Étude sémiologique de Fin de partie de Samuel Beckett

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Au nom de Dieu
Université d’Ispahan
Faculté des Langues Étrangères
Département de français
Master II
Étude sémiologique de Fin de partie de Samuel Beckett
Sous la direction de:
Monsieur le Docteur Mohammad Javad Shokrian
Professeur consultant:
Madame le Docteur Anvarssâdât Mir Alaei
Par:
Manijeh Mohammadi
Janvier 2012
‫ﮐﻠﯿﻪ ﺣﻘﻮق ﻣﺎدي ﻣﺘﺮﺗﺐ ﺑﺮ ﻧﺘﺎﯾﺞ ﻣﻄﺎﻟﻌﺎت‪ ،‬اﺑﺘﮑﺎرات‬
‫و ﻧﻮآوري ﻫﺎي ﻧﺎﺷﯽ از ﺗﺤﻘﯿﻖ ﻣﻮﺿﻮع اﯾﻦ ﭘﺎﯾﺎن ﻧﺎﻣﻪ ﻣﺘﻌﻠﻖ ﺑﻪ داﻧﺸﮕﺎه اﺻﻔﻬﺎن اﺳﺖ‪.‬‬
Remerciements
En premier lieu, Je tiens à remercier mon directeur de recherche,
Monsieur le Docteur Shokrian, pour l’aide précieuse et le soutien exigeant
qu’il m’a apporté durant mon travail de recherche.
En second lieu, que Monsieur le Docteur Shairi, trouve ici toute
l’expression de ma gratitude pour le chemin scientifique qu’il a su me
montrer et Je le remercie sincèrement pour l’aide généreuse qu’il m’a
accordée.
Mes plus respectueux remerciements vont également à Madame le
Docteur Anvarssâdât Miralaei qui s’est donnée
la peine de lire et de
corriger tout attentivement ce mémoire.
Je remercie tout particulièrement tous les membres de ma famille, qui
ont eu la patience de me soutenir au fil de toutes ces années. Sans eux, Je ne
serais jamais arrivée à ce stade.
À ma mère
Résumé
La sémiologie est une discipline scientifique qui étudie l’univers des
signes. Une discipline qui peut être appliquée sur les divers domaines
comme celui de la science sociale, l'analyse littéraire, etc...
Dans le
domaine dramatique (ce qui est l’intérêt de notre étude), la sémiologie
consiste à vérifier les éléments significatifs qui se trouvent dans le texte et
sur la scène pour déchiffrer leur sens et dégager le processus communicatif
que ces éléments tentent à établir. Pour aborder ces analyses sur une œuvre
dramatique, on a choisi Fin de partie de Samuel Beckett qui en rompant
avec toutes les structures du théâtre traditionnel prépare le terrain pour une
étude sémiologique. Cette recherche a pour objectif d’analyser Fin de
partie de Beckett du point de vue sémiologique. Ainsi, le premier chapitre
de notre étude est consacré aux théories de base de la sémiologie, son
approchement dans le théâtre et les caractéristiques de théâtre beckettien
pour vérifier ensuite, dans le chapitre suivant, les éléments significatifs qui
se trouvent dans le texte. Le même processus sera abordé sur les éléments
scéniques de pièce dans le troisième chapitre.
Mots Clés : La sémiologie, le théâtre, Beckett, le texte et la représentation
Abstract
The semiology is a scientific discipline that studies world of the signs.
A discipline that can be applied on various fields such as social science,
literary analysis, etc… In the dramatic world (which is the main subject of
our work) the semiology includes the verification of significant elements
within the text and on the scene, to explore the main meanings behind them
and extract the communication process made by these elements. For
applying these methods on a dramatic work, we’ve chosen “Endgame” of
Samuel Beckett which with breaking all the structures of the traditional
theater provides us a very decent field to apply the semiotics methods.
Thereby, the first chapter of our work is about the history and the basic
theories of the semiology, its theatrical approach, and the characteristics of
Beckett’s theater to study afterwards, in the second chapter, the significant
elements qui exist in the text. The same procedure would be carried out, in
the third chapter, on the scenic elements. The main goal of this work is to
analyze “Endgame” of Beckett with a semiotic angle.
