Quand les multinationales utilisent le droit pour

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Censure
–
Quand
les
multinationales utilisent le
droit pour faire taire leurs
critiques
L’attaque n’est-elle pas la meilleure des défenses ? Face aux
voix critiques qui mettent en lumière les atteintes aux droits
occasionnées par leurs activités, de plus en plus
d’entreprises répondent en leur intentant des procès. Dans son
bilan annuel sur la responsabilité juridique des
multinationales, le Centre de ressources sur les entreprises
et les droits humains attire l’attention sur le phénomène des
« procès stratégiques » initiés par les grandes entreprises
pour faire pression sur les militants ou les syndicalistes qui
dénoncent leurs agissements. Une pratique qui concerne aussi
certains groupes français.
© Liana Lopez/Flickr
Siège de Chevron à Houston
Dans de nombreux pays où opèrent les grandes entreprises
transnationales, les militants et défenseurs des droits des
travailleurs et des communautés locales sont encore exposés à
toute une série de menaces et de violences physiques, y
compris jusqu’à voir leur vie mise en danger. Comme le montre
le bilan 2013 du Centre de ressources sur les entreprises et
les droits humains, ce genre de pratique est de plus en plus
complété (sinon remplacé), y compris cette fois dans des pays
aux mœurs théoriquement plus démocratiques, par le recours à
des poursuites judiciaires.
Poursuites (ou menaces de poursuites) contre des militants
syndicaux, des lanceurs d’alerte, des activistes locaux, des
journalistes ou des auteurs d’ouvrages… Tous les moyens sont
bons pour dissuader les critiques d’engager une bataille
politique, juridique et médiatique éprouvante et
potentiellement risquée. Ce type de procès est désigné en
anglais par l’acronyme SLAPP (strategic lawsuit against
public participation, procès stratégiques contre la
participation publique). Il se base fréquemment sur le droit
de la diffamation, du préjudice moral ou de la protection des
marques. Une approche qui a, pour les firmes impliquées, le
double avantage d’intimider les critiques, mais aussi de
détourner l’attention du public des faits que ces critiques
dénonçaient initialement.
Certaines entreprises ont poussé cette logique très loin.
L’entreprise pétrolière Chevron, dans le cadre de sa bataille
judiciaire contre l’Équateur suite aux graves pollutions
occasionnées par Texaco (intégrée aujourd’hui à Chevron) dans
la région amazonienne du pays, a ainsi fait saisir la
correspondance électronique des avocats de ses adversaires. Le
géant pétrolier a d’ailleurs usé des mêmes procédés envers
l’un de ses propres actionnaires, un fonds d’investissement
responsable (lire ici).
Les groupes français également concernés
Le rapport ne les mentionne pas explicitement, mais les
groupes français ne se privent pas d’assigner en justice
syndicalistes, associations ou médias. France Télécom/Orange a
ainsi récemment initié des poursuites contre deux
syndicalistes en Guinée, les accusant d’actes de sabotage
durant un mouvement social. Depuis, l’un d’eux est porté
disparu. De même, la firme de surveillance Qosmos a porté
plainte contre la Ligue des droits de l’homme pour
dénonciation calomnieuse, après que cette organisation ait
porté plainte contre l’entreprise pour avoir fourni du
matériel de surveillance au régime syrien.
En Sierra Leone, le groupe Bolloré a intenté un procès contre
des militants locaux qui dénonçaient les accaparements de
terre du groupe (lire Sierra Leone : arrestation de paysans en
lutte contre la Socfin et Bolloré). Il a lancé des poursuites
contre l’association Sherpa, sur le même sujet au Cameroun,
avant de les retirer suite à une procédure de médiation dans
le cadre du « Point de contact national » français.
Alter-médias, association éditrice de l’Observatoire des
multinationales et de Basta !, est également poursuivie par le
groupe Bolloré pour un article sur l’implication de groupes
français dans l’accaparement des terres, lequel analyse la
participation de plusieurs des filiales du groupe à ce
phénomène. Bolloré a estimé que plusieurs passages de cet
article étaient diffamatoires. Sur cette affaire, on peut lire
les commentaires de Survie, Greenpeaceet de Mediapart.
