Web 2 Fiche 2.1 CYCLE DE KREBS G. Ona-Nguema, C. Roose-Amsaleg et P. Bauda Le cycle de Krebs permet d’oxyder complètement les molécules d’acétate (issues de l’oxydation du pyruvate) en dioxyde de carbone et donc de produire une grande quantité de cofacteurs réduits (NADH,H+ et FADH2) qui vont fournir les électrons à la chaîne respiratoire. L’oxaloacétate (OAA) est une molécule très importante, dont le déficit dans la cellule engendre un dysfonctionnement du cycle de Krebs. Notons que C4, C5 et C6 désignent le nombre de carbone des molécules impliquées dans le cycle. 1 2 Web 2 Fiche 2.2 GLYCOLYSE OU VOIE D’EMBDEN-MEYERHOF G. Ona-Nguema, C. Roose-Amasaleg et P. Bauda La glycolyse est une chaîne de 10 réactions enzymatiques : les réactions 1 à 4 font intervenir les molécules à 6 carbones (partie I), alors que les réactions 5 à 10 impliquent les composés à 3 carbones (partie II). Les enzymes catalysant ces réactions sont : (1) hexokinase, (2) phosphoglucose isomérase, (3) phosphofructokinase, (4) aldolase, (5) triose-phosphate isomérase, (6) glycéraldéhyde-3-phosphate déshydrogénase, (7) phosphoglycérate kinase, (8) phosphoglycérate mutase, (9) énolase, (10) pyruvate kinase. ℗ désigne le groupement phosphate. 3 4 Web 2 Fiche 2.3 VOIE DES PENTOSES PHOSPHATES G. Ona-Nguema, C. Roose-Amsaleg et P. Bauda La voie des pentoses phosphates peut être divisée en deux grandes parties : (i) la branche oxydative, composée des réactions 1 à 3 (en noir), au cours de laquelle il y a oxydation d’une molécule de glucose-6-phosphate avec libération du dioxyde de carbone, d’un pentose phosphate et de deux NADPH,H+ ; et (ii) la branche non-oxydative représentée par des réactions 4 à 11 (en orange). Les enzymes catalysant ces réactions sont : (1) glucose-6-phosphate déshydrogénase, (2) phosphogluconolactonase, (3) 6-phosphogluconate déshydrogénase, (4) pentose-phosphate isomérase, enzyme qui permet une isomérisation réversible du cétose (ribulose-5-phosphate) en aldose (ribose-5-phosphate), (5) pentose-phosphate épimérase, enzyme permettant une épimérisation réversible au niveau du carbone 3 des cétoses (ribulose-5phosphate en xylulose-5-phosphate), (6) transcétolase, enzyme qui échange deux carbones entre un cétose (donneur) et un aldose (accepteur) (7) transaldolase, enzyme qui échange trois carbones entre un cétose (donneur) et un aldose (accepteur), (8) triose-phosphate isomérase, (9) aldolase, (10) phosphofructokinase ou fructose-bisphosphatase, (11) phosphoglucose isomérase (Adapté de Kruger et von Schaewen, 2003). ℗ désigne le groupement phosphate. 5 6 Web 2 Fiche 2.4 VOIE D’ENTNER-DOUDOROFF OU VOIE (CDPG) G. Ona-Nguema, C. Roose-Amsaleg et P. Bauda Le glycéraldéhyde 3-phosphate produit à partir du CDPG va subir les mêmes transformations que dans la glycolyse (réactions 6 à 10, Web 2 Fiche 2.2) pour être converti en pyruvate. ℗ désigne le groupe phosphate. 7 8 Web 2 Fiche 2.5 ORIGINE DE LA VIE : HYPOTHÈSE DE LA « SOUPE PRÉBIOTIQUE »- EXPÉRIENCE DE STANLEY L. MILLER L. Paolozzi La vie est apparue dans un petit étang chaud, dans lequel il y avait un riche bouillon de produits chimiques organiques, à partir desquels s'est formé le premier organisme primitif à la suite d'une longue période d'incubation durant les temps géologiques. Ch. Darwin (1859) in On the Origin of Species Il est admis que la Terre connut, avant que la vie n’y apparaisse, deux phases évolutives distinctes, géophysique et chimique. La troisième, enfin, fut la phase biologique, celle qui nous intéresse ici. Il est important de ne pas oublier, avant de poursuivre cette brève discussion, que tout ceci est dans le domaine d'hypothèses plausibles, dont le substrat est une énorme quantité de données et de concepts d'origines pluridisciplinaires. Dans son livre Origins of Life (1985), le