Rapport monoxyde de carbone 1996 SOMMAIRE Remerciement INTRODUCTION RESULTATS DE L’ENQUETE MEDICALE I- REPARTITION DES PATIENTS VICTIMES D’UNE INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE II- CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION DES PATIENTS INTOXIQUES PAR LE MONOXYDE DE CARBONE DANS LA REGION NORD PAS DE CALAIS - PICARDIE III- REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES INTOXIQUES IV- ETUDE CLINIQUE DES PATIENTS INTOXIQUES V- MODALITES DE PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENT DES INTOXIQUES VI- EVOLUTION VII- DUREE D’HOSPITALISATION VIII- CIRCONSTANCES DE L’INTOXICATION RESULTATS DE L’ENQUETE TECHNIQUE I- ETUDE DU LOGEMENT II- LE COMBUSTIBLE III- L’APPAREIL COMMENTAIRES REMERCIEMENTS A tous les acteurs du réseau de surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone dans la région, A tous ceux qui ont participé à la réalisation de cette étude et la rédaction de ce rapport, les Médecins et l’équipe du Service d’Urgences Respiratoires, Réanimatio n Médicale et du Centre d’Oxygénothérapie Hyperbare de l’Hôpital Calmette du Centre Hospitalier Régional de Lille, les Médecins du Service de réanimation Pédiatrique du Centre Hospitalier Régional de Lille, les Médecins du SAMU-SMUR du Centre Hospitalier Régional de Lille, les Médecins sapeurs-pompiers, les Médecins et la Secrétaire du Centre Anti -Poisons de la région Nord-Picardie, les Médecins des Services d’Urgence et de Réanimation et des Services de Pédiatrie du Centre Hospitalier Régional d’Amiens et des Hôpitaux Généraux et Cliniques d’Armentières, d’Arras, d’Avesnes sur Helpe, de Bailleul, de Berck, de Béthune, de Boulogne sur Mer, de Bruay, de Bully les Mines, de Calais, de Cambrai, de Campagne les Hesdin, de Chauny, de Compiègne, de Denain, de Douai, de Doullens, de Dunkerque, de Fourmies, d’Hazebrouck, d’Hénin Beaumont, de Lens, de Le Quesnoy, de Lille, de Maubeuge, de Montdidier, de Montreuil sur mer, de Noyon, de Péronne, de Roubaix, de St Amand les Eaux, de Saint André, de St Omer, de St Pol sur Ternoise, de St Quentin, de Seclin, de Soissons, de Somain, de Tourcoing. les Ingénieurs sanitaires et Inspecteurs sanitaires des DRASS et DDASS et les bureaux municipaux d’Hygiène, l’équipe des Informaticiens du Centre Régional d’Informatique et Télécommunications du Centre Hospitalier de Lille, l’INSEE INTRODUCTION Les intoxications par monoxyde de carbone restent encore actuellement un problème grave non seulement par leur mortalité, mais aussi par leurs séquelles à moyen ou à long terme, tant au pla n national que régional. 1) Sur un plan national, cette intoxication est un sujet de préoccupation des Pouvoirs Publics depuis de nombreuses années (Ministère de la Santé et Ministère de l'Economie et des Finances et de leurs services déconcentrés) et de n ombreuses actions ont déjà été menées. Une priorité a été accordée à la surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone dans le cadre de l'expérimentation de réseaux interrégionaux de Toxicovigilance au plan national dès 1992 Ceci a abouti à la mise en place du réseau interrégional "GRAND NORD" incluant les régions Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute Normandie, Basse Normandie et Champagne-Ardenne, associant les partenaires Centres Anti-Poisons de Lille, Reims et Rouen. Organisation du Réseau "Grand-Nord" Cette mise en place officielle a abouti à une organisation concrète de fonctionnement d'un réseau articulé sur les trois Centres Anti-Poisons, jouant chacun un rôle d'antenne de coordination de la Toxicovigilance dans leur région, chaque Antenne Régionale constituant un réseau hospitalier au sein de sa région : le Centre Anti -Poisons de REIMS est l’antenne régionale de la région CHAMPAGNE - ARDENNE, celui de ROUEN est l’antenne régionale des régions HAUTE NORMANDIE et BASSE NORMANDIE et celui de LILLE qui est l’antenne régionale des régions NORD - PAS-DE-CALAIS et PICARDIE. La coordination de ce réseau interrégional est assurée par le Centre Anti -Poisons du CHRU de Lille qui regroupe les cas provenant des antennes régionales constituant le réseau et de tous leurs partenaires, et assure l’analyse des données de l’interrégion. Chaque antenne régionale du réseau interrégional de Toxicovigilance a pour mission d’organiser la surveillance des risques toxiques dans la zone géographique qu'elle couvre. Pour être efficace, ce système de surveillance doit être basé sur un recueil des cas représentatif de la situation réelle au plan local. Ceci nécessite la mise en place d’une activité de recueil continu systématique appuyée sur un réseau de partenaires jouant le rôle de "sentinelles" au plan local. Ceux-ci diffèrent d’un risque toxique à l’autre. Définition de la stratégie des actions interrégionales basée sur la coopération : - mettre en commun les cas et pour cela homogénéiser les modalités de recueil, - sélectionner les sujets d'étude prioritaires, - identifier et sensibiliser d'une manière homogène les partenaires "sentinelles", - élaborer une procédure de validation et d'alerte au sein du réseau, - constituer une base documentaire pouvant être mise en com mun à l'échelle de l'interrégion, - développer à court