dossier de presse septembre 2016 -janvier 2017

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DOSSIER DE PRESSE SEPTEMBRE 2016 -JANVIER 2017
EN COMPLÉMENT DU MAGAZINE N°6
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
ANNONCE DE LA PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 16/17 DU THÉÂTRE DE VIDY
(SEPTEMBRE 2016 À FÉVRIER 2017)
La troisième saison de Vincent Baudriller renforce et prolonge l’ouverture et le dialogue engagés
depuis deux ans : ouverture à des formes théâtrales et chorégraphiques au plus grand nombre,
dialogues entre des arts et des cultures de Suisse, d’Europe et du monde – notamment du pourtour
méditerranéen –, rencontres entre des artistes majeurs de la scène internationale et des plus jeunes,
collaborations avec de nombreuses institutions et acteurs culturels de la région.
La première partie de cette nouvelle saison est composée de 22 spectacles – sur la cinquantaine
présentée d’ici juin 2017. Le Théâtre de Vidy poursuit son engagement à être un théâtre de création
avec, sur ces six prochains mois, dix spectacles répétés et créés à Vidy ainsi qu’une dizaine de
spectacles en tournée.
LE VIVANT ET L’ÉTRANGER
Le théâtre est un lieu public où les questions de société se reformulent au travers des œuvres. Le
rapport à l’étranger et l’interrogation sur le vivant qui marquent notre actualité sociale, politique
et scientifique, traverseront cette programmation, tant par les sujets abordés que par l’expérience
même de la représentation.
Des textes du répertoire résonnent avec des enjeux d’aujourd’hui : Nathan le Sage de Lessing, mis
en scène par l’Allemand Nicolas Stemann, Dom Juan de Molière incarné par Nicolas Bouchaud
dans la mise en scène du Français Jean-François Sivadier et Mesure pour mesure de Shakespeare
mis en scène par Karim Bel Kacem questionnent l’idéal de tolérance et la liberté individuelle face
aux normes et aux dogmes.
Plusieurs créations renvoient à l’urgence et la nécessité de prendre en compte l’autre dans ses
différences, notamment Empire de Milo Rau sur la crise des réfugiés en Grèce, Nkenguegi du
Congolais Dieudonné Niangouna sur le mouvement chaotique du monde, Lenga du GdRA sur la
disparition des langues, de l’occitan en Europe au xhosa et merina en Afrique, ou encore Massimo
Furlan proposant à un village basque d’accueillir des migrants dans Hospitalités.
Un vivre-ensemble que questionnent les Italiens Daria Deflorian et Antonio Tagliarini sous
l’angle de la ville et de l’urbanisme dans Le ciel n’est pas une toile de fond, Vincent Macaigne sous
celui de l’amour et de la solitude dans En manque, Jérôme Bel sous celui de la pratique partagée de
la danse dans Gala, ou encore le circassien Yoann Bourgeois qui présente, avec Celui qui tombe,
une petite humanité en équilibre.
Plusieurs spectacles résonnent avec la question du vivant qui occupe les débats politiques, écologiques
et scientifiques : Nachlass, la nouvelle installation théâtrale de Stefan Kaegi et Dominic Huber,
témoigne de ce que nous souhaitons laisser aux vivants après notre disparition. Dans 69 positions
et 7 pleasures, la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen interroge le corps et la nudité dans l’art
et dans la société, et, dans La Nuit des taupes, Philippe Quesne observe la vie des taupes sous la
terre.
FAIRE DIALOGUER LES ÉPOQUES ET LES ARTS
Ces interrogations d’aujourd’hui sont également abordées par le prisme de l’histoire et de l’héritage,
prolongeant les thématiques de la saison passée : Décris-Ravage d’Adeline Rosenstein raconte
l’histoire de la Palestine depuis 200 ans, Rouge décanté du Flamand Guy Cassiers évoque les
traumatismes d’un homme interné, enfant, dans un camp en Indonésie, Modules Dada du metteur
en scène et musicien Alexis Forestier recherche l’esprit du mouvement Dada.
De nombreuses créations font dialoguer le théâtre avec d’autres langages artistiques. La musique
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PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
et le cinéma se croisent dans Yoshtoyoshto, le projet amazonien de Franz Treichler des Young Gods, du
cinéaste Peter Mettler et de l’anthropologue Jeremy Narby, ou dans Blanche-Neige ou la chute du mur
de Berlin, le spectacle-ciné-concert de la compagnie La Cordonnerie pour les enfants et leurs parents. Le
cirque croise la danse avec Yoann Bourgeois ou le GdRA.
Le Théâtre invite le photographe Christian Lutz avec une exposition, no man’s land, créée pour La Kantina
de Vidy en collaboration avec Vevey Images, à partir de ses travaux sur les réfugiés, de l’île de Kos en Grèce
aux abris de protection civile à Genève, en passant par le Val Verzasca au Tessin, où a été réalisée la photo de
l’affiche de saison.
VIDY PARTAGÉ
Pour les enfants et les adolescents, le Théâtre de Vidy propose quatre spectacles : Celui qui tombe, BlancheNeige ou la chute du mur de Berlin, Udo complètement à l’est et L’Après-midi des taupes, ainsi que des
ateliers organisés certains après-midi et pendant les vacances.
Vidy intensifie ses actions pour que chacun puisse accéder au théâtre et prolonger son expérience de spectateur
comme il le souhaite : introductions aux œuvres, rencontres avec les artistes, cours mensuels sur l’histoire
des avant-gardes, conférences de Matthieu Jaccard, débats avec des penseurs et chercheurs, notamment
de l’UNIL, un site internet enrichi… Pour ouvrir le théâtre à des publics qui ont peu - ou pas - accès à la
culture, des ateliers sont mis en place avec des enseignants, des foyers de jeunes en difficulté ou encore, en
collaboration avec l’EVAM, avec des réfugiés.
Pour encourager la circulation des publics de l’Arc lémanique, Vidy poursuit ses échanges avec les
institutions culturelles de Genève et de Lausanne. Une navette gratuite permet régulièrement de rentrer
à Genève après un spectacle à Vidy. Comme depuis trois ans, La Bâtie-Festival de Genève propose à ses
festivaliers les spectacles d’ouverture de saison de Vidy, et Vidy propose à ses adhérents de découvrir deux
spectacles du festival. De même avec la Comédie de Genève et le Théâtre de Carouge : les adhérents de Vidy
sont encouragés à découvrir des spectacles d’Hervé Loichemol, de Joël Pommerat et de Jean Bellorini. Le
Théâtre de Vidy continue de renforcer ses liens avec les acteurs culturels de Lausanne et sa région – L’Arsenic,
Sévelin36, La Grange de Dorigny, le TKM, le Théâtre du Jorat, la Cinémathèque Suisse et de nombreux autres
partenaires.
En plus de la Carte Adhérent qui permet, pour un tarif inchangé, d’aller au théâtre en bénéficiant de tarifs
entre Fr. 6.- et Fr. 18.-, Vidy élargit son offre avec deux nouvelles cartes : la Carte Adhérent Duo pour aller
au théâtre à deux et la Carte Découverte permettant de bénéficier des mêmes tarifs pour une demi-saison.
LA DEUXIÈME PARTIE DE SAISON 16/17
La deuxième partie de la saison sera annoncée le 28 novembre 2016. Seront présentées notamment les
créations de Magali Tosato, Ludovic Lagarde, La Ribot, Claude Régy et un projet d’Antoine Jaccoud.
Pour la troisième édition de Programme Commun, du 23 mars au 3 avril 2017, imaginée avec l’Arsenic et
d’autres partenaires, Vidy invite Milo Rau, avec une nouvelle création, Boris Nikitin, Romeo Castellucci
et Guillaume Béguin.
EN ATTENDANT, EN JUIN 2016
Deux évènements viennent s’ajouter au programme de la fin de saison : le 6 juin, la projection en avantpremière du film Thomas Ostermeier, insatiable théâtre sur les répétitions de La Mouette, et les 22 et 23
juin, la création des Syriens Omar Abussada et Mohammad Al Attar : Alors que j’attendais.
CONTACTS PRESSE Sarah Turin
[email protected] / +41 (0)21 619 45 21
Constance Chaix
[email protected] / +41 (0)21 619 45 67
DOCUMENTATION
ET IMAGES EN HAUTE RÉSOLUTION
À télécharger sur www.vidy.ch
(page du spectacle, onglet « en savoir plus »)
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
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PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
SOMMAIRE
OMAR ABUSAADAP. 6
FRANZ TREICHLER/PETER METTLER/
JEREMY NARBY
P.26
NICOLAS STEMANNP. 8
JEAN-FRANÇOIS SIVADIER P. 28
DE GOTTHOLD EPHRAIM LESSING
DE MOLIÈRE
Alors que j’attendais
DE MOHAMMAD AL ATTAR
Yoshtoyoshto
Nathan le Sage
avec Crassier, drame secondaire
d’Elfriede Jelinek
STEFAN KAEGI/DOMINIC HUBER (RIMINI PROTOKOLL)
Dom Juan
ADELINE ROSENSTEINP. 30
P. 10
Décris-Ravage
PHILIPPE QUESNEP. 32
Nachlass
Deux spectacles
Pièces sans personnes
METTE INGVARTSENP. 12
Deux spectacles
69 positions
7 pleasures
La Nuit des taupes
(Welcome to Caveland !)
L’Après-midi des taupes
GUY CASSIERS Rouge décanté
P. 34
CHRISTIAN LUTZP. 14
d’après le roman
Une exposition de photographies
VINCENT MACAIGNEP. 36
no man’s land
MATTHIEU JACCARDP. 15
Sous un même toit (I et II)
En manque
MASSIMO FURLANP. 38
Un cycle de conférences inclusives
et optimistes
Hospitalités
MILO RAUP. 16
Empire
KARIM BEL KACEM
Mesure pour mesure
P.40
DE WILLIAM SHAKESPEARE
DIEUDONNÉ NIANGOUNA Nkenguegi
P. 18
LA CORDONNERIEP. 42
(MÉTILDE WEYERGANS/SAMUEL HERCULE)
LE GDRA
Deux spectacles
(CHRISTOPHE RULHES/JULIEN CASSIER)
P. 20
YOANN BOURGEOIS
P. 22
Lenga
Celui qui tombe
DE JEROEN BROUWERS
DARIA DEFLORIAN/ANTONIO TAGLIARINI
Il cielo non è un fondale
(Le ciel n’est pas une toile de fond)
Blanche-Neige ou la chute
du mur de Berlin
Udo, complètement à l’est
ALEXIS FORESTIERP. 44
Modules Dada
P. 24
JÉRÔME BELP. 48
Gala
PRÉSENTATION DE LE SECONDE PARTIE DE
SAISON 16/17 LE 28 NOVEMBRE 2016 À 11H
6
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
OMAR ABUSAADA
Alors que j’attendais
DE MOHAMMAD AL ATTAR
Mise en scène :
Omar Abusaada
Texte :
Mohammad Al Attar
Scénographie :
Bissane Al Charif
Lumière :
Hasan Albalkhi
Vidéo :
Reem Al Ghazzi
Musique :
Samer Saem Eldahr
(Hello Psychaleppo)
Avec :
Mohammad Alarashi
Fatina Laila
Nanda Mohammad
Amal Omran
Mohamad Al Refai
Mouiad Roumieh
Production :
Festival d’Avignon
Napoli Teatro Festival
AFAC (Arab Fund for Art and Culture)
Pôle Arts de la scène
La Friche La Belle de Mai, Marseille
Theater Spektakel Zürich
Onassis Cultural Centre Athens
Vooruit Gent
La Bâtie-Festival de Genève
Les Bancs publics/Les Rencontres à l’échelle, Marseille
Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de :
La Criée, Marseille
Le Tarmac, Paris
Création le 24 mai 2016 au Kunstenfestivaldesarts,
Bruxelles
MAG 6
P. 6
LES 2 2 ET
23 JU16IN
20
22 et 23.06
Salle Charles Apothéloz
Mercredi 22.06 20h00
Jeudi 23.06 20h00
En arabe, surtitré en
français
Durée estimée : 1h30
Théâtre
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Mer. 22.06
Jeu. 23.06
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
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PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC OMAR ABUSAADA, 2016
Pourquoi vivez-vous en Syrie ? Comment vos conditions de travail ont-elles évolué ?
Toute ma famille et mes amis vivent là-bas, alors j’ai décidé de ne pas en sortir.
Avant 2011, je faisais partie d’un groupe d’artistes indépendants. Il était déjà difficile
d’obtenir des lieux pour créer. Aujourd’hui, la guerre a complètement changé nos vies.
Il devient difficile de se réunir pour travailler, il n’y a pas d’électricité, les moyens de
transport sont quasi inexistants. Et à cause de la nature des textes que je monte, je ne
suis plus en sécurité. Une partie des gens avec qui je travaille ne peuvent plus revenir
en Syrie où ils risquent à tout moment d’être arrêtés, interrogés et traduits en justice.
Pour l’instant, je n’ai pas encore de problème, mais mon dramaturge, Mohammad Al
Attar, lui, est en exil. Je peux encore monter des pièces aujourd’hui car je suis soutenu
par des producteurs extérieurs, mais aussi grâce au soutien des donateurs de l’AFAC,
le Fonds pour la Culture Arabe.
Comment est née Alors que j’attendais, votre dernière création ?
Cela fait plus de deux ans que je travaille sur ce projet à partir de l’histoire d’un proche
tombé dans le coma après avoir été battu. Il en est mort. Depuis ce moment, grâce à
un ami médecin avec qui je me suis longuement entretenu sur le sujet, j’ai pu visiter
différents hôpitaux syriens où j’ai enregistré des histoires de familles dont les proches
sont dans le coma. Des récits qui ont servi à Mohammad Al Attar pour écrire ce texte
qui a ensuite évolué au fur et à mesure des répétitions avec les comédiens. Dans cette
pièce, j’ai cherché à comprendre la relation qu’une personne plongée dans le coma
peut entretenir avec son corps, mais aussi avec son imagination. J’ai voulu montrer
comment une famille oriente sa pratique quotidienne pour s’occuper d’une personne
dans le coma, tout en vivant au jour le jour dans une ville en guerre qui elle aussi
change leurs habitudes. Je me suis également intéressé aux réactions intimes des
proches face à cette épreuve car, pour ma part, je trouve encore plus difficile d’être
confronté au coma qu’à la mort. On suit des personnages qui vont utiliser des moyens
différents pour réveiller le jeune homme : certains parlent beaucoup, donnent des
nouvelles de la famille, lui rappellent ce qu’il aimait, évoquent les grands changements
de la vie en Syrie. On suit également le cheminement de personnages qui vont décider
de partir en Europe ou faire le choix de rester en Syrie. Alors que j’attendais est aussi
une manière de réinterroger nos rêves. En 2014, j’ai rencontré une femme dont le fils
est dans le coma depuis 2010. Entre temps, deux de ses frères et sœurs ont été tués,
une autre est en exil, son père est mort, ses amis sont partis ou à l’armée. Et, tous les
jours, elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir lui raconter de la situation s’il
se réveillait. Alors, il y a cette idée assez simple dans la pièce : si en 2011, j’imaginais
qu’en 2016 la démocratie était advenue, qu’on avait augmenté le niveau de vie, qu’il
y avait plus de liberté dans nos vies... L’exact opposé de ce qui se passe aujourd’hui.
S’il y a coma, c’est qu’il y a encore de la vie, de l’espoir. Diriez-vous que la Syrie est
également plongée dans le coma ?
Oui, le pays n’est ni vivant ni mort, mais la métaphore se situe à différents niveaux.
De ce point de vue, ce que j’observe dans Alors que j’attendais, c’est que de jeunes
actifs pendant la révolution sont maintenant absents ou subissent une situation
sans ne plus pouvoir l’influencer. Cinq ans après le début de la révolution, Alors que
j’attendais est l’occasion de faire un point sur la situation en Syrie, mais aussi sur ma
pratique théâtrale. Quand la révolution a commencé, j’ai été enthousiasmé, présent
dans les rues, actif à travers le théâtre. Mais cinq ans plus tard, mon présent n’a rien
à voir avec celui que j’attendais. Je pense qu’il est important de comprendre pourquoi
nous en sommes arrivés là alors que nos idéaux n’ont pas changé. Depuis que je
travaille, je prône un théâtre politique dont les valeurs n’ont pas réussi à s’incarner
alors même que c’était possible. Je suis moins naïf aujourd’hui. J’ai compris que le
pouvoir en place n’est pas le seul obstacle à l’émergence d’une société nouvelle. Un
des principaux problèmes est un défaut dans la construction initiale de la société
syrienne et son système familial, systématiquement orienté vers le père et la religion.
