THÉÂTRE DE VIDY AV. E.-H. JAQUES-DALCROZE 5 CH-1007 LAUSANNE Service de presse Sandra Scalea T +41 (0)21 619 45 25 [email protected] DOSSIER DE PRESSE 2E PARTIE DE SAISON 16/17 EN COMPLÉMENT DU MAGAZINE N°7 Assistante Constance Chaix T +41 (0)21 619 45 67 [email protected] vidy.ch FÉVRIER À JUIN 2017 CADIOT/LAGARDE/POITRENAUX CLAUDE RÉGY/TRAKL MAGALI TOSATO MATTHIEU JACCARD GUILLAUME BÉGUIN/SHAKESPEARE BORIS NIKITIN ROMEO CASTELLUCCI DANIEL HELLMANN ANTOINE JACCOUD & GUESTS ÉMILIE CHARRIOT/JACCOUD SOPHIE CALLE LA RIBOT CINDY VAN ACKER MOTUS DORIAN ROSSEL/OZU/NODA TÊTE DANS LE SAC DEAD CENTRE/TCHEKHOV WAJDI MOUAWAD YAN DUYVENDAK/OMAR GHAYATT MARION DUVAL TRUONG/BOUCHAUD/HENRY Voir la mer © Sophie Calle/ADAGP, Paris 2016 Courtesy Galerie Perrotin DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 2 COMMUNIQUÉ DE PRESSE ANNONCE DE LA DEUXIÈME PAR TIE DE SAISON 16/17 DU THÉÂTRE DE VIDY (FÉVRIER À JUIN 2017) Le Théâtre de Vidy poursuit son projet d’être un théâtre de création ouvert au plus grand nombre, accueillant des créations suisses et internationales, accompagnant de jeunes artistes et diffusant ses productions en tournée. Après une première partie de saison marquée par le dialogue avec l’étranger et les questions soulevées par les mouvements migratoires, la seconde partie est une invitation à un double voyage vers soi-même et vers les autres, à la découverte de l’inconnu pour s’enrichir intérieurement, symbolisée par une image de Sophie Calle d’une femme découvrant la mer pour la première fois. Elle est composée d’une vingtaine de spectacles et de trois temps forts : la troisième édition de Programme Commun, festival international des arts de la scène initié avec l’Arsenic dont le programme complet sera communiqué le 24 janvier, « Être bête(s) », une carte blanche à l’auteur et dramaturge lausannois Antoine Jaccoud qu’il a choisi de thématiser autour de notre rapport aux animaux, et le coup d’envoi à Vidy de la Fête de la Danse 2017 en Suisse. UN DOUBLE VOYAGE VERS LES AUTRES ET EN SOI Explorer les mondes intérieurs, découvrir comment chacun peut faire appel à la diversité de ses expériences pour déjouer les identités figées : voici l’un des enjeux de l’écrivain Olivier Cadiot dans Providence et de l’artiste Sophie Calle avec l’exposition Histoires vraies, de Claude Régy montant Rêve et folie du poète expressionniste Georg Trakl, de Macbeth de Shakespeare dans l’adaptation qu’en propose Guillaume Béguin, de Le Zoophile le nouveau texte d’Antoine Jaccoud mis en scène par Emilie Charriot, de l’autofiction Seuls de Wajdi Mouawad, du jubilatoire Claptrap de Marion Duval ou de ces témoins qui parlent de leur mort à venir dans l’émouvant Nachlass de Stefan Kaegi qui sera repris lors de Programme Commun. Plusieurs créations mettent en scène la fabrication des représentations sociales de celui qui est différent, l’autre ou l’étranger : Magali Tosato à travers l’exemple de l’institution du mariage en Suisse avec Amour/ Luxe, Boris Nikitin avec le performeur bâlois Julian Medding dans cet Hamlet qui n’en est pas un, les Italiens de Motus exposant la question du genre avec MDLSX, Yan Duyvendak et Omar Ghayatt, dont le Still in Paradise décrypte les rapports actuels entre les cultures occidentales et arabes. D’autres montrent l’importance et les enjeux du dialogue avec l’autre, sous différentes formes : dialogue entre les corps dans Another Distinguée de La Ribot et Anechoic de Cindy Van Acker, dialogue entre les cultures avec Aman’ Aman’, spectacle pour les jeunes de la compagnie genevoise Tête dans le sac – Marionnettes (ou de nouveau dans Still in paradise), dialogue entre les générations avec Voyage à Tokyo de Dorian Rossel, dialogue au sein d’une communauté (sociale comme théâtrale) avec l’adaptation de Platonov des jeunes Irlandais du Dead Centre, dialogue dans le processus même de l’Interview par Nicolas Truong. Comment le théâtre témoigne du vivre ensemble est au cœur même de la nouvelle création de Romeo Castellucci, De la Démocratie en Amérique, par le biais de la tragédie, et de la carte blanche à Antoine Jaccoud, Etre bête(s), par celui de notre relation aux animaux, qu’interroge aussi Daniel Hellmann dans Requiem for a piece of meat. DES CRÉATIONS CONTEMPORAINES EN GRANDE PARTIE DE SUISSE ROMANDE Ces créations théâtrales ou chorégraphiques inventent l’art de notre temps en interrogeant la scène avec d’autres matériaux, textuels ou non : textes du répertoire (Béguin, Dead Centre), textes originaux (Jaccoud, Mouawad), roman (Cadiot/Lagarde), poésie (Régy), essai (Castellucci), scénario de cinéma (Rossel), textes d’entretiens (Truong) ou recherches culturelles et sociales (Tosato, Hellmann, Tête dans le sac, Kaegi) ou biographiques (Motus, Duyendak/Ghayatt, Duval) au service d’une écriture de plateau. 