terme les communications au sein du réseau, - favoriser les échanges d’information entre tous les partenaires du réseau dans le domaine de la prise en charge des intoxications et de la Toxicovigilance. Les actions menées par le réseau "Grand Nord" Elles se sont concentrées sur deux thèmes prioritaires : - surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone - surveillance des intoxications graves 2) Au plan régional, et en particulier dans la région Nord - Pas de Calais depuis de nombreuses années, cette intoxication revêt un caractère particulièrement préoccupant et des spécificités régionales, comme le montre l'analyse des données régionales recueillies par le Centre Anti-Poisons de Lille : 80 cas recensés en 1979, 350 cas en 1983, 1034 cas en 1993, 776 cas en 1994 et 968 cas en 1995. De plus, cette situation endémique est encore aggravée par la survenue d'épidémies, l'une de 136 cas qui s'est produite entre le 18 et le 21 septembre 1988, une autre d'une ampleur jamais connue jusqu'à présent, faisant 365 victimes du 3 au 5 novembre 1993, saturant les services d'Urgences des hôpitaux de la région. Ces deux épidémies ont fait l'objet d'une alerte des Pouvoirs Publics et d'enquêtes de Toxicovigilance, mettant en évidence en outre, le défaut de ramonage, le défaut d'entretien, le calfeutrage, la mauvaise conception des installations (cf. rapport 1988 et rapport 1993). Dès 1986, alertés par le nombre croissant des intoxications et le taux important de victimes, le Centre Anti-Poisons de Lille et le Centre d'Oxygénothérapie Hyperbare du Centre Hospitalier Régional et Universitaire de Lille, ont initialisé une démarche, en collaboration avec les D.D.A.S.S., les Bureaux Municipaux d'Hygiène, tous les acteurs concernés, qui a été étendue à l'ensemble du réseau interrégional de Toxicovigilance, ayant comme préoccupation : - à court terme, d'améliorer la connaissance de l'intoxication et sa prise en charge précoce pour éviter la survenue de séquelles, en sensibilisant le corps médical sur les modalités du traitement ; - à moyen terme, d'éviter la récidive par la visite la plus précoce possible d'un inspecteur des D.D.A.S.S. ou Bureaux Municipaux d'Hygiène au domicile du patient après avoir sollicité son accord ; - à long terme, de dégager les éléments pouvant servir de base à des actions de prévention par la collecte systématique des données à la fois médicales et techniques. Nous présentons dans ce rapport les résultats de l'étude de Toxicovigilance réalisée à partir des données de l'enquête médicale et technique recueillies au cours de l'année 1995 dans le réseau de surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone, mise en place en collaboration avec les services hospitaliers et les services d'Hygiène du Milieu, des D.D.A.S.S. dans les régions Nord - Pas de Calais et Picardie. Ce rapport fait suite aux rapports de l'année 1993 et de l'année 1994. RESULTATS DE L'ENQUETE MEDICALE Entre le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 1996, 1093 patients ont été hospit alisés pour une intoxication au monoxyde de carbone dans les hôpitaux de la région. I - REPARTITION MENSUELLE DES PATIENTS VICTIMES D'UNE INTOXICATION AU MONOXYDE DE CARBONE Les patients se répartissent de la façon suivante : JUILLET JANVIER 3 137 AOUT FEVRIER 37 209 S EP TEMBRE MARS 72 78 OCTOBRE AVRIL 157 15 NOVEMBRE MAI 135 64 DECEMBRE J UIN 176 10 TOTAL c o n n u 1093 On peut remarquer, comme le montre la figure 1 suivante, que la plupart des intoxications surviennent dès la fin de l'été jusqu'au début du printemps, avec 979 patients entre septembre et avril. Contrairement aux autres années, le mois le plus touché n'est plus le mois de novembre, mais le mois de février. FIGURE 1 II - CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION DES PATIENTS INTOXIQUES PAR LE MONOXYDE DE CARBONE DANS LA REGION NORD - PAS DE CALAIS - PICARDIE II.1 - Sexe des intoxiqués Sexe masculin 442, soit 42,75 % Sexe féminin 592, soit 57,25 %, dont 44 femmes enceintes Total connu 1034 II.2 - AGE DES INTOXIQUES II.2.A - Age moyen L'âge moyen était de 30,48 ans, la médiane étant située à 28 ans (un patient sur deux avait moins de 28 ans). 2 patients avaient entre 1 et 2 mois. 74 patients avaient entre 2 mois et 3 ans. II.2.B - Répartition Adultes - Enfants Adultes 742, soit 70,87 % Enfants 305, soit 29,13 %, dont 22 enfants de moins de 12 mois Total connu 1047 II.2.C - Répartition par tranche d'âge de 10 ans Les patients tous sexes confondus se répartissent de la façon suivante (tableau ci -dessous et figure 2) AGE NOMBRE DE PATIENTS % 0-9 189 18,32 10-19 204 19,77 20-29 192 18,60 30-39 163 15,79 40-49 118 11,44 50-59 45 4,36 60-69 54 5,23 70-79 44 4,26 80-89 20 1,94 > ou = à 90 3 0,29 Total connu 1032 100 (en années) FIGURE 2 II.2.D - Répartition des intoxiqués en fonction de l'âge et du sexe Les patients se répartissent de la façon suivante : AGE HOMMES FEMMES (en années) Nombre % Nombre % 0-9 88 20,18 98 16,69 10-19 76 17,43 127 21,63 20-29 86 19,73 105 17,89 30-39 62 14,23 100 17,04 40-49 57 13,07 60 10,23 50-59 24 5,50 21 3,58 60-69 21 4,82 31 5,28 70-79 15 3,44 29 4,94 80-89 7 1,60 13 2,21 > ou = à 90 0 0 3 0,51 Total connu 436 100 587 100 Il