J’ai aussi pris conscience que la Syrie est prise dans une toile d’intérêts mondiaux
qui diffèrent d’une région à l’autre et qui dépassent les intérêts locaux ou régionaux.
Ce qui est un problème. Aujourd’hui je me sens proche d’un ensemble de gens
qui pensent qu’aucune justice sociale ne sera possible dans mon pays, si on ne la
recherche pas également au niveau mondial. La question du coma traduit aussi cette
prise de conscience des changements. Quant à l’espoir, il a toujours été présent dans
mes créations. L’espoir c’est la vie, ses développements, ses avancées.
PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCIS COSSU, TRADUIT DU SYRIEN PAR SIMON DUBOIS
Alors que j’attendais © Didier Nadeau
Alors que
j’attendais
EN TOURNÉE
2016
Kunstenfestivaldesarts,
Bruxelles
24-28.05
Braunschweig TheaterFormen
17-19.06
Napoli Festival
26-27.06
Festival d’Avignon
8-14.07
Theater Spektakel, Zurich
18-20.08
Theater Basel
31.08-1.09
La Bâtie - Festival de Genève
4-5.09
Gent Vooruit
30.09-1.10
Le Tarmac, Paris
12-15.10
8
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NICOLAS STEMANN
Création
à Vidy
Nathan le Sage
DE GOTTHOLD EPHRAIM LESSING
avec Crassier, drame secondaire
D’ELFRIEDE JELINEK
Mise en scène :
Nicolas Stemann
Traduction :
Mathieu Bertholet
Scénographie :
Katrin Nottrodt
Musique :
Waël Koudaih (Rayess Bek)
Costumes :
Marysol del Castillo
Vidéo :
Claudia Lehmann
Assistanat mise en scène :
Nora Bussenius
Construction du décor :
Ateliers du Théâtre de Vidy
Avec :
Lorry Hardel
Lara Katthabi
Mounir Margoum
Serge Martin
Elios Noël
Véronique Nordey
Laurent Papot
Lamya Regragui
Et deux musiciens :
Waël Koudaih (Rayess Bek)
Yann Pittard
Production déléguée :
Théâtre de Vidy
Coproduction :
MC93 - Maison de la Culture de la Seine St-Denis, Bobigny
Théâtre National de Strasbourg
Théâtre National de Bretagne, Rennes
Bonlieu Scène nationale Annecy et La Bâtie-Festival de
Genève dans le cadre du Programme INTERREG FranceSuisse 2014-2020
L’Arche est l’agent théâtral d’Elfriede Jelinek
14-24.09
Salle Charles Apothéloz
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
14.09
15.09
16.09
17.09
20.09
21.09
22.09
23.09
24.09
20h30
19h00
20h00
17h00
19h00
20h00
19h00
20h00
17h00
<>
<>
Durée estimée : 2h
Théâtre
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Ven. 16.09
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 22.09
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Nathan le Sage
EN TOURNÉE
2016
Théâtre national de Bretagne,
Rennes
9-11.11
2017
MAG 6
P. 8
La Comédie de Reims
15-17.3
Festival de Modène
30-31.3
Bonlieu scène nationale, Annecy
11-12.4
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
Publiée en 1779, Nathan le Sage est la dernière pièce de Lessing. La parabole
des anneaux, au centre du drame, est considérée comme l’un des textes-clé de la
philosophie des Lumières sur la tolérance. Nicolas Stemann a mis en scène le célèbre
chef d’œuvre de Lessing, complété par un « drame secondaire » commandé à Elfriede
Jelinek (au Thalia Theater de Hambourg en 2009). Sept ans plus tard, dans une
Europe meurtrie par un terrorisme marqué par l’idéologie religieuse et confrontée
violemment à la remise en cause de ses modèles d’intégration et de tolérance, il
reprend ces deux textes dans une nouvelle production.
POUR UNE CRITIQUE DE LA TOLÉRANCE
ELFRIEDE JELINEK ET NICOLAS STEMANN LECTEURS DE LESSING
ERIC VAUTRIN, DRAMATURGE DU THÉÂTRE DE VIDY, 2015
Le récit de Lessing est une sorte de dissertation à voix haute, plein de mots, de
réflexions et d’utopie et quasiment sans action. En quelques courts monologues
qui s’insèrent dans le drame de Lessing, Elfriede Jelinek y a fait entrer ce que
l’auteur allemand avait mis de côté, ce qu’il avait ignoré au profit de sa réflexion
morale, éthique et idéaliste : les états du corps, le désir, la chair.
En effet, dans Nathan le Sage, le désir des deux jeunes gens, Recha et le
Templier, est littéralement annulé au profit de la stabilité de la famille : ainsi
dans l’idéalisme de Lessing, la tolérance et la confraternité nécessitent de faire
le sacrifice des désirs individuels. En ce sens, Nathan le Sage peut également
être lu comme une tragédie de l’amour rendu impossible au profit de la paix
sociale.
Nathan, un idéaliste convaincu et convaincant qui valorise la bonté mutuelle
plutôt que l’identification aux dogmes, veut faire bâtir une maison pour déjouer
le destin funeste de sa demeure. Et Jelinek fait dire aux protagonistes que celleci aura une cave, un espace réservé et caché, dans laquelle sera entassé ce qui
ne répond pas à son idéal de tolérance, soit toutes les formes de désir et de
conflit – rappelant, en la détournant, l’affaire Fritzl, cet autrichien qui avait
enfermé sa propre fille dans une cave pendant 24 ans, la violant et lui faisant
sept enfants. Elle montre ainsi que l’utopie aide l’homme à conduire son destin,
mais elle lui ferme les yeux aussi, et elle entretient ainsi sa propre impossibilité
en ne prenant pas en compte ce qui fait la nature humaine.
Puis Jelinek rapproche la foi et l’argent comme des systèmes de croyance
comparables, faisant de l’économie capitaliste le quatrième monothéisme.
Crassier se présente alors comme « un voyage exaltant à travers l’histoire du
Monde, de l’Antiquité à l’idéalisme allemand en passant par l’Holocauste et
l’histoire contemporaine, avec ses temps de guerre et de crise » – un voyage
qui vient jauger l’idéal humaniste à l’aune de la finance contemporaine,
interrogeant Lessing depuis nos vies d’aujourd’hui, questionnant la pertinence
de l’héritage des Lumières.
Crassier, du nom de ces montagnes de déchets accumulés par l’exploitation des
mines, pointe les contradictions du drame de Lessing en lui opposant ce qu’il
laissait de côté – en confrontant l’idéalisme et les belles paroles de Lessing, et
avec lui l’Aufklärung, à la violence cruelle de la réalité.
Mis côte à côte, entremêlés, le texte de Lessing et celui de Jelinek s’éclairent
et se critiquent l’un l’autre, donnant à entendre les paradoxes de notre époque
sur la tolérance, l’intégration, l’idéalisme et l’héritage européen des Lumières.
Pourtant il ne s’agit ni de moquer l’idée de confraternité, ni de se satisfaire
du nihilisme : la précision de la critique de Jelinek et des séquences théâtrales
de Stemann appellent plutôt à ne pas fuir les conflits et visent à entretenir la
lucidité contre l’humanisme fourre-tout masquant le cynisme et l’inanité des
discours moralisants et vides de sens inlassablement répétés. Ensemble, ils
cherchent à rapprocher les pensées et les actes, les discours et les politiques,
l’analyse du passé avec les choix dans le présent. Loin d’être défait, le texte de
Lessing est littéralement donné à entendre dans toute sa force, mais aussi avec
ses limites et sa violence intrinsèque. Après les attentats de Paris de janvier et
novembre 2015, Stemann réinvestit son projet sur Nathan le Sage dont il avait
présenté une première production en allemand au Thalia Theater de Hambourg
en 2009 et il le projette dans une Europe définitivement concernée par les
questions de tolérance, de religion, d’identité et d’intégration.
9
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PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
STEFAN KAEGI/DOMINIC HUBER
Création
à Vidy
(RIMINI PROTOKOLL)
Nachlass
Pièces sans personnes
Conception :
Stefan Kaegi
Dominic Huber
Vidéo :
Bruno Deville
Dramaturgie :
Katja Hagedorn
Assistanat :
Magali Tosato
Construction du décor :
Atelier du Théâtre de Vidy
Production :
Théâtre de Vidy
Coproduction :
Rimini Protokoll –
Schauspielhaus Zürich
Bonlieu Scène nationale Annecy et La BâtieFestival de Genève dans le cadre du programme
INTERREG France-Suisse 2014 - 2020
Maillon, Théâtre de Strasbourg - scène européenne
Stadsschouwburg Amsterdam
Staatsschauspiel Dresden
Theater Chur
Carolina Performing Arts
Avec le soutien de :
Fondation Casino Barrière, Montreux
rimini-protokoll.de
MAG 6
P. 10
14-24.09
Salle René Gonzalez
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
14.09
15.09
16.09
17.09
20.09
21.09
22.09
23.09
24.09
17h à 21h
18h à 21h
17h à 21h
15h à 20h30
18h à 21h
17h à 21h
18h à 21h
17h à 21h
15h à 20h30
Spectacle déambulatoire
départ toutes les 15 minutes
Durée estimée : 1h
Installation/Théâtre
Tarif S
11
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE STEFAN KAEGI, 2015
Il semblerait que nous n’ayons jamais aussi intensément réfléchi à l’éphémère
et à la mort, au temps et à l’éternité qu’en ce début de XXIe siècle.
La société moderne, qui d’après Walter Benjamin, se caractérise par son déni
de la mort et par le refoulement du mourant hors de l’espace familial dans
l’anonymat de l’hôpital, semble entrer dans une époque qui accorde une
importance nouvelle à la mort. On discute d’assistance au suicide, on prend
part à des cérémonies funéraires laïques, des séries télévisées telles que Six
Feet Under trouvent un large public, et les cendres du défunt sont conservées là
où séjournent les vivants : au salon...
Nous nous efforçons de normaliser la mort, de la maîtriser, d’avoir raison d’elle.
Peu de pays permettent d’observer ce phénomène aussi bien que la Suisse.
C’est la raison pour laquelle elle sert de point de départ à Nachlass. En Suisse,
la mort est anticipée, mise en scène et analysée avec une précision presque
sans pareil. Des instituts de recherche renommés s’emploient à des simulations
numériques du cerveau humain. La mise en oeuvre de nouvelles technologies
vise à prolonger l’espérance de vie, bientôt non seulement au-delà de 100 mais
de 150 ans. En même temps il est possible, grâce à des organismes d’assistance
au suicide, de décider soi-même du moment et de la façon de s’en aller. Dans
le cadre d’un projet pilote, du LSD est administré à titre expérimental à des
malades en phase terminale afin de résorber leurs angoisses. On résilie des
assurances, on supprime des accès internet, on rédige des directives anticipées
et on communique le mode d’inhumation que l’on souhaite, dans la perspective
de sa propre mort. Et l’héritage ? L’impôt sur les successions avoisinant zéro,
selons les cantons, une prospérité moins acquise qu’héritée se perpétue.
Pourtant, malgré tous nos efforts, le défi de notre finitude ne se laisse jamais
complètement désamorcer. Et le scandale de la mort ne peut se résoudre
entièrement dans des séries de dispositions et d’expériences médicales. Il
subsiste toujours quelques questions qui tôt ou tard nous hantent : que resterat-il de ma personne quand mon « moi » aura disparu ? Qu’est-ce qui sera mis au
rebut ? Comment ai-je vécu ma vie ? Comment ceux que j’aime continueront-ils
de vivre après mon départ ? Resterai-je vivant dans le souvenir d’autres même
après ma mort ? Jusqu’à quel point et combien de temps ce souvenir subsisterat-il ?
Les philosophes de l’Antiquité considéraient comme une évidence le fait
de se soucier de sa propre finitude. Pour Sénèque, cette préoccupation est
indispensable à une mort sereine, tandis que pour Épicure, la peur de l’homme
face à la mort serait une erreur de jugement. En effet nous ne pouvons être à
l’endroit où se trouve la mort, et cette dernière réduit à néant notre capacité
de l’imaginer. 2000 ans plus tard, Bertolt Brecht note : « Que pourrait-il me
manquer si je manque à moi-même ? ». Ce n’est probablement pas la mort que
les gens craignent mais l’impossibilité pour la raison humaine de l’appréhender
qui la rend si angoissante et qui a généré à son propos un tel flot d’images et de
récits dans l’histoire de la civilisation. La mort est l’unique expérience humaine
qu’on ne peut se faire relater. Nachlass est une tentative de témoigner, non pas
de la mort mais du chemin que chaque être devra tôt ou tard emprunter. La
non-présence se laisse-t-elle représenter ? Comment évoquer ce qu’il n’y a plus
à relater, parce que l’histoire est parvenue à sa fin ?
Travail en cours © Stefan Kaegi
Nachlass
EN TOURNÉE
2016
Temporada Alta, Girona
17-20.11
deSingel, Anvers
1-4.12
2017
le Maillon, Strasbourg
31.5-14.6
12
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
METTE INGVARTSEN
Deux spectacles
69 positions
7 pleasures
69 positions
29.09-1.10
69 positions
7 pleasures
Conception, chorégraphie
et performance :
Mette Ingvartsen
Lumière :
Nadja Räikkä
Scénographie :
Virginie Mira
Son :
Peter Lenaerts
avec des musiques de
Will Guthrie (Breaking Bones)
Dramaturgie :
Bojana Cvejic
Manager:
Kerstin Schroth
Conception
et chorégraphie :
Mette Ingvartsen
Lumière :
Minna Tiikkainen
Musique
et bande-son :
Peter Lenaerts
Avec des musiques de Will
Guthrie (Breaking Bones
& Snake Eyes)
Scénographie :
Mette Ingvartsen
Minna Tikkainen
Dramaturgie :
Bojana Cvejic
Manager:
Kerstin Schroth
Assistanat chorégraphie :
Manon Santkin
Production :
Mette Ingvartsen/Great Investment
Coproduction :
apap/Szene, Salzburg
Musée de la Danse/Centre Chorégraphique
National de Rennes et de Bretagne
Kaaïtheater, Bruxelles
PACT Zollverein, Essen
Les Spectacles vivants - Centre Pompidou, Paris
Kunsten-centrum BUDA, Courtrai
BIT Teatergarasjen, Bergen
Avec le soutien de :
Théâtre National de Bretagne, Rennes
Festival d’Automne à Paris
DOCH - University of dance and circus,
Stockholm
Autorités flamandes
The Danish Arts Council
Commission européenne
Avec :
Sirah Foighel
Brutmann (remplacée à Lausanne par
Mette Ingvertsen), Johanna
Chemnitz, Katja Dreyer,
Bruno Freire, Elias Girod, Dolores
Hulan, Ligia Lewis, Danny Neyman,
Norbert Pape, Pontus Pettersson,
Hagar Tenenbaum,
Gemma Higginbotham,
Ghyslaine Gau (remplacement)
metteingvartsen.net
Création 2014 au PACT Zollverein, Essen
MAG 6
P. 12
Production :
Mette Ingvartsen/Great Investment
Assistanat production :
Manon Haase
Coproduction :
Festival Steirischer Herbst, Graz
Kaaïtheater, Bruxelles
HAU Hebbel am Ufer, Berlin
Théâtre National de Bretagne, Rennes
Festival d’Automne à Paris
Les Spectacles vivants - Centre Pompidou, Paris
PACT Zollverein, Essen
Dansens Hus, Oslo
Tanzquartier Wien
Kunsten - centrum BUDA, Courtrai
BIT Teatergarasjen, Bergen
Dansehallerne, Copenhague
House on Fire avec le soutien du Programme
culturel de l’Union européenne
Avec le soutien de :
Autorités flamandes
Hauptstadtkulturfonds, Berlin
The Danish Arts Council
APAP - Programme culturel de l’Union
européenne
metteingvartsen.net
Création 2015 au Festival Steirischer
Herbest, Graz
Salle Charles Apothéloz
Jeudi
29.09
Vendredi 30.09
Samedi 1.10
19h00
20h00
17h00
Performance déambulatoire
(pas de places assises)
Dès 16 ans
Durée : 1h45
Performance/Danse
Tarif M
7 pleasures
12 et 13.10
Salle Charles Apothéloz
Mercredi 12.10
Jeudi
13.10
20h00
19h00
Dès 16 ans
Durée : 1h40
Danse
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Mer. 12.10
une heure avant le début de
la représentation
Entrée libre, sans réservation
69 Positions
EN TOURNÉE
2016
Stadsschouwburg, Amsterdam
2-3.07
>
13
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC METTE INGVARTSEN RÉALISÉ PAR GILLES
AMALVI AU FESTIVAL D’AUTOMNE À PARIS, 2015
Dans les années 60, la contestation s’adressait encore à un pouvoir localisé.