physicien Freeman Dyson souligne à ce propos que « l’origine de la vie est un des rares grands problèmes de la science moderne qui se situe au croisement de presque toutes les disciplines : Schroedinger y a apporté les idées de la physique, von Neumann celles de la logique mathématique, Eigen et Orgel de la chimie, Lynn Margulis de l’écologie et Motoo Kimura de la biologie des populations ». On peut spéculer sur l’origine de la vie, selon John Haldane (1954), avec comme point de départ une des hypothèses suivantes : la vie (i) n’a pas une, mais plusieurs, origines ; (ii) est apparue sur notre planète suite à un événement surnaturel ; (iii) a pris naissance à partir de réactions chimiques “ordinaires” par un processus évolutif lent ; (iv) est le 9 résultat d’un événement très peu « probable », mais possible en considérant la dimension de l’échelle temporelle concernée et en tenant compte de la composition et de l’état de la matière. Plus de cinquante ans plus tard, les spéculations à partir d’une de ces quatre hypothèses ont encore cours. Nous favoriserons, ici, l’une d’elles, la naissance de la vie suite à un ensemble de réactions chimiques qui ont conduit, par un processus lent, à la synthèse des constituants organiques essentiels à la construction, au fonctionnement et à la reproduction des premières formes de vie. LA TERRE AVANT L’APPARITION DE LA VIE : LA THÉORIE D’OPARIN-HALDANE Les théories sur la phase géophysique de l’histoire de la Terre se basent sur les données issues de la géochimie, de la chimie des météorites et de la radioastronomie. Cette dernière approche, en particulier, a fourni des informations importantes sur la chimie de notre galaxie, caractérisée par une densité élevée de nuages riches en gaz constitués d’hydrogène moléculaire, d'eau, d'ammoniac, d'oxyde de carbone, d'alcool éthylique, d'acide cyanhydrique, et d’autres molécules réductrices. Il est admis, sur la base de ces données, que les conditions qui ont présidé à la formation de la Terre, il y a environ 4,5 milliards d’années, étaient semblables à celles que l’on observe aujourd’hui dans les espaces galactiques riches en molécules réductrices à l’état gazeux. Ce sont ces conditions qui auraient initié la phase d’évolution chimique de la Terre, phase durant laquelle des processus de synthèse ont conduit à transformer des éléments et molécules simples en molécules organiques plus complexes (acides aminés, bases des acides nucléiques, etc.). Au début du siècle dernier, Alexander Ivanovitch Oparin (1924), un biochimiste soviétique, et le biologiste anglais John Haldane (1929) proposèrent, indépendamment, une hypothèse sur la nature de l’atmosphère primitive de la Terre durant la phase prébiotique. Selon A.I. Oparin, la Terre aurait connu une longue phase d’évolution chimique, caractérisée par une série d’événements qui se seraient produits alors que l’atmosphère terrestre était constituée de méthane, ammonium, hydrogène et vapeur d’eau, donc des conditions réductrices. Ces éléments, en présence des sources d'énergie (chaleur, décharges électriques, radioactivité, radiations UV provenant du soleil) dont la Terre disposait, auraient été à la base de la synthèse de composés organiques de plus en plus complexes. Ces molécules, précipitées de l’atmosphère dans un environnement aqueux, auraient formé des agrégats colloïdaux, ou « coacervats », ayant la capacité d'absorber et d'assimiler d’autres composés organiques présents dans l'environnement. Cette longue évolution, appelée prébiologique par A.I. Oparin, aurait conduit à générer les premières formes de vie. Très semblables à cette description étaient les idées de J. Haldane. Ce dernier avait proposé que la mer primordiale devait être une sorte de laboratoire chimique géant, exploitant pour ses réactions