Gestion économique du produit, dosiier 2, Arnaud Diemer, IHEDREA, MCF Clermont-Ferrand
PRODUCTION
ET
COMMERCIALISATION
DES PRODUITS
AGRICOLES
Institut des Hautes Etudes en Droit Rural et Economie Agricole
1
Gestion économique du produit, dosiier 2, Arnaud Diemer, IHEDREA, MCF Clermont-Ferrand
PLAN
Introduction
I) L’OFFRE AGRICOLE
A) Les périodes d’analyse
B) Les effets et les élasticités prix-revenu
C) Offres individuelles et offre globale de produits agricoles
1) L’offre relative d’un produit
2) L’offre globale d’un produit
II) LES ASPECTS TEMPORELS ET SPATIAUX DE LA PRODUCTION
A) Le temps agricole
1) L’impact du temps
2) Les variations de l’offre globale
a) Les variations climatiques
b) Les variations annuelles
c) Les variations fondamentales
B) L’espace agricole
1) Les analyses spatiales
2) Concentration et Spécialisation : expressions des zones de production
III) OFFRE DE PRODUCTION ET COMMERCIALISATION
A) Une stratégie de masse
1) La fixation des marges
2) Comprendre les marchés
a)Analyse fondamentale
b) Analyse technique
3) Illustration : marchés du colza et du tournesol
B) Une stratégie de différenciation
C) Une stratégie de diversification
2
Gestion économique du produit, dosiier 2, Arnaud Diemer, IHEDREA, MCF Clermont-Ferrand
I) L’OFFRE DE PRODUITS AGRICOLES
L’offre de produits agricoles est constituée par l’ensemble des quantités que les producteurs sont
disposés à écouler sur un marché à un prix donné. L’offre se décompose en trois éléments : la
production de produits nouveaux par les exploitants, le stock de produits existants chez les
producteurs et les intermédiaires, les importations qui accroissent les quantités offertes sur le
marché national. Elle varie en fonction du prix du produit, toutes choses égales par ailleurs. C’est
généralement une fonction croissante du prix.
Fig 1 : Offre croissante avec le prix
Offre
Prix
Quantités
.
Une analyse traditionnelle de l’offre de produits agricoles retient le découpage suivant : 1° la
décomposition de l’offre en périodes de durée plus ou moins longues ; 2° le calcul des effets et des
élasticités prix-revenus ; 3° la dissociation entre offres individuelles et offre globale.
A) Les périodes d’analyse
Pour l’étude de l’offre, trois périodes sont généralement retenues :
- la période dite infra-courte : c’est une durée suffisamment restreinte pour que le volume de la
production soit donné. Si on excepte les possibilités du commerce extérieur, l’offre des producteurs
dépend uniquement du fait qu’ils peuvent stocker une partie des biens produits ou, au contraire,
puiser dans les stocks antérieurement constitués.
- la période courte : les variations de la production peuvent s’effectuer dans le cadre d’une capacité
de production donnée. Le niveau de production dépend de l’utilisation plus ou moins élevée des
facteurs de production variables (ou opérationnels), les consommations intermédiaires principales,
et des possibilités d’adaptation des facteurs fixes.
- la période longue : la durée est suffisamment importante pour qu’il soit possible aux entreprises
de modifier leur capacité de production et d’introduire de nouvelles techniques. Tout est donc
variable et il n’y a plus de distinction entre facteurs fixes et facteurs variables. Dans ce cas, les
variables autres que le prix peuvent avoir une influence très grande sur l’offre.
B) Les effets et les élasticités prix-revenu
La relation entre les quantités produites, les prix et les revenus des exploitants tend à dissocier deux
types d’effets : les effets de substitution et les effets revenus. Il y a effet de substitution lorsque la
diminution de prix du produit sur le marché conduit les producteurs à diminuer leur offre en
réduisant leur production et en utilisant leur capacité pour réaliser d’autres fabrications. Nous
sommes dans le cas normal d’une offre variant dans le même sens que le prix (dans le cadre d’une
3
Gestion économique du produit, dosiier 2, Arnaud Diemer, IHEDREA, MCF Clermont-Ferrand
exploitation pluri-cultures, ceci peut se traduire par une modification des surfaces emblavées en blé,
orge et tournesol selon les conditions prix du moment). Il y a effet de revenu lorsque la baisse du
prix entraînant une diminution des recettes et du revenu, le producteur va s’efforcer d’écouler une
quantité supplémentaire du produit pour conserver le même niveau de recettes, l’offre augmente
lorsque le prix diminue (ce phénomène est généralement associée aux productions porcines, aux
monoproductions…).
