en parallèle le patrimoine architectural, la fonction de l’habitat, le projet social, le projet
culturel et environnemental, et l’optimisation de l’utilisation du Familistère (tableau suivant
sur les degrés d’urgence).
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3
2
-diversification de l'offre dans et
hors Familistère
-pour les 3 ailes : réfection des
coursives
- pour les 3 ailes : façades et
menuiseries extérieures
-pour l'aile gauche : planchers
fers oxydés
-poursuite des actions sur la
diversification de l'offre et le
peuplement
-action sur peuplement
-pour l'aile centrale : réfection -travaux éventuels sur les parties
de la cour, ravalement du RDC communes (ascenseurs, éclairage,
sous-sol)
-choix concernant les travaux sur
parties communes (ascenseurs)
-élargissement éventuel.
-poursuite du projet social
-mise en place de projet social,
concertation avec les habitants,
mise à disposition des locaux
commun, démarrage des actions
éventuellement réservées aux
seuls habitants du Familistère
-diversification de l'offre hors -définition du programme d'action
Familistère peut être engagée
-pour l'aile droite : plancher,
cour, escalier, béton
-pour l'aile gauche : antenne
TV, réfection cour mosaïque
-choix des partenaires et déf. des -mise en place de la structure du
objets et des procédures
projet
-pour les 3 ailes : charpentes et
couverture
Projet social
1
Fonction habitat
Patrimoine Architectural
Degré
d'urgence
-aménagement des
espaces.
-mise en place du projet
-réfection des bâtiments
annexes
-négociation et montage
-choix des partenaires
Projet culturel et
environnement
-réalisation éventuelle
des travaux sur les
locaux collectifs
-réflexion préalable.
Etudes techniques
éventuelles et choix des
options
Optimisation de
l'utilisation du Familistère
Le Familistère Godin à Guise
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Le Familistère Godin à Guise
2. Constat social et vie au Familistère
On note un besoin réel d’habitat. La situation du marché du logement actuelle donne
au Familistère une vocation sociale. La préoccupation principale des gouvernants est de
réduire la captivité et d’augmenter les possibilités de choix pour les demandeurs de logements
afin d’éviter les phénomènes de ghettos. On note un processus de dévalorisation dont le
Familistère fait l’objet. L’évolution vers la paupérisation et la précarisation implique un rôle
de plus en plus marqué d’accueil de locataires défavorisés, contrairement à la véritable origine
de l'œuvre de GODIN. La coexistence de plus en plus difficile entre les familistériens, le plus
souvent propriétaires âgés, et les nouveaux locataires (jeunes ménages ou familles
nombreuses) entraîne la perte de la cohésion sociale. C'est-à-dire la dégradation de la vie
sociale, l’accentuation des conflits de voisinages et des tensions internes. La dévalorisation de
l’image sociale du Familistère, vis-à-vis de l’extérieur, est alimentée en partie par
l’augmentation du nombre de familles en difficultés (environ une vingtaine) qui entraîne des
comportements de délinquance.
D’après l’entretien que nous avons eu avec M.!PIVIN, du BICFL, «!personne
n’aimerait habiter dans de tels logements!». Les fenêtres donnent sur la cour intérieure, ceci
étant une manière d’observer continuellement ses voisins. Cela a été démontré dans les
critiques faites sur le Familistère dès sa mise en service, notamment par les personnes
extérieures qui se mariaient avec des familistériens.
«!Le Familistère, c’est la maison de verre!; regardez ces grands balcons qui courent tout le long de
l’édifice!; ils permettent à l’indiscret de jeter, à travers la vitre, un rapide regard dans
l’appartement voisin!; partout des cloisons!; le moindre bruit est épié!; les moindres discussions
familiales ont pour auditeurs, sinon pour témoin 20, 30 personnes. Et comment parmi elles ne se
rencontreraient-ils pas des indiscrets, sinon des ambitieux, enclins peut-être à aviser de ces scènes
le Conseil de surveillance, avec l’espoir d’être bien notés et de gravir plus facilement un des
échelons de ce petit Etat social.!»3
Il n’y a plus d’intimité et la liberté est de toute manière surveillée.
Mme!MARCHAND, âgée de 94 ans, habite le Familistère depuis 1935. La première fois
qu’elle est entrée dans le Familistère, elle a été «!suffoquée!». Elle ne s’y sentait pas chez elle.
Tout le monde se voit, s’observe, et à l'époque se connaissait. Les familles de familistériens y
sont implantées depuis plusieurs générations.
«!Une grande partie des familles qui habitait le Familistère étaient parents à un degré quelconque.
Je ne voudrais pas employer le mot tribu… c’était un peu ça!; ça a fini par former une grande
famille!; je pense que c’était un des buts de GODIN.!»4
C'est pour cette raison qu'à son arrivée, Mme!MARCHAND fut perçue comme une
“étrangère”. Avec le temps, elle a été admise dans le Familistère. «!On apprend à vivre au
Familistère lorsque l’on veut faire l’effort de s’intégrer.!» Dans l’esprit GODIN et selon les
règles mises en place, on n’avait pas le choix.
Mais à partir du moment où plus personne ne pouvait faire appliquer ces lourds
règlements et entretenir l’esprit de communauté, la vie au Familistère s’est vue transformée en
une simple cohabitation sans réelles relation et communication avec les nouveaux arrivants.
De plus, les transformations générales du mode de vie (apparition des voitures, de la
télévision…) anéantirent progressivement la vie collective du Familistère. Ceci ne peut
3
Odile Martin, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.
Critique de la presse à propos du Familistère, p.127.
4
Jean-Luc Pinol, Le Familistère de Guise : habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette, Paris, 1982.
Témoignage, p.98.
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Le Familistère Godin à Guise
s’appliquer que dans une logique de communautés. Or de nos jours en dehors des résidences
universitaires, nous ne pouvons plus parler de communautés sociales, si ce n'est les ghettos ou
les communautés religieuses et sectaires.
L’image du Familistère implique aussi l’image sociale. La dégradation des conditions
donne lieu à des conflits entre habitants d’âges et d’origines différents et n’ayant pas
forcément choisi de vivre ensemble. Les véritables familistériens, à proprement parler, sont
des personnes d'âge mûr, qui sont installés dans les bâtiments depuis quelques générations.
Dans les années prospères du Familistère, ceux-ci ont pu développer un cocon ou une bulle de
protection contre l'extérieur. Or les nouveaux arrivants n'ont pas ce réflexe de communautés.
Ces différences de culture et d'éducation, au sein pourtant d'un même environnement, peuvent
créer des difficultés de voisinage et de vie en commun. Il faut réduire certains de ces
déséquilibres et limiter progressivement les cohabitations les plus explosives.
M.!DASSONVILLE nous a dit que les familles qui s’installaient ne venaient pas se
présenter aux autres locataires, signaient le règlement mais ne le respectaient pas. Aujourd’hui
les réactions par rapport au Familistère ne sont plus les mêmes, on ne peut plus comparer.
Mme!MARCHAND ne connaît toujours pas sa nouvelle voisine qui est installée depuis six
semaines. Elle entend le mari partir le matin, sans l’avoir jamais vu non plus.
Depuis la privation, apparue après 1968, les habitants prennent moins d’importance
dans les décisions. Le Familistère perd son côté familial, communautaire et associatif. Les
gens dorénavant l'habitent comme n'importe quel autre immeuble d'habitation, sans recourir
au souvenir de l'esprit originel de ce patrimoine, encore faut-il qu'ils le connaissent.
3. Volonté de réhabiliter
Que faut-il faire du Familistère!? Quelle peut être la démarche sociale à engager!?
Faut-il que cet ensemble devienne une ZEP!? Cela accentuerait la dévalorisation, mais ce
serait une démarche trop diffuse. Cela entraînerait une dispersion des efforts. Si l’on veut
remodeler et créer des pôles d’activités pour les habitants (aménagement artistique ou
culturel, équipement, lieux de rencontre…), faut-il les implanter à l'intérieur ou bien à
l'extérieur du Familistère!? L’usage en serait aux habitants exclusivement ou bien à tous les
habitants de Guise, de la région ou autre!? Cela dépend des activités concernées, de l’aptitude
des personnes du Familistère, de plus en plus en difficultés à assumer directement une
confrontation avec l’extérieur.
Aux difficultés de cohabitations s’ajoute le fait que le Familistère entre dans un projet
de réhabilitation culturel. Il faut faire connaître GODIN, son œuvre. Le Familistère fait partie
du patrimoine historique et culturel de la région. Ces idées utopiques concernant la vie
ouvrière et l’habitat en collectivité doivent véhiculer une image plus positive de cette région,
elle-même dévalorisée par le climat, la baisse des emplois… Dans cette logique, les touristes
sont les bienvenues pour l’apport que cela occasionne tant sur le point de vue économique que
pour la revalorisation de l’image de Guise et de tout le département, l’Aisne.
Tous les jours, des bus amènent des touristes au Familistère. D’après
Mme!MARCHAND, c’est rare qu’il y ait des jours sans visiteurs. De plus, un projet de
réhabilitation de plus grande ampleur risque d’apporter de nombreux visiteurs
supplémentaires. Ce n’est pas sain pour la tranquillité des habitants.
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Le Familistère Godin à Guise
Dès la “mort” du Familistère, les familistériens se sont rendus compte que l’on ne
pouvait pas le laisser aller vers une dégradation certaine en l'absence d'interventions. C’est
pourquoi l’Association du Familistère s’est mise en place. Une visite est organisée avec
l’explication de l'histoire du Familistère et du personnage GODIN. L’Association, c’est le
regroupement d’anciens familistériens qui veulent maintenir “l’esprit GODIN” et le
transmettre afin de le garder en mémoire.
La mairie s’est elle-même aperçue de la richesse de ce patrimoine. Elle a réfléchi à la
façon de réhabiliter ce grand ensemble. Celui-ci leur aurait coûté énormément si on l’avait
laissé dans l’état et que l’on n'avait fait que parer au plus pressé pour maintenir un minimum
de conditions de sécurité. Il fallait développer les activités de formation, de recherche, d'art,
de culture, de tourisme et de communication afin que ce patrimoine ne tombe pas dans l’oubli.
Tous les lieux du site sont donc concernés.
La prise de conscience de la mairie et le désir des familistériens de ne pas voir le
Familistère tomber en désuétude ont poussé la réflexion vers une intention d’activités
culturelles. Le premier objectif étant la création d’un projet muséal, une sorte de
réconciliation entre le Familistère et la ville de Guise.
Les pistes à explorer seraient!:
-un musée, implanté dans l’économat,
-un parcours d’archéologie industrielle et architectural,
-des antennes, dont deux au moins concerneraient directement les copropriétés étudiées dans
le cadre de ce diagnostic,
-la visite d’un appartement,
-l’accès au jardin.
Le but final étant tout de même l’autofinancement qui ne nécessiterait qu’un
investissement immobilier et mobilier.
Donnons quelques exemples d’actions envisagées!:
- Le traitement de l’espace situé entre le bâtiment principal et le théâtre, un lieu central
et symbolique. Ce revêtement est actuellement hétérogène avec une partie pavée, une autre en
pelouse, une en terre battue et une en enrobé. D’où la volonté d’effectuer un traitement du sol
plus homogène, plus ordonnancé, avec une dominante de pavés sur le modèle de ceux qui
existent autour de la statue de GODIN (en particulier côté musée et théâtre). Des espaces
engazonnés complèteraient la structure existante autour de la statue.
- La coupure de la rue qui traverse la propriété et en détruit l’unité devrait être atténuée en
remplaçant l’enrobé par des pavés en totalité ou en partie, ou au moins sur les côtés de la
place, dans le prolongement des allées longeant les bâtiments d’habitations. L'espace serait
rendu aux piétons.
- Les terrains de Gisompré, à l'origine emplacement des potagers des familistériens,
disparaîtraient et seraient bâtit.
Seraient prévus également la plantation d’arbres complémentaire, en particulier du
côté du théâtre!; la suppression du stationnement et le report en périphérie du site… Le tout
dans une volonté d’ensemble afin d'établir des repères.
Finalement, suite à des volontés ambitieuses, les politiques locales et régionales
décident d'offrir une nouvelle fraîcheur au Familistère. De nombreux projets de réhabilitation
et de revalorisation des bâtiments sont à l'étude. Ces pistes permettent d'envisager un travail
plus sérieux et de plus grande ampleur sur ce terrain, à la demande des dirigeants, que nous
étudierons dans la prochaine partie.
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Le Familistère Godin à Guise
III. Le projet UTOPIA
1. La genèse du projet UTOPIA
Face à un devoir de restauration des bâtiments du Familistère, et sous l’impulsion de
l’Association pour la Fondation GODIN (créée en 1989 par des passionnés de l'œuvre de
GODIN) et de la DRAC, la mairie exprime le désir de mener une réflexion plus large, pour
déterminer dans quel cadre vont s’inscrire ces travaux de réhabilitation.
En effet, rien ne sert de restaurer si l’on ne sait pas quel usage du bâtiment va être fait
dans les années qui suivent!; particulièrement quand on réalise que le bâtiment en question est
une pièce si particulière de notre patrimoine national, et qu’il représente un potentiel de
développement touristique important pour la ville de Guise.
En 1995, la mairie de Guise et la DMF (Direction des Musées de France) décident
donc de charger un bureau d’ingénierie culturelle, le BICFL, de proposer un programme de
réhabilitation du Familistère. Ce programme devra permettre de préciser le futur emploi du
bâtiment afin de spécifier les travaux de réhabilitation à entreprendre. La future utilisation du
bâtiment, fixée par la mairie, est alors d’en faire un musée consacré à GODIN et à son œuvre,
grâce à l’aménagement des économats pour accueillir le musée, et la restauration des
bâtiments du Familistère comme lieu de visite. En effet, au départ, seule la préservation du
bâti avait été envisagée (le palais social, les économats, le théâtre, le lavoir-piscine et le
pouponnat).
Comme en face de toute commande, le BICFL s’est permis de la reformuler, afin de
juger de sa pertinence. En effet en 1995, une proposition répondant au mieux à la commande
initiale, va être présentée à la mairie. Mais une seconde solution de valorisation culturelle et
touristique du Familistère va aussi être proposée. Cette dernière veut, d’après J.L. PIVIN (du
BICFL), ne pas se limiter à réhabiliter pour faire uniquement la même chose qu’auparavant!:
un simple musée. Dans sa seconde proposition, J.L. PIVIN désire donc exploiter au maximum
le potentiel culturel du Familistère, afin qu’il représente pour la ville un réel enjeu touristique
et culturel.
L’histoire de ce projet s’est par la suite écrite au fur et à mesure, suivant les étapes
nécessaires à la réalisation d’un tel projet, étapes qui ne sont cependant pas évidentes à
discrétiser, étant donné qu’elles consistent en un agencement simultané d’acceptations
intermédiaires, d’études supplémentaires, de réunions et de périodes de gestation.
Après avoir répondu à la première demande et montré la possibilité, et l’intérêt de sa
seconde proposition, la mairie et la DMF, soutenues par la région et l’Etat, ont demandé au
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Le Familistère Godin à Guise
BICFL de préciser cette seconde solution, qui paraissait ambitieuse mais dont des idées
intéressantes émergeaient.
D’après J.L. PIVIN, le mieux dans un projet culturel est de présenter une première
phase de travaux, et d’en esquisser les suivantes, pour pouvoir les retravailler, les reformuler,
au regard de la réalisation de la précédente. Mais «!les politiques ont besoin d’un produit
fini!» pour pouvoir prendre les décisions nécessaires.
Des études supplémentaires (financière, de faisabilité…), des précisions au niveau de
la définition du projet, du phasage, des objectifs touristiques et culturels, de la mise en place
financière du projet, ainsi que de nombreuses réunions, ont permis d’appréhender l’ampleur et
les conséquences d’un tel projet afin que les politiques prennent une décision.
Pour faire accepter le projet, le bureau d’ingénierie culturelle s’est donc gardé (fort
heureusement d’ailleurs) d’utiliser des simulations de visualisation, très séduisantes, mais qui
ne dévoilent pas (bien au contraire) la globalité des problèmes inhérents au projet. En effet
c’est une méthode courante dans les bureaux d’ingénierie culturelle qui permet souvent aux
politiques de prendre plus rapidement des décisions.
Le BICFL a donc fait son travail d’une façon plutôt déontologique, en fonction de ses
propres compétences, interpellant la maîtrise d’ouvrage, dès que celles-ci se trouvaient
limitées (étude d’urbanisme…). C’est à ce titre que le BICFL reste sur le projet en tant que
consultant externe.
C’est en 1996 que la volonté politique de faire UTOPIA est prise par Jean-Pierre
BALLIGAND, alors président du Conseil Général de l’Aisne, et aujourd’hui député de
l’Aisne.
Jean-Pierre BALLIGAND a alors pu défendre les différents thèmes présentés dans le
rapport du Bureau d’Ingénierie Culturelle au Conseil Régional de Picardie pour inscrire le
projet au Contrat de Plan Etat-Région. En ce sens, Jean-Pierre BALLIGAND est un des
principaux porteurs du projet au niveau de la région mais aussi de l’Europe puisqu’il a
contribué à ce que ces institutions soient parties prenantes du projet.
Enfin, en novembre 2000 ont été créés les statuts d’une structure administrative
chargée de la mise en route du projet!: le syndicat mixte de la Fondation GODIN, représentant
à la fois la mairie de Guise et le département. Ce syndicat n’a réellement été mis en place
qu’en janvier 2001 et ne sera effectif qu’une fois la première tranche du projet réalisée (midécembre 2001).
Jusqu’alors deux personnes employées par la mairie sont à la tête du projet!:
M.!Frédéric PANY, conservateur du site et Mme Sylvie LEFEVRE, membre de l’Association
pour la Fondation GODIN. Selon leur dire à l’heure actuelle, le projet dans sa globalité n’en
est qu’à l’état de pré-programmation!: les dossiers de financements européens viennent d’être
montés et les études préalables du bâti, du ressort des monuments historiques, viennent
seulement d’être commandées.
2. Le projet UTOPIA
La première proposition du BICFL répondant strictement à la demande de la maîtrise
d’ouvrage consiste schématiquement à l’amélioration de ce qui est fait actuellement. Ce projet
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Le Familistère Godin à Guise
viserait 10 à 15 000 visiteurs par an et reste un projet “élitiste” car il ne privilégie que la
clientèle naturelle du Familistère, celle des “initiés” à GODIN (architectes, urbanistes,
sociologues…).
Le projet UTOPIA, tel qu’il a été présenté par le BICFL en avril 1996, et défendu par
M.!BALLIGAND, se décompose quant à lui en trois phases, dont la première est à peu de
chose près la réponse apportée à la demande originelle. S’il nécessite un investissement
important de la part de la ville, du département et de la région, il a cependant comme but
d’aboutir à son autofinancement au bout d’une période encore indéterminée.
a) La première phase
Elle concerne principalement le bâti existant.
Celui-ci comprend tout d’abord la restauration du Pavillon Central qui sera
entièrement affecté au projet touristique et culturel. En effet, on ne peut pas ne pas laisser aux
visiteurs la possibilité de visiter au moins une des cours des pavillons, afin de se rendre
compte du projet GODIN, projet de société dans lequel l’habitat communautaire joue un rôle
essentiel.
Par ailleurs, la surface des économats (environ 1500!m2) ne suffit pas à abriter un
projet grand public ambitieux. De plus le pavillon central a une valeur symbolique non
seulement par sa centralité, mais aussi parce qu’il abritait les fêtes d’antan, il représentera un
grand moment de la visite. Pour cette première phase, sont prévus uniquement une
restauration suffisante de certains éléments afin de pouvoir toujours accueillir des visites
(exemple!: la verrière), et l’aménagement de l’appartement de GODIN. Les autres projets de
réhabilitation du bâti sont encore à l’étude et seront donc mis en place lors de la troisième
phase.
L’appartement de Godin!: sa vie, son œuvre et sa pensée!; comprenant des meubles de
l’époque, il représenterait ainsi le témoignage des conditions de vie d'antan.
Un accès du pavillon central, par le premier étage est créé, afin qu’il n’y ait aucun
passage de visiteurs dans le pavillon de droite où se situe l’appartement.
(annexes 4!: plans du site, des phases et du bâtiment!: documents du BICFL)
Les économats quant à eux représentent un important travail de rénovation. Ils sont en
effet pressentis comme site d’accueil (comprenant le jardin ouvrier) par la commune et le
comité scientifique, et comprendront donc!:
-une salle d’accueil des groupes,
-une salle de conférence à l’usage des groupes de chercheurs et d’étudiants, et un centre de
documentation spécialisé,
-l’administration,
-les espaces techniques nécessaires à l’entretien et au personnel,
-la billetterie,
-la librairie-boutique,
-les toilettes,
-la cafétéria,
-un vestiaire comprenant des poussettes à enfant en libre accès,
-une pièce de repos pour chauffeurs de cars.
Le théâtre!: son activité actuelle est gérée par l’association TMD (Théâtre, Musique et
Danse) en dehors des heures d’ouverture au public. Depuis, une visite spectaculaire
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Le Familistère Godin à Guise
permanente et automatique mettant en scène des grands moments du rôle du théâtre au sein du
Familistère, a aussi été mise en place pour les visiteurs.
Une partie de l’usine, dans le cadre d’un partenariat à établir avec le propriétaire,
présentera l’outil fondateur du projet GODIN. Ceci permettra de relier le Familistère de
GODIN avec la notoriété des poêles GODIN très présents dans l’esprit du grand public. Cet
espace permettra de montrer les méthodes de travail d’antan, la collection des poêles GODIN
de l’usine, un show-room de la fabrication actuelle et une cafétéria.
La première phase est en cours de réalisation. L’inauguration des économats a
d’ailleurs été réalisée le 13 décembre 2001. La seconde phase est celle dont l’étude de
faisabilité est en train de se dérouler.
b) La seconde phase (dans les rapports récents, la 1ère et la 2nde phases ont été
regroupées)
Elle élargit les objectifs de la première phase en incluant le Familistère dans un parc de
visite.
Le parc de la peupleraie sera accessible par le jardin ou directement par le pont, ce
sera un jardin-bois thématique qui reste encore à définir.
Le jardin historique sera reconstitué comme jadis, ponctué de ses différents
monuments et événements comme le passage du petit train remis en état pour l’occasion.
Le lavoir-piscine nécessite de lourds travaux de réhabilitation. Une proposition a été
avancée quant à sa possible future utilisation!: l’implantation d’une base d’activités de canoëkayak. Cela représente quand même certaines contraintes!:
- accès à l’eau difficile,
- difficultés de parking et de manœuvre pour les remorques,
- pente exiguë,
- porte de garage pas suffisamment grande pour garer les remorques,
- possibilités d’action restreintes et contraignantes car monument historique.
Après de nombreux épisodes à rebondissement, c’est cette dernière contrainte qui a
fait annuler tout récemment cette proposition. Le sort du lavoir-piscine reste donc toujours
inconnu…
Une promenade sur les rives devrait facilement être mise en place afin de relier
agréablement les divers espaces de la visite.
Les abords de la route ont été pressentis d’emblée comme un problème d’urbanisme
qu’il est nécessaire de prendre en compte. En effet la route coupe le site en deux et détruit
donc son unité et son intimité. De plus elle posera des problèmes de sécurité dès que la
fréquentation touristique sera plus importante. Une solution serait sa fermeture. Ce problème
nécessite encore des études d’urbanisme appropriées.
c) La troisième phase
Le reste du pavillon central!:
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Le Familistère Godin à Guise
Le rez-de-chaussée comprendra d’anciens magasins et quelques appartements, révélant
l’histoire de l’aventure GODIN. Une façon de renvoyer à l’ensemble des différents espaces
plus spécialisés qui parleront chaque fois d’un seul aspect de l’œuvre de GODIN et des
problématiques qu’elle soulève.
Une quinzaine d’appartements pour reconstitution (du XIXème siècle à 1960), seront
animés de façon diverses!: son, objets, parfois écran de projection.
La cour!: aucun aménagement particulier, en dehors de la verrière refaite et des
quelques éléments de mobilier qu’il pouvait y avoir à l’époque. Il sera le lieu d’animations
spectaculaires ponctuelles (rôle de muséographie essentiel) pour tout public, qui
représenteront les fêtes et les auto-célébrations qui se déroulaient à l’époque dans ce lieu.
«!Par un mécanisme discret, l’ensemble de la verrière se couvre d’un vélum noir et une projection
d’images géantes tirées de la collection de photographies historiques, fait vivre les balcons et la
cour. Une mise en son de l’espace transforme cette cour sévère en un lieu amène où le visiteur se
promènera dans les photos projetées et les bruits de la fête. Pendant 5 à 7 minutes, une fois toutes
les heures.!»5
Une vingtaine d’appartements pour évoquer les utopies par des formes employées
variées (projet pas encore abouti).
Il est enfin nécessaire de penser dès maintenant à un projet d’hôtellerie. En effet, si
les ambitions de ce projet sont respectées, la ville de Guise ne présente pas les moyens
d’hébergement nécessaires pour les différents visiteurs qui resteraient une nuit sur le site.
«!Au lieu de construire un IBIS!» (J.L. PIVIN), une proposition du BICFL est de réaliser cette
capacité d’accueil hôtelier à l’intérieur du Familistère.
Plusieurs solutions seraient alors envisageable!: une petite hôtellerie dans l’espace
restant du bâtiment central, ou bien, un projet hôtelier plus ambitieux et plus à même de
répondre aux besoins de groupes comme de particuliers, qui prendrait place dans une des ailes
du Familistère.
D’après le BICFL, cette dernière solution pourrait s’organiser ainsi!:
*!: une quinzaine de suites de 4 à 6 personnes (60 lits),
**!: une vingtaine de chambres (10 doubles lits, 10 simples),
***!: cinq suites (10 lits),
Studios résidentiels!: une dizaine de 50 m2,
Micro pépinière (bureaux)!: 5 cellules de 50 m2.
Soient 100 lits hôteliers au total.
Cela permettrait d’accueillir différents publics!:
- le tourisme d’affaire!: de l’homme d’affaire au VRP, de l’accueil de séminaire à la simple
réunion d’affaire,
- la clientèle touristique stricto sensu!: le pôle «!nuit!» du développement touristique de la
Thiérache (** pour les groupes, *** pour les individuels),
- les voyages d’études!: *.
Les avantages seraient de pouvoir créer un cadre unique d’accueil, avec des repas sous
la verrière, permettant aussi d’accueillir en résidence des séjours d’artistes, de chercheurs ou
des individuels par semaine et par mois. Un sentiment d’animation particulier investirait le
lieu. De plus le coût de cet investissement hôtelier serait relativement réduit.
Par contre, pourraient apparaître des difficultés à marier l’accueil du public et l’accueil
des clients de l’hôtel, de même que des contraintes phoniques ou de cohabitation.
5
PIVIN Jean-Loup et CHASPOUV Claudine, UTOPIA : Valorisation culturelle et touristique du Familistère
Godin à Guise - Rapport d'orientation stratégique, Paris, Bureau d'Ingénierie Culturelle de la Fête et des Loisirs
(BICFL), 15 novembre 1995.
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Le Familistère Godin à Guise
d) La visite
La visite que représenterait ce grand projet se décomposerait de la façon suivante!:
Le bâti (1h30 minimum) à vivre en société!:
- le pavillon central, pièce maîtresse de la visite afin de montrer la vie de tous les jours à
travers le temps et la hiérarchie, les fêtes, l’organisation… Le lieu où l’on vit l’Utopie.
- le théâtre!: pour montrer la nature du débat. Le lieu où l’on fabrique l’Utopie.
- les économats!: accueil du public. Le lieu où l’on vent l’Utopie.
- le lavoir et la piscine!: Lieu de jouissance de l’Utopie.
Le lieu de promenade, dans un univers varié (1h minimum)!:
- les espace verts, le kiosque (parfois avec orchestre), les monuments.
- le jardin historique à visiter comme tel!: ludique, didactique, représentant la conception du
monde.
- le bois!: une création (nature plus sauvage et fantaisies d’artistes). Le jardin nouveau devra
avoir un thème (exemple!: modernité) permettant d’intégrer les différentes dimensions du
projet global et révélant «!l’Utopie ouverte de demain par rapport à l’Utopie fermée d’hier!»
(BICFL).
L’usine (1h)!:
- un espace montrant les méthodes de travail d’antan.
- la collection des poêles GODIN de l’usine.
- un show-room de la fabrication actuelle.
- une cafétéria.
Son but est de pouvoir accueillir 100 000 visiteurs par an. Il représenterait un coût
supérieur à 50 millions de francs. Son avantage est de pouvoir présenter plusieurs “lectures”
de l’œuvre de GODIN, lui permettant de toucher des publics diversifiés.