Key words: the semiology, the theater, Beckett, the text and the
representation
Table des matières
Titres
pages
Introduction
c
Chapitre I : historique et théorie de sémiologie du théâtre
1.1 Sémiologie
2
1.2. Sémiologie et le théâtre
8
1.3 Du théâtre traditionnel au nouveau théâtre
13
Chapitre II : Théâtre et le texte
2.1 Le texte et le personnage
20
2.1.1 Personnage beckettien dans une structure syntaxique
21
2.1.2 Traits distinctifs des personnages de Fin de partie
23
2.1.2.1 Nomination des personnages
24
2.1.2.2 Particularité des personnages dans Fin de partie
28
2.1.2.3 Personnages de Fin de partie comme
un ensemble significatif
31
2.1.3 La parole des personnages
33
2.2 Le texte et l’espace
36
2.2.1 L’espace intérieur
37
2.2.2 L’espace extérieur
40
2.3 Le texte et le temps
42
a
Table des matières
Titres
Pages
Chapitre III : Le théâtre et la représentation
3.1 La représentation et le travail du metteur en scène
49
3.2 La représentation et l’espace
52
3.3 La représentation et l’objet scénique
55
3.3.1 Spécificité de l’objet scénique
55
3.3.2 Fonction de l’objet scénique chez Beckett
57
3.3.2.1 Fonction utilitaire
57
3.3.2.2 Fonction référentielle
59
3.3.2.3 Fonction symbolique
63
3.4 La représentation et l’acteur
67
3.5 La représentation et le spectateur
71
Conclusion
80
Bibliographie
87
b
Introduction
Dans les domaines appelés couramment « les sciences humaines », la
sémiologie représente le fait le plus marquant dans l’histoire du
développement des sciences humaines.
La sémiologie représente une méthode qui tente de comprendre comment
le sens est produit dans un système significatif et comment les éléments de
ce système
construisent et interprètent les messages. La sémiologie
examine comment les signes (mots, images, gestes, sons, etc. …) signifient.
Elle est aussi la discipline scientifique qui étudie les systèmes de
communication. Comme la définition provenant de la racine hellénique le
suggère, ces systèmes sont développés autours de la notion de signe.
La conception de sémiologie ne consiste pas simplement à donner des
explications théoriques mais à proposer une nouvelle méthodologie, un
nouveau point de vue par lequel on découvre et prend conscience des
systèmes de signification qui se trouvent dans le monde. Elle nous aide à
avoir un regard subjectif sur tous les éléments, dans chaque domaine.
L’art théâtral est parmi tous les arts, et peut-être parmi tous les domaines
de l’activité humaine, celui
où le signe se manifeste avec le plus de
richesse, de variété et de densité. Le théâtre se sert de la parole aussi bien
que des systèmes de signification non linguistiques. Il met à profit les
systèmes de signes destinés à la communication entre homme et ceux créés
par le besoin de l’activité artistique. Pratiquement, il n’y a pas de systèmes
de signification, il n’existe pas de signe qui ne soit pas utilisable dans le
spectacle. C’est pourquoi le théâtre offre un terrain particulièrement
favorable à la confrontation des signes les plus divers.
c
Ainsi, le théâtre pendant longtemps était le terrain de diverses
recherches. Plusieurs approches y étaient appliquées. Mais dans la plupart
de ces travaux, le théâtre a été étudié d’une façon séparée du système
théâtral et a été considéré en tant qu’une branche des études littéraires.
Dans telles approches, l’étude de la pièce théâtrale n’a aucune différence
avec des méthodes utilisées pour étudier la poésie ou du récit. Le plus
grand effort des élèves étaient donc, de critiquer théoriquement le théâtre
sans l’avoir vécu dans sa dimension concrète sur la scène. Alors, le drame
ne sortait jamais de son format écrit. Ainsi,
ces approches étaient
incapables de considérer l’œuvre dramatique dans son vrai contexte
théâtral: l’œuvre qui ne seulement doit être lue mais aussi être vue.