Pendant cette période, les questions d’inégalité, de représentation du corps,
de libération des conventions morales ont trouvé à s’incarner dans l’art, la
danse, la performance – par exemple le spectacle Parades and changes de
Ann Halprin, qui transforme radicalement la représentation de la nudité
sur scène. Dans quelle mesure les stratégies artistique de cette époque sont
encore opérantes, et quel type de dialogue avez-vous engagé avec elles ?
69 positions était une pièce construite autour de ce dialogue – un peu comme un
travail préparatoire devenu un travail en soi. Dans cette pièce, je parle de Parade
and changes, de Meat Joy. J’ai d’ailleurs été en contact avec Carolee Schneemann ;
pour elle, ces travaux étaient clairement pensés comme des « contre-attaques »
adressées à la brutalité du pouvoir politique, dans le contexte de la guerre du
Vietnam... Aujourd’hui, les choses sont beaucoup moins évidentes, moins
claires, les moyens d’action plus divers. Les institutions tout autant que
les mécanismes de contrôle se sont « dilués », ils sont moins articulés. Le
cadre permettant l’action n’a plus de frontières aussi définies. Du coup, la
stratégie frontale me paraît moins efficace aujourd’hui que dans les années
60. Dans la troisième partie de 69 positions, j’évoque les pratiques sexuelles
contemporaines, en les reliant à la question de l’objet, du « non-humain ». 69
positions et 7 Pleasures essaient de se confronter à la question « où en sommesnous aujourd’hui » ? La question du « bio pouvoir » soulevée par Foucault est
plus pertinente que jamais, et ses procédures de plus en plus profondes, de
plus en plus fines et ciblées. Une des questions pour moi aujourd’hui est celle
de la mobilisation : qu’est-ce qui mobilise les corps, comment les mobiliser ?
Comment agir au niveau très simple du désir ? Cela implique d’analyser la
difficulté, aujourd’hui, à produire du collectif, des mouvements collectifs, une
pensée collective. Peut-être existe-t-il un lien entre le manque de désir au
niveau de la mobilisation collective, et l’hyper-stimulation des désirs dans la
vie de tous les jours ?
69 Positions est un solo, dans lequel votre corps est directement impliqué
dans cette situation. Dans 7 Pleasures, vous êtes davantage en position de
chorégraphe, « contrôlant » un groupe d’interprète. Quel type de changements
cela implique – à la fois esthétiquement et politiquement ?
Je suis la chorégraphe – mais par ailleurs, je participe aussi à la pièce, tout au
moins pendant les répétitions. Étant donné les questions de nudité traitées
par la pièce, je ne me voyais pas rester en position d‘observatrice extérieure,
demandant à l’un ou à l’autre : « est-ce que vous pouvez écarter les cuisses
un peu plus ? ». C‘est là que se situe pour moi la question politique impliquée
par ce travail. Pour le moment, nous avons beaucoup travaillé sur un principe
d’alternance : une moitié est sur scène, et l’autre regarde. Du coup, tout le monde
a accès à ce que produisent les images sur scène. Il me paraît très important que
chacun soit conscient des effets produits par ces corps nus, et qu’ils réalisent
ces effets à partir de la perspective du public. Ce regard sera lui-même présent,
inclus dans la représentation. Je voudrais que le regard consiste, qu’à certains
moments, le public regarde le regard, assiste à l‘opération de regarder. Qu’il
ne regarde pas la danse mais des manières de regarder la danse. La question
du regard est extrêmement importante vis à vis de la représentation sexuelle,
du coup la réflexion sur la manière dont le regard opère se doit d’être mis en
perspective.
69 Positions © Fernanda Tafner
7 Pleasures © Marc Coudrais
7 pleasures
EN TOURNÉE
2016
Stadsschouwburg, Amsterdam
9.07
Theater Spektakel, Zurich
2-4.09
Kaaitheater, Bruxelles
7-8.10
Dansenshus, Stockholm
21.10
Studio, Bergen
28-29.10
14
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
CHRISTIAN LUTZ
no man’s land
Une exposition de photographies
Photographies :
Christian Lutz
Graphisme :
Pablo Lavalley
christianlutz.org
10.09-3.12
La Kantina
Photographie
Entrée libre
NOTE D’INTENTION DE CHRISTIAN LUTZ, 2016
Adolescent, dans les années 1980, j’étais fan du groupe de rock genevois Le
Beau Lac de Bâle. Dans l’un de leurs titres, les choristes reprenaient un refrain
qui n’est jamais sorti de ma mémoire :
Le Théâtre de Vidy présente
cette exposition en
collaboration avec le
Festival Images Vevey
images.ch
Le peigne, la bagnole et la montre à quartz sont les trois mamelles de l’employé modèle,
Le peigne, la bagnole et la montre à quartz du Suisse moyen sont les valeurs universelles.
Le philosophe Jacques Derrida associait l’hospitalité à une dimension
d’imprévu. J’aime cette idée. La notion d’imprévu me renvoie à celle d’inconnu,
à quelque chose qui échappe. Qu’est-ce que veut donc dire accueillir l’autre ?
Est-ce possible de recevoir quelqu’un chez soi sans en être bousculé, voire
modifié ?
Un phénomène de repli accompagne paradoxalement notre ère de la
globalisation. Comment accueillir les réfugiés dans ce contexte, comment leur
laisser de la place, quand notre propre espace de pensée est frappé par la peur
et notre quotidien tourné vers la préservation de nos acquis ?
Les photographies exposées à Vidy sont issues de travaux menés sur l’île de Kos (GR),
le col de Lukmanier (CH), la Valle Verzasca (CH) et dans certains abris de protection
civile à Genève.
No man’s land © Christian Lutz
MAG 6
P. 14
15
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
MATTHIEU JACCARD
Sous un même toit (I et II)
Un cycle de conférences inclusives et optimistes
24.09 et 26.11
Après Nie wieder Krieg !, première série de conférences imagées présentées au
Théâtre de Vidy durant la saison 15/16, l’architecte et historien de l’art Matthieu
Jaccard propose un nouveau cycle intitulé Sous un même toit. De rapprochements
en glissements thématiques, de coïncidences en comparaisons, il confronte
les représentations de l’art et les actualités médiatiques. Plus qu’à un exposé
savant, c’est à une réappropriation de notre temps que nous invite Matthieu
Jaccard, Virgile bienveillant dans l’usine dantesque de notre mémoire.
En 1816, il y a deux cents ans, Lord Byron écrit Le Prisonnier de Chillon lors
de son passage en Suisse, ainsi qu’un poème apocalyptique intitulé Darkness.
Le poète se fait l’écho de l’année sans été que connaissent alors l’Amérique
du Nord et l’Europe suite à l’éruption du mont Tambora, en Indonésie. En
couvrant l’ensemble de l’humanité, la voûte céleste rappelle la relativité des
frontières, comme de nombreux événements récents ont pu, eux aussi, amener
à les réinterroger.
Le titre choisi pour ce second cycle de conférences est Sous un même toit, au
moment où l’EPFL inaugure son projet Under One Roof. Il s’agit d’une invitation
à la recherche d’un récit fédérateur par-delà l’histoire, l’art et l’actualité, dans
les entrelacs du temps – comme une autre réponse possible aux crispations
identitaires qui se multiplient aujourd’hui. C’est également une forme
d’hommage à la vision développée par Max Bill pour l’Expo 64 : invité à bâtir
le demi-secteur Eduquer et créer, il imagine une structure pouvant s’agrandir
à l’infini pour abriter un dialogue entre les arts et les cultures. Le Théâtre
de Vidy témoigne de la forme que prit ce dispositif en grande partie disparu.
Garder vivant l’esprit humaniste, ouvert et rassembleur de son auteur est une
inspiration à la hauteur des défis de notre temps.
La Passerelle
Samedi
Samedi
24.09
26.11
15h00
15h00
Conférence
Entrée libre, sur inscription
à [email protected]
vidy.ch/sumt
Les conférences peuvent être
suivies indépendamment les unes
des autres.
1
2
5
7
MAG 6
P. 15
6
8
Images d’inspiration :
1. Tambora, Indonésie
2. Olivier Pichat, Portrait du Général Dumas, 4e quart 19e siècle
3. Bataille de Siffin, Manuscrit persan, 1516
4. Uriel Orlow, The Visitor, 2007
5. Bruno Taut, Alpine Architektur, 1919
6. Haus der Religionen, Berne, 2014
7. Hans Holbein, Portrait de Thomas More, 1527
8. Max Bill, Rhythmus im Raum, 1948
3
4
16
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
MILO RAU
Empire
Conception, texte
et mise en scène :
Milo Rau
Texte et performance :
Ramo Ali
Akillas Karazissis
Rami Khalaf
Maia Morgenstern
Scénographie et costumes :
Anton Lukas
Vidéo :
Marc Stephan
Dramaturgie et recherche :
Stefan Bläske
Mirjam Knapp
Son :
Jens Baudisch
Production et diffusion :
International Institute of Political Murder (IIPM)
Mascha Euchner-Martinez
Eva-Karen Tittmann
Coproduction :
Theater Spektakel, Zurich
Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin
Festival Steirischer Herbst, Graz
Avec le soutien de :
Regierende Bürgermeister, Berlin
Senatskanzlei - Kulturelle Angelegenheiten
Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture
international-institute.de
Création le 1er septembre 2016 au Theater Spektakel, Zurich
5-8.10
Salle Charles Apothéloz
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
5.10
6.10
7.10
8.10
20h00
19h00
20h00
20h00
En allemand, français,
roumain et kurde, surtitrés
en allemand et français
Durée estimée : 2h
Théâtre
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Jeu. 6.10
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 6.10
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Empire
EN TOURNÉE
2016
Theater Spektakel, Zurich
1-3.09
Streirischer Herbst, Graz
15-16.10
MAG 6
P. 16
>
17
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION
MURDER, 2016
DE
L’INTERNATIONAL
INSTITUTE
OF
POLITICAL
C’est avec Empire que Milo Rau et l’International Institute of Political
Murder (IIPM) conclueront leur Trilogie remarquée sur l’Europe. Cette fois,
ils mettent le cap sur ses frontières méridionales, là où l’Europe dessine
aujourd’hui ses contours alors même qu’hier, elle y traçait ses fondations
mythologiques et culturelles.
La première partie de la Trilogie de Milo Rau sur l’Europe s’est ouverte avec
The Civil Wars (jouée pour la première fois au Theater Spektakel, à Zurich,
en 2014) : une enquête sur les salafistes qui interrogeait les motivations des
jeunes recrues du djihad et qui a remporté le Grand Prix du Jury du Festival
triennal allemand « Politik im Freien Theater »1. La production était centrée sur
les récits très intimes et personnels de quatre comédiens français et belges.
Autant d’histoires de perte du père, d’errance existentielle et idéologique. Avec
ses gros plans biographiques, The Dark Ages (second volet joué pour la première
fois au Residenztheater de Munich, en 2015) obéit au même schéma narratif :
des comédiens venus d’Allemagne, de Bosnie, de Russie et de Serbie reviennent
sur ce qu’ils ont vécu, de la fin de la Deuxième Guerre mondiale à aujourd’hui
en passant par le Siège de Sarajevo. Leurs visages sont projetés sur grand écran,
leurs témoignages se mêlent les uns aux autres, dans une symphonie en cinq
actes portée par la musique de Laibach, un groupe slovénien culte. Sur le site
Spiegel.de, on pouvait lire : « Sortez voir ça ! Allez écouter les histoires de ces
comédiens ! »
Empire appliquera cette même formule esthétique éprouvée, livrant ainsi des
récits de vie très personnels, tout en étant d’une grande force tragique, à la fois
intimes et universellement humains. Après ces performances qui se déroulaient
à l’ouest et au sud-est de l’Europe, notre attention se tourne de l’autre côté des
frontières européennes : sur ceux et celles qui quittent l’Afrique et le MoyenOrient pour l’Europe, les réfugiés, les immigrants, les migrants. Sur tous ces
gens qui débarquent en Grèce, mais aussi ceux qui y sont nés. Et nous soulevons
les questions suivantes : Qu’est-ce que la migration ? Qu’est-ce que cela veut
dire, avoir un « chez-soi » ? Quel visage aura la Nouvelle Europe ?
D’après la légende, l’Europe doit son nom à une princesse phénicienne que
Zeus enleva et ramena avec lui en Crête (le littoral libanais d’aujourd’hui). La
Méditerranée, autrefois, était le centre. Ce qui nous amène à nous demander :
dans quelle mesure l’Europe, depuis des siècles, est-elle définie par sa marge ?
Les récits biographiques et les sujets portés par les comédiens des deux
premières pièces trouvaient leur écho dans les textes du théâtre classique :
la peur bourgeoise de la perte, dans La Cerisaie de Tchekhov, et le déclin des
familles et dynasties dans les tragédies meurtrières de Shakespeare. Pour ce
troisième et dernier volet, ce seront les grandes œuvres du théâtre grec antique,
avec leurs destins tragiques, leurs histoires de migrations et de rapts tout
autour de la mer Méditerranée, qui donneront à Empire son ancrage historique
et théâtral.
1
La politique dans le théâtre indépendant
18
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
DIEUDONNÉ NIANGOUNA
Création
à Vidy
Nkenguegi
Texte et mise en scène :
Dieudonné Niangouna
Collaboration artistique :
Laetitia Ajanohun
Scénographie :
Papythio Matoudidi
Dieudonné Niangouna
Création et interprétation musicale :
Chikadora
Pierre Lambla
Armel Malonga
Vidéo :
Wolfgang Korwin
Jérémie Scheidler
Costumes :
Vélica Panduru
Son :
Félix Perdreau
Avec :
Laetitia Ajanohun
Marie Charlotte Biais
Clara Chabelais
Pierre-Jean Etienne
Abdon Fortuné Koumbha
Kader Lassina Touré
Harvey Massamba
Mathieu Montanier
Criss Niangouna
Dieudonné Niangouna
Production :
Cie Les Bruits de la rue
Le Grand Gardon Blanc
Coproduction :
Théâtre de Vidy
MC93 - Maison de la Culture de la Seine St-Denis
Künstlerhaus Mousonturm, Francfort
Le Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique, Nantes
(en cours)
Le texte de la pièce est publié aux éditions
Les Solitaires Intempestifs
MAG 6
P. 18
1-5.11
Salle Charles Apothéloz
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
1.11
2.11
3.11
4.11
5.11
19h00
20h00
19h00
20h00
16h00
>
Durée estimée : 3h20
Théâtre/Vidéo
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Mar. 1.11
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 3.11
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
19
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE DIEUDONNÉ NIANGOUNA, 2016
C’est l’histoire d’une troupe de théâtre qui répète une version contemporaine du
Radeau de la Méduse. C’est l’histoire d’une fille debout à sa fenêtre et qui se voit
passer dans la rue. Plus tard, elle découvrira que c’était son rêve qu’elle voyait
devant ses yeux. C’est l’histoire d’un enfant qui garde un désert. C’est l’histoire
d’un groupe d’étudiants qui organise une surprise-partie « déguisement
et réflexion » afin de pouvoir s’échapper du monde réel et tenter par le biais
de cette loufoquerie de répondre à tout ce à quoi ils ne peuvent pas répondre
d’ordinaire. C’est l’histoire de deux émigrés congolais qui arrivent en France.
