
projets d’implantation commerciale. Enfin,
elle encourage l’élaboration d’un document
d’aménagement commercial (le DAC) appelé
à devenir le volet commerce du SCoT. De
l’autre, elle libéralise l’initiative privée et
relève à 1 000 m2 le seuil des autorisations
préalables.
Quel que soit l’angle sous lequel le constat
est dressé, le bilan de son application est
aujourd’hui bien amer.
Le fossé entreprises / territoires
n’est pas comblé
Du côté des territoires, la LME apporte une
grande part d’insécurité juridique nouvelle et
laisse les collectivités dans l’expectative quant
aux réels moyens dont elles disposent. La
portée juridique, le contenu et la procédure
d’élaboration du DAC restent imprécis (dans
quelles mesures ses prescriptions s’opposent-
elles aux avis des nouvelles CDAC ? Quelles
sont la place et l’opportunité de l’enquête
publique spécifique ?).
Les commissions ont été confortées dans
leur logique de « machine à dire oui » dans la
mesure où, comme le souligne le rapporteur
Élisabeth Lamure, « il n’existe pas de critères ni
de normes partagées d’exigences en matière de
développement durable et d’aménagement du
territoire, et les membres de la CDAC ne savent
pas ce qui peut les autoriser à rejeter un projet ».
Du côté des entreprises, la LME a encouragé
le développement des surfaces, avec un risque
de surproduction en inadéquation, à court et
moyen termes, avec les capacités locales de
consommation. Les récents bilans fournis par
la fédération d’enseignes Procos confirment
les craintes soulignées par Thierry Repentin.
Un million de mètres carrés de surfaces com-
merciales auraient été produits en 2009* et « la
LME a encouragé la multiplication de projets
à 999 m2 sur les territoires, avec des risques à
terme de friches commerciales », observe Michel
Pazoumian, directeur général de Procos.
Équipement ou aménagement
commercial ?
Dès 2007, dans le cadre des réflexions lan-
cées par Renaud Dutreil, alors ministre du
Commerce, avait émergé l’idée de (re)placer
l’aménagement commercial dans l’urba nisme
général, c’est-à-dire de mettre fin au système
d’autorisations préalables et au principe de
l’urbanisme dérogatoire créé par la loi Royer
en 1973. Avec la réforme de la taxe profes-
sionnelle et l’affectation du produit de la
Tascom au bloc local, l’intéressement de la
collectivité au développement commercial de
son territoire pourrait se trouver renforcé (tout
comme, d’ailleurs, les concurrences entre
collectivités).
Les observations sur l’année 2009 ont de quoi
inquiéter. La LME a fait maladroitement un
premier pas vers cet objectif louable de rappro-
chement des codes du commerce et de l’urba-
nisme. On reste très nettement aujourd’hui au
milieu du gué.
Philippe Schmit
(*) La statistique n’est fiable que pour les projets soumis à
avis de la CDAC.
En 2009, 668 communes ont rejoint une communauté,
selon le bilan statistique de la Direction générale des collec-
tivités locales, ministère de l’Intérieur (DGCL) au 1er janvier
2010. Voilà qui porte le nombre de communes regroupées à
34 772, soit près de 95 % d’entre elles (89,1 % de la popula-
tion française). « L’objectif d’achèvement est à portée de main »,
a souligné Daniel Delaveau, président de l’AdCF.
Avec 2 611 communautés, la population vivant à l’heure
de l’intercommunalité à fiscalité propre progresse de 2,7 %
par rapport à 2009. Moins de 2 000 communes (1909,
précisément) vivent encore en marge de ce processus. Les
meilleurs élèves se situent dans les départements de l’Allier,
de la Loire-Atlantique, du Maine-et-Loire, du Pas-de-Calais,
de la Seine-Maritime, de la Martinique et de la Réunion, qui
affichent une couverture intégrale de leur territoire.
Des fusions donnent lieu à une géographie plus cohérente
de l’intercommunalité urbaine : les exemples de la région
de Mulhouse et des communautés d’agglomération de
Rouen-Elbeuf en sont les plus emblématiques (lire égale-
ment page 16).
Sept nouvelles communautés d’agglomération ont vu le
jour en 2009, tandis que cinq autres disparaissent du fait
de fusions, portant désormais le nombre de communautés
d’agglomération à 181 (contre 174 au 31 décembre 2009),
soit 34 % de la population nationale.
