Comptes-rendus < page N° 4 > Forum de la famille 2011
Table ronde du vendredi 27 mai 2011
1. « L’épanouissement du jeune enfant par le jeu »
Avec Anne Bacus, docteur en psychologie, Michèle Bonnot, puéricultrice et
Gérard Neyrand, sociologue
L’essentiel
a Le jeu n’est pas une activité annexe mais vitale. C’est, avant le langage,
l’instrument fondamental de la construction du nourrisson puis du jeune enfant. Dans
le jeu, par le jeu, l’enfant explore, se forme, éveille son intelligence, ses fonctions
motrices, sa sensibilité, à la fois dans la relation à son corps et à son environnement
: parents, proches, animaux domestiques, objets.
a Le meilleur jeu pour l’enfant est celui qui en fait le moins, et lui demandera donc
d’imp liquer davantage son imaginaire et ses sens. Les parents sont là en
accompagnants bienveillants plus qu’en stimulateurs permanents ou en partenaires
omniprésents.
La règle du Jeu
Par le jeu, l’enfant grandit. Il recherche la complexité, par pulsion d’apprendre et de se
perfectionner. Tous les petits mammifères jouent pour exercer leur corps, leur intelligence, la
relation aux autres. « Le jeu est l’activité la plus sérieuse des enfants », écrivait Montaigne. L’enfant
s’investit totalement dans le jeu sous toutes ses formes (jeu physique, intellectuel, relationnel),
c’est un formidable moyen d’apprendre.
Il existe différentes catégories de jeux et de jouets, qui stimulent différentes dimensions
de l’enfant : la dimension affective (peluches, poupées, « doudous »), pédagogique, sociale,
motrice (une balançoire, des patins), créative (par des matériaux, par le dessin). Par la
manipulation d’objets, par des sauts, des courses, des jeux psychologiques relayés au tra-
vers de ses peluches et poupées, l’enfant découvre le monde extérieur. Il apprend ainsi les
lois de la physique : « Si je lâche la cuillère, elle tombe ». Les lois de la psychologie : « L’adulte la
ramassera d’abord patiemment avant de s’énerver ». La loi de la permanence des objets : « Ils dis-
paraissent et réapparaissent ».
La répétition dans le jeu est un stimulant, permettant de reproduire un évènement qui a
marqué l’enfant : par exemple, une coupelle lâchée qui s’est mise en toupie pendant quelques
instants avant de se stabiliser.
Le jeu demande donc implication, effort, apprentissage. L’enfant y pose ses propres défis,
de façon gratuite – en cela, le principe de jeu éducatif est une aberration puisque tout jeu
constitue un moyen d’apprendre. Un enfant qui ne joue pas est soit malade, rêveur, ou sidéré
devant un écran où il reçoit un imaginaire d’adulte. Le jeu est fondamental pour faire vivre les
trois dimensions de l’enfant : son être biologique, psychique et social.
Explorer sous le regard bienveillant des adultes
Le jouet n’est pas indispensable au jeu de l’enfant. L’autre est aussi un support. On peut aussi
s’inventer un copain imaginaire. Le premier jeu de l’enfant est son propre corps. Le nourrisson