est à noter que parmi les 587 femmes, 44 femmes étaient enceintes. FIGURE 3 II.2.E - Comparaison de l'âge des patients intoxiqués avec celui de la population de la Région Les résultats sont présentés dans le tableau suivant : AGE INTOXIQUES POPULATION REGIONALE (en années) Nombre % Nombre % 0-9 189 18,32 568457 14,5 10-19 204 19,77 640132 16,2 20-29 192 18,60 616822 15,5 30-39 163 15,79 501224 14,9 40-49 118 11,44 464636 11,7 50-59 45 4,36 365123 9,7 60-69 54 5,23 373879 9,4 70-79 44 4,26 193528 4,9 80-89 20 1,94 112552 2,8 > ou = à 90 3 0,29 14776 0,4 1032 100 Cette année, le nombre d'enfants a augmenté par rapport à 1995. Les jeunes sont toujours aussi touchés. III - REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES INTOXIQUES PAR DEPARTEMENT DEPARTEMENT NOMBRE INTOXIQUES NOMBRE D'HABITANTS PAR DEPARTEMENT * 20 541 300 768 2 546 200 13 760 200 256 1 442 300 36 557 000 1093 5 847 000 Aisne Nord Oise Pas de Calais Somme Total connu • • : d'après INSEE 1er janvier 1994 NOMBRE D'INTOXIQUES POUR 100000 HABITANTS REPARTITION SELON LE SITE DE PREMIERE HOSPITALISATION Après l'accident, les patients sont hospitalisés dans le service des Urgences de l'hôpital le plus proche. Ces hôpitaux sont les suivants : HOPITAUX C.H. d'Abbeville C.H.R. d'Amiens C.H. d'Armentières C.H. d'Arras C.H. d'Avesnes sur Helpe C.H. de Bailleul C.H. de Berck C.H. de Béthune C.H. de Boulogne sur Mer Clinique Médico-Chir. de Bruay Clinique de Bully les Mines C.H. de Calais C.H. de Cambrai C.H. de Campagne les Hesdin C.H. de Chateau-Thierry C.H. de Chaumont C.H. de Chauny C.H. de Compiègne C.H. de Creil C.H. de Denain C.H. de Douai C.H. de Doullens C.H. de Dunkerque Clinique de Fouquières les Lens C.H. de Fourmies NOMBRE 6 18 31 17 0 0 3 56 4 0 0 45 7 0 4 0 8 0 1 11 55 3 61 3 5 DEPARTEMENT Somme Somme Nord Pas de Calais Nord Nord Pas de Calais Pas de Calais Pas de Calais Pas de Calais Pas de Calais Pas de Calais Nord Pas de Calais Aisne Oise Aisne Oise Oise Nord Nord Somme Nord Pas de Calais Nord Polyclinique de Grande Synthe C.H. d'Hazebrouck Clinique Darcy d'Hénin Beaumont C.H. d'Hirson C.H. de Laon 1 7 6 0 0 C.H. de Le Cateau Cambrésis C.H. de Lens 8 58 C.H. de Le Quesnoy C.H.R. de Lille C.H. Saint Antoine de Lille C.H. de Maubeuge C.H. de Montdidier C.H. de Montreuil sur Mer C.H. de Noyon C.H. de Péronne C.H. de Rang du Fliers C.H. de Roubaix C.H. de Saint Amand les Eaux C.H. de Saint André HOPITAUX C.H. de Saint Omer et Helfaut Clinique de Saint Pol sur Ternoise C.H. de Saint Quentin C.H. de Seclin C.H. de Soissons C.H. de Somain C.H. de Tourcoing 0 27 1 58 3 0 3 0 6 138 0 0 NOMBRE 13 1 6 5 9 1 9 Nord Nord Pas de Calais Aisne Aisne Nord Pas de Calais Nord Nord Nord Nord Somme Pas de Calais Oise Somme Pas de Calais Nord Nord Nord DEPARTEMENT Pas de Calais Pas de Calais Aisne Nord Aisne Nord Nord Belgique : Belgique 5 C.H. de Tournai Belgique 3 C.H. de Mouscron C.H. de Valenciennes Clinique Tessier de Valenciennes C.H. de Wahagnies C.H. de Wattrelos Nord 50 Nord 0 Nord 0 Nord 0 Secondairement patients ont été transférés au Centre d'Oxygénothérapie Hyperbare du CHRU de Lille. IV - ETUDE CLINIQUE DES PATIENTS INTOXIQUES IV.1 - ANTECEDENTS Les antécédents des patients intoxiqués sont présentés dans le tableau suivant ANTECEDENTS Aucun Prématurité Tabagisme Ethylisme Toxicomanie Tentative d'autolyse Chirurgicaux Cardio-vasculaires Pulmonaires Digestifs Hépatiques Neurologiques et neuromusculaires Psychiatriques (dépression) Endocriniens et Gynécologiques Hématologiques Infectieux Dermatologiques Antécédents divers (diabète, rénal, rhumato, cancer, allergie...) NOMBRE DE PATIENTS 246 2 82 6 3 12 160 95 47 27 0 27 18 32 5 25 8 116 Intoxication CO 11 Intoxication antérieure non précisée Sous traitement médicamenteux 8 71 Les antécédents sont connus pour 621 patients. Non précisés, inconnus : 322. Remarque : plusieurs antécédents peuvent être associés. Il faut remarquer que 11 sur 621 patients avaient déjà été victimes d'une intoxication par le monoxyde de carbone, soit un taux de récidive de 1,77 %. IV.2 - SYMPTOMATOLOGIE PRESENTEE Signes Généraux 603 - céphalées 116 - Vertiges 97 - malaises et lipothymie 17 - asthénie 4 - hypothermie 4 - hyperthermie 3 - anxiété + angoisse 3 - autres 847 Total Troubles Digestifs 274 - nausées 255 - vomissements 32 - douleurs Digestives 0 - coliques 4 - diarrhée 0 - hypersialorrhée 1 - constipation 1 - sensation de brûlure Troubles de conscience 329 - perte de connaissance initiale 73 - somnolence 16 - coma vigile 17 - coma stade II 6 - coma neurovégétatif 1 - coma dépassé 14 - trouble de conscience non précisé Troubles neurologiques 13 - parésie - paralysie 15 - trouble sensitif 19 - trouble de l'équilibre, ataxie - Babinski présent 23 - hypotonie 17 - ROT augmentés - ROT diminués ou nuls - ROT normaux - convulsions, crises cloniques 416 25 225 25 - mouvements anormaux 2 - hypertonie généralisée 13 - hypertonie localisée 3 - aphasie, trouble du langage 4 - autres troubles neurologiques Troubles neuro-sensoriels 12 9 - mydriase 3 - myosis 3 - mouvements oculaires anormaux 4 - photophobie et phosphènes 8 - autres troubles oculaires 18 - bourdonnements 1 - autres troubles ORL Troubles psychiatriques 2 - anxiété 