Dans l’approche sémiologique, la concentration des structuralistes sur les
éléments d’une œuvre qui constituent sa généralité d’une part, et les
recherches sémiologiques sur ce point que comment le sens se produit et se
transmit à travers des systèmes des signes déchiffrables d’autre part, ont
changé la nature et le fonctionnement des recherches traditionnelles. Ce qui
offre de nouvelles méthodes pour analyser le texte du théâtre et construire
une méthodologie par laquelle on sera capable d’étudier le système
significatif de son aspect scénique. Autrement dit, l’étude sémiologique
nous offre l’occasion de traiter deux domaines constructifs du théâtre qui
sont le texte et la représentation.
De l’autre côté, la sémiologie du théâtre, malgré les recherches
thématiques traditionnelles qui se focalisent sur une unité isolée du texte ou
de la représentation, tente de juxtaposer toutes les unités constructives du
théâtre pour en vérifier le processus significatif et communicatif.
C’est cette méthodologie qui intéresse notre travail : vérifier comment
le sens est produit à travers des éléments textuels et comment il prend une
forme concrète dans la représentation.
d
Sans aucun doute, on n’entend pas
démontrer le fait que pour
composer des œuvres théâtrales réussies, il est nécessaire de saisir
parfaitement la théorie de la sémiologie. Toutefois, soit en tant que
quelqu’un qu’intervient dans la composition théâtrale, soit en tant que
spectateur, la tendance sémiologique nous conduit à élargir notre
connaissance sur le processus de composition du théâtre.
En ce qui concerne l’univers dramatique de Beckett, par les recherches
déjà faites sur son théâtre et son idéologie, on accepte, sans aucun doute,
ses tendances absurdes et sa vision envers la condition humaine. Alors, on
ne cherche pas à justifier ni éprouver ces thèmes dans son œuvre mais
essaie de répondre aux questions suivantes de point de vue sémiologique :
Quel sont les éléments textuels et scéniques qu’il a utilisés dans Fin de
partie pour que son théâtre rend l’absurdité et quel est le processus de
communication en question dans cette pièce ?
Alors, notre étude se divise en trois chapitres principaux : le premier
chapitre est consacré aux théories générales de la sémiologie, son
historique, le théâtre comme l’un des domaines où l’on peut aborder une
bonne quantité des théories de sémiologie et enfin les caractéristiques du
théâtre de Beckett.
Dans le deuxième chapitre qui se divise, à son tour, en trois parties, on
relève les trois éléments de signification du texte théâtral de Fin de partie
qui sont le personnage, l’espace et le temps.
Quant à la notion du
personnage, nous allons analyser sa place dans la structure syntaxique, ses
traits distinctifs dans Fin de partie, et sa parole.
Ainsi, dans la deuxième partie, on traitera de la notion de l’espace dans le
texte de la pièce ainsi que ses caractéristiques. La dernière partie de ce
chapitre portera sur la notion du temps et sa place dans la pièce.
e
Le troisième chapitre consiste à étudier les éléments scéniques. Ce
chapitre est divisé en cinq parties : la première s’occupe du rôle de metteur
en scène et sa place dans la représentation, tandis que la notion de l’espace
et le décor dans la représentation fera l’objet de deuxième partie. Les deux
parties suivantes sont consacrées aux éléments qui se trouvent sur la scène
c’est-à-dire les objets scéniques et les acteurs. Dans la dernière partie nous
examinerons la place du spectateur dans la représentation. Le processus de
communication sera, à son tour, abordé tout au long du travail.
f
Chapitre I:
Historique et théorie de sémiologie du théâtre
Avant d’entrer dans l’univers des signes et les éléments significatifs dans le
théâtre et de les aborder sur l’œuvre dramatique de Beckett, Fin de partie,
avoir une aperçu générale sur la notion de sémiologie, sémiologie du théâtre et
le théâtre de Beckett semble inévitable. Alors, dans ce chapitre on va donner
quelques généralisations sur ces notions de base de notre étude.
1.1 Sémiologie
La sémiologie fait partie des théories modernes, permettant de considérer
chaque élément, chaque personne et chaque lieu comme un signe à interpréter.
Autrement dit, toute science étudiant des signes est une sémiologie. Le terme
est donc utilisé dans plusieurs disciplines.
