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 Dossier (suite) 
Silence, on livre !
Depuis un an, des distributeurs et des transporteurs ont mené, au sein du Club Déméter 
Environnement et Logistique, des expérimentations en partenariat avec la région  
Île-de-France pour favoriser des livraisons plus silencieuses. En voici le premier bilan.
Réduire  les  nuisances  so-
nores  liées  aux  livraisons 
urbaines.  L’enjeu  est  de 
taille,  tant  pour  les  dis-
tributeurs,  en  proie  aux  récrimi-
nations des riverains, que pour les 
transporteurs,  souvent  accusés  de 
tous les maux. Une problématique 
particulièrement sensible en Île-de-
France : avec 1 million de livraisons 
et  enlèvements  par  jour,  la  région 
concentre 12 % des trafics de mar-
chandises de la France entière pour 
pouvoir  assurer  les  livraisons  de 
quelque 700.000 établissements.
Pour  tenter  de  trouver  des  solu-
tions économiquement viables et en-
vironnementalement  satisfaisantes, 
le Club Déméter Environnement et 
Logistique,  qui  réunit  des  acteurs 
privés et  publics de la  chaîne logis-
tique  globale,  a  lancé  une  expéri-
mentation  grandeur  nature  depuis 
le début 2009 sur la diminution des 
nuisances  sonores,  en  collaboration 
avec des prestataires logistiques, des 
fabricants  de  matériels  et  des  dis-
tributeurs.  Une  initiative  appuyée 
par la région Île-de-France, qui a en 
charge la révision du plan de dépla-
cement urbain (PDUIF).
Dans  l’approvisionnement  des 
11 millions de Franciliens, le « der-
LA PLUPART DES OPÉ
RATEURS ONT FAIT EN 
SORTE DE SE DOTER  
DE VÉHICULES RÉPON
DANT AUX NORMES 
EURO SUR LES  
REJETS POLLUANTS.
Gilles ROlle/ReA
JupiteRimAGes
TNT,  LEADER  du  trans-
port  express  aux  en-
treprises, émet chaque 
année  des  milliers 
de  tonnes  de  CO2. 
Consciente  de  sa  res-
ponsabilité,  l’entre-
prise  a  annoncé,  en 
décembre dernier, vou-
loir devenir le premier 
transporteur  «  car-
bone neutre » au monde. Pour atteindre cet objectif 
ambitieux, l’entreprise investit dans des solutions de 
livraisons  urbaines  propres.  Déjà  utilisé  dans  huit 
villes françaises (Lyon, Bordeaux, Saint-Étienne, Di-
jon, Nancy, Rouen, Grenoble et Valence), TNT teste, 
depuis le 12 janvier, un système de livraisons du cen-
tre-ville de Paris par triporteurs, baptisés Maxitrike. 
Ce service, qui a déjà fait ses preuves que ce soit en 
termes de fiabilité, d’ecacité, de qualité de service et 
d’image, ne concerne pour débuter que les colis à des-
tination du IIIe et IVe arrondissements, mais s’étendra 
progressivement  au  cœur  de  Paris  pour  concerner 
quatre arrondissements en juin. Déjà 4.000 colis par 
mois  sont livrés  avec  ces quatre  triporteurs  dont  le 
nombre devrait  tripler d’ici  l’été. Outre un  avantage 
écologique, il permet à TNT de répondre aux impé-
ratifs de réduction du bruit et des polluants, tout en 
anticipant les réglementations de plus en plus strictes 
pour la livraison des centres urbains. Au moins trois 
autres villes devraient suivre d’ici l’été. B. D.
PIONNIER  des  livraisons  propres  en  centre-ville 
dès  1998,  Chronopost  étoffe  son  équipement 
en  véhicules  électriques  pour  la  livraison  ur-
baine avec quatre Chrono Van. Ces nouvelles ca-
mionnettes électriques G3 de la marque Goupil, 
mieux adaptées  aux  contraintes  de  la  livraison 
urbaine  avec  une  capacité  d’emport  augmen-
tée,  s’ajoutent  aux  treize  véhicules  électriques, 
aux trois fourgons fonctionnant au gaz naturel 
et  aux  deux  Chrono  Trolley  déjà  existants  au 
sein de l’ELU (Espace de livraison urbaine) de 
la  Concorde.  Chronopost  compte  ainsi  réduire 
l’impact causé par son activité dans les villes, en 
matière de bruit, d’encombrement ou de pollu-
tion atmosphérique.  Entre 2006  et 2008, l’ex-
ploitation  des  véhicules  électriques  de  l’ELU 
Concorde a permis une réduction des gaz à effet 
de serre de 54 % pour les véhicules de ce site. 
Par ailleurs, Chronopost va remplacer les hor-
loges existantes sur ses onze sites d’Île-de-France 
par des horloges astronomiques, tenant compte 
de l’heure exacte du lever et du coucher du soleil 
ainsi que des horaires hiver-été. Des détecteurs 
crépusculaires, de présence ou de passage seront 
installés et les ampoules à incandescence rem-
placées  par  des  modèles  basse  consommation. 
L’ensemble  de  ces  solutions  doit  permettre  de 
gagner de 2 à 9 heures d’éclairage par jour dans 
les  zones  intérieures  et  3  heures  en  moyenne 
pour les éclairages extérieurs. 
