dévastatrices, pour créer enfin un instrument qui se révèle être une source d’unité et
d’intelligence.
L’OHADA, c’est juridiquement structurant, à une époque de développement de cette
planète où, en effet, nous avons tous besoin de structuration régionale.
Je crois enfin qu’est permise la création d’un vrai rapport égalitaire. Sur ces rapports
égalitaires nous avons, nous qui avons peut-être une pratique plus ancienne du commerce
interrégional et du commerce international, de l’arbitrage, des tas de leçons à apprendre.
L’OHADA, un extraordinaire pari, celui « qui consiste à dire : fabriquons une structuration
juridique sans doute imparfaite, mais fabriquons-la ». Vous l’eussiez espérée parfaite qu’elle
n’aurait jamais vu le jour, vous avez donc gagné le défi. Nous avons sur ce sujet-là, des leçons
à apprendre. Si je compare aujourd’hui la pénibilité de l’avancée de la structuration
européenne par rapport à l’incroyable défi de l’OHADA, je me dis que vous avez gagné et
que nous sommes en train de perdre. Et vous gagnerez aussi parce que, ensemble, nous avons
suffisamment d’humilité réciproque pour comprendre les imperfections de ce système et pour
pouvoir en parler ensemble. C’est peut-être le but de cette journée. Le défi politique et
continental que vous avez relevé avec un incroyable courage et avec une certaine audace,
vous le gagnerez parce que je crois qu’ensemble, en échangeant nos expériences, avec ce sens
de l’humilité réciproque, nous pouvons le relever. C’est extraordinairement intéressant.
Et enfin, pourquoi ne pas le dire, l’OHADA, c’est la sécurité juridique, la prévisibilité,
la discussion intercontinentale sur des normes qui se ressemblent avec des méthodes
d’analyse qui sont fondamentalement les mêmes. C’est donc enfin, d’une certaine manière, le
couronnement des travaux de tout ce qui unissait les juristes francophones à travers les
continents. Je dis enfin, qu’un tout petit peu au-delà de ce qu’étaient nos souhaits amicaux,
nos souhaits de solidarité, nos souhaits de pacifier un peu le monde et de participer à la
régulation sociale, nous avons ici et maintenant, heureusement, un sujet de discussion
technique et de progrès par le droit qui doit vous mobiliser très fortement.
Je suis de plus en plus convaincu que le XXI
e
siècle sera celui du droit et que nous
avons nous, juristes, un défi extraordinaire à relever, qui est à la fois le défi de notre rôle dans
la société, de la place que nous y prendrons, mais aussi probablement le défi que nous aurons
par l’utilisation de notre culture de juriste, de notre militantisme technique, un défi qui sera un
défi de régulation sociale. Si nous échouons sur ce défi du XXI
e
siècle, nous aurons, à l’égard
de tous ceux qui vivent sur notre planète, une responsabilité absolument considérable. Alors
je crois qu’il faut que l’on soit tous conscients de ce rôle qui est le nôtre : nous sommes des
fabricants de sociétés, nous sommes des fabricants de paix sociale, nous sommes des
fabricants de paix intercontinentale. Après tout, ce n’est pas plus mal que d’être simplement
des “moneymakers”.
Je crois que l’on doit absolument tous être habités par cette idée-là. En tous cas, moi
c’est l’idée qui, à l’aube de ce siècle et de ce millénaire, m’intéresse le plus. C’est pour cela
que ce discours peut vous paraître un peu « comme ça », oui, je vais vous le dire, c’est un
discours dans lequel je voudrais que l’on arrive ensemble à être fiers de ce que l’on fait, moi
je suis fier que le Barreau de Paris soit le Barreau d’accueil, je suis extrêmement fier que vous
soyez là, que vous attendiez et que nous attendions ensemble cette journée pour nous
mobiliser aussi fortement. Je suis fier qu’il y ait tellement d’intelligences réunies au même
moment, au même endroit, sur un sujet aussi déterminant. Je suis extrêmement fier que nous
arrivions à partager, comme juristes de différents continents et d’une culture essentiellement
identique, cet objectif-là qui est d’améliorer un tout petit peu les choses à la place qui est la