l'énergie solaire. Dans l'atmosphère, exempte d’oxygène, la combinaison de dioxyde de carbone et d'ammoniac aurait conduit, sous l’effet du rayonnement ultraviolet, à la synthèse d’un grand nombre de composés organiques. Ces derniers, une fois précipités dans la mer, auraient transformé celle-ci en une sorte de « soupe chaude diluée » (la soupe prébiotique) contenant de grandes populations de monomères et de polymères organiques. Quelques années plus tard (1954), J. Haldane soutint que l’événement décisif qui aurait permis de passer de cette 10 phase à la vie aurait été l’apparition de membranes lipidiques capables de renfermer des groupes de monomères et de polymères auto-reproductifs. Ceux-ci, à la suite d'autres processus évolutifs, auraient généré les premières cellules vivantes. Les ressemblances entre ces deux hypothèses justifient la tendance à les réunir sous le nom de théorie d’Oparin-Haldane, laquelle, en raison de l’absence de données expérimentales pour la consolider, ne fut pas accueillie avec succès au moment de sa formulation. DE LA THÉORIE AUX EXPÉRIENCES Au début des années 1950, les idées d’A.I. Oparin et de J. Haldane furent reprises par de nombreux chercheurs, et principalement par J.D. Bernal (1949), V.M. Goldschmidt (1952) et H.C. Urey (1952). Les deux premiers proposèrent que des minéraux argileux auraient pu jouer un rôle important dans la synthèse prébiotique de polymères. H.C. Urey (prix Nobel de chimie en 1934) s'intéressait à diverses théories sur l’origine du système solaire, et en particulier à la composition chimique de l’atmosphère primitive de la Terre. Il arriva à une conclusion identique à celle d’Oparin, que l’atmosphère initiale devait être très réductrice, semblable à celle de Jupiter actuellement, c’est-à-dire riche en méthane, ammoniac, hydrogène et vapeur d’eau. Un de ses élèves, Stanley Miller, eut l’idée, en 1953, de construire en laboratoire un système mimant ces conditions, pour tester l’hypothèse d’Oparin. L’expérience consistait à soumettre un mélange de gaz (H2, CH4, NH3 et vapeur d’eau), à des décharges électriques continues simulant des éclairs. Après une semaine de ce traitement, les produits éventuellement synthétisés furent analysés (voir encart F2.5-1). S. Miller constata la présence de nombreuses molécules organiques, y compris des amino-acides. Environ 2 % du carbone gazeux a été inclus dans des acides aminés, dont 13 des 22 présents chez les organismes vivants actuels, avec une prépondérance pour la glycine. Encart F2.5-1 - L’appareil de Stanley Miller L’appareil utilisé par S. Miller est un système clos : l’eau contenue dans un ballon est chauffée, et sa vapeur transmise, à travers un tube en U, se répand dans un deuxième ballon contenant le mélange gazeux (« l’atmosphère primitive ») (fig. F2.5-1). Le mélange vapeur d’eau-gaz est soumis à un cycle de décharges électriques par l’intermédiaire de deux électrodes placées dans le ballon. La vapeur continue son parcours et se dirige vers un système de refroidissement où elle se condense sous forme liquide, et peut être récupérée. La propagation de la vapeur d'eau ne peut se faire que dans une direction. À chaque cycle, une partie du liquide de condensation est récupérée pour être analysée par chromatographie, et le restant est réintroduit dans le ballonchaudière pour un second cycle, et ainsi de suite. Miller a utilisé des décharges électriques pour induire la formation de radicaux plutôt que la lumière ultraviolette du fait que le quartz constituant les ballons aurait absorbé les longueurs d'onde capables de provoquer la photo-dissociation des gaz. 11 Figure F2.5-1. L'appareil de S.A. Miller. De nombreux chercheurs ont été influencés par l’expérience de S. Miller, et l’ont répétée en variant différents paramètres : composition