« Lingua » ‒ Signe, mythe, grammaire et style dans l`œuvre de Carl

Klaus H. Kiefer
« Lingua » ‒ Signe, mythe, grammaire et style dans l’œuvre de Carl Einstein
Je crains que nous ne puissions nous défaire de Dieu, car nous avons encore foi
en la grammaire…
Ich fürchte, wir werden Gott nicht los, weil wir noch an die Grammatik glauben
Friedrich Nietzsche : Crépuscule des idoles / Götzen-Dämmerung
1. Crise du langage
Carl Einstein (1885-1940) s’intéresse très tôt aux problèmes linguistiques ce qui ne surprend pas puisque
dès la fin du siècle la « crise du langage » était dans l’air, soit qu’on s’inspire de Friedrich Nietzsche, de
Hugo von Hofmannsthal (la fameuse « Lettre de Lord Chandos » [« Ein Brief »]) ou de Fritz Mauthner,
soit qu’on éprouve le conflit de communication entre générations, l’explosion du savoir, l’avènement des
mass média etc. en personne.
1
La décadence des certitudes et des valeurs demanda des solutions
créatrices. Le chapitre III du roman de jeunesse de Carl Einstein, « Bébuquin ou les dilettantes du
miracle » (« Bebuquin oder Die Dilettanten des Wunders ») dont les quatre premiers chapitres furent
d’abord publiés en 1907 sous le titre de « Monsieur Giorgio Bébuquin » (« Herr Giorgio Bebuquin »),
2
contient un passage un peu paradoxal l’auteur conçoit déjà le problème du signe in nuce. Son porte-
parole est Nabuchodonosor (all. Nebukadnezar) Böhm. Celui-ci représente un intellectuel épicurien
(bohémien, d’où son nom), une sorte de mentor plus tard, on aurait peut-être dit « surmoi » de
Bébuquin ; il disparaît et renaît pourtant dans un vase de cognac, pareil au « Vase d’or » (« Der goldne
Topf ») d’E.T.A. Hoffmann.
3
Böhm critique tous ceux qui
n’ont jamais compris ce qu’est un bon tableau : c’est leur défaut. Ce sont des lycéens qui manquent de concentration et
qui n’arrivent donc jamais à dépasser ne serait-ce qu’un seul concept et c’est justement le concept que je nie. Le concept
est autant un non-sens que la chose. On ne se débarrasse jamais des combinaisons. Le concept veut aller vers les choses, et
moi, c’est exactement l’inverse que je veux. (B
W
, 23)
Diese Leute haben nie ein gutes Bild begriffen, [;] da steckt ihr Fehler. Das sind unkonzentrierte Gymnasiasten, die
deswegen über einen Begriff nicht herauskommen [hinauskommen] und gerade den leugne ich. Der Begriff ist gerade so
ein Nonsens wie die Sache. Man wird nie die Kombination los. Der Begriff will zu den Dingen, aber gerade das
Umgekehrte will ich. (BA 1, 21 ~ BA 1, 98)
Cet intérêt philosophique remonte aux années scolaires. Au lycée humaniste, Einstein (qui passa le bac en
1904) était fasciné par l’allégorie idéaliste de la caverne de Platon,
4
mais il faudra discuter plus tard si
* Remarque préliminaire : Je cite les traductions françaises des textes d’Einstein avant l’original, même si elles n’atteignent
que rarement la force du style « cubo-expressioniste » de l’auteur dont je garde aussi l’orthographe assez irrégulière. Les
lettres d’Einstein citées, souvent non ou seulement partiellement publiées, seront imprimées et commentées dans une édition
intégrale que je prépare ; je me contente ici d’indiquer les archives.
1
Cf. Antonius Weixler : Poetik des Transvisuellen. Carl Einsteins « écriture visionnaire » und die ästhetische Moderne, Berlin
et Boston : de Gruyter 2016 (spectrum Literaturwissenschaft, vol. 53), pp. 83 sqq.