D’après les termes utilisés par MM. PIVIN et PANY, plus qu’un projet touristique, il
s’agit ici d’un «!projet de ville!». En effet, il représente un nouvel élan pour la ville,
notamment par rapport à sa réconciliation avec le patrimoine GODIN. Il permet, de plus,
d’intégrer l’usine GODIN dans la politique de la cité.
Le projet contribuera ainsi non seulement à la valorisation de l’image de la ville, mais
aussi à celle du département et de la région, ainsi qu’à la valorisation touristique du nord de
l’Aisne. Ces caractéristiques espérées nous font pressentir qu’en plus de la ville, le
département et la région devront aussi apporter une implication forte dans le projet.
3. Les impacts
a) La ville
Un projet de cette envergure (rappelons qu’une fréquentation annuelle de 100 000
visiteurs est visée à terme) a forcément des conséquences sur la vie d’une commune comme
Guise et sur son environnement plus ou moins proche. Afin de veiller à son bon déroulement,
il est important de penser et d’intégrer ces conséquences en amont de la réalisation du projet.
Ainsi, des mesures préventives peuvent être prises et il paraît évident que de telles mesures
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Le Familistère Godin à Guise
sont bien souvent meilleures et moins coûteuses (sur le plan financier, bien sûr, mais aussi sur
le plan social et économique) que leurs équivalents curatifs. En effet, si, par exemple,
l’accueil des touristes se révélait inefficace, le fait de l’améliorer ultérieurement ne pourrait
rien faire contre la mauvaise publicité accumulée, ou bien si les guisards se sentaient agressés
par la forme concrète d’UTOPIA, le dialogue serait beaucoup plus difficile a posteriori, que si
l’on avait essayé de les mettre en confiance dès la genèse du projet. C’est donc maintenant
qu’il faut soulever ces questions et tenter d’y répondre avec le plus de discernement possible.
Nous tenterons ici de dégager, les facteurs qui constitueront selon nous les points clés
de la réussite de ce projet. Nous verrons, pour chacun d’eux, dans quelle mesure ils ont été
intégrés (ou non) au projet de réhabilitation du Familistère de Guise, comment, selon nous, on
pourrait améliorer la prise en compte de ces difficultés (qui, par ailleurs, constituent tout
l’intérêt d’une telle opération).
L’Hôtellerie
Le Familistère a accueilli, a priori, environ 17 000 visiteurs au cours de l’année 2001.
Il paraît évident que si le projet connaît le succès escompté, des problèmes d’hébergement des
visiteurs pourraient se poser. Il est à noter, de plus, que le projet prévoit une visite d’une
journée complète et donc un temps de séjour de l’ordre de 2 jours dans certains cas. A la
lecture du projet du BICFL, deux types de clientèles paraissent probables!:
- les autocaristes!: journées organisées par les agences de voyages ou certaines associations
(on pense ici notamment au groupes du troisième âge).
- les individuels!: 1 à 5 personnes en voiture particulière.
L’hébergement doit donc être pris en compte dans ce projet, et ce, de manière globale,
si la région et le département ont réellement la volonté de faire un circuit touristique étoffé sur
leur territoire (nous reviendrons sur cet aspect ultérieurement). L’entretien avec
M.!CUVELIER, maire de Guise, nous a appris qu’une étude, dont les résultats devraient être
connus dans le courant du mois de janvier, était en cours, afin de déterminer si des structures
d’hébergement doivent être créées, à partir de quand elles deviennent nécessaires. Si des
besoins sont clairement identifiés, une des solutions qui est à l’étude, serait l’installation
d’une structure hôtelière dans les bâtiments de l’aile gauche du Familistère (l’aile droite,
quant à elle constituerait la partie logements sociaux du “nouveau” Familistère). Cette
adaptation, si elle est nécessaire, risque d’être difficile (changement de fonction du bâtiment,
contrainte des monuments historiques et problème de rachat des appartements par le syndicat
mixte) et peut-être faudrait-il penser plus précisément à d’autres solutions.
En ce qui concerne la restauration, elle connaît déjà, à petite envergure les
conséquences du tourisme sur Guise, puisque l’activité de ce secteur a augmenté récemment
avec les visites du Familistère par quelques groupes d’autocaristes. La mairie a déjà tenté de
sensibiliser les restaurateurs du secteur à ce phénomène (en leur demandant de rester ouvert le
dimanche par exemple) avec plus ou moins de succès. Cependant, aujourd’hui, la demande est
largement satisfaite et les restaurateurs qui profitent des quelques visites semblent satisfaits
par cette activité.
Parking/voirie
Ici encore, il n’est pas nécessaire de montrer l’importance de cette issue dans la
réussite du projet. Une attraction culturelle visant une fréquentation annuelle de 100 000
visiteurs ne peut passer à coté des questions de circulation des personnes pour arriver jusqu’au
site, à celles de leur circulation et de leur stationnement sur les abords du site.
Automne 2001 - AR04 - 23
Le Familistère Godin à Guise
La ville de Guise n’est aujourd’hui desservie que par la route, il n’est pas possible de
se rendre à Guise par le train. Cette contrainte peut, certes, représenter un frein au succès du
site, mais ne semble pas, a priori, constituer une impossibilité majeure à sa réalisation. Si le
projet est intéressant et original, s’il arrive à jouir d’une bonne notoriété, les infrastructures
routières devraient être suffisantes (d’autant plus qu’elles s’améliorent et qu’elles sont une des
priorités du conseil général en matière d’aménagement du territoire, même si le tronçon SaintQuentin/Guise peut et doit certainement être amélioré). Cette question est donc à prendre en
compte, mais il semble que ce ne soit pas ici qu’il y ait le plus à faire.
La question de la circulation et du stationnement des éventuels visiteurs dans Guise
nous semble plus préoccupante. En effet, Guise connaît déjà, d’après ce que nous avons pu en
voir lors de nos visites, quelques difficultés de stationnement et de circulation aux heures de
pointes (le vendredi en fin d’après-midi, par exemple, annexe 5!: photos de la circulation).
Ces problèmes sont, certes mineurs aujourd’hui, mais qu’adviendra-t-il les jours de grande
affluence, si aucune action n’est menée, dans un centre ville qui regorge de sens unique et où
les stationnements ne sont pas nombreux!?
Une étude est semble-t-il menée (annexe!: entretien avec M.!CUVELIER), par les
services de l’équipement pour ce qui concerne la voirie et les parkings, mais M.!CUVELIER
est resté simplement allusif à son sujet et cette question semble constituer la prochaine étape.
Cependant, nous pensons qu’une réelle étude d’urbanisme doit être menée afin d’étudier
d’une part ces questions de voiries et parking et d’autre part les questions d’aménagement des
espaces urbains afin qu’ils constituent des espaces agréables de chalandage, mais aussi qu’ils
permettent le lien entre la ville et le Familistère (par l’aménagement de la grande artère qui va
de la place d’arme au Familistère notamment) et permettent une véritable réappropriation du
Familistère par les guisards. Ces questions nous paraissent donc réellement essentielles et
doivent certainement être encore mieux considérées qu’elles ne le sont actuellement, même si
les acteurs du projet semblent d’ores et déjà en avoir conscience.
Social
Ce programme a, dans sa formulation même, une dimension sociale. En effet, un des
buts est de stopper la tendance actuelle qui fait du Familistère un “refuge social”, mais sans
contourner le problème en stoppant toute habitation à plein temps au Familistère. Cette
démarche passe actuellement par le rachat des logements qui se libèrent par le syndicat mixte,
en vue de pouvoir exercer un contrôle sur le choix des locataires. Il semble en fait qu’une des
sources des problèmes actuels soit le désengagement des propriétaires à ce sujet. Ils sont bien
souvent des personnes totalement extérieures à Guise, pour qui ce bien immobilier ne
représente qu’une ressource financière et pour lequel il se moque de l’occupant. Or, comme
l’a remarqué M.!CUVELIER lors de notre entrevue, tout le monde n’est pas capable de vivre
en collectivité, et c’est bien ce dont il s’agit au Familistère, étant donnée l’architecture
particulière sur ce point précis. Mais d’autres facteurs doivent certainement être pris en
compte et faire l’objet d’une étude!: pour vivre convenablement, ces personnes doivent avoir
la possibilité de travailler, leurs enfants d’étudier… et cet aspect du problème doit être
considéré à plus grande échelle!: celle de la région (des efforts sont d’ailleurs entrepris par la
région Picardie pour améliorer l’emploi et les formations en son sein).
Les problèmes d’emplois (et ils sont bien réels dans le nord de l’Aisne, comme l’a
souligné M.!PANY, conservateur du site, lors de notre entrevue) peuvent aussi constituer un
frein au succès de cette entreprise. Tout d’abord, pour former l’équipe de maîtrise d’ouvrage
Automne 2001 - AR04 - 24
Le Familistère Godin à Guise
de l’opération, le syndicat mixte connaît quelques difficultés!: ils recherchent actuellement
une personne pour s’occuper des dossiers administratifs et gérer la comptabilité. Cependant,
M.!CUVELIER se dit confiant à ce sujet, car le projet est intéressant et qu’il donne envie de
s’y impliquer, comme l’ont montré les nombreuses candidatures reçues lors du recrutement de
M.!PANY, même si le recrutement dans cet autre domaine s’avère pour l’instant plus délicat.
Le problème du recrutement du personnel pour faire tourner le site muséal se posera lui aussi.
Il faudra en effet du personnel d’accueil, d’hôtellerie, par exemple, et ce peut être une
difficulté, d’où la nécessité d’étudier cette question dès maintenant, pour éventuellement
former des personnes volontaires, mais ne possédant pas les qualifications requises.
Les problèmes d’ordre social sont donc bien une dimension à ne pas négliger. Ce
projet ne pourra connaître un véritable succès que si les guisards se sentent impliqués et prêts
à le soutenir.
Relations inter-territoriales
Un tel projet, s’il veut fonctionner de manière optimale, se doit d’être intégré dans une
logique à plus grande échelle, appartenir à un circuit touristique (M.!CUVELIER fait, par
exemple, référence à l’abbaye de Saint-Michel). C’est ce que nous avons tenté de montrer
dans la partie de ce travail consacrée aux impacts sur la région. La mairie de Guise semble
tout à fait consciente de ce phénomène et essaie actuellement de travailler dans ce sens. Mais
cette tâche n’est pas sans difficulté!: on ne change pas les mentalités en un tour de baguette
magique et une tradition de “paroisse” est, parait-il, bien ancrée chez les différents acteurs de
la vie politique et économique de la région. Selon nous, une telle coordination ne peut se faire
qu’avec l’intervention d’un acteur indépendant et délégué par la région. Mais si cette dernière
s’implique sur le plan financier, elle ne semble pas vouloir s’intéresser à la mise en place du
projet, ce qui constitue selon nous un réel danger pour la réussite de celui-ci.
Pour conclure, les points développés ci-dessus doivent être approfondis comme nous
l’avons souligné. Vous nous avez certainement trouvés très critiques à leur sujet dans les
lignes précédentes, car il nous paraissait important d’insister de la sorte, tant leur intégration
au projet est importante. Cependant, M.!CUVELIER, maire de Guise et M.!PANY,
conservateur du site ont su se montrer à la fois très intéressés et impliqués dans le projet, mais
aussi conscients de ces problèmes et volontaires pour travailler à leurs résolutions. Etant
donné leur importance dans le déroulement du processus de réalisation du projet, cette
motivation et cette volonté d’implication permettent un certain optimisme quant au succès de
cette opération. Cependant, ce succès ne pourra être total que si tous les acteurs de ce projet,
et nous pensons ici particulièrement à la région, se montre aussi volontaires et impliqués (et
pas seulement sur le plan financier).
b) La région
Le tourisme en Picardie
D’après une enquête menée en 1998 par l'Observatoire Régional du Tourisme de
Picardie, nous pouvons retenir de l’état actuel du tourisme en Picardie plusieurs points.
Sur le plan national, la Picardie se place environ au 20ème rang national de
fréquentation touristique sur les 22 régions de France métropolitaine.
La saison touristique en Picardie démarre en avril pour se terminer en septembreoctobre, le pic des emplois touristiques étant concentré de juin à août. L’activité touristique
picarde est la conséquence de deux types de fréquentation!: une fréquentation d’une clientèle
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Le Familistère Godin à Guise
d’affaires de septembre à juin et une fréquentation d’une clientèle de loisirs de juin à
septembre.
L’industrie touristique dépend beaucoup des excursionnistes. Ces excursionnistes en
provenance des grands bassins de population de l'Ile de France et de la région lilloise sont
motivés par!:
- la possibilité de s'oxygéner dans les forêts de la région et sur le littoral,
- les attractions touristiques telles que le Parc Astérix, la Mer de Sable, les musées de
Chantilly et les châteaux de Pierrefonds, de Compiègne…
- la possibilité de flâner dans les villes historiques!: Amiens, Beauvais, Chantilly, Compiègne,
Laon, Senlis, Soissons.
La région connaît une fréquentation non négligeable de visiteurs français et étrangers
en transit. Actuellement, la région Picardie est essentiellement un lieu d'excursions, de
passage et de courts et moyens séjours.
Au niveau de la capacité d’accueil, la capacité d’hébergements marchands et non
marchands est relativement faible (aux alentours de 2!% de la capacité nationale) et leurs
qualités sont moyennes!: faible parc hôtelier, très faible capacité d'hébergement rural, une
capacité d'hébergements marchands dominée par des campings, une large partie des
hébergements non marchands est résidentielle (résidences secondaires), une fréquentation
touristique dominée par des visites aux parents et amis.
Sur le plan économique, le poids de la consommation touristique en Picardie
représente 3!% du PIB régional (de 1996). L’activité touristique en Picardie génère un volume
d’emplois équivalent aux deux tiers des emplois agricoles picards ou encore à 15!% des
emplois industriels de la région, l'hébergement et la restauration représentent 58!% des
emplois touristiques picards.
La connaissance de ces données conforte un certain nombre de points évoqués
précédemment (élaboration du programme par le BICFL, facteurs soulevés concernant
l’impact sur la ville de Guise).
Une volonté politique régionale forte
La région picarde mise beaucoup sur le développement du tourisme et ses incidences
sur le plan économique.