29 - agitation - excitation 19 - confusion mentale 1 - délire - hallucination 22 - troubles de la mémoire 1 - insomnie 6 - autres symptômes Troubles cardio-vasculaires 1 - hypotension artérielle 5 - hypertension artérielle 30 - tachycardie sinusale 20 - algies précordiales 5 - troubles du rythme 4 - arrêt cardio-vasculaire 8 - autres troubles cardio-vasculaires 1 - choc Troubles pulmonaires 20 - toux 23 - dyspnée 16 - encombrement 6 - expectoration 6 - OAP 3 - pneumopathie d'inhalation 10 - bronchospasme 2 - gêne respiratoire 3 - arrêt respiratoire 3 - oppression thoracique Troubles cutanés 16 - pâleur des téguments 7 - hypersudation 3 - brûlure - nécrose 10 - érythème 9 - cyanose 2 - autres Troubles génito-urinaires divers 8 Troubles ostéo-articulaires 3 135 personnes étaient non symptomatiques. IV.3 - REPARTITION DES PATIENTS SELON LA GRAVITE DE L'INTOXICATION Les patients ont été classés en utilisant le Poison Severity Score (recommandé par l'Association Européenne des Centres AntiPoisons et le Programme International de Sécurité Chimique de l'Organisation Mondiale de la Santé). PSS 0 : pas de gravité. PSS 1 : intoxication de faible gravité (présence de signes fonctionnels et troubles neurologiques objectifs de faible importance : ROT vifs, Babinski, hypertonie). PSS 2 : intoxication de moyenne gravité (perte de connaissance initiale, coma stade I). PSS 3 : intoxication de sévère gravité (coma stade II et III ou complication majeure, infarctus du myocarde). GRAVITE NOMBRE (Poison Severity Score) D'INTOXIQUES PSS 0 (pas de gravité) PSS 1 (faible gravité) PSS 2 (moyenne gravité) PSS 3 (sévère gravité) Total connu % 120 12,67 444 46,88 349 36,86 34 3,59 947 100 IV.4 - CARBOXYHEMOGLOBINE La carboxyhémoglobine moyenne calculée sur l'effectif de patients, est de HbCO = % (écart type : ) V - MODALITE DE PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENT DES INTOXIQUES V.1 - SUR LES LIEUX DE L'INTOXICATION ET PENDANT LE TRANSFERT A L'HOPITAL V.1.A - Modalités de prise en charge et transport du lieu d'intoxication à l'hôpital Pompiers SMUR Pompiers + SMUR Ambulance Voiture particulière Total connu non précisé 260 37,41 % 60 8,63 % 229 32,96 % 55 7,91 % 91 13,09 % 695 100 % 269 V.1.B - Administration d'oxygène pendant l'évacuation OUI 399 NON 127 Total 526 75,85 % 24,15 % 100 % V.1.C - Modalité d'administration de l'oxygène pendant l'évacuation V.1.C.a - Type d'administration de l'oxygène Masque 122 84,14 % 11 7,59 % 12 8,27 % Sonde nasale Ventilation contrôlée V.1.C.b - Débit Débit moyen : l/minute (minimum = 3 l/mn ; maximum = 15 l/mn) Effectif : 90 V.1.D - Délai de l'administration d'oxygène Le délai entre l'intoxication et l'administration est de en moyenne (minimum = 6 mn ; maximum = 7 h). V.1.E - Délai entre l'intoxication et l'hospitalisation Le délai entre l'intoxication et l'hospitalisation est en moyenne de (minimum = 15 mn ; maximum = 48 h). Un patient sur deux est arrivé à l'hôpital en moins de 2 heures après son intoxication. V.1.F - Etat de conscience avant le transport - conscient : 572, soit 61,70 % - inconscient : 355, soit 38,30 % V.2 - A L'HOPITAL V.2.A - Répartition des patients selon le type d'oxygénothérapie effectuée Le traitement de l’intoxication par CO est l'oxygénothérapie normobare ou hyperbare. 923 patients ont bénéficié d’un traitement par oxygénothérapie. Les indications d'oxygénothérapie hyperbare sont les patients ayant perdu connaissance, même transitoirement, ou ayant des troubles de conscience persistants, ainsi que toute femme enceinte. 397 patients ont bénéficié d'un traitement par oxygénothérapie normobare. V.2.B - Modalités de traitement par oxygénothérapie normobare 397 patients ont bénéficié d'un traitement par oxygénothérapie normobare. V.2.B.a - Durée La durée moyenne de l'oxygénothérapie normobare a été de (minimum = 30 mn ; maximum = 24 h). V.2.B.b - Débit (l/minute) Le débit d'oxygène moyen a été de l/minute (minimum = 1 l/mn ; maximum = 16 l/mn). V.2.C - Modalités de traitement par oxygénothérapie hyperbare 535 patients ont été traités par oxygénothérapie hyperbare dans le Centre d'Oxygénothérapie Hyperbare de l'Hôpital Calmette (2,5 ATA, pendant 90 minutes, 100% d'oxygène). Nombre de séances d'oxygénothérapie hyperbare : 526 patients ont bénéficié d'1 séance d'oxygénothérapie hyperbare 5 patients ont bénéficié de 2 séances d'oxygénothérapie hyperbare 0 patient a bénéficié de 3 séances d'oxygénothérapie hyperbare 4 patients ont bénéficié de plus de 3 séances d'oxygénothérapie hyperbare. VI - EVOLUTION L’évolution est connue pour 939 patients VI.1 - GUERISON SANS SEQUELLE : 901 VI.2 - CONSOLIDATION et SEQUELLES : 0 VI.3 - COMPLICATIONS : 26 VI.4 - SEQUELLES A LONG TERME : 2 VI.5 - DECES : 11 - 4 décès ont été constatés avant l'hospitalisation, - 7 décès ont été constatés au cours de l'hospitalisation. VII - DUREE D'HOSPITALISATION VII.1 - REPARTITION DES PATIENTS SELON LA DUREE D'HOSPITALISATION DUREE D'HOSPITALISATION NOMBRE DE % PATIENTS < 24 heures 1 jour 2 jours 3 jours 4 jours 423 47,22 422 47,11 37 4,13 2 0,22 1 0,11 5 jours 6 jours 7 jours 8 jours 10 jours 11 jours 14 jours 29 jours 45 jours 2 0,22 1 0,11 1 0,11 1 0,11 2 0,22 1 0,11 1 0,11 1 0,11 1 0,11 Total