2
J’attire l’attention sur la genèse simultanée du « Bébuquin » et des « Demoiselles d’Avignon » qui tous les deux s’approchent
de l’« art absolu » « s’approchent » puisque la peinture de Picasso, issue d’une anecdote de bordel, se fige à un certain
moment de l’abstraction (cf. Kiefer : « Mit dem Gürtel, mit dem Schleier... » – Semiotik der Enthüllung bei Schiller,
Fontane und Picasso, in : id. : Die Lust der Interpretation Praxisbeispiele von der Antike bis zur Gegenwart,
Baltmannsweiler: Schneider Hohengehren 2011, pp. 127-145) et le protagoniste einsteinien d’après Gottfried Benn (dans
une lettre à F. W. Oelze du 31 mai 1944) « avait encore pas mal de choses à faire » (trad
K
= « musste noch allerhand
betreiben » [CEM, 79]).
3
Einstein adore E.T.A. Hoffmann (cf. sa lettre à Tony Simon-Wolfskehl, 25 janvier 1923 [CEA, 389]) ; une allusion au
« Vase d’or » cf. BA 1, 106 = B
W
, 4 : « serpentina alco[h]olica » !
4
Le platonisme joue un rôle important dans l’œuvre entier d’Einstein, voir « Bébuquin », « Der unentwegte Platoniker » (trad
K
= « L’inébranlable Platonicien »), « BEB II » etc. La métaphysique Platonicienne « de haut en bas », donc déductive, est
responsable de son « terrible traumatisme de l’absolu » (B II, 19) ; Einstein, avec les paroles de Böhm (citées en haut), veut
créer une esthétique « de bas en haut » à partir des éléments et des sensations suivant Ernst Mach qui, pourtant, fut considéré
tout ce que l’autobiographe des années trente rappelle à propos du langage de l’enfant est authentique. De
toute façon, dans sa critique contemporaine du « Bébuquin », Kurt Hiller décrit l’auteur comme « un
jeune homme qui a absorbé la quintessence de l’état des choses spirituelles de son temps et qui veut
progresser » (trad
K
= « [ein] junger Kerl, welcher die Quintessenz des geistigen Tatbestands seiner Zeit
intus hat und weiter will » [CEM, 52] ; ill. 1).
Ill. 1 : Max Oppenheimer : Einstein, 1912
Il ne s’agit pas ici d’analyser tous les « cocktails de la spéculation » (BA 3, 181) ‒ et de l’alcool ‒ que les
protagonistes du roman dégustent à gogo.
5
Cependant, la citation de Böhm est bien nette. Böhm déteste
les déductions qui partent d’une idée abstraite ou d’un concept,
6
même s’il est défini de façon « claire et
distincte », car c’est par les mots et leur logique
7
que la civilisation s’impose. Böhm veut rebrousser
chemin et ‒ adepte d’Ernst Mach ‒ créer des « signes » à partir des choses, plus précisément des
éléments, des sensations. C’est pourquoi il préfère le « tableau » (« Bild »)
8
au « concept » (« Begriff »),
comme « philosophe » de l’impressionnisme. Des deux « solutions » de ce « problème », « totalité/monumentalité » ou
« primitivisme/cubisme », Einstein choisit la deuxième, son ami de jeunesse Arnold Waldschmidt la première. Celui-ci
(comme Arnold Breker) décora le Reichsluftfahrtministerium (Ministère de l’Aviation du Reich) à Berlin 1937 de reliefs.
5
La citation, il est vrai, ne se trouve que dans la suite du « Bébuquin » « Schweißfuß klagt gegen Pfurz in trüber Nacht » (~
« Pied infect se plaint de Pet dans la nuit sombre » [trad
K
], publié dans la revue « Front » [La Haye], décembre 1930, pp. 53-
61), mais déjà dans le premier roman les expressions analogues ne manquent pas : « On continuait à boire, l’alcool parlait
comme Dieu par la bouche des prophètes. » (B
W
, 43 = « Man trank weiter, der Alkohol redete wie Gott aus dem Munde des
Propheten. » [A 1, 107]) = Mais l’alcool n’est qu’« remède de dilettante » (B
W
, 39 = « Hier [Absinth] ein Mittel des
Dilettanten. » [BA 1, 105]).