«!Le patrimoine architectural picard est un des atouts majeurs de la région. Riche, bien réparti sur
l’ensemble du territoire, il peut et doit faire l’objet à la fois d’un rattrapage au niveau de sa
restauration et d’une mise en valeur destinée à le faire mieux connaître à l’intérieur et à
l’extérieur de la région. Il s’agit d’une priorité forte du contrat de plan, qui prendra en compte
l’ensemble du patrimoine, gothique, industriel, rural, avec une action prioritaire sur des sites
emblématiques.!»6
(annexe 6 : article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie)
Le Conseil Régional de Picardie a par ailleurs demandé la mise en place d’un Schéma
Régional de Développement du Tourisme et du Loisirs (SRDTL) où sont développés l’état du
tourisme actuel de la région, les objectifs visés et les moyens mis en œuvres pour y accéder.
6
Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie, (2000-2006). Extrait sur le thème du patrimoine.
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Le Familistère Godin à Guise
Ceci dénote une réelle volonté et conviction des acteurs politiques de la région.
L’enjeu du développement touristique de la Picardie est défini clairement comme «!un
véritable vecteur de développement économique!»7.
Ils sont en effet convaincus que le tourisme peut devenir une activité économique très
importante en Picardie et fortement créatrice d’emplois et de richesses. C’est donc dans cet
esprit qu’a été rédigé le SRDTL puisque «!le tourisme est une chaîne économique qu’il
convient de mieux connaître, mieux organiser, mieux souder pour que la Picardie se dote
d’une véritable industrie touristique dynamique et compétitive!»8.
Le projet culturel du Familistère de Guise
Le développement d’un projet culturel autour du Familistère GODIN s’inscrit dans le
sens de la politique de développement touristique régional. Le projet bénéficie donc à ce titre
d’aide de la région. Les élus locaux nous ont témoigné leur conviction. Un tel projet saura
apporter un dynamisme sur le plan économique au nord de l’Aisne qui connaît un déclin
important (dépeuplement urbain, évolution du bassin de l’emploi supérieur à -2!% entre 1990
et 1999).
De plus, le développement de ce projet culturel pourrait avoir des répercussions sur
l’ensemble des sites touristiques du département de l’Aisne (au 4ème rang des départements
pour le nombre de monuments classés). En ayant pour ambition de faire de la ville de Guise
«!un haut lieu du patrimoine industriel français!» (propos de Jean-Pierre BALLIGAND), ce
projet augmentera d’une part la palette des activités touristiques du département et de la
région («!Une dimension nouvelle sera ainsi donnée au patrimoine du XIXème et XXème siècle,
niche touristique encore inexploitée!», Jean-Pierre BALLIGAND). D’autre part les sites
culturels situés au nord du département (Château-fort de Guise, Circuit des églises fortifiées,
Abbaye de Saint-Michel en Thiérache…) bénéficient déjà d’une mise en valeur, mais
semblent souffrir d’une relative méconnaissance. L’enjeu est donc de faire du Familistère le
centre névralgique du patrimoine touristique du nord de la Picardie. Il permettrait un renvoi
des touristes sur les autres sites historiques notables du département.
Des liens pourront également être tissés avec les autres lieux de patrimoine industriel
situés dans un périmètre proche de Guise tels que l’écomusée de Fourmies (au sud du
département du Nord) ou la Filandière de Fresnoy-le-Grand (au nord de l’Aisne, localisée au
nord de la ville de Saint-Quentin), l’esprit étant le même que pour le projet UTOPIA, c’est à
dire garder sur le site historique une industrie encore en activité.
La présente étude ne nous permet pas d’avoir une vision précise des répercussions
possibles du projet UTOPIA sur la région, et certaines données nous manquent pour permettre
de tisser les liens entre les acteurs du projet et les institutions touristiques mises en place sur la
région Picardie. Plusieurs questions nous sont suscitées et restent donc en suspend!:
Æ Même si la région encourage fortement les élus locaux à développer des projets
culturels et touristiques d’ampleur sur leur territoire (SRDTL), quelle importance accorde la
région au travail de coordination sur des projets culturels et touristiques d’ampleur!?
7
Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiées en faveur du
développement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, Conseil Régional de Picardie, 7 décembre
2000.
8
Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiées en faveur du
développement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, Conseil Régional de Picardie, 7 décembre
2000.
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Le Familistère Godin à Guise
En effet, la région est prête à aider financièrement de telles opérations, mais ne semble
pas participer au niveau organisationnel à la mise en place des projets. Nous avons remarqué
que dans le cas de Guise la création d’un syndicat mixte s’est avérée une nécessité, la mairie
ne pouvant assumer à elle seule le développement du projet. La mise en place de ce syndicat
ayant été apparemment laborieuse, du temps a été perdu. Ceci n’est pas sans poser problème
puisque les financements accordés par la région sont limités dans le temps (pour le Contrat de
Plan Etat-Région les fonds sont versés pour une période de 6 ans avec nécessité de résultat).
D’ailleurs des problèmes de recrutements se posent actuellement pour les postes de gestion
financière du projet.
Æ Comment instaurer des liens solides et efficaces entre les différents sites
touristiques d’une même région si encore une fois aucune structure professionnelle n’est mise
en place!?
Pour le cas de Guise il existe une structure, le syndicat mixte de Thiérache, qui appuie,
encourage et coordonne les manifestations culturelles du «!pays!» (circuit des églises
fortifiées!; les Transfrontalières, festival annuel d’échange artistiques entre la Thiérache
française et la Thiérache belge…). Mais plus généralement la gestion des syndicats
d’initiatives et organismes touristiques est actuellement du ressort des bénévoles ou des
mairies sans réelles relations entre les villes.
Æ En désirant développer un tourisme “de masse”, car c’est bien de cela dont il s'agit
dans la stratégie régionale (qui parle de «!l’industrie touristique!»), ne va-t-on pas à l’encontre
du véritable but du tourisme culturel!? (Les visites rapides ou surchargées étant incompatibles
avec l’acquisition d’une véritable culture.)
Æ De manière générale, dans ce type d’opération culturelle et touristique l’opinion des
habitants est écoutée en aval du projet, une fois l’opération lancée. N’est-ce pas en quelque
sorte une forme d’exclusion!? Comment impliquer les acteurs principaux de la ville et du
département que sont les habitants, avec leurs activités traditionnelles et quotidiennes lorsque
l’on fait de leur lieu de vie un marché touristique!? Envisage-t-on de mener des actions en
partenariat avec les écoles!?9
Les opérations auprès du jeune public ont généralement un impact fort et pour résultat
l’acception par la population locale des changements du lieu et des activités qui y sont
menées.
9
Exemple donné par Cristina Grande dans Synthèses d’études et extraits des actes du colloque sur la
réutilisation culturelle et artistique des monuments historique en Europe, Fondation Serralvès, Portugal, p.40-41.
Automne 2001 - AR04 - 28
Le Familistère Godin à Guise
Conclusion
Jean-Baptiste André GODIN n'est pas un personnage commun. Il a révolutionné
l'industrie d'un point de vue social grâce aux idées des utopistes de son époque. Il créa en effet
à partir de 1860 le Familistère, un “Palais Social” où ouvriers et cadres de son usine vivaient
dans les conditions d'une communauté, profitant des avantages d'hygiène, de culture,
d'éducation, de financement, de ravitaillement…
Aujourd'hui, pour ne pas laisser tomber en décrépitude ce bâtiment et tout ce qu'il
véhicule, les élus et les habitants ont pris conscience de la nécessité de le réhabiliter. Une
proposition a été faite en 1992. Elle n'était pas assez précise et ne mettait pas suffisamment en
valeur le caractère exceptionnel du Familistère.
La proposition aujourd'hui soutenue par le département et la région, fut commandée en
1995 par la mairie de Guise à un Bureau d'Ingénierie Culturelle (le BICFL). Depuis, l'ampleur
de cette proposition (100 000 visiteurs par an) nécessite des études complémentaires même si
elle a été en grande partie acceptée. Ceci représente le futur travail du syndicat mixte mis en
place par la mairie et la région, qui nous apparaît comme le futur porteur du projet. En effet,
de part les différences entre les nombreux acteurs, leurs rôles, et les diverses visions que l'on
peut se faire du projet, un effort important sera nécessaire pour synthétiser les besoins et les
attentes de tous autour de ce projet, ainsi que pour le coordonner jusqu'à son aboutissement.
Nous nous permettons de donner nos conseils et nos critiques, avec nos yeux
d'observateurs extérieurs.
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Le Familistère Godin à Guise
Critiques
Après avoir retracé la genèse d’UTOPIA, exposé les différents points du programme
proposé par le BICFL, et aperçu quelles pouvaient être les conséquences au niveau de Guise,
du département et de la région, il nous paraissaient important de prendre du recul par rapport à
toutes ces données, et de révéler les points sensibles de la poursuite du projet.
Les éléments à réfléchir pour la réussite de ce projet sont :
Structure d’accueil touristique!:
- l’hébergement,
- la restauration.
Etudes urbanistiques!:
- circulation,
- stationnement.
Social!:
- stratégie immobilière,
- prise en considération des habitants,
- gestion du projet culturel devenant projet de ville.
Relations intercommunales!:
- coordination avec les sites touristiques des alentours,
- implication du département et de la région.
Finalement, des interrogations émergent sur la stratégie à adopter pour “attirer” les
futurs acteurs qui feront vivre le monument, le lieu.
Qui seront les futurs «!habitants!» du monument!?
Tel qu’à été défini le programme par le Bureau d’Ingénierie (BICFL), il est intéressant
de constater que le «!Genius Loci!», identifié comme «!l’esprit GODIN!» a bien été cerné.
L’auteur du rapport en question laisse cependant toute liberté au maître d’ouvrage
pour le choix des occupants. Il paraît donc important de signaler à toute fin utile que ce choix
est décisif pour le bon fonctionnement du projet dans sa globalité (projet culturel, projet de
ville et de région).
Le choix de la transformation d’une partie du monument en complexe hôtelier est à
réfléchir en terme de «!durée de séjour!» et tenir compte du facteur saisonnier.
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Le Familistère Godin à Guise
Si l’on décide d’y accueillir des artistes, des professionnels en voyage d’affaire, des
bureaux d’entreprises, la démarche n’est pas du tout la même en terme de gestion du projet et
de respect du programme. Les attentes et besoins des uns et des autres sont différents et
discernables. Il est donc bon d’y réfléchir avant d’entreprendre les travaux de rénovation du
pavillon central pressentis pour les accueillir, c’est-à-dire de mener ces réflexions dès à
présent.
Enfin, quelle place accorder aux visiteurs du musée!? Comment va se faire la
rencontre et la coexistence des visiteurs et des habitants!? Sachant que les éléments
précédents!: types d’habitants, durée de séjour, activités pratiquées (activités professionnelles,
de restauration, de vie commune…) sont à déterminer en prenant en compte ce problème.
D’autres questions apparaissent au niveau des investisseurs et de l’organisation de la
gestion du projet!:
Quelle stratégie sera menée pour la publicité du projet, quels outils seront employés!?
Par exemple, à l’UTC se monte au sein de la filière 2IC (Ingénieries des Industries
Culturelles) un projet intitulé «!territoires numériques!» (annexe 8!: territoires numériques).
Ce projet établi en partenariat avec le Conseil Régional de Picardie a pour but la promotion
«!intelligente!» de sites touristiques via l’utilisation du support numérique et outils
hypermédia.
Jusqu'à quel point l’emprise par des acteurs extérieurs sera-t-elle tolérée (par le projet
lui-même comme par les guisards)!? En effet si le projet fonctionne bien, il attirera des
convoitises!: chaîne hôtelière, de restauration… Il apparaît donc nécessaire de préciser les
limites du projet par rapport aux acteurs extérieurs!: nouveaux habitants du Familistère,
chaîne hôtelière ou de restauration, magasin pour touristes, personnel de fonctionnement nonguisard…
Quelle place pour les guisards!? Quand les intégrer au processus!? Pour quel rôle!? Un
rôle uniquement d’accueil (ouverture le dimanche, personnel de fonctionnement du
Familistère) ou bien de consultation en amont!? et quelle consultation!?
En effet le projet peut se trouver fortement pénaliser si les guisards ne l’acceptent pas
(mauvais accueil des acteurs extérieurs, perturbation de la qualité de vie locale…). Il est donc
nécessaire que les habitants soient consultés!: «!ce qui fait la vie d’un projet c’est le public
local!» au niveau de son accueil, de sa participation…(Jean-Marc PROVIDENCE, Printemps
2001 en AP03).
Tous ces points sensibles nécessitent donc une réelle prise en considération de la part
du porteur du projet. Nous pensons d’ailleurs que le projet est plus à même de répondre à ces
questions depuis la création d’un syndicat mixte consacré uniquement au projet du
Familistère. Ainsi, les attentes de la région, du département comme de la mairie et des
habitants, pourront être centralisées et confrontées de manière rigoureuse. Un réel (et unique)
porteur de projet se dessine enfin grâce au syndicat mixte. Ceci permettra en plus d’assurer
une meilleure coordination du déroulement du projet, et ainsi de le faire avancer
concrètement. Au regard de notre étude, c’est ce qu’il semblait manquer à la bonne
continuation d’UTOPIA. Pour un projet de cette taille, comprenant autant d’acteurs et
d’échelles de regard, il est en effet primordial que le porteur du projet soit pleinement investi
dans le travail (relativement considérable) qu’il reste encore à accomplir.
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Le Familistère Godin à Guise
Bonne chance UTOPIA…
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Le Familistère Godin à Guise
Bibliographie
1. Ouvrages
- AUTISSIER A.M., MAREK R., NYS P., La réutilisation culturelle et artistique des
monuments historiques en Europe, Synthèse de l’étude et extraits des actes du colloque
(Château Savelli- Italie- 1998), Editions de l’ACCR, 1999.
- DELABRE Guy et GAUTIER Jean-Marie, Godin et le Familistère de Guise!: une utopie
socialiste pratiquée en pays picard, SAHVT, Centre de documentation de la Thiérache,
Vervins, 1983.
- DELABRE Guy, Vers une république du travail!:Jean-Baptiste André Godin!: 1817-1888,
Edition de la Villette, Paris, 2000 (première édition!: 1988).
- DE ROUX Emmanuel, (Photographie!: Georges FESSY), Patrimoine industriel, Edition
Scala, Paris, 2000.
- GODIN Jean-Baptiste André, La richesse au service du peuple!: le Familistère de Guise,
(extraits de Solutions sociales), Bibliothèque démocratique, Paris, 1874.
- PAQUOT Thierry et autres auteurs (Alexis EPRON, Françoise LIVACHE, Odile MARTIN,
Jean-Louis PANNE, Jean-Luc PINOL, René RABAUX, Jean-François REY, Jean-Pierre
THOMAS), Le Familistère de Guise!: habiter l'utopie, penser l'espace, Edition de la Villette,
Paris, 1982.
