REPUBLIQUE DU BENIN ¤¤¤¤¤¤¤¤¤ MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤ UNIVERSITE D’ABOMEY-CAL AVI ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤ FA C UL T E D ES S CI E N C ES E C ON OM IQ U ES ET D E G ES T IO N ( FAS EG ) ¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤ Option : SCIENCES ECONOMIQUES MEMOIRE DE MAITRISE ES-SCIENCES ECONOMIQUES THEME : EFFETS DES POLITIQUES AGRICOLES SUR L’OFFRE DE RIZ LOCAL AU BENIN, CAS DU DEPARTEMENT DES COLLINES. Présenté et Soutenu par : MONTCHO Cocou Muriel Dorian Sous la Direction de : Dr Yves B. QUENUM Ir. Msc. Patrice Y. ADEGBOLA & Chef Programme Analyse de la Maître Assistant Politique Agricole JUILLET 2010 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Certification Je soussigné Yves B. QUENUM Maître-assistant des sciences économiques à la FASEG/UAC certifie que ce mémoire a été entièrement réalisé par Cocou Muriel Dorian MONTCHO sous ma supervision. En foi de quoi cette autorisation tient lieu d’autorisation de dépôt. Le directeur de mémoire Dr. Yves Bonaventure QUENUM. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian ii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines La FASEG/ UAC n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian iii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines A Mes parents, Denise et Pierre -Claver Que Dieu vous bénisse. Amen A Mes frères Perrian et Maurianne, Que ce travail soit pour vous un stimulant dans vos études Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian iv Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines REMERCIEMENTS Le présent travail est le fruit résultant de l’effort conjugué et de la franche collaboration de plusieurs personnes envers qui nous tenons à témoigner toute notre sincère gratitude. Nous tenons particulièrement à remercier : Docteur QUENUM Bonaventure Yves, pour sa disponibilité permanente malgré ses multiples occupations. Qu’il retrouve ici nos sincères reconnaissances. Monsieur ADEGBOLA Patrice, chef du Programme Analyse de la Politique Agricole qui depuis le choix du thème jusqu’à la rédaction du mémoire, n’a cessé de nous faire parvenir des documents, des suggestions, et des remarques malgré ses nombreuses occupations. Qu’il reçoive ici l’expression de nos profondes gratitudes. Messieurs ADEKAMBI Souleïmane et ZINSOU Jacques qui n’ont pas marchandé leur franche collaboration et leur disponibilité avec nous tout au long de ce travail. Messieurs SODJINOU Epiphane, AGOGNON Gérald, HOUNDEKON Victorin pour tout leur soutien et leurs conseils. Mesdames ATCHOUKPE Béatrice, GNANGNON Alice, HOUNKPONOU Jeanne pour leur contribution. Messieurs HINNOU Léonard, SOSSOU Hervé, OLOU Dénis, pour leur soutien moral et leurs sages conseils. Messieurs ABOUE Antoine, ADJIBI Lassissi, AKIYO Alain, MONSIA Idelphonse, ZODOME Gildas pour leur collaboration au cours de la recherche d’informations à Glazoué et au PPMA. L’ensemble du corps professoral de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestions de l’Université d’Abomey Calavi (FASEG/UAC). Les camarades étudiants et ceux de la promotion 2007 et 2008 de l’option économie. Mes oncles et leurs épouses Et tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian v Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ACP : Afrique Caraïbes Pacifique ADRAO : Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (devenu le Centre de Riz pour l’Afrique) b: système de deuxième saison BDF : Banque De France c= indice de la culture ; c= {1, 2, 3, 4, 5, 6} Ca : demande de consommation du ménage en produits agricoles CARDER : Centre d’Action Régional pour le Développement Rural ccredk(k) : coût de crédit engrais ccredn (s, n) : coût du crédit semences CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CeCPA : Centre Communal pour la Promotion Agricole CeRPA : Centre Régional pour la Promotion Agricole CES : Constant Elasticity of Substitution CENUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement CI : demande de loisir du ménage ck(k) : coût d’achat de l’engrais Cm : demande de consommation du ménage en produits manufacturiers Cm( c): estimation du besoin alimentaire du ménage par an. cn(s, n) : coût d’achat de la semence par système et par variété coef (s, k) : le besoin en engrais pour un hectare comec (t) : coût supporter par le producteur pour labourer à la machine. CPV : Contrôleur de la Production Végétale d: système de première saison demec(t) : le temps total que la machine a passé dans l’exploitation denali : dépenses non alimentaires du ménage Depali : dépenses alimentaire du ménage dig (g) : disponibilité des terres. dim(m) : la disponibilité de la machine sur l’exploitation dk : la quantité d’engrais demandée, dk1(k) : quantité d’engrais acheté à crédit dn(n) : quantité de semences demandée dn1(n) : quantité de semence demandée à crédit DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective E: temps total dont dispose le ménage Ecartrev : écart entre les revenus des activités non agricoles et les dépenses non agricoles FAO Food and Agriculture Organization FCFA : : Franc de la Communauté Financière en Afrique Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian vi Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines FMI : Fonds Monétaire Internationnal FOB: Free On Board G: fonction de production du bien agricole par le ménage g: type de Terre GAMS: General Algebraic Modeling System GTZ: Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit Id : volume du facteur travail demandé par le ménage INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du Bénin INSAE : Institut National des Statistiques et d’Analyse Economiques Is : volume du facteur travail offert par le ménage k: indice de l’engrais ; k= {1, 2} lab(s, t) : besoin de main d’œuvre en équivalent Hommes-heures par périodes de l’année et par système. lf(t) : quantité de la main d’œuvre familiale disponible dans le ménage ls(t) : quantité de la main d’œuvre salariée par période t m: le type de travail (manuel ou mécanique) ; m= {1, 2}. MAEP : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche MCA : Millennium Challenge Account meca (s, t) : temps nécessaire pour labourer un hectare par système et par période n: variétés de la semence ; n= {1, 2, 3} NERICA : New Rice for Africa NPF : Nation la plus favorisée NPK : Azote, Phosphore et Potassium OBAR : Office Béninois d’Aménagement Rural OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique OCM : Organisations Commune de marchés odepali : autres dépenses alimentaires du ménage OMC : Organisation Mondiale du Commerce ONASA : Office Nationale de la Sécurité Alimentaire ONG Organisation Non Gouvernementale : P= prix de vente de la production Pa : prix du bien agricole sur le marché PAU : Politique Agricole de l’UEMOA PAPA : Programme Analyse de la Politique Agricole Pi ( c)= prix au producteur de la culture c Pi( c) prix de vente par culture c PIB: Produit Intérieur Brut Pm : prix du bien manufacturier sur le marché Pm( c) : prix du marché par culture PPMA : Programme Politique de Mécanisation Agricole PSRSA : Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian vii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines PSSA: Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire PUASA : Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire Px : prix du marché du facteur variable X Q= quantité produite Qa : volume de la production agricole offerte par le ménage Qi( c) : quantité offerte par le producteur par culture c Ragr = revenu agricole REDAD : Réseau de Développement de l’Agriculture Durable rend(s, c) : rendement par système de culture. Rnagr : revenu non agricole du ménage estimé à partir des statistiques de l’INSAE(2004) SADEVO : Société d’Aménagement de la Vallée de l’Ouémé sal(t) : estimation du taux de salaire horaire par période, SAR : Système d’Alerte Rapide SONIAH : Société National d’Irrigation et d’Aménagements Hydro-agricoles t: périodes de l’année. TEC : Tarif Extérieur Commun tpl(s, m) : le type de travail par opération culturale par système de production tpl(s, m) : le type de travail par opération culturale par système de production trf : montant des transferts reçus par le ménage TSPV: Technicien Supérieur de la Production Végétale typ (b, g) : cultures de deuxième saison en fonction du type de terre typ (d, g) : cultures de première saison en fonction du type de terre U: fonction d’utilité du ménage UE : Union Européenne UAC : Université d’Abomey-Calavi UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine var(s, n) : besoin en semences de l’exploitation W= prix des différents intrants utilisés w: le taux d’intérêt du crédit W: taux de salaire X= quantités des différents intrants utilisés X: demande du facteur variable de production (autre que le travail) par le ménage x: superficie emblavée x(s) : la superficie emblavée par système de culture dans l’exploitation. Z= facteurs fixes ou facteurs exogènes. Zh : vecteur des caractéristiques du ménage en tant que consommateur Zq : vecteur des caractéristiques du ménage en tant que producteur Π= profits Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian viii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS.................................................................................................................................... V LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ................................................................................................... VI TABLE DES MATIERES ........................................................................................................................... IX LISTE DES TABLEAUX ............................................................................................................................ XI LISTE DES FIGURES ............................................................................................................................... XII RESUME ................................................................................................................................................ XIII INTRODUCTION .................................................................................................................................... 12 CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE ................................................................................................... 14 1.1. 1.1.1. PROBLEMATIQUE .................................................................................................................. 14 Problème et intérêt de l’étude ......................................................................................................... 14 1.1.2. Objectifs Poursuivis. ......................................................................................................................... 16 1.1.3. Hypothèses de recherche ................................................................................................................. 17 1.2. 1.2.1. REVUE DE LA LITTERATURE ............................................................................................... 17 Effets des politiques macroéconomiques sur l’offre des céréales et du riz ....................................... 18 1.2.2. Effets des politiques sectorielles sur l’offre des céréales et du riz..................................................... 22 1.2.3. Revue des travaux sur l’analyse des réponses de l’offre aux politiques économiques ...................... 27 • Sur les effets des politiques de prix sur l’offre de riz (H1) ................................................................. 27 • Sur les effets des politiques de subvention d’intrants sur l’offre (H2) .............................................. 28 • 1.2.4. Sur l’impact de la mécanisation sur la production agricole (H3) ....................................................... 28 Revue des méthodes utilisées dans la littérature ............................................................................. 29 • Sur les effets des politiques de prix sur l’offre de riz (H1) ................................................................. 29 • Sur les effets des politiques de subvention d’intrants sur l’offre (H2) .............................................. 32 • 1.2.5. Pour mesurer les effets de la mécanisation sur l’offre de produits agricoles (H3) ............................ 33 Définitions de quelques concepts ..................................................................................................... 33 CHAPITRE 2: METHODOLOGIE ......................................................................................................... 39 2.1. 2.1.1. COLLECTE DES DONNEES ................................................................................................... 39 Justification de la zone d’étude ........................................................................................................ 39 2.1.2. Unité de recherche et mode d’échantillonnage ................................................................................ 39 2.1.3. Outils de collecte des données ......................................................................................................... 40 2.1.4. Les limites des données collectées ................................................................................................... 41 2.2. 2.2.1. LES INSTRUMENTS D’ANALYSES ....................................................................................... 41 Les méthodes d’analyses .................................................................................................................. 41 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian ix Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 2.2.2. Spécification du modèle ................................................................................................................... 42 CHAPITRE 3 : LES EXPLOITATIONS DE SOWE ET DE ............................................................... 49 3.1. PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE.............................................................................. 49 3.2. TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS ...................................................................................... 51 CHAPITRE 4: LES EFFETS DES POLITIQUES SUR ..................................................................... 59 4.1. 4.1.1. VALIDATION DU MODELE DE BASE .................................................................................... 59 Les cultures de l’exploitation ............................................................................................................ 59 4.1.2. La superficie emblavée par culture ................................................................................................... 59 4.2. 4.2.1. ANALYSE DE L’OFFRE DU RIZ ............................................................................................. 61 La réaction de l’offre face aux variations du prix de vente................................................................ 61 4.2.2. La réponse de l’offre de riz aux variations du prix des intrants ......................................................... 62 4.2.2.1. La demande d’engrais ....................................................................................................................... 62 4.2.2.2. L’offre de riz en réponse au prix d’intrants ...................................................................................... 63 4.2.3. L’effet de la mécanisation sur la production ..................................................................................... 64 4.2.4. Le choix des politiques...................................................................................................................... 66 4.2.4.1. Effets d’une variation du prix des autres biens produits sur la production du riz .......................... 66 4.2.4.2. Effets d’une variation du prix de vente bord-champ et d’une variation du prix des intrants agricoles .......................................................................................................................................................... 67 4.2.4.3. Effets d’une variation du prix de vente bord-champ avec une politique de mécanisation agricole. . ........................................................................................................................................................... 68 4.2.4.4. Effets d’une variation du prix de vente bord-champ, d’une subvention et d’une mécanisation ... 69 4.2.4.5. Effets d’une politique de crédit intrant sur la production de riz ..................................................... 69 4.2.4.6. Le PUASA et ses effets sur la production optimale de riz locale ................................................. 70 4.2.4.7. Analyse de la décision du producteur d’utiliser la machine. ........................................................... 72 4.2.4.8. Analyse du prix de vente ................................................................................................................... 73 4.2.4.9. Effet d’une subvention d’intrants si le producteur de riz doit vendre le riz à 140 FCFA. ................ 74 4.3. IMPLICATIONS ........................................................................................................................ 76 4.3.1. Implications économiques de l’étude ............................................................................................... 76 4.3.2. Implications en termes de développement local ............................................................................. 76 4.3.3. Suggestions et recommandations ..................................................................................................... 77 CONCLUSION....................................................................................................................................... 80 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : ..................................................................................................... 82 LES SITES INTERNET VISITES ............................................................................................................... 86 ANNEXES ............................................................................................................................................... 87 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian x Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Liste des tableaux Tableau Titre Pages 1. solde vivriers en riz de 1992 à 2006 15 2. les différentes données collectées. 40 3. les systèmes de culture rencontrés 52 4. coefficients techniques de production par système (1) 53 5. coefficients techniques de production par système (2) 53 6. coefficients techniques de production par système (3) 53 7. coefficients techniques de production par système (4) 53 8. coefficients techniques de production par système (5) 53 9. coefficients techniques de production par système (6) 54 10. calendrier agricole de Sowé et de Ouédémé 57 11. les différentes options existantes dans le milieu 58 12. les cultures optimales 59 13. les différents systèmes retenus 60 14. quantité produite pour un prix de vente de 140 FCFA 61 15. quantité produite pour un prix de vente de 200 FCFA 62 16. demande d’intrants 63 17. quantité produite en réponse à la variation du prix de l’intrant 63 18. les quantités obtenues après la mécanisation 64 19. réponses de l’offre à la mécanisation 65 20. réactions de l’offre de riz à une variation du prix de vente des autres produits 67 21. quantités produites par culture suite à une augmentation du prix de vente à 200 FCFA simultanément à une variation des prix des intrants agricoles 67 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian xi Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 22. effets d’une augmentation du prix de vente bord-champ avec mécanisation 68 23. effets de la variation du prix et de la mécanisation sur la production 69 24. les effets du PUASA sur la production 71 25. choix entre la mécanisation du labour et le labour manuel 72 26. choix entre la production de la variété NERICA et les variétés traditionnelles 74 27. choix des variétés à produire après une subvention des intrants 75 28. coût des opérations culturales du riz 76 Liste des figures Figure Titre 1 Evolution de la demande nationale en riz de 2001 à 2015 14 2 Modèle de fonctionnement d’une exploitation agricole 38 3 Carte de Glazoué (vue par satellite) 50 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian Pages xii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines RESUME Apprécié pour ces qualités culinaires, le riz a pris une grande importance dans l’alimentation des ménages au Bénin. Cependant, la production locale ne couvre que 72,24% du besoin interne en riz du pays. Le solde vivrier en riz est structurellement déficitaire depuis plus d’une décennie malgré les politiques et les mesures qui sont prises pour accroître la production locale et réduire la dépendance rizicole du pays vis-à-vis de l’extérieur. Il convient de rechercher les raisons pour lesquelles la production locale ne répond pas aux incitations des mesures de politiques économiques. C’est dans cette optique que cette étude se propose d’analyser les effets des politiques agricoles sur l’offre de riz des exploitations agricoles afin d’identifier les politiques incitatrices de l’offre de riz locale dans le département des Collines au Bénin. Pour ce faire, un programme mathématique des ménages paysans à partir de données d’exploitation a été utilisé. Des simulations de politiques ont permis d’analyser l’effet de politiques agricoles sur l’offre des ménages. Au terme de l’analyse, nous avons suggérer que pour accroître l’offre de riz, il faudra que le prix de vente bord-champ du riz local fixé soit compris entre 200 à 250 FCFA. Nous avons aussi suggéré que le producteur supporte les coûts de la mécanisation à hauteur de 10 000 FCFA/ha labouré. Nous avons proposé enfin qu’il y ait un suivi effectif des producteurs pour éviter le détournement des crédits-intrants et des subventions d’engrais spécifiques au riz vers d’autres cultures. Mots clés : riz local, politique agricole, système d’exploitation agricole, exploitation agricole, model de ménage paysan. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian xiii Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Introduction Au Bénin, l’agriculture représente à elle seule 70,2% des exportations, elle contribue à 35% à la formation du PIB et occupe 54% de la population active agricole (BDF, 2002 cité par Adékambi, 2005). En dépit de son importance pour l’économie nationale, elle est caractérisée par une faible productivité (Ministère du Plan, 2000 cité par Adidehou, 2004). Cette faiblesse des productivités du secteur est essentiellement causée par la baisse de la fertilité des terres et la faible utilisation de fumure (Adégbola, 2002), par la qualité des semences utilisées (Faladé, 2003 cité par Arinloyé, 2006) et par l’absence de politiques appropriées (Arinloyé, 2006). Pour relancer le secteur, le gouvernement a pris l’initiative de relancer certaines filières stratégiques parmi les quelles se trouve la filière riz. En effet, la filière riz est d’une grande importance dans l’économie béninoise. Le riz est le deuxième produit le plus consommé après le maïs (Hirsh, 1999). Mais la production nationale de riz ne couvre pas la demande en riz de la population. Le pays importe environ 50.000 t de riz par an pour combler le déficit (Fiodendji, 2005). C’est ainsi que pour réduire la dépendance en riz du Bénin vis-à-vis de l’extérieur, et pour augmenter la production du riz dans le pays, beaucoup de travaux ont été faits. On peut citer entre-autres : l’analyse de la filière riz au Bénin par Adégbola et Sodjinou en 2002, l’analyse des déterminants de la demande de riz au Bénin par Arinloyé (2005), l’étude des importations de riz au Bénin par Abiassi et Eclou (2006), l’offre de riz au Bénin par une approche économétrique par Zinsou (2008), etc. Pendant ce temps, des Programmes de Relance du Secteur Agricole (PRSA) ont été élaborés de 2006-2008, et se sont préoccupés de la question. Par ailleurs, pour améliorer les rendements et accroître l’offre de cette filière, des travaux de recherches ont été réalisés par l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et l’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO). Ces travaux ont permis de mettre au point de nouvelles techniques ainsi que des variétés plus améliorées comme le NERICA. Des politiques agricoles ont été aussi élaborées (notamment la politique d’irrigation et Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 12 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines d’aménagement des plaines inondables, les politiques de subventions d’intrants, les encadrements des producteurs etc.), (Oloukoi, 2007). Cependant, l’adoption de ces techniques par les ménages rizicoles est très faible. Ces derniers demeurent influencés par leur environnement socio-économique et institutionnel. Il convient donc d’identifier les mesures de politique économiques incitatrices appropriées pour accroître l’offre du riz local. Dans ce sens, des travaux antérieurs ont mesuré l’impact des politiques de prix sur l’accroissement de l’offre locale par une approche économétrique. La présente étude vise à analyser les effets des politiques d’accroissement de l’offre du riz local en considérant les contraintes influençant les comportements des ménages rizicoles afin de pouvoir identifier les instruments appropriés à utiliser pour les inciter à accroître la production du riz local. Elle est organisée autour de quatre chapitres. Le premier chapitre traite du cadre théorique de l’étude ; la méthodologie utilisée a été développée dans le deuxième chapitre. Le troisième chapitre présente la zone d’étude et les caractéristiques des exploitations étudiées. Le dernier chapitre contient la discussion des résultats obtenus. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 13 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Chapitre 1 : Cadre théorique Dans cette partie nous présentons la problématique et la revue de littérature. 1.1. Problématique Cette section traitera de la problématique, des objectifs, des hypothèses de l’étude et de la définition de quelques concepts. 1.1.1. Problème et intérêt de l’étude Dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, l’agriculture constitue une part importante dans la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) et par ricochet dans leur développement. La demande des produits vivriers, dans cette zone, augmente d’années en années, en particulier celle du riz qui augmente de 6% par an d’après l’INRAB (2006). Au Bénin, le riz est devenu la denrée alimentaire de choix de la population. La demande de riz par personne est estimée à environ vingt (20) kg par an (Abiassi, 2006). Cette demande est en constante évolution. En effet, la quantité totale consommée était de 68.161 tonnes (t) en 2001 (Arinloyé, 2006). Sous l’hypothèse que la demande est sans cesse croissante, que l’urbanisation est galopante et que l’effectif de la population augmente, la projection du besoin national en riz à l’horizon 2015 montre que la demande en riz sera de 132.750 t. Le graphique N°1 illustre l’évolution de la demande de 2001 à 2015. Figure 1: évolution de la demande nationale en riz de 2001 à 2015 Source : à partir des estimations de l’ADRAO, 2004 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 14 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines L’offre locale ne peut malheureusement pas couvrir cette demande. Elle ne couvre que 72,24% du besoin de la population. Le solde vivrier en riz est déficitaire au Bénin. En effet, l’Office National de la Sécurité Alimentaire (ONASA), dans ses bilans annuels sur la campagne agricole depuis 1992 présente des soldes vivriers en riz déficitaire dont voici quelques chiffres: Tableau 1: solde vivriers en riz de 1992 à 2006 Année 1992 1997 1998 1999 2000 2002 2003 2005 2006 Solde en riz (t) -49130 -54515 -60888 -60363 -63566 -53144 -55922 -54118 -51105 Source : à partir des données de l’ONASA, 1992-2008. Ces chiffres montrent que le Bénin est structurellement déficitaire en riz avec un déficit sans cesse croissant. Pour combler cet écart entre la demande et l’offre, le pays a recours aux importations qui sont croissantes d’années en années. Les statistiques des importations de riz au Bénin tirées du bulletin d’alerte de l’ONASA indiquent que la quantité de riz importé consommée au Bénin est passée de 75.203 t en 2001 à 287.976 t en 2006 soit une augmentation de 282,93 % en 5 ans. Cette situation de dépendance en riz fait perdre des devises à l’Etat, réduit la compétitivité de son économie et l’expose aux chocs extérieurs. Conscient des conséquences d’une pareille situation sur son économie, l’Etat béninois a pris des résolutions pour accroître la production et renverser cette dépendance. Ainsi, de nombreux travaux (Adégbola et Sodjinou (2002 et 2003), Ahoyo (1996), Mama et al. (2000), Midingoyi (2003) etc. ont été réalisés. Ils ont consisté pour la plupart à identifier les contraintes qui entravent le développement de la filière. L’INRAB et l’ADRAO ont mis au point des paquets technologiques susceptibles d’améliorer les rendements dans la filière. De plus, il faut noter que le Bénin dispose d’importants atouts agro-écologiques pour satisfaire sa demande intérieure en riz. Selon Verlinden et Soulé (2003 : cité par Arinloyé, 2006.) le Bénin dispose de 322.000 ha de terres rizicultivables, dont 205.000 ha de bas-fonds et 117.000 ha de plaines inondables. Mais seulement 7% (Abiassi, Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 15 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 2006) de ces potentialités sont exploités en raison des politiques rizicoles non appropriées (Arinloyé, 2006). Pourtant depuis les indépendances, le développement de la filière riz a toujours été la préoccupation des différents Gouvernements qui ont dirigé le pays. De même, le riz compte parmi les 12 filières stratégiques à relancer d’ici 2015 ; et parmi les quatre prioritaires d’ici 2011 dans le plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) 2007. Aussi, diverses mesures ont été prises par les différents Gouvernements pour favoriser le développement de la production locale. Il s’agit entre autres des réformes de 1960, de 1975, de 1983, de 2000, etc. (Houeninvo, 2002). Ces différentes mesures ont contribué à augmenter la production de la filière de façon conjoncturelle. Il s’agit des politiques de subvention d’intrants spécifiques au riz, de la mécanisation agricole, de la garantie de commercialisation de la production, du soutien de la production locale, de la construction et de la réhabilitation des périmètres irrigués et des infrastructures hydrauliques (pompes à eau), de l’encadrement, de la formation des riziculteurs, etc. Malgré ces efforts, les objectifs de ces politiques ne sont pas atteints. Zinsou (2006) a réalisé une étude économétrique de l’offre de riz local au Bénin à partir des données transversales. Dans son étude, il a simulé les effets des politiques de prix sur la production locale du riz et de la demande d’intrants agricoles utilisées dans la riziculture au Bénin. Cependant dans son étude, il ne tient pas compte de ces effets sur les autres cultures de l’exploitation, ce qui ne permet pas de tenir compte de leur influence des décisions prises par le producteur. Dans la présente étude, nous allons considérer le système d’exploitation et l’environnement de la production. Elles déterminent la réponse de l’offre de riz local au Bénin. Ainsi, après avoir simulé les différentes politiques, nous allons déterminer celles qui sont incitatrices de l’offre de riz sous les contraintes de l’environnement de la production. 1.1.2. Objectifs Poursuivis. L’objectif général de cette étude est d’identifier des mesures susceptibles de favoriser l’augmentation de la production locale de riz de façon à tendre vers Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 16 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines l’autosuffisance alimentaire en riz. Pour ce faire, les objectifs spécifiques suivants sont poursuivis. 1. Déterminer l’effet d’une variation du prix de vente au bord champ sur la production optimale riz. 2. Déterminer les réponses de l’offre de riz locale face à la politique de subvention d’intrants. 3. Déterminer l’effet de la mécanisation sur la production optimale de riz local. 1.1.3. Hypothèses de recherche 1. Une augmentation du prix de vente bord-champ du riz local entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l’offre de riz. 2. La subvention d’intrants a un effet positif moins que proportionnel sur l’offre de riz. 3. La mécanisation du labour a un effet positif sur la quantité produite. 1.2. Revue de la littérature Le riz est devenu l’aliment de base très consommé dans le monde. Sa demande augmente de plus en plus. Plusieurs mesures sont prises dans le monde et en Afrique pour augmenter la production de riz, réguler le commerce du riz et satisfaire cette demande sans cesse croissante. Ces différentes mesurent ne sont pas sans effets sur la production du riz. Plusieurs auteurs se sont intéressés à déterminer et mesurer les effets des différentes politiques sur l’offre de produits agricoles, et en particulier sur l’offre de riz dans le monde, en Afrique, et au Bénin. Parmi ces études, nous distinguons celles qui ont mesuré les effets des politiques macroéconomiques et ceux des politiques sectorielles. Dans ce chapitre, nous allons présenter : une synthèse des travaux ayant porté sur les effets des politiques macroéconomiques et sectorielles sur l’offre des produits agricoles et sur l’offre de riz, une revue par hypothèses des travaux sur les réponses de l’offre de riz aux politiques économiques et une synthèse des différentes méthodes utilisées par les auteurs pour faire de telles analyse. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 17 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 1.2.1. Effets des politiques macroéconomiques sur l’offre des céréales et du riz Au plan macroéconomique, dans le monde, on distingue les études sur les effets des politiques de libéralisation et de protectionnisme sur l’offre de produits agricoles et plus particulièrement sur le riz. Certains auteurs sont pour la libéralisation et d’autres auteurs sont pour le protectionnisme. La protection ou la subvention favorise la hausse des prix des biens agricoles ce qui se traduit par une hausse des prix des terres car la terre est le seul facteur fixe en agriculture. Il ressort de la théorie pure des échanges internationaux qu'en protégeant un secteur on provoque un transfert de production vers ce secteur, qui attire des ressources du reste de l'économie du fait de la modification des prix relatifs résultant des mesures de protection. (Martin et al, 1989). La protection a aussi des effets sur les termes de l’échange, ce qui se traduira par des gains ou des pertes de bien-être. Bien que le protectionnisme favorise la flambée des prix, il ne peut être rendu responsable de la crise alimentaire de 2007. En effet, pour Bouet et Laborde De Bucquet (2009), une libéralisation commerciale accrue dans le secteur agricole aurait un effet ambivalent : elle faciliterait le développement de plusieurs pays, mais elle entraînerait aussi une hausse des prix agricoles. Pour ces derniers, le protectionnisme est juste un frein pour le développement des pays en voie de développement. Selon P. Hugon (2008), la libéralisation et la baisse des subventions agricoles doivent plutôt peser à la hausse sur les prix agricoles en raréfiant l'offre. Il importe toutefois de rappeler que les pratiques des engagements s'éloignent des principes, que les règles de l'OMC sont peu respectées et que les incertitudes sont grandes face aux très fortes instabilités. Ce constat explique les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des recommandations du cycle d’Uruguay. Finger (2001) a montré que les obligations de l’OMC reflètent une petite inconscience des problèmes de développement et une faible appréciation des capacités des pays développés à faire face à leurs engagements. Au nombre des effets des politiques macroéconomiques en Afrique, on trouve les effets de la politique de libéralisation et de privatisation du programme d’ajustement Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 18 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines structurel (PAS), les effets de la dévaluation, et les effets de la subvention des agriculteurs européens sur l’offre de riz en Afrique. D’après la Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement (CNUCED), les politiques de libéralisation du PAS ont eu des effets sur la production des pays africains. Si une libéralisation agricole pourrait favoriser certains pays en développement, elle aurait certainement un effet négatif sur d’autres pays en développement, importateurs nets de produits agricoles et alimentaires. Ces pays sont très hétérogènes. Par ailleurs, les bénéfices de la libéralisation commerciale multilatérale pourraient être nuls, voire négatifs, pour les pays ayant actuellement des accès préférentiels vers des pays riches, comme les Pays les Moins Avancés (PMA) vers l’Union européenne (Accord Tout Sauf les Armes) (Bouet et al., 2009). Dans l'ensemble, ces politiques n'ont pas eu les effets escomptés du fait des asymétries d'information, d'un niveau peu concurrentiel, du rôle des incertitudes liées aux risques naturels, à la faiblesse des marchés des facteurs de production et à un environnement institutionnel déficient (Hugon, 2008). Pour Bouet et al. (2009) ce sont les institutions inadaptées ou de mauvaises qualité, des infrastructures de transports ou de télécommunication médiocres, des politiques macroéconomiques défaillantes qui sont les facteurs majeurs du sous-développement. Le modèle des pays développés (ou de la Banque mondiale et du FMI) transposé à l'Afrique n'a pas intégré les facteurs des réussites agricoles comme en Asie (prix garantis et stabilisés, proximité du crédit, rôle de l'État dans les infrastructures, voire subventions et protections). Selon la FAO (2004), pour les cultures vivrières, la dévaluation pourrait accroître la substitution aux importations à mesure que la production intérieure se développe. D'une façon générale, elles apparaissent favorables pour la production du riz pluviale, qui est moins tributaire d'intrants importés et pour laquelle les superficies cultivées peuvent être assez facilement étendues, tandis que les possibilités d'expansion du riz irrigué sont limitées à court terme. La hausse des coûts des denrées alimentaires importées pourrait également susciter des changements dans les habitudes de consommation, par exemple le remplacement du riz par le mil et le sorgho. De même, la consommation de racines et tubercules pourrait s'accroître dans les pays côtiers de l'Afrique de l’Ouest ou dans ceux de l'Afrique Centrale. D'une façon générale, pour les Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 19 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines pays fortement tributaires des exportations agricoles, les revenus réels ruraux devraient être améliorés par la plus grande rentabilité des cultures de rapport. Les habitants des villes, en revanche, tendront à voir leur revenu réel diminuer du fait de l'augmentation des prix des biens importés (y compris les denrées alimentaires) consommés essentiellement dans les zones urbaines. La meilleure rentabilité de la production agricole pourrait aussi accroître les incitations à convertir les terres boisées à l'agriculture. L'amélioration des incitations à la production commerciale de bois pourrait elle aussi accroître la pression exercée sur les forêts, et il pourrait en aller de même pour les ressources halieutiques. La dévaluation semblerait donc renforcer la nécessité de politiques appropriées de gestion des ressources dans ces deux secteurs. En conclusion, la dévaluation du franc CFA n'est pas une solution en soi aux sérieux problèmes économiques dans les Pays Africains de la Zone Franc, mais elle représente une possibilité qui, si elle s'accompagne de mesures appropriées dans les domaines macroéconomique, structurel et social et d'une assistance de la communauté internationale, pourrait aider les pays CFA à retrouver la voie de la croissance économique. Tous ces effets conduisent N’Diougou (2005) à dire qu’avec la libéralisation et la mondialisation, l’agriculture ouest-africaine entre directement dans une compétition impitoyable et déloyale avec des agricultures hautement productivistes jouissant de larges mesures de soutien et de subvention. La politique nationale des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est influencée par la politique régionale de la communauté. La politique agricole des pays membres de la communauté a été influencée depuis les indépendances par : - La convention de Yaoundé 1 (1963) et Yaoundé 2 (1969) - La convention de Lomé 1 (1974) et Lomé 2 (1979) - Les politiques de stabilisation des recettes extérieures La plupart de ces politiques n’ont pas été efficaces. Selon Assogba (1995), l’inefficacité de ces politiques de développement prouve que toutes les stratégies extérieures élaborées à travers les expériences occidentales ne peuvent être que Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 20 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines défavorables. Le regard est tourné vers le nouvel ordre économique intérieur de la CEDEAO. - Le plan d’action de Lagos (1980) - Le nouvel ordre économique intérieur de la CEDEAO Mais pour Sabourin (1987), tous les projets de négociations globales pour un Nouvel Ordre Economique International ont échoué et les pays en voie de développement recherchent de nouveaux mécanismes de restructuration de l’économie internationale pour un développement plus large et des échanges commerciaux mieux réglementés. - L’accord de partenariat économique ACP-UE de Cotonou (2007). La politique agricole de l’UEMOA (PAU) élaborée en 2001 s’est fixé pour objectif global de contribuer, de manière durable, à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement économique et social des Etats membres et à la réduction de la pauvreté. Malheureusement, la PAU a été un “bébé mort-né’’ à cause de la démarche et du faible niveau de protection dont jouit l’agriculture ouest africaine (N’Diogou, 2005). En effet, les droits de douane aux frontières connus sous l’appellation du Tarif Extérieur Commun (TEC) sont tellement faibles que l’Afrique de l’Ouest est devenue trop rapidement une zone franche pour de nombreux produits alimentaires d’importation. Cela a sans aucun doute contribué à aggraver la situation de pauvreté des ménages ruraux (N’Diogou, 2005). Pour le riz, le TEC est fixé à 5%. Si ce TEC est appliqué au niveau de la CEDEAO, l’agriculture ouest africaine ne saurait être prospère. Il faut noter que cette faible tarification des droits de douane est une imposition du FMI (N’Diogou, 2005). L’application de cette mesure a des conséquences graves sur le riz local et sur les producteurs. Les producteurs du Burkina, du Niger, du Mali et du Bénin ont été évincés de leur propre marché par du riz asiatique ou américain. Pour le Mali la situation est simplement cocasse. Ce pays a tous les atouts pour produire suffisamment de riz pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Mais à seulement 25 km de la zone de production, l’office du Niger, toutes les boutiques de commerçants sont remplies de riz importés (N’Diogou, 2005). Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 21 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Au Bénin, Houndékon (1996), Bailey (2002), Adégbola (2005) et Abiassi (2006) ont montré qu’avec la libéralisation, le volume des importations a augmenté affectant la compétitivité intérieure du riz local. Comme on peut le constater la politique de l’UEMOA empêche tout décollage économique et tout développement d’une industrie de transformation car elle internalise les coûts et externalise les bénéfices, sur toute la chaîne de valeur ajoutée. (N’Diogou, 2005) 1.2.2. Effets des politiques sectorielles sur l’offre des céréales et du riz Les politiques spécifiques aux filières en agriculture ont intéressé beaucoup d’auteurs. Certaines études se sont intéressées à une catégorie de biens pendant que d’autres ont porté sur des biens précis comme le sucre et le riz (Larson, 2001). Il faut noter que la protection du marché local est une mesure mise en œuvre dans beaucoup de pays surtout dans les pays développés. De plus, les politiques de subvention des producteurs dans les pays riches, les interventions perverses de ces pays encouragent les autres pays à instituer le protectionnisme. Ces interventions des pays développés déprécient les cours mondiaux, dévaluent les ressources domestiques employées dans la production agricole dans les pays pauvres (Larson, 2001). La CNUCED a remarqué que les politiques sectorielles diffèrent selon les pays. C’est ainsi qu’elle souligne que les Etats-Unis, le Japon, l’Union Européenne ont adopté des politiques spécifiques d’aides à la production tout en cherchant à se conformer aux règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Il s’agit de : la diminution des subventions, l’application des taxes à l’entrée et le soutien aux exportations des produits locaux (cf. annexe 2). Les politiques des autres pays, généralement gros producteurs, reposent sur les principes suivants : - Taxes à l’exportation en cas de déficit sur le marché interne, - Subventions à l’exportation en cas d’excédent. En Afrique, nous notons que les politiques sectorielles des pays sont influencées par les accords de partenariat, les politiques agricoles régionales et la politique agricole de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Plusieurs politiques sectorielles ont été mises en œuvre tant au niveau régional qu’au Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 22 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines niveau des pays. Au nombre de ces politiques ont peut citer les politiques d’irrigation, les politiques de formation et de recyclage des producteurs, les mesures d’accompagnement de la production (subvention d’intrants, construction de pistes rurales, aménagement des rizières etc.) S’agissant des subventions, Martin et al. (1989) trouvent que dès lors que l'on protège ou que l'on subventionne l'agriculture, deux possibilités se présentent: soit le prix intérieur de ce secteur augmentera par rapport au prix intérieur de l'industrie et des services, soit ses coûts de production diminueront par rapport aux autres secteurs. En conséquence, la production agricole deviendra plus rentable et la valeur du produit marginal du capital et du travail augmentera dans le secteur agricole par rapport aux autres secteurs. Dans ces conditions, une partie du capital et du travail précédemment mis en œuvre dans l'industrie et les services se déplacera vers le secteur agricole, de sorte que la production dans l'industrie et dans les services aura tendance à diminuer. Quoi qu’il en soit, la protection accordée à l’agriculture a l’effet d’une taxe à l’importation sur les autres secteurs de production de biens échangés (Martin et al, 1989). Une politique de prix incitatifs favorise la production. En effet selon Hugon (2008) les pays africains (Côte d'Ivoire, Kenya, Malawi) qui ont adopté des prix incitatifs et (ou) stabilisés ont connu des progrès notables de production. Beaucoup d’auteurs ont montré que l’application de prix incitatifs encourage les producteurs à augmenter leur offre. Phélinas (1988) a par exemple montré que l’augmentation de l’offre de riz sur le marché en 1974 en Côte d’Ivoire est due en partie à la hausse des prix du riz. Selon ce denier, Ce phénomène laisse supposer d’une part que les producteurs ont satisfait leurs besoins en riz ou qu’ils ont préféré consommer d’autres denrées et profiter de l’opportunité d’un prix du riz élevé. D’autre part, les ajustements aux variations de prix privilégient l’extension des superficies plutôt que l’intensification de la production. Ceci peut s’expliquer par le fait que le riz en Côte d’ivoire est cultivé principalement de manière traditionnelle : les inputs «modernes » (engrais, pesticides, herbicides, etc.) sont peu utilisés, l’irrigation est encore peu développée. De ce fait, nous pouvons noter que la politique des prix est un instrument très puissant. L’étude de Phélinas (1988) a mis en lumière la réaction des producteurs de riz face à la hausse Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 23 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines et à la baisse des prix du riz. Mais il faut noter que cet instrument doit être utilisé avec prudence dans la mesure où le riz importé est devenu peu couteux sur le marché africain. Diagne (2003) a montré qu’après la dévaluation au Sénégal, l’offre de riz a baissé malgré les politiques incitatifs du prix alors que la politique de prix avait un effet positif sur l’offre de riz avant la dévaluation. Il faut noter qu’après la dévaluation le taux de protection du riz au Sénégal a diminué, favorisant la vente du riz importé à un prix relativement bas. Toutefois s’il apparaît que les riziculteurs peuvent réagir très vivement à une amélioration ou à une détérioration des incitations économiques, celles-ci ne peuvent à elles seules expliquer entièrement le comportement des producteurs. D’autres facteurs autres que le prix et le prix semblent jouer des rôles complémentaires. Phélinas (1988) a trouvé que le coefficient b, représentant l’impact des facteurs autres que le prix s’est révélé statistiquement significatif pour presque toutes les relations testées: prix et facteurs autres que le prix semblent jouer des rôles complémentaires. Il faut alors une cohérence entre la politique des prix et les autres politiques agricoles (concernant les facteurs de production, l’amélioration des réseaux de commercialisation, etc.) Le secteur agricole au Bénin a fait l’objet de plusieurs réformes agricoles et des actions stratégiques depuis les indépendances. Elles visent à accroître la production locale du riz et à atteindre l’autosuffisance alimentaire. On peut citer : • La réforme de la période 1960-1975 qui principalement fait la promotion des cultures de rente (Houeninvo, 2002). Il faut aussi noter qu’au cours de cette période, d’importantes actions ont porté sur le riz. Par une politique d’irrigation en 1966, 1452 ha de périmètres rizicoles ont été mises en place. Ces périmètres ont connu l’appui de la coopération chinoise (1966-1971) qui avait proposé une exploitation de type coopératif. Aussi, un système de crédits intrants et un système de commercialisation ont-ils été mis en place. Mais ces systèmes ont cessé de fonctionner au départ de la coopération chinoise (Oloukoï et Adégbola, 2007). • La politique de la période 1975-1983 a donné la priorité à l’autosuffisance alimentaire et à l’approvisionnement en matières premières des industries de transformations locales naissantes. Les cultures vivrières furent encouragées à travers des “campagnes de production’’ au détriment des cultures d’exportation. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 24 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Au cours de cette période, on a assisté à des interventions successives des sociétés étatiques dans la mise en place des aménagements considérables afin de rendre le Bénin autosuffisant en riz. Mais seule la SADEVO, avec une superficie de 1200 ha, a pu en 1977 atteindre 20461 tonnes de riz produit grâce aux aménagements réalisés dans le Borgou, l’Ouémé et le Mono (Oloukoï et Adégbola, 2007). Les autres sociétés (SONIAH, OBAR) n’ont pas pu réaliser leurs objectifs. • Au cours de la période 1983-1990, la politique agricole a mis l’accent simultanément sur les cultures vivrières et les cultures de rente. Mais dans cette période, il y a eu dégradation générale des indicateurs économiques du Bénin traduisant ainsi la mauvaise gestion des finances publiques et des sociétés étatiques (Houeninvo, 2002). L’Etat a donc abandonné les grands périmètres rizicoles faute de moyens financiers et humains pour l’entretien (Oloukoï et Adégbola, 2007). Les périmètres ont été confiés aux CARDERs actuelle CeRPA pour l’encadrement des producteurs. La stratégie d’aménagement a été remise en cause et orientée vers les micro-aménagements avec l’approche participative sous la conduite du Génie Rural (Projet Bas-fond) à partir de 1984 (Oloukoï et Adégbola, 2007). • Le projet BEN/84/012-BEN/91/002 : “inventaire, étude et aménagement des basfonds’’ a permis de réhabiliter quelques grands périmètres rizicoles. • 1999 : installation d’unités de démonstration par le Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) dans les communes de Kandi, Dangbo et Glazoué. • La politique agricole des années 2000 : en juillet 2000, la lettre de déclaration de développement rural de 1991 a été ajustée pour tenir compte des recommandations de la table ronde du secteur rural de septembre 1995, de la Conférence Economique Nationale de 1996, du premier Programme d’Action du Gouvernement de Kérékou II, ainsi que des résultats des différentes réformes menées depuis la première déclaration de politique de développement rural en 1991. Elle présente de grandes options et des choix stratégiques pour les prochaines années. Actuellement, les chinois appuient les producteurs dans l’aménagement et la maîtrise de l’eau sur les périmètres irrigués de Dévé dont le bassin rizicole couvre 150 ha. De plus, dans le cadre de l’intensification des cultures, les techniciens vietnamiens Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 25 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines et leurs homologues béninois apportent un appui technique à la production de riz dans les trois zones d’intervention du PSSA sus-citées. Pour Oloukoï et Adégbola (2007) toutes ces politiques n’ont pas permis d’atteindre leurs objectifs. Après une enquête quantitative et qualitative, ils ont présenté le bilan des différentes politiques rizicoles. Ce bilan montre que la plupart de ces politiques rizicoles n’incitent pas vraiment la production du riz local mais réduisent plutôt sa compétitivité face au riz importé. Ces différentes politiques ont des effets au niveau de la balance des paiements qui est déficitaire suite à l’accroissement des dépenses d’importations face au recul des recettes d’exportation et au niveau des producteurs qui ne sont pas très stimulés à augmenter l’offre de riz face à une demande sans cesse croissante. Pour pallier à ces effets pervers de la politique agricole, de nouvelles mesures ont été prises. C’est ainsi que depuis 2006, un accent particulier est mis sur le développement des cultures vivrières. Pour inciter la production du riz local et assurer la sécurité alimentaire en riz au Bénin, l’Etat a pris de nouvelles mesures. Ces mesures consistent entre autres à appuyer le riziculteur dans sa production et lui permettre de produire efficacement. Ces mesures sont : modernisation agricole, promotion et diversification des filières agricoles, promotion des grandes exploitations/entreprises agricoles, appui à l’émergence et à la professionnalisation des acteurs, amélioration des approches de gestion des projets et programmes, mise en place d’un mécanisme de financement de l’agriculture, renforcement de l’autorité de l’Etat dans son rôle de contrôle et de régulation, maîtrise de la variation inter-saisonnière des flux des produits et de leurs prix, amélioration de l’environnement institutionnel, juridique, législatif et réglementaire, revalorisation du statut des producteurs et des productrices, sécurisation du foncier, préservation et valorisation de l’environnement. Pour la filière riz l’objectif de la politique agricole est d’atteindre une production de 180 000 t en 2011. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 26 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 1.2.3. Revue des travaux sur l’analyse des réponses de l’offre aux politiques économiques • Sur les effets des politiques de prix sur l’offre de riz (H1) Dans la littérature, plusieurs études ont porté sur les réponses de l’offre suite aux variations de politiques économiques. Parmi ces études, on distingue celles qui ont étudié les réponses de l’offre aux politiques de prix des produits agricoles, celles qui ont porté sur les réponses de l’offre aux politiques de subvention d’intrants, celles qui se sont intéressées à la mécanisation de l’agriculture, celles qui ont proposé un choix de politiques agricoles pour augmenter la production et celles qui ont déterminé les réponses de l’offre aux politiques commerciales. Dans le cadre du présent travail, nous allons nous intéressé aux quatre premières. Il faut noter que ces études peuvent se situer à deux niveaux que sont le niveau macroéconomique (filière, secteur, production nationale, économie nationale, etc.) et le niveau microéconomique (exploitation, ménage-paysan, producteur, etc.) L’aspect le plus discuté de la politique des prix est la réponse de la production totale pour changer les prix relatifs. Tous les auteurs ne partagent pas le même point de vue sur ce sujet. On rencontre les auteurs comme Grilishes (1959), Shultz (1978), Peterson (1979) et Zinsou (2008) qui défendent l’idée selon laquelle l’agriculture dans les pays en développement fait face à des prix défavorables. Pour ces auteurs, les prix de vente des produits agricoles jouent un rôle pivot dans le développement agricole. C’est ainsi que Zinsou (2008) trouve que pour obtenir une augmentation de 2500t par an, il faudrait augmenter les prix de vente de 15%, ramener le prix d’achat des engrais à 185F et diminuer les salaires de la main-d’œuvre de 8% par département au Bénin. Par contre, les auteurs comme Raj (1969), David (1976) et Krishna (1982) sont loin d’accepter que les termes de l’échange jouent un rôle pivot dans le développement agricole. On retient des travaux de ces derniers que les changements de prix ne sont pas l’appareil effectif qui influence la production globale. En effet, David (1976) a montré que lorsqu’on inclut la maîtrise de l’eau, les crédits agricoles et la technologie dans l’analyse, que seulement le 1/3 des variations de l’offre peut être expliqué par les prix. Quel est le point de vue des auteurs sur la subvention des intrants ? Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 27 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines • Sur les effets des politiques de subvention d’intrants sur l’offre (H2) Les prix des intrants ont un aspect intégral pour inciter la production agricole. De plus, la politique des prix des intrants cherche à changer la production ou guider les exploitants à l’optimum social combiné avec les imperfections du marché. C’est par ces arguments que plusieurs auteurs tels que Grilishes (1958), David (1975) et Timmer (1976), ont souligné l’importance de la subvention d’intrants comme une mesure de l’incitation économique de l’agriculture. On retient de Grilshes (1958) qu’une augmentation de 10% du prix d’engrais entraine une diminution de 5% de son utilisation la première année puis de 20% à long terme. Ces résultats ont été confirmés par Timmer (1976). Par contre de David (1975) il ressort qu’une augmentation de 10% d’utilisation d’engrais augmente la production de 1,43% quand on considère toutes les contraintes environnementales et 0,7% lorsque ces contraintes sont supposées constantes. Ces conclusions ont été renforcées par des études microéconomiques de Dobbs et Foster (1972) et de Rosegrant et Herdt (1981). De ces dernières, ont peut retenir que l’investissement privé dans l’augmentation des rendements semble être effectivement contraint par les facteurs tels que les petites dimensions des champs, la fragmentation des champs et l’absence de crédits convenables. Quel est l’impact de la mécanisation sur l’offre ? • Sur l’impact de la mécanisation sur la production agricole (H3) L’impact de la politique de la mécanisation sur la production agricole a été abordé par beaucoup d’auteurs. Parmi ces auteurs ont peut citer Umetsu et al. (2003) qui ont montré que l’utilisation des variétés améliorées, l’adoption massive des tracteurs, les investissements massifs en infrastructures et en éducation et les bonnes conditions climatiques accroissent considérablement l’offre du riz local. Beaucoup d’autres se sont intéressés à la substitution de la main d’œuvre par le capital plutôt que sur la réponse de l’offre. Face à toutes ces politiques quels choix les décideurs de politiques doivent-ils faire ? Pour Krishna (1967) les subventions sont traditionnellement préférées aux supports de prix au plan macroéconomique parce que les soutiens du prix des produits n’améliorent pas le solde budgétaire, et seuls les paysans en bénéficient. Cependant il trouve qu’il est préférable de supporter les prix de vente parce que Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 28 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines (1) les paysans y sont familiers et sensibles, (2) le soutien des prix de la production est facilement compatible avec les objectifs de stabilisation des prix. Mais Parish et McLaren (1982) sont plutôt favorables au soutien de la subvention d’intrants. Partant de l’hypothèse que si le coût moyen augmente avec la production à cause des deséconomies techniques, ils trouvent que le coût de la subvention d’un intrant est plus faible que le coût du support des prix de la production. Pour Phélinas (1988) et Diagne (2003), l’offre est très sensible à la politique des prix dans un environnement où la production locale est fortement protégée contre le riz importé. Mais cette politique est plus incitatrice lorsqu’elle est accompagnée par des politiques agricoles autres que le prix. Larson (2001) ont confirmé ce résultat pour le sucre. 1.2.4. Revue des méthodes utilisées dans la littérature • Sur les effets des politiques de prix sur l’offre de riz (H1) Dans la littérature, plusieurs méthodes ont été utilisées pour analyser le comportement de l’offre des produits agricoles. Askari et Cummings (1974: cité par Rao, 1988) ont utilisé l’approche économétrique avec des séries temporelles pour analyser la réaction de l’offre des produits agricoles suite aux changements de politique en Thaïlande, au Chili, en Inde et aux Etats-Unis. Ils ont estimé les élasticités de rendement et de surface. Cette méthode a des limites et aussi des inconvénients. L’estimation des élasticités à long terme par la méthode des séries temporelles pose des difficultés considérables dans la construction des indices des termes de l’échange et l’interprétation des résultats statistiques. A coté de ces études, il y a des auteurs qui ont utilisé l’approche économétrique avec des données transversales. Cette deuxième méthode d’analyse est celle utilisée par Ahmed (1981), Raj (1982), Tarrant (1982) et Peterson (1979 : cités par Rao, 1988). Mais cette méthode a aussi des avantages et des limites. Elle est limitée par la variabilité des prix entre régions, elle ne tient pas compte des problèmes caractéristiques des séries temporelles. Les élasticités sont instables et faibles. Mais Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 29 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines l’analyse de Peterson (1979), à partir de la méthode des données transversales, présente des élasticités 8 à 10 fois plus grandes que celles obtenues à partir des séries temporelles. Elle amplifie les réponses au prix par une allocation inadéquate aux facteurs de l’offre qui ne peuvent être considérés comme une réponse causale au prix. Chhibber (1982 : cité par Rao, 1988), présente les avantages et inconvénients de ces deux méthodes avant de reprendre l’analyse de Peterson (1979) en intégrant une variable d’irrigation. Il trouve donc : *Comme avantages de l’approche économétrique avec des données transversales - que les réponses obtenues à partir de cette méthode approchent la réponse réelle de l’offre à long terme parce que les prix ne sont pas sensibles aux fluctuations transitoires du prix comme le sont les estimations de séries temporelles. - que ces réponses incorporent complètement toutes les réponses de la technologie, des investissements publics, et les variables structurelles de changement des prix. *Comme limites que les analyses avec des données transversales échouent dans le contrôle de l’offre des facteurs spécifiques du pays et si la variable prix est comme une donnée pour l’estimation, alors elles surestiment l’effet du prix. (Peterson, 1979). Dans une autre analyse de la réponse de l’offre, Askari et Cummings (1977) ont utilisé les régressions multiples. Lau et Yotopoulos, (1979 : cités par Rao, 1988) ont estimé les élasticités de l’offre à l’aide d’une étude des fonctions de profit. Ils ont trouvé pour la Malaisie, la Chine, la Turquie, la Thaïlande et pour le Japon respectivement 0,42 ; 0,35 ; 0,52 ; 0,90 et 0,98. Ces résultats diffèrent de ceux obtenus de l’estimation avec les données transversales. Il existe aussi les méthodes de la programmation mathématique. Chhibber et Hrabovszky (1983 : cités par Rao, 1988) ont, par la programmation linéaire, obtenu de faibles élasticités pour les principales cultures sauf le Sorgho au Soudan. Le modèle de Nerlove (1958 : cité par Rao, 1988) est traditionnellement utilisé dans les travaux empiriques sur l’offre agricole. Elle est très utilisée pour analyser les réponses de l’offre aux variations de prix. Il fait l’hypothèse que les paysans anticipent les prix par rapport à leurs informations et aux prix passés. Mais les attentes des paysans ne Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 30 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines devraient pas changer avec toutes les variations transitoires des prix. Clairement, il est difficile de mesurer statistiquement les attentes de prix. Sadouley et de Janvry (1995) ont remarqué qu’en modélisation, il y a souvent un dilemme entre la réalité et la théorie. D’après ces auteurs, le modèle de programmation des ménages paysans se focalise à un niveau intermédiaire aux deux, travaillant avec des modèles suffisamment flexibles et détaillés pour capter les aspects essentiels de la réalité bien que restant très proche de la théorie économique. Ils trouvent alors que cette approche de modélisation essaie de reproduire (bien qu’en simplifiant) les mécanismes actuels de l’économie réelle, là où plusieurs agents maximisent indépendamment leur fonction de satisfaction et simultanément déterminent la production globale de la communauté. Dans un contexte pareil, les faiseurs de la politique peuvent seulement affecter indirectement la production en modifiant, avec les instruments de politique économique qu’ils contrôlent, les stimulations et les contraintes qui s’appliquent aux individus. Cette méthode s’oppose aux modèles de planification, dans les traditions d’entrée et de sortie et aux modèles de programmations linéaires où le processus d’allocation des ressources est renforcé par un agent central comme dans une économie téléguidée (Tinbergen, 1952). Elle s’oppose aussi aux analyses au prix de référence, considérées dans la matrice d’analyse des politiques (M.A.P) (Monke et Pearson, 1989), qui évaluent les politiques dans un environnement où il ne devrait pas avoir de distorsions du marché et où le marché serait parfait. Le modèle des ménages paysans considère l’environnement actuel, avec les imperfections du marché qui le caractérisent, et simule les politiques alternatives dans cet environnement, ou dans un environnement modifié par une politique d’intervention particulière. (Sadoulet et de Janvry, 1995). Au Bénin les producteurs de riz local sont en même temps les principaux consommateurs. Ainsi, pour mieux apprécier les mécanismes de l’offre de riz locale, il faudra tenir compte de la relation entre la production et la consommation. Le modèle de ménage paysan a pour principe de tenir compte de ces deux objectifs. Dans une étude similaire à celle-ci, au Madagascar, Robilliard (1998), a utilisé le modèle de ménage paysan pour étudier l’offre de riz des ménages agricoles malgaches. Le modèle de base est récursif et repose donc sur l'hypothèse que les ménages sont Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 31 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines "price-taker1" pour l'ensemble des produits qu'ils consomment ou produisent. Ce qui permet de considérer que les décisions de production et de consommation sont séquentielles. Un programme classique de maximisation du profit est appliqué, déterminant la demande de travail salarié et la production totale. Ensuite, un programme de maximisation de l'utilité est calculé sous la contrainte du revenu déterminé précédemment. La forme de l'utilité une fois spécifiée, les demandes de biens consommables et de loisirs sont calculées. Selon Robilliard (1998), si on abandonne l'hypothèse que les ménages sont "pricetaker" pour les biens qu'ils produisent et consomment, alors on doit abandonner l'hypothèse de récursivité. C'est ce qui se produit dans une situation de défaillance des marchés. La défaillance des marchés peut être modélisée moyennant l'introduction de coûts de transaction qui sont à l'origine d'un différentiel entre prix de vente et prix d'achat des biens. Lorsque le prix implicite d'un bien c'est-à-dire le prix qui équilibre l'offre et la demande du bien considéré au sein du ménage, se trouve dans la bande de prix, le ménage ne participe pas au marché. Dans cette situation, il n'est plus possible de séparer la résolution du programme de la production et celle du programme de consommation : le modèle n'est plus séparable. • Sur les effets des politiques de subvention d’intrants sur l’offre (H2) Pour analyser la réponse de l’offre aux subventions d’intrants, plusieurs méthodes sont utilisées. Rosegrant et Herdt (1981 : cité par Rao, 1988) ont utilisé un modèle détaillé de prise de décision dans l’exploitation puis ils ont simulé les effets conjugués et indépendants du crédit et de la subvention des engrais pour analyser l’impact des subventions sur l’offre. Par contre, pour analyser l’impact des subventions d’intrants sur l’offre agricole, Sanders et Ruttan (1978), McInerney et Donaldson (1975), Rao (1974), Stevenhagen (1970), Johnson et Cownie (1969 : cité par Rao 1988) ont utilisé un modèle de programmation linéaire de maximisation de profit. Ils ont recherché l’impact sur la superficie emblavée, le rendement et la main d’œuvre. Timmer et Falcon (1975), David (1975, 1976), Timmer (1976) et Griliches (1958 : cité par Rao, 1988), pour étudier la réponse de l’offre de riz à la subvention d’intrants, sont partis de l’hypothèse que l’engrais est un bien normal, ils ont cherché 1 Les ménages considèrent les prix pratiqués sur le marché lors de leurs prises de décisions. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 32 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines l’effet d’une augmentation du prix sur la quantité d’intrants demandée, puis ils ont déterminé l’effet d’une augmentation d’intrant sur l’offre de produits agricole. • Pour mesurer les effets de la mécanisation sur l’offre de produits agricoles (H3) Plusieurs méthodes ont été utilisées pour mesurer l’effet de la mécanisation sur l’offre de riz. Farell (1957 : cité par Umetsu et al., 2001) a utilisé l’inverse de la fonction de Shéphard. Cette méthode permet de mesurer l’efficacité des techniques utilisées. La mesure de Farell nécessite beaucoup de données indépendantes des données liées au prix. Elle varie de 0 à 1. Umetsu et al. (2001) ont construits des indices de Malmquist de la croissance de la productivité. Pour la construire, ils ont utilisé des séries temporelles de 1971 à 1990 pour douze différentes régions rizicoles des Philippines. Les inputs ont été classés en inputs traditionnelles et en inputs modernes. Ces auteurs ont utilisé une régression des indices de Mamlquist de 1971. Ils ont trouvé que la mécanisation a un effet positif sur la production du riz. Mais il faut noter que des auteurs comme Binswanger, Khandker et Rosenweig (1993 : cités par Umetsu et al., 2001) ont ajouté que la construction des infrastructures rizicoles en milieu rurale a aussi un effet positif sur l’augmentation de la production du riz. Boserup (1965 : cité par Umetsu et al., 2001) trouve que la pression démographique entraine un changement technique et intensif de l’agriculture. Pour proposer des politiques agricoles incitatrices au Mali, Sissoko, 1998 a utilisé un programme mathématique pour construire un modèle de ménage et un modèle régional. Il a mesuré à partir de ces deux modèles les effets des politiques agricoles sur l’offre agricole. Pour choisir les politiques incitatrices de l’offre agricole, il a comparé les effets des différentes politiques. Anderson (2003) et beaucoup d’autres auteurs sont partis des élasticités et l’analyse de la sensibilité pour proposer des politiques incitatrices de l’offre de produits agricoles. 1.2.5. Définitions de quelques concepts Une base conceptuelle rendant compte du fonctionnement global de l’exploitation agricole est nécessaire pour comprendre le système et les éléments essentiels concourant à son évolution. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 33 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Riz local : dans le cadre de cette étude, le riz local désigne l’ensemble du riz produit dans la zone de l’étude, quelle que soit la variété cultivée. Par opposition au riz local, nous parlerons de riz importé. Dans un cadre plus général, le riz produit sur le territoire béninois sera également dénommé riz local. Politique agricole : options prises par un gouvernement, dirigées principalement mais pas exclusivement vers les problèmes agricoles, vers les problèmes des communautés rurales, vers les problèmes de consommation alimentaire et vers les problèmes de l’agro-industrie. Selon Griffon, (1987 : cité par Sissoko 1998), la politique agricole est définie comme un ensemble de mesures politiques (prix, investissements, progrès techniques, structures de production/ transformation, des échanges et de la consommation) prises dans le cadre d’un schéma global de développement. Ces différentes mesures se situent dans le cadre de la régulation de la politique macroéconomique à court terme. Cette définition fait apparaître l’Etat comme décideur principal d’une politique agricole, mais il n’est lui-même qu’un des éléments du système économique global. Les autres agents économiques en particulier les producteurs jouent aussi un rôle déterminant dans la réussite d’une politique agricole (Sissoko, 1998). Exploitation agricole : c’est une entreprise agricole qui cherche à combiner un certain nombre de facteurs, des intrants agricoles, une technologie et des stratégies pour atteindre des objectifs du ménage agricole (sécurité alimentaire, maximisation du revenu, etc). C’est aussi l’ensemble des terres cultivées, les terres en friches, les jachères et les terres cédées à autrui contre une rente foncière appartenant à un ménage agricole. La définition classique microéconomique conçoit l’exploitation agricole comme une entreprise ayant un niveau de décision et un objectif unique ; celui d’optimisation du profit de l’entreprise en combinant les différentes productions et les différents facteurs de production. Cette définition ne s’applique cependant pas très bien à la structure et à l’organisation de la production en Afrique. Les objectifs au sein du ménage africain peuvent être multiples et même contradictoires. Les possibilités en matière de choix des productions et des facteurs sont souvent très limitées par des raisons écologiques et socio-écologiques. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 34 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Benoit Cattin et Faye (1982 ) définissent l’exploitation agricole familiale en Afrique au sud du Sahara comme l’unité de production constituée par l’ensemble d’un groupement familiale qui partage la même unité de cuisine et dont l’aîné2 assure la charge en y affectant une partie de sa production en contre partie du travail que lui alloue les autres membres du groupement. Selon Billaz et al. (1981), au Sahel, avoir des champs et un grenier collectif commun sous une même autorité (Chef d’exploitation) constitue un repère de base pour délimiter l’exploitation agricole. Celui-ci regroupe l’ensemble des terres utilisées pour la production agricole, et exploitées directement par une ou des personnes, l’exploitant ou les membres du ménage. L’exploitant, le producteur, ou le paysan sont des termes interchangeables qui font référence à la personne qui à l’initiative et la responsabilité économique et technique de gérer l’exploitation agricole. Système d’exploitation agricole et son fonctionnement Définition du système d’exploitation Lorsqu’on parle de système d’exploitation agricole, il est important de définir à qu’elle unité d’analyse on fait référence. En général, on fait référence à l’exploitation agricole familiale. Les particularités qui caractérisent les systèmes d’exploitation africains ont conduit à opter pour une approche plus globale de l’organisation de la production au sein du ménage. L’approche systémique offre un cadre conceptuel intéressant pour rendre opérationnel l’analyse des systèmes de productions agricole traditionnelles. Cette approche définit de façon générale un système comme une série d’éléments ou de composantes internes dépendantes qui réagissent les unes par rapport aux autres. Tout changement endogène (interne) ou exogène (externe) au système aura un impact sur l’organisation de la production. L’étude des systèmes d’exploitation s’aborde bien par une approche systémique. Selon Adégbola (1999), une unité de production agricole se caractérise par son système d’exploitation c’est-à-dire la combinaison qu’elle fait de ses moyens de production, des technologies disponibles et des activités pour atteindre les objectifs qui lui sont propres. Gret (1990 : cité par Adégbola 1999) élargit cette définition au 2 L’aîné signifie chef de famille Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 35 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines ménage agricole. Selon cet auteur, l’exploitation agricole est une unité de production (système d’exploitation) constituée d’un ensemble de facteurs de production gérés par un agriculteur et sa famille (ménage agricole) en fonction de leurs objectifs. Ces objectifs constituent les principes qui guident l’organisation et le fonctionnement de l’exploitation agricole. L’atteinte de ces objectifs sera fonction des ressources dont dispose le ménage, des contraintes qui limitent son développement et de la capacité du ménage à gérer et à organiser les ressources dont il dispose. Badouin (1989 : cité par Biaou, 1995) définit le système d’exploitation comme le mode de fonctionnement des unités de production. Le fonctionnement du système d’exploitation La figure 2 présente un modèle descriptif du fonctionnement d’une exploitation agricole. L’environnement de l’exploitation agricole comporte des éléments humain et naturel (ou technique). L’élément naturel regroupe les facteurs physiques (eau, sol, ensoleillement, température, etc.) et biologiques (physiologie des plantes et animaux, les pestes, etc.). L’élément humain se subdivise en facteurs exogènes et endogènes. Les facteurs exogènes se composent de structures, normes et croyances communautaires y compris la région, les institutions extérieures influençant les décisions relatives aux approvisionnements en inputs et aux marchés pour les produits des agriculteurs. D’autres facteurs tels que la situation géographique des champs et la densité de population sont pris en compte. Les facteurs endogènes, sous le contrôle des exploitations agricoles sont constitués des besoins et perspectives des ménages agricoles, des facteurs de production. Ces facteurs, qui constituent les ressources du ménage, varient considérablement en qualité et en quantité d’un ménage à un autre et d’une région à une autre. La quantité et la qualité de ces ressources (facteurs de production) combinées à la capacité de gestion de l’exploitation, influencent l’efficacité et le potentiel de production du système. Les stratégies du ménage et de chacun de ses membres auront en dernière instance, un impact directe sur l’atteinte des objectifs du ménage. Les objectifs et la motivation des individus qui composent le ménage constituent les éléments qui donnent une dynamique au système. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 36 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Ces éléments humains et naturels, qui composent l’environnement de l’exploitation, représentent les contraintes et possibilités de celle-ci (Jouve, 1986). Ils sont à la base du fonctionnement interne du système d’exploitation agricole. A l’intérieur du système d’exploitation agricole, viennent se greffer aux activités agricoles les activités extra-agricoles (artisanat, commerce, etc.). Ensemble, elles constituent le processus de production ou le système de production qui permet de générer d’une part la production pour l’autoconsommation et d’autres parts les revenus du ménage nécessaires à la satisfaction des besoins non satisfaits par la production du ménage. Le système d’exploitation s’insère dans un environnement social et économique que l’on peut subdiviser en plusieurs sous-systèmes. Ces sous systèmes sont interdépendants et peuvent être influencés par des politiques de l’Etat. L’une des tâches principales de la politique gouvernementale est d’investir dans des mesures qui sont appropriées et donc profitables sur le plan social pour augmenter l’efficacité du secteur agricole et satisfaire les besoins de base de la population. En tenant compte de l’environnement de l’exploitation agricole et de leurs objectifs de production, les décideurs de l’unité de production (chef de ménage, épouses, collatéraux et enfants, adultes) seront amenés à prendre des décisions (techniques et de gestion). C’est l’analyse de ces décisions qui est à la base de la compréhension du fonctionnement du système d’exploitation et par conséquent, de l’évaluation des possibilités de son amélioration (Adégbola, 1997). Selon Timmer et al. (1986), les décisions que prendront les producteurs en matière de production agricole se résument à trois questions principales que l’on peut séparer pour mieux les comprendre et qui sont en pratique prises simultanément : - Quels produits cultiver ? - Quelle combinaison adopter pour différents niveaux de production ? - Comment déterminer la quantité optimale d’intrants et de produits ? Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 37 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Figure 2: Modèle de fonctionnement d’une exploitation agricole Source : Adégbola (1997) Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 38 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Chapitre 2: Méthodologie Dans cette partie, nous avons présenté la méthodologie et les outils d’analyse. 2.1. Collecte des données 2.1.1. Justification de la zone d’étude L’insuffisance de moyens nous a conduits à choisir une zone pouvant accueillir cette étude. Les critères de choix de la zone sont : • La culture du riz est le premier critère du choix. • La quantité produite de paddy • Les conditions agro-écologiques du milieu (bas-fond, maitrise de l’eau, pluvial) • Le nombre d’années dans la production du riz • L’encadrement des riziculteurs Sur la base de ces critères, après une recherche documentaire, trois zones répondent à ces critères. Le département de l’Alibori, de l’Atacora, et des Collines. Compte tenu des contraintes administratives et des contraintes financières, nous n’avons pas pu parourrir les trois zones, nous nous sommes limités seulement au Département des Collines. Des trois zones, elle présente le meilleur rendement, et connaît l’appui de plusieurs ONG (Borne Fonden par exemple), des coopérations internationales et des groupes de recherche (ADRAO par exemple). Une fois que le département a été retenu, nous avons procédé au choix des villages pouvant accueillir l’étude. Nous sommes partis du recensement des villages rizicoles réalisé par Adégbola, en 2001. Ce document nous a permis de retenir les villages de Sowé et de Ouédémé dans la commune de Glazoué comme villages pouvant accueillir cette étude. 2.1.2. Unité de recherche et mode d’échantillonnage Notre unité de recherche est l’exploitant agricole. Il faut aussi noter que le PAPA, observait déjà certains paysans dans la zone et il y a une équipe qui va de façon périodique relever les informations sur les exploitations. Nous n’avons été sur le terrain que pour collecter les informations supplémentaires. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 39 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines A Glazoué, nous avons utilisé les chiffres enregistrés par les contrôleurs de production végétales (CPV) et les encadreurs de chaque localité de notre zone. Nous avons classé les producteurs dont les informations étaient disponibles auprès des agents du CeCPA / Glazoué par catégorie. Nous avons ensuite relevé les caractéristiques communes à ces producteurs. Le choix des exploitants a été fait après une analyse des réalisations faites par les paysans dans chaque catégorie. A partir de ces caractéristiques, nous avons, compte tenu de nos moyens très limités, choisi dans chaque catégorie quatre paysans à interviewer dans chacun des villages de notre étude. Les critères de choix des paysans représentatifs : - être producteur de riz ; - produire aussi les autres cultures les plus pratiquées par les exploitants de la classe à la quelle il appartient ; - Avoir bénéficié des mesures de politiques agricoles ; - Avoir des habitudes et pratiques similaires aux autres paysans de la classe. Nous avons interviewé 16 paysans de façon individuelle et nous avons fait 3 focus groupes de 3 à 5 paysans en présence de leur encadreur. 2.1.3. Outils de collecte des données Pour réaliser l’étude, nous avons utilisé des données primaires et des données secondaires. Les données primaires ont été collectées par des entretiens semi-directifs avec les agents du CeCPA/ Glazoué et quelques exploitants agricoles. Des guides d’entretien ont été élaborés (cf. annexe 1). Les données secondaires ont été collectées au cours d’une recherche documentaire à l’ONASA, au MAEP, à l’INSAE, au PAPA, au PUASA, au PPMA et dans des mémoires à la FSA. La synthèse des données collectées est présentée dans le tableau N°2. Tableau 2: les différentes données collectées. Guide d’entretien (Variables) Revue documentaire (Variables) Cultures de l’exploitation Revenu non agricole Superficies totales cultivées Transferts reçus Nombre de jours de travail agricole Dépenses non alimentaires Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 40 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Guide d’entretien (Variables) Revue documentaire (Variables) Quantités de main d’œuvre Evolution des prix Nombres d’hommes-jours par an et par type d’opérations culturales Coût de la mécanisation Valeurs des intrants achetés (engrais, pesticides, insecticides) Biens agricoles consommés Biens manufacturés consommés Prix des biens manufacturés Prix des biens agricoles consommés Nombres d’actifs du ménage Temps consacré par activité Les différentes réalisations par culture de 1993 à 2007 Les types d’associations culturales Le revenu agricole du ménage Le coût de production par culture Données démographiques Biens consommés Les différentes cultures du milieu Les pratiques culturales Coût de la main d’œuvre par opération culturale Différents systèmes de l’exploitation Sources : nos investigations, 2009 2.1.4. Les limites des données collectées Les données primaires ont été collectées en un passage unique. Elles peuvent ne pas refléter la réalité exacte du milieu. Les données secondaires utilisées ne sont pas sans biais. Elles peuvent contenir des biais liés à leurs méthodes de collecte et de traitement. Cependant elles pourront nous aider à obtenir des résultats qui présentent une tendance de la réalité. 2.2. Les instruments d’analyses 2.2.1. Les méthodes d’analyses La méthode d’analyse quantitative a été essentiellement utilisée pour atteindre les objectifs fixés par cette étude. Elle s’est faite en deux étapes. La première phase a consisté à décrire sous GAMS le comportement des ménages paysans ; la deuxième, a consisté à faire des simulations à partir des résultats de la première phase. La saisie des données s’est faite à l’aide du logiciel Windows Microsoft Excel 2007. La modélisation et les simulations se sont faites à l’aide du logiciel GAMS 23.0. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 41 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Le traitement des données (études qualitatives et descriptives) s’est fait à l’aide du logiciel Windows Microsoft Excel 2007. 2.2.2. Spécification du modèle Première hypothèse : L’insuffisance des données de séries longitudinales, nous a poussé à utiliser la programmation linéaire avec des données transversales d’exploitation. La prise en compte des décisions de production et de consommation du ménage nous a conduits à utiliser un modèle de ménage paysan. Le modèle de ménage paysan est constitué de plusieurs groupes d’équations dont la spécification est donnée à la page 40. Il est à noter qu’une telle structure a été reformulée en vue de simplifier et de rendre compréhensible la structure mathématique informatisée qui est utilisée pour effectuer les différentes simulations avec le logiciel GAMS. Le producteur a la possibilité de pratiquer différentes cultures. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes limités aux six cultures principales de notre milieu. Il s’agit du maïs, du riz, de l’igname, du soja, du manioc et de l’arachide. Le producteur a pour objectif de maximiser son profit. Le profit qu’il maximise est la différence entre sa recette et ces dépenses. Il obtient sa recette en vendant sa production sur le marché. La recette totale est la somme des recettes par culture de son exploitation. L’équation de la recette s’écrit : (1) Où : Ragr = revenu agricole Pi ©= prix au producteur de la culture c Qi©= quantité produite de la culture c Et c= indice de la culture ; c= {1, 2, 3, 4, 5, 6} Avec cette recette, il doit couvrir ses charges. Il s’agit de l’achat des intrants, la rémunération de la main d’œuvre, et les dépenses du ménage. L’achat des intrants. Le producteur achète les intrants en fonction de ces disponibilités financières. Ces intrants sont : l’engrais (NPK et Urée), la semence (améliorée et/ou traditionnelle), les Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 42 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines produits phytosanitaires (herbicides). La superficie qu’il emblave dépend de sa capacité à acheter les intrants. On a les équations suivantes : Quantité d’engrais demandée : (2) (3) Avec : dk : la quantité d’engrais demandée, coef (s, k) : le besoin en engrais pour un hectare ck(k) : coût d’achat de l’engrais dk1(k) : quantité d’engrais acheté à crédit w : le taux d’intérêt du crédit ccredk(k) : coût de crédit-engrais k : indice de l’engrais ; k={1, 2} Pi© : prix de vente par culture c Qi© : quantité offerte par le producteur par culture c Ecartrev : écart entre les revenus des activités non agricoles et les dépenses non agricoles3 x(s) : la superficie emblavée par système de culture dans l’exploitation. Dans l’équation (3), le deuxième membre désigne les disponibilités financières de l’exploitant. Quantité de semences demandée 3 Avec Rnagr : revenu non agricole du ménage estimé à partir des statistiques de l’INSAE(2004) trf : montant des transferts reçus par le ménage denali : dépenses non alimentaires du ménage odepali : autres dépenses alimentaires du ménage. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 43 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines (4) (5) Avec : dn(n) :quantité de semences demandée cn(s, n) : coût d’achat de la semence par système et par variété dn1(n) : quantité de semence demandée à crédit ccredn (s, n) : coût du crédit semences var(s, n) : besoin en semences de l’exploitation n : variétés de la semence ; n={1, 2, 3} La rémunération de la main d’œuvre. Le producteur est limité dans son désir d’engager des ouvriers par ses disponibilités financières. La main d’œuvre familiale n’arrive pas à couvrir le besoin de l’exploitation surtout dans les périodes de grande intensité de main d’œuvre. Il est confronté à la résolution des équations suivantes : (6) (7) Avec : lab(s, t) : besoin de main d’œuvre en équivalent Hommes-heures par périodes de l’année et par système. ls(t) : quantité de la main d’œuvre salariée par période t lf(t) : quantité de la main d’œuvre familiale disponible dans le ménage sal(t) : estimation du taux de salaire horaire par période, Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 44 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines t : périodes4 de l’année. Le deuxième membre de l’équation (14) représente la disponibilité totale en main d’œuvre de l’exploitation. La disponibilité des terres au niveau de l’exploitation Le producteur ne peut produire qu’en fonction des terres dont il dispose. A chaque type de terre, correspond une ou des culture(s) particulière(s). Nous avons classé les types de terre en deux groupes distincts : les bas-fonds et les terres fermes. Le producteur fait des cultures de première saison et des cultures de deuxième saison. Il doit allouer toute sa superficie disponible aux deux saisons de production. (8) Avec : typ (d, g) : cultures de première saison en fonction du type de terre typ (b, g) : cultures de deuxième saison en fonction du type de terre x : superficie emblavée d : système de première saison b : système de deuxième saison g : type de terre dig (g) : disponibilité des terres. La mécanisation L’exploitant a parfois la possibilité de mécaniser certaines activités (le labour par exemple). S’il tient compte de cette possibilité, on obtient : (9) Avec : tpl(s, m) : le type de travail par opération culturale par système de production dim (m) : la disponibilité de la machine sur l’exploitation m : le type de travail (manuel ou mécanique) ; m={1, 2}. 4 Dans notre étude, les périodes désignent les mois de l’année. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 45 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines La machine peut être utilisée gratuitement ou non. Dans le cas ou le producteur devra supporter un coût pour utiliser la machine, on a l’équation : (10) Avec : meca (s, t) : temps nécessaire pour labourer un hectare par système et par période comec (t) : coût supporter par le producteur pour labourer à la machine. Le temps total que la machine a passé dans l’exploitation s’écrit : (11) Avec : demec(t) : le temps total que la machine a passé dans l’exploitation. Les dépenses du ménage Le ménage consomme des biens produits sur l’exploitation et des biens qu’il ne produit pas. Il utilise une partie de son revenu pour acheter sur le marché ce qu’il ne produit pas. Cette réalité rend le programme beaucoup plus complexe. Nous avons alors considéré qu’il achète tout ce qu’il consomme sur le marché. Les biens qu’il produit sont achetés au prix bord-champ, alors que ce qu’il ne produit pas est acheté au prix du marché. On peut séparer les décisions de production et les décisions de consommation du ménage. De plus le ménage prends ces décisions en fonction du prix sur le marché. Le modèle est donc un modèle de ménage séparable. L’équation des dépenses de consommation de ménage s’écrit donc : (12) Avec : Pm© : prix du marché par culture Cm© : estimation du besoin alimentaire du ménage par an. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 46 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Depali : dépenses alimentaires du ménage5. La fonction objective du ménage paysan s’écrit donc : (13) La quantité produite La quantité produite par l’exploitation peut s’obtenir par la relation (14) Avec : rend(s, c) : rendement par système de culture. Deuxième hypothèse : Pour tester la deuxième hypothèse, nous sommes partis du programme de base réalisé pour la première hypothèse. Nous avons fait varier les prix d’achats des intrants. Et nous avons comparé les quantités produites obtenues avec la situation de base. Troisième hypothèse : Pour tester cette hypothèse, nous avons utilisé les coûts d’utilisation des tracteursétalon de 60 chevaux. Nous avons ensuite comparé les systèmes optimaux obtenus avec cette nouvelle option à celles obtenues dans le modèle de base. Nous avons ensuite comparé les différentes quantités produites dans les différents cas ci- dessus citées. Pour proposer les politiques incitatrices, nous avons dans un premier temps fait des scénarii de politiques. Nous avons comparé les effets des différentes politiques sur la production de riz. Nous avons ensuite discuté les choix des producteurs de riz dans chaque cas. Pour ce faire, nous avons utilisé des outils d’aides aux prises de décision 5 Depali représente les dépenses pour acheter les biens produits dans l’exploitation. Les dépenses pour les autres biens consommés sont prises en compte dans le calcul de ecartrev. (cf. 9) Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 47 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines des paysans : les budgets partiels et les tableaux de coûts marginaux, pour identifier les politiques qui incitent le producteur de riz. Celles qui accroissent la production seront les politiques retenues. Les scénarii utilisés sont : Scénario1 : utiliser la politique de subvention d’intrant pour accroître la production du riz local Scénario2 : utiliser une politique de soutien de la production Scénario3 : utiliser les deux politiques simultanément. Nous allons ensuite comparer les effets de chacune de ces politiques sur l’offre de riz locale. Puis nous allons choisir celle (s) pour laquelle (lesquelles) la réponse est plus grande.. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 48 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Chapitre 3 : Les exploitations de Sowé et de Ouédémè Dans ce chapitre, nous avons présenté les villages de l’étude et les caractéristiques des exploitations. 3.1. Présentation de la zone d’étude La commune de Glazoué est une commune du centre du Bénin. Elle comprend dix arrondissements. Elle est une zone de production de riz. Les villages de Sowé et de Ouédémé sont les deux villages grands producteurs de riz dans la commune. Ces deux villages sont ceux qui ont été choisis pour la présente étude, compte-tenu des critères de choix de la zone d’étude. Dans cette section nous allons présenter la zone d’étude et caractériser les exploitations. La figure N°3 présente la carte de Glazoué. Climat Situés dans la zone de transition entre le climat subéquatorial, la frange côtière et le climat soudano guinéen du nord Bénin, les villages de Sowé et de Ouédémé jouissent au même titre que toutes les autres régions du département des collines : • d’une grande saison pluvieuse de mi-mars à fin juillet ; • d’une petite saison sèche tout le mois d’août ; • d’une petite saison de pluie début septembre à mi-novembre ; • d’une grande saison sèche de mi-novembre à mi-mars. Dans cette zone les pluies sont irrégulières et ne couvrent pas le besoin en eau pour la culture de riz qui est estimée à 1000 mm3 d’eau. Végétation et hydrographie Le village de Sowé est caractérisé par une végétation de savane arborée à Parkia Biglobosa, Mangifera indica, Butyrospermum paradoxum, Kaya Senegalensis, et Pterocarpus erinaceus. A cette végétation naturelle s’ajoutent des plantations de Tectona grandis, d’Anacardium occidentalis, et de Musca sinensis. Sur le pan hydrographique, le village de Sowé est arrosé par trois rivières que sont Adjakété, Trantra et Klou qui traversent par leurs nombreuses branches les bas-fonds. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 49 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Figure 3: Carte Glazoué (vue par satellite) Source : Logiciel Microsoft Encarta 2009 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 50 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 3.2. Typologie des exploitations Les exploitations de Sowé et de Ouédémé sont pour la plupart des exploitations familiales. La main d’œuvre utilisée est une main d’œuvre de type familiale en général mais on rencontre aussi l’entraide au sein des groupements et le salariat selon les disponibilités financières de l’exploitant. Les cultures sont pratiquement les mêmes au niveau des exploitations de la zone. On rencontre le riz, le maïs et l’igname dans toutes les exploitations des hommes, le soja, le niébé, l’arachide, le manioc dans environ 60% de ces exploitations. Dans les exploitations des femmes, on rencontre en plus du riz, du maïs, de l’arachide, du soja et du niébé, les cultures maraîchères (Falladé, 2003). Description des systèmes de cultures de la zone d’étude Au niveau des villages de Sowé, et de Ouédémé, on peut distinguer différentes technologies pour produire les différentes cultures. Ces technologies varient suivant le chef d’exploitation. On distingue généralement les cultures comme le riz, le maïs, le soja, l’arachide, l’igname et le manioc. Il existe plusieurs variétés de riz dans le milieu, mais nous avons considéré trois variétés : le NERICA qui est considéré ici comme variété amélioré, et le GAMBIAKA et BERIS qui sont considérés comme la variété traditionnelle. Le riz se cultive essentiellement dans les bas-fonds. La culture du riz nécessite la combinaison de plusieurs facteurs et de différentes technologies. Les quantités de facteur utilisé dépendent de la technologie utilisée et de la variété. Pour notre analyse nous retiendrons les technologies dominantes du milieu. Le riz est cultivé avec engrais, et sans pesticides. Le type de travail peut être manuel ou mécanisé. Dans le milieu, la traction animale est pratiquée. Mais la plus part des paysans ne l’utilisent pas. Le maïs se cultive sur terre ferme avec ou sans engrais. Les paysans n’utilisent pas d’herbicides pour le maïs. Le travail est manuel. L’arachide, l’igname et le manioc sont cultivés sur terre ferme et sans engrais et sans herbicide. Le travail est manuel. L’igname peut être aussi cultivée dans des basfonds. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 51 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Le soja est une culture de bas-fond qui utilise ou non de l’engrais et du pesticide. Le tableau N°3 présente les différents systèmes de culture pour notre milieu. Tableau 3: les systèmes de culture rencontrés Cultures Variété de la culture NERICA Type Engrais de sol Riz BasOui fond Riz NERICA BasOui fond Riz NERICA BasOui fond Riz NERICA BasOui fond Riz NERICA BasOui fond Riz NERICA BasOui fond Riz Gambiaka/ BasOui Béris fond Riz Gambiaka/ BasOui Béris fond Maïs Terre Oui ferme Maïs Terre Oui ferme Maïs Terre Non ferme Maïs Terre Non ferme Arachide Terre Non ferme Arachide Terre Non ferme Igname Terre Non ferme Soja BasNon fond Manioc Terre Non ferme Source : nos observations, 2009. Urée Herbicide Oui Non Type de travail Manuel Oui Non Oui Saison Système 1 S11 Manuel 2 S12 Non Mécanique 1 S21 Oui Non Mécanique 2 S22 Oui Oui Mécanique 1 S31 Oui Oui Mécanique 2 S32 Oui Non Manuel 1 S41 Oui Non Mécanique 1 S51 Oui Non Manuel 1 S61 Oui Non Manuel 1 S62 Non Non Manuel 1 S71 Non Non Manuel 2 S72 Non Non Manuel 1 S101 Non Non Manuel 2 S102 Non Non Manuel 1 S81 Non Non Manuel 1 S11 Non Non manuel 1 S91 Les coefficients techniques de production par système et par culture : ** nous avons les cultures cultivées avec engrais et sans herbicide par un travail manuel. Dans ces conditions, les quantités de facteurs combinés sont : Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 52 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Tableau 4: coefficients techniques de production par système (1) Culture Engrais/ha Urée/ha Quantité de main d’œuvre/ha Rendement (kg/ha) NERICA-S1 4 2 304 1700 GAMBIAKA-S4 4 1 304 2200 Source : CeCPA, 2009. ** nous avons les cultures avec des activités mécanisées Tableau 5: coefficients techniques de production par système (2) Culture Engrais/ha Urée/ha Quantité de Superficie Coût de Rendement main emblavée location du (kg/ha) d’œuvre/ha par la matériel/ha machine NERICA-S2 4 2 268 0,5 ha 25000 1800 GAMBIAKA4 1 268 0,5 ha 25000 3100 S5 Source : CeCPA, 2009. ** nous avons les cultures avec herbicide Tableau 6: coefficients techniques de production par système (3) Culture Engrais/ha Urée Quantité Superficie Coût de Quantité de main emblavée location du d’herbicide/ d’œuvre/ha par la matériel/ha ha machine NERICA4 2 268 0,5 ha 25000 5L S3 Source : CeCPA, 2009. Rende ment (kg/ha) 1900 ** nous avons les cultures sur terre ferme, avec utilisation d’engrais et d’urée, fait à partir du travail manuel Tableau 7: coefficients techniques de production par système (4) Culture Engrais/ha Urée/ha Quantité de main d’œuvre/ha Rendement (kg/ha) Maïs-S6 3 1 67 2000 Source : CeCPA, 2009. ** nous avons les cultures sur terre ferme sans utilisation d’engrais et d’urée avec travail manuel. Tableau 8: coefficients techniques de production par système (5) Culture Engrais/ha Urée/ha Quantité de main d’œuvre/ha Rendement (kg/ha) Maïs-S7 0 0 67 1500 Igname –S8 0 0 94,25 4000 Manioc-S9 0 0 86,75 8841 Arachide-S10 0 0 84 1000 Source : CeCPA, 2009. ** cultures de bas-fond sans intrants avec travail manuel Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 53 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Tableau 9: coefficients techniques de production par système (6) Culture Quantité de main d’œuvre Rendement (kg/ha) Culture S11 17,5 1200 Soja Source : CeCPA, 2009. Type de main d’œuvre par catégorie d’opérations et par cultures Les enfants sont scolarisés. Nous ne considérons pas leurs contributions à la production car elle est très négligeable. Ils aident leurs parents au cours des opérations de semis du riz, des sarclages, de la chasse aux oiseaux et des buttages d’igname. Les femmes participent aux activités sur l’exploitation. Elles travaillent dans les champs de leurs maris après avoir travaillé dans les leurs en période morte, mais effectuent le contraire pendant les périodes d’intensité de main d’œuvre. Pour les opérations de l’igname, la main d’œuvre est familiale. Les producteurs des deux villages de l’étude justifient cette pratique par leurs croyances coutumières. La main d’œuvre disponible au niveau des exploitations de Sowé est en moyenne de 7,5 personnes contre 6 à Ouédémé. Cette main d’ouvre disponible varie entre 2 et 14 personnes au niveau de ces exploitations. Sur l’exploitation travaillent en moyenne 6 hommes de 6 h à 18 h en moyenne par jour en période de grande intensité et 3 hommes en période de faible intensité. Les enfants travaillent souvent dans l’exploitation pendant les congés ou les vacances. (Nos investigations, 2009). La production En matière de production, le rendement à l’hectare dépend de la qualité du sol et des entretiens faits à la terre. La variété de la culture n’est pas négligeable car le rendement de la variété NERICA (1700 kg/ha) est différent de celui du BERIS (2500 kg/ha). Le soja est l’une des cultures de rente rencontrée au niveau de la zone d’étude. La terre La disponibilité des terres selon les paysans ne constituent pas un goulot d’étranglement à la production agricole dans les villages de l’étude. Les exploitations de Sowé s’étendent en moyenne sur 4,74 ha avec des disparités allant de 9 ha chez les hommes à 3,5 ha chez les femmes en moyenne. Sur cette superficie, le riz occupe en moyenne 0,242 ha. Au niveau de Ouédémé, la superficie totale disponible est de 4 ha Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 54 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines en moyenne avec une superficie de 0,5 ha emblavée en riz. La terre est disponible selon les paysans. L’héritage est le mode dominant. Il est suivi du don et du prêt. Au niveau du grand bas-fond communautaire de Sowé, seul le prêt est le mode d’accès à la terre. Pour l’instant, la terre n’est pas une contrainte à la production en matière de superficie disponible. Mais en matière de qualité des terres, elle est une contrainte : les terres sont pauvres. C’est pour cette raison que la superficie emblavée pour le riz et le maïs dépend de la disponibilité en engrais NPK et Urée de l’exploitant. Le capital Il est utilisé pour acheter l’engrais, les semences et rémunérer la main d’œuvre salariée. C’est un facteur limitant la production du riz sur les exploitations. Les paysans achètent l’engrais et les semences en fonction de leur capacité à satisfaire la main d’œuvre nécessaire pour couvrir la production. Le NPK, l’urée, l’herbicide, les semences sont les principaux intrants utilisés dans le milieu. La consommation Les ménages de la zone d’étude sont pour la plupart des producteurs. Ils consomment essentiellement ce qu’ils produisent. Cependant, en plus de ce qu’ils produisent, ils consomment quelques produits manufacturés (le cube, le sucre, le lait, le café, des produits textiles, etc.). Les différents biens consommés dépendent du type de ménages. Les ménages sont pauvres ou non pauvres. On a remarqué que les gros producteurs de riz sont des ménages non pauvres pour la plupart. Par contre, il est difficile de dire qu’un petit producteur de riz est pauvre. Il y a de petits producteurs de riz qui sont de grands producteurs d’igname, ou de gros producteurs de maïs. Plusieurs producteurs préfèrent ne pas produire du riz à cause de la pénibilité des opérations. Les opérations culturales et les différentes activités sur l’exploitation Les différentes opérations Le système d’exploitation à Glazoué est principalement traditionnel, la main d’œuvre est intensive. Les méthodes de culturation traditionnelles incluent l’utilisation de simples instruments comme la houe, le coupe-coupe pour cultiver. Ces méthodes de culturation influencent sévèrement la récolte. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 55 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Dans ce système d’exploitation à faible utilisation d’engrais, l’augmentation de la superficie cultivée est la stratégie utilisée pour augmenter la production. Cette augmentation est limitée par la main d’œuvre disponible et la disponibilité financière. La main d’œuvre en période de semis est une contrainte majeure à la production (Akinwumi, 1985). En effet, il constate au Burkina Faso, que la main d’œuvre est fortement demandée durant la première période de semis. La contrainte de la main d’œuvre au cours de cette période cruciale a été détectée comme un facteur limitant l’adoption de la technologie (Akinwumi, 1985). Les différentes opérations culturales sur l’exploitation sont présentées dans le calendrier agricole (tableau N°10). L’utilisation de l’herbicide Lorsque l’herbicide est utilisé, ils l’appliquent avant de mettre l’engrais. L’herbicide est mis au 21ème jour après le semis et l’engrais le 45ème jour après le semis au lieu du 15ème jour après le semis dans le cas où l’herbicide n’est pas utilisé. L’association de cultures Ils ont l’habitude de faire l’association culturale. L’association de cultures se fait pour plusieurs raisons : - pour apporter des nutriments à la terre, - pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Les paysans disent « on préfère utiliser des terres qui sont déjà labourés pour une culture principale plutôt que de chercher de nouvelles terres. En plus, c’est juste pour la consommation domestique. » Le gombo, le sésame, l’arachide, le niébé, le pois d’angole sont des cultures qu’on associe à des cultures principales. Mais cette année, les paysans n’ont pas trop fait d’association culturale. Ils prétendent de ne pas avoir eu le temps pour le faire, et que les terres devaient se reposer pour être plus productives. Ils ajoutent que les terres sont fatiguées. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 56 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Tableau 10: calendrier agricole de Sowé et de Ouédémé Périodes Mais Riz igname Arachide Janvier semis Février sarclage Mars préparatio n du sol Avril labour défrichage sarclage Mai Semis labour Juin sarclage Semis Juillet sarclage sarclage+ épandage Aout récolte chasse aux oiseaux + sarclage Décembre Récolte Sésame mais 2 riz2 défrichage Semis Récolte labour + semis Sarclage sarclage préparatio n du sol Sarclage Semis Récolte arachide2 niébé 2 semis Sarclage préparatio n du sol Sarclo- buttage sur le champ de mais sarclage Sarclage Semis semis labour / sarclobuttage labour + semis Récolte Sarclage sarclage semis+ sarclage sarclag e Sarclage sarclage Récolte récolte récolte récolte récolte sarclage défrichage labour Soja Sarclage Septembre Octobrenovembre Niébé préparatio n du sol défrichage+ labour sarclage récolte man récolte sarclage + épandage Source : CeCPA/ Glazoué 2009. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian semis après la récolte du riz1 57 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Les rotations culturales Les rotations culturales sont une pratique souvent utilisée pour reconstituer les terres et les apprêter à recevoir une autre culture. Les paysans ont l’habitude de faire les rotations présentées dans le tableau 11. Tableau 11: Les différentes options existantes dans le milieu Option 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 1 Igname Igname Igname Igname Igname Riz Riz Riz-sésame Riz-riz Riz maïs maïs Jachère Igname 2 Igname-manioc maïs maïs -manioc maïs Jachère Riz Riz Riz-sésame Riz-sésame Soja-niébé Soja-arachide Soja-niébé Riz Riz 3 Jachère Jachère Jachère Arachide Jachère Riz Jachère Riz Riz Soja-niébé Maïs Soja Jachère Jachère 4 jachère jachère jachère maïs jachère riz Jachère Jachère Jachère maïs Jachère jachère jachère jachère 5 Jachère Jachère Jachère Jachère Jachère Jachère Riz Jachère Jachère Jachère Jachère Jachère Jachère Jachère Sources : CeCPA/ Glazoué (2009) et Falladé Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 58 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Chapitre 4: Les effets des politiques sur la production du riz dans les Collines Dans le présent chapitre, nous avons validé le modèle de base et procédé aux différentes analyses. 4.1. Validation du modèle de base 4.1.1. Les cultures de l’exploitation La situation de base de notre étude est la situation où le PUASA n’était pas encore rentré en application : c’est la campagne agricole 2006-2007. Dans cette situation, les producteurs de riz n’avaient ni accès à la mécanisation agricole ni à une politique de subvention en faveur de la production du riz dans la zone d’étude. Par la suite, pour l’analyse, nous allons introduire les systèmes de production utilisant la mécanisation agricole. Le calibrage a été fait par rapport aux situations réelles rencontrées avant le PUASA. Les systèmes retenus par le modèle d’optimisation sont : le maïs cultivé avec de l’engrais en première (s61) et en deuxième saison (s62), les systèmes de manioc (s9), d’igname (s8), de soja (s11) et d’arachide de deuxième saison (s102). Le riz n’est pas produit en grande quantité parce que le producteur préfère acheter le riz pour sa consommation domestique. Cette situation est celle dans la quelle se trouve la plupart des paysans de notre zone d’étude. 4.1.2. La superficie emblavée par culture Le tableau N°12 présente les cultures optimales, les superficies optimales et les réalisations obtenues sur l’exploitation. Tableau 12 : les cultures optimales CULTURES Superficie moyenne Superficie obtenue sur Écart entre les obtenu par le modèle (are) l’exploitation (are) superficies obtenues Riz 11,9 24,2 -12,3 Mais 204,5 200 4,5 Arachide 70,8 50 20,8 Igname 112,4 150 -37,6 Manioc 0,5 -0,5 Soja 0 0 Source: les résultats d’analyse, (2009), et CeCPA/ Glazoué (2009). Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 59 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Le modèle ressort que la production du riz est optimale en deuxième saison tout comme la production de l’arachide. On remarque que les cultures de maïs, et d’igname sont des cultures de premières saisons. Mais le maïs est aussi produit en deuxième saison. La superficie de maïs emblavée en première saison est plus grande que celle de la deuxième. Tableau 13: les différents systèmes retenus Systèmes s11* s41 s51 s61 s71 s81 s91 s101 s111 s12 s62 s72 s73 Superficie (are) 0 0 0 101,6 0 112,4 0 0 0 11,9 102,9 0 70,8 Source : résultats d’analyse, 2009. (*) Cf. définition des systèmes dans le tableau 3 : les systèmes de culture rencontrés P48. En comparant les résultats obtenus du modèle avec ce qui est pratiqué dans la zone, on remarque que mis à part le riz qui est aussi produit par certains producteurs de riz en première saison, et qui est produit selon le modèle en deuxième saison, que les autres résultats sont pratiquement conformes à ce qui est observé. Le manioc n’est pas une culture en tant que telle dans le milieu. Elle est produite juste autour des cultures d’igname ou bien sur une petite superficie. Sa production n’est pas très grande. Le soja est une culture qui entre petit à petit dans les habitudes culturales du milieu ; elle est souvent destinée à la vente par ceux qui la produisent. Sa production dépend pour l’instant de plusieurs facteurs (la demande du soja par exemple). L’écart entre les situations observées et la situation obtenues dans le tableau N°12 peut s’expliquer par les biais liés à la collecte des informations. Un premier biais est lié à la mémoire du producteur au moment de la collecte. Les parcelles ne sont Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 60 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines généralement pas rigoureusement mesurées pour plusieurs raisons : les périodes de collecte, l’état des parcelles au moment des collectes, les contraintes administratives, etc.). Les superficies recueillies ne sont souvent que des estimations obtenues à partir de la quantité de semence utilisée par le producteur pour emblaver son champ. Un deuxième biais est lié à la dose utilisée par le producteur pendant le semis. Cette dose n’est pas souvent la même tout au long de l’opération. Elle n’est pas souvent rigoureusement respectée. Pour réduire ces biais, il est souvent conseillé au chercheur de résider dans la zone d’étude pendant au moins une campagne pour collecter luimême toutes les données dont il a besoin pour l’étude. Cependant les résultats obtenus du modèle ne sont pas contraires à ce qui peut être observé dans la zone d’étude. Nous pouvons alors valider le modèle. 4.2. Analyse de l’offre du riz 4.2.1. La réaction de l’offre face aux variations du prix de vente Dans ce paragraphe, nous testons la première hypothèse. Le marché influence la production par le prix des produits de l’exploitation. Pour faire cette analyse, nous n’avons pas considéré la situation où certaines activités peuvent être mécanisée mais celle où elles ne le peuvent pas. Ce choix se justifie par le fait que l’objectif visé est de voir l’effet de la variation du prix de vente sur la quantité produite. Nous recherchons les variations de l’offre par rapport au prix du riz. Scénario 1 : le prix du riz au producteur est à 140 FCFA A ce prix, nous sommes au prix de base. Nous allons rechercher la quantité que le producteur va produire à ce prix. Le tableau N°14 présente les résultats. Tableau 14: quantité produite pour un prix de vente de 140 FCFA CULTURES Mais Riz Arachide Igname Manioc Soja Source : résultats d’estimation (2009) Quantité produite (kg) 4089 203 708 4495 0 0 Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 61 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Les résultats présentés dans le tableau N°14 indiquent qu’à ce prix, le producteur préfère maximiser sa production d’igname et de maïs et ne produire que 203 kg de riz. Considérons un prix p = 200 Le prix de 200 FCFA a été choisi parce qu’à ce prix certains producteurs sont prêts à produire du riz. A ce prix, on constate que la quantité de riz produit augmente de 203 kg à 2068 kg, soit une augmentation de plus de 900%. On constate par ailleurs que le niveau de production du maïs et de l’arachide a baissé alors que la quantité d’igname a augmenté. Les résultats sont résumés dans le tableau N°15: Tableau 15: quantité produite pour un prix de vente de 200 FCFA CULTURES Quantité produite (kg) 3428 2068 416 5743 0 0 Mais Riz Arachide Igname Soja Manioc Quantité produite pour 100 FCFA (kg) 3639 0 833 4694 260 Source : résultats d’estimation (2009) Lorsque le prix diminue à 100 FCFA, le riz n’est plus optimal. Il sort du modèle au profit du soja. La quantité de soja produit s’élève à 260 kg. Dans le même temps la production d’arachide augmente et la quantité d’igname et de maïs produite diminue. Il existe donc une relation directe plus que proportionnelle entre le prix de vente et la quantité produite. En conclusion, on constate que le prix de vente bord-champ influence la production de riz. L’hypothèse 1 est vérifiée. 4.2.2. La réponse de l’offre de riz aux variations du prix des intrants Dans ce paragraphe, nous mesurons l’effet d’une augmentation du prix de l’engrais sur la demande d’engrais et sur la production de riz : deuxième hypothèse. 4.2.2.1. La demande d’engrais Au départ (modèle de base), le prix de l’engrais de riz est fixé à 17 500 FCFA le sac. A ce prix, le producteur demande 12 kg d’urée et 331 kg de NPK. Lorsque le prix Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 62 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines d’achat de l’engrais augmente et devient 20 000 FCFA le sac, le producteur achète 273 kg de NPK. Il n’achète plus d’urée. On conclu donc que la demande d’engrais diminue lorsque son prix augmente. C’est donc un bien normal. Ce résultat confirme ceux de Timmer et Falcon (1975). Tableau 16: demande d’intrants Situations Initiale Demande d’urée (kg) Demande de NPK (kg) Source : résultats d’estimation (2009) Après l’augmentation 12 331 0 273 4.2.2.2. L’offre de riz en réponse au prix d’intrants A présent nous allons déterminer l’effet d’une politique de subvention sur la production de riz. Nous allons fixer le prix de l’engrais à 11 500 FCFA puis nous allons nous intéresser au niveau de la production. Ce prix a été choisi parce que c’est le prix du sac d’engrais subventionné dans la zone d’étude pendant la campagne 20072008. Les résultats sont présentés dans le tableau N°17. Tableau 17: quantité produite en réponse à la variation du prix de l’intrant Cultures Quantité produite Quantité produite Pourcentages de avant la subvention après la subvention variations (%) (kg) (kg) Maïs 40889 4719 15 Riz 203 796 292 Arachide 708 683 3,5 Igname 4495 3914 14 Manioc 0 0 Soja 0 0 Source : résultats d’estimation (2009) De ces résultats, on constate que la subvention a permis d’augmenter la production de riz de 292% et celle du maïs de 15%. Par contre la quantité d’arachide et d’igname produits ont diminué. On conclu alors que la subvention a un effet positif direct moins que proportionnel sur l’offre de riz. L’hypothèse deux (2) est donc vérifiée. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 63 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines 4.2.3. L’effet de la mécanisation sur la production Dans cette partie de l’analyse, nous avons intégré les systèmes utilisant la machine. Pour mesurer l’effet de la mécanisation sur la production de riz, nous avons considéré plusieurs niveaux de coût d’utilisation de la machine : - 0 FCFA c'est-à-dire il y a mécanisation mais le producteur ne supporte aucun coût. Tout est pris en compte par l’Etat. - 10000 FCFA : le producteur supporte un coût forfaitaire estimé à 10000 FCFA comme coût du carburant et coûts annexes. - 250006 FCFA : le coût d’utilisation revient à 25000 FCFA. Il faut noter que l’option de la traction animale est au même coût. Cas 1 : le coût est nul Lorsqu’on intègre les systèmes utilisant la mécanisation, on constate que les systèmes optimaux de production diffèrent. Ainsi on obtient les systèmes suivants : - « Riz NERICA avec mécanisation, sans herbicide, avec engrais, en première saison et en deuxième saison ». - « Riz NERICA avec mécanisation, avec herbicide, avec engrais, en deuxième saison ». - « Maïs avec engrais en première et en deuxième saison ». - « Arachide en deuxième saison ». - Et « igname ». Nous considérons cette nouvelle situation comme une deuxième situation de base. Dans cette situation, les quantités produites sont résumés dans le tableau N°18: Tableau 18: les quantités obtenues après la mécanisation Cultures Quantités Quantités produites avant Pourcentage de produites (kg) la mécanisation (kg) variation (%) Riz 1829 203 800,4 Maïs 3996 4089 -2,25 Igname 5516 4495 22,7 Arachide 244 708 -65,55 Soja 0 0 Manioc 0 0 Sources : résultats d’analyse, 2009. 6 C’est une estimation des charges que doivent supporter les producteurs s’ils préfèrent labourer au tracteur. Ces coûts ont été obtenus auprès des ingénieurs en mécanique travaillant dans le Programme Politique de Mécanisation Agricole (PPMA), 2009. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 64 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Lorsque nous comparons ces réalisations avec celles obtenues dans la première situation de base, on remarque que la quantité de riz produit dans la nouvelle situation est plus grande. Mais le producteur diminue sa production de maïs et d’arachide. Le niveau de production de l’igname a par contre augmenté. Cas 2 : le coût d’utilisation est fixé à 10000 FCFA A ce prix, on remarque que la production de riz et du maïs diminuent respectivement de 42% et de 19% pendant que la production de l’igname et de l’arachide augmentent de 6% et de 82%. De plus, on constate que le soja est produit. Tableau 19: réponses de l’offre à la mécanisation Cultures Quantités Quantités produites Pourcentage de produites (kg) dans le cas 1 (kg) variation (%) -42 1829 Riz 1061 -19,44 3996 Maïs 3220 6,77 5516 Igname 5889 82,71 244 Arachide 446 0 Soja 451 0 Manioc 0 Sources : résultats d’analyse, 2009. A ce coût, nous avons constaté que le producteur ne trouve plus optimal d’utiliser la machine. L’observation des systèmes retenus indique que le producteur continue de pratiquer les systèmes nécessitant la machine ; mais il faut noter que ces systèmes ne sont pas optimaux. La production manuelle est pour le producteur plus optimal. Cas 3 : 25 000 FCFA A ce coût, on obtient les mêmes réalisations que dans le cas précédent. Le producteur préfère garder la même stratégie. En recherchant le coût à partir duquel l’utilisation de la machine cessera d’être optimal, nous avons constaté que jusqu’à 9 600 FCFA, il existe des systèmes utilisant la machine qui sont toujours optimaux. L’observation des systèmes montrent que ce sont les systèmes - « Riz NERICA, avec engrais au travail manuel en deuxième saison» - « Riz Gambiaka, avec engrais et sans travail mécanique est cultivé en première saison » - « le maïs avec engrais est cultivé pendant les deux saisons de l’année » - Et les systèmes de l’igname et de l’arachide. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 65 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Ainsi, les systèmes utilisant la machine ne sont plus optimaux. Dans ce cas, le producteur préfère produire à la main. Il faut noter que pour faire cette analyse, nous n’avons pas tenu compte de l’effet de l’utilisation des machines sur les dates de réalisation des autres opérations. Car, l’utilisation des tracteurs permet au paysans de faire les opérations à bonnes dates, ce qui réduit les pertes liées au retard des cultures (effets climatiques, effets des oiseaux migrateurs, récolte pressée, etc.) En définitive, on remarque que l’utilisation de la machine fait accroître la production. L’hypothèse trois (3) est donc vérifiée. 4.2.4. Le choix des politiques On constate que la politique de soutien des prix de vente du riz, la politique de la subvention d’intrants et la politique de mécanisation sont toutes incitatrices. Mais la politique des prix est plus incitatrice car la variation de la production est nettement supérieure à celui de la subvention d’intrants, la politique de mécanisation vient en deuxième position. Cependant, analysons l’effet simultané de ces politiques. 4.2.4.1. Effets d’une variation du prix des autres biens produits sur la production du riz Pour faire cette analyse, nous allons nous limiter à la situation où les activités ne sont pas mécanisées. Cette partie de l’analyse se justifie par le fait qu’étant donné que les quantités produites des autres cultures varient suites aux variations du prix de vente du riz, il peut avoir une politique de prix par rapport à une autre spéculation qui peut avoir un effet positif plus que proportionnel sur l’offre du riz. Nous avons fixé le prix de vente du riz à 140 FCFA et avons varié le prix des autres biens un à un. Dans le tableau N°21, nous nous sommes limités aux variations de la production de riz suite à des variations du prix des autres biens. Nous avons remarqué que l’offre de riz est plus sensible à une diminution du prix de vente bord-champ de l’arachide qu’à celle d’une augmentation du prix de vente bord-champ du maïs ou du manioc. Lorsque le prix du soja, de l’arachide, ou de l’igname augmente, le producteur diminue sa production de riz. Il peut même cesser de produire du riz. Il en est de même Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 66 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines lorsque le prix du maïs diminue. Le tableau N°21 présente les différents résultats obtenus. Tableau 20: réactions de l’offre de riz à une variation du prix de vente des autres produits Cultures Prix de vente bord- Quantité de riz champ (FCFA) produit (kg) Maïs 200 735 125 0 Igname 250 0 150 133 Arachide 150 0 100 1055,196 Manioc 150 203,100 200 320 Soja 150 203,100 200 0 Sources : résultats d’analyses, 2009. 4.2.4.2. Effets d’une variation du prix de vente bord-champ et d’une variation du prix des intrants agricoles On constate qu’une augmentation des prix de vente bord-champ simultanée à une diminution du prix d’achat des intrants augmente la quantité de riz produit. Les résultats sont présentés dans le tableau N°22. Tableau 21: quantités produites par culture suite à une augmentation du prix de vente à 200 FCFA simultanément à une variation des prix des intrants agricoles Cultures Maïs Riz Arachide Igname Soja Manioc Sources : résultats d’analyse, 2009. Quantités produites (kg) 3428 2068 414 5743 0 0 Après lecture des résultats, on constate que l’effet résultant de la mise en œuvre de ces deux politiques n’est que l’effet de la politique des prix. Ce résultat indique que l’effet de la subvention est très marginal sur la production par rapport à l’effet du prix. Ce qui explique peut être les petites superficies des champs de riz observées dans les exploitations de notre zone d’étude. Analysons à présent l’effet de la réponse de l’offre suite à une mécanisation. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 67 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Effets d’une variation du prix de vente bord-champ avec une 4.2.4.3. politique de mécanisation agricole. Dans cette partie, nous allons considérer les trois (3) cas que nous avons cités plus haut dans le paragraphe de la politique de mécanisation. Cas 1 : le producteur ne supporte aucun coût d’utilisation de la machine Dans ce cas, nous considérons l’effet d’une variation du prix de vente sur le niveau de production de l’exploitation. Nous constatons que lorsque le prix au producteur est fixé à 200 FCFA, le producteur ne modifie pas sa décision de produire. Il voit juste sa marge brute augmenter. En d’autres termes, le niveau de production ne varie pas. Mais lorsque le prix de vente est fixé à 250 FCFA, il augmente sa production de riz, d’igname, et d’arachide mais diminue sa production de maïs. Les résultats sont présentés dans le tableau N°23. Tableau 22: effets d’une augmentation du prix de vente bord-champ avec mécanisation Cultures Quantité produite Quantité produite après la avant la mécanisation à 250 mécanisation à 250 FCFA (kg) FCFA (kg) Riz 2646 2319 Maïs 1134 2333 Igname 7487 6462 Arachide 689 603 Source : résultats d’analyse, 2009. Quantité produite Pourcentage après la de variation mécanisation à 140 FCFA (kg) 1829 14% 3996 -51% 5516 16% 244 14% En comparant la quantité produite avant la mécanisation à un prix de vente de 250 FCFA à la quantité produite après la mécanisation, on constate que la mécanisation du labour du riz a un effet positif sur la production du riz, de l’igname et de l’arachide. Par contre, il a un effet négatif sur la production de maïs. On peut ainsi dire que la mécanisation est profitable. Cas 2 : le producteur supporte environ 10 000 FCFA A ce coût, la mécanisation n’est pas profitable. Le niveau de production du riz, du maïs, et de l’arachide a diminué alors que la quantité d’igname produit a augmenté. Mais, l’augmentation du prix de vente bord-champ de riz suite à une politique de mécanisation a un effet positif sur la production. Cependant, il n’est pas profitable de mécaniser. En observant les systèmes de production optimaux, on constate que le Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 68 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines producteur continue de préférer les travaux manuels à la mécanisation ; cependant il utilise un peut la machine. Ce qui explique le résultat obtenu. Tableau 23: effets de la variation du prix et de la mécanisation sur la production Cultures Quantité produite Quantité produite avant la après la mécanisation à 200 mécanisation à 200 FCFA (kg) FCFA (kg) Riz 2068 1985 Maïs 3428 3145 Igname 5743 6027 Arachide 414 414 Source : résultats d’analyse, 2009. Quantité produite Pourcentage après la de variation mécanisation à 140 FCFA (kg) 1061 -4% 3220 8% 5889 -5% 446 0% Cas 3 : coût fixé à 25 000 FCFA Les résultats obtenus sont conformes à ceux du cas 2 ci-dessus. Ces résultats indiquent que la mécanisation accroîtra la production dans la mesure où son coût d’utilisation sera plus faible que celui du travail manuel. Les analyses au coût marginal nous permettront d’approfondir cette discussion. 4.2.4.4. Effets d’une variation du prix de vente bord-champ, d’une subvention et d’une mécanisation Dans ce paragraphe, nous analysons l’effet simultané des trois politiques précédemment citées. Lorsque l’on mécanise, augmente les prix de vente bord-champ, et on diminue le prix de vente de l’engrais, on constate que le niveau de production ne varie presque pas. Ces mesures permettent d’augmenter la marge brute du producteur. Il ne modifie pas sa décision de production. 4.2.4.5. Effets d’une politique de crédit intrant sur la production de riz Les crédits intrants consistent à vendre les intrants à crédits à 11 500 FCFA le sac puis le paysan rembourse le crédit à la récolte soit en nature soit en équivalent monétaire au CeCPA. Le paysan remet un sac de 100 KG de riz en contre partie du sac d’engrais reçu. Il a la possibilité de payer sa dette en liquide soit 14000 FCFA le sac d’engrais. Le taux d’intérêt du crédit est donc 0,22% l’an. Pour faire cette analyse, nous avons considéré le cas où les activités peuvent être mécanisées et le cas contraire. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 69 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Nous avons constaté que lorsque le producteur a la possibilité d’accéder aux crédits intrants, il demande de l’engrais d’avantage. Il est indifférent par rapport au crédit semence et il augmente aussi ses niveaux de production. Ce résultat montre que les producteurs sont financièrement limités dans leurs décisions de production. De plus, la possibilité de demander du crédit est limitée. Nous avons remarqué que le producteur demande plus le crédit lorsque le prix de vente bord-champ du riz augmente. La possibilité pour le paysan d’accéder au crédit lui permet aussi de pouvoir produire le soja et d’augmenter aussi les niveaux de production des autres spéculations. 4.2.4.6. Le PUASA et ses effets sur la production optimale de riz locale Le Programme d’Urgence d’Appuis à la Sécurité Alimentaire (PUASA) est mis en place par le gouvernement pour lutter contre les effets pervers de la crise alimentaire de novembre 2008 par la mise sur le marché de consommation, ceci en quantité et en qualité suffisantes, des denrées alimentaires issues des exploitations agricoles de spéculations à cycles courts (MAEP, 2009). Ce programme était un programme de lutte contre une crise conjoncturelle. Mais, par la suite, il est devenu un programme de lutte contre une crise structurelle. Son objectif initial était d’inciter les paysans à produire suffisamment de grains pendant la contre saison 2008 (MAEP, 2009). Pour atteindre cet objectif, des politiques d’incitations de la production ont été mises en application. Dans le présent paragraphe, nous nous proposons de déterminer les effets de ce programme sur la production. Les actions du PUASA se résument aux points suivants : - Semences améliorées gratuitement - Subvention d’engrais pour le riz et le maïs - Aménagement des bas-fonds rizicoles - Suivi et encadrement des riziculteurs - Octroi de crédits agricole pour la production du riz et du maïs - Achat de la production auprès des paysans pour constituer un stock alimentaire Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 70 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Dans notre zone d’étude, toutes ces actions n’ont pas été exécutées. Celles qui ont été réellement mises en place et qui feront l’objet de la présente analyse sont : - Semences améliorées gratuitement - Engrais subventionné - Prise en charge par le gouvernement de toutes les opérations de préparation des terres dans le volet aménagement des périmètres rizicoles - Suivi et encadrement des producteurs - Achat partiel de la production pour la constitution du stock alimentaire. (nos investigations, 2009) Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau N°25. Ces résultats montrent que les niveaux de production du riz et du maïs ont fortement augmenté. Les producteurs ont essentiellement produit du riz et du maïs. La superficie de riz a atteint un hectare au niveau du riz contre 4 ha pour le maïs. De plus, ce programme a amélioré la marge brute des producteurs qui a augmenté de plus de 500 000 FCFA. Les producteurs demandent beaucoup plus d’intrants. On voit bien que ces mesures incitatrices ont eu un impact positif sur le producteur et sur la quantité produite. Mais le programme étant devenu structurel, quels sont les mesures à prendre pour favoriser sa perpétuation ? Pour cela, nous proposons après analyse que les producteurs supportent à 50% les coûts liés à la préparation des terres pour le semis et que le prix de vente bord-champ augmente d’environs 42%. Tableau 24: les effets du PUASA sur la production Culture Quantité produite (kg) Avant PUASA Avec PUASA Riz 203 3100 Maïs 4088 8000 Source : résultats d’analyse, 2009. Superficie emblavée (are) Marge (FCFA) Avant PUASA Avant PUASA Avec PUASA 12 200 100 400 brute 1.051.901 totale Avec PUASA 1.589.914 Les résultats montrent que le PUASA a eu de très bons effets sur la production et les marges des producteurs. Mais il est à noter que ce programme n’a pas couvert tous les producteurs de la zone d’étude a travers ses interventions. La grande majorité des producteurs est resté en marge de ce programme. Plus loin, dans les implications, nous avons proposée un ensemble de mesures à prendre en compte pour inciter la Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 71 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines production. Nous suggérons que les acteurs des réformes agricoles s’en inspirent dans l’élaboration des politiques agricoles. Tous ces effets a des implications en terme économiques et en terme de développement local. 4.2.4.7. Analyse de la décision du producteur d’utiliser la machine. Nous avons vu, plus haut, que la mécanisation n’est plus profitable à partir d’un niveau de prix donné. la présente analyse est faite pour déterminer les conditions de profitabilité de la mécanisation du labour. Pour ce faire, nous allons élaborer un budget partiel. Tableau 25: choix entre la mécanisation du labour et le labour manuel Désignation Rendement moyen (kg) Prix au producteur (FCFA) Recette brute Coût variables Main d’œuvre Quantité (kg) Prix (FCFA) Total Mécanisation Carburant + lubrifiant Quantité (L) Prix (FCFA) Total Autres coûts Coût total Marge brute Source : à partir des données du CeCPA/ Glazoué Labour Manuel Mécanique 1.700 140 238.000 1.800 140 252.000 24 1.500 36.000 2,25 0 - 172.500 208.500 29.500 20 500 15.000 172.500 187.500 64.500 Au prix de 140 FCFA, si le producteur devra utiliser le riz NERICA, on se rend compte que le labour mécanique est profitable tant que son coût d’utilisation (frais de location, carburant, etc.) reste inférieur au coût du labour manuel. Mais puisqu’il a la possibilité de choisir l’une des variétés ordinaires, la mécanisation sera plus profitable s’il a la possibilité d’en bénéficier en cultivant une variété ordinaire. Nous n’avons considéré ici que les dépenses du carburant. Etant donné que dans le village, il n’y a pas de station d’essence, nous avons considéré le prix de l’essence Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 72 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines sur le marché informel de Ouédémé et de Sowé. L’essence coûtait 500 FCFA le litre en Février 2009 dans le village. Nous n’avons pas considéré les frais de location parce que ces informations ne sont pas disponibles. Actuellement, c’est le CeRPA qui envoie le tracteur dans le village. En réalité, on ne devait pas considérer les frais de carburant puisque les paysans ne supportent pas ces frais avec le programme PUASA. Mais si nous les avons considéré c’est parce que avec les tracteurs qui étaient utilisées au temps des groupements villageois dans la zone, c’était le chef d’exploitation qui assurait le carburant dans la machine. Pour l’instant, tous les riziculteurs n’ont pas accès à la mécanisation. Nous allons à présent voir les seuils à partir desquels le riziculteur est en mesure de produire du riz. 4.2.4.8. Analyse du prix de vente Nous avons remarqué qu’une augmentation du prix de vente bord-champ augmente la quantité de riz produit. À présent, nous voulons voir le prix qui arrange le producteur de Glazoué étant donné que le prix p =140F est un prix auquel il n’est pas prêt à vendre son riz. Nous allons d’abord faire une analyse à partir du budget partiel quant aux choix des variétés à produire. Le budget partiel est un outil qui permet au producteur de prendre des décisions par rapport aux différentes techniques à utiliser pour produire. Ensuite, nous allons déterminer le coût marginal de la production, et le seuil de rendement. Ces deux derniers résultats nous permettrons de voir si le producteur de riz a raison de refuser de vendre son riz à 140 FCFA. Le coût par variété Pour faire notre analyse, nous avons classé les variétés en deux groupes à savoir : la variété NERICA, qui regroupe toutes les variétés NERICA produites dans le village, et la variété ordinaire qui regroupe les autres variétés traditionnelles cultivées dans le village. Le tableau N°27 présente le budget partiel de la production de riz suivant les deux variétés. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 73 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Tableau 26: choix entre la production de la variété NERICA et les variétés traditionnelles Désignation Variétés du riz NERICA Variétés ordinaires Rendement moyen 1.700 2.500 Prix de vente bord140 140 champ Recette totale 238.000 350.000 Coût des opérations 208.500 208.500 Herbicides (Calfifor G) Quantités 5 5 Prix 7.500 7.500 Totale 37.500 37.500 Engrais (NPK et Urée) Prix 17.500 17.500 Quantités 6 5 Totale 105.000 87.500 Semences 350 350 Prix 75 60 Quantités Totale 26.500 21.000 Coût total 377.500 354.500 Source : résultats d’analyse, 2009. À la lecture du tableau N°27, on constate que les coûts totaux sont nettement supérieurs aux recettes obtenues. Ces résultats expliquent les raisons pour lesquelles les producteurs ont du mal à produire du riz s’ils doivent le vendre à 140 FCFA. Ce résultat explique aussi pourquoi le riz est pendant longtemps resté une culture de subsistance des ménages agricoles riches. Car les ménages pauvres préfèrent encore maximiser la production de l’igname dans le village et acheter du riz au marché pour satisfaire leur besoin domestiques. Le calcul du coût marginal montre que le producteur doit vendre le riz NERICA à 222,058 FCFA et le riz ordinaire à 141,8 FCFA pour couvrir les coûts de la production. 4.2.4.9. Effet d’une subvention d’intrants si le producteur de riz doit vendre le riz à 140 FCFA. Nous avons vu que la subvention d’intrants et le soutien des prix sont deux politiques incitatrices. Ce résultat nous a poussé à analyser la décision que prendra le producteur de riz. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 74 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines A partir du budget partiel réalisé précédemment, nous allons voir le prix auquel le producteur serait prêt à vendre son riz s’il bénéficie d’une subvention d’intrants. Tableau 27: choix des variétés à produire après une subvention des intrants Désignation NERICA Engrais Prix Quantités Total Semences Prix Quantités Total Total 1 Autres coûts Total 2 Variétés du riz Variétés ordinaires 11.500 6 69.000 11.500 5 57.500 300 75 22.500 91.500 246.000 300 60 18.000 75.500 246.000 337.500 321.500 Source : résultats d’analyse 2009. On remarque que malgré la subvention, le coût total de production du riz NERICA est supérieur à la recette obtenue par le producteur lorsqu’il vend son riz à 140 FCFA. Mais la subvention l’encourage à produire la variété ordinaire ; ainsi, si la subvention était destinée à produire uniquement le riz NERICA, le producteur ferait du détournement, il utilisera les intrants destinés au NERICA pour produire de la variété ordinaire. En effet, certains producteurs ont eu ce comportement à Sowé avec le programme PUASA. Avec la subvention, le riz doit être vendu à 197,86 FCFA au moins pour inciter la production du NERICA. Ce résultat permet d’expliquer le comportement des producteurs de la zone d’étude qui ont refusé en Janvier 2009 de vendre le riz NERICA à un prix inférieur à 200 FCFA le kilogramme. On comprend aussi pourquoi les producteurs ont du mal à produire du riz local, et aussi pourquoi l’adoption des paquets technologiques par les producteurs est difficile. Il urge donc de fixer des prix plus élevés que ceux qui sont actuellement pratiqués sur le terrain. Mais étant donné que les politiques de soutien de prix sont des politiques de moyen et long terme et aussi que ces politiques dépendent fortement des politiques macroéconomiques, quelles peuvent être alors les mesures d’urgence pour inciter l’offre de riz ? Pour répondre à cette question, nous allons voir dans un premier temps les différents niveaux où nous pouvons réduire les coûts de production de riz local. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 75 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Le tableau N°29 montre en détail les différents coûts de la production du riz local. Tableau 28 : coût des opérations culturales du riz Opérations de la production Coût des opérations (ha) du riz Fauchage 25.000 Labour 36.000 Planage 25.000 Semis 37.500 Sarclages 30.000 Epandage 5.000 Récolte 25.000 Battage et vannage 30.000 Source : nos investigations, CeCPA/ Glazoué, 2009. NB : il faut noter que l’essouchage du terrain n’a pas été pris en compte parce que le riz n’est pas toujours la première spéculation de la parcelle. Cependant, il peut être considéré pour des analyses en faisant une évaluation de l’amortissement des frais de l’essouchage. Pour ce faire, il faudra connaître le nombre de cultures, et le nombre de fois que cette terre a été utilisée entre l’essouchage et sa nouvelle mise en jachère. 4.3. Implications 4.3.1. Implications économiques de l’étude L’augmentation du prix de vente au producteur permet au producteur d’augmenter sa production de riz et de l’igname. Ce qui fait augmenter sa marge brute totale. Avec la mécanisation à 10 000 FCFA/ha, un plus grand nombre de producteurs pourront en bénéficier et cela favoriserait la production. Les activités rizicoles deviendront rentables et le producteur sera inciter à augmenter sa production. La mise en œuvre de ces politiques encouragera beaucoup de producteurs qui ne produisaient pas le riz à en produire car ils pourront aisément augmenter leur profit. De ces résultats, nous pouvons aussi souligner que l’amélioration du prix de vente du riz permettra au producteur de riz d’augmenter le niveau de production d’autres spéculations le soja par exemple. 4.3.2. Implications en termes de développement local Les producteurs de riz vont voir leur richesse augmenter. De ce revenu, ils pourront améliorer leur habitation et scolariser d’avantage les enfants. Malgré la Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 76 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines présence de l’électricité dans le village, la plupart des paysans vivent encore sans courant électrique et sans eau potable. L’application des mesures incitatrices permettra au producteur d’améliorer son niveau de vie. 4.3.3. Suggestions et recommandations Nous suggérons que l’Etat augmente son soutien aux producteurs de riz. Qu’il achète le riz à un prix beaucoup plus attractif, soit un prix compris entre 200 et 250 FCFA. Que l’Etat intensifie la mécanisation des exploitations. Mais qu’il prenne le soin de faire participer les producteurs dans le coût d’utilisation des tracteurs. Nous suggérons que les producteurs paient 10 000 FCFA pour se faire labourer l’hectare à la machine. Nous avons trouvé que la subvention des intrants n’a pas de grands effets sur la production de riz. Ainsi, nous suggérons que les travaux d’aménagements et d’irrigations soient faits au profit de la subvention d’engrais. Enfin, nous avons trouvé que le crédit permet d’augmenter la production de riz. Des actions doivent être faites dans ce sens. Nous suggérons qu’un taux compris entre 5% et 8% soit appliqué sur le crédit. Etant donné que les politiques de soutient de prix sont des politiques de moyen et de long terme et que ces politiques sont fortement influencées par les politiques macroéconomiques, les implications nous ont permis de proposer des mesures d’urgences pour inciter l’offre de riz. Une première mesure serait de réduire les coûts totaux de la production de façon à ce qu’elles soient égales aux recettes totales. Pour ce faire, il faudrait : • que l’on mécanise les activités de production de riz qui peuvent être mécanisées de façon à ce que le coût d’utilisation des machines par les paysans soit très inférieur au coût du travail manuel. Les activités comme le labour, le semis, le planage, le fauchage, la récolte sont des activités que l’on peut mécaniser. Il faut prendre des mesures pour le faire si et seulement si ces mesures contribueront à réduire le coût total de production de riz local. • que l’herbicide et les intrants soient subventionnés. • que des recherches soient faites pour améliorer le rendement du riz NERICA (dans les bas-fonds). Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 77 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines • Inciter les producteurs de riz en leur donnant des primes de rendements à l’hectare. • Aménager les périmètres rizicoles et construire des infrastructures d’irrigation. Actuellement, le gouvernement incite les producteurs à augmenter l’offre de riz locale. Mais cette incitation n’aura pas l’effet souhaité si le riz produit n’est pas vendu. Dans ce cas, on serait auto-suffisant en riz sans que l’objectif de sécurité alimentaire en riz ne soit atteint. De plus, les producteurs seront découragés et l’offre ne pourra plus répondre aux incitations de politiques agricoles. En conclusion partielle, on constate que la subvention des intrants n’est pas une politique très incitatrice de la production. Les politiques de soutien de prix et de mécanisation sont plus incitatrices. De plus, on trouve que la variété NERICA, ne peut pas permettre d’atteindre les objectifs de sécurité alimentaire dans ces deux villages tant que son rendement à l’hectare ne sera pas meilleur à celui des variétés ordinaires en milieu paysan. En plus, les paysans disent qu’“elle est plus absorbante que la variété ordinaire’’. Des paquets technologiques devraient tenir compte de cette réalité pour améliorer la qualité de la variété NERICA. Au Bénin, pendant longtemps, l’accent a été mis sur la subvention d’intrants, l’aménagement des bas-fonds et l’élaboration des paquets technologiques. Nous venons ainsi de constater que ces mesures ne sont pas très incitatrices. Ce qui peut expliquer les faibles résultats obtenues dans la filière malgré toutes les politiques mises en œuvre. Nous suggérons aussi que des recensements soient faits de façon régulière dans le domaine afin que des données récentes soient disponibles pour mener à bien de pareilles études. Nous suggérons ensuite qu’il y ait un suivi effectif des paysans par les encadreurs et les contrôleurs du secteur, et que les données de chaque exploitation, qu’ils ont la charge de suivre, soient enregistrées au fur et à mesure qu’elles sont disponibles ; que ces informations soient centralisées dans les CeCPA de chaque commune et que les données du Recensement National de l’Agriculture soient vite traitées et vulgarisées. Cela faciliterait l’acquisition des informations et des données pour de pareilles études et permettraient d’affiner les analyses. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 78 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines De nouvelles études pourraient s’intéresser aux circuits de commercialisation de la production locale, les effets du libre-échange et le protectionnisme, les effets de la politique économique de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sur l’offre de riz local au Bénin. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 79 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines CONCLUSION Cette étude nous a permis d’identifier des mesures susceptibles de favoriser l’augmentation de la production locale de riz de façon à tendre vers l’autosuffisance alimentaire en riz. Plus concrètement, elle a permis de déterminer l’effet d’une variation du prix de vente au bord champ et de la mécanisation sur la production optimale riz ; de déterminer les réponses de l’offre de riz locale face à la politique de subvention d’intrants et de proposer une ou des paquet(s) de politique(s) économique(s) susceptible(s) d’inciter le producteur béninois à la production du riz. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les hypothèses suivantes : une augmentation du prix de vente bord-champ du riz local entraîne une augmentation plus que proportionnelle de l’offre de riz ; la subvention d’intrants a un effet positif moins que proportionnel sur l’offre de riz ; la mécanisation a un effet positif sur la quantité produite et les mesures efficaces ont un effet positif plus que proportionnel sur l’accroissement de l’offre de riz local. Les résultats trouvés vérifient toutes nos hypothèses. Nous avons trouvé que l’augmentation du prix de vente bord-champ du riz local entraine une augmentation plus que proportionnelle de sa production tandis que la subvention d’intrants a un effet moins proportionnel et que la mécanisation favorise la production du riz local. Nous avons remarqué que même si l’application des prix favorables accroit de façon plus que proportionnelle l’offre de riz, il est préférable d’utiliser cette mesure avec des mesures d’aménagement comme la mécanisation par exemple que de mettre en œuvre une politique de prix et de subvention d’intrants. Nous avons aussi remarqué que la politique de crédit intrants à un taux compris entre 5% et 8% favorise la production du riz. Notre analyse nous a conduits à remarquer que les politiques mises en œuvre dans le PUASA ont permis d’augmenter la production de riz. L’analyse de la marge brute nous a permis de constater que les prix pratiqués n’incitent pas à la production du riz. Nous avons trouvé que le paddy vendu entre 200 FCFA 250 FCFA, pourrait inciter la production du riz, en présence de certaines mesures d’accompagnement (aménagements des périmètres rizicoles, subvention d’intrants, accès au crédits-intrants). Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 80 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines L’analyse des budgets partiels nous a permis de constater que les producteurs seraient en mesure de supporter une partie des charges liées à la mécanisation des activités à hauteur de 10 000 FCFA l’hectare pour les activités du labour. Malgré les limites de notre travail, cette étude nous a permis de mettre en relief certains problèmes du développement de l’agriculture à Glazoué. Elle n’a tenue compte que du riz, mais le programme utilisé nous permet de mesurer l’effet des politiques sur les autres cultures retenues dans le milieu. Le problème du développement de la filière riz étudié ici n’est pas spécifique à la zone d’étude. Les conclusions de cette étude peuvent être généralisées à un niveau régional voire national où les exploitations de riz présentent les mêmes coefficients techniques de production même si les cultures sont différentes. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 81 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : 1. ABIASSI E. et D. ECLOU, 2006 « Etude sur les instruments de régulation des importations commerciales de riz au Bénin », Rapport provisoire, CCR-FUPRO, Bénin, 80p. 2. ADEGBOLA P. et E. SODJINOU, 2003b « Etude de la compétitivité du riz local au Bénin », Rapport, PAPA/INRAB-ADRAO, Porto-Novo, Février 2003. 3. ADEGBOLA P. et E. SODJINOU. 2003a « Analyse de la filière riz au Bénin », Rapport, PAPA/INRAB-PADSA, Porto-Novo, 234p. 4. ADEGBOLA Y. 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Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 86 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines ANNEXES Annexe 1 : Questionnaire des agents du CeCPA et à quelques producteurs de notre zone d’étude Au Technicien spécialisé en production végétale (TSPV) Quelles cultures rencontre t-on ici ? R. Maïs, riz, niébé, arachide, sésame, cultures maraîchères, manioc, igname, soja, patate, anacarde, mangue et orange…. Quelles sont les superficies emblavées R. Elles varient suivant les cultures et selon les producteurs. Pour le riz par exemple, les producteurs ont cultivé entre 1 parcelle et 10ha dans les deux villages réunis. Tous les producteurs font-ils du riz ? R. Non tous les producteurs ne font pas du riz. La majorité des producteurs de notre localité s’adonne aux cultures de maïs et d’igname. Juste une minorité produit du riz. Quelles sont les grandes emblavures du riz ? R. Les grandes emblavures varient entre 1,5 ha et plus Quelles sont les petites ? R. A partir d’une parcelle de riz. Quels sont les problèmes que les riziculteurs posent ? R. Engrais, semences, main d’œuvre, essouchage. Pourquoi les autres ne produisent pas du riz ? R. Pour des raisons diverses : pénibilité des opérations, activité contrayante, difficile à écouler sur le marché à un prix abordable. Qu’est-ce qui les inciterait à accroître la production du riz Comment ont t-ils perçu le PUASA ? R. Bien Avez-vous des statistiques sur les exploitations ? R. OUI, pour certains producteurs Quelles sont les variétés de riz qui existent ici ? R. Gambiaka, Beris, NERICA 1, 3, 4. Quel est le rendement de riz dans le milieu R. il varie selon la variété Gambiaka : 2500 kg/ha à 2800kg/ha Béris : 2500kg/ha NERICA : 1500 à 1900kg/ha Peut-on connaître les rendements des autres cultures. R. Oui, mais elles varient en fonction des exploitations. Elles dépendent du soin que le producteur apporte à la spéculation. Aux Contrôleurs de production végétale (CPV) Qu’elle cultures rencontre t-on ici ? Qu’elles sont les superficies emblavées Tous les producteurs font-ils du riz ? Qu’elles sont les grandes emblavures du riz ? Qu’elles sont les petites ? Qu’elles sont les problèmes que les riziculteurs posent ? Pourquoi les autres ne produisent pas du riz ? Qu’est-ce qui les inciterait à accroître la production du riz Comment ont t-ils perçu le PUASA ? Qu’elles sont les différents assolements dans le milieu ? A-t-il utilisé de l’engrais Combien en faut-il par hectare Pourquoi il n’a pas eu assez, Pourquoi les prix des intrants sont différents. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 87 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Quelles associations culturales fait-on dans le milieu ? A quelques paysans de notre zone d’étude Que peut-on produire ici ? Que produisez-vous dans vos champs ? De quelle superficie vous disposez pour produire ? Combien êtes-vous prêts à dépenser pour acheter vos semences ? Quelles quantités de semences avez-vous acheté cette campagne pour chacun de vos produits ? A combien les avez-vous acheté ? Quelle superficie avez-vous allouée à chaque culture ? Quels sont les intrants que vous avez utilisés pour produire ? Avez vos faits des cultures de 2e saison ? Quelle superficie Avez-vous emblavé ? Comment répartissez-vous vos activités champêtres ? De quelle quantité de main d’œuvre disposez-vous dans votre exploitation ? A combien vous achetez vos intrants ? et où ? Quelle quantité pouvez-vous acheter ? Engagez-vous des salariés dans votre exploitation ? A Combien sont ils payé ? Pour chacune des opérations culturales, qu’elle superficie un adulte peut il faire par jour, s’il devait bien travailler ? Pour chacune des opérations en combien de jours vous les faites ? et combien de personnes avez-vous utilisé pour le faire ? Quelle quantité avez-vous récolté cette année ? Qu’en avez-vous fait ? A combien les avez-vous vendu ? Comment financez vous vos activités agricoles ? Qu’est-ce qui vous a poussé à produire ces cultures et pas d’autres ? Pourquoi avez-vous produit cette quantité ? Quelles sont vos autres activités ? Obtenez-vous d’autres revenus ? (Rente, loyer, …) Avez-vous l’habitude de produire cette quantité ? Pourquoi l’avez-vous fait maintenant ? Quelles cultures avez-vous fait l’année passée ? Quel rendement avez-vous obtenu ? Qu’est-ce qu’on mange ici ? Que mangez-vous ? Quels sont vos mets préférés ? Comment les acquérez-vous ? Achetez-vous d’autres biens sur le marché ? Combien ça coûte ? Quelle quantité vous avez l’habitude de consommer par an ? (Environ) Il y a combien de personnes qui mangent chez vous ? Vous avez combien d’enfants ? Vous aident t-ils aux champs ? Dans quelle période vont-ils au champ avec vous ? Vous avez combien de femmes ? Que font-elles ? Pouvez vous nous parler un peu de ce qu’elles produisent ? Qu’elles superficie emblavent t’elles ? Comment produisent t-ils ? Avez-vous des gens qui produisent pour vous et qui vous rapportent la récolte ? Comment avez-vous perçu le PUASA ? Que souhaitez-vous comme amélioration de la part du gouvernement ? Avez-vous utilisé une fois un tracteur ? Quels avantages avez-vous trouvé ? Qu’elles en sont les inconvénients ? Quels sont globalement ceux à quoi vous allouez vos revenus ? Pourquoi vous n’utilisez pas du pesticide ? de l’herbicide ? Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 88 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Quelles superficies avez-vous mis en jachère ? Comment faites-vous les rotations culturales ? Quelles cultures pratiquez-vous en association dans vos champs ? Avez-vous des plantations ? Si oui quelles superficies avez-vous ? A quel prix vous vendez la production ? Quelles quantités vous en consommez ? Annexe 2 : les différentes politiques agricoles utilisées dans le monde pour inciter la production locale Tableau a : Les politiques utilisées par les pays gros exportateurs de riz pour inciter leur production du riz Part dans la Part des exportations production mondiales, tous types Pays exportateurs mondiale, riz de riz, quantités Politiques commerciales paddy moyennes moyennes de 1995 à de 1995 à 2002 2001. Thaïlande 4,2 % 26% -Subvention aux exportations -Soutien des prix intérieurs par des achats publics et des stocks régulateurs. Viêt Nam 5% 15% -Prix d'exportation minimum fixé par le gouvernement. -Prix planché sur le marché intérieur. 10% -Soutien à la production, les organismes collecteurs achètent au-dessus d'un prix plancher. -Système d'aide ou de taxe à l'exportation suivant les disponibilités internes du pays. Inde 22% -Soutien aux agriculteurs : -Soutien aux prix prenant la forme de contrat de production entre producteurs et 1,5% 11% Etats-Unis gouvernement, -Prêt de campagne disponible lorsque le prix mondial est inférieur au prix de référence. Source : http://www.unctad.org/infocomm/français/riz/ecopol.htm, 2005. Tableau b: Les politiques utilisées par les principaux pays importateurs de riz pour protéger leur propre production Pays Importateurs Indonésie Union européenne Part dans la production mondiale, riz paddy moyennes de 1998 à 2002 8,5% Part des Tarif douanier NPF moyen importations 1999 mondiales, tous types de riz, quantités Paddy Brun Décortiqué moyennes de 1998 à 2002. 13,5% 3,5% (échanges intra UE exclus) 0,4% 7,7% (échanges intra UE inclus) 0 7,7 N.A. Politiques commerciales Bien que la filière soit libéralisée, il existe des 0 taxes à l'importation pour protéger les producteurs locaux. 0 N.A. Régime de prix : -un prix d’intervention est fixé avant chaque campagne. -des organismes achètent la récolte à ce prix. Régime de change -tarif douanier appliqué Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 89 Effets des politiques agricoles sur l’offre de riz local au Bénin, Cas du département des Collines Pays Importateurs Part dans la production mondiale, riz paddy moyennes de 1998 à 2002 Tarif douanier NPF moyen Part des 1999 importations mondiales, tous types de riz, quantités Paddy Brun Décortiqué moyennes de 1998 à 2002. Politiques commerciales aux importations sauf riz Japonica et Indica -contingents sans droits (ACP-OCM) Paiement compensatoire lié à la superficie :=aide directe par hectare de riz cultivé. ACP Brésil Bangladesh 1,7% 3,4% 3,4% 4,5% 8,7 13 14 0 0 0 Les prix et la mise sur le marché sont soumis à l’intervention de l’Etat -contingent : le riz importé n’est pas 0 commercialisé -le prix FOB de vente du riz japonais est soutenu et attractif (4 fois celui en Australie) Japon 2,2% 2% 0 0 Chine 32% 1% 114 114 114 Source : http://www.unctad.org/infocomm/français/riz/ecopol.htm; secrétariat de la CNUCED, d'après le Règlement 395R3072 (dans ce site, cliquez sur législation, entrez l'année (1995) et tapez le numéro ci-dessus) et la proposition de réforme de l'OCM riz (838KB). Pour de plus récentes informations veuillez consulter: "EU Rice Round Up for 2004/05 - Intervention, Imports and Tariffs", USDA, 2005. Mémoire de maîtrise en économie rédigé par MONTCHO Cocou Muriel Dorian 90