du mélange gazeux, source d’énergie (chaleur, irradiation UV, etc.). Ces modifications ont été dictées par la considération que les hypothèses définissant les conditions de l' « atmosphère primitive » reposent sur des données universellement acceptées. Le désaccord porte soit sur la composition chimique de l’atmosphère primitive, soit sur la(les) source(s) d’énergie impliquée(s). Pour certains, l'atmosphère originale de la Terre aurait contenu moins de méthane et d'ammoniac que ce que l'on soutenait à l'époque de l'expérience de Miller-Urey. Des données récentes soutiennent que la concentration en H2 aurait constitué environ 40 % de l'atmosphère, un environnement beaucoup plus accueillant pour la formation de molécules organiques prébiotiques. Malgré ces critiques, les résultats obtenus par S. Miller sont encore de nos jours importants car ils ont montré qu’il est possible de synthétiser des molécules biologiques à partir d’éléments ou de molécules simples dans un environnement abiotique. Cette conclusion a été confirmée dans toutes les expériences de type “Miller” réalisées ultérieurement, ainsi que dans celles ayant utilisé d’autres approches. Ainsi S.W. Fox et K. Harada réussirent à synthétiser par traitement thermique des polymères, appelés proténoïdes, constitués de 18 amino-acides (1958), puis des nucléotides (1961). Ces dernières molécules seront aussi synthétisées par C. Ponnamperuna (1964). Un autre résultat important (J. Oro’, 1961) a été la formation d’acides aminés à partir de cyanure d'hydrogène (HCN) et d’ammoniac en solution aqueuse, et l’obtention des quantités élevées d’adénine. La synthèse de cette dernière molécule est particulièrement importante parce 12 que constituant non seulement de l’ADN et de l’ARN, mais aussi de l’ATP, molécule énergétique universelle. Plus tard encore a été observée la synthèse d’autres bases des acides nucléiques, dans des conditions de “chimie prébiotique” dont l'atmosphère réductrice contenait peu ou pas d'oxygène libre, mais de l’hydrogène sous forme de méthane ou d’ammoniac. Reste l’hypothèse d’une origine extraterrestre de la vie. Il s’agit d’une hypothèse formulée à la fin du XIXe siècle. William Thomson (Lord Kelvin) proposa en 1894 que la vie sur la Terre proviendrait de météorites. Le chimiste suédois Svante August Arrhenius partageait cette idée à cette époque. Le mot panspermie fut introduit par le biologiste allemand Hermann Richter. Selon ces savants, les premières molécules organiques complexes présentes sur la Terre proviendraient de l’espace et auraient été véhiculées par le bombardement de météorites. L’analyse chimique du météorite Murchison (tombé près de Murchison, Victoria, Australie, le 28 septembre 1969), a révélé la présence de plus de 90 acides aminés différents, dont 19 correspondant à ceux des organismes vivant sur la Terre. Ainsi il est admis que les comètes et d'autres corps extérieurs à notre système solaire contiendraient de grandes quantités de composés carbonés complexes. Cette hypothèse, quoique très attrayante, ne fait que repousser la recherche de l’origine des premières molécules biologiques d’où la vie a pu apparaître. Bibliographie Arrhenius S. 1987. Worlds in the Making. London : Harpers in Earth, Moon and Planets (1908). 