bons pour dissuader les critiques d’engager une bataille
politique, juridique et médiatique éprouvante et
potentiellement risquée. Ce type de procès est désigné en
anglais par l’acronyme SLAPP (strategic lawsuit against
public participation, procès stratégiques contre la
participation publique). Il se base fréquemment sur le droit
de la diffamation, du préjudice moral ou de la protection des
marques. Une approche qui a, pour les firmes impliquées, le
double avantage d’intimider les critiques, mais aussi de
détourner l’attention du public des faits que ces critiques
dénonçaient initialement.
Certaines entreprises ont poussé cette logique très loin.
L’entreprise pétrolière Chevron, dans le cadre de sa bataille
judiciaire contre l’Équateur suite aux graves pollutions
occasionnées par Texaco (intégrée aujourd’hui à Chevron) dans
la région amazonienne du pays, a ainsi fait saisir la
correspondance électronique des avocats de ses adversaires. Le
géant pétrolier a d’ailleurs usé des mêmes procédés envers
l’un de ses propres actionnaires, un fonds d’investissement
responsable (lire ici).
Les groupes français également concernés
Le rapport ne les mentionne pas explicitement, mais les
groupes français ne se privent pas d’assigner en justice
syndicalistes, associations ou médias. France Télécom/Orange a
ainsi récemment initié des poursuites contre deux
syndicalistes en Guinée, les accusant d’actes de sabotage
durant un mouvement social. Depuis, l’un d’eux est porté
disparu. De même, la firme de surveillance Qosmos a porté
plainte contre la Ligue des droits de l’homme pour
dénonciation calomnieuse, après que cette organisation ait
porté plainte contre l’entreprise pour avoir fourni du
matériel de surveillance au régime syrien.
En Sierra Leone, le groupe Bolloré a intenté un procès contre
des militants locaux qui dénonçaient les accaparements de