3 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 Plus de la moitié sont des spectacles d’artistes suisses – dont dix romands – qui côtoient à Vidy des artistes étrangers venus de France, d’Italie, d’Irlande, du Québec, du Liban et d’Egypte. Ils sont l’occasion de retrouver des artistes fidèles à Vidy (les acteurs Laurent Poitrenaux, Nicolas Bouchaud ou Marthe Keller, les metteurs en scène Romeo Castellucci et Dorian Rossel) et d’autres qui viennent parfois pour la première fois en Suisse romande. La jeune génération suisse (Tosato, Charriot, Béguin, Nikitin, Hellmann, Duval) partage les mêmes scènes que des artistes reconnus internationalement (Régy, Castellucci, Calle, Kaegi, Mouawad). OUVERTURE À TOUS Deux expositions (la photographe romande Anne Golaz et Sophie Calle) complètent le programme, ainsi que des débats, rencontres, cours et masterclass ouverts à tous qui invitent à prolonger l’expérience des spectacles. Des ateliers spécifiques sont proposés dans le cadre des collaborations poursuivies avec l’EVAM, les foyers de la Ville de Lausanne, les collèges et gymnases ou les écoles de théâtre (Manufacture et Teintureries). Les enfants et adolescents ont leur place à Vidy à travers des spectacles, des représentations scolaires, des tournées dans les écoles, des après-midi « Parents/Enfants » (un atelier théâtre pendant que les parents sont au spectacle), des stages à Pâques et durant l’été ainsi qu’une collaboration renforcée avec les enseignants du canton. L’invitation faite aux spectateurs à circuler entre Vidy et l’ADC, la Comédie et le Théâtre Forum Meyrin à Genève ou l’Arsenic, le Théâtre Sévelin 36 et le TKM à Lausanne, ainsi que les collaborations avec la Cinémathèque suisse, l’UNIL, la Manufacture, les Teintureries, L’Ecal et le Mudac, sont encore une autre façon d’inviter à la découverte. Pour pouvoir profiter de la richesse de cette programmation (une trentaine de spectacles de janvier à juin) de façon économique, la Carte Adhérent ½ saison permet d’aller au théâtre en bénéficiant de tarifs entre Fr. 6.- et Fr. 18.-. UNE NOUVELLE SALLE EN BOIS L’autre création importante qui marque cette saison est la réalisation du nouveau pavillon en bois du Théâtre de Vidy, une salle de 250 places qui remplace l’ancien chapiteau. Conçu par l’architecte Yves Weinand, directeur du laboratoire IBois de l’EPFL, avec des principes de construction innovants et écologiques, il devrait être inauguré à la fin du printemps 2017. Faisant dialoguer l’architecture de Max Bill et l’innovation de pointe produite à l’EPFL, les savoir-faire en Suisse romande et alémanique, les besoins du théâtre aujourd’hui et les exigences écologiques, il raconte aussi le développement actuel de Vidy, produit d’une inventivité partagée. CONTACTS PRESSE Sandra Scalea [email protected] / +41 (0)21 619 45 25 Constance Chaix [email protected] / +41 (0)21 619 45 67 DOCUMENTATION ET IMAGES EN HAUTE RÉSOLUTION À télécharger sur vidy.ch (page du spectacle, onglet « en savoir plus ») 4 Voir la mer © Sophie Calle/ADAGP, Paris 2016 Courtesy Galerie Perrotin DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 Sophie CALLE Voir la mer. La Femme souriante (détail), 2011 Film numérique couleur et son, 1‘38“01 Directrice de la photographie : Caroline Champetier « A Istanbul, ville entourée par la mer, j’ai rencontré des gens qui ne l’avaient jamais vue. J’ai filmé leur première fois. » Sophie Calle 5 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 SOMMAIRE OLIVIER CADIOT LUDOVIC LAGARDE LAURENT POITRENAUXP. 6 Providence CLAUDE RÉGYP. 8 GEORG TRAKL Rêve et folie MAGALI TOSATO Amour/Luxe MARTHE KELLER MATHIEU AMALRIC P. 29 ANTOINE JACCOUD ALAIN BOREK P.30 ANTOINE JACCOUD Les Chiens GÉRALDINE CHOLLET P. 10 SOPHIE CALLE P. 12 Sous un même toit (III et IV) Histoires vraies PROGRAMME COMMUN P. 13 LA RIBOT SHAKESPEARE BORIS NIKITIN Hamlet P. 16 ROMEO CASTELLUCCI De la démocratie en Amérique RIMINI PROTOKOLL (STEFAN KAEGI/DOMINIC HUBER) P. 18 Exposition Another distinguée P. 36 CINDY VAN ACKER P. 38 MOTUS P. 40 DANIEL HELLMANN Requiem for a piece of meat MDLSX DORIAN ROSSELP. 42 OZU / NODA Voyage à Tokyo P. 20 TÊTE DANS LE SAC - MARIONNETTES Aman’ Aman’ Nachlass ANTOINE JACCOUD & GUESTS ÊTRE BÊTE(S) P. 34 Anechoic Où en est la nuit? P. 31 Itmar MATTHIEU JACCARD GUILLAUME BÉGUINP. 14 P. 22 P. 44 DEAD CENTREP. 46 TCHEKHOV Chekhov’s First Play P. 24 ÉMILIE CHARRIOTP. 26 ANTOINE JACCOUD Le Zoophile WAJDI MOUAWAD P. 48 YAN DUYVENDAK /OMAR GHAYATT P. 50 Seuls Still in Paradise MARION DUVALP. 52 ANNE GOLAZP. 28 Claptrap Exposition NICOLAS TRUONG NICOLAS BOUCHAUD JUDITH HENRYP. 52 The Shimmering Beast Interview Textes de présentation des spectacles et biographies des artistes à retrouver dans le Magazine aux pages indiquées DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 6 OLIVIER CADIOT/LUDOVIC LAGARDE/ LAURENT POITRENAUX Providence Texte : Olivier Cadiot Mise en scène : Ludovic Lagarde Scénographie : Antoine Vasseur Lumière : Sébastien Michaud Réalisation informatique musicale Ircam : Sébastien Naves Réalisation sonore : David Bichindaritz Costumes : Marie La Rocca Maquillage et coiffure : Cécile Kretschmar Image : Michael Salerno Dramaturgie : Sophie Engel Assistanat mise en scène : Céline Gaudier Avec : Laurent Poitrenaux Production : Comédie de Reims, Centre dramatique national Coproduction : Théâtre National de Strasbourg CDN Orléans/Loiret/Centre Ircam - Centre Pompidou, Paris MC 93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny Le Centquatre, Paris Le texte Providence est publié aux éditions P.O.L Création le 8 novembre 2016 à la Comédie de Reims, Centre dramatique national MAG 7 p. 8 7 – 11.02 Salle Charles Apothéloz Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 7.02 8.02 9.02 10.02 11.02 19h00 20h00 19h00 20h00 17h00 > Durée : 1h30 Théâtre Tarif M VIDY INTRODUCTION AU SPECTACLE Mer. 