Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier pédagogique – saison 2009 - 2010
MON PINOCCHIO
Création de la Compagnie Jean-Pierre Lescot – Les Phosphènes (F)
Du 16 AVRIL AU 2 MAI 2010
Adaptation de l’œuvre de : Carlo Collodi
Scénario : Didier de Calan
et Jean-Pierre Lescot
Texte : Didier de Calan
Mise en scène, scénographie,
graphisme en lumières, sculpture :
Jean-Pierre Lescot
Musique : Antoine Denize
Assistance à la
mise en scène : Colette Micoud-Terreau,
Jean Massard
Interprétation : Stéphane Couturier,
Jean Massard, Stéphane Villière
~ 70 minutes
Dès 6 ans
Le spectacle
1. L’histoire
Les aventures de Pinocchio ont
une présence et une densité
extraordinaires. Elles dépassent
largement la rencontre cocasse
d’un morceau de bois devenu
marionnette affublée d’un long
nez et de grandes oreilles. Dans
cette adaptation rendue plus
proche de nous, Pinocchio
nous parle cœur à cœur des
doutes, des épreuves et des
grandes espérances de
l’enfance. Cet enfant - pantin, c’est l’enfant sauvage, qui sait encore replier la réalité qui l’attend
comme un mouchoir, l’enfant perdu et recueilli, l’enfant différent, fragile et tendre. Ses aventures ont
la saveur du conte et de l’initiation. L’enfant prend le risque de partir à la découverte du monde, y
affronter les dangers de la tromperie. Mais aussi d’y croiser des animaux moralistes et des êtres de
lumières. C’est pour cela qu’ils sont nombreux, les enfants à l’admirer, l’envier et l’aimer. Pinocchio,
c’est au-delà des obstacles et des misères, un hymne à la vie.
Au début, un rêve : fabriquer une marionnette qui saurait danser, faire de l’escrime et exécuter des
sauts périlleux. Et puis la surprise : le pantin, à peine ébauché, commence à avoir sa propre vie.
Pire, dès les premiers pas, un peu boiteux, il prend la porte et disparaît. Geppetto, son créateur, se
met à sa poursuite et s’aperçoit que Pinocchio, malgré ses traits humains, n’est pas un enfant facile
à éduquer ; il finit trop souvent par succomber à la tentation et par s’écarter du droit chemin.
La quête du père, la présence de la mort et la peur de grandir, autant d’éléments qui donnent au
texte sa dimension de récit initiatique. Celui-ci impose au héros l’abandon du foyer familial pour
courir le monde, se brûler les ailes dans le cas présent, ce sont ses pieds que Pinocchio se brûle
avant de revenir assagi chez son père prêt à entamer sa vie d’adulte.
Au milieu des techniques de l’enchantement, l’histoire de Mon Pinocchio se déroule
dans l’univers émotionnel d’un théâtre d’ombres et de papier. La réussite esthétique
est telle que l’on songe à Fernand Léger, aux dessins animés tchèques ou au
chatoiement des livres colorés de l’enfance. Des images subtilement mises en
mouvement. Entre ombres projetées et colorées semblant surgir des pages mêmes
du livre de la vie, l’enfant téméraire avance malgré tous les risques qui le menace : le
froid, la faim, la solitude, le mensonge. Sur les ailes de la voix de
Jean-Pierre Lescot, il chemine jusqu’au cœur secret de toutes choses, attiré par ses
rêves dans lesquels il est parfois dépassé. Au gré de son incroyable périple, Il nous
rappelle que nous sommes tous cousus des fils de l’enfance. Un spectacle en forme
de lieu poétique où fleurissent des formes et des images singulières de l’existence et
du sens à imprimer à toute vie.
Mon Pinocchio
2. « Mon Pinocchio »
l y a bien longtemps déjà que je souhaitais reprendre la belle histoire de Pinocchio,
le pantin au grand cœur !...
D'abord parce que pour un marionnettiste, monter Pinocchio c'est à la fois un « passage obligé », et
une « pierre de touche artistique » — un peu comme jouer Hamlet ou Dom Juan quand on est un
homme de théâtre.
Pinocchio nous parle cœur à cœur des
souffrances et des grandes espérances
de l'enfance. Cet enfant - pantin c'est
l'enfant sauvage, l'enfant perdu et
recueilli, l'enfant différent, le «mauvais
garçon» fragile et tendre. Ses aventures
sont réellement initiatiques. Pinocchio
prend le risque de partir à la découverte
du monde. Et c'est, pour cela que tous les enfants l'admirent, l'envient et l'aiment.
Par des «chemins de traverse», Pinocchio invente sa vie. «Tout enfant a droit à une histoire
glorieuse», soulignait le psychiatre et psychanalyste René Diatkine. Pourtant au départ, l'entrée
dans la vie est difficile pour Pinocchio. On oublie trop que le pantin connaît d'abord le froid, la faim,
la solitude. Il découvre ensuite la tromperie, l'égoïsme, la violence gratuite…
Il est plein de douleurs, d'infirmités, les pieds boulés, des oreilles d'âne, un nez désobéissant...
Mais Pinocchio est courageux et sa tête de bois est résistante et lui permet d’avoir «de la suite dans
les idées». En fait, il n’est dépassé que par la taille de ses rêves et de son besoin de tendresse!
Autant que les peines de l’enfance, le livre de Collodi raconte le mal à être adulte et parent.