À noter enfin que, avec la transformation du Sivom de
Valence Major en communauté d’agglomération, quasi-
ment tous les chefs-lieux de département sont désormais
membres d’une communauté, à l’exception de Paris et
de Nanterre.
Dans un contexte où l’indexation globale de la DGF était
limitée à + 0,6 %, le Comité des finances locales, réuni le
2 février, a préservé au mieux la progression des dotations
d’intercommunalité en adoptant les indexations maximales
permises par la loi.
La progression moyenne de la dotation d’intercommu nalité
des communautés d’agglomération sera ainsi fixée, en
2010, à + 1,2 % (soit au niveau de l’inflation prévisionnelle,
plafond légal fixé par la loi). La dotation des communautés
de communes évoluera de 160 % par rapport à celle
des communautés d’agglomération, soit + 1,92 %. Les
communautés urbaines et les syndicats d’agglomération
nouvelle (San) verront, en revanche, leur DGF gelée en
2010, ce qui correspond à l’hypothèse la plus favorable (les
autres hypothèses soumises au CFL étant fondées sur des
évolutions négatives).
Compte tenu de la création d’intercommunalités nouvelles
en 2010 et des extensions de périmètres recensées cette
année (cf. article dessus), la DGF globale revenant aux
communautés progressera en 2010 de 1,91 % (4,65 % pour
la seule dotation d’intercommunalité).
NP
« Faire bénéficier tous les Français du
très haut débit fixe et mobile, y compris
dans les zones rurales. » Tel est l’objectif
rappelé par Michel Mercier lors de la
réunion du comité de pilotage qu’il
présidait, le 19 janvier, sur le plan
« zones blanches téléphonie mobile ».
Il s’agirait de répondre à « une préoccu-
pation générale remontant des Assises des
territoires ruraux », dans un contexte
où « les standards de vie urbains sont
désormais partagés par l’ensemble de la
population ».
Le ministre de l’Espace rural et
de l’Aménagement du territoire a
demandé à l’Autorité de régulation
des communications électroniques et
des postes (Arcep) et aux opérateurs
(SFR, Bouygues Télécom, Orange)
de lui faire très rapidement des pro-
positions pour améliorer leur présence
sur l’ensemble du territoire. Il entend
ainsi résorber les zones grises (zones
couvertes par seulement un
ou deux opérateurs) afin de
pouvoir disposer d’un ser-
vice mobile « de qualité » sur
tout le territoire, « pouvant
évoluer vers l’Internet mobile
(3G et 4G) ».
Rappelons que le plan
« zones blanches télépho-
nie mobile » vise à apporter
le service des trois opé-
rateurs mobile actuels dans près de
3 300 com munes rurales. Il représente
un investissement de 600 millions
d’euros financés par les opérateurs,
l’État, les collectivités locales et
l’Europe*. Son taux de réalisation, à
la fin de l’année 2009, était de 90 %.
Les 100 % sont prévus pour fin 2011.
La veille du comité de pilotage sur les
zones blanches en téléphonie mobile,
François Fillon avait annoncé l’élabo-
ration, d’ici à l’été 2010, d’un « plan de
déploiement de l’Internet à très haut
débit ». Ce plan concernerait les petites
villes, peu ou pas rentables pour les
opérateurs privés. Il serait financé,
en partie, par le grand emprunt qui
prévoit 4,5 milliards d’euros pour le
développement numérique.
VL
(*) Le montant des investissements des opérateurs
n’est pas public. « Selon les dernières estimations,
les opérateurs auraient contribué environ à parité
avec les acteurs publics », d’après le ministère de
l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire.
De retour du CFL
Zones blanches, zones grises
L’interco gagne 668 communes
Charles Guené missionné sur les impacts de la TP
Quatre parlementaires de la majorité ont été missionnés par le Premier ministre pour examiner les impacts
de la réforme de la taxe professionnelle et « assurer la continuité du dialogue entre le gouvernement et le
Parlement » sur cette question. Un membre du conseil d’orientation de l’AdCF en fait partie : Charles Guené,
sénateur de Haute-Marne, président de la communauté de communes de Prauthoy en Montsaugeonnais.
Les trois autres sont : François-Noël Buffet, sénateur du Rhône, Olivier Carré, député du Loiret,
et Marc Laffineur, député du Maine-et-Loire.
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Intercommunalités • AdCF • N° 142 - Février 2010 3