8.02 à 19h00 RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 9.02 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation Providence EN TOURNÉE 2017 Comédie de Caen– CDN de Normandie 24-25.01 CDN Besançon Franche-Comté 31.01-1.02 Théâtre des Bouffes du Nord 2-12.03 Théâtre National de Strasbourg 15-25.03 Maison de la Culture d’Amiens 29-31.03 La Comédie de Clermont-Ferrand 4-7.04 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 7 NOTE D’INTENTION DE LUDOVIC LAGARDE, 2016 Dans les précédents projets, nous suivions un seul narrateur. Dans le dernier roman d’Olivier Cadiot il s’agit de quatre récits, portés par quatre caractères différents. Ainsi se suivent Quel lac aimons-nous, où l’on assiste au règlement de compte entre un personnage et son auteur ; Comment expliquer la peinture à un lièvre mort, récit d’un moment de bonheur où un jeune homme se transforme en vieille dame ; Illusions perdues, traversée accélérée au féminin du roman de Balzac et enfin Providence où un vieil homme convoque son passé et prépare une conférence qui prouvera qu’il est en bonne santé mentale. Pour passer le roman à la scène, nous avons pris le parti de remonter le livre un peu différemment et fondre les quatre séquences en une seule situation, celle de la quatrième et dernière qui donne son titre au livre. L’action se situe au bord d’un lac dans une maison banale, mais pratique. Une pièce presque vide, un atelier-salon. C’est là que le narrateur va recevoir le public et réaliser une série de performances qui retracent les moments culminants de son existence. Dans Le Colonel des Zouaves et Un mage en été, l’espace était abstrait, l’acteur était placé au centre d’un étroit dispositif sonore et plastique. Pour Providence, la scénographie est en quelque sorte élargie et habitable. Dans les monologues précédents, la forme était unique et magique, les artifices de la création étaient dérobés aux yeux du spectateur. Ici, l’acteur sera expérimentateur et construira les éléments de la fiction à vue, aidé par un dispositif sonore et musical conçu en partenariat avec l’Ircam. Robinson, le personnage des romans précédents d’Olivier Cadiot, se confrontait sans cesse à des milieux hostiles, toujours soumis à des tâches folles. Les conflits intimes, sociaux, esthétiques constituaient le moteur romanesque et nourrissaient la tension théâtrale. Il est cette fois seul maître à bord, comme expulsé de toute fiction. Il n’est plus projeté dans une histoire, mais convoque les histoires chez lui. Il cherche donc de nouveaux réglages avec les moyens du bord pour trouver la voie d’un mode d’existence acceptable, le bon équilibre entre la volupté et la douleur, les hantises et l’oubli, l’ombre et la lumière. On pense au projet de Baudelaire : étreindre le crime dans son propre cœur. Avec Laurent Poitrenaux, au moment de la création du Colonel des Zouaves, nous avions compris que le passage du roman à la scène obligeait à trouver des outils inédits de théâtre. Il s’agissait de trouver de nouveaux moyens pour rendre compte de cette poétique de l’esquisse. Dans l’écriture de Cadiot, tout est sans cesse en mouvement, les choses se font et se défont, se construisent de manière quasi rhapsodique, on ne peut se reposer seulement sur la seule continuité psychologique – même si le théâtre a aussi pour fonction de la révéler. Nous cherchons à convoquer ce qu’on pourrait appeler un jeu clair, où l’acteur est dans un état maximal de présence, ce qui lui permet de convier chaque soir les spectateurs au partage de l’expérience théâtrale. Le comédien guide le regard et l’écoute. Il élabore en temps réel le dispositif de fiction. Une fois réglé, il s’y glisse et trouve sa position dedans. Il peut choisir d’incarner un personnage à souhait, se lover dans de multiples rôles, goûter aux délices ou à la douleur des métamorphoses. Providence © Pascal Gely 8 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 CLAUDE RÉGY Rêve et folie de GEORG TRAKL 28.02 – 4.03 Texte : Georg Trakl Mise en scène : Claude Régy Assistanat mise en scène : Alexandre Barry Scénographie : Sallahdyn Khatir Lumière : Alexandre Barry assisté de Pierre Grasset Son : Philippe Cachia Avec : Yann Boudaud Production : Les Ateliers Contemporains Coproduction : Théâtre Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national Festival d'Automne à Paris Théâtre National de Toulouse Théâtre Garonne, Toulouse Comédie de Reims, Centre dramatique national Comédie de Caen, Centre dramatique national Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles Salle Charles Apothéloz Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 28.02 1.03 2.03 3.03 4.03 19h00 20h00 19h00 20h00 17h00 > Durée : 55 min Théâtre Tarif M VIDY INTRODUCTION AU SPECTACLE Mer. 1.03 à 19h00 RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 2.03 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation Le texte Rêve et folie, traduit de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider est publié dans le recueil Crépuscule et déclin suivi de Sébastien en rêve chez nrf poésie Gallimard Création le 15 septembre 2016 au Théâtre Nanterre-Amandiers, Centre dramatique national Cinéma Projection du documentaire Du régal pour les vautours, un portrait de Claude Régy réalisé par Alexandre Barry. Lun. 27.02 Cinémathèque suisse, Lausanne Rêve et folie