connu : 896 VII.2 - REPARTITION DES PATIENTS EN FONCTION DE LA DUREE D'HOSPITALISATION ET DE LA GRAVITE [selon la classification de Poison Severity Score de (E.A.P.C.C.T. ; I.P.C.S.)] L'effectif des patients pour lesquels le PSS a été calculé et la durée d’hospitalisation est connue est de 876. < 24 h 1 jour 2 jours 3 jours 4 jours 5 jours 6 jours PSS = 0 PSS = 1 PSS = 2 PSS = 3 pas de faible moyenne gravité sévère gravité gravité gravité 38 189 186 6 (dont 2 décès) 57 211 131 7 (dont 2 décès) 5 23 7 2 1 1 1 1 1 7 jours 8 jours 10 jours 11 jours 14 jours 29 jours 1 1 (décès) 1 1 1 (décès) 1 (décès) 1 1 45 jours 1 VIII - CIRCONSTANCES DE L'INTOXICATION VIII.1 - MODALITE DE L'INTOXICATION Intoxication aiguë accidentelle Intoxication aiguë volontaire Intoxication chronique accidentelle Total connu 914 95,21 % 20 2,08 % 26 2,71 % 960 100 % Les circonstances sont accidentelles dans la majorité des cas mais on assiste à une augmentation des cas d'intoxications volontaires : 20 en 1996 (17 en 1995). VIII.2 - CIRCONSTANCES DE L'INTOXICATION Pollution de l'environnement domestique Professionnel Incendie 924 86,11 % 22 2,06 % 106 9,88 % conduite suicidaire 19 1,77 % autre accident, mauvais usage 1 0,09 % autre intoxication volontaire 1 0,09 % L'intoxication aiguë par le monoxyde de carbone est due dans 86,11 % des cas à une pollution de l'environnement de la victime, dans 9,88 % des cas à un incendie, dans 2,06 % des cas à des circonstances professionnelles et dans 1,77% des cas à une tentative de suicide. Les incendies restent une source non négligeable d'intoxication : 106 cas en 1996 (79 en 1995). Il faut remarquer l’apparition de l’utilisation du monoxyde de carbone provenant des gaz d’échappement de voiture lors des tentatives de suicide. Ce phénomène pratiquement inconnu en France jusqu’à présent, cependant bien connu dans les pays anglo-saxons depuis de nombreuses années, est en augmentation dans notre région (10 en 1995, 19 en 1996). VIII.3 - LIEU DE L'INTOXICATION Domicile Lieu de travail Etablissement d'utilité publique Voie publique extérieure Ecole, lycée, collège Lieu public clos Autre lieu 992 93,94 % 24 2,27 % 4 0,38 % 0 0 1 0,09 % 28 2,66 % 7 0,66 % 1056 Total conn u 100 % Pour les intoxications survenues à domicile, dans 408 cas, la pièce où est survenue l'intoxication est connue. Il s'agit : - dans 146 cas, de la pièce à vivre (55 cuisine, 91 séjour) - dans 189 cas, de la salle de bain - dans 44 cas, de la chambre - dans 13 cas, du garage - dans 16 cas, de la cave. VIII.4 - DUREE DE L'EXPOSITION AU MONOXYDE DE CARBONE La durée de l'exposition au monoxyde de carbone est connue chez 67 patients. La durée moyenne de l'exposition est de heures et minutes. VIII.5 - SOURCE EVOQUEE PAR L'INTOXIQUE OU SA FAMILLE Lors de son hospitalisation ou lors du suivi médical, l'origine de l'intoxication est évoquée avec chaque patient et sa famille. Elles sont les suivantes : SOURCE NOMBRE EVOQUEE D'INTOXIQUES Poêle ou feu à charbon Chauffage au gaz Chauffe-eau Chauffage au fuel Feu à pétrole Appareil mobile Pot d'échappement Incendie Professionnelle Autre Total connu non précisé, inconnu % 339 32,02 % 211 19,92 % 203 19,17 % 14 1,32 % 41 3,87 % 6 0,57 % 16 1,51 % 114 10,76 % 29 2,74 % 37 3,49 % 1010 4,63 % 49 Plusieurs sources peuvent être associées. Par la suite, l'enquête technique réalisée à domicile par l'ingénieur sanitaire permet de déterminer la source par foyer d'intoxication (1 foyer peut regrouper plusieurs victimes comme le montre le tableau ci-dessous. NOMBRE DE FOYERS NOMBRE DE VICTIMES D'INTOXICATION 387 1 100 2 66 3 24 4 19 5 5 6 5 7 1 8 1 16 1 28 ENQUETE TECHNIQUE Au cours de l'année 1996, 1384 patients ont été victimes d'une intoxication aiguë par le monoxyde de carbone. 10 43 patients intoxiqués se répartissent de la façon suivante : AISNE NORD OISE PAS DE CALAIS SOMME Total connu NOMBRE NOMBRE D'INTOXIQUES DE FOYERS 20 11 718 432 13 6 256 132 36 24 1043 605 L'analyse a porté sur 100 enquêtes techniques provenant du département du Nord et sur 18 enquêtes techniques provenant du Pas de Calais. Le délai entre la survenue de l'intoxication et l'enquête est en moyenne de 16 jours (minimum : 2 jours ; maximum : 59 jours), pour un total connu de 62. RESULTATS DE L'ENQUETE TECHNIQUE I - ETUDE DU LOGEMENT I.1 - Type d'habitat H.L.M. Immeuble Pavillon Autres 0 0% 15 19,50 % 57 74,00 % 5 6,50 % Total connu 77 100 % L'habitat est majoritairement une maison et non un habitat collectif. I.2 - Nombre de pièces Minimum : 2; maximum : 10 Le nombre moyen de pièces par habitation est de 5,6 pièces. Total connu : 73 I.3 - Montant du loyer 1712 F (minimum : 634 F - maximum : 3100 F) Total connu : 15 Le loyer a été acquitté dans 12 cas connus, et non acquitté dans 1 cas.. A titre indicatif : le loyer moyen par habitation dans la Communauté Urbaine de Lille (secteur privé) est de 2080 F hors charges. I.4 - Nombre d'occupants 4 (minimum : 1 ; maximum : 7) Total connu : 73 I.5 - Profil de l'occupant Propriétaire occupant 37 Locataire 42 Total connu 79 II - LE COMBUSTIBLE Nature du combustible Charbon Gaz de ville Butane Propane Fuel Bois Pétrole Autre Total connu 29 34,50 % 36 42,90 % 8 9,50 % 9 10,70 % 0 0% 1 1,20 % 1 1,20 % 0 0% 84 100 % Au cours de l'année 1996, dans 34,50 % des foyers, le combustible était le charbon, dans 42 % des cas du gaz de ville, dans 10,70 % des cas du propane et dans 9,50 % des cas du butane. 