- PETITFILS Jean-Christian, La vie quotidienne des communautés utopistes au XIXème
siècle, Hachette, Paris, 1982.
- SNOECK, DUCAJU, ZOON, Le Familistère de Guise ou les équivalents de la richesse,
Edition des Archives d'Architectures Modernes, Gand.
2. Articles
- CONRAD Daniel, «!La vie rêvée des ouvriers du palais GODIN!», Télérama, n°2696,
mercredi 12 septembre 2001, p.13.
- “Guise, ses hommes - Ballades dans l'histoire”, Le Point, n°30, février 1975, p.3-7.
Automne 2001 - AR04 - 33
Le Familistère Godin à Guise
- “Villages ouvriers, utopies ou réalités!: Avis affichés dans un habitat collectif - Du festif au
primitif”, Archéologie industrielle en France, n°24-25, 16-17 octobre 1993, p.44-74.
Lus le vendredi 28 septembre 2001, sur le site du Courrier International!:
http://www.courrierinternational.com/dossier/soc/ratp_02/ratp_03.htm
- CHOAY Françoise, “Urbanisme!: l'utopie aujourd'hui, c'est retrouver le sens du local”,
Courrier International, Station Luxembourg, n°2.
- PAQUOT Thierry, “Histoire!: de 1516 à aujourd'hui, d'innombrables cités idéales!!”,
Courrier International, Station Luxembourg, n°2.
3. Documents divers
- Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie, (2000-2006).
- Grande Cristina, Synthèses d’études et extraits des actes du colloque sur la réutilisation
culturelle et artistique des monuments historique en Europe, Fondation Serralvès, Portugal.
- Le Musée de Guise, ex-musée GODIN.
- Les Archives départementales de Laon!:
- Cartes d'état-major au 1/100 000 et 1/50 000.
- Guise, Urbanisme, Direction départementale de l'équipement de l'Aisne, Groupe
d'étude et de programmation, POS de Guise, 3 fascicules et plans, Laon, 1984.
- Service départemental d'aménagement rural, Secteur rural de Guise, Laon, 1969.
- PIVIN Jean-Loup et CHASPOUV Claudine, UTOPIA!: Valorisation culturelle et touristique
du Familistère Godin à Guise - Rapport d'orientation stratégique, Paris, Bureau d'Ingénierie
Culturelle de la Fête et des Loisirs (BICFL), 15 novembre 1995.
- PIVIN Jean-Loup, CHASPOUV Claudine et MULIN Amédée, UTOPIA!: Valorisation
culturelle et touristique du Familistère Godin à Guise - Etude de programmation et de
faisabilité - Notes de synthèse, Paris, BICFL, avril 1996.
- PIVIN Jean-Loup, CHASPOUV Claudine et MULIN Amédée, UTOPIA!: Familistère de
Godin à Guise - Objectif II - Opération de préfiguration et festivités du 1er mai 2000 - Dossier
de demande de subvention Feder - Mesure 4.3. du Document Unique de programmation!:
“Développement du tourisme”, Paris, BICFL, 1997-1999.
- Plaquette Tout savoir sur le Conseil Régional de Picardie, édition 2000.
- Premiers résultats estimés du recensement, Mission régionale de cartographie, source
INSEE, 1999.
Automne 2001 - AR04 - 34
Le Familistère Godin à Guise
- Réhabilitation du Familistère de Guise - Diagnostic et orientation - Analyse des
potentialités de l'ensemble des possibilités de réaffection éventuelle des bâtiments désaffectés
et des principes d'intervention sur les espaces extérieurs, Direction départementale de
l'équipement de l'Aisne, Direction de l'habitat et de la construction, décembre 1992.
- Schéma régional de développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) - Actions identifiées
en faveur du développement touristique en Picardie, Comité régional du Tourisme, Conseil
Régional de Picardie, 7 décembre 2000.
4. Sites
- Site de Geneviève DOUAY, professeur d'anglais au collège de Guise!:
http://www.ac-reims.fr/datice/bul_acad/Hist-Geo/bul06/Guise.htm
- Site du centre historique des archives nationales!:
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/quoi.htm
- Site du conseil régional de Picardie!:
http://www.cr-picardie.fr/fr/page.cfm?pageref=culture~patrimoine~musees~guise
- Site officiel du député de la 3ème circonscription de l'Aisne!: Jean-Pierre BALLIGAND!:
http://www.balligand.org/html/familistere.htm
- Site officiel du Familistère!:
http://perso.wanadoo.fr/familistere.godin/
Automne 2001 - AR04 - 35
Le Familistère Godin à Guise
Annexes
Annexe 1!: chronologie
Annexe 2!: sections des bâtiments du Familistère
Annexe 3!: plan d'ensemble
Annexes 4!: plans du site, des phases et du bâtiment!: documents du BICFL
Annexe 5!: photos de la circulation
Annexe 6!: article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie
Annexe 7!: estimation de l'investissement!: documents du BICFL
Annexe 8!: territoires numériques
Entretiens
Entretien 1!: M.!DASSONVILLE, réalisé le 19 octobre 2001.
Entretien 2!: Mme!MARCHAND, réalisé le 19 octobre 2001.
Entretien 3!: M.!PIVIN, réalisé le 21 novembre 2001.
Entretien 4!: M.!BALLIGAND (Correspondance établie entre le 7 et le 14 décembre
2001)
Entretien 5!: M.!RAPPIN, réalisé le 7 décembre 2001.
Entretien 6!: M.!CUVELIER, réalisé le 14 décembre 2001.
Automne 2001 - AR04 - 36
Annexe 1!: chronologie
1817!: Naissance à Esquéheries, en Thiérache, à quelques kilomètres de Guise, de JeanBaptiste André GODIN, fils d’un artisan serrurier.
1828!: GODIN quitte l’école communale pour apprendre le métier de serrurier dans l’atelier
paternel.
1834!: GODIN à Paris. Conversation avec Jacques Nicolas MORET, son cousin, autour du
Saint-Simonisme, du communisme de CABET, des réformes sociales.
1835-37!: Tour de France. GODIN voyage avec son cousin, son aîné de 8 ans.
1840!: GODIN s’installe à son compte, après avoir pris des brevets concernant la fabrication
de poêles en fonte. Mariage avec Esther LEMAIRE. Naissance de Marie MORET, fille de
Jacques MORET, future collaboratrice, future épouse de GODIN.
1841!: GODIN découvre le magnétisme.
1842!: Lecture des écrits de FOURIER.
1843!: Adhésion à l’École Sociétaire.
1846!: Achat d’un terrain à Guise. Installation dans cette ville.
1848!: Candidat malheureux à l’Assemblée Constituante!; perquisition à son domicile après
l’insurrection ouvrière de juin 1848.
1853!: Voyage de Victor CONSIDERANT au Texas. GODIN s’initie au spiritisme. Lettre à
CANTAGREL, ancien gérant de la Phalange.
1854!: Constitution de la Société Européo-Américaine du Texas. Fondation de l’usine
Laeken-les-Bruxelles.
1855!: Mention honorable à l’Exposition Universelle.
1856!: Création d’un jardin d’agrément à proximité de l’usine de Guise.
1857!: Correspondance avec CALLAND et LENOIR, architectes et auteurs d’un projet de
Palais des Familles.
1858!: GODIN arrête un plan évolutif pour le Familistère, constitué autour d’une grande cour
vitrée.
1859-60!: Constitution de l’aile gauche du Familistère.
1862!: Ouverture de la nourricerie et du pouponnat.
1863!: Première Fête de l’Enfance.
1865!: Début de l’économat.
1866!: Début d’un long procès avec Esther LEMAIRE, son épouse, au cours duquel GODIN
est accusé d’adultère.
1867!: Première Fête du Travail. L’entreprise compte alors 900 employés.
1869!: Construction du théâtre et des écoles.
1870!: Construction de la buanderie.
1871!: GODIN, devenu maire de Guise, est élu député à l’Assemblée Nationale. Publication
de Solutions sociales pendant la Commune de Paris.
1877-79!: Construction de l’aile droite du Familistère.
1878!: GODIN fonde le Devoir, revue des Etudes sociales.
1880!: Constitution de la Société du Familistère, “Association coopérative du Capital et du
Travail”.
1882-83!: Le Familistère ne suffit plus pour loger les ouvriers de l’usine. Construction de
bâtiments annexes.
1888!: Mort de GODIN.
1937!: Célébration du centenaire de la mort de Charles FOURIER au Familistère de Guise.
1968!: Fin de l’Association du Familistère de Guise!; Rachat par la firme Le Creuset.
1980!: Célébration du centenaire de la création de l’Association coopérative du Capital et du
Travail à Guise.
Légende!:
A- Cour intérieure pavée en
ciment!; les petits carrés qui
figurent dans la partie du
centre sont faits pour éclairer
le sous-sol!; ceux du pourtour
servent à la ventilation
générale de la cour.
B- Escaliers, allant du soussol au greniers.
C- Galeries de circulation et
passages d'un cour à l'autre à
tous les étages communiquant
avec les escaliers.
D- Groupe de logements de
deux chambres chacun,
pouvant faire des logements
de quatre chambres.
a. vestibule des deux
logements.
b. cabinet-dressoir pour le
logement de gauche c et d.
e. cabinet-dressoir pour le
logement de droite f et g.
Lits (emplacement
figuré).
Placards compris dans le
logement.
Cheminées et conduits de
ventilation des appartements.
E- Deux logements!: l'un de
trois chambres h, i, j, l'autre
de deux chambres k, l,
pouvant faire ensemble un
logement de cinq chambres.
F- Deux logements!: l'un de
deux chambres m, n, l'autre
d'une chambre o, pouvant
faire ensemble un logement
de trois pièces.
G- Logement de deux chambres, sans vestibule.
H- Fontaines placées au-dessus d'une partie faite en
ciment, entre des poutrelles en fer et surbaissée de
manière à ce que l'eau, tombant sur le carrelage, coule
dans le bassin et le tuyau de descente placés sous le
robinet.
I- Cabinets d'aisance inodores, bien éclairés le jour par
de grandes croisées, et la nuit par le gaz.
p. vestibule, côté des dames.
q. vestibule, côté des hommes.
r, s. sièges à cuvettes inodores.
t, u. cuvettes inodores, à fleur d'un aire en ciment!;
ces cuvettes servent aussi de tuyaux de descente pour
les eaux ménagères. Un robinet donne de l'eau à
volonté dans ces cabinets.
v. urinoir au rez-de-chaussée.
J- Cabinets et trappes aux balayures à tous les étages!;
un large conduit permet aux balayures de descendre
dans le sous-sol, d'où elles sont enlevées, tous les jours,
par des gens de service.
Légende!:
A- Sous-sol
a. fondation
b. caves sous l'édifice
c. corridors de cave
d. drainage général des caves dans laquelle sont
placés les tuyaux de conduites de distribution d'eau
pour tous les étages de l'édifice, et pour les réservoirs
placés dans les combles.
e. entrée particulière des caves, du rang de façade
f. caves sous les cours
g. sous-terrains ou galeries de ventilation
h. ouvreaux de ventilation
i. conduits de ventilation des appartements entre la
partie surbaissée des voûtes et le sol des appartements
du rez-de-chaussée.
B- Cour intérieure, rez-de-chaussée et étages
j. entrées des passages, des escaliers et des
fontaines
k. galeries de circulation formées autour de la cour
par le prolongement des poutrelles des planchers de
chaque étage
l. portes d'entrée des logements.
C- Toiture en verre couvrant la cour et les galeries
m. chenal des gouttières à l'intérieur des bâtiments,
passant dans les planchers des greniers pour se rendre
aux tuyaux de descente placés à l'extérieur
n. donjon pour la ventilation.
D- Intérieur des logements
o. porte d'entrée sur le vestibule
p. cabinet servant de buffet et de dressoir pour
resserrer les ustensiles de ménage, la vaisselle, etc.
q. placards
r. porte ménagée dans la maçonnerie permettant de
réunir deux logements
s. tuyaux de cheminée et de ventilation des
appartements.
E- Greniers
t. corridors.
Annexe 3!: plan d'ensemble
Annexe 5!: photos de la circulation
Annexe 6!: article 33 du contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie
Article 33 du Contrat de plan Etat-Région mis en place en Picardie
Article 33 - Patrimoine
Objectifs opérationnels!:
- Développer une politique de restauration du patrimoine des sites emblématiques,
- Initier une politique de mise en valeur exemplaire visant à mettre la politique de restauration du patrimoine dans une
perspective de valorisation culturelle et touristique,
- Valoriser le patrimoine (étude, conseil, diffusion, formation) dans toutes ses composantes (archéologique, historique et
artistique, muséographique, linguistique, rural, industriel, littéraire, audiovisuel…),
- Mettre en valeur les collections patrimoniales et inédites des musées et bibliothèques de Picardie en s’appuyant sur les
nouvelles technologies de l’information et de la communication. La poursuite de cet objectif permettra en outre de
remédier aux inégalités territoriales d’accès à la culture, maîtriser la reproduction numérique, créer des emplois dans un
secteur d’activité innovant et en développement.
Description de l’action!:
Restauration du patrimoine
Développement des programmes de restauration de certains sites emblématiques de la région!: domaine de Chantilly et
cathédrales d’Amiens et de Laon. Des conventions pluriannuelles et pluripartites prendront en compte les actions de
valorisation.
Cette action fait appel à des crédits d’investissement. Les crédits de l’Etat seront mobilisés hors contrat de plan.
Mise en valeur du patrimoine
Mise en œuvre d’actions de valorisation autour des cathédrales!: sont identifiés comme projets prioritaires, ceux
d’Amiens (hors restauration), et de Noyon (restauration et/ou valorisation), ainsi que Laon, sur lequel l’Etat interviendra
dans le cadre d’un plan patrimoine à hauteur de 20!% dans la limite de 20!MF (FNADT). Ces projets devront présenter
les caractéristiques suivantes!:
- s’appuyer sur une dynamique locale clairement explicitée, notamment dans le cadre d’une stratégie de développement
culturel et touristique de la cité et de son territoire (mise en réseau de l’offre, professionnalisation des prestataires,
promotion…),
- la ville-centre ou le pays devront être détenteurs du label ville ou pays d’art et d’histoire,
- intégrer dès l’amont une logique de valorisation, celle-ci s’exprimant sous forme d’un projet global appuyé sur des
travaux d’expertise,
- dans la mesure où le “projet de cathédrale” comprend un volet restauration celui-ci doit avoir un caractère
emblématique et être largement explicité au public,
- créer un lieu permettant d’accueillir les visiteurs et de relier le projet avec son environnement!: office du tourisme,
ateliers pédagogiques, exposition permanente sur la ville, ouverture sur la création contemporaine…,
- établir une convention pluriannuelle et pluripartite faisant référence aux programmes de restauration envisagés.