C’est l’histoire d’un voyageur qui s’est fait piquer son rêve à bord du Hollandais
Volant, s’échoue dans un théâtre en France et est nommé comédien par le
directeur du théâtre. C’est l’histoire d’un comédien national victime du mal
-être humain, héritier du grand désordre mondial et critique public de la
république du fleuve et de la forêt, qui doit être exécuté, parce qu’il est arrivé
à la fin de son mandat sans succès, pour qu’un autre comédien national soit
élu à la tête du pays. Alors avant de s’en aller, il tente tout pour empêcher ce
qu’il ne peut plus empêcher, et la seule chose qu’il réussit c’est donner une
vraie place à la mauvaise foi. C’est l’histoire d’une chèvre et d’une biquette qui
sont forcées de s’accoupler jusqu’à ce que mort s’en suive. Elles crèvent et dès
lors commence la révolution et cette dernière se transforme en cannibalisme
commun. C’est l’histoire d’un homme qui n’a jamais été aimé par personne
jusqu’à ses quarante ans. Alors il décide de se suicider. C’est l’histoire de deux
personnages d’une pièce de théâtre qui finissent par sortir de la fiction et se
retrouver dans la vie réelle, recueillis par un enfant sans nom qui garde un
désert. Et les deux personnages ne sont autres que les deux seuls survivants
de la version semi-contemporaine du Radeau de la Méduse répétée par la troupe
de théâtre. Et la fille qui se regarde passer devant sa fenêtre est l’une des
comédiennes de cette troupe de théâtre. Elle est entre-­autre la petite amie de
celui qui n’a jamais été aimé et qui va se suicider. Et ils sont venus tous les
deux à cette surprise-­partie « déguisement et réflexion » dans un loft, au vingtdeuxième étage du sixième arrondissement de Paris où celui qui n’a jamais
été aimé va se suicider à la fin. Et c’est dans le cadre de cette surprise-­partie
« déguisement et réflexion » que sont invités pour la première fois en France les
deux émigrés congolais pour participer au débat. Ces deux émigrés congolais
sont en contact direct avec une bande de gamins habitant la république du
fleuve et de la forêt et qui ont été formés par un poème de Sony Labou Tansi,
et ce sont ces gamins de malheur qui ont la charge d’exécuter le comédien
national de la république du fleuve et de la forêt avant minuit et de lui piquer
son soleil. Mais le metteur en scène et auteur qui a écrit et qui dirige la version
contemporaine du Radeau de la Méduse n’est autre que le comédien qui avait
débarqué en France à bord du Hollandais Volant et qui cherche par cette pièce
le moyen de retrouver son rêve initial volé pendant le voyage par un type appelé
le voleur de songes. C’est l’histoire d’un type abandonné seul sur une barque
dans la mer. Yeux ouverts le jour, yeux ouverts la nuit, mais jamais il ne crève.
C’est ce type-­là qui finit par passer devant la fenêtre de la fille qui rêve et va
devenir son amant.
Travail en cours © Armel Louzala
Nkenguegi
EN TOURNÉE
2016
MC93 – Maison de la Culture de
la Seine-­Saint-­Denis
9-26.11
Künstlerhaus Mousonturm,
Francfort
1 et 2.12
2017
Le Grand T, théâtre de Loire
Atlantique
26-28.4
20
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
LE GDRA
Création
à Vidy
(CHRISTOPHE RULHES/JULIEN CASSIER)
Lenga
Conception, texte
et mise en scène :
Christophe Rulhes
Chorégraphie :
Julien Cassier
Scénographie :
le GdRA
Musique :
Christophe Rulhes
Lizo James
Images :
le GdRA
Edmond Carrère
Ludovic Burczykowski
Costumes :
Céline Sathal
Lumière :
Adèle Grepinet
Son :
Pedro Theuriet
Avec :
Julien Cassier
Lizo James
Maheriniaina Pierre Ranaivoson
Christophe Rulhes
Diffusion :
AlterMachine/Elisabeth Le Coënt
Production :
le GdRA
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Le Printemps des Comédiens, Montpellier
l’Usine - Centre National des Arts de la Rue, Tournefeuille
Cirque-Théâtre, Pôle National des Arts du Cirque Haute-Normandie, Elbeuf
Les 2 Scènes - Scène Nationale, Besançon
Le Théâtre Romain Roland, Villejuif
La Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Normandie,
Cherbourg-Octeville
CIRCa, Pôle National des Arts du Cirque, Auch
Le Théâtre Garonne, scène européenne, Toulouse
Les Treize Arches, scène conventionnée, Brive
Avec le soutien de :
Institut Français
Convention Institut Français/Ville de Toulouse
L’Aléa des Possibles - Chapitô Métisy, Madagascar
Zip Zap Circus, Cape Town
La Grainerie, Fabrique des arts du cirque et de l’itinérance,
Balma Toulouse-Métropole
legdra.fr
1-12.11
Salle René Gonzalez
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
1.11
2.11
3.11
4.11
5.11
8.11
9.11
10.11
11.11
12.11
19h30
19h30
19h30
19h30
20h30
19h30
19h30
19h30
21h00
19h00
En français, xhosa, anglais,
merina et occitan, surtitrés
en français
Durée estimée : 1h30
Théâtre/Musique/Danse/
Vidéo/Cirque
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Ven. 4.11
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Lenga
EN TOURNÉE
2016
MAG 6
P. 20
Cirque-Théâtre, Elbeuf
16-19.11
les 2 Scènes – Scène nationale
de Besançon
21-24.11
Théâtre des 13 arches, Brive
28.11-1.12
2017
Théâtre Romain Rolland, Villejuif
21-25.3
21
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION PAR CHRISTOPHE RULHES, 2016
A huit ans en 1983, j’ai enregistré mon grand-père dans une langue rare qui
me plaisait. Son occitan, il l’appelait « la lenga nostra ». En 2016, à partir de
ce document, le GdRA invite au plateau pour Lenga quatre performeurs : un
acrobate de rue Merina de Madagascar ; un initié Xhosa d’Afrique du Sud ;
un comédien toulousain ; un musicien occitan jouant cabrette et platines. La
pièce traite de la diversité et de la disparition des langues. Elle s’appuie sur
des temps d’enquête menés dans les familles des performeurs, qui mettent
en jeu sur scène leurs arts de faire, au fil des témoignages de leurs grandsmères, filmées en 2015 à Tananarive, à Amparibe et au Cap dans les townships
de Khayelitsha. Se dévoilent ainsi des récits de vie, de perte, de transmission
et d’invention, des danses, des rites, des contextes politiques et naturels, des
musiques et des multilinguismes. Madagascar et l’Afrique du Sud font partie
des lieux hyper-divers en langues, faunes et flores qui existent encore sur
terre. En plein anthropocène, ces espaces tendent à disparaître. En France, les
langues endémiques, dont l’occitan, perdent toujours des locuteurs. A partir
d’un théâtre de la personne, avec l’énergie de l’acrobatie ou des gumboots,
Lenga livre des fragments de ces lieux, de ces gens, de ces résistances et de
ces innovations. Avec en prime, un cours jubilatoire et libre de la langue à clic
Xhosa.
De par le monde se multiplient les points chauds d’un conflit environnemental
qui s’apparente à une guerre des natures. Le chasseur cueilleur qui vit en
forêt amazonienne n’est pas responsable du même impact carbone que le
directeur d’une entreprise pétrochimique en occident. Il en subit pourtant les
mêmes conséquences, voire pire. Pour la première fois dans la géohistoire,
les scientifiques vont déclarer comme forces premières pour donner forme à
la terre celle qu’engendre les humains. Ils sont devenus le facteur tellurique,
géologique, climatique le plus perturbateur de l’écosystème. Cette nouvelle
ère qui s’ouvre en incertitudes et bouleversements, les géologues l’appellent
« l’anthropocène ». Qui ou quoi, dans l’histoire, est vraiment responsable de
l’anthropocène ? Au fil d’une série de portraits glanés dans le monde, ce sont
quelques histoires de cette guerre comme autant de batailles désespérées que le
GdRA souhaite raconter et mettre en scène. Débute ainsi un nouveau cycle
d’écriture théâtrale intitulé « La guerre des natures ». Le premier volet de cette
série s’appelle Lenga.
Travail en cours © Loran Chourrau/ Le Petit Cow-Boy
Travail en cours © Loran Chourrau/
Le Petit Cow-Boy
22
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
YOANN BOURGEOIS
Tout
public
Celui qui tombe
Conception, mise en scène et scénographie :
Yoann Bourgeois
Costumes :
Ginette
Lumière :
Adèle Grépinet
Son :
Antoine Garry
Assistanat :
Marie Fonte
Avec :
Mathieu Bleton
Julien Cramillet
Marie Fonte
Dimitri Jourde, en alternance avec Jean-Baptiste André
Elise Legros
Vania Vaneau, en alternance avec Francesca Ziviani
Production déléguée:
Centre chorégraphique national de Grenoble
Coproduction :
Cie Yoann Bourgeois
MC2: Grenoble
Biennale de la danse de Lyon
Théâtre de la Ville, Paris
Maison de la Culture de Bourges
L’Hippodrome, Scène Nationale de Douai
Le Manège de Reims, Scène Nationale
Le Parvis, Scène Nationale de Tarbes Pyrénées
Théâtre du Vellein, Villefontaine
La Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Basse-Normandie,
Cherbourg - Octeville
Théâtre National de Bretagne, Rennes
Avec le soutien de :
ADAMI
SPEDIDAM
Petzl
DGCA
Yoann Bourgeois bénéficie du soutien de la Fondation BNP Paribas
pour le développement de ses projets.
cieyoannbourgeois.fr
Création le 20 septembre 2014 au MC2: Grenoble
Ce spectacle bénéficie à Vidy du soutien de Retraites Populaires
MAG 6
P. 21
9-12.11
Salle Charles Apothéloz
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
9.11
10.11
11.11
12.11
19h00
19h00
19h00
17h00
>
Dès 7 ans
Durée : 1h
Cirque/Danse
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 10.11
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Celui qui
tombe
EN TOURNÉE
2016
Tanz im August, Berlin
26-27.8
MC2: Grenoble
14-15.10
Théâtre du Passage, Neuchâtel
28-29.10
Espace Malraux – Chambéry
2-4.11
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
23
ENTRETIEN AVEC YOANN BOURGEOIS RÉALISÉ PAR LAURENT GOUMARRE,
2014
Quelle aura été la « piste » de départ pour cette création ?
Avec ce projet, je cherche à approfondir une théâtralité singulière en radicalisant
un parti pris : une situation naît d’un rapport de forces. La scénographie que j’ai
conçue pour ce projet est un sol, un simple plancher mobilisé par différents
mécanismes (l’équilibre, la force centrifuge, le ballant…). 6 individus (sorte
d’humanité minimale) seront sur ce sol, et tenteront de tenir debout. Ils
réagiront aux contraintes physiques, n’initiant jamais le mouvement. C’est dans
le corps à corps entre cette masse et telle ou telle contrainte qu’une situation
apparaîtra. La multiplicité de principes physiques entraînera une multiplicité
de situations. Les situations que j’appelle sont d’un statut tout particulier,
disons : polysémiques. Je cherche à situer mon théâtre sur cette crête aiguë où
la chose apparaît.
Ta vision du cirque passe par la notion de « non-agir » plutôt que par la
manipulation. Qu’est-ce que cette distinction te permet de dire ?
Mon intention est d’affiner radicalement mon geste en misant sur l’acuité d’un
principe essentiellement circassien : l’acteur est vecteur des forces qui passent
par lui. Il est traversé, il est agi par des flux qu’il traduit comme il peut. Si ce
geste est un geste de cirque, c’est aussi parce qu’il participe d’une représentation
particulière de l’homme : de même que nous pensons que l’homme n’est pas au
centre de l’univers, il n’y a pas de raison qu’il soit au centre de la scène. Sur
ma piste idéale (et peu importe si ce cirque existe vraiment ou pas), l’homme
coexiste sur un plan horizontal au côté des animaux, des machines, etc. sans les
dominer. En repositionnant ainsi les choses, l’humanité me semble autrement
bouleversante.
Pourquoi fallait-il depuis tes débuts opérer une « déconstruction circassienne » ?
Je veux voir de quoi est faite cette matière que j’affectionne tant pour découvrir
ses puissances propres. J’ai l’intuition que celle-ci porte une propension à de
nouvelles formes de théâtralité, et est véritablement une source. Mon processus
de travail ressemblerait alors à une soustraction : je cherche à débarrasser ma
recherche de tout ce qui ne lui est pas nécessaire. Je simplifie mes formes
pour une plus grande lisibilité des forces. C’est une manière aussi pour moi
d’apporter pierre à l’édifice de l’histoire du cirque.
Cette histoire ne devrait-elle pas passer par la construction d’un répertoire
comme c’est le cas en danse, au théâtre et même aujourd’hui pour la
performance ?
En entretenant en parallèle un regard sur la situation du cirque, j’essaye
de cerner ce qui me semble des enjeux actuels. Le cirque en effet, se trouve
dans une situation très particulière : son histoire est très prise en charge
« de l’extérieur ». Paradoxalement, et malgré le bénéfice d’une très large
visibilité, il est proportionnellement peu soutenu. La menace possible est une
normalisation. C’est la raison pour laquelle je réfléchis aussi au sein des écoles
aux conditions de ses apprentissages pour que l’émergence d’un répertoire
puisse avoir lieu. Pour cela, il faut se familiariser avec l’écriture, en inventant
des manières d’écrire adéquates à cette pratique.
Comment travailles-tu ?
Nous avons créé notre compagnie pour maintenir un processus de travail
permanent. Voilà quatre ans que celle-ci est née. À mes côtés, une petite
équipe s’est engagée comme moi en misant à long terme. C’est notre rapport
au temps que nous essayons de penser. Cela est rendu possible grâce à une
très forte association avec la MC2: Grenoble. Nous privilégions un processus
expérimental, empirique. Nous inventons nos méthodes au fur et à mesure
que nous avançons, elles ne préexistent pas. Nous aimons commencer par des
esquisses. Certaines tiennent debout toutes seules et deviennent des numéros.
Après quatre années de création, je vois aussi se dessiner quelque chose comme
une constellation de petites formes gravitant autour d’une notion centrale : le
point de suspension. J’ai voulu dernièrement donner un nom à cette recherche
sans fin : « tentatives d’approches d’un point de suspension ». Je suis très
attaché à une dimension de création vécue dans sa plus large amplitude. Ce
sont d’abord des aventures de vie extraordinaires. Chaque projet artistique
détermine son mode, son régime d’existence.
Celui qui tombe © Géraldine Aresteanu
24
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
DARIA DEFLORIAN/ANTONIO TAGLIARINI
Création
à Vidy
Il cielo non è un fondale
(Le ciel n’est pas une toile de fond)
Texte et mise en scène :
Daria Deflorian
Antonio Tagliarini
Scénographie :
Cristian Chironi
Lumière :
Gianni Staropoli
Assistanat mise en scène :
Davide Grillo
Avec :
Francesco Alberici
Daria Deflorian
Monica Demuru
Antonio Tagliarini
Accompagnement et diffusion internationale :
Francesca Corona
Production :
A.D – Sardegna Teatro, Cagliari
Teatro Metastasio
Stabile della Toscana, Prato
ERT/Emilia Romagna Teatro
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Odéon - Théâtre de l’Europe, Paris
Festival d’Automne à Paris
Romaeuropa Festival, Rome
Sao Luiz - Teatro Municipal de Lisboa, Lisbonne
Festival Terres de Paroles, Rouen
Avec le soutien de :
Teatro di Roma
Avec la collaboration de :
Laboratori Permanenti, San Sepolcro
Carrozzerie Not, Rome
Fivizzano 27, Rome
defloriantagliarini.com
16-20.11
Salle René Gonzalez
Mercredi 16.11
Jeudi
17.11
Vendredi 18.11
Samedi 19.11
Dimanche 20.11
19h30
19h30
19h30
14h00
18h00
16h00
En italien, surtitré
en français
Durée estimée : 1h10
Théâtre
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Jeu. 17.11
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Ven. 18.11
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Il cielo non è
un fondale
EN TOURNÉE
2016
Odéon - Théâtre de l’Europe,
Paris
9-18.12
MAG 6
P. 22
25
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE DARIA DEFLORIAN ET ANTONIO TAGLIARINI, 2016
Nous voulons explorer le paysage urbain, la ville en tant que figure, l’habiter.
Pour la première fois dans l’histoire, plus de la moitié de la population mondiale
vit dans une ville ; il y a cinquante ans ce n’était qu’un tiers, en 2050 ils seront
deux tiers. À la fin du siècle que les experts ont appelé « métropolitain », huit
personnes sur dix vivront dans une zone urbaine. Nous voulons aussi interroger
l’Histoire sur ce que l’on appelle « modernisation », cette attraction fatale pour
la vie métropolitaine. Une question écologique, morale, collective, complexe.
Or, d’un côté il y a ce personnage de Tchekhov qui, dans le chef-d’œuvre
qui est La Cerisaie, récite: « C’est parce que je suis née ici, ici ont vécu mon
père et ma mère, mon grand-père, j’aime cette maison, sans la cerisaie je ne
comprends plus rien à ma vie, et s’il est vraiment nécessaire de la vendre, alors
vendez-moi aussi avec le jardin ». Une seule petite didascalie suffit et voilà que
la hache commence à abattre les arbres. De l’autre, en contre-champs, face
à l’impuissante nostalgie des héros tchekhoviens, il y a des projets comme
celui d’Annie Ernaux qui, dans son livre Regarde les lumières mon amour, tient
le journal de ses escapades quotidiennes dans un hypermarché de la banlieue
parisienne, devenu pour elle un formidable lieu d’observation et d’affections.