1 accident avec du pétrole lampant. Il est à remarquer que l’année 1995 a vu réapparaître des intoxications par les feux à pétrole lampant. Les causes de cette réapparition devraient être étudiées d’une manière plus approfondie. III - L'APPAREIL III.1 - Lieu d'implantation de l'appareil Séjour Cuisine 10 12,82 % 12 15,38 % 2 2,56 % 2 2,56 % 43 55,14 % 9 11,54 % 78 100 % Salon Chambre Salle de bain Autres Total connu III.2 - Nature de l'appareil III.2.A - Répartition des foyers d'intoxication par type d'appareil Appareil de chauffage : 35 34,28 % 12 48,57 % 17 2,86 % 1 11,43 % 4 2,86 % 1 0 0 0 39,32 % - poêle à charbon - convecteur - radiateur et convecteur à gaz - chaudière - appareil mobile - feu à pétrole - insert 0 Chauffe eau et chauffe bain : 40 30,00 % 12 2,50 % 1 62,50 % 25 5,00 % 44,95 % - chauffe bain raccordé - chauffe bain non raccordé - chauffe eau raccordé - chauffe eau non raccordé 2 Appareil mixte (chauffage + eau) : 12 100 % 13,48 % - chaudière murale mixte 12 Au tre (d o n t u n p o ê le à c h a rb o n d e b o is ) Total connu 2 2,25 % 89 100 % fois l'appareil n'a pas pu être identifié car il avait été changé avant l'enquête technique. Une fois l'appareil n'a pas été identifié car il a été fait à partir de différentes récupérations. On peut remarquer que dans plus de la moitié des cas ( %) le monoxyde de carbone provient d'un appareil de chauffage et dans % des cas d'un appareil à chauffer l'eau. La grande majorité des chauffe eau en cause étaient raccordés ( ) III.2.B - Répartition des foyers d'intoxication par type d'appareil et nature du combustible La répartition des foyers d'intoxication par type d'appareil et nature du combustible, est présentée dans le tableau suivant : Charbon Poêle à charbon Convecteur Gaz de ville Butane 16 2 1 1 1 Chaudière murale mixte 0 1 3 4 12 2 4 11 1 14 4 1 1 Chauffe eau non raccordé Autre appareil 4 23 2 1 Appareil non précisé 1 1 30 37 8 11 0 Le rallumage a eu lieu : 4 mois avant 5 entre 2 et 4 mois 1 entre 1 et 2 mois avant 1 < 10 jours avant 5 III.4 - ETAT APPARENT DE L'APPAREIL Bon Médiocre Mauvais Total connu Inconnus, non précisés 37 14 5 56 1 Comme en 1994, l'état de l'appareil était médiocre ou mauvais dans % des cas. IV - LE CONDUIT DE FUMEE IV.1 - Type de conduit de fumée Collectif Total connu 2 1 III.3 - Délai entre rallumage et accident Individuel 19 4 1 1 TOTAL 1 12 Chauffe bain non raccordé TOTAL Bois 12 Chaudière Chauffe eau raccordé Pétrole 12 Appareil mobile Chauffe bain raccordé Propane 56 0 56 2 88 IV.2 - RAMONAGE DU CONDUIT DE FUMEE OUI 21 NON 26 Total connu 47 Inconnus, non précisés 53 COMMENTAIRES Un système de surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone, initialisé dès 1986 par le Centre d’Oxygénothérapie Hyperbare et le Centre Anti Poisons Nord-Picardie du CHR de Lille, s'est renforcé sous l'impulsion de la D.G.S. à partir de 1992 (réseau de Toxicovigilance Grand Nord : 14 départements). Il s’est développé progressivement et est basé sur un réseau hospitalier sentinelle régional et les D.D.A.S.S du Nord et du P as de Calais. Le Centre Anti-Poisons - Toxicovigilance de Lille assure la coordination de ce réseau. Il centralise la collecte des cas, l’analyse des données médicales et techniques, informe sur l’état de la situation et alerte en cas de besoin. Le bilan 1995 montre que cette intoxication reste un problème très préoccupant, notamment dans la région Nord-Pas de Calais, malgré les actions entreprises depuis de nombreuses années. Si l'on examine l'évolution du nombre de cas du réseau de surveillance depuis 199 3, on constate que celui-ci reste particulièrement élevé dans les départements du Nord et du Pas de Calais (911/1034 cas en 1993, 649/776 cas en 1994, 859/967 cas en 1995). L'apparente augmentation observée en 1995 doit être relativisée car celle-ci est également liée à l'amélioration du recueil dans le réseau de surveillance dans ces deux départements avec création de sites de recueil exhaustif. Si l'on examine par ailleurs les résultats du rapport du réseau interrégional "Grand Nord" de surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone de 1995, dans les 14 départements de ce réseau, on constate que le département du Nord (597 cas) et du Pas de calais (262 cas) sont les plus touchés et regroupent plus de 70 % de l'ensemble (1187 cas au total dans réseau le Grand Nord). Ceci doit également être relativisé du fait que le système de surveillance est plus représentatif dans la région Nord-Pas de Calais car la montée en charge de ce réseau a commencé il y a 10 ans. La répartition montre la classique recru descence hivernale mais le nombre de cas augmente dès le début de l'automne au moment du rallumage des feux dès les premiers froids, et une deuxième recrudescence au mois de mars. Les campagnes de prévention devraient commencer à partir du 15 août pour la première vague et un rappel devrait être fait vers le 15 février. A ce propos, il faut rappeler le rôle important joué par les conditions météorologiques. En