Plusieurs États ou provinces nord-américaines se sont dotés de
lois destinées à prévenir les SLAPP, mais ces dispositifs de
protection des militants des droits humains restent ignorés en
Europe.
Pendant ce temps, l’impunité des multinationales reste la
règle
Le bilan annuel 2013 du Centre de ressources sur les
entreprises et les droits humains liste 52 cas de procédures
légales en cours au niveau international, intentées contre ou
par des entreprises sur des questions de droits humains. Une
liste qui va de A pour Adidas à V pour Vinci, l’entreprise
française de BTP (y figurent également la SNCF, Trafigura,
Eramet, Alstom, Veolia, Amesys, Qosmos et Trafigura, pour ne
citer que les françaises). 52 procédures légales qui ne
représentent certainement qu’une fraction des violations
présumées des droits humains occasionnées directement ou
indirectement par les grandes entreprises dans le monde [1].
Ce bilan est l’occasion d’un tour d’horizon complet sur l’état
du droit et de la jurisprudence sur ces questions au niveau
international, et d’un aperçu sur les principaux défis actuels
et futurs. Le bilan accorde ainsi une large place au jugement
rendu en 2013 par la Cour suprême américaine dans l’affaire
Kiobel v. Shell. Ce jugement a considérablement réduit la
portée de l’Alien Tort Act, loi américaine qui a joué un rôle
historique crucial pour rendre possible les poursuites
judiciaires internationales contre les grandes entreprises.
L’inadaptation du droit national et international à la réalité
des grands groupes transnationaux, les complicités entre
élites économiques et politiques, la faiblesse ou la
corruption du pouvoir judiciaire, l’absence de libertés
syndicales et de droits démocratiques… autant d’obstacles qui
continuent de s’opposer au droit des victimes à obtenir
justice.
L’une des conclusions principales de ce bilan est que malgré
l’adoption récente des Principes directeurs des Nations Unies
sur les entreprises et les droits humains, gouvernements et
milieux économiques tendent encore à négliger ce qui constitue
en théorie le « troisième pilier » de ces Principes, l’accès à
la justice pour les victimes.
Conclusion qui rejoint très exactement celle d’un rapport
récemment publié par la Coalition européenne pour la
responsabilité sociale et environnementale des entreprises
(European Coalition for Corporate Justice, ECCJ) et ses
partenaires britanniques et américains. Selon ce rapport, la
situation se serait même aggravée dans certains pays, comme le
Royaume-Uni, où le gouvernement a mis en place des obstacles
supplémentaires aux poursuites contre les firmes
transnationales.
http://www.multinationales.org/article218.html
Quand les signes du krash de
1929 réapparaissent…
L’année 2014 sera-elle porteuse d’un nouveau et tragédique «
Black Thursday » similaire à celui survenu en octobre 1929 ?
C’est ce que semblent indiquer plusieurs signes révélateurs
pointés du doigt par certains journalistes et économistes.
N’en déplaise au doux illuminé faisant office de dirigeant de
notre nation, j’ai nommé Hollandouille (le mou, le gentillet…)
– qui nous serine fièrement que la crise est derrière nous,
appuyé par les chiffres d’une croissance qui ne dupent
personne, tout comme ceux du chômage, eux aussi manipulés dans
le but de contenir la panique en donnant l’illusion – , la
situation économique s’aggrave chaque jour un peu plus, et il
n’est pas ici question de la France, ni même de l’Europe, mais
bien de la situation mondiale.
Nous n’aborderons ici les aspects legislatifs tout aussi
inquiétants du pacte transatlantique en cours, sans toutefois
ignorer le fait que ce dernier ajoute un aspect répressif
intrinsèque touchant nos libertés individuelles. En effet,
tout indique que les élites (les banques donc) non seulement
s’attendent à ce krash d’une ampleur sans précédent, mais s’y
préparent par la mise en place de textes de loi destinés à
contrôler (entendez réprimer) les masses amenées à se révolter
quand elles auront compris que leurs économies auront été «
réquisitionnées » pour tenter de renflouer les banques en
déroute !