EN TOURNÉE 2017 MAG 7 p. 10 Comédie de Caen– CDN de Normandie 6-8.04 Comédie de Reims 3-7.05 Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles 19-26.05 9 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE CLAUDE RÉGY, JANVIER 2016 « Qui peut-il avoir été ? ». Rilke pose la question. Personne à ce jour n’a su répondre. Drogué, alcoolique, incestueux, traversé par la folie, obsédé d’autodestruction, imprégné de christianisme – père protestant, mère catholique – né en 1887 à Salzbourg il s’engage – en rupture d’études – comme pharmacien militaire en 1910. Il a 23 ans. Quatre ans plus tard se déclare en Europe la guerre de 14/18. Le jeune pharmacien-soldat se retrouve sur le front de Grodek, dépassé par le nombre des blessés ou la gravité des blessures, cris des hommes et des chevaux ensemble, éventrés, amputés, blessés à la tête. Le poète-pharmacien réservait-il à son usage personnel certaines drogues destinées aux blessés. Il meurt d’overdose de cocaïne. Mort volontaire ou accidentelle, nul ne le sait. Mort qui survient, dans un hôpital militaire près de Grodek, en novembre 1914. Bataille de Grodek : « Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire ». Son dernier poème : Grodek. Mort à 27 ans. Premières publications dans des revues à 21 ans. En 6 ans d’écriture, Trakl crée une œuvre. Trakl et Rimbaud, même précocité du génie. Laconique et intense, Trakl utilise la force de rapprochements inconciliables. Soucieux des rythmes et des sons, attentif au silence, il ouvre en nous des espaces intérieurs : on entre dans un mode de perception au-delà de la pure intelligibilité. Picasso au sortir d’une exposition de masques africains ne disait-il pas que son art – la peinture – n’avait pas de lien avec l’esthétique. Il invoquait plutôt la magie. Les premiers peintres coloraient leurs mains et les appliquaient ensuite sur les parois rocheuses des grottes où ils s’abritaient des intempéries. Ils s’abritaient aussi des animaux prédateurs, des oiseaux surtout qui se délectent de certaines parties du corps humain. Sur les cadavres les vautours privilégient les yeux d’abord puis le cerveau. Orbites et boîtes crâniennes nettoyées à coups de becs. Des cris de vautours, ici et là, déchirent les poèmes de Trakl. Il s’agit bien, chez Trakl, d’une organisation magique du langage. Il nous atteint au centre essentiel de notre être et de nos contradictions. Jouir d’un inceste jeune et partagé et se laisser contaminer par la culpabilité. Race maudite écrira-t-il. Sa sœur a 4 ans de moins que lui. « Deux loups pétrifiés dans l’étreinte Ont mêlé leur sang » Alors, l’inceste, l’élever au niveau où, paraît-il, les anges vivent. L’image de la sœur est toujours là – apparition sans cesse répétée – mais toujours là comme une figure mythique, parfois désignée par le terme « adolescent ». Figure mythique. Et pourtant, blessée, la sœur saigne. Cette sœur, Grete – c’est son prénom abrégé – était excellente musicienne. Très tôt son frère en avait fait – à son imitation – une toxicomane, trois ans après la mort de ce frère, elle se donne la mort. Comme Pierre Soulages, bien avant lui, Georg Trakl travaille ce qu’on a appelé l’outre noir. Sur fond noir, l’un et l’autre créent des aspérités et la lumière, diffractée, devient visible. On voit la lumière du noir. À la mort du père, Georg a 23 ans. Au repas – seulement évoqué – le pain saigne. Ou bien, durci comme pierre au contact de la mère, ne se laisse pas rompre. Qui peut-il avoir été, celui qui a écrit : « Le mot dans sa paresse cherche en vain à saisir au vol L’insaisissable que l’on touche dans le sombre silence Aux frontières ultimes de notre esprit .» Rêve et folie © Pascal Victor 10 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 MAGALI TOSATO Création à Vidy Amour/Luxe Texte et mise en scène : Magali Tosato Texte et dramaturgie : Lydia Dimitrow Scénographie et costumes : Franziska Keune Musique : Hans Block Lumière : Christophe Glanzmann Training d’Acteur (TAC) : Inez Cierna Construction du décor : Atelier du Théâtre de Vidy Avec : Manuela Beltran Marulanda Charlotte Dumartheray Moanda Daddy Kamono Luis Alberto Rodriguez Martinez Production : Théâtre de Vidy Compagnie mikro-kit Avec le soutien de : Bourse de Compagnonnage du Canton de Vaud et de la Ville de Lausanne Loterie Romande Fonds de Dotation Porosus Pour-cent culturel Migros Fonds culturel de la Société Suisse des Auteurs (SSA) 28.02 – 11.03 La Passerelle Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 28.02 1.03 2.03 3.03 4.03 6.03 7.03 8.03 9.03 10.03 11.03 19h30 19h30 19h30 19h30 19h00 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 19h00 Durée estimée : 1h40 Théâtre Tarif M VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 9.03 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation MAG 7 p. 12 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 PRÉSENTATION DU SPECTACLE PAR LA COMPAGNIE MIKRO-KIT Alex : « J’ai connu cette belle dame à l’église et cette église s’appelle New Jerusalem Gemeinde. J’étais dans cette église pour six mois et c’était merveilleux, le Saint-Esprit était à l’intérieur et tous avaient de l’amour. L’amour de Dieu était là. Et là j’ai rencontré cette jeune dame – elle était très belle et son prénom est Elisabeth. » Aimer, se laisser toucher, s’attacher à un être, chercher un territoire