effet, cette influence a été constatée surtout lors des épidémies : il semble exister une corrélat ion entre le caractère épidémique des intoxications et la présence de brouillard ou brume, ou d'inversion thermique où une couche d'air chaud en altitude rabat les fumées vers le sol paradoxalement plus froid, entraînant un mauvais tirage des appareils de chauffage. Ces conditions météorologiques jouent le rôle de "goutte faisant déborder le vase". Les adultes (640 dont 43 femmes enceintes) et les enfants (305) sont victimes de ces intoxications à domicile à la suite d'une pollution de l'environnement domestique dans 90 % des cas, survenant le plus souvent à domicile (907 cas), plus rarement dans des lieux d'utilité publique (15 cas) ou dans des établissements scolaires (2 cas). Les incendies sont également responsables d'un nombre non négligeable d'intoxications (79 cas). Les suicides par gaz d'échappement de voiture sont en augmentation constante (5 cas en 1994 ; 11 cas en 1995). Les sources principales sont les poêles et convecteurs à charbon beaucoup utilisés dans le Nord -Pas de Calais, notamment dans le bassin minier, alors que les chauffe-eau sont plus fréquemment en cause en Picardie. Si l'on regarde les données de l'INSEE concernant les moyens de chauffage utilisés dans la région Nord -Pas de Calais, on s'aperçoit de la prédominance des chauffages individuels au charbon sur les autres modes de chauffage. Il faut remarquer que les chauffe-eau et chauffe-bains en cause sont majoritairement des appareils raccordés (57/63) à un conduit de fumée pour lesquels le problème est le même que pour les appareils d e chauffage, c'est à dire essentiellement un problème de ventilation de la pièce et d'évacuation des gaz brûlés par le conduit de fumée. Par ailleurs, si certaines sources ont disparu (aucun cas avec des décolleuses à papier peint), d'autres sources sont r éapparues : les poêles à pétrole lampant (8 cas). A ce propos, le groupe de travail national "Monoxyde de Carbone" du Conseil Supérieur d'Hygiène a été alerté le 6 juin 1996 sur la réapparition des cas avec des poêles à pétrole lampant qui avaient déjà fait l'objet d'une alerte il y a quelques années et qui avaient disparu à la suite de la pose d'un dispositif de sécurité. Une étude complémentaire est nécessaire pour cerner les circonstances d'intoxication avec ces poêles à pétrole lampant et pour proposer des mesures de prévention spécifiques. Il faut également noter que les intoxications avec des inserts et feu de bois font leur apparition en 1995 avec 5 cas. De plus, le phénomène apparu en 1994, se confirme et s'accentue en 1995, avec 11 intoxications au lieu de 4 avec des appareils mobiles (8 pétrole lampant et 3 butane). Il semble que ceux-ci étaient utilisés comme source de chauffage principal au lieu d'appoint. Par ailleurs, les intoxications professionnelles sont liées à l'utilisation de moteurs à ess ence, éventuellement en plein air. Le combustible en cause est majoritairement du charbon, mais tous les combustibles sont retrouvés : gaz de ville, gaz butane, pétrole lampant... Il faut remarquer en outre que les combustibles comme le gaz de ville, le bu tane et le propane sont en augmentation alors que le charbon reste stable. Les victimes sont comme les années précédentes majoritairement des adultes jeunes (1 patient sur 5 a entre 20 et 27 ans). Le cas le plus fréquent est une famille avec un ou plusieur s enfants en bas âge (4 patients avaient entre 1 et 2 mois). Les victimes sont des femmes dans 53,93 % des cas et des hommes dans 46,07 % des cas. Il faut remarquer par ailleurs que 43 femmes enceintes ont été intoxiquées au cours de l'année 1995 ayant entraîné dans 5 cas des conséquences sur le foetus. Les victimes proviennent des catégories socioprofessionnelles les moins fortunées : 1 victime sur 3 est en retraite ou préretraite, 1 victime sur 4 est un ouvrier et 1 victime sur 5 est un étudiant . Il faut remarquer que l'atteinte de la catégorie "étudiant" est un phénomène nouveau, apparu en 1993, qui s'est confirmé en 1994 et 1995. Ceci appelle une réflexion particulière sur le type de logement proposé aux étudiants et sur le mode d'attribution de l' allocation logement dont ils bénéficient le plus souvent. Il est nécessaire d'envisager une information spécifique de cette population sur les risques de l'utilisation de chauffage d'appoint (appareil mobile au gaz butane, pétrole lampant), comme mode de c hauffage principal, d'autant plus dans des locaux exigus, calfeutrés pour du chauffage électrique (chambre dans les combles), ainsi que sur le danger d'obstruer les aérations. L'intoxication par le monoxyde de carbone reste cette année encore un phénomèn e préoccupant par sa gravité, entraînant 12 décès, faisant de cette intoxication comme les années précédentes, la première cause de mort d'origine toxique. Il faut surtout remarquer que 7 de ces 12 décès ont été constatés avant l'arrivée des secours et que 4 sont survenus peu de temps après l'arrivée à l'hôpital en raison des signes de mort cérébrale conséquence de l'arrêt cardio -circulatoire survenu avant l'arrivée des secours. Plus encore, il faut considérer ce nombre de décès comme très en