Sur son blog, Pierre Jovanovic nous livre la révélation d’un
lecteur travaillant dans le secteur bancaire, et qui n’augure
rien de bon. Le scénario de la «stratégie du choc » met en
place les dernières briques à son édifice, soyez très
attentifs aux signes dans les mois qui suivent…
Le veilleur
(Pierre Jovanovic) « Je publie ici le mail d’un lecteur. Je
précise que j’ai pu recouper de mon côté avec mes autres
sources qui me parlent, elles, de mars-avril.
« Par mon travail, je suis en contact avec des banques
(ibériques notamment) qui, depuis quelques mois, cherchent à
acheter « tout ce qui aurait de la valeur, pourvu que ce ne
soit pas du papier ou des titres… » Ces banques s’adressent
aux fonds d’investissement et achètent immeubles, collections
artistiques, terrains et même du mobilier (!!!) pour sauver
tout ce qui peut l’être. Ils sont en panique et un ami,
analyste économique assez haut placé dans l’une de ces
banques, m’a confié qu’ils prévoyaient un scénario catastrophe
pour février-mars 2014. Ses conclusions sont identiques aux
vôtres: individuellement il faut acheter de l’argent et de
l’or et prévoir un point de chute, une maison et bout de
terrain pour s’y réfugier car selon lui, tout ceci va très mal
se terminer ». »
Cette révélation est à recouper avec les articles suivants
provenants de diverses sources qui convergent de manière
inquiétante vers la même déduction. Celui ci-dessous provient
de Zero hedge, relayée et traduite aimablement
par folamour (Crashdebug).
Ils disent que ceux qui oublient les leçons de l’histoire sont
condamnées à les répéter
En tant que stagiaire de l’histoire du marché, j’ai vu la
maxime se confirmer à nouveau en temps réel. Le balancement du
cycle de la peur est à nouveau à l’avidité. Le trop prudent
devient le trop zélé. Et au sommet, l’histoire est toujours
identique : trop de crédit, trop de spéculation, la suspension
de l’incrédulité, et la propagation de l’idée que ce temps est
différent.
Il n’importe pas si c’est l’expansion des chemins de fer qui a
été à la tête du krach de 1893, ou l’excitation au-dessus de
la consolidation de l’industrie sidérurgique en 1901, ou le
mélange de la spéculation et de la banque au début de 1907. Ou
si cela implique une expansion épique du crédit hypothécaire,
d’activité IPO, ou de stimulus de la banque centrale. Ce qui
ne peut finalement pas continuer pour toujours.
Les faiblesses du coeur et de l’esprit humain signifient que
les oscillations existeront toujours. Notre compréhension
rudimentaire des forces des sciences économiques, en retour,
reflète de façon ultime finalement les erreurs des personnes
investissant, achetant et évitant les décisions, ce qui
signifie que les décisionnaires de la régulation ne vaincront
jamais les caprices du cycle économique.
Alors non, ce temps n’est pas différent. Les détails peuvent
avoir changé, mais les thèmes demeurent les mêmes.
En fait, le marché boursier en ce moment trace un dessin d’un
modèle sinistrement semblable à celui qui a mené à l’infâme
krach des marchés des années 1929. Le modèle, illustré par Tom
McClellan du rapport des marchés McClellan, a été porté à sa
connaissance par le devin du diagramme bien connu Tom Demark,
indiqué ci-dessous (DJIA : Dow Jones Industrial Average).
Excusez-moi de jeter un froid sur le rêve fiévreux dans lequel
Wall Street est tombé ces derniers mois, d’un apogée apparent
qui a le sentiment haussier aux niveaux les plus hauts, les
créances de marge aux niveaux les plus hauts, les bears
capitulant à gauche et à droite, avec un marché qui dépend de
plus en plus du crédit de courtage, du stimulus de la Réserve
Fédéral, et d’un fantasme que la rentabilité des sociétés ne
sera jamais de nouveau sous pression.
Sur une pure base de prix analogue, il est temps de commencer
à s’inquiéter
Fondamentalement, il est temps de commencer à s’inquiéter
aussi, avec l’évolution du PIB qui s’arrête (les conseillers
macro-économiques projettent une évolution au quatrième
trimestre de juste 1,2%), les Américains abandonnant la
population active à un rythme effrayant, des entreprises
retenant toujours la dépense de capitaux, et les dépenses de
consommation personnelle s’élevant à des niveaux associés aux
récentes récessions, nous avons passé le point de diminuer le
rendement marginal dopé à la morphine de l’argent bon marché
de la Fed.