Formidable dans sa simplicité, le journal tient son titre d’une phrase que
l’écrivaine a entendu dire par une mère à son enfant à propos des lumières du
marché de Noël.
Le ciel n’est pas une toile de fond, en dépit de la négation évoquée par le titre, veut
renforcer le dialogue entre l’espace de la fiction (du fantastique, de l’utopie, de
l’écart, de la fuite, du refuge, de la cage) et l’espace extérieur, le réel. Il s’agit
d’un dialogue de plus en plus nécessaire. De plus en plus, on suffoque dans
l’air confiné du training et de la salle de répétitions où après peu de temps
on s’aperçoit que la vie est ailleurs. Il nous faut essayer d’abattre ces parois.
Toutes les parois, et pas seulement le quatrième mur qui obsède le théâtre ;
notre premier geste est de tous les abattre. C’est la vie collective qui nous révèle.
« Quand j’écris, je n’ai pas l’impression de regarder en moi, je regarde dans une
mémoire. Dans cette mémoire, je vois des gens, je vois des rues. J’entends des
paroles et tout cela est hors de moi. Je ne suis qu’une caméra. J’ai simplement
enregistré » dit Annie Ernaux dans un entretien. L’œuvre de cette auteure
nous a amenés dans cette enquête, nous donnant la possibilité d’observer,
déchiffrer, et reconstruire cette perpétuelle osmose entre dedans et dehors, et
les déplacements du sens entre ce que nous sommes et ce qu’il se passe autour
de nous. Nous nous sommes alors dit : aucune vision de l’extérieur ! L’extérieur
est en nous !
Inspiration © DR
26
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
FRANZ TREICHLER/PETER METTLER/
JEREMY NARBY
Création
à Vidy
Yoshtoyoshto
Conférence sonique avec images en mouvement
Conception :
Franz Treichler
Peter Mettler
Jeremy Narby
Musique :
Franz Treichler
Vidéo :
Peter Mettler
Récits :
Jeremy Narby
Production :
Two Gentlemen - Christian Fighera
Coproduction :
Théâtre de Vidy
18 et 19.11
Salle Charles Apothéloz
Vendredi 18.11
Samedi 19.11
20h00
20h00
Durée estimée : 1h
Conférence/Musique/Vidéo
Tarif M
MAG 6
P. 23
27
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
Le cinéaste Peter Mettler, le musicien Franz Treichler et l’anthropologue
Jeremy Narby fusionnent leurs arts, s’inspirant mutuellement dans une
improvisation alchimique en temps réel, qui mêle musique éléctronique
et vidéo expérimentale à des récits de Jeremy Narby sous inspiration
amazonienne, puisant dans notre monde saturé de connaissances, de sons et
d’images.
Combinant technologies hypnotiques et tradition orale, cette fusion à trois
puise dans des matériels de tous horizons, qu’elle transforme et recontextualise,
aboutissant à une sorte de divination live du monde médiatisé.
« Les Yaminahua de l’Amazonie péruvienne affirment que les êtres vivants
sont animés par des êtres invisibles à multi-facettes appelés yoshi. Pour
communiquer avec ces entités, ils utilisent un langage indirect et métaphorique,
« tsai yoshtoyoshto » ou « langage s’enroulant s’enroulant », car, disent-ils, les
mots directs s’écraseraient contre les yoshi, tandis que le langage yoshtoyoshto
permet de s’en approcher, de leur tourner autour et de les voir clairement. Ici,
la métaphore n’est pas une fausse façon de nommer les choses, mais la seule
façon possible.
Presque rien dans ce langage double et entrelacé n’est appelé par son vrai
nom. Les jaguars deviennent des « paniers », les anacondas sont des «hamacs»,
la nuit devient « tapirs rapides ». Dans chaque cas, la logique métaphorique
est expliquée par une connexion obscure, mais réelle. Les jaguars sont des
« paniers » parce que certaines fibres utilisées pour fabriquer les paniers ont
des motifs qui ressemblent aux taches d’un jaguar. Les anacondas deviennent
des « hamacs », parce que parfois, quand ils pendent des arbres, ils ressemblent
à des hamacs.
Les Yaminahua utilisent les métaphores yoshtoyoshto pour s’adresser aux
êtres à multi-facettes yoshi, parce que, disent-ils, « avec des mots normaux,
vous vous écrasez contre eux, mais avec le langage double et entrelacé, vous
vous en rapprochez, mais pas trop, vous leur tournez autour, et vous les voyez
clairement ». Les yoshi sont ambigus, ils ressemblent à quelque chose que vous
connaissez, et en même temps, ils sont différents. »
RÉCITS DE JEREMY NARBY
Travail en cours © Grimthorpe Film
28
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
JEAN-FRANÇOIS SIVADIER
Dom Juan
DE MOLIÈRE
23.11-3.12
Mise en scène :
Jean-François Sivadier
Collaboration artistique :
Nicolas Bouchaud
Véronique Timsit
Scénographie :
Daniel Jeanneteau
Jean-François Sivadier
Christian Tirole
Lumière :
Philippe Berthomé
Costumes :
Virginie Gervaise
Maquillage, perruques :
Cécile Kretschmar
Son :
Eve-Anne Joalland
Assistanat mise en scène :
Véronique Timsit
Maxime Contrepois
Salle Charles Apothéloz
Mercredi 23.11
Jeudi
24.11
Vendredi 25.11
Samedi 26.11
Dimanche 27.11
Mardi
29.11
Mercredi 30.11
Jeudi
1.12
Vendredi 2.12
Samedi 3.12
20h00
19h00
20h00
17h00
16h00
19h00
20h00
19h00
20h00
17h00
Durée : 2h30
Théâtre
Tarif M
Avec :
Marc Arnaud
Nicolas Bouchaud
Stephen Butel
Vincent Guédon
Lucie Valon
Marie Vialle
VIDY+
Production déléguée :
Théâtre National de Bretagne, Rennes
Coproduction :
Odéon - Théâtre de l’Europe, Paris
MC2: Grenoble
Châteauvallon - scène nationale
Le Grand T - Théâtre de Loire-Atlantique, Nantes
Le Printemps des Comédiens, Montpellier
à l’issue de la représentation
Création le 22 mars 2016 au Théâtre National de Bretagne, Rennes
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 24.11
et
Jeu. 1.12
Entrée libre, sans réservation
Dom Juan
EN TOURNÉE
2016
La Rose des Vents, Villeneuve
d’Ascq
24-27.5
Odéon-Théâtre de l’Europe,
Paris
14.09-4.11
Le Grand T, Nantes
7-17.12
Janvier 2017
Théâtre national de Strasbourg
MC2: Grenoble
MAG 6
P. 24
>
29
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE JEAN-FRANÇOIS SIVADIER, 2015
Dom Juan est avant tout l’histoire d’un geste impossible. La poignée de main
entre un mortel et une statue de pierre venue de l’au-delà pour l’anéantir. Le
mythe commence là. Dans la rencontre fatale entre celui qui s’est fait un devoir
de ne croire en rien et de rire de tout, et la seule chose capable de le confondre
et de lui passer définitivement l’envie de rire. Face à l’adversaire suprême qu’il
semble avoir cherché (ou fui) toute sa vie, il se paie le luxe d’un dernier coup
de théâtre : il regarde la statue dans les yeux, saisit la main tendue comme il
signerait son œuvre : sans trembler. Dans la joie de savoir que sa disparition
brutale laissera le public aussi désorienté que son valet. En voyant disparaître
le monstre (qui sera hué ou applaudi), impossible de savoir si l’on se sent
soulagé ou orphelin. Délivré ou abandonné. Trahi ou vengé. Aucune morale
dans le point final, aucune leçon. Pas de verdict, ni pour lui ni pour les autres :
coupable(s) non coupable(s), pas de « ici les bourreaux et ici les victimes ».
C’est à cet impossible que Molière choisit de nous confronter. En faisant de
nous les jurés d’un procès qui n’a pas lieu. Car à la fin, celui qui a, pendant deux
heures, piétiné le sacré sous toutes ses formes est « puni par les flammes de
l’enfer », mais sa parole est toujours vivante et, personne n’est dupe, la statue
est en carton-pâte.
Avec Tartuffe, Molière est allé trop loin. La pièce est interdite. Imaginons que
la colère de l’auteur n’a d’égale que son excitation à comprendre qu’il a touché
le nerf de la guerre. Dans le costume de Sganarelle, il entre sur la scène du
Palais-Royal comme un bonimenteur de foire ; il revient, dès le premier mot, à
la charge avec un message sans équivoque : Tartuffe était le signe avant-coureur
de celui qui va entrer et qui, lui, n’a besoin d’aucun masque. Tartuffe était un
faux dévot, Dom Juan est un athée véritable. Vous en avez eu trop ? Vous en
aurez encore plus. Molière métamorphose un sujet d’édification religieuse en
une profession de foi matérialiste.
Avant même d’être quelqu’un, Dom Juan est un corps offert comme un espace
de projection à toutes les interprétations. Impossible de définir, absolument,
celui qui a tort en ayant l’air d’avoir raison parce qu’il parle tout comme un livre.
Celui dont on ne peut saisir l’identité qu’au regard de ses actions contradictoires
et des réponses ambigües aux questions précises qu’on lui pose : « Vous n’avez
pas peur de la vengeance divine ? — C’est une affaire entre le Ciel et moi ! ».
Dans le sursis que laisse une mort inéluctable et sans cesse différée, rien d’autre
à faire que divertir pour se divertir, construire du théâtre et des romans, des
obstacles où il est sûr de devoir engager son corps dans la bataille, de mouiller
sa chemise. Et, en cherchant dans la drogue du vertige la promesse d’une
adrénaline de plus en plus forte, il tente d’épuiser le monde et de s’épuiser luimême pour se sentir vivant.
Mais aucun rôle chez Molière qui ne porte en lui son propre clown et qui n’offre
au public, l’occasion de rire de lui. La comédie commence toujours dans la
rencontre malheureuse de la théorie et de la pratique. Celui qui a projeté de
conquérir les autres mondes décide d’abord d’enlever une illustre inconnue
avec une petite barque qui fait immédiatement naufrage. Dans ce tour du
monde qui ressemble surtout à un tour sur lui-même, l’esquisse, l’instantané
et l’improvisation, font de la scène une arène où se succèdent des numéros
interchangeables et surtout imprévisibles.
La pièce met en scène, dans un chant d’une ambivalence permanente, des clowns
qui font froid dans le dos à force de manipuler joyeusement des idées noires.
Devant la statue on peut rire comme Dom Juan ou trembler avec Sganarelle. Ou
les deux à la fois. Une pièce qui marche sur deux jambes. Le rire et l’effroi. Pas
l’un après l’autre mais simultanément.
Dom Juan © Brigitte Enguérand
30
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
ADELINE ROSENSTEIN
Décris-Ravage
Textes et mise en scène :
Adeline Rosenstein
Scénographie :
Yvonne Harder
Lumière :
Caspar Langhoff
Son :
Andrea Neumann
Regards scientifiques :
Henry Laurens
Julia Strutz
Tania Zittoun
Avec :
Olindo Bolzan
Léa Drouet
Isabelle Nouzha
Céline Ohrel
Adeline Rosenstein
Production :
Little Big Horn
Partenaires :
Festival Echtzeitmusik, Berlin
Ausland- berlin
Festival Premiers-Actes, Husseren-Wesserling
Théâtre Océan Nord, Bruxelles
Centre de culture ABC, La Chaux-de-Fonds
Centre culturel André Malraux-scène nationale, Vandoeuvre-lès-Nancy
Théâtre de la Balsamine, Bruxelles
Avec le soutien de :
Fédération Wallonie-Bruxelles
Cocof
WBI
adelinerosenstein.com
Création le 19 avril 2016 au Théâtre de la Balsamine, Bruxelles
La pièce d’Adeline Rosenstein est adaptée en bande dessinée par le dessinateur
genevois Alex Baladi (Atrabile, automne 2016)
MAG 6
P. 25
30.11-3.12
La Passerelle
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
30.11
1.12
2.12
3.12
19h30
19h30
19h30
16h30
Durée estimée : 3h30
Théâtre
Tarif M
31
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION D’ADELINE ROSENSTEIN, 2016
Je viens d’une famille juive qui se divise entre gens d’Europe de l’est nés en
Amérique du Sud et gens d’Allemagne nés en Palestine mandataire qui ont quitté
Israël ; tous soutenaient de loin et admiraient le projet sioniste, y retournaient
en voyage régulièrement, certains étaient même prêts à se porter volontaires
pour prendre les armes au côtés d’Israël.
C’est-à-dire que j’ai grandi dans les mensonges.
Cela m’a donné un regard louche, aux yeux indépendants comme ceux des
caméléons, divisé entre mon engagement pour la Palestine depuis l’adolescence
et mes liens affectifs très forts à Israël où j’ai vécu, milité et étudié trois ans, à
l’époque des accords d’Oslo et contre eux, par la gauche.
Le conflit Israël-Palestine me lasse. Et puis soudain, je ne comprends de
nouveau plus qu’on s’accomode de tant de violence et j’ai besoin d’en reparler
sur scène. Je ne l’avais plus fait depuis 2002 (Anonym bleiben à Ausland-Berlin).
L’opération «Plomb durci » en décembre 2008 sur Gaza et les débats plus que
houleux avec nombre d’amis artistes autour de moi m’ont persuadée de quitter
la lassitude et de reprendre le sujet par ce biais.
C’est ainsi que je mène depuis 2009 des entretiens avec des artistes occidentaux
d’âges différents ayant vécu quelques mois en Israël ou en Palestine à différentes
époques. Le projet Décris-ravage est né de l’envie de confronter ces entretiens
à des extraits de pièces de théâtre historiques en arabe traitant des mêmes
événements mais dans une perspective arabe. Ces deux sortes de paroles témoignages et citations de théâtre - devaient être introduites et contextualisées
par des petits rappels historiques qui ont pris de plus en plus d’importance et
bouleversé toute la temporalité du processus théâtral.
Face à la description d’un événement historique méconnu, les points
d’exclamation n’aident pas à comprendre. Démêler puis refaire le nœud de « ce
qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là » exige de la patience. Dans le
cas du conflit israélo-palestinien, le nœud est gros de plus de cent ans. Il faut à
chaque étape du travail éviter les mots qui provoquent les réactions violentes,
rayer les sarcasmes, débusquer les termes qui découragent, qui tendent au lieu
de délier.
Après vingt ans d’indignation virulente, j’ai trouvé autre chose : une série de
six spectacles qui constituent une traversée historique et sémantique de la
question de Palestine. Ce n’est pas une vulgarisation, mais le rêve du partage
de la complexité.
Décris-Ravage © Mario Cafiso
Décris-Ravage © Mario Cafiso
Décris ravage
EN TOURNÉE
2016
Théâtre de Doms, Avignon
7-27.07
32
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
PHILIPPE QUESNE
Deux spectacles
La Nuit des taupes
(Welcome to Caveland !)
L’Après-midi des taupes
Jeune public
dès 8 ans
La Nuit des taupes
(Welcome to
Caveland !)
7-10.12
La Nuit des taupes
L’Après-midi des taupes
(Welcome to Caveland !)
Création mai 2016
Conception, mise en scène
et scénographie :
Philippe Quesne
Collaboration
dramaturgique :
Lancelot Hamelin
Ismael Jude
Smaranda Olcese
Costumes :
Corine Petitpierre
Collaboration artistique
et technique :
Marc Chevillon
Elodie Dauguet
Thomas Laigle
Avec :
Yvan Clédat
Jean-Charles Dumay
Léo Gobin
Erwan Ha Kyoon Larcher
Sébastien Jacobs
Thomas Suire
Gaëtan Vourc’h
Comme Lewis Carroll
a fait tomber Alice aux
antipodes, Philippe
Quesne emmène les
enfants sous la terre…
Et quoi de plus fertile
pour l’imagination
qu’un sous-sol habité
de taupes géantes ?
Jouée dans le même
décor que La Nuit des
taupes, cette version
promet aux jeunes
spectateurs un voyage
presque au centre de
la terre, sous la forme
d’un conte ludique.
Salle Charles Apothéloz
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
7.12
8.12
9.12
10.12
20h00
19h00
20h00
20h00
Durée estimée : 1h30
Théâtre
Tarif M
L’Après-midi des
taupes
8-10.12
Salle Charles Apothéloz
Jeudi
8.12
Vendredi 9.12
Samedi 10.12
14h15
14h15
16h00 Jeune public, dès 8 ans
Théâtre
Tarif S
Production :
Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Festival Steirischer Herbst, Graz
Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles
La Filature - Scène nationale, Mulhouse
Kunstlerhaus Mousonturm, Francfort
Théâtre National de Bordeaux Aquitaine
Kaaïtheater, Bruxelles
Le Parvis, Scène Nationale de Tarbes Pyrénées
NXTSTP avec le soutien du Programme culturel de
l’Union européenne
Avec le soutien de :
Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de
son programme « New Settings »
VIDY+
Création le 6 mai 2016 au Kaaitheater, Bruxelles
Ven. 9.12
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 8.12
à l’issue de la représentation
INTRODUCTION AU SPECTACLE
une heure avant le début de
la représentation
Entrée libre, sans réservation
Tarifs
préférentiels
MAG 6
P. 26
pour les
familles
et séances
scolaires
>
33
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC PHILIPPE QUESNE RÉALISÉ PAR MARION
SIÉFERT, 2015
Très souvent, aux prémisses de tes projets, il y a un mythe ou une parabole,
qui joue un rôle important dans le processus de création. Qu’est-ce qui
t’inspire dans le mythe de la caverne de Platon ?
Je pars moins d’un mythe que de certaines intuitions, liées à un lieu. Dans La
Mélancolie des Dragons, la neige me permettait de parler du merveilleux ; le
marécage de Swamp Club était une belle métaphore d’un lieu en danger, entre
deux eaux. La caverne est un lieu de rêverie ouvert au fantastique mais aussi
propice à une réflexion sur une part sombre et mystérieuse de l’humain, avec
toutes les ambiguïtés que comporte le fait de se réfugier dans un trou. Mais pour
revenir à Platon, je crois que ce qui m’intéresse dans le mythe de la caverne,
c’est de pouvoir questionner la place de l’artiste : qu’est-ce que le savoir ? Peuton faire confiance aux humains et à leur capacité de voir le monde par euxmêmes ? Sont-ils manipulés ? Et quelle est la visée de cette manipulation ? Une
domination ou un éveil de la conscience ? La question de la scénographie dans
le mythe de la caverne est passionnante. On pourrait facilement imaginer un
dispositif théâtral en coupe, comme une taupinière, et reconstituer la situation
de la caverne, avec le feu, les ombres et la position des prisonniers.
La grotte évoque un univers en-deçà : on revient aux origines, mais pour
anticiper quelque chose et évoquer la fin du monde.
C’est vrai. Très souvent dans la littérature et les films de science-fiction, la
partie la plus futuriste des inventions est cachée sous terre. D’ailleurs, quand on
creuse, on découvre des grottes, des vestiges du passé. Le passé préhistorique
cohabite avec des déchets nucléaires. Il y a quelque chose de fascinant et de
terrible dans cette boucle humaine. J’aime bien imaginer que les grottes de
Lascaux ont été peut-être peintes après une grosse fête. Ce n’est pas forcément
le travail d’un peintre paisible. Il y avait peut-être déjà la conscience de la
catastrophe et la volonté de laisser trace d’une humanité pour les suivants,
de passer le relais à d’autres, avec la conscience que l’on est là de manière
temporaire. C’est ce point de départ-là que j’aimerais partager avec le public.
Mais il y a ce désir de figurer, plus concrètement que d’habitude, une sorte
de parc d’attraction spectaculaire où on recevrait les spectateurs dans la
convivialité et une forme d’utopie, en suivant la vie d’une petite communauté
de taupes géantes…
Ce projet sera-t-il construit autour d’une fable ?
Avec Swamp Club, on avait posé les bases d’une sorte de méthodologie, celle de
l’artiste-résistant, en essayant de comprendre les liens entre refuge, résidence
et résistance. Avec Welcome to Caveland !, je veux explorer une imagerie
beaucoup plus fantastique et animale. J’ai donc eu l’idée de suivre la taupe,
cette bête qui était une sorte de guide dans Swamp Club. Comme dans mes
autres spectacles, je veux immerger les spectateurs dans la fiction, tout en leur
montrant que l’on n’est pas dupe de la façon dont les choses se fabriquent et
s’inventent. Je rêve d’une partie qui soit une sorte de fable avec toute une colonie
de taupes, un bestiaire merveilleux où les personnages masqués côtoieraient
des marionnettes et des objets animés, dans un décor de grotte artificiel.
Quel va être le langage parlé dans cette grotte ? J’imagine que ses habitants
pourraient développer un langage privé, peut-être revenir à des grognements…
Je vais retrouver mon équipe fidèle qui accompagne mes projets depuis près
de douze ans et de nouveaux interprètes musiciens, mais avec ce projet, on va
avoir l’occasion de trouver la place du langage ou de le faire disparaître. On
peut enclencher la narration avec une matière très visuelle, on n’a pas toujours
besoin des mots. J’imagine très bien une première partie faite uniquement de
bruits et de grognements. Dans Swamp Club, je me suis aperçu que, même si
la taupe ne disait rien, tous les spectateurs projetaient des choses sur elle et
imaginaient un danger imminent. On l’a peut-être tous rêvé ce danger. C’est
peut-être simplement un acteur qui a trop chaud dans un costume. Mais comme
l’explication n’était pas formulée, les spectateurs se mettaient à formuler des
hypothèses. Je crois que, plus que jamais, je veux associer une rêverie à un éveil
des consciences.
La Nuit des taupes © Martin Argyroglo
La nuit des
taupes
EN TOURNÉE
2016
Festival Alkantara, Lisbonne
7-8.06
Baltoscandal, Rakvere
6.07
Steirischer Herbst, Graz
23-24.09
Novart, Bordeaux
4-8.10
Actoral, Marseille
12-13.10
2017
La Filature, Mulhouse
8-9.03
34
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
GUY CASSIERS
Rouge décanté
d’après le roman
DE JEROEN BROUWERS
Adaptation :
Guy Cassiers
Corien Baart
Dirk Roofthooft
Mise en scène :
Guy Cassiers
Dramaturgie :
Corien Baart
Erwin Jans
Décor, vidéo, lumière :
Peter Missotten
(De Filmfabriek)
Costumes :
Katelijne Damen
Décor sonore :
Diederik De Cock
Avec :
Dirk Roofthooft
Production :
Toneelhuis, Anvers
Ro Theater, Rotterdam
Création le 16 octobre 2004 au Ro Theater, Amsterdam
13-15.12
Salle Charles Apothéloz
Mardi
13.12
Mercredi 14.12
Jeudi
15.12
19h00
20h00
19h00
Dès 16 ans
Durée : 1h40
Théâtre/Cinéma/Vidéo
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Mar. 13.12
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Mer. 14.12
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Rouge décanté
EN TOURNÉE
2017
Théâtre de Sartrouville
10.03
Théâtre National de Bordeaux
14-18.03
Stadsschouwburg, Groningen
4.05
MAG 6
P. 28
>
35
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC GUY CASSIERS RÉALISÉ PAR JEANFRANÇOIS PEYRIER, 2006
Comment avez-vous choisi Rouge décanté?
Je choisis les textes uniquement sur l’émotion que j’ai à la lecture. Pour Rouge
décanté, j’ai eu un choc immédiat que je n’arrivais pas à analyser, mais très
rapidement, j’ai su que je devais le mettre en scène pour comprendre ce qui
m’avait troublé. C’est toujours ainsi que je fonctionne : dans le désir de faire
partager au public le moment de trouble que j’ai eu à la première lecture. Rouge
décanté est le troisième épisode d’une aventure qui en comprendra quatre.
Cette tétralogie a commencé à la lecture du roman Le Garçon boucher, de Patrick
McCabe, histoire d’un enfant abandonné dans une situation très difficile. Ce
premier spectacle était joué par un comédien, seul en scène, qui dialoguait
avec des textes qui défilaient sur un écran. Grâce au regard du comédien et
aux animations graphiques des textes, les spectateurs pouvaient imaginer les
autres personnages qui n’apparaissaient pas sur scène. Le second spectacle
était inspiré du Seigneur des guêpes de Ian Banks, histoire d’un adolescent
coupé du monde qui se construit un univers morbide. Avec Rouge décanté, on
retrouve un personnage qui ne peut pas vivre une vie « normale » et qui, pour
survivre, doit écrire un livre où il se raconte. C’est une œuvre très proche de
l’univers proustien puisque le héros est tellement lié au passé qu’il ne peut
avoir une relation normale avec le monde réel qui l’entoure. Jeroen Brouwers
raconte l’histoire d’un homme qui cherche à oublier le passé sans y parvenir,
qui voudrait presque effacer le passé pour enfin trouver un futur. Le roman
a été un grand succès public mais il a été très critiqué par des auteurs qui
lui reprochaient de ne pas avoir décrit la réalité historique. Jeroen Brouwers
a toujours dit que son livre est un roman, qui raconte le regard d’un enfant
de cinq ans sur ce qui se passait dans le camp d’internement que les Japonais
ont construit pour les résidents hollandais en Indonésie, sur ce qu’il a ressenti
pendant ces années et surtout sur ce qui a été détruit irrémédiablement dans
son rapport à sa mère puis plus généralement dans son rapport aux femmes,
une fois devenu adulte.
Pour construire Rouge décanté, avez-vous adapté le roman de Jeroen
Brouwers?
Dirk Roofthooft et moi-même avons travaillé en étroite collaboration. Nous
avons supprimé certains passages car le roman est assez long mais nous
n’avons pas changé un seul mot du texte. Nous avons conservé notamment
intégralement les premiers chapitres. Par ailleurs, nous avons voulu également
aborder tous les thèmes évoqués par l’auteur pour permettre au spectateur de
bien entrer dans le style de l’écriture, qui est comme un roman policier à la
construction très mathématique. Et comme dans le polar, ce n’est qu’à la fin
que l’on peut reconstituer l’histoire : en mettant les morceaux du puzzle les uns
à côté des autres.D’ailleurs, à Avignon, la pièce sera présentée pour la première
fois en langue française.
Qu’est-ce que l’utilisation de la vidéo apporte à votre travail?
Pour moi, la vidéo est un moyen parmi d’autres pour raconter une histoire,
comme peut l’être la musique ou la lumière. C’est un outil que j’utilise souvent
pour filmer en direct sur le plateau le ou les comédiens. Dans Rouge décanté,
tout est filmé en direct. Il y a sept caméras mais pas de caméramans : il n’y
a donc personne entre le public et l’acteur. C’est l’acteur qui choisit laquelle
des sept caméras vers laquelle il se déplace. En ce sens il est dans cet instant
comme un réalisateur. Il y a juste un régisseur qui transforme les images
reçues. Cela pourrait ressembler à un concert de jazz car il y a une structure
de base pré-établie, mais des variations permanentes. Pour moi, le point de
départ du théâtre, c’est la présence physique de l’acteur et rien ne doit troubler
cette présence sur scène. La vidéo est un moyen utile pour doubler ou tripler
l’image de l’acteur. On peut ainsi agrandir ou diminuer la taille du visage,
l’acteur devenant alors, aussi petit qu’un enfant, ou on peut choisir seulement
un détail : la main, l’oreille… À partir d’un détail, on peut imaginer ce qui se
passe à l’extérieur du cadre choisi. Le public a le choix de regarder l’acteur ou
les images que l’acteur est en train de créer. Toute la scène devient l’intériorité
de cet acteur, on est comme absorbé à l’intérieur de lui.
Rouge décanté © Pan Chok
36
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
VINCENT MACAIGNE
Création
à Vidy
En manque
Mise en scène :
Vincent Macaigne
(distribution en cours)
Production :
Théâtre de Vidy
Compagnie Friche 22.66
Coproduction :
Tandem Arras/Douai
Holland Festival, Amsterdam
(en cours)
13-21.12
Salle René Gonzalez
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
Lundi
Mardi
Mercredi
13.12
14.12
15.12
16.12
17.12
19.12
20.12
21.12
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
19h30
>
Durée estimée : 1h15
Théâtre/Danse/
Performance
Tarif M
VIDY+
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Mar. 13.12
une heure avant le début de
la représentation
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 15.12
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
MAG 6
P. 29
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
37
PRÉSENTATION DU SPECTACLE
ERIC VAUTRIN, DRAMATURGE DU THÉÂTRE DE VIDY, 2016
En Manque, esquissé il y a quatre ans à la Ménagerie de Verre à l’occasion d’un laboratoire, est une étude
théâtrale, visuelle et chorégraphique de Vincent Macaigne pour deux danseuses, un acteur et un enfant.
Macaigne s’inspire librement de Manque (Crave), avant-dernier texte de Sarah Kane dans lequel la dramaturge
anglaise, délaissant la violence de ces premiers textes, orchestre un quatuor de personnages cherchant un amour
pur et radical.
Il met en scène une femme aux prises avec la mélancolie, état qu’il prend dans son sens étymologique de « corps
mort porté en soi ». Son mari/amant hésite entre l’aider/l’aimer et fuir, et son enfant la sortira finalement de sa
torpeur. Comme toujours chez Macaigne, il ne met pas en scène un drame intérieur ou psychologique, pas plus
qu’il n’explique sociologiquement un état d’être : c’est la lutte contre le monde, contre la vie, et pour la vitalité et
le désir qu’il met en scène.
Extrait de Manque de Sarah Kane (L’Arche, 1999)
« Ne me dis pas non non tu ne peux pas me dire non c’est un tel soulagement de retrouver l’amour et de dormir dans un lit et
d’être serré et touché et embrassé et adoré et ton cœur bondira quand tu entendras ma voix verras mon sourire sentiras mon
souffle sur ton cou et ton cœur s’emballera quand je viendrai te voir et dès le premier jour je te mentirai et je t’utiliserai
et je te baiserai et je te briserai le cœur puisque tu as brisé le mien, et tu m’aimeras chaque jour davantage et un jour ce
sera trop lourd et alors ta vie sera mienne et tu mourras dans la solitude quand j’aurai emporté tout ce qui me plaira avant
de partir sans plus rien te devoir c’est toujours là c’est toujours là et tu ne peux pas nier la vie tu la sens merde à cette vie
merde à cette vie merde à cette vie merde à cette vie maintenant je t’ai perdue. »
Le théâtre de Vincent Macaigne
Le théâtre de Macaigne est un théâtre puissant, vif et destructeur. Sa vivacité, sa violence pour ne pas dire sa cruauté
tiennent autant de la rage que l’euphorie, de l’amour que du désespoir, de la tendresse que du refus inconditionnel.
Il ne cherche pas la solution, il cherche la vitalité. Il ne cherche pas l’absolution ou la conviction, il cherche à rester
en vie et à dépasser l’idée par l’action, à transformer l’analyse en action collective. Il ne s’agit pas de plaire ni même
de convaincre, mais de mettre en mouvement. C’est un théâtre du réveil, du sursaut, un théâtre qui avance droit,
sans peur, sans honte, sans retenue, tout entier accompli dans sa puissance libérée.
Comme à son habitude, Vincent Macaigne ne va pas mettre en scène le texte de Sarah Kane. Il sera la matière, la
base, le sol sur lequel bâtir son théâtre – et le metteur en scène réécrira le texte original. Il n’y a rien d’étonnant
à ce qu’il ait choisi ce texte après le Hamlet shakespearien et L’Idiot de Dostoïevski : il s’agissait déjà de deux
personnages aux prises avec des sociétés délétères, abimées par leurs petites ambitions et leurs dysfonctionnements
nocifs ; de deux êtres qu’on a bien du mal à juger, qui cherchent la vérité sans renoncer et dont les actions mènent
à des destructions – quand Manque (Crave), texte de la dramaturge anglaise dont s’inspire En manque, met en scène
quatre figures anonymes qui quêtent un amour pur, plein, sans compromis, un amour fou et rêvé comme dissolution
radicale de soi et lien absolu et entier au monde.
Car le théâtre répond pour Macaigne à un besoin d’exaltation qui est avant tout le moyen de dépasser ce qui semble
s’imposer à chacun – le poids du passé, les conventions sociales éculées, les rêves préfabriqués. Le théâtre doit
alors être « plus grand que nature » et se jouer des limites, ce qu’il prend pour une mission de service public : pour
se rappeler qu’une autre vie est possible. Il ne dira pas laquelle, renvoyant chacun à ses ambiguïtés. Il ne sera ni
prêcheur, ni mentor, ni professeur, il ne fera rien pour rassurer, mais il sera catalyseur d’énergie, destructeur de
normes répétées et sans objet, exutoire de passions tristes.