6
Il faut tenir compte du fait que le jeune auteur philosophe n’est pas très exact dans sa terminologie.
7
C’est une illusion méthodologique de la linguistique que l’ensemble du lexique, de la syntaxe, de la grammaire etc. tout ce
que Ferdinand de Saussure appelle « la langue » soit vide de valeurs ; en bref : la linguistique camoufle une éthique.
8
La traduction de « Bild » par « tableau » cache une ambiguïté de l’allemand. « Bild » est plus vaste et implique l’image
linguistique, la métaphore ; pourtant, le poète Einstein déteste la métaphore, la paraphrase, l’anecdote. Béb veut devenir
« direct sans détour » (« direkt ohne Umweg » [B II, 40 ; cf. AWE, 12]). Donc hm (et avec lui le jeune auteur) commet
plus généralement les moyens d’expression de la peinture à ceux du langage, parce que les perceptions
optiques d’après Mach sont des « sensations » (« Empfindungen ») élémentaires.
Einstein est encore loin d’être le critique d’art qu’il sera plus tard, « une sorte de Caruso dans sa
spécialité » (trad
K
= « eine art Caruso in seiner spezialitaet » (Einstein, auto-ironique, à Ewald Wasmuth
1932 [DLA]), et les tableaux qu’il connaît ne sont pas encore de nature « cubiste » (cf. BA 1, 81, 93, 99).
9
Böhm, d’un ton professoral, déplore la circularité de « chose » et « concept », « Sache » et « Begriff »,
qui sont « combinés », pendant qu’en même temps Ferdinand de Saussure se concentre sur le signe
linguistique dont les deux éléments, « concept » et « image acoustique », seraient « intimement uni et
s’appellent l’un l’autre ».
10
Le dadaïste Hugo Ball pour qui « Bébuquin » était « déterminant »
11
découvre
le « jeu » entre « chose » et « concept » d’où résulte parallèlement l’idée de l’arbitrarité chez Ferdinand
de Saussure: « Pourquoi l’arbre ne peut pas s’appeler Pluplusch, et Pluplubasch, s’il a plu ? Et pourquoi
faut-il qu’il ‘s’appelle’ absolument ? » (trad
K
= « Warum kann der Baum nicht Pluplusch heißen, und
Pluplubasch, wenn es geregnet hat? Und warum muß er überhaupt etwas heißen? »)
12
Malheureusement,
ni le mystique Ball, ni plus tard les écrivains surréalistes n’avaient de compétence théorique.
13
Ceci n’est
pas une critique, mais un fait et un problème méthodologique. Les créateurs sont des « essayistes » au
sens littéraire du terme. L’interprète qui explique et corrige arrive toujours post festum.
2. Evolution ‒ révolution ‒ destruction
Au cours de la Grande Guerre et la révolution de Berlin, Einstein ne réfléchit pas sur le langage qui lui
sert d’instrument politique et satirique. Passons son rôle Bruxellois au conseil des soldats (Soldatenrat)
lesquels il incite à la révolte du haut d’un balcon de l’Hôtel de Ville ; Max Ernst en était le témoin.
14
Peu
de temps après, Einstein tint une oraison funèbre, jugée rien d’étonnant agressive par la presse
libérale et de droite, à l’enterrement de Rosa Luxemburg (ill. 2).
15
Il édite avec George Grosz la revue
révolutionnaire « Le Sérieux sanglant » (trad
K
= « Der blutige Ernst ») qui « fouette les parasites [de la
guerre et de l’après-guerre] jusqu’au sang » (trad
K
= « peitscht die Schädlichen bis aufs Blut » [W 2,
392] ; ill. 3).
une erreur logico-grammaticale de mettre l’objet concret « le tableau » au me niveau que l’abstrait « le concept ». Ce
n’est que plus tard qu’Einstein va exploiter la flexibilité poétique du langage.
9
Bien sûr, les signes iconiques fonctionnent de la même façon dans toutes périodes, mais l’art non-imitatif intensifie la
conscience de leur fonctionnement.
10
Ferdinand de Saussure : Cours de linguistique générale, éd. par Charles Bally et Albert Sèchehaye, édition critique préparée
par Tullio Mauro, Paris : Payot 1976 (Payothèque), p. 99.
11
Cf. Hugo Ball : La fuite hors du temps. Journal 1913-1921. Préface de Hermann Hesse, trad. par Sabine Wolf, Monaco :
Editions du Rocher 1993, p. 39 : « ‘Les Dilettantes du miracle’ de Carl Einstein indiquaient la voie. » (= Die Flucht aus der
Zeit, Luzern : Josef Stocker 1946, p. 13 : « Carl Einsteins ‘Die Dilettanten des Wunders’ bezeichneten die Richtung. »).
12
Ball : Eröffnungs-Manifest, 1. Dada-Abend, Zürich, 14. Juli 1916, in : Dada Zürich. Texte, Manifeste, Dokumente, éd. par
Karl Riha et Waltraud Wende-Hohenberger, Stuttgart : Reclam 1992 (RUB 8650), p. 30 ;cf. Kiefer : Spül müt mür! ‒ Dadas
Wort-Spiele, in : id. : Die Lust der Interpretation, pp. 177 sqq.
13
C’est le paradoxe de Raphaëlle Hérout (L’imaginaire linguistique du surréalisme, in : wp/wp-
content/uploads/2016/12/Imaginaire-linguistique-HEROUT.pdf, pp. 1-18) de vouloir construire une théorie linguistique du
surréalisme volutionnaire en partant de déclarations de bonne volonté sans peu de pratique, en particulier chez Breton. Je
la cite : « ‘Qu’est-ce qui me retient de brouiller l’ordre des mots, d’attenter de cette manière à l’existence toute apparente des
choses !’ demande Breton, tout en précisant qu’il maîtrise parfaitement la syntaxe. » (p. 10).
14
Cf. Werner Spieß : Max Ernst. Les Collages, inventaire et contradictions, trad. par Eliane Kaufholz, Paris : Gallimard 1984,
p. 23 : « Dans la seconde semaine de novembre, à Bruxelles, il avait pu entendre un discours prononcé par Carl Einstein sur
la Grand-Place : ‘Losqu’il eut fini j’allai vers lui et lui serrai la main’. » (ibid., p. 460, note 126 : « Déclaration faite à
l’auteur. »).
15
Cf. Dirk Heißerer : Einsteins Verhaftung. Materialien zum Scheitern eines revolutionären Programms in Berlin und Bayern
1919, in : Archiv für die Geschichte des Widerstands und der Arbeit, n° 12 (1992), pp. 41-77, ici p. 53.