commun pour y ancrer une histoire. Peut-on imaginer un lien plus puissant que l’amour pour s’inscrire dans le monde ? Elisabeth et Alex vivent une histoire d’amour. L’idylle va son train plusieurs mois, jusqu’au jour où les parents de la jeune femme apprennent qu’Alex est débouté de l’asile. Elle le quitte alors brusquement. « J’ai dit "mais pourquoi ?" Et elle a dit : "Je pense Alex, you depend on me" ». Dépendre : 1. Ne pouvoir se réaliser sans l’action ou l’intervention d’une personne ou d’une chose ; 2. Faire partie (de qqch.) ; 3. Etre sous l’autorité, la domination, l’emprise. (Petit Robert). C’est l’épée de Damoclès qui pèse sur les personnes en situation légale précaire : dépendre d’une décision juridique ou politique, dépendre du désir de l’autre pour pouvoir faire partie d’une famille et d’une société. Dépendre d’un système qui remet en question des droits fondamentaux, faisant du mariage un luxe réservé aux « ayants droit ». En Suisse, sous l’effet d’une politique migratoire de plus en plus restrictive, une loi contraint les officiers d’état civil à refuser systématiquement toute demande de mariage émanant de personnes sans titre de séjour ; elle les oblige à dénoncer leur présence aux autorités compétentes. Ils sont en outre tenus de vérifier les motivations des fiancés. Suspectant le partenaire non européen de se servir du mariage dans le seul but de contourner la loi sur les étrangers, les fonctionnaires mènent l’enquête au cœur de l’intimité des couples afin de protéger leurs compatriotes d’une éventuelle « arnaque aux sentiments ». Par le prisme du mariage binational – une réalité qui concerne près de la moitié des unions célébrées en Suisse – et des fantasmes liés au « mariage blanc », Amour/Luxe offre un miroir des rapports humains face aux contraintes sociales. Qui tire réellement profit du mariage ? Et que dissimule la suspicion constante qu’on pourrait se marier par intérêt plutôt que par amour ? Le récit d’Alex, ressortissant du Nigeria âgé de 28 ans qui vit depuis huit ans en Europe sans permis de séjour, compte parmi les témoignages dont s’inspire le projet. Il révèle l’impasse dans laquelle sont propulsées des personnes à la fois condamnées à dépendre du désir des autres et accusées de désirer ce qu’elles ne peuvent obtenir par elles-mêmes. Ce qui fait de nous des personnes ambitieuses, fait d’elles des personnes intéressées, ce qui inspire le respect chez les uns, éveille la méfiance chez les autres. Explorant les frontières entre amour, intérêt et dépendances, Amour/Luxe célèbre avec poésie les ressources individuelles, la capacité des hommes et des femmes à briser ces mécaniques administratives, à trouver des alternatives pour défendre leurs choix et leur intégrité. 11 12 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 MATTHIEU JACCARD Sous un même toit (III et IV) Un cycle de conférences inclusives et optimistes L’architecte et historien de l’art Matthieu Jaccard poursuit son second cycle de conférences imagées intitulé Sous un même toit. De rapprochements en glissements thématiques, de coïncidences en comparaisons, il confronte les représentations de l’art et les actualités médiatiques : plus qu’à un exposé savant, c’est à une réappropriation de notre temps que nous invite Matthieu Jaccard, Virgile bienveillant dans l’usine dantesque de notre mémoire. Le 29 mars 1917, les dadaïstes fêtent l’ouverture de leur galerie zurichoise. Au programme : des danses abstraites de Sophie Taeuber dans un costume créé par Jean Arp. Ailleurs en ville, Lénine prépare son retour en Russie. Le 8 mars, à Petrograd, la manifestation de la Journée internationale des femmes a enclenché la révolution qui va le porter au pouvoir. Vingt-cinq ans plus tard, en 1942, la guerre fait à nouveau rage à travers le monde. Jean Arp et Sophie Taeuber-Arp fuient la France, où le couple s’était installé. Il trouve refuge à Zurich, chez son ami Max Bill, l’architecte du demi-pavillon Eduquer et Créer de l’Expo 64 dont faisait partie le Théâtre de Vidy et dont la grande toiture – allant alors jusqu’au lac – inspire le titre de ce cycle de conférences. 11.03 et 13.05 Samedi 11 mars 17h00 Sous un même toit (III) La Kantina Samedi 13 mai 15h00 Sous un même toit (IV) La Passerelle Durée : 1h15 Conférence Entrée libre, sur inscription à [email protected] Les conférences peuvent être suivies indépendamment les unes des autres. En 1994, une autre Sophie, Sophie Calle, présente à Lausanne une œuvre rachetant un acte de vandalisme. Elle associe au fragment du portrait du Major Davel sauvé des flammes en 1980 des propos de personnes liées à l’œuvre peinte par Charles Gleyre, lui offrant ainsi une nouvelle vie. De Sophie Taeuber-Arp à Sophie Calle (de retour à Lausanne pour une exposition au Théâtre de Vidy) et alors que 2017 marque le demi-millénaire de la Réforme et le centenaire de la Révolution russe, les troisième et quatrième conférences du cycle Sous un même toit poursuivent la recherche d’un récit fédérateur dans les entrelacs du temps, par-delà l’histoire, l’art et l’actualité, au moment où clivages religieux et politiques se renforcent à travers le monde. 