Quel est l’effet le plus puissant ? La réponse doit être cherchée dans l’importance du produit offert
par l’exploitant. L’effet de revenu risque de l’emporter si la production considérée représente la
recette principale de l’entreprise (s’il s’agit d’une monoproduction) et si les facteurs fixes de
l’exploitant sont très spécifiques (cultures pérennes, par exemple, dont il est difficile d’envisager
l’arrachage). Par contre, l’effet de substitution l’emportera si le produit agricole représente une
faible part de la recette du producteur (logique de diversification ou de différenciation)
L’élasticité de l’offre au prix définit quant à elle un rapport entre une variation relative de la
quantité offerte et la variation relative du prix qui l’a provoquée.
P
Q
Q
P
PP
QQ
e
=
=.
/
/
L’élasticité de l’offre par rapport au prix est positive dans la mesure où l’offre est normalement une
fonction croissante du prix (l’effet de substitution l’emportant sur l’effet de revenu). Elle se mesure
en un point de la courbe d’offre et elle est donc variable le long de cette courbe. Trois cas
significatifs peuvent être retenus :
Fig 2 : Elasticités et offre
Offre
Offre
q
Prix Prix Prix
Offre
q
Si 1 > e > 0, une variation du
p
rix engendre une variation
moins que proportionnelle et
de même sens que l’offre.
q
Si e >1, cela signifie qu’une
variation de prix engendre
une variation plus que
p
roportionnelle et de même
sens
q
ue l’offre.
Si e = 1, une variation du
p
rix engendre une variation
p
roportionnelle et de même
sens que l’offre
C) Offres individuelles et offre globale de produits agricoles
Si l’offre globale est censée représenter la somme des offres individuelles de produits agricoles, il
convient d’atténuer ce résultat par les deux propositions suivantes : 1° l’offre individuelle doit être
analysée en termes de périodisation du marché ; 2° la localisation des offres signifie qu’un marché
peut être globalement excédentaire (O > D) et localement déficitaire (Oi < Di) Æ ce phénomène
soulève le problème plus général de l’agrégation.
4
Gestion économique du produit, dosiier 2, Arnaud Diemer, IHEDREA, MCF Clermont-Ferrand
1) L’offre individuelle d’un produit
L’analyse de l’offre individuelle de produits s’appuie sur les trois configurations suivantes : l’offre
sur un marché instantané, l’offre sur une courte période, l’offre sur une longue période.
- Dans le cas d’un marché instantané, le producteur présente son produit sur un marché, défini
à la fois par le lieu et la date de vente. Il s’agit soit d’un produit dont l’offre est continue (lait,
viande, œuf), soit d’un produit à offre discontinue pendant la période de récolte (fruits non
stockables, légumes frais) ou pendant la période située entre le début de la récolte et la fin du
stockage (pommes, poires). Les réponses de l’offre aux différents niveaux de prix qui peuvent
s’établir sur le marché dépendent : 1° des possibilités pour le producteur d’apporter sa marchandise
sur un autre marché (nécessité d’un moyen de transport) ; 2° des possibilités de stockage du
produit ; 3° des possibilités de substitution dans l’affectation du produit (les pommes de terre
peuvent servir à l’alimentation des porcs, les pommes peuvent être transformées en jus de fruit). Si
on néglige les possibilités de stockage du produit, d’une campagne sur l’autre, on peut dire que
l’offre du producteur va être égale à sa récolte. Quel que soit le prix moyen de la campagne, le
producteur ne pourra offrir plus que ce qu’il a récolté et, à moins de détruire une partie de sa récolte
– ce qui suppose une entente avec tous les autres producteurs (exemple des arrachages de pieds de
vigne dans la région du Calvados pour mieux réguler la production de Cognac) – il présentera sur le
marché toute sa production de l’année (il peut tout au plus ne récolter qu’une partie de sa
production, exemple des fruits et légumes, chou-fleur…). On peut donc parler de rigidité de l’offre
par rapport au prix dans l’année infra-courte, ce qui peut se représenter graphiquement par la figure
suivante.
Fig 3 : Rigidité de l’offre de produits
Offre
Prix
Quantité
- Dans la période courte (au cours de plusieurs campagnes, la capacité de production de
l’exploitation agricole étant donnée), on assiste à une variation de l’offre par rapport au prix du
produit. Si l’exploitant s’attend à un prix élevé, il va essayer de produire davantage, en augmentant
les doses d’engrais par exemple. Inversement, si il craint une évolution défavorable des cours, il va
délaisser le produit considéré (réduction des emblavures, réduction des achats de produits
phytosanitaires) au profit d’un autre produit, dans le respect des contraintes d’assolement.
Fig 4 : courte période et courbe d’offre croissante avec les prix
Offre
Prix Prix
Offre
Qtés Qtés
5
1 / 24 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !