Silouane Dumoulin PFE juin 2013 Résumé en 4 pages Les points singuliers à respecter pour les lots du second œuvre (clos couvert) afin de garantir l’obtention des labels BBC et HQE : étude particulière du projet de conception construction pour la restructuration du Lycée Professionnel de Montigny-lès-Metz Introduction : J’ai effectué mon PFE au sein d’une entreprise de construction (Demathieu & Bard) en rapport avec le chantier du nouveau lycée du bâtiment de Montigny-Lès-Metz. J’ai fait un travail recherche documentaire sur la conception BBC des bâtiments, principalement au niveau du clos couvert et j’ai pu analyser toute la partie exécution sur le chantier pour y apporter des améliorations. Ces observations m’ont permises de bien comprendre les problématiques environnementales nouvelles de la RT 2005 BBC (équivalent de la RT 2012) depuis l’amont du projet jusqu’à sa réalisation concrète. 1. L’entreprise, le projet et ses acteurs : L’entreprise Demathieu & Bard fait partie des principaux acteurs français indépendants du secteur de la Construction avec un chiffre d’affaire de 831 millions d’euros en 2011 plus de 2500 employés en 2011. D&B réalise 80% de son chiffre d’affaire en France. Notre chantier de 48 millions d’euros est constitué de la construction d’un internat, d’un externat, de 8 logements, d’un gymnase, d’une demi-pension, d’extension d’ateliers et de la réhabilitation d’ateliers existants. Le projet est un Partenariat public privé financé en partie par la région lorraine. La société D&B est l’entreprise générale du groupement réunis en conception-réalisation. Le groupement est composé plusieurs bureaux d’étude : lots technique, agence d’architecte, qualité environnementale, Bureau de contrôle… 2. La RT 2005 BBC : Plusieurs paramètres sont utilisés pour quantifier l’impact environnemental : le BBio est le besoin bioclimatique en termes de chauffage, de refroidissement et d’éclairement. Il prend en compte l’incidence de l’orientation, de l’ensoleillement et des caractéristiques géométriques de compacité. Le Cep max (en kWh/ m².an) est la consommation maximale d’un bâtiment pour le chauffage, le refroidissement, la production d'eau chaude sanitaire, l'éclairage artificiel des locaux, les auxiliaires de chauffage, de refroidissement, d'eau chaude sanitaire et de ventilation. La RT 2005 BBC fixe des valeurs cibles à atteindre de Cep : - un niveau d’exigence calé pour le résidentiel à 50 kWh/m2 - une performance énergétique améliorée d’au moins 50 % par rapport à la performance réglementaire de la RT 2005 pour les bâtiments tertiaires. Silouane Dumoulin PFE juin 2013 C’est une réglementation « exigentielle » ; c’est-à-dire qu’elle fixe des performances à atteindre sans donner les moyens techniques de les atteindre. Cependant, la règlementation autorise l’emploi de composants ayant des performances inférieures aux performances de référence dans la limite des valeurs garde-fou sous réserve d’avoir des performances supérieures dans d’autres domaines. Le niveau de performance global prime. Le confort d’été: la température la plus chaude des bâtiments en été suite à 5 jours très chauds doit être inférieure à Tic réf afin d’assurer un confort sans activer de système de refroidissement. On agit sur le refroidissement grâce à : - distribution des baies vitrées (surfaces, orientations) protections solaires mobiles possibilité d’aération des espaces inertie thermique,… 3. L’étanchéité à l’air : Elle se mesure en terme de débit de fuite par m2 de surface déperditive (en m3/ (h.m2) de l’enveloppe du bâtiment sous une dépression de 4 Pascal. Les infiltrations viennent principalement de l’action du vent, du tirage thermique, des défauts de ventilation. La RT fixe les limites à 1 m3/ (h.m2) pour les logements et 1.2 m3/ (h.m2) pour les bureaux et l’enseignement. Les résultats des essais in-situ ont été conformes. J’ai observé et donné des indications pour que les gaines soient bien rebouchées, les joints de châssis bien posés, les divers joints et scotch sur membrane d’étanchéité à l’air correctement appliqués. 4. L’isolation thermique des fenêtres : Le coefficient thermique définissant la capacité de la fenêtre à garder la chaleur est Uw en nombre de Watt perdus au m2 par degré: il est composé du coefficient thermique du cadre (Uf) et de celui du vitrage (Ug). Tout l’enjeu consiste à concevoir des menuiseries performantes avec des joints d’étanchéité multiples et des ruptures de pont thermiques. D’autres facteurs comme la capacité du vitrage à transmettre la chaleur (Sw) et la lumière naturelle (Tlw) sont pris en compte. Pour atteindre les performances BBC des pourcentages d’ouvertures vitrées pour chaque orientation ont été appliqués. J’ai comparé dans des tableaux la conformité des vitrages par rapport à la référence et j’ai vérifié la bonne pose de l’isolation autour des vitrages et au niveau des coffres de volet roulant. 5. Les ponts thermiques : Ils sont le plus souvent dus à des géométries plus complexes, à des décrochés, à des liaisons mur-plancher et à des liaisons mur-ouverture. On a répertorié 9 problèmes de ponts thermiques qui ont été résolus. Sur ce projet, mon attention s’est portée principalement sur les points suivants : -Les soubassements isolés dans la continuité des façades. -Le positionnement des volets roulants. -Les acrotères isolés sur leurs trois faces. Silouane Dumoulin PFE juin 2013 6. L’isolation thermique de l’enveloppe : Les caractéristiques de transmission des parois des bâtiments sont données par le coefficient de transmission surfacique ou linéique Ubât (W /m 2.K). J’ai recherché dans les archives de la conception toutes les valeurs du projet (transmission à travers les parois verticales, horizontales, les liaisons, portes, fenêtres…) que j’ai comparées aux valeurs de référence de la RT en vérifiant leur conformité. Je me suis focalisé sur les résistances thermiques réelles avec les résistances données par la note de calcul thermique du logiciel clima win. Les bâtiments possèdent des isolations spécifiques en fonction des bâtiments (Isolation par l’extérieur en polystyrène, double couche de laine de roche sur les façades des ateliers…). J’ai vérifié et apporté des modifications au niveau de la partie l’exécution car certain points comme des cotes d’encombrement ne peuvent pas être anticipé en amont sur les plan Il m’a fallu régler certains problèmes d’interfaces entre le lot de bardage (ossature, isolation et façade en Trespa) des façades et le lot s’occupant de l’étanchéité des toitures. Par exemple, la membrane d’étanchéité à l’air des ateliers devait être continue entre le toit et les façades. Le complexe de bardage devait être fini pour que le couvreur pose ses couvertines qui chapotent les acrotères. 7. Les corps d’états techniques : Bien que ces lots ne soit pas le cœur de mon sujet d’étude, il m’a semblé nécessaire d’aborder certaines de ses problématiques pour avoir une connaissance globale du projet. De multiples capteurs (sonde à luminosité, thermostat d’ambiance) sont présents pour connaitre la température, l’ambiance, ou encore la présence de personnes dans les pièces. Une régulation performante des panneaux rayonnants pour le chauffage et des tubes fluorescents à haut rendement pour l’éclairage permet d’économiser l’énergie. Les bâtiments sont chauffés grâce à une chaudière haut rendement à granulés en bois couvrant 75% des besoins complétée par une chaudière à gaz Wiessmann. Pour compenser certaines déficiences dans le calcul du BBC, des panneaux solaires pour l’eau chaude ont été placés sur les logements et la demi-pension. Sur le terrain, j’ai pu observer et parfois demander l’amélioration du calorifugeage et de sa continuité ainsi que vérifier les calfeutrements des traversées de cloison. La ventilation est réalisée grâce à un système double flux d’un rendement de 70% limitant les pertes caloriques. Parfois il a fallu répondre à un problème d’interaction entre les contraintes acoustiques provenant de la démarche HQE et les contraintes du BBC provenant de la ventilation. 8. Mes missions de conduite de travaux : Il m’a été confié la mission de suivre le lot 16B sous-traité à l’entreprise Cibétanche de bardage. La relation de ce lot avec le BBC est très importante puisque ces entreprises réalisent tout le complexe de couverture qui assure l’étanchéité à l’air, à l’eau et l’isolation. Tout en vérifiant certains éléments des carnets de détail et des fiches techniques, j’ai regardé par exemple que les couches d’isolant étaient conformes à ce qui avait été demandé. J’ai également fait état de la qualité de la pose du Trespa aux architectes qui devaient valider ou Silouane Dumoulin PFE juin 2013 demander une modification. J’ai servi d’interface entre plusieurs acteurs comme Alp étanche (poseur du complexe étanchéité bardage), Serrurerie Moselane (pose des casquettes support des brises soleil), Wihlelm(le charpentier métal), Denu&Paradon l’architecte. Il a fallu proposer des méthodes alternatives pour résoudre certains problèmes d’étanchéité à l’air : en effet tous les compagnons n’ont pas eu de formations spécifiques aux contraintes BBC et il faut leur faire comprendre les enjeux pour qu’ils évitent certaines erreurs grossières comme des insuffisances de longueur d’isolant qui créent des ponts thermiques. J’ai également suivi le lot 16A sous- traité à l’entreprise EBI (Etanchéité, bardage industriel). J’ai relevé chaque semaine l’avancement des travaux afin de le noter dans le compte rendu de coordination qui représente un document contractuel envoyé chaque semaine à tous les soustraitants. J’ai dû aussi vérifier que les situations mensuelles d’EBI mentionnaient les travaux réellement réalisés. Ceci permettait de faire valider par mon chef ses situations. 9. Conclusion Ce stage de 4 mois et demi passé sur un chantier important par sa taille et la diversité des bâtiments construits m’a donné la possibilité d’appréhender une grande partie des problématiques BBC. En mettant en parallèle les « données d’entrée » pour la conception avec les « données de sortie » de la réalisation sur le chantier, j’ai pu observer les points positifs et certaines incohérences que nous avons rectifiés le plus possible. En gérant l’avancement des lots du clos couvert, j’ai pu comprendre en profondeur le rôle du conducteur de travaux au travers de ses relations avec les sous-traitants, sa hiérarchie et plus généralement tous les acteurs du chantier. Le conducteur lance l’appel d’offre pour ses lots, choisit le meilleur sous-traitant selon des critères de compétitivité financière, de délais, de qualité et suivant les relations antérieures. Il gère ensuite l’interaction entre son sous-traitant et le chantier. Le conducteur doit pour cela connaître profondément la technicité du projet pour répondre aux questions du sous-traitant et pouvoir faire des ajustements. En effet, un projet « vit » entre la conception et la construction, c’est-à-dire que des variantes surgissent, les architectes peuvent demander des variations, les techniques de réalisation peuvent changer etc… Les réunions hebdomadaires auxquelles j’ai participé m’ont fait comprendre les enjeux, les contraintes et la stratégie menées par D&B. Ainsi j’ai participé aux réunions avec les architectes pour le calage de certains détails des façades. J’ai aussi assisté aux réunions de coordination dans lesquelles tous les intervenants se réunissent autour de la table pour élaborer la feuille de route et montent un plan d’action pour les semaines à venir. C’est dans ces réunions que les conducteurs de travaux peuvent faire appliquer leur stratégie permettant de gagner du temps et de l’argent. L’importance de la sécurité m’a sauté aux yeux notamment lors des 2 réunions avec les coordonnateurs de sécurité. Les questions d’accès pompier sont également très présentes. Pour finir, ce stage m’a permis de discuter avec de nombreux interlocuteurs : j’ai pu m’enrichir des nombreux échanges avec des compagnons, des conducteurs de travaux, des chefs de chantier, des architectes, des responsables de bureaux d’études et de contrôle et bien sûr des sous-traitants. Silouane Dumoulin PFE juin 2013