Déchiffrer les signes du monde, (Barthes, 1973b) comme disait Roland
Barthes, tel est l'objectif de la sémiologie, ou sémiotique (du grec «sêmeion»,
«signe»), science générale des signes. Au sein des sciences du langage, elle
cherche à élucider l'émergence de la signification, quelles qu'en soient les
manifestations (images, textes, gestes, objets...), et se distingue de la
sémantique qui analyse le sens dans la langue.
Née au tout début du XXe siècle, la sémiologie est une discipline récente.
Mais la réflexion sur le signe est ancienne. Au IVème siècle, Saint Augustin
élaborait ce que l'on considère comme la première grande théorie du signe:
prenant en compte l'essentiel des apports de l'Antiquité, il présente une
classification des signes selon leur source, leur nature, leur degré
d'intentionnalité. Pour Saint Augustin:
Un signe est une chose qui est mise à la place d'autre chose et offre
la particularité très commode de pouvoir la désigner en son absence
(Saint Augustin, 389, 77).
Durant des siècles, les signes ont été conçus comme une émanation du
divin, Dieu étant considéré comme le créateur de toute chose. Par la suite, on a
cru pouvoir trouver dans l'étude des signes les clés de l'esprit humain. Ainsi, au
XVIIe siècle, le philosophe anglais John Locke estimait que:
Toute pensée étant faite de signes, en comprendre le fonctionnement
nous permettrait de saisir les mécanismes de la pensée (Locke, 1671,
12).
Aujourd'hui, ce rêve trouve des échos dans les sciences cognitives.
Le terme sémiologie a été créé par Emile Littré, lexicographe et philosophe
français, surtout connu pour son Dictionnaire de la langue française,
communément appelé Le Littré. Pour lui, la sémiologie se rapportait à la
médecine où il désigne aujourd'hui encore, des systèmes de symptômes de
maladies, la façon de les relever et de les présenter afin de poser un diagnostic.
C'est à l'aube du XXe siècle que deux hommes vont, chacun de leur côté,
concevoir le projet d'une science générale des signes : en Europe, Ferdinand de
Saussure fondait la sémiologie, tandis qu'aux Etats-Unis, Charles Sanders
Peirce donnait naissance à la sémiotique. Le premier est considéré comme le
père de la linguistique moderne qui, selon lui, n'est qu'une partie d'une
discipline plus vaste: la sémiologie.
Il expose sa théorie dans son célèbre Cours de linguistique générale, transmis
oralement et publié après sa mort (1916). Pour F. de Saussure:
La langue est un système de signes exprimant des idées et, par là,
comparable à l'écriture, l'alphabet des sourds-muets, aux rites
symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc. Elle
est seulement le plus important de ces systèmes. On peut donc concevoir
une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale; [...]
nous la nommerons sémiologie [...]. Elle nous apprendrait en quoi
consistent les signes, quelles lois les régissent. (Saussure, 1916, 32)
Saussure décompose alors le signe en deux faces : un signifiant (la
mémoire d'une forme observable, un son, une image, une fumée s'élevant de
la cheminée du Vatican lors d'un conclave, par exemple) et un signifié (le
contenu sémantique qui lui est associé : « un pape est élu », si la fumée est
blanche, ou le contraire, si elle est noire). Les signes se définissent de façon
différentielle : la fumée noire n'est pas la fumée blanche (dans le rituel du
Vatican), le feu rouge n'est pas le feu vert (dans le Code de la route), la
licorne n'est pas le rhinocéros (dans l'imaginaire animalier), etc. La notion
de système, au cœur de la théorie de F. de Saussure, en fait le précurseur du
structuralisme.
Chez lui, la sémiologie n'est encore qu'au stade du projet, mais c'est dans ce
projet que prendra racine toute la sémiologie européenne.
Parallèlement, aux Etats-Unis, le philosophe C.S. Peirce fonde la
sémiotique. Selon lui, le signe est composé d'un « representament » (équivalent
du signifiant chez F. de Saussure), d'un référent (objet du discours), reliés par
un interprétant (signifié ou, plus exactement, grille de lecture forgée par
l'expérience personnelle et par la culture permettant de construire une
interprétation). De l'extrême foisonnement de sa pensée, on retient
habituellement sa classification des signes en trois catégories : l'indice, l'icône
et le symbole, en fonction de la relation qu'ils entretiennent avec le référent.