37 : 187-99 Bernal J.D. 1949. The Physical Basis of Life. Proc. Royal Soc. London 357A : 537-558 Dyson F. 1985. Origins of Life. Cambridge University Press Fox S.W. & Harada K. 1961. Synthesis of Uracil under Conditions of a Thermal Model of Prebiological Chemistry. Science 133(3468) :1923-4 Goldschmidt V.M 1952. Geochemical Aspects of the Origin of Complex Organic Molecules on the Earth, as Precursors to Organic Life. New Biol. 12 : 97-105 Haldane J.B.S. 1929. The Origin of Life. Rationalist Annu. 148 : 3-10 Haldane J.B.S. 1954. The origin of life. New Biol. 16 :12-27 Miller S.L. 1953. A Production of Amino-acids under possible Primitive Earth Conditions. Science 117 : 528–529 Miller S.L. 1957. Mechanism of Synthesis of Amino Acids by Electric Discharge. Biochimica et Biophysica Acta 23 : 480-489 13 Miller S.L. & Urey H.C. 1959. Organic Compound Synthesis on the Primitive Earth. Science 130(3370): 245-51 Miller S.L. & Urey H.C. 1959. Origin of Life. Science 130(3389): 1622-1624 Miller S.L., Urey H.C., Oró J. 1976. Origin of Organic Compounds on the Primitive Earth and in Meteorites. J. Mol. Biol. 9(31): 59-72 Oparin A.I. 1924. Proiskhozhdenie Zhizny. In : Moskovski Rabochii, Moscow. Traduction : Robinson, R. 1966. The Origin of Life. in : J. D. Bernal. Cleveland : World, 1967 Oro’ J. & Kamats S.S. 1961. Amino-acid Synthesis from Hydrogen Cyanide under possible Primitive Earth Conditions. Nature 190 : 442-3 Ponnamperuna C. & Kirk P. 1964. Synthesis of Deoxyadenosine under Simulated Primitive Earth Conditions. Nature 203 :400-1 Richter H.E. 1865. Zur Darwinschen Lehre, in Schmidts Jahrb. d. ges. Medizin, CXXVI, CIIL (1870) Thomson W. (Lord Kelvin). 1894. On Geological Time. December 23, 1871. in : Lectures from 1866 - 1893. London : Macmillan and Co. Urey H.C. 1952. On the Early Chemical History of the Earth and the Origin of Life. Proc. Natl. Acad. Sci. USA. 38(4): 351-63 14 Web 2 Fiche 2.6 CYCLE DE CALVIN G. Ona-Nguema, C. Roose-Amsaleg et P. Bauda Le cycle de Calvin est réalisé par les organismes autotrophes ; il conduit à une production de molécules organiques à plusieurs carbones à partir du CO2. Son bilan montre que : 6 CO2 + 12 NADPH + 18 ATP C6H12O6 + 12 NADP+ + 18 ADP ℗ désigne le groupement phosphate. 15 16 Web 2 Fiche 2.7 VOIE DE LA SÉRINE G. Ona-Nguema, C. Roose-Amsaleg et P. Bauda La voie métabolique de la sérine est utilisée par de nombreux microorganismes hétérotrophes et méthylotrophes pour assimiler le carbone(*). Le pyruvate peut provenir du catabolisme du glucose soit via la glycolyse, soit par la voie d’Entner-Doudoroff. Le nombre de molécules x d’ATP et y de NAD(P)H,H+ dépend de la voie de dégradation du glucose utilisée (cf. Fiches 2.2 et 2.4). En violet sont représentées les réactions impliquées dans le cycle de Krebs. À noter que FP = Flavoprotéines (FMN ou FAD) et FPH2 = Flavoprotéines réduites (D’après J.H. Scott et K.H. Nealson, 1994). Bibliographie Kruger N.J. et von Schaewen A. (2003). The oxidative pentose phosphate pathway: structure and organisation. Curr. Opin. Plant Biol. 6, 236 –246. Scott J. H. et Nealsen K. H. (1994) A Biochemical study of the intermediary carbon metabolism of Shewanella putrefaciens. J. Bacteriol., 76, 3408-3411 17 18 Web 2 Fiche 2.8 CHEMINÉES HYDROTHERMALES L. Paolozzi Ce type d’environnement est décrit ici car il représente un écosystème extrême particulièrement intéressant. Les cheminées hydrothermales, ou fumeurs, sont des formations géologiques localisées à des profondeurs marines comprises entre 700 et 4 000 mètres, et situées généralement dans des zones de forte activité tectonique comme les dorsales médio-Atlantique et du Pacifique oriental. Dans ces régions, le mouvement des plaques tectoniques crée sur le fond de la mer des fissures de quelques kilomètres de profondeur qui donnent lieu à la formation de chambres magmatiques à travers lesquelles le magma remonte vers la surface. Ce dernier se refroidit lors de cette poussée vers le fond de la mer, et sa rétraction laisse des anfractuosités dans la croûte océanique, tandis que sur sa surface s’érige une sorte de cheminée formée par la solidification du matériel magmatique expulsé. L'eau de mer, qui est à environ 2 °C, s'infiltre dans ces anfractuosités et se réchauffe en s’approchant du magma, qui lui est à une température de 1 200 °C. Sous