Cette action fait appel à des crédits d’investissement et de fonctionnement.
Mise en œuvre et soutien aux projets de valorisation du patrimoine régional
Ils devront répondre aux besoins de connaissance du patrimoine, de diffusion auprès des publics, de professionnalisation
des acteurs chargés du patrimoine, de son animation et de sa gestion. S’appuyant sur les expériences des initiatives
soutenues dans le précédent contrat de plan, il pourra être fait appel, sur projets, aux compétences de divers opérateurs,
notamment de l’agence régionale du patrimoine de Picardie (département de l’office culturel régional de Picardie) pour
mettre en œuvre les actions permettant de!:
- contribuer à la connaissance du patrimoine par la coordination et le soutien d’études et d’analyses sectorielles,
- révéler la richesse du patrimoine régional par une très large diffusion auprès du public,
- constituer un centre de ressources au service des responsables du patrimoine,
- apporter aux initiatives locales une documentation et une aide à la décision technique,
- être un lieu de réflexion, d’échanges et de rencontres sur les questions suscitées par la mise en valeur du patrimoine,
- participer à la professionnalisation des acteurs chargés de l’animation et de la médiation du patrimoine.
Cette action fait appel à des crédits de fonctionnement. La région participera au fonctionnement de l’agence régionale du
patrimoine. L’Etat interviendra en soutien aux actions menées par l’ARPP dans la mesure où elles s’inscriront dans le
cadre de projets définis en liaison avec les collectivités locales en matière de valorisation du patrimoine.
Numérisation et mise en réseau des collections publiques des musées et des bibliothèques de Picardie
Les actions éligibles concernent les!:
- 38 musées classés et contrôlés de Picardie comprenant les 2 musées nationaux,
- bibliothèques municipales classées de Picardie (Amiens et Compiègne) et les bibliothèques municipales ou
intercommunales regroupant au moins 10 000 habitants, dotées d’agents qualifiés et disposant de fonds anciens ou
régionaux spécifiques.
Cette action fait appel à des crédits d’investissement et de fonctionnement.
Indicateurs physiques de suivi!:
Pour la restauration et la mise en valeur du patrimoine!:
- Nombre de conventions de restauration/valorisation pluriannuelles et pluripartites,
- Dynamique de développement culturel et touristique intercommunal suscitée,
- Professionnalisation des acteurs du patrimoine!: nombre de formations continues organisées et nombre de journéesstagiaires,
- Professionnalisation de l’accueil des individuels!: nombre et diversité des outils d’interprétation et de découverte,
- Nombre d’opérations patrimoniales réalisées dans le cadre d’une coordination régionale!: échanges d’expériences,
nombre d’actions communes mises en place,
- Nombre d’emplois créés (directs et indirects).
Pour la numérisation!:
- Nombre d’équipements initiant un programme de réinformatisation dans une logique de mise en réseau des fonds,
- Nombre de projets culturels s’appuyant sur la coopération entre équipements,
- Nombre et nature des nouveaux publics touchés.
Modalités de financement!:
Total
Total
88,70
Restauration du patrimoine
Mise en valeur du patrimoine
Numérisation et mise en réseau
des collections publiques
35!,00
43,70
10,00
Etat
Région
32,70**
56,00
*
35,00
27,70
16,00
5,00
5,00
!
!
!
**Ministère de la Culture!: 12,70 MF
en MF
FNADT!: 20 MF
Autres financements attendus!:
- * Etat!: intervention hors contrat de plan sur les opérations de restauration du patrimoine.
- Europe (FEDER).
- Départements et villes!: cofinancement des projets d’investissement et de fonctionnement dans le cadre de conventions.
Modalités de mise en œuvre!:
Création d’un comité de suivi des projets de valorisation du patrimoine!:
Coprésidé par l’Etat et la région, il associera les départements et les communes concernés et aura pour mission!:
- d’assurer le suivi des programmes inscrits dans le cadre du CPER en veillant à l’harmonisation des programmes de
conservation et de valorisation,
- de suivre le résultat des études dans ce domaine.
En matière de numérisation, le comité de suivi aura le rôle suivant!:
- lancer un appel à projet régional (Etat/région) précisant les critères d’éligibilité des projets et notamment les critères
d’attribution du fond soutien à la numérisation,
- identifier les projets éligibles,
- constituer une instance de réflexion et de proposition afin d’identifier les programmes à venir.
Annexe 8!: territoires numériques
TERRITOIRES NUMERIQUES
Projet du département TSH - UTC
(Nicolas SALTZMAN)
Projet mené en partenariat avec la société ARTSUM (SSII spécialisée dans le traitement
temps réel de l’audio et de la vidéo sur les réseaux), l’INA, France Télécom et ESRI.
Support multimédia - Réseau Internet
Description du projet!:
Le projet Territoires Numériques a pour première application le tourisme rural en
Picardie. Il s’agit de promouvoir le tourisme rural en mettant en ligne des informations
géoréférencées permettant aux futurs touristes de consulter l’offre des gîtes ruraux et
chambres d’hôtes en naviguant parmi des données hypermédia (vidéos, photos, sons, textes).
Deux types de navigation sont prévus!: soit à partir d’un document broadcast qui est en même
temps un vrai documentaire, mais qui sert aussi de «!catalogue!» et permet d’accéder
directement (par la vidéo cliquable) aux informations plus précises et d’autres natures!; soit à
partir de cartes dynamiques dans lesquelles on peut zoomer.
Un des principes du projet est l’économie de la production vidéo. Si le documentaire
est un produit broadcast, il serait inconcevable (et sans doute inutile) de mettre en image les
gîtes et les chambre d’hôtes avec la même qualité. La seule économie possible consiste à faire
produire ces données par les propriétaires de gîtes eux-mêmes. Pour faciliter ce qu’on appelle
leur contribution, ils sont guidés par un dispositif vidéo et multimédia qui assure également le
géoréférencement et l’indexation à la source des données produites.
Un comité éditorial reçoit l’ensemble des contributions et les met en ligne en
ménageant les liens ad hoc entre toutes les ressources!: formulaires, cartes, documentaires.
Entretien 1!: M. DASSONVILLE, réalisé le 19 octobre 2001.
- Association Capital-Travail!: il montre un titre de participation qui représentait le capital
salarial détenu par tous les employés de l'entreprise.
Jusqu'à 600 habitants dans ce bâtiment. Maintenant 200 dont 4 ou 5 anciens.
- Système actuel!: Système remplacé par ce qu'il appelle le “ramasse fric” qui y met des
personnes sans ressources qui ne respectent pas le règlement intérieur qu'ils essaient de
maintenir Æ pas facile.
Selon lui, si les bâtiments sont encore debout, c'est grâce au règlement. (Règlement strict!:
exple!: amende pour absence de travail)
- Rejet de la religion!: Pour lui, ce n'est pas une utopie car ça a existé. GODIN a amélioré le
Fouriérisme car il l'a rendu laïque. Haine de l'église et de la bourgeoisie. Conflits avec les
commerçants. GODIN considère que les commerçants prennent le salaire des ouvriers (café,
crédit Æ majoration). GODIN a créé un élément éducatif, théâtre à la place de l'église du
Phalanstère. Mutualité sociale. Concept de la sécurité sociale.
- 3 types d'ouvriers!: participants, sociétaires et associés (pour la pérennité de l'entreprise).
Mais à l'époque, il aurait fallu pour éviter la division et la jalousie créer un seul type d'ouvrier.
La haine n'apporte rien selon GODIN et constitue le défaut du communisme.
- M.!DASSONVILLE ne fait pas parti de la fondation GODIN, car il ne veut pas le faire
pour les médailles.
- Friction avec les personnes extérieures au Familistère!? Pour lui, c'était obligé.
- Système des différents ouvriers!: si pas 3 ans de travail, il ne touchait rien. Participant!: 1
part. Sociétaire!: 1,5 parts. Associé!: 2 parts. Selon lui, pas tout à fait logique, mais c'est pour
la pérennité de l'entreprise. Selon lui, communiste en ville, socialiste au Familistère. Selon lui,
il n'y a que des chômeurs qui habitent aujourd'hui au Familistère. Des personnes déboussolées
sans repères qui gênent les autres et ne s'en rendent pas compte.
- Réhabilitation!: le musée, selon lui, devrait être fait au Familistère mais a été court-circuité
par M.!DUPONT qui l'a construit dans son usine Æ “ramassis d'fric”, “on vend des T-shirts”.
Il n'y aurait pas été si on ne lui avait pas demandé. Il faudrait que la ville soit prête à accueillir
le tourisme Æ GODIN = “génie” qui a donné selon lui à ses ouvriers!: instruction, éducation,
hygiène, travail et même richesse. GODIN Æ anti-clérical, mais pas anti-dieu.
- Connaissez-vous des gens qui ont décidé de s'installer après l'ouverture!?
Beaucoup de départ quand l'Association a coulé en 1968. “On ne reste pas ici quand on a été à
l'école Æ que des petits emplois, sauf fonctionnaires. Au début, après 1968, pas de problème
car des gens habitués à l'usine côtoyaient des gens du Familistère Æ maintenant c'est
différent.”
- Configuration!? Village pas facile à régler. Toujours des frictions. Au début, copropriétaire habitant, maintenant ils sont propriétaires à moins de 50!% Æ de moins en moins
facile pour faire valoir leur droit. Juillet/août Æ ils ne dormaient plus. Chien, mégots partout,
canettes de bières. Il a donné des trucs à la fondation mais n'a pas trop confiance en les
personnes qui s'en occupent.
- Friction!? Grandes frictions, on leur (les familistériens) interdisaient les fêtes locales. Par
contre les habitants de Guise pouvaient venir aux fêtes du Familistère. Il parle de “batailles
rangées”. Sa femme a dû s'adapter. Ses enfants sont aussi attachés à Godin, mais ne veulent
plus entendre parler de Guise.
Pour lui, pas de réticence particulière des Guisards envers le Familistère. Il y aura toujours des
gens pour raller après le “tas de briques” mais pour lui, c'est marginal.
- Règles pas trop dures!? On s'y habitue. Pour sa femme, intégration difficile au Familistère.
Pas le droit d'avoir d'enfants avant le mariage au Familistère. Il parle de clan, de tribu Æ pas
facile quand on vient de l'extérieur.
- Esprit GODIN selon lui!? Solidarité, éducation, richesse pour tous. Tirer le peuple vers le
haut, un vrai socialiste. (Si on met 10 mauvais ensemble ça ne va pas. 1 mauvais avec 2
meilleurs pourra apprendre plus Æ forme de racisme selon lui.)
- Le règlement a changé!? Non, mais il n'est plus suivit. Plus du tout esprit de clan
aujourd'hui. Selon eux, Familistère partagé en 2 (eux du bon côté). Familistère central appelé
le pénitencier car il y a toujours les gendarmes.
- Intimité!? Sa femme, ça la dérangeait que tout le monde voit chez elle. Elle ne s'y est jamais
plu. Les nouveaux locataires ne se sont jamais présentés et ils le déplorent.
Il a le sentiment qu'avec le comportement des gens, il finira réactionnaire. “Les gens ne
pensent plus qu'au fric.”
- Education!: On pouvait au Familistère être fils de balayeur et avoir une bourse pour aller en
école d'ingénieur Æ arts et métiers (très mal vu car d'habitude réservé à une élite).
- Il parle de ville dans la ville, très bien organisée.
- Pour lui, quand on a créé la fondation GODIN, on a commencé par inviter des gens qui ont
critiqué GODIN pendant des décennies Æ les anciens n'y ont pas été.
- Vie!: Tous les nouveaux propriétaires bailleurs ne sont pas véreux, au moins 2 ou 3 leur
pourrissent la vie. Pour lui, région sinistrée, pas de travail, que des petits salaires qui
permettent de survivre mais pas de vivre correctement.
Entretien 2!: Mme!MARCHAND, réalisé le 19 octobre 2001.
•
Relation inter-familistèrien
Mme Marchand, âgée de 94 ans, habite le Familistère depuis 1935. La première fois qu’elle
est entrée dans le Familistère, elle a été «!suffoquée!». Elle ne s’y sentait pas chez elle. Tout le
monde se voit, s’observe. De plus, lorsque elle est arrivée, elle était perçue comme
l’étrangère. Avec le temps, elle a été admise dans le Familistère. C’était une grande famille,
tout le monde se connaissait.
Aujourd’hui , on ne peut pas comparer. Mme Marchand ne connaît toujours pas sa nouvelle
voisine qui est installée depuis six semaines. Elle entend le mari partir le matin, sans l’avoir
jamais vu non plus.
•
Règlement du Familistère
Le Familistère, c’est le rêve de GODIN, et entre autres, il ne voulait aucun problème dans le
Familistère. S’il y en avait, ils étaient réglés à l’intérieur. Pas question d’aller à Guise pour
exprimer ses problèmes.
Par exemple!: Mme MARCHAND a été responsable du lavoir. Au moment d’être nommée à
ce titre, elle est entrée en concurrence avec une autre familistèrienne. En effet, cette dernière
trouvait injuste que Mme MARCHAND soit à ce poste alors qu’elle était depuis peu au
Familistère. L’affaire s’est alors réglée avec les membres du Conseil.
Les règles étaient très précises!: on ne faisait pas n’importe quoi au Familistère, et tout
fonctionnait bien.
•
Relation ville-extérieur!:
Entre le Familistère et la ville, il y a bien sûr eu des conflits. Les familistèriens, en raison de
leurs nombreux avantages se sentaient un peu supérieurs. C’était tellement facile, il avaient
tout sous la main!: coiffeur, boucher, boulanger, vêtement, chaussures, économat…
•
Argent au familistère
Quand on parle de l’avenir du Familistère, Mme MARCHAND se dit inquiète. Il y a trop
d’argent qui circule en ce moment. L’argent fait tourner le tête. Elle a peur de ce que peut
apporter le projet UTOPIA. Depuis la privation, apparue après 1968, les habitants prennent
moins d’importance dans les décisions. L’enjeu est beaucoup plus financier aujourd’hui qu’à
l’époque. En effet, à l’époque, il n’y avait aucune circulation d’argent. Chaque familistèrien
avait un petit carnet qu’il utilisait pour faire ses courses. Toutes les dépenses étaient notées
sur ce carnet. Le dépôt d’argent se faisait dans un bureau spécial.