Geppetto et la fée mesurent «comme il est difficile d’apprivoiser un enfant blessé», de recueillir un
enfant perdu.
J’espère avoir réussi avec mon coscénariste Didier de Calan à conserver l’humour et le pessimisme
joyeux de l’histoire de Collodi.
avoir rire «aux larmes», et «rire en larmes»…
… avec Maître Cerise qui apprend «l’arithmétique aux fourmis».
… avec Geppetto qui lorsqu’il a faim, «dessine sur le mur une marmite qui bout
joyeusement»
I
S
Pinocchio nous parle cœur à coeur
des souffrances et des grandes espérances
de l’enfance.
… avec la famille des Pinocchi : le père Pinocchio, la mère Pinocchia, les enfants
Pinocchi.
Tous menaient la bonne vie le plus riche d’entre eux était mendiant !
Pinocchio c’est, au-delà des obstacles et des misères, un hymne éternel à la vie. Et c’est ainsi qu’à
la fin de l’histoire, l’enfant pantin saura retrouver son vieux père, et à son tour le relever,
«Appuyez vous sur moi, cher petit papa, et allons y. Nous marcherons tout doucement comme des
fourmis et quand nous serons fatigués, nous nous arrêterons au bord du chemin...»
Jean-Pierre Lescot
3. Un Morceau de bois qui pleurait et riait comme un enfant
Ecoutez cette belle histoire.
Il était une fois… un roi.
- Non pas un roi, il y a trop d’histoires de princes, de princesses et de rois
- Alors il était une fois un villageois, qui, allant au marché avait acheté une oie.
- Non pas un villageois, une oie, cette histoire, on la connaît déjà.
Alors il était une fois, quoi ? Il était une fois un morceau de bois. Il avait l’air d’un bois bien
ordinaire, comme le bois que l’on met dans le feu pour se chauffer l’hiver. Mais c’était un
morceau de bois extraordinaire. Et voilà ce qui arriva à ce morceau de bois….
Sorti du théâtre de marionnettes ; Pinocchio imaginait déjà la joie de Geppetto quand il le
verrait arriver avec un nouveau manteau, un beau chapeau, une paire de souliers et un
gilet brodé. Avec les cinq pièces d’or, il achèterait plein de choses encore : un alphabet
pour apprendre à lire, un cahier pour écrire, un boulier pour compter. Pinocchio pourrait
même demander à des ouvriers de tout réparer dans la maison de Geppetto. Et ce serait si
beau
Mon Pinocchio, Didier de Calan d’après Carlo Collodi.
4. L’Enfance et la bonté
u cœur d’un théâtre
d’ombres, de papier et de
figurines articulées en bois,
l’histoire universelle d’un
morceau de bois devenu
enfant roi est connue de tous.
Sous la palette du montreur
d’ombres français Jean-Pierre
Lescot, le récit de Collodi
acquiert de nouvelles teintes.
Voici un moment d’enchantement délié dans les plis d’un carrousel d’images
magiques se croisant subtilement. C’est ici l’amour qui sauve Pinocchio à une
époque où la destinée des enfants était souvent dramatique. Soyeuse et profonde, la
voix de Lescot nous emporte sur les ailes frémissantes de ce conte initiatique ouvrant
sur la réconciliation et l’affection. Au début, Geppetto est un menuisier peu prospère
qui se morfond dans une misère dépassant l'imagination. Rencontre avec un porteur
d’émotions.
En quoi le personnage de Pinocchio est-il représentatif de l’enfance ?
Jean-Pierre Lescot : À l’orée du conte, on insiste beaucoup sur le Pinocchio chenapan, méchant,
ce qu’il n’est pas tant, à mon sens. Au contraire, cette figure est parfaitement naïve. Le personnage
est beaucoup plus en situation de subir les cruautés du monde d’autant plus affirmées à son
époque.
Aujourd’hui la psychologie s’est emparée de l’enfance pour en parler. Au siècle de Collodi, nul
psychologue ou pédiatre afin d’aider l’enfance dans son parcours. Parlait-on alors même
d’enfance ? Ainsi des textes portent-ils le témoignage d’enfants qui dès 11-12 ans étaient déjà au
travail dans des relations d’exploitation et subissant l’ensemble des violences. Si l’auteur ne nous
épargne pas ces violences, il n’en est pas pour autant complaisant. Loin de choisir le genre
tragique, l’écrivain recourt au merveilleux fantastique. C’est aussi une forme d’espérance en
l’humanité en dévoilant ce foisonnement de la richesse dans l’imaginaire avec un fond de bonté.
J’aime ces situations où au départ tout semble désespéré dans un monde qui se complet parfois
dans cette désespérance. Il y a eu à cette époque des auteurs ayant réussi à mettre le doigt sur
cette violence. Qu’il s’agisse d’Hector Malot avec Sans famille, Dickens dans ses romans ou Victor
Hugo. Si ces auteurs ont vu l’enfance malheureuse, ils ont réussi à parler de cet état d’enfance. Soit
l’enfant découvreur du monde…
Dans cette affaire, Pinocchio est actant. Il a surtout envie de vivre sans à voir d’a priori sur l’école.
On lui donne un alphabet et il est prêt à aller à l’école, mais surgit l’attirance d’une musique de
cirque ou d’un théâtre de marionnettes. A l’instar de tout enfant, il est tiraillé entre le temps de la
récréation et celui dévolu à la lecture.
A
C’est ici l’amour
qui sauve Pinocchio.
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