Tout ce que nous faisons maintenant est de pousser sur la
ficelle proverbiale. Les trillions inutilisés dans les
réserves bancaires s’empilent. Le marché du logement a calé
après la chandelle des taux de l’emprunt-logement qui a causé
« des accès de colère » plus tôt cette année, allant de 3,4% à
4,6% entre mai et août. Le marché des obligations du trésor
est faussé, alors que la le Fed, effectivement, monétise une
part croissante de la dette nationale. Les économies des
marchés émergents sont de plus en plus vulnérables à une crise
monétaire, une fois que la diminution progressive va
finalement commencer.
Le Fed le sait. Mais ils sont emprisonnés entre ces risques et
donner aux marchés – le point brillant dans la reprise
post-2009 – de sérieux retraits de liquidité. Mais les détails
de la période préparatoire au krach 1929 fournissent un vrai
contexte à glacer les os au regard de ce qui se passe en ce
moment.
L’enthousiasme de la Fed dirigée par Bernanke pour éviter les
erreurs qui ont empiré la Grande Dépression – un serrage mal
calculé des conditions monétaires – l’a amené à répéter les
erreurs qui l’ont causé en premier lieu : À savoir, continuer
à abaisser les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’achats de
bon du Trésor, bien intégrés dans une expansion économique et
un marché haussier justifiés par une inflation faible voire
nulle.
(Note marginale ici
Rothbard de l’école
Américaine, les prix
raison des gains dans
: Comme l’a écrit l’économiste Murray
autrichienne dans la Grande Dépression
ont baissé alors, comme maintenant, en
la productivité et l’efficacité.)
Voici le joueur : la Fed (principalement la Fed de New York
sous Benjamin Strong) était profondément à genoux dans le
soulagement quantitatif vers la fin des années 1920, en
augmentant la masse monétaire et en abaissant les taux
d’intérêt par l’intermédiaire d’achats directs de bons. Wall
Street alors, tel que maintenant, était euphorique.
Cela a mal fini…
Les décisionnaires de la Fed se sentaient comme des héros
alors qu’ils violaient ce locataire central des opérations
bancaires centrales comme décrit, en 1873, par le rédacteur
d’économie Walter Bagehot dans sa fameuse rue Lombard : Qu’ils
devraient prêter librement aux banques solvables, à un taux
d’intérêt punitif dans les échanges, pour garantir une bonne
qualité collatérale. Le stimulus de la banque centrale devrait
seulement être une mesure de bouche-trou employée pour
refouler la panique, un prêteur de dernier ressort ; et ne pas
agir en tant que véhicule de délivrance économique par
l’intermédiaire de la planche à billets.
Elle est maintenant violée de nouveau, pendant que les erreurs
de l’histoire sont répétées une fois de plus. Bernanke sera là
pour voir les résultats de ses erreurs et de sa justification
mal orientée, indiquant que le soulagement quantitatif
fonctionne parce que les cours des actions sont plus élevés,
ignorant l’évidence que l’« effet de richesse » ne fonctionne
pas.
Strong est mort en 1928, manquant la gueule de bois, avec son
obsession des taux d’intérêt bas et de l’expansion du crédit
causé après qu’il eut vanté en 1927, que ses politiques
donneraient des « petits coups de whisky au marché boursier. »
Par Tyler Durden (zerohedge.com) via maître Confucius –
Traduction : folamour (crashdebug) – Correction : Chalouette
Plus tôt en Novembre 2013, la prédiction d’un analyste
financier faisait une annonce similaire dans la rubrique
économique du journal Slate.fr :
Le krach d’octobre 1929 est pour février 2014
Depuis le krach de 1929, la crise économique qui s’en est
suivie est régulièrement évoquée et montrée du doigt comme
exemple à éviter (sauf pour les spécialistes de l’art de la
chute). La bourse de New York prend pourtant la même direction
qu’en 1929, avertit BusinessWeek, citant les propos de
l’analyste financier Tom DeMark.