B. D.
Des livraisons zéro 
CO2 dans Paris avec 
les triporteurs TNT
Chronopost étoe 
son parc de véhicules 
électriques
de  manutention  également  label-
lisés  PIEK.  Pendant  six  semaines, 
les  livraisons  ont  été  réalisées  aux 
alentours de 1 heure du matin et en-
tre 4 heures et 5 heures, permettant 
ainsi de tester ces créneaux horaires 
et l’organisation logistique adéqua-
te. Pour Casino, le test a également 
porté  sur  des  livraisons  dans  trois 
magasins  de  Paris  et  de  la  proche 
banlieue, sur deux créneaux : soirée 
(20  heures-21 h 30)  et  tôt  le  matin 
(7  heures-7 h 30),  là  aussi  avec  des 
véhicules PIEK. Pour l’enseigne de 
distribution,  l’ob-
jectif  de  cette  expé-
rimentation  était  la 
migration  définitive 
vers une nouvelle or-
ganisation.
Les  premiers  en-
seignements  sont 
positifs  :  camions 
et  moyens  de  ma-
nutention  plus  si-
lencieux  et  moins 
polluants,  organi-
sation des points de réception des 
marchandises  permettant  une 
meilleure  productivité,  réduction 
de  la  congestion  des  zones  urbai-
nes  et  augmentation  des  charges 
transportées par kilomètre parcou-
ru. Bref, « il nous faut maintenant 
passer  de  la  volonté  d’expérimen-
ter à celle de faire et de déployer », 
arme Didier Thibaud, président 
du Club Déméter. Mais là, c’est une 
autre histoire. 
BÉATRICE DELAMOTTE
DR
nier  kilomètre  »  concentre  l’es-
sentiel  des  problématiques.  Cette 
partie  urbaine,  essentiellement 
eectuée  en  mode  routier, impose 
d’optimiser  la  répartition  des  flux 
dans  le  temps,  ainsi  que  les  émis-
sions de gaz à eet de serre. La plu-
part des opérateurs (transporteurs 
et distributeurs) ont déjà fait l’eort 
financier  nécessaire  pour  se  doter 
de  véhicules  répondant  aux  nor-
mes EURO sur les rejets polluants, 
aménager  l’intérieur  des  camions 
avec des revêtements amortisseurs 
de  bruit,  équiper 
les  véhicules  de 
phares  à  base  de 
LED  et  former  les 
chauffeurs-livreurs 
à la conduite éco-ci-
toyenne.  De  même, 
les  nouveaux  revê-
tements  de  voirie 
absorbent  de  mieux 
en  mieux  le  bruit. 
Un  ensemble  de 
mesures qui concer-
ne toute la chaîne du silence, pour 
laquelle  existe  désormais  un  label 
(PIEK), inspiré de l’expérience des 
Néerlandais.
Deux membres du Club Déméter 
ont participé à ces expériences pilo-
tes : LR Services et Casino. Pour le 
prestataire  des  restaurants  McDo-
nald’s, l’expérimentation a porté sur 
l’approvisionnement  de  trois  éta-
blissements parisiens par des semi-
remorques  PIEK  avec  des  moyens 
UN OUTIL POUR CALCULER  
L’ÉCO-PERFORMANCE
Le projet « Supply Chain Meter » vient enfin d’être finalisé. Après 
dix-huit mois de travaux menés sous la direction de Thierry Jouenne, 
professeur associé au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), 
cet outil regroupe les indicateurs clés de la performance éco-logistique 
et a été ociellement lancé le 11 février. Plus qu’un nouvel outil d’éva-
luation, c’est toute une démarche d’amélioration continue que propose 
Supply Chain Meter. Elle entend répondre à une demande persistante 
de l’industrie de disposer d’indicateurs communs pour améliorer la per-
formance logistique globale. Or, le sujet n’est pas simple, tant la supply 
chain est un système complexe dont il est dicile d’aligner les objectifs 
et les mesures du fait de la diversité et de la multiplicité des acteurs, 
des flux, des produits et des services.
Accessible via Internet, le référentiel Supply 
Chain Meter se présente comme un concentré 
d’expertise et d’innovation conçu pour toutes 
les entreprises. Évolutif, il s’inscrit dans 
une démarche d’amélioration continue. 
Pour les concepteurs du projet, il était impor-
tant d’avoir la vision d’une chaîne logistique fia-
ble, eciente et réactive, dont les performances 
puissent être facilement mesurées et traduites en 
termes économiques et écologiques. Supply Chain 
Meter permet de « matérialiser » deux chaînes de 
performances, l’une opérationnelle, l’autre fonc-
tionnelle, afin d’avoir une vision d’ensemble des 
indicateurs répartis tout au long de la chaîne. 
Ses concepteurs estiment que cet outil per-
mettra de faciliter le dialogue, d’aligner les 
objectifs de performance et d’améliorer le 
volume d’aaires et la rentabilité de tous  
les acteurs de la supply chain. 
B. D.
Un triporteur de la société La Petite Reine,  
spécialiste du transport terminal intra- 
urbain de marchandises pour compte d’autrui.
DR
Thierry Jouenne,  
professeur associé au Cnam.
La logistique 
durable 
est en 
marche