l'effet de la pression, l’eau chaude remonte vers le plancher océanique sous forme d’un fluide hydrothermal, qui sort de la cheminée. Ce fluide est caractérisé non seulement par une température élevée et un pH acide, mais aussi par des grandes concentrations de gaz + 2+ 2+ 2+ dissous (H2S, CH4, CO, CO2, H2) et d'ions métalliques (Si , Mn , Fe , Zn ), ainsi qu'une absence d'oxygène. Il existe deux sortes de fumeurs, qui se différencient par leurs modalités de formation, leur température, leur contenu en minéraux et d’autres caractéristiques. Le premier type, le fumeur noir, est ainsi désigné en raison de sa forte concentration en fer et en manganèse ; il émet de l’eau sulfureuse à très haute température (350 °C). Le liquide thermal du fumeur noir ne subit pas de dilution par l’eau de mer avant son émission sur le fond de la mer. Le second type de fumeur, dit blanc, est caractérisé par une cheminée de carbonate blanc, et un fluide thermal à une température comprise entre 150 et 270 °C. Ce liquide subit, avant son émission, une diminution de température et une dilution de ses composants chimiques par le mélange avec 19 l’eau de mer. À peu de distance d’un fumeur blanc par exemple, la température passe de 90 à 40 °C. Dans les deux cas, il y a un fort gradient décroissant de température de l’intérieur du fumeur vers l’extérieur, ce qui conduit à former une série de micro-environnements à diverses températures, dont certains sont propices au développement de micro-organismes thermophiles, et d’autres à celui d'hyperthermophiles. 20 Web 2 Fiche 2.9 RÉPONSES DES PROCARYOTES À LA PRESSION L. Paolozzi Quels sont les problèmes posés par la pression au développement des procaryotes ? D’une façon générale, l’augmentation de la pression diminue la capacité des enzymes à se lier à leur substrat. Pour un organisme non adapté à ces conditions, la synthèse protéique, ainsi que les activités liées à la membrane, sont bloquées. Il faut tenir compte, d’autre part, du fait que la barophilie, associée aux grandes profondeurs marines, est concomitante de basses températures, puisque la température de l’eau de mer à des profondeurs élevées est en moyenne de 2 °C. Dans ces conditions la membrane tend à gélifier. Pression et température élevées sont deux facteurs de déstabilisation de la structure quaternaire des protéines, et, d’une façon moindre, de leur structure tertiaire. Les effets des pressions élevées et des basses températures se répercutent aussi sur la synthèse des protéines et sur la structure de la membrane. L’adaptation aux pressions élevées doit donc tenir compte de ces deux aspects. Les organismes barophiles présentent une augmentation de la capacité de leurs enzymes à se lier à leurs substrats. En outre, leurs membranes sont riches en acides gras non saturés. Enfin, l’expression de nombreux gènes est contrôlée par la pression. L'effet de la pression a été étudié chez E. coli, une espèce baro-tolérante (elle peut croître jusqu’à une pression de 680 atmosphères). Une exposition de cette bactérie à 530 atm induit l’expression de 55 gènes, dont 15 répondent aussi à des chocs thermiques : 11 à la chaleur (heatshock), et 4 au froid (cold-shock). La pression est le seul facteur de stress connu pouvant ainsi induire l’expression simultanée de ces deux types de gènes. La pression induit aussi la synthèse de certaines protéines heat-shock chez des cellules humaines en culture. De fait l’induction simultanée de protéines heat-shock et cold-shock peut représenter une façon d’atténuer les effets nuisibles de la pression (et/ou de la température) sur divers processus, dont l’intégrité de la membrane, la traduction et la stabilité des macromolécules. La nature et la fonction des protéines induites dans ces conditions mériteraient d’être approfondies. 21