1 4 5 Images d’inspiration : 1. Charles Gleyre, Le Major Davel, 1850 2. Aldo Rossi et Gianni Braghieri, Teatro del Mondo, Venise, 1979 3. Lucas Cranach le Jeune, Hercule endormi et les pygmées, 1551, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen, Gemäldegalerie Alte Meister 4. Victor Hugo, Ma destinée, 1867. Paris, Maison de Victor Hugo 5. Cimetière de Mamilla, Jérusalem © Pablo Castellani 6. La muraille de Chine de Max Frisch, mise en scène de Charles Apothéloz, Montreal, 1967 © Monique Jacot 2 6 MAG 7 3 p. 14 Documentation, références iconographiques et conférences précédentes à retrouver en ligne : vidy.ch/sumt 13 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 PROGRAMME COMMUN 23 MARS – 2 AVRIL 2017 THÉÂTRE DE VIDY + ARSENIC CONFÉRENCE DE PRESSE 24 JANVIER 2017 10H30 THÉÂTRE DE VIDY en présence des resp onsables des structures part icipantes + THÉÂTRE SÉVELIN 36 + MANUFACTURE + ECAL + CINÉMATHÈQUE SUISSE Le festival international des arts de la scène revient pour une troisième édition du 23 mars au 2 avril. THÉÂTRE DE VIDY Le Théâtre de Vidy et l’Arsenic unissent à nouveau leurs forces pour permettre au public de circuler librement parmi les esthétiques contemporaines défendues par chacun des lieux lausannois invités, à travers une programmation condensée, engagée, exigeante et festive ! Au menu, une quinzaine de spectacles, deux expositions, des projections, des conférences, un salon d’artistes et des fêtes entre Vidy, l’Arsenic, le Théâtre Sévelin 36, la Manufacture – Haute école des arts de la scène, l’ECAL et la Cinémathèque suisse. Dix jours pour multiplier les découvertes en circulant d’un lieu à l’autre grâce à des horaires aménagés, et faire de Lausanne un carrefour international des arts de la scène. d’après Macbeth de Shakespeare GUILLAUME BÉGUIN Où en est la nuit ? Théâtre 22 – 26.03 BORIS NIKITIN Hamlet Théâtre/Performance/ Musique 23 – 26.03 ROMEO CASTELLUCCI De la démocratie en Amérique Théâtre 30.03 – 2.04 RIMINI PROTOKOLL Nachlass Installation/Théâtre 31.03 – 2.04 ANNE GOLAZ The Shimmering Beast Exposition 22.03 – 29.04 ORDRE DU JOUR LIBRE HORAIRES ET AUTRES PROPOSITIONS À VENIR EN DÉCEMBRE THÉÂTRE SÉVELIN 36 CIRCULATION MAUD LE PLADEC Moto-cross Danse 23 – 24.03 LORENA DOZIO Otholites Danse 25 – 26.03 THÉÂTRE DE VIDY + ARSENIC PHILIPPE SAIRE CUT Danse 30.03 – 1.04 + THÉÂTRE SÉVELIN 36 + MANUFACTURE + ECAL + CINÉMATHÈQUE SUISSE GUILLAUME BÉGUIN (CH) + ROMEO CASTELLUCCI (IT) + LORENA DOZIO (CH) + ANNE GOLAZ (CH) + YASMINE HUGONNET (CH) + CIE GILLES JOBIN (CH) + MAUD LE PLADEC (FR) + DANIEL LÉVEILLÉ (CH) + ANTONIJA LIVINGSTONE/NADIA LAURO (DE/PT) + BORIS NIKITIN (CH) + ATELIER POISSON (CH) + GREMAUD/PAVILLON/SCHICK (CH) + PHILIPPE SAIRE (CH)… ET D’AUTRES À DÉCOUVRIR THÉÂTRE + DANSE + PERFORMANCE + FILMS + EXPOS + RENCONTRES + FÊTES graphisme : atelier poisson + wapico WWW.PROGRAMME-COMMUN.CH ARSENIC, CENTRE D’ART SCÉNIQUE CONTEMPORAIN DANIEL LÉVEILLÉ Solitudes Solo Danse 21 – 23.03 YASMINE HUGONNET Se sentir vivant Danse/Ventriloquie 22 – 26.03 GREMAUD/PAVILLON/ SCHICK 65 Minutes Performance 25.03 CIE GILLES JOBIN Força Forte Danse 30.03 – 1.04 ANTONIJA LIVINGSTONE/ NADIA LAURO Etudes hérétiques 1-7 Performance 31.03 – 1.04 ATELIER POISSON 20 ans de communication visuelle pour l’Arsenic Exposition 7.03 – 1.04 CINÉMATHÈQUE SUISSE CIE GILLES JOBIN WOMB 3D Film 28.03 14 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 GUILLAUME BÉGUIN Création à Vidy Où en est la nuit ? D’après Macbeth de WILLIAM SHAKESPEARE Mise en scène et adaptation : Guillaume Béguin Traduction : Jean-Michel Déprats Jean-Louis Backès Jean-François Peyret Frédéric Boyer Dramaturgie : Michèle Pralong Scénographie : Sylvie Kleiber Lumière : Colin Legras Costumes : Zouzou Leyens Maquillage et perruques : Cécile Kretschmar Malika Stähli Musique : Christian Garcia Son et vidéo : Laurent Schaer Construction du décor : Ateliers du Théâtre de Vidy Assistanat mise en scène : Guillaume Cayet Avec : Véronique Alain Julie Cloux Caroline Gasser Maxime Gorbatchevsky Jean-Louis Johannides Cédric Leproust Julia Perazzini Matteo Zimmermann Production : Compagnie de nuit comme de jour Coproduction : Théâtre de Vidy – Comédie de Genève Avec le soutien de : Canton de Vaud – Loterie Romande – Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture – Fondation Wilsdorf – Pour-cent culturel Migros – Fondation Leenaards La Compagnie de nuit comme de jour est au bénéfice du contrat de confiance 2014–2017 de la Ville de Lausanne MAG 7 p. 18 22.03 – 26.03 Salle Charles Apothéloz Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 22.03 23.03 24.03 25.03 26.03 Durée estimée : 2h45 Théâtre Tarif M Programme Commun : horaires annoncés en décembre. Programmation complète disponible le 19 janvier. Où en est la nuit ? EN TOURNÉE 2017 TPR, La Chaux-de-Fonds 30.03 Comédie de Genève 4-9.04 15 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE GUILLAUME BÉGUIN, 2016 Au cours de mon dernier spectacle, Le Théâtre sauvage, on suivait le parcours de six individus, qui – partant d’une forme de chaos originel – découvraient le pouvoir de la représentation. Nous autres, êtres humains – et à la différence de la plupart des autres animaux –, nous ne sommes pas forcément à la merci des événements qui surviennent, nous sommes capables de les imaginer, de les anticiper, de les transformer. Nous avons développé des outils culturels, des cérémonies, des arts, des médias, grâce auxquels nous pouvons nous représenter collectivement le monde, et par là peut-être le