dessous de la réalité car certains échappent au système de surveillance basé essentiellement sur les services d'urgences et le SMUR. Mais cette intoxication est grave, non seulement par le risque élevé de décès et de complications immédiates, mais également par le risque de séquelles neurologiques à long terme ou de mort foetale ou de malformations chez les foetus particulièrement sensible à l'anoxie engendrée par l'intoxication maternelle. C'est en raison de cette gravité que toute intoxication par le monoxyde de carb one doit être prise en charge le plus rapidement possible et traitée en milieu hospitalier par oxygénothérapie normobare ou en caisson hyperbare dans les cas les plus graves ou chez les femmes enceintes. Ainsi, la prise en charge sur lieux de l'intoxication a été assurée majoritairement par les pompiers (22 %) et le SMUR (20 %), et le plus souvent conjointement (43 %). Mais il faut remarquer que dans 15 % des cas, le transport à l'hôpital s'est fait par ambulance ou par voiture particulière. La plupart des patients (72,38 %) ont bénéficié d'oxygène pendant l'évacuation. Le délai entre l'intoxication et l'administration d'oxygène est de 1 h 33 mn en moyenne (minimum = 4 mn ; maximum = 12 h). Le délai entre l'intoxication et l'arrivée à l'hôpital est de 3 h 24 mn en moyenne (minimum = 30 mn ; maximum = 10 h 45 mn). 926 patients intoxiqués ont été traités par oxygénothérapie soit normobare (461, soit 47,92 %) dans l'hôpital le plus proche, soit hyperbare (501, soit 52,08 %) après transfert au Centre Régional d'Oxygénothérapie Hyperbare du C.H.R.U. de Lille. La prise en charge et les traitements mis en oeuvre ont permis d'obtenir une guérison complète sans séquelle dans la plupart des cas (97 %), le plus souvent après une hospitalisation de courte durée (5 7 % des patients sont restés hospitalisés moins de 24 heures, et 98,7 % moins de 2 jours). Il faut remarquer cependant que certains patients ont nécessité des hospitalisations de longue durée (1 mois). Au cours de l'année 1995, les intoxications par le monoxyde de carbone ont été responsables d'environ 1033 journées d'hospitalisation et d'un coût d'environ 8 626 925 F. Par ailleurs, l’étude des antécédents des patients montre qu’une victime sur trente avait déjà été intoxiquée par le monoxyde de carbone. Le taux de récidive est 2,82 % en 1995. Ceci montre d’une manière éloquente que dans ces 23 cas aucune mesure efficace de règlement du problème n’a été entreprise depuis la précédente intoxication. Déjà en 1986 le Centre Anti-Poisons et le Centre d’Oxygénothérapie Hyperbare avaient déjà alerté sur ce problème de récidive. La principale cause est vraisemblablement financière car les catégories socioprofessionnelles les plus touchées sont aussi les moins fortunées (retraités, ouvriers, étudiants) et que le budget "sécurité" est souvent le premier poste budgétaire à souffrir des restrictions financières. De plus, dans un certain nombre de cas, les limites des actions préventives basées sur la sensibilisation, l’information sont atteintes ; ceci avait déjà été mis en évidence par l’enquête réalisée en 1988-1989 à la demande de la Direction Générale de la Santé après l’épidémie de 1988. En effet cette enquête réalisée par le Centre Anti -Poisons de Lille avait montré que 10 % des familles n’avait pris aucune mesure préventive après l’intoxication, et ce malgré une première sensibilisation individuelle par le médecin lors de l’hospitalisation auprès de la victime et de sa famille et une deuxième sensibilisation par un inspecteur d’hygiène du milieu à domicile. En 1995 nous alertons à nouveau car le problème persiste. On peut légitimement se demander dans ces cas de récidive si le coût de la réhospitalisation ainsi que les risques de décès ou de séquelles lors de la récidive ne sont pas finalement plus élevés que le coût des mesures techniques à prendre (réparation, remplacement d’appareils, travaux...). Or les dépenses de soins de ces patients ne relèvent pas du même budget que les dépenses de prévention. Nous pensons qu’il est urgent d’envisager d’autres modes de règlement du problème dans ces cas difficiles. En conclusion, au cours de l'année 1995, les participants du réseau de surveillance des intoxications par le monoxyde de carbone se sont mobilisés et ont permis d'approfondir la connaissance de la situati on et la réalisation de cette étude pour la troisième année consécutive. Ce rapport montre que la situation reste préoccupante en particulier dans la région Nord -Pas de Calais, tant par sa fréquence que par la gravité de l'intoxication et met en évidence l a nécessité de mettre en oeuvre des actions de prévention. Nous attirons tout particulièrement l'attention sur la nécessité d'entreprendre à côté des actions de prévention déjà entreprises depuis quelques années, des actions nouvelles : - des actions de prévention spécifiques individuelles pour les victimes ayant fait une récidive (2,80 %) ; - des actions d'information vers une population constamment touchée depuis 3 ans : les étudiants ; - des études sur les causes de réapparition des cas avec les poêles à pétrole lampant ; - des actions de sensibilisation vers les jeunes familles avec enfants.