« Le marché va connaître une amélioration de plus, puis une
fois que nous serons environ à cette hauteur, je pense que ce
sera plus traître »
, prédit à BusinessWeek Tom DeMark, un analyste financier qui,
en se fondant sur les mathématiques, a mis au point des
indicateurs capables de prédire les mouvements des marchés
financiers.
« Je pense que tout est pré-ordonné à présent. Si vous
regardez les nouvelles valeurs hautes et basses du [New York
Stock Exchange], à chaque fois que nous avons atteint un
nouveau pic record, il y avait de moins en moins de stocks
dans l’index de participation concerné. C’est de plus en
restreint. »
Le financier avance par là que c’est un nombre de plus en plus
limité d’entreprises qui poussent la bourse vers le haut,
accentuant de fait la spéculation. Quand ce genre de choses
arrive, l’effondrement est l’étape suivante, explique Business
Week. La direction que suit actuellement le NYSE ressemble en
effet fortement à celle que suivait la même bourse il y a plus
de quatre-vingts ans.
Tom DeMark reconnaît toutefois qu’il pourrait avoir tort mais
« n’en a pas peur, il dit juste que c’est une possibilité à
considérer ». Selon ses prédictions, c’est au mois de janvier
2014 que devrait se produire cette dernière amélioration,
avant que le marché ne s’effondre aux alentours de février
2014, comme il l’a fait en octobre 1929. Le graphique réalisé
par le Business Insiderpermet parfaitement de visualiser la
comparaison établie par Tom DeMark.
Cela situe donc le marché actuel dans une position plus ou
moins identique à celle dans laquelle il se trouvait en juin
1929.
Par Laszlo Perelstein (slate.fr)
La plus grosse bulle de tous les temps !
Il est d’usage d’expliquer doctement aux gens que l’on ne peut
pas prévoir les bulles financières a priori. On ne sait qu’il
y avait une bulle qu’après qu’elle ait éclaté ! Cette
affirmation est totalement fausse. Il est facile de voir si
une bulle se forme, il est en revanche presque impossible de
savoir quand elle éclatera tant la bêtise humaine est
illimitée, comme le disait Einstein.
Le principe d’une bulle est assez facile à définir. Il s’agit
d’une valorisation excessive, c’est-à-dire décorrélée de la
réalité et des fondamentaux économiques. Il y a bien,
en France, une bulle immobilière puisqu’il faut dépenser
aujourd’hui pour se loger plus de deux fois plus qu’il y a 10
ans sans que les salaires n’aient progressé de la même façon.
Néanmoins, cela peut durer longtemps et le moment de la
correction n’est pas prévisible. L’immobilier baisse
d’ailleurs légèrement actuellement dans les grandes villes.
Rappel des faits
Revenons rapidement sur les événements de ces 5 dernières
années. Tout d’abord en 2007-2008, tout s’effondre ou presque
en particulier aux USA. Chute des marchés, chute de
l’immobilier, de l’emploi, du prix des voitures neuves, etc.
L’effet « pauvreté » est donc immédiat sur les ménages
américains dans la mesure où une grande partie de leur
patrimoine vient de s’envoler sous leurs yeux en quelques
mois. L’effet sur la croissance est radical, les États-Unis
tombent dans la récession la plus importante depuis celle de
1929 et ses proportions auraient certainement été supérieures
sans l’intervention massive aussi bien du gouvernement fédéral
que de la banque centrale et entraîne l’économie mondiale dans
leur sillage tant le système est désormais globalisé.
La question centrale : peut-on combattre une récession majeure
?
Nous en sommes d’ailleurs toujours à attendre la réponse avec
certitude à cette fameuse question, bien que personne n’ose en
parler publiquement. Nous avons tout de même quelques éléments
de réponse, au bout de six ans de crise, à cette question mais
aucune certitude car il est bien trop tôt pour se prononcer.
Je m’explique.