transformer. Le théâtre – c’est du moins ce que racontait Le Théâtre sauvage – a été développé par les hommes pour lutter contre la barbarie. A la suite du « meurtre de trop », les personnages encore sauvages du spectacle, en passe de devenir humains, ressentaient le besoin de prendre du recul : ils ne pouvaient plus se satisfaire de vivre le monde comme une fusion, entremêlés avec les choses et les êtres, sans pouvoir y voir clair. En créant un monde d’ombres et de faux-semblant, monde qu’il est possible de décoller de soi et de représenter devant son groupe social, ils parvenaient à évoquer la noirceur dont l’homme est parfois capable. Et en racontant le pire, ils parvenaient peut-être à éviter que l’humanité cède totalement à la barbarie. Macbeth va suivre le chemin inverse. Au lieu d’utiliser le théâtre pour questionner son destin individuel ou le fonctionnement de la société qui est la sienne, au lieu de représenter la barbarie pour la tenir éloignée de lui, il va fusionner peu à peu avec elle. Au début de Macbeth, le héros éponyme, chef de l’armée écossaise, revient triomphant du champ de bataille. On est à la fin du Moyen-Âge. Trois sorcières vont croiser sa route, et déclencher en lui un théâtre intérieur, dont les conséquences seront terribles. Elles l’invitent à se représenter à la place du roi. Elles déclenchent toute une série d’images qui vont proliférer. Des images qui le fascineront, des images qui le terroriseront, mais surtout des images dont il se servira comme d’une boussole. Elles feront de lui un homme moderne. Il était un banal chef de guerre moyenâgeux sans épaisseur et sans rêves. Elles feront de lui un comploteur machiavélique, un homme agité par un cauchemar aussi fascinant qu’angoissant, cauchemar qu’il ne peut s’empêcher de continuer d’alimenter comme un feu vorace et insatiable. Aujourd’hui, les vidéos de décapitation de victimes postées sur Internet par les terroristes islamistes ont le même objectif : alimenter le petit théâtre intérieur des aspirants djihadistes qui vont venir grossir les rangs de leurs armées. L’assassinat de centaines d’innocents, violemment mis en scène, hypnotise et fanatise. Ces images, comme de la mauvaise herbe, se propagent sans entraves. Elles phagocytent l’imaginaire de celui qui les regarde et empêchent bientôt son cerveau de produire d’autres visions. Celui qui donne la mort est masqué de noir, il a tout pouvoir sur la victime, il semble irréel, monstrueux ou presque divin. Ces atroces vidéos jettent la plupart des individus dans un état de torpeur, une sensation d’horreur et d’impuissance. Mais, pour certains individus fragilisés, elles fonctionnent comme un puissant appel au crime. Le désir de toute puissance, dont chacun porte le germe en soi, fera le reste. Cette mise en scène de Macbeth, je la vois comme une forme de contrepied au Théâtre sauvage. Tout comme le développement de valeurs communes, autour desquelles la communauté se soude, obéit à certains rituels culturels que l’homme a dû inventer pour vaincre la barbarie, le mal doit générer sa propre culture. C’est cette culture que Macbeth développe en solitaire dans la noirceur de son âme. Hamlet, que Shakespeare écrit quelques années plus tôt, est un être mélancolique : la haine qu’il éprouve contre son beau-père agit comme un moteur qui le pousse, peu à peu, à s’autodétruire. Macbeth, lui, n’a rien à perdre. Sa noirceur croît sans entrave, parallèlement à son ambition. En cela, il est bien plus moderne. Son cauchemar, il le confond peu à peu avec le monde, et dès lors, il s’y comporte en puissant despote. Il ne sombre pas dans la dépression, comme Hamlet. S’imaginant plus grand que le monde, il devient la première victime du monde moderne, qu’il contribue pourtant à créer. Images d‘inspiration © DR 16 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 BORIS NIKITIN Hamlet Conception et mise en scène : Boris Nikitin Texte : Boris Nikitin Julian Meding Scénographie : Nadia Fistarol Musique : Boris Nikitin Uzrukki Schmidt Der musikalische Garten Vidéo : Georg Lendorff Elvira Isenring Dramaturgie et son : Matthias Meppelink Lumière : Benjamin Hauser Avec : Julian Meding et Der musikalische Garten : Annekatrin Beller (Violoncelle) Karoline Echeverri Klemm (Violon) Daniela Niedhammer (Clavecin) Germá Echeverri Chamorro (Violon) Production : Annett Hardegen Coproduction : Théâtre de Vidy Kaserne Basel Gessnerallee, Zurich Ringlokschuppen, Mülheim an der Ruhr HAU-Hebbel am Ufer Berlin Münchner Kammerspiele Avec le soutien de : Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture Fondation Ernst Göhner Pour-cent culturel Migros Kunststiftung NRW Commission danse et théâtre de Bâle-Ville et Bâle-Campagne Création le 24 septembre 2016 à la Kaserne, Bâle MAG 7 p. 19 23.03 – 26.03 Lieu à préciser Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 23.03 24.03 25.03 26.03 Durée : 1h30 En allemand surtitré en français Théâtre/Performance/ Musique Tarif S Programme Commun : lieu et horaires annoncés en décembre. Programmation complète disponible le 19 janvier. Hamlet EN TOURNÉE 2017 Ringlokschuppen Mülheim an der Ruhr Février 2017 HAU Hebbel am Ufer, Berlin Juin 2017 Gessnerallee, Zurich 5-6.10 17 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ENTRETIEN AVEC BORIS NIKITIN RÉALISÉ PAR LA VILLETTE, 2016 Dans cette version