L'indice entretient une relation de proximité avec le référent (la fumée, indice
du feu), l'icône, une relation de ressemblance (un portrait, les onomatopées
comme «plouf» ou « miaou »), quant au symbole, il est lié au référent par une
convention (la colombe pour signifier la paix, les différentes langues,
conventions par excellence).
Tandis que la sémiologie saussurienne repose sur des concepts binaires
(signifiant/signifié),
C.S.
Peirce
privilégie
(signifiant/signifié/référent, indice/icône/symbole).
les
concepts
ternaires
Particulièrement complexe, la sémiotique de C.S. Peirce n'a cessé d'évoluer au
fil d'une œuvre éparse, faite d'une multitude d'articles (Écrits sur le signe
1978,). Ses travaux n'ont été traduits en français qu'en 1978 par Gérard
Deledalle, qui a fortement contribué à le faire connaître.
Dans les années 1960, la sémiologie vit une sorte de seconde naissance,
parallèlement à l'essor de la linguistique structurale et de la communication de
masse. Parmi les sémioticiens les plus lus au niveau international, on retiendra
Umberto Eco dont l'œuvre met en perspective la réflexion sur le signe, de
l'Antiquité à nos jours, et Thomas A. Sebeok
qui, outre une sémiotique
générale, a développé une zoosémiotique propre à la communication animale.
En France, deux courants se distinguent, influencés par F. de Saussure: la
sémiologie de la communication et la sémiologie de la signification.
La première s'est forgée autour de linguistes comme Georges Mounin et
Luis Prieto. Elle s'attache exclusivement aux systèmes de signes créés dans
l'intention de communiquer (comme le Code de la route), définissant ainsi son
champ d'étude mais aussi ses propres limites. C'est la sémiologie de la
signification qui, sous l'égide de Roland Barthes, entend dépasser ces limites.
Car un signe ne se réduit pas à ce qu'il communique intentionnellement. Audelà de la seule dénotation (ou sens propre: jeudi 12 dénote une date), un signe
peut véhiculer une multitude de connotations (signifiés seconds : vendredi 13
dénote une date et connote la superstition). Du coup, le champ d'investigation
de la sémiologie devient immense.
Toujours dans les années 1960, Algirdas Julien Greimas fonde la
sémiotique narrative, connue également sous le nom d'école de Paris. Elle
s'inscrit dans un structuralisme issu de F. de Saussure et du linguiste danois
Louis Hjelmslev. C’est avec les travaux de cette école et surtout Barthes et
Greimas que la sémiologie prend ses racines dans la littérature.
S'inspirant de La Morphologie du conte (Propp, 1928) du folkloriste russe
Vladimir Propp, la sémiologie d'A.J. Greimas considère que la diversité drécits
est issue de la combinaison de composantes élémentaires. La nouveauté
consiste à détacher l'analyse du seul contenu narratif (l'histoire qui est
racontée), pour s'intéresser à la façon dont est organisé le récit lui-même,
indépendamment de ce qu'il véhicule. Cette démarche entretient alors des liens
étroits avec l'anthropologie de Claude Levi-Strauss et son analyse structurale
des mythes.
A ce propos A.J. Greimas souligne:
Le récit est le plus souvent fondé sur un schéma de quête: tel chevalier
doit terrasser un dragon, telle lessive va éliminer les tâches, tel parti
politique prétend résorber le chômage, etc. La cohérence du récit est
assurée par la récurrence de certains éléments de signification, les
isotopies. (Greimas, 1983, 55)
Greimas ne se contente pas d'étudier l'organisation apparente des récits, mais
cherche à comprendre son organisation sous-jacente, la genèse même du sens
(point fort de sa théorie) qui, à l'image d'un embryon, part d'éléments simples
(structures profondes) et passe par différentes transformations avant de se
manifester à nous (structures de surface). Greimas en a proposé un modèle
appelé « parcours génératif de la signification ». (Ibid., 70)
Au niveau des structures profondes se trouvent certaines valeurs élémentaires,
que l'on peut présenter sous forme d'un schéma : « carré sémiotique ».
(Ibid.,72)
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