Macaigne s’inscrit ainsi dans la suite des artistes et intellectuels que Walter Benjamin avait nommés les destructifs
en 1931. Ceux-là, écrivait-il, ne cherchent aucune nouvelle image, aucun nouvel idéal, ne s’attachent à rien, parce
qu’ils savent que rien ne dure. Ils s’emparent de tout ce qu’ils trouvent, pleinement conscients de leur situation
historique. Mais pour eux et pour ces mêmes raisons, toutes les circulations leur apparaissent toujours possibles,
tout événement est l’occasion d’un nouveau chemin. Aussi il leur faut sans cesse détruire ce qui prétend s’absoudre
de l’instant présent, mais c’est pour sans cesse permettre un nouveau chemin, qu’il leur faudra provoquer et déblayer
en même temps.
Vincent Macaigne est de ceux-là. Kane et ses personnages également.
Macaigne et Kane sont deux artistes qui cherchent à exposer l’ambiguïté morale de l’existence. Ils se rejoignent
dans la nécessité de se déprendre des conventions de leur temps. Comme le caractère destructif de Benjamin – qui
n’est pas destructeur –, comme Sarah Kane dont l’œuvre brève et intense s’est sans cesse renouvelée, Macaigne ne
cherche à décrire aucune nouvelle image, à déterminer aucun nouvel horizon. Il « teste le monde sur sa vocation à
être détruit », « met en ruine l’existant » « là où d’autres se heurtent à des murs », mais ce n’est pas pour détruire,
mais pour ouvrir de nouveaux chemins et entretenir la possibilité de les parcourir. En cela, sa rage, qui est autant
un appétit qu’une « violence sublimée », est une puissante réponse à l’attentisme moribond qui caractérise l’Europe
contemporaine. Il répond à sa façon à ce que Philippe Ivernel a décrit comme « la double crise de la tradition et de
la modernité qui laisse le sujet, désemparé, dans une traversée du désert, mâchant néanmoins quelque nourriture
encore. D’où peut surgir une énergie se libérant tout à coup, disruptive justement. Munch : Le Cri. Monet : Impression,
38
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
MASSIMO FURLAN
Création
à Vidy
Hospitalités
Conception :
Massimo Furlan
Kristof Hiriart
Dramaturgie :
Claire de Ribaupierre
Costumes :
Severine Besson
Avec :
Des habitants du village de La Bastide-Clairence
(distribution en cours)
Diffusion :
Jérôme Pique
Production :
Numero23Prod.
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Compagnie LagunArte
Mairie de La Bastide-Clairence
Conseil départemental 64
Conseil régional Aquitaine Limousin Poitou Charentes
Avec le soutien de : Ville de
Lausanne
Etat de Vaud
Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture
Loterie Romande
massimofurlan.com
11-15.01
Salle Charles Apothéloz
Mercredi 11.01
Jeudi
12.01
Vendredi 13.01
Samedi 14.01
Dimanche 15.01
20h00
19h00
20h00
17h00
16h00
Théâtre/Musique
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 12.01
à l’issue de la représentation
INTRODUCTION AU SPECTACLE
Ven. 13.01
une heure avant le début de
la représentation
Entrée libre, sans réservation
MAG 6
P. 30
>
39
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE NUMÉRO23PROD., 2016
Ce projet interroge les principes de fabrication du récit: comment une histoire
s’écrit-elle?
L’histoire que Massimo Furlan a alors décidé d’engager part de l’idée suivante:
les habitants semblent heureux de vivre dans ce village, ils y sont attachés
et ne souhaitent pas le quitter. Leur seule crainte concernant l’avenir est
l’augmentation des prix de l’immobilier liée à la plus-value touristique du site,
qui a pour conséquence de pousser les jeunes à partir, faute de logements à
des prix raisonnables. Quelle action envisager dans ce cas? Un peu de façon
provocatrice, Massimo se met à réfléchir à la question de l’hospitalité et des
migrants. En effet, ce village touristique et authentique ne compte aucun
étranger. L’accueil de différentes communautés défavorisées et dans le besoin,
permettrait de maintenir les prix de l’immobilier à leur niveau actuel, voire de
les baisser… Avec l’aide de Kristof Hiriart, et dans le plus grand secret d’abord,
Furlan propose à l’ancien maire du village, Leopold Darritchon, professeur
d’économie, personnalité d’une grande ouverture, aimé et respecté de tous, de
s’emparer du dossier et de réfléchir avec lui à cette question de l’hospitalité.
Celui-ci accepte, et décide de composer, avec Massimo et Kristof une équipe
d’« acteurs » sociaux qui deviendront des acteurs responsables de l’histoire et
de la pièce à jouer.
Il s’agit alors d’introduire un élément de fiction dans l’espace du réel – la
proposition de l’ouverture du centre d’accueil pour migrants dans le village – et
de laisser cette idée engendrer des actions et réactions au sein de la population,
par l’intermédiaire du débat dans l’espace social. Dans cette première étape du
projet, il n’y a pas de spectateurs, tout le monde est acteur : tous les citoyens,
par leur avis, leurs conversations, leurs gestes, participent à l’histoire et la
construisent, à leur insu. La scène, c’est le village.
Au départ, l’idée est donc de faire vivre une fiction. Mais le temps passant,
l’histoire rattrape la fiction et la dépasse: la migration devient, à la fin de l’été
2015, une question politique et sociale urgente dans l’Europe entière. La guerre
en Syrie, les conditions politiques et économiques en Afrique et au Procheorient, génèrent un flux migratoire continu et de plus en plus important. Les
dirigeants européens se positionnent alors avec plus ou moins d’audace, de
générosité ou de raideur dans le débat. Des villages, des villes et des régions
décident de s’engager à accueillir les différentes communautés en exil. Léopold
Darritchon – estimant que l’idée de l’hospitalité que lui propose Massimo Furlan
comme projet artistique est très forte, ancrée au cœur du vivant, et se doit d’être
prise au vol et au sérieux – décide alors d’en faire une proposition concrète, à
partager ouvertement avec le village, autour des questions: comment recevoir
des migrants, prendre soin de l’étranger, l’accueillir, et penser une structure
hospitalière.
Avec le maire actuel, et avec les différents acteurs principaux du projet, ils ont
invité différents spécialistes de la migration, travailleurs sociaux, écrivains,
sociologues, pour échanger avec le public autour d’expériences concrètes
menées dans des centres de migration à Bayonne et à Calais entre autres. A cette
occasion, plusieurs familles du village se sont déclarées motivées par le projet,
prêtes à mettre à disposition des lieux d’accueil, chambres, appartements,
maisons, pour plusieurs familles de migrants. Depuis fin octobre 2015, le
collectif se réunit une fois par semaine pour débattre des questions liées à
l’activation de ce projet autour de l’hospitalité.
Travail en cours © Massimo Furlan
40
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
KARIM BEL KACEM
Création
à Vidy
Mesure pour mesure
DE WILLIAM SHAKESPEARE
Pièce de chambre no3
Mise en scène :
Karim Bel Kacem
Dramaturgie :
Olivia Barron
Collaboration artistique :
Maud Blandel
Scénographie et costumes :
Hélène Jourdan
Lumière :
Léa Maris
Son :
Orane Duclos
Construction du décor :
Ateliers du Théâtre de Vidy
Avec :
Flore Babled
Jean-Charles Dumay
Thibaut Evrard
Baptiste Gilliéron
David Houri
(en cours)
Production :
Think Tank Theatre
Le Thaumatrope
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Théâtre du Grütli, Genève
Théâtre du Passage, Neuchâtel
(en cours)
Avec le soutien de :
Jeune théâtre national, Paris
Fondation culturelle de la BCN, Neuchâtel
PRAIRIE. Le modèle de coproduction du Pour-cent culturel
Migros en faveur de compagnies de théâtre et de danse
innovantes suisses
(en cours)
thinktanktheatre.ch
MAG 6
P. 32
18-26.01
Salle René Gonzalez
Mercredi 18.01
Jeudi
19.01
Vendredi 20.01
Samedi 21.01
Dimanche 22.01
Mardi
24.01
Mercredi 25.01
Jeudi
26.01
20h00
19h00
20h00
19h00
16h00
20h00
19h00
20h00
Durée estimée : 2h
Théâtre
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Jeu. 19.01
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
41
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE THINK TANK THEATRE, 2016
De la pièce au dispositif/du dispositif à la pièce
Si Mesure pour mesure, troisième et dernier volet du projet « Pièces de chambre »,
reprend le vocabulaire propre à nos deux premières pièces (huis clos radical,
écoute au casque, vitres sans tain), c’est pour davantage le transgresser. La pièce
ne jouera pas seulement dans le dispositif, elle se jouera de celui-ci. Assez vite,
Shakespeare a pris en compte l’activité constante du public du Globe pendant
les représentations de ses pièces. Il en a même fait l’un des moteurs de son
écriture : les évènements sont souvent racontés plusieurs fois, par plusieurs
personnages afin que les gens qui se seraient absentés un instant puissent
suivre malgré tout. Nous allons nous saisir de cette particularité et en faire un
élément fort de notre proposition : notre dispositif sera séparé en deux espaces
distincts (l’espace du pouvoir/l’espace de l’exécution) ; toutes les scènes - se
déroulant dans le bureau d’Angelo et dans la cellule dans laquelle est enfermé
Claudio - se joueront en même temps. Les spectateurs, répartis en deux points
opposés de la structure, n’assistent pas au même spectacle. Les uns jouissent
d’une vue plongeante sur le cabinet ministériel, sur la grande arène politique,
pendant que les autres ont un accès direct sur la salle d’exécution. Seule une
grande baie vitrée sépare les deux espaces.
Champ-contrechamp : exécutif - exécuté/exécuté - exécutif
Les uns assisteront donc d’abord au spectacle de l’exécution réelle de Claudio,
dans ce procès pour l’exemple, avec en arrière fond la fiction politique (à
travers la vitre). Les autres, à celui de l’exécution symbolique d’un Angelo surmédiatisé avec en point de mire ce tableau qui ornera le mur du fond (à la
manière de l’écran géant de la situation room), celui des dernières heures de
Claudio. Le public de l’un des spectacles dans le spectacle, servira de figurant à
l’autre public. Et très vite se saura lui même personnage de la fiction des gens
du public opposé. Comme chez Kafka, les lieux que l’on croyait éloignés se
révèlent accolés, brouillant toute frontière entre espace privé et public. Ici, le
lieu du pouvoir décisionnel, de l’intelligence politique, jouxte un lieu archaïque
et punitif, la salle d’exécution. Un jeu de correspondances, de liens va se tisser
peu à peu. La transparence crée un jeu de dupes, une théâtralité forcée. Si les
politiques, le duc comme Angelo, observent Claudio sans être vus, ils savent
le public témoin de leurs agissements. Chacun se sait observé, chacun veut
contrôler son image dans les moindres détails.
Sur-exposition et point de bascule de l’humain
Obscène, tel pourrait être l’autre versant de ce dispositif, tant les corps, la
sexualité, sont exhibés par la transparence des vitres. Dans Mesure pour mesure,
le désir, réprimé, ressurgit dans toute sa crudité. Que ce soit chez le duc dont le
visage vérolé trahit la syphilis, miroir d’une société malade, ou le langage teinté
d’érotisme d’Isabella qui attise le désir d’Angelo. Ici, la vierge se transforme en
prostituée, la pornographie surgit, envers du puritanisme. Angelo lui-même,
d’ordinaire tellement cadré par ses principes, se révèle très vite dépassé par
la passion, prêt à commettre un viol. « L’acte sexuel permet à Shakespeare
d’explorer une variété de transgressions, comme les abus de pouvoir, la
tromperie et l’exploitation » rappelle Frédérique Fouassier. L’un des aspects les
plus déroutant du théâtre shakespearien, c’est que finalement les personnages
sont mis face à ce qu’ils tentaient justement d’éviter. Inexorablement, le refoulé
remonte à la surface, dans un crescendo d’excès et de violence.
Inspirations scénographiques © DR
42
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
LA CORDONNERIE
Pour enfants
et adolescents
(MÉTILDE WEYERGANS/SAMUEL HERCULE)
Deux spectacles
Blanche-Neige ou la chute
du mur de Berlin
Udo, complètement à l’est
Blanche-Neige ou la chute du mur
de Berlin
Adaptation, scénario, réalisation
et mise en scène :
Métilde Weyergans
Samuel Hercule
SPECTACLE
Musique :
Timothée Jolly
Lumière :
Johannes Charvolin
Son :
Adrian Bourget
Assistanat mise en scène :
Pauline Hercule
Avec : Samuel Hercule (voix, bruitages) Timothée
Jolly (piano, claviers) Florie Perroud (batterie, percussions)
Métilde Weyergans (voix, bruitages)
Udo, complètement à l’est
Texte et mise en scène :
Métilde Weyergans
Samuel Hercule
Musique :
Mathieu Ogier
Costumes :
Salomé Plas
Lumière :
Bertrand Saillet
Véronique Marsy
Avec :
Quentin Ogier
Mathieu Ogier
Et la participation de :
Valentine Cadic
Métilde Weyergans
Production :
La Cordonnerie
FILM
Chef opérateur :
Aurélien Marra
Décors :
Marine Gatellier
Costumes :
Rémy Le Dudal
Montage :
Gwenaël Giard Barberin
Assistanat réalisation :
Damien Noguer
Avec : Neil Adam, Alix
Bénézech, Valentine Cadic,
Vannina Furnion, Samuel Hercule, Timothée
Jolly, Quentin Ogier, Florie Perroud, Jean-Luc
Porraz, Métilde Weyergans
Production : La Cordonnerie
Coproduction : Théâtre de la Ville, Paris – Le Manège de
Reims - Scène nationale – Nouveau théâtre de Montreuil - Centre
Coproduction :
Théâtre de la Ville, Paris
Blanche-Neige
ou la chute du mur
de Berlin
18-21.01
Salle Charles Apothéloz
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Samedi
18.01
19.01
20.01
21.01
18h00
10h00 s
14h15
14h15 s
19h00
17h00
Dès 8 ans
Durée : 1h15
Théâtre/Cinéma/Musique
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Ven. 20.01
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Création dans le cadre du programme des Inattendus, initié
par le Théâtre de la Ville-Paris, la SACD et le Festival Petits
et Grands
Création novembre 2015 au Théâtre de la Ville,
Paris
lacordonnerie.com
Udo, complètement
à l’est
8-11.02
La Passerelle
Mercredi 8.02
Jeudi
9.02
Vendredi 10.02
Samedi 11.02
18h00
10h00 s
14h15 s
14h15 s
19h00
15h00
17h00
dramatique national – Théâtre de Villefranche-sur-Saône –
Maison des Arts - Scène nationale de Créteil et du Val de Marne
– Le Granit - Scène nationale, Belfort – Théâtre de St-Quentin- enYvelines - Scène nationale
Avec le soutien de : Région Rhône- Alpes – SPEDIDAM
Création décembre 2015 au Théâtre de SaintQuentin en Yvelines - Scène nationale
Dès 7 ans
Durée : 50 min
Théâtre/Musique
Tarif S
Tarifs
préférentiels
MAG 6
P. 34
pour les
familles
et séances
scolaires
43
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin
NOTE D’INTENTION DE LA CORDONNERIE, 2016
Dans notre réécriture de Blanche-Neige, nous mélangeons l’histoire intime de
nos deux héroïnes à la Grande Histoire, mondiale, universelle. Nous suivons
le quotidien parfois ludique et souvent conflictuel d’Elisabeth, hôtesse de
l’air, la quarantaine, « éducatrice » malgré elle, isolée face à Blanche, une
adolescente gothique, mutique, écorchée. Entre elles, c’est en quelque sorte
« la coexistence pacifique ». A 15 ans, Blanche regarde la vie, la politique, sa
belle-mère en faisant des bulles énormes avec son chewing-gum, son walkman
sur les oreilles et son tee-shirt des Cure sur le dos. Le genre de situation qui
nous rappellera des souvenirs, que l’on soit parent ou enfant… Notre spectacle
joue sans cesse avec la double lecture que l’on peut avoir d’un événement ou
d’une attitude suivant son âge, sa culture, son expérience de la vie. Ici, c’est
la plus belle du Royaume qui nous raconte avec humour sa version des faits.