Ill. 2 : Acht-Uhr-Abendblatt (Berlin), 13 juin 1919
Ill. 3 : Carl Einstein u. Georges Grosz : Der blutige Ernst, 1919
Après la défaite de Spartakus, Einstein poursuit sa carrière d’écrivain et de critique d’art et élabore en peu
de temps deux principes fondamentaux:
(1) La découverte de la sculpture nègre et l’avènement du cubisme qu’il observe de tout près le
convainc que l’artiste n’est pas obligé d’imiter, mais qu’il est libre de créer : « Répéter ou inventer il
fallait se décider. » (K 3
MS
, 95 = « Wiederholung oder Erfindung man wollte sich entscheiden. » [K 1,
56]). C’est ce que Guillaume Apollinaire avait proclamé depuis longtemps. Le soutien qu’Einstein
apportr à l’avant-garde atteint pourtant des dimensions philosophiques ; il crée une véritable utopie de
l’homme créateur. Fini donc toute métaphysique soit platonicienne, soit judéo-chrétienne qui pourtant
hantent Einstein et ses protagonistes, car comment remplir l’énorme vide que les dieux et les idées
absolues ont délaissé ? Dans sa fameuse lettre à Daniel-Henry Kahnweiler en 1923 dont il voulait se
servir comme manifeste plus tard intention bloquée par le premier manifeste du surréalisme, Einstein
(ill. 4)
16
‒ constate :
[…] des histoires comme la perte de la parole, ou la dissolution d’une personne, ou bien la désunification [dissociation] du
sentiment du temps. C’est-à-dire, pour commencer, des thèmes simples […] C’est que j’avais commencé de faire, en 1906,
dans « Bebuquin », d’une façon incertaine et timide. Les travaux des « cubistes » m’avaient confirdans l’idée qu’il est
possible d’apporter des transformations dans les nuances de la sensation ; c’est probablement, en dépit de tous les discours,
la seule chose intéressante. (EKC
M
, 49)
[…] Geschichten wie, Verlieren der Sprache, oder Auflösung einer Person, oder Veruneinigung [sic] des Zeitgefühls. Also
zunächst mal einfache Themen […]. Solche Dinge hatte ich im Bebuquin 1906 unsicher und zaghaft begonnen. Die
Arbeiten der « Kubisten » waren mir eine Bestätigung, dass eine Umnüancierung der Empfindung möglich ist:
wahrscheinlich trotz allen Geredes, das einzig interessante. (EKC, 140)
Ill. 4 : Lettre à Daniel-Henry Kahnweiler (« Kahnweilerbrief »), retouchée après 1924
« La perte de la parole » fait bien sûr allusion à Lord Chandos et la « dissolution d’une personne » à Ernst
Mach (« Le moi ne peut être sauvé. » = « Das Ich ist unrettbar. »),
17
mais je limite mon commentaire
provisoire à ce mot bizarre de « désunification » (Veruneinigung ») qui en allemand non plus n’est pas du
16
Les additions manuscrites significatives sont : au-dessus de ligne 2 : « et son fond subconscient » et en bas de la page :
« Réalisme surréaliste spirituelle [sic] » ; cf. Kiefer : Carl Einsteins Briefe Stilistik und Philologie, communication pour
Carl-Einstein-Kolloquium, Karlsruhe : Carl Einstein Re-Visited : L’actualité de sa langue, de sa prose et de sa critique d’art /
Die Aktualität seiner Sprache, Prosa und Kunstkritik, 2 vrier 2017, Museum für Literatur am Oberrhein u. 3- 4 février,
Zentrum für Kunst und Medien.
17
Ernst Mach : L’analyse des sensations. Rapport du physique au psychique, trad. par F. Eggers et J.-M. Monnoyer, mes :
Jacqueline Chambon 1996, p. 27 = Die Analyse der Empfindungen und das Verhältnis des Physischen zum Psychischen.
Mit einem Nachwort v. Gereon Wolters, Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft 1985 (1
ière
éd. 1886), p. 20.
Einstein se déclare assez proche d’Ernst Mach (EKC, 144), mais il continue : « [Mach] ne prend pas du tout la langue en
considération. Et c’est justement parce que tout commence avec la langue que je voulais écrire l’histoire d’un homme, et
certes pas celle d’un ‘intellectuel’, qui ressent, face à ses expériences, la langue morte comme quelque chose qui tue
vraiment. » (EKC
M
, 54 = « [Mach, der] garnicht die Sprache in Betracht zieht. Und gerade weil die Sache bei der Sprache
anfängt, wollte ich die Geschichte eines Mannes schreiben und zwar keines ‘Intellektuellen’, der die tote Sprache wie eine
wirklich tötende Sache empfindet gegenüber seinen Erlebnissen. » [EKC, 144]).
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