•
L’avenir du Familistère
Tous les jours, il y a des bus qui apportent des touristes au Familistère. D’après
Mme!MARCHAND c’est rare qu’il y ait des jours sans visiteurs. De plus, UTOPIA risque
d’apporter des nombreux visiteurs supplémentaires. Ce n’est pas sain pour la tranquillité des
habitants.
Entretien 4!: M.!BALLIGAND (Correspondance établie entre le 7 et le 14 décembre 2001)
M. Jean-Pierre BALLIGAND!: député du département de l’Aisne.
«!Quel fut l’évènement déclencheur du projet de réhabilitation du Familistère de Guise!?!»
La création de la Fondation GODIN, présidée et gérée par M. Guy DELABRE.
«!Quels sont les principaux acteurs à l’origine de cette réhabilitation!?!»
Le monde associatif représenté par M. PATTE et les amoureux du Familistère, la Fondation
GODIN, la Ville de Guise et Jean-Pierre BALLIGAND lui-même.
«!Quels sont les enjeux d’un projet de réhabilitation du Familistère!?!»
- La valorisation d’un patrimoine architectural unique en son genre (visité par les écoles
d’architecture du monde entier)
- La préservation d’un habitat noble (le Palais Social) et la mise en valeur du logement en luimême.
- La Création d’un espace muséal sur le thème de l’archéologie industrielle et l’utopie sociale.
- La pérennité de la fabrication du produit industriel sur place (poêle et art ménager) ou le
développement d'un tourisme industriel vivant (Entreprise/Archéologie industrielle).
«!Quelles étaient les intentions d’intervention sur le site avant la proposition du projet
UTOPIA!?!»
Par soucis de conservation d’un patrimoine architectural unique, seule la préservation du bâti
avait été envisagée (le palais social, les économats, le théâtre, le lavoir-piscine et le
pouponnat).
«!En quoi êtes vous personnellement impliqué dans le projet de réhabilitation du
Familistère!?!»
Jean-Pierre BALLIGAND fait depuis longtemps parti des amoureux du Familistère, et dès
qu’il fut à la présidence du Conseil Général de l’Aisne, il a fait son possible pour inscrire la
réhabilitation du Familistère au Contrat de Plan Etat-Région.
Un chargé de Mission, en la personne de monsieur PIVIN a étudié le site et présenté son
rapport. Ce dernier n’a pas eu de difficulté pour convaincre Jean-Pierre BALLIGAND, étant
déjà convaincu d’avance.
Jean-Pierre BALLIGAND a alors pu défendre les différents thèmes présentés dans le rapport
du Bureau d’Ingénierie Culturelle au Conseil Régional de Picardie pour inscrire le projet au
Contrat de Plan Etat-Région.
En ce sens, Jean-Pierre BALLIGAND est un des principaux porteurs du projet au niveau de la
région mais aussi de l’Europe puisqu’il a contribué à ce que ces institutions soient parties
prenantes du projet.
«!Quels sont les points qui vous ont personnellement séduits dans le projet UTOPIA tel qu’il
a été présenté par le BICFL!?!»
Par la mise en valeur du Familistère (mais aussi du site de Bruxelles), redonner le droit que le
contenu de l’idée d’utopie sociale de GODIN continue d’exister lui a semblé une démarche
intéressante. La réalisation d’un pôle d’artistes et l’installation de petites entreprises, les
sociétés et organisations au Familistère sauront redonner vie au pavillon central avec une
dimension moderne accordée avec les ambitions sociales de GODIN puisque cela respecte ses
principes de «!capital-travail!».
«!Quelles sont les institutions qui soutiennent le projet!?!»
Le Conseil Général de l’Aisne est principal maître d’ouvrage du projet.
La ville, à travers la création du Syndicat mixte est également initiatrice du projet. Mais en
tout état de cause, c’est le Conseil Général qui assumera la réalisation du projet à hauteur de
90!% de l’activité.
«!Quels sont et seront les freins possibles au projet!?!»
C’est un projet lourd, en cela il suggère une exploitation difficile.
La situation actuelle au niveau foncier du site entraîne aussi des blocages (difficultés de
conciliation avec le syndicat de co-propriété du Familistère!: expliquer le programme aux
guisards et leur faire comprendre la nécessité de vendre leur logement, leur proposer une
solution de re-logement dans les autres pavillons…).
La rénovation de l’habitat (mise aux normes délicate) fait intervenir le CIL, l’intérêt de ce
plan-projet étant aussi d’améliorer la qualité de vie au Familistère.
«!Quels sont les enjeux actuels et futurs!?!»
Au niveau de la ville, le projet en lui-même a pour ambition de faire de Guise un haut-lieu du
Patrimoine Industriel Français (la France étant en retard par rapport à d’autres pays
européens, n’ayant pas su pleinement mettre en valeur et exploiter le patrimoine du XIXème et
XXème siècle).
Cette ambition aura nécessairement des retombées économiques (un des partis pris étant de
dynamiser la ville en développant l’hôtellerie, les structures d’accueil touristique). De ce point
de vue, UTOPIA est à la fois un projet social et économique.
Au niveau du département et de la région, un tel projet augmentera la palette des activités
touristiques. En plus de mettre en valeur le patrimoine religieux et historique ancien, ce projet
donnera une dimension nouvelle au patrimoine des XIX et XXème siècle, niche touristique
encore inexploitée. Des liens pourront alors être tissés avec les autres lieux de patrimoine
industriel tels que l’écomusée de Fourmies ou la Filandière de Fresnoy-le-grand, le principe
étant le même!: garder sur un site archéologique une industrie encore en activité.
«!En quoi résidera la réussite du projet!?!»
Ce projet fonctionnera si un vrai comité de pilotage se met en place. C’est ici du ressort du
Syndicat Mixte. Celui-ci devra faire en sorte de planifier de façon systématique les actions à
mener. La difficulté étant de réagir très vite!! En effet, le projet est inscrit au Plan EtatRégion, les financements sont donc limités dans le temps. Si l’activité ne se met pas
rapidement en route, par manque de volonté par exemple, le risque est donc que les crédits
non utilisés soient supprimés.
C’est un projet important qui demande une implication forte pour la ville, le département et
l’Etat.
Entretien 3!: M.!PIVIN, réalisé le 21 novembre 2001.
M.!Jean-Loup PIVIN!: responsable du projet UTOPIA au BICFL.
Le BIC!?
Créé en 1985-86 suite à une étude sur la faisabilité d’une ingénierie culturelle, demandée par
l’Etat. Découverte que la culture avait un prix. Découverte que la problématique culturelle
provinciale est toujours liée à un problème touristique. Il faut réaliser des travaux sur une
problématique croisée entre social, culture, loisir, politique…
Les projets culturels sont des objets que l’on ne peut pas tester sur des échantillons, «!pas
comme des yaourts!». Ce sont des objets uniques. Par exemple une médiathèque «!on peut en
implanter en province en respectant un schéma déjà établi, un modèle!». «!Pour ces projets-ci
ce n’est pas possible!». Chaque lieu est différent (environnement, public, identité
régionale…). «!Pas de recette!». «!Original!».
«!C’est une réflexion, non pas sur la valeur patrimoniale en soi mais sur le devenir de la
valeur patrimoniale. Il faut rationaliser les méthodes. Il faut donner des outils aux techniciens
et des conseils aux politiques. Ce sont des travaux non-reproductibles sauf certains éléments.
C’est du domaine du savoir-faire.!»
Comment a été formulée la commande!? Comment ils l’ont reformulée!?
Ils avaient plutôt un rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage. L’étude a été demandée par la
commune et la DMF (Direction des Musées de France). Soutenue par la région, la ville, l'Etat.
Débute en 1995. Au début cela ne devait comprendre qu’un aménagement des économats. Il a
proposé deux scénarios, un qui répondait à la demande et un autre plus ambitieux si la ville
avait vraiment l’intention de se servir du Familistère.
C’est parti du constat que cette région est un trou paumé («!trou du cul du monde!»), une
région «!pas géniale!». Il y avait un besoin d’argent réel pour en faire quelque chose, sachant
que la zone de chalandage primaire est nulle et que la seconde (c’est-à-dire à une heure
environ) est importante. Il fallait que ce soit plus conséquent que le strict minimum qu’avait
demandé la mairie, et que tout le monde y trouve son compte, d’où plusieurs lectures
possibles.
On pouvait s’attendre à un cœur de cible très rare dans l’équipement, un public “d’élite”
(chercheur, étudiant, urbanistes…), venant de l’ensemble de l’Europe. C’était une expérience
presque unique vu l’état de conservation du Familistère et toute l’idée qu’il véhiculait. Ça a
donné un projet intérieur-extérieur pour des gens faisant 1h30 de voiture.
Mais le jardin n’était pas suffisant. Quand on fait de la route pour aller visiter quelque chose,
on aime bien pouvoir se dégourdir les jambes, d’où l’intégration de la peupleraie. Réflexion!:
utopies, par quoi sont-elles balancées aujourd’hui, d’où projet pour adultes infantilisés. Le
Familistère c’est une «!poubelle sociale!».
Maître d’œuvre de l’époque, c’était la conservatrice qui dirigeait l’étude. Mais elle ne s’est
pas intéressée plus que cela au projet. Dans le comité de pilotage, il y a très peu de
techniciens, beaucoup de politiques. Dès que l’on a 20!% des collectivités locales sur un
projet, le reste suit. L’ingénierie culturelle c’est tout ce qui est préalable.
Comment le travail a-t-il été effectué!?
Selon M.!PIVIN, la réflexion se fait en avançant. Il faut que l’on puisse aménager au fur et à
mesure. Mais la politique actuelle est qu’il faut un produit fini, quitte à ce que, lorsqu’il est
fini, il soit déjà démodé vu le temps que l’on a mis pour le mettre en place. C’est pourquoi il
prévoyait un plan de réhabilitation aussi long. En France on veut un produit fini, même si ça
prend 10 ans. C’est une structure de gestion que l’on n’arrive pas à trouver.
Travail divisé en 2 tranches!:
- la 1ère tranche!: les économats, le lavoir, la piscine (programmation pas faite mais base
nautique acceptée), la jardin, la peupleraie.
Projet très politique. Il a vu le jour car un jour M.!BALLIGAND a dit!: «!On fait UTOPIA!».
- la 2ème tranche!: le palais social.
Réflexion sur l’impact!?
Problème, pour nous, de l’afflux de 100!000 visiteurs par an. Une petite médiathèque dans
un petit bled accueille déjà 100!000 visiteurs par an. Ce n’est pas énorme. Ce qu’il faut gérer
ce sont les pics. Ce sont des petits calculs bêtes et méchants!: il y a 3!ha de parkings. Si l’on
dit qu’il y a 2000 à 3000 visiteurs par jour à l’instant t, comment gérer les places de parkings.
D’après M.!PIVIN, il y a suffisamment de place de parkings. Comparaison, d’après lui
toujours, le supermarché du coin attire pas loin, si ce n’est plus, de 100!000 clients par an. Et
tous se garent. Donc ça devrait suffire. Après la régulation des flux eux-mêmes est
importante. Mais il n’y aura pas de perturbation énorme.
Le problème va être de gérer le cheminement ville/hors-ville. Le Familistère est alors
considéré comme hors-ville. Intention de racheter les berges. Cela fait toujours une petite
promenade agréable pour retourner prendre sa voiture.
Maintenant une étude d’urbanisme réelle a été demandée, ainsi qu’une étude sur l’habitat
social, et sur l’éventuelle transformation des pavillons en hôtels.
Problème de l’hébergement!: ce serait pour du séjour court. Une étude de faisabilité hôtelière
doit être faite. Idée d’hôtellerie à thème, en réutilisant le Familistère. Il faut pouvoir réunir
plusieurs standards pour valider le concept. Rêve ou pas!?
En soi, Guise marche bien, il n’y a pas de problèmes d’emplois. Mais il n’y a pas de
mélanges. Tous les gens préfèreraient vivre dans une maison avec jardin. L’idée de GODIN,
c’était de faire cohabiter ingénieurs et ouvriers, d’où l’idée de retrouver cela dans l’hôtellerie.
On ne pouvait pas implanter un IBIS comme ça. Il a voulu trouver des termes plus amusants,
maintenant il reste à convaincre les politiques. Aujourd’hui, c’est inconcevable d’habiter le
Familistère. C’est un habitat communautaire pas collectif. On aurait pu y mettre une résidence
universitaire. Une communauté. Mais on ne peut plus y mettre des logements normaux. C’est
un endroit où l’on partage la richesse, pas la pauvreté. Tout est fait pour rester en
communauté. Il faut mener une réflexion sur un endroit où l’on partage, construire des valeurs
collectifs.
Les habitants!: il y a un taux de rotations énorme. Il doit rester 10!% de familistériens, mais
seulement 7!% doivent encore y habiter vraiment (ils sont soit en maison de retraite, soit en
hôpital). Les guisards, eux, sont ravis du retournement. «!Que penser d’un maire qui met sa
station d’épuration là. C’est qu’il haïssait le Familistère.!» Il faut faire une étude sociale,
réfléchir sur un problème plus large, qui pousserait jusqu’à Saint-Quentin.
Entretien 5!: M.!RAPPIN, réalisé le 7 décembre 2001.
M.!RAPPIN!: responsable du service technique à la mairie de Guise.
La fonction de M.!RAPPIN au sein de la mairie le soumet à un droit de réserve.
M.!RAPPIN travaille sur le projet UTOPIA depuis 2 ans et avoue qu’à son arrivée il se disait
que le projet ne pouvait pas tenir debout (il modère ses propos en disant que c’est aussi dû à
son caractère pessimiste). Suite à une étude approfondie du projet présenté par le BICFL, il a
continué à douter. Au stade actuel, il se dit que bien malin est celui qui peut prendre parti sur
la faisabilité ou non du projet.
Le rôle de la mairie est limité dans le projet car depuis un an s’est mis en place un syndicat
mixte financé à 10!% par la mairie et à 90!% par le département. Ce syndicat, créé le 17
novembre 2000 par arrêté préfectoral, regroupe 6 personnes et a été créé parce que le projet
dépassait la commune. Le syndicat mixte a eu beaucoup de mal à se mettre en place mais à
l’heure actuelle, il doit avoir trouvé son allure et fonctionne plutôt bien. Un syndicat mixte se
met en place pour un objet précis et est affecté à un périmètre (le périmètre du syndicat mixte
du Familistère GODIN comprend l’ensemble du Familistère et de l’usine).