Pour Ben Bernanke et la presque totalité des élites
économiques de la planète, en 1929 nous avons fait les mauvais
choix en refusant de stimuler suffisamment l’économie et en
« laissant faire » au marché son grand nettoyage. Une crise
est salvatrice dans la mesure où, une fois que toutes les
surcapacités ont été supprimées, que tout ce qui n’était pas
rentable a fait faillite et que l’ensemble de la population
qui a pu survivre à la famine recommence à manger… tout peut
repartir comme avant, jusqu’à la prochaine crise. C’est la
théorie du laisser-faire. En 1929, tout s’enfonce jusqu’au
fameux New Deal de Roosevelt, dont l’histoire retient qu’il
met fin à la crise. Sans doute parce que Roosevelt avait un
bon biographe. En réalité, la crise de 1929 prendra réellement
fin avec le réarmement massif et la Seconde Guerre mondiale.
Alors peut-on contrer une récession/déflation historique ? La
réponse pour le moment est oui MAIS en créant des bulles
monumentales, ce qui est très logique dans la mesure où, pour
contrer les effets déflationnistes, on augmente la masse
monétaire, on crée de l’argent à partir de rien, on imprime du
billet, on balance de l’argent gratuitement à tous les
financiers et banquiers de la planète (pas aux gens, sinon il
y aurait un risque d’inflation !!).
Nous sommes face à la plus grosse bulle de tous les temps !!
Comme je vous le disais à l’instant, on ne donne surtout pas
ces sous aux gens. Il faut que les gens travaillent pour
gagner leur pitance, sinon, ma brave dame, où irait le monde
!! Non, il faut avoir des principes en économie.
Résultat logique au bout de cinq année de crise, cet afflux de
liquidités n’a pas fondamentalement créé une dynamique de
croissance forte mais a empêché effectivement une déflation
aux États-Unis et une récession type 1929. Cela a permis de
stabiliser puis de relancer le prix des actifs et de faire
augmenter à nouveau le patrimoine moyen de l’américain moyen,
ce qui explique d’ailleurs en très grande partie la
stabilisation du moral des ménages US directement indexé sur
les cours de Wall Street puisque leurs retraites sont
investies en grande partie en actions américaines.
Sauf que si l’on regarde les chiffres, tout cela ne repose pas
sur une véritable croissance économique et sur de la création
de richesse. Cela repose sur du vent, sur du virtuel, sur de
l’injection permanente de liquidités et d’argent frais.
L’économie est sous perfusion hier, comme aujourd’hui et
depuis 2007.
Quelle est l’ampleur de cette bu-bulle ?
Eh bien c’est une « maxi-best-off » ! Quelques chiffres pour
faire frémir la ménagère de moins de 50 ans et de plus de 50
ans !!
1. Montant du PIB mondial 70.000 milliards de dollars, France
2000 milliards d’euros, USA environ 16.000 milliards de
dollars.
2. Montant des produits dérivés ? Plus de 708.000 milliards de
dollars… Oups… pô bon du tout.
3. Montant total du bilan des banques ? Vous ne voulez pas
savoir. Si ? Vous insistez ? Eh bien reportez-vous au point 2
(juste au-dessus) et vous avez une excellente approximation de
la situation. Re-oups… pô bon non plus.
4. Dette des plus grands États à travers la planète ?
Globalement à 100 % de dettes/PIB, plus les engagements hors
bilan des États (du type retraite des fonctionnaires) et en
gros, vous avez une bulle massive de la dette des États.
5. Les actions sont au plus haut niveau de tous les temps (pas
en France mais aux USA par exemple) et le Dow Jones, alors que
les bénéfices des entreprises baissent… vole de record en
record. Pourquoi pas, mais c’est clairement une bulle et en
2013 la situation est bien pire qu’elle ne l’était en janvier
2007 alors que personne n’avait encore entendu parler des
subprimes (crise à l’été 2007).
6. Les taux d’intérêt étant au plus bas, s’ils remontent…
c’est tout le marché obligataire qui s’effondre ! Et le marché
obligataire c’est une immense partie de l’épargne mondiale. En
fait, le marché obligataire c’est l’épargne mondiale. C’est
par exemple vos fameux contrats d’assurance vie fonds euros
garantis par votre banquier (éclat de rire monumental).
D’où la question, « taper » ou t’as peur ?
Si la FED fait son « tapering », c’est-à-dire la réduction de
ses injections de monnaie, alors cela revient à retirer la
perfusion du mourant. La question est l’organisme est-il
capable de supporter le retrait de la perfusion ? Si la
réponse est oui la convalescence sera au mieux douloureuse,
mais si la réponse est non… on risque l’arrêt cardiaque à tout
moment.