Non, Blanche n’est pas la gentille fille naïve dont on nous parle. Non, Elisabeth
n’est pas la méchante narcissique que tout le monde croit connaître… Une
nouvelle fois, nous prenons à l’envers cette histoire connue de tous, nous lui
tordons le cou. Notre Blanche-Neige est un conte des temps modernes oscillant
entre profondeur et légèreté dans lequel chaque élément de la fiction devient
réalité : les sept nains sont volés dans les jardins des quartiers résidentiels, la
pomme empoisonnée provient d’un cageot de Pommes d’Amour envoyé à la
jeune Blanche par son père, le miroir magique est tout simplement celui de la
salle de bain. Parallèlement à l’histoire de Blanche et Elisabeth, nous suivons
les derniers mois agités autour du mur de Berlin et de sa chute en novembre
1989, comme un écho à leur relation parfois douloureuse. La chute du mur de
Berlin est l’un des derniers évènements historiques « heureux » que nous ayons
vécu. Le sera-t-il pour nos deux héroïnes?
Blanche-Neige © Sébastien Dumas
Blanche-Neige © Sébastien Dumas
Udo © Sébastien Jaudon
Udo, complètement à l’est
PRÉSENTATION PAR LA CORDONNERIE, 2016
Udo © Sébastien Jaudon
« Blanche Neige, vous connaissez l’histoire ?
Oui, tout le monde connaît cette histoire...
Vous savez, la reine un peu perchée qui parle à son miroir pour vérifier qu’elle
est toujours la plus belle du royaume...
Mais je peux vous le dire, moi : ça ne s’est pas du tout passé comme ça.
Pas du tout.
Dans ce livre, on parle d’un roi. Une seule fois, à la première page, après plus
rien et ça, ça ne dépend pas du tout des versions. C’est toujours pareil. Tout le
monde s’en fout complètement du père de Blanche Neige.
Et le père de « Blanche Neige », le roi, c’est moi. Udo, je m’appelle Udo, mais
dans l’histoire, on dit juste « le roi ».
Mais il est où, ce « roi » pendant tout ce temps où sa petite fille est en danger ?
C’est bizarre, non ? Et il fait quoi ?
Il s’est sans doute passé quelque chose dans sa vie pour qu’il soit si transparent...
Comme un fantôme. Peut être qu’il faudrait lui poser la question, au « roi »...
Vous voulez que je vous raconte mon histoire? »
Udo © Samuel Hercule
44
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
ALEXIS FORESTIER
Création
à Vidy
Modules Dada
Mise en scène :
Alexis Forestier
Son :
Jean-François Thomelin
Alexis Auffray
Vidéo et lumière :
Perrine Cado
Avec :
Jean-François Favreau
Barnabé Perrotey
(distribution en cours)
Production :
compagnie les endimanchés
Coproduction :
Théâtre de Vidy
Théâtre Dijon Bourgogne -Centre dramatique national
Avec le soutien de :
La Fonderie, Le Mans
La Quincaillerie, Les Laumes
La compagnie les endimanchés est conventionnée
par le ministère de la Culture/DRAC Bourgogne
lesendimanches.fr
26.01-3.02
La Passerelle
Jeudi
26.01
Vendredi 27.01
Samedi 28.01
Dimanche 29.01
Mercredi 1.02
Jeudi
2.02
Vendredi 3.02
19h30
19h30
20h00
15h00
19h30
19h30
19h30
Théâtre/Musique
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Ven. 27.01
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
MAG 6
P. 36
45
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE LES ENDIMANCHÉS, 2016
Carnage guerre destruction invention/Dada. Le langage le sens et les signes
volent en éclats/Dada. Les bouleversements formels et les stratèges délétères /
Dada. La mort du politique et le réveil des arrière-plans/Dada. Le pessimisme
radical et l’insolence dévastatrice/Dada. Muscles du cœur Cabaret Voltaire et
des douleurs/Dada. Révolution d’Octobre/Dada. Lénine/Dada. Spartakus/
Dada. Lipstick/Dada/traces.
100 ans de dadaïsme pour en arriver à l’abjection généralisée, à la crétinisation
des masses numérisées, à la victoire de la finance planétaire associée à la
mort de l’internationalisme dévastateur d’alors ; au sentiment qu’un peuple
est finalement détruit. 100 ans de dadaïsme pour en arriver à la récupération
manifeste et décomplexée des logiques commémoratives, au cynisme effrayant
de la marchandisation de l’art et à la bonne conscience étale de l’héritage des
avant-gardes.
Ressaisir l’essence de Dada ne peut se faire sans une mise au point sur
les prémices et les turbulences originelles du mouvement en tant qu’ils
annonçaient les catastrophes à venir tout autant qu’ils tentaient de les déjouer.
Sous cet angle, nous sommes amenés à scruter la toile de fond politique de
l’effeuillement dadaïste, à viser les points de connexion et de divergence avec
la pensée, les révolutions et les bouleversements en cours ; contradictions avec
lesquelles la multiplicité du mouvement n’a cessé de batailler tout au long de
sa brève et interminable histoire.
Les questions qui ne cessèrent d’agiter, jusqu’à leur dissolution, les
constellations dadaïstes et les échos qui les prolongent, nous reviennent
aujourd’hui par les soubassements et les détours de l’Histoire, les relations
plus ou moins conscientes, niées ou déterminées que le mouvement entretint
ave celle-ci et non par les effets neutralisants d’une prétendue table rase…
Nous envisageons la construction
autres dans une dimension à la
historico-politique en interrogeant
les prolongements esthétiques, la
l’étrangeté irréductible de Dada.
de modules indépendants les uns des
fois archéologique et de déchiffrement
également les glissements sémantiques,
récupération désastreuse de même que
Les modules prendront appui sur différents corpus de textes, images, idées,
films, objets et archives sonores. Le principe du montage, de même que la
juxtaposition ou confrontation des modules reposent sur une vaste et utopique
hypothèse d’exploration. Celle-ci consiste, outre une plongée dans l’histoire
et la protohistoire de Dada, à aller à la rencontre des ramifications multiples
et contradictoires du mouvement, depuis l’arrière-fond de sa puissance
subversive jusqu’à ce qui nous apparaît comme étant sa propre négation - par
ses représentants même -, à l’endroit des commémorations en cours et à venir…
Dada est devenu une fête, un « patrimoine », un prétexte supplémentaire
à des spéculations économiques et culturelles. Par où pouvons-nous encore
espérer en apercevoir les survivances vivaces ou les soubresauts menacés (plus
que menaçants) sans participer aussitôt à son enfouissement définitif…? Les
modules seront travaillés par ces questionnements sur le long terme et ils
prendront des orientations, formes ou trajectoires fort diverses, qui pourront
aller jusqu’à s’affranchir totalement du territoire assigné - DADA EST PLUS
QUE DADA – ; rejoindre des prolongements inactuels et ricocher jusqu’à nous
de la manière la plus convulsive.
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PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
WEEK-END DADA
9
R
IE
V
N
A
J
LES 2 8 & 2
L’UNIL, le Théâtre La Grange de Dorigny et le Théâtre de Vidy composent ensemble
un week-end Dada à Lausanne ! Passez de la Grange à Vidy pour deux spectacles,
une table ronde et un Cabaret Dada...
Samedi 28 janvier
À LA GRANGE DE DORIGNY
14h30 TABLE RONDE
« Dada, son héritage et son actualité » : interventions d’universitaires
et d’artistes
17h SPECTACLE
Dada ou le décrassage
des idées reçues
À VIDY
20h SPECTACLE
Modules Dada
22h CABARET DADA Performances et concerts
Dimanche 29 janvier
À VIDY
© INTERFOTO/Alamy
15h SPECTACLE
Modules Dada
Dada ou le décrassage
des idées reçues
Spectacle à géométrie variable à partir de textes de Hugo Ball, Emmy
Hennings, Tristan Tzara, Francis Picabia, Guillaume Apollinaire…
et autres élucubrations dadaïstes sonores et visuelles, un voyage
exploratoire dans le mouvement Dada, manifeste de liberté
artistique et d’opinion dans un monde en guerre, et qui reste
encore
aujourd’hui un antidote puissant contre les nationalismes.
Une proposition du Théâtre La Grange de Dorigny
du 26 au 29 janvier
(jeu. 26.09 à 19h et ven. 27.09 à 20h30)
À LA GRANGE DE DORIGNY
18h SPECTACLE
Dada ou le décrassage
des idées reçues
Mise en scène
et scénographie :
Geneviève Pasquier
Collaboration
artistique :
Nicolas Rossier
Musique :
Mathias Demoulin
Lumière :
Eloi Gianini
Eléments
scénographiques
et accessoires :
Wyna Giller
Avec :
Valérie Liengme
Jonas Marmy
Mathias Demoulin
Production :
Centre dramatique fribourgeois –
Théâtre des Osses
Création décembre 2016
Durée estimée : 1h30
Plein tarif : 20.– (ADH : 15.–)
Tarif réduit : 15.–
Tarif étudiant : 10.–
Infos et réservations :
grangededorigny.ch
dès le 15 juillet
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
47
48
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
JÉRÔME BEL
Gala
Conception :
Jérôme Bel
Assistanat :
Maxime Kurvers
Assistanat au remontage :
Maxime Kurvers
Frédéric Seguette
Costumes :
Les danseurs
De et par :
20 danseurs amateurs
et professionnels
Direction exécutive et conseil artistique :
Rebecca Lee
Production :
R.B. Jérôme Bel, Paris
Production version lausannoise :
Théâtre de Vidy
Coproduction :
Dance Umbrella, Londres
Theater- Works/72-13, Singapour
Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles
Tanzquartier Wien
Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
Festival d’Automne à Paris
Theater Chur –
AK Theater Liechtenstein, Schaan
TanzPlan Ost, St.-Gall
Fondazione La Biennale di Venezia
Théâtre de la Ville, Paris
HAU Hebbel am Ufer, Berlin
BIT Teatergarasjen, Bergen
La Commune - Centre dramatique national d’Aubervilliers
Tanzhaus nrw, Düsseldorf
House on Fire dans le cadre du Programme culturel de l’Union européenne
Avec le soutien de :
CND - Centre National de la Danse, Pantin
la Ménagerie de verre, Paris dans le cadre du Studiolab
jeromebel.fr
Création le 8 mai 2015 à Nanterre-Amandiers, centre dramatique national
MAG 6
P. 38
31.01-3.02
Salle Charles Apothéloz
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
31.01
1.02
2.02
3.02
19h00
20h00
19h00
20h00
Dès 9 ans
Durée estimée : 1h30
Théâtre/Danse
Tarif M
VIDY+
RENCONTRE AVEC LES ARTISTES
Mer. 1.02
à l’issue de la représentation
Entrée libre, sans réservation
Gala
EN TOURNÉE
2016
Festival de Marseille
5-6.07
TanzPlan Ost-Lokremise,
Saint-Gall
23-26.08
Wiesbaden Biennale
31.08-1.09
TanzPlan Ost - TanzRaum Herisau
2-3.09
Kunsthalle Ziegelhütte, Appenzell
9.09
TanzPlan Ost - Tanzhaus Zurich
16-17.09
Dortmund Favoriten
25.09
TanzPlan Ost - Phönix Theater
Steckborn
1.10
Kampnagel Hambourg
6-8.10
Dance Umbrella, Londres
11.10 et 18-19.10
BIT Teatergarasjen, Bergen
25-26.10
TanzPlan Ost - TAK Theater
Liechtenstein
4-5.11
Maison de la Danse, Lyon
15-17.11
TanzPlan Ost - Tanzzeit Festival
Winterthur, Theater am Gleis
18-19.11
TanzPlan Ost - Theater Chur
25-26.11
Arena Del Sole/ERT, Bologne
6-7.12
49
PREMIÈRE PARTIE DE SAISON 2016-2017
EXTRAIT D’UN ENTRETIEN AVEC JÉRÔME BEL RÉALISÉ PAR PHILIPPE
NOISETTE POUR LES INROCKS, 2015
Tu as participé à des ateliers danse et voix en compagnie de Jeanne Balibar.
Cela a déclenché beaucoup de choses chez toi. A partir de quand et pourquoi
Gala est-il devenu une nécessité ?
Gala est le résultat d’un travail mené à l’initiative de Jeanne qui m’avait proposé
d’animer des ateliers avec elle à Clichy-sous-Bois et à Montfermeil, en SeineSaint-Denis. Nous avons travaillé avec des groupes d’amateurs, composés
d’individus très divers. La difficulté pour moi était de trouver, malgré leurs
différences, un dispositif où tous pourraient danser ensemble sans se départir de
leurs singularités. Miraculeusement, j’ai avancé une formule simple permettant
à chacun et à chacune de danser leurs propres danses tous ensemble. C’est à
ce moment-là que j’ai envisagé de produire un spectacle à partir de ce travail
expérimental. Gala s’est imposé comme titre dans le sens où le spectacle est
une sorte de célébration de l’acte de danser ou, plutôt, de sa tentative. Comme
dans ces galas de fin d’année, premiers spectacles de danse auxquels j’ai assisté
enfant, et que je fréquente à nouveau du fait de ma paternité.
Outre les danseurs amateurs, tu as choisi des professionnels. As-tu donné des
directions différentes aux uns et aux autres – si direction il y a ?
Les professionnels se sont ajoutés après. En effet, en parlant avec les différents
responsables culturels susceptibles de produire ce spectacle dans leurs théâtres
ou leurs festivals, beaucoup ont immédiatement qualifié le projet de « social »,
ce qui m’a fortement contrarié. Ce n’est pas parce que je travaillais avec des
amateurs de Seine-Saint-Denis que notre projet n’était pas artistique. Pour
moi, il relevait de l’art et pas de l’action culturelle ou sociale. Je m’intéressais
à ces personnes en tant que danseurs. Tout le travail a consisté à trouver leurs
propres danses, danses que certains ne trouvaient pas dignes d’être montrées,
ce sur quoi je n’étais évidemment pas d’accord. Bref, afin de contrer cette
assignation « sociale », j’ai décidé d’inclure dans le groupe d’amateurs quelques
professionnels, danseurs et acteurs. De plus, comme l’enjeu de la pièce était de
faire danser ensemble les individus les plus divers possible, je trouvais pertinent
qu’il y ait aussi dans ce groupe des danseurs professionnels. Le projet devenait
dès lors plus ambitieux puisque la diversité devenait encore plus grande. En
fait, je me suis aperçu qu’aucune exclusion ne pouvait être tolérée dans ce
projet. Je devais maintenir l’égalité entre toutes et tous. Je dirige les danseurs
le moins possible ; les professionnels, hélas, ont un peu plus de mal, aliénés
qu’ils sont par leurs apprentissages et leurs habitudes. J’essaie cependant de
les faire s’émanciper de leurs automatismes.
Tu dis que Gala est ta pièce la plus dansée. Dans quel sens ?
C’est la première fois dans mon travail que les danseurs dansent du début à la
fin du spectacle. Cela me ravit !
T’es-tu interdit quelque chose dans cette création – par rapport à la virtuosité
par exemple ?
Je ne m’interdis jamais rien dans le travail. Plutôt mourir ! Comme je l’ai déjà
dit, j’ai adjoint la présence de danseurs dont certains sont très virtuoses. La
virtuosité est acceptée, et je dirais même qu’elle prend une dimension nouvelle.
La virtuosité devient aussi signifiante dans ce spectacle que la maladresse.
Tu dis que la danse sert à dire quelque chose du monde. Quoi ? Et à qui ?
Il me semble que la danse d’un individu révèle beaucoup de lui-même, surtout
si ce danseur ou cette danseuse n’ont pas été formatés par l’enseignement de
la danse qui est une vraie calamité. La danse, activité peu répandue à notre
époque, permet une expérience où la fragilité est encore possible, où on perd
le contrôle, où on ne maîtrise pas tout. C’est grâce à cet état incertain que des
choses indicibles, refoulées, inavouées, informulables peuvent apparaître et
finalement être exprimées et, dans le cas d’un spectacle, partagées. De plus, la
danse révèle la culture de l’individu dansant, sa culture originelle ou construite,
ses choix culturels, ce à quoi elle, ou il, s’identifie, ce à quoi dans le régime
des représentations dansées elle, ou il, se reconnaît, ou mieux se découvre, ou
encore mieux s’invente. Je crois que ce qui fait sens pour moi dans ce travail,
c’est l’imaginaire de la danse plus que son exécution, que chaque danse est
un rapport au monde, à l’histoire, à la culture, à soi-même et aux autres. A
travers les modèles dansés inscrits dans la culture, chaque idiosyncrasie est
l’apparition inespérée d’une nouvelle danse, d’un rapport à soi et au monde
inouï.
Gala © Véronique Ellena
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