Actuellement les travaux faits par la mairie concernent principalement la requalification du
centre ville (qui a d’ailleurs été commencée). En fait, par rapport au Familistère, la marie se
trouve un peu dans une phase d’attente. Des études sont encore en cours. Suite à une grosse
consultation pour mener une étude sur la réhabilitation du Familistère, c’est le M.!RAPPIN
BICFL qui a été choisi. C’est le BICFL qui a lancé le nom UTOPIA et a proposé une solution
globale. Cependant, tout ce qu’a fait le BICFL n’a pas été considéré comme «!parole divine!».
En effet, ce projet paraissait assez irréaliste au premier abord sur bien des points et c’est pour
cette raison que des études complémentaires ont été menées. Il est d’ores et déjà clair que
l’infrastructure (au niveau de l’hôtellerie, du stationnement) est insuffisante. Le «!grand
projet!» UTOPIA n’en est pas encore à la phase de la réalisation. Seul le petit projet
(considéré comme plus urgent et mis en place depuis bien plus longtemps que UTOPIA) est
en train de se réaliser et devrait s’achever rapidement. Pour UTOPIA, seuls des débuts de
collections sont en train de se constituer.
Lorsqu’on demande au service urbanisme s’il y a actuellement des projets liés de près ou de
loin au Familistère, on nous propose de nous renseigner auprès du syndicat mixte. Il n’existe
donc actuellement pas de réel projet d’aménagement autour d’UTOPIA mais la ville a
conscience que la ville et UTOPIA ne se feront pas en parallèle et les projets de la ville ne
devront pas graviter autour du Familistère mais s’harmoniser avec lui.
En ce qui concerne la prise en compte de la population, rien ne sert d’aller trop vite. Trop
d’études sont encore en cours. Le département, comme la ville ont tout intérêt à ce que le
projet se fasse mais les travaux ne débuteront que demain. Or le temps du politicien, n’est pas
le temps de l’habitants!: si on commence à parler d'UTOPIA à la population alors que le
projet n’est pas encore fixé, c’est sûr, il sera rejeté massivement. M.!RAPPIN reconnaît que
pour l’instant, on a peu demandé l’avis des habitants mais sans doute qu’il ne faut pas le faire
trop tôt. D’autre part, si un relogement est à prévoir il faudra présenter des solutions. Or, la
mairie n’a pas encore de contacts avec les organismes tels que le CIL. Dans ce domaine donc,
tout est encore à prévoir.
M.!RAPPIN considère qu’il manque trop d’éléments matériels pour pouvoir juger un tel
projet.
En ce qui concerne l’impact sur le département, des accords sont déjà signés car il existe un
syndicat mixte de la Thiérache dont le but est le développement touristique de cette zone. Des
cars touristiques viennent d’ailleurs déjà visiter le Familistère.
La ville de Guise est une ville qui va bien car le taux de chômage est inférieur au taux des
communes environnantes. Au dernier recensement, la population avait augmenté, ce qui
constitue un atout important compte tenu des mauvais résultats de beaucoup de communes de
l’Aisne.
Entretien 6!: M.!CUVELIER, réalisé le 14 décembre 2001.
M.!CUVELIER!: maire de Guise.
Le personnage!:
Il est aussi Vice-président du Conseil Général et d’une commission d'étude sur le tourisme. Il
est très impliqué en ce qui concerne la ville, le département, le tourisme et le patrimoine. Il est
aussi passionné de GODIN. Il n’y a qu’à voir les deux bustes (un en bronze, l’autre en plâtre)
de GODIN dans son bureau, encadrant une statue de Camille DESMOULINS.
L’impression qu’il nous a faite, c’était qu’il s’était vraiment impliqué dans ce projet dès le
début et qu’il y croyait. Tout à fait conscient que cela implique des choses, socialement,
économiquement, sur le point de vue urbanistique, accueil…
Personnage sympathique.
Dans le vif du sujet, mise en situation!:
Conseil de rencontrer M.!Guy DELABRE, président de l’Association, qui a été créée pour
soutenir la mairie dans ce projet. Parfait partenariat entre la ville de Guise et l’Association
depuis environ 15 ans.
L’idée d’origine!: sauver l’ensemble du patrimoine GODIN.
Problèmes!: - le financement
- faire reconnaître l’œuvre et refaire vivre l’histoire.
Chance!: le patrimoine est encore là et le Familistère est encore habité.
2ème étape!: rénover l’ensemble du patrimoine. D’où l’étude de faisabilité confiée au BICFL
- tant sur le plan culturel que touristique
- avec un dossier en main, ça permet une prise de contact avec des partenaires.
Comparaison avec l’Abbaye de Saint-Michel qui a bénéficié de beaucoup de sous et de
soutien alors qu’il n’y avait pas de réel projet derrière. C’est ce qui explique que ça ne marche
pas vraiment. Ce qui a été fait avec l’Abbaye, ceux qui ont donné de l’argent ne le referait
pas. D’où la nécessité d’avoir un projet solide et pour cela de faire appel à un cabinet tel que
le BICFL.
Il y a quelques années ils ont commencé à zéro.
Ils ne sont pas encore dans une phase de publicité sur Guise.
2001!: 17!000 visiteurs à priori.
Le syndicat mixte!:
C’est récent, de cette année. Au départ le maître d’ ouvrage, c’était Guise.
Même s’ils savaient que l’Etat et la région ne souhaiteraient pas s’investir sur le point de vue
fonctionnement sur ce projet, ils leur ont demandé, mais c’est purement du financement. Par
contre dans le syndicat on retrouve le Conseil Général de l’Aisne et la mairie de Guise.
Ceci permet qu’il n’y ait qu’un seul maître d’ouvrage. Les statuts ont été créés en novembre
2000 et la mise en place ne s’est faite qu’en janvier 2001.
La première tranche (l’économat) a été inaugurée le 13 décembre 2001. De plus, ils avaient
des problèmes quant au passage au syndicat. En fait il ont dû faire des changements pour la
remise des subventions, difficultés de mise en place, donc ils ont attendu que la première
tranche soit finie pour passer au syndicat. Pour les travaux futurs de l’économat, le Syndicat
Mixte a délibéré pour prendre les responsabilités.
Il a bien insisté sur le fait qu’avant la création de celui-ci tout reposait sur la mairie et que
celle-ci n’a pas que ça à gérer. Que maintenant ça devrait aller plus vite. Les travaux sur
l’économat reprendraient au printemps et qu’après, ça s’enchaînerait. Les travaux sur tout le
reste se feraient sans discontinuité pendant les six prochaines années.
Architecte!: M.!ALGRAIN. Il est architecte en chef des monuments historiques. C’est aussi
pour cela que ça n’a pas été facile. Il s’agit d’un bâtiment classé, donc les travaux ne peuvent
être faits que sous l’égide d’un architecte des monuments historiques.
Accueil d’un tel projet et implication des habitants!:
On a vu les rivalités qu’il y a eu au cours de l’histoire. Elles s’éteignent doucement si elles ne
le sont pas encore (pas encore tout à fait sûr dans sa voix et dans sa façon de formuler). Il y a
un réel essai d’implication de tout le monde!: familistériens, guisards, nouveaux propriétaires
(avec qui il y a des problèmes). Ils doivent être des partenaires de ce projet. Ils faut associer
les familistériens.
Lors des premières visites, l’arrivée des cars, ça a fait bizarre. On aurait pu penser que c’est
comme si on montrait des bêtes en cage. Mais le message est passé. Il n’y a jamais eu
d’accrochage majeur.
Dérangement des particuliers!? Evolution dans l’état d’esprit. Prise de conscience de
l’importance du Familistère, du caractère exceptionnel. Mais quand on est tellement habitué à
avoir cela sous les yeux, on ne se rend pas compte de sa valeur. Ça pourra gêner du monde,
comme les gens du bord de mer quand ils voient déferler les touristes l’été.
Il y aura toujours des gens contre, c’est évident. Il faut parler avec eux.
C’est une chance pour les commerçants de s’impliquer. C’est surtout toute la partie
commerciale qui va aider à l’acceptation de ce projet. Quand les gens vont voir les retombées
économique, ce n’est pas négligeable.
Suite à une question sur le côté social, comme quoi le Conseil Régional ne voyait que le côté
économique et comment la mairie allait s’y prendre pour ce qui est de la dimension sociale!:
le projet économique est évident. L'“Ame de GODIN” n'est pas perdue. On conserve l’aile
droite pour les logements. Pour ce qui est de l’aile gauche!: «!on va lancer une étude
éventuelle d’implantation d’hôtel!».
Accès aussi sur l’ensemble de la ville de Guise.
Poursuite du projet!:
Pour ce qui est de la partie culturelle, tout est presque terminé. Le BICFL a été nécessaire
pour lancer des pistes. Mais il reste des études à faire.
Point de vue hôtellerie!: l’idée est d’utiliser l’aile gauche. Une étude va être menée pour
savoir si c’est la peine, si ça vaut le coup, quand est-ce qu’il va falloir se préoccuper de faire
ces hôtels (sachant que peut-être ce n’est pas nécessaire avant d'atteindre les 25!000
visiteurs)…!? Si ça ne se fait pas dans l’aile gauche il faut chercher d’autres endroits…
Conscient qu’il faut accueillir des gens et qu’il risque d’y en avoir beaucoup.
Pour ce qui est de la restructuration des logements, ce sera sûrement remis aux mains des
HLM. En effet il y a actuellement des problèmes quant à l’occupation des lieux par les
propriétaires. Les principaux propriétaires louent et ne font pas attention aux personnes
auxquelles ils louent. Actuellement le syndicat mixte (“mix” comme dit M. le maire)
rachètent tous les logements qui se libèrent. Ils auront alors la maîtrise d’attribution des
logements. Ils vont sûrement faire appel à des organismes d’HLM. Il y en a déjà qui sont
intéressés. Etude logement en janvier.
Etude Urbanisme!: gros morceau.
Etude de restructuration urbaine menée par le service de l’équipement pour voirie et parking.
Reste assez vague. C’est pour après mais c’est pris en compte. C’est en gros, la prochaine
étape après les logements.
Point de vue emplois!:
Essai de structuration. Avant il y avait un chargé de mission, M.!BLESON. Il est parti dans les
Vosges. Actuellement on cherche à recruter quelqu’un (5 à 6 candidatures). On recherche un
attaché pour s’occuper des gros dossiers administratifs et surtout un responsable comptabilité.
Difficile. Actuellement c’est quelqu’un de la ville qui s’occupe de la partie comptabilité au
dépend d’affaires de la ville.
Pour le recrutement de M.!PANY il y a eu beaucoup de demandes.
Dans un cadre plus grand!:
Pour ce qui est du SRDTL!:
Dans l’Aisne, c’est un des atouts majeurs. Place importante du schéma touristique. Il ramenait
toujours au département plutôt qu’à la région. Il y a actuellement un changement de politique
touristique du schéma général. Avant c’était par “saupoudrage”!: faire un peu plaisir à tout le
monde, pas de politique globale. Aujourd’hui, 2 ou 3 sites principaux. Des églises, des
châteaux, il y en a partout. Il y a un véritable choix politique. Il faut plus d’originalité. C’est
aussi pourquoi le Familistère est un élément essentiel. Il faut faire un circuit touristique avec
les églises fortifiées, l’Abbaye de Saint-Michel qui même sans projet initial est quelque chose
d’important pour ce développement touristique. Il faut s’envoyer les touristes. On ne reste
plus chacun dans son coin. Mentalité à faire changer. Il y a quelque chose à faire allant de
GODIN à Saint-Michel en passant par les châteaux, la Thiérache…
Mais problème du point de vue touristique, pour avoir une unité il faut avoir une politique
pour. Actuellement les SI (syndicat d’initiative) et OTSI (Office du Tourisme et syndicat
d’initiative), ce sont des bénévoles ou des emplois jeunes… «!Si il n'y a pas
professionnalisation du tourisme, on va droit dans le mur!». L'OTSI est porté à bout de bras
par la mairie.
Promotion, pub!:
Le travail de la pub se fera en 2002. Pour l’instant on ne fait pas trop de pub car on n’est pas
en mesure d’accueillir plus de monde que ce qui se fait.
Exemple!: si un car de personne du 3ème âge arrive et qu’il veut voir la maquette (il est assez
fier de sa maquette), il faut monter au premier étage. Ce n'est pas possible pour tous. Il va y
avoir des travaux en 2002, là où se trouvait la mercerie pour permettre un accueil de plein
pied (économats aussi).
Rappel!: incendie en 1997 qui ravage bibliothèque, petit musée et école maternelle. Pour aller
au musée il ne fallait monter que 3, 4 marches.
C’est vrai, aujourd’hui l’accueil est mauvais, mais il y a quand même 17!000 visiteurs.
Pour ce qui est de l’accessibilité, quand on veut voir quelque chose, on se déplace, même s’il
n’y a pas de train. On est tout de même à 30 minutes de l’autoroute, 1h15 de Lille, 1h de
Reims. Et puis en 2003 il y aura 2 ou 3 créneaux de dépassement supplémentaires entre Guise
et Saint-Quentin. Et puis il y a tous les pays d’Europe du nord qui ne sont pas si loin que ça.
Pour la promotion à proprement parler, ils feront appel à un cabinet spécialisé. Dépliants dans
toute l’Europe, salons touristiques, presse nationale et internationale. Déjà France!3 vient
régulièrement, ARTE est venu, TF1 le 1er mai dernier pour la fête du travail et surtout parce
qu’ils avaient mis un chapiteau avec des débats. Il faudra de l’argent mais on y réfléchit. Et
puis il y a aussi l’usine qui permet de faire de la pub. Le nouveau PDG a relancé la machine.
Avec les catalogues GODIN dans le monde entier, une affiche pour les cheminées GODIN sur
le périphérique…
Guise a totalement été ignoré pendant de nombreuses années. Il est à contre-courant du point
de vue économique. On a GODIN, les usines Sancerre avec leur mobilier de bureau
métallique (il fait sa promo), les interrupteurs LEGRAND, la fabrique de porte-manteaux en
plastique, 6 milliards par mois… Baisse du taux de chômage. Véritable dynamique.
Attirer des sponsors (EDF pour l’éclairage, déjà intéressé, banque…).
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