La FED va-t-elle donc aller au bout de la logique annoncée
tout en sachant que d’ici mi-décembre, c’est-à-dire demain, il
va falloir que les parlementaires américains envisagent soit
de faire faillite (ce qui n’est pas exclu), soit de se mettre
d’accord sur un plafond de la dette et sur un budget pour
l’année en cours… Et là, ce n’est pas gagné du tout. L’État
américain risque un nouveau shutdown après les fêtes (en
attendant les cons-con-somment) puisque la limite est fixée au
14 janvier 2014… ce qui nous laisse approximativement un mois.
La FED peut donc soit envisager de couper rapidement pour se
redonner de la marge et remettre la même chose au pot d’ici un
mois… soit attendre un accord et couper en partie les
perfusions fin janvier début février en profitant de
l’euphorie d’un accord qui se serait fait dans la douceur et
la félicité collective (ce n’est pas gagné). Dans tous les
cas, comme c’est la FED qui rachète l’essentiel de la dette
américaine… qui viendra acheter ? Et à quel prix ? D’où le
risque de remontée des taux qui étoufferait complètement
l’économie qui replongerait aussi tôt en… récession !!
Alors peut-on sortir de cette crise par le haut ?
Je peux me tromper évidemment, et la situation est d’une telle
complexité qu’affirmer avec certitude un point de vue ne
serait pas crédible. J’ai néanmoins la conviction que nous
avons dépassé le point de non-retour et qu’il est désormais
impossible de stopper les injections massives de liquidités
(ne pas confondre un véritable arrêt avec des effets
d’annonces où sur 85 milliards imprimés chaque mois, on réduit
à 80…).
Si les injections sont stoppées, alors les gigantesques bulles
dont je vous parlais au début ne pourront qu’exploser, et si
elles explosent alors que l’on ne peut plus rien faire on se
retrouvera dans la même situation qu’en 1929, à savoir qu’on
laissera faire… et que tout le système s’effondrera avant de
pouvoir repartir sur des bases saines dans quelques années et
après avoir fait des ravages colossaux.
L’exemple japonais nous montre que même la création monétaire
atteint forcément ses propres limites et que malgré les
milliards de yens déversés chaque jour, la croissance
japonaise repart à nouveau à la baisse. On ne lutte pas contre
la déflation avec de la fausse monnaie, car une déflation
conséquence d’une récession n’est pas un problème monétaire !!
La crise n’est pas monétaire, elle est économique !
Logiquement, tout le monde peut comprendre ce raisonnement. On
lutte contre la déflation en utilisant l’arme monétaire mais
cette crise n’a pas de cause monétaire (néanmoins cela finira,
à force de jouer avec nos monnaies, par une crise monétaire
mondiale). Les raisons de cette crise sont à trouver dans des
déséquilibres que nous avons créés et laissés s’amplifier
depuis presque 30 ans, avec une accélération depuis 20 ans.
Ce qu’il faut c’est régler ces déséquilibres notamment liés à
la raréfaction des ressources et à la mondialisation de
l’économie. Nous ne le faisons pas. Donc comme nous ne le
faisons pas et que nous utilisons les mauvais outils, nous
amplifions encore les déséquilibres et nous rajoutons un
problème de bulles financières multiples et à la taille jamais
atteinte à un problème économique structurel.
Dans un premier temps, cela permet de gagner… justement du
temps ! Mais dans un second temps… il va bien falloir soit que
ces bulles explosent, puisqu’il est dans la nature des bulles
de gonfler jusqu’à ce qu’elles explosent, soit que l’on
continue à les faire grossir indéfiniment mais dans ce cas
cela veut dire que l’on ira de plus en plus loin dans
l’impression de fausse monnaie, jusqu’à ce que ce soit la
confiance dans la monnaie qui explose.
Bref ! Nous sommes dans une impasse économique. Les montants
en jeu sont trop importants et l’économie mondiale est dans un
état « irrémédiablement » compromis. Préparez-vous donc à
l’explosion. Elle est inéluctable. La seule incertitude
concerne le moment, et 2014 est un très bon candidat !
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