de Hamlet, vous explorez la question de réalité ? Depuis dix ans, la réalité et l’identité sont des sujets assez centraux dans mon travail. Je les traite sous la forme documentaire dans le théâtre, pour mener à la question de ce qui relève de la fiction ou de l’illusion. Ce qui m’intéresse c’est la création de l’identité sur scène. Or Hamlet est un bon exemple, parce que la plupart d’entre nous connaissent le personnage, et on se demande s’il est devenu fou ou s’il joue un rôle. Et c’est un peu ce que l’on essaie de faire avec cette création. Parce que Julian Meding est un performeur assez spécial, et on se demande si c’est un rôle de composition ou non. S’il joue Hamlet ou luimême. Donc il s’agit de questionner la réalité, d’étudier comment la construire, comment gérer la réalité et l’identité. En quoi la personalité de Julian Meding est importante pour ce rôle ? La plupart du temps, quand je développe un texte et un projet, je travaille avec le performeur. Et souvent, avec leur permission, j’inclus leur expérience personnelle utilisant des éléments biographiques, en ayant recours à la technique documentaire. Ce qui crée un sentiment incertain, à savoir s’il parle de lui-même ou s’il joue un rôle. Quand je l’ai conçue, je l’ai envisagée comme une pièce sur Hamlet et sur Julian à la fois. Pas tant sur sa vie, que sur son identité et sa vision du monde, son regard sur la société, sur les normes. Ou du moins la vision de son personnage, celui que l’on considère comme lui… en tant que performeur. Pourquoi avoir fait appel à un ensemble baroque pour la musique ? L’idée était de faire le lien avec le contexte historique de la pièce : le théâtre élisabéthain et baroque. De plus, comme Julian est musicien, c’était une combinaison intéressante avec sa musique. Au final, l’ensemble ne joue aucun morceau d’époque, mais on utilise des instruments historiques. Si on écoute un instrument baroque, comme la viole de gambe, on a immédiatement ce sentiment, même dans un contexte pop. Et puis, ma théorie, c’est que la période baroque est assez queer. Notamment dans la manière dont la sexualité est perçue, traitée et décrite à cette époque. C’est assez logique, car l’apparence de Julian, sur scène, est très baroque. Donc cette pièce rassemble le baroque et le queer-disco contemporain. Et vous questionnez l’identité queer en particulier ? Je voulais créer une nouvelle image d’un Hamlet sur scène. L’apparence de Julian sur scène, sans cheveux, sans sourcils, lui donne ce look queer, entre féminin et masculin, entre jeune et vieux, entre sain et malade. Donc ce n’est pas queer au sens de l’orientation sexuelle, mais dans tous les sens possibles de l’identité. Avec tous ces éléments vous créez une identité unique ? Au début, l’idée était qu’il y aurait sur scène quelqu’un de bizarre, qu’on aurait envie de rejeter mais qu’après un certain temps, on s’y habituerait. Le public s’interroge au début, puis au bout d’un moment l’accepte. Même inconsciemment, à force de passer du temps avec lui, de partager un espace avec lui, de le regarder, Julian commence à faire partie d’eux. Bien sûr, il a une pose rebelle : « je ne suis pas vous, vous n’êtes pas moi ». C’est un fait mais ce n’est pas grave, c’est la réalité. En mettant l’accent sur la différence, Julian remet en question le « nous » et crée en même temps la possibilité pour chacun de construire sa propre réalité et sa propre identité. Hamlet © Donata Etlin 18 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ROMEO CASTELLUCCI De la démocratie en Amérique Librement inspiré de l’essai d’ALEXIS DE TOCQUEVILLE Mise en scène : Romeo Castellucci Musique : Scott Gibbons Texte : Claudia Castellucci Romeo Castellucci Avec : Evelin Facchini Olivia Corsini Gloria Dorliguzzo Giulia Perelli Stefania Tansini Sofia Danai Vorvila Production : Socìetas Coproduction : deSingel International Artcampus, Anvers Wiener Festwochen, Vienne Printemps des Comédiens, Montpellier National Taichung Theatre, Taiwan Holland Festival, Amsterdam – Schaubühne am Lehniner Platz, Berlin Festival d'Automne à Paris avec la MC93-Maison de la Culture de Seine Saint-Denis, Bobigny Le Manège-Scène nationale de Maubeuge Teatro Arriaga Antzokia, Bilbao São Luiz Teatro Municipal, Lisbonne Peak Performances, Montclair State University Avec la participation de : Théâtre de Vidy, Lausanne Avec le soutien de : Ministero dei beni e attività culturali, Regione Emilia Romagna e Comune di Cesena Création le 8 mars 2017 au deSingel International Artcampus, Anvers MAG 7 p. 20 30.03 – 2.04 Salle Charles Apothéloz Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 30.03 31.03 1.04 2.04 Durée estimée : 2h En italien surtitré en français Théâtre Tarif S Programme Commun : horaires annoncés en décembre. Programmation complète disponible le 19 janvier. De la démocratie en Amérique EN TOURNÉE 2017 deSingel, Anvers 8-11.03 Schaubühne, Berlin 7-8.04 Teatro Arriaga Antzokia, Bilbao 21-22.04 Teatro Metastasio, Prato 27-30.04 Wiener Festwochen, Vienne 23-26.05 Holland Festival, Amsterdam 4-6.06 Festival Printemps des Comédiens, Montpellier 13-15.06 Festival d’Automne à Paris avec la Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny 12-22.10 Le Manège Scène nationale de Maubeuge 7-8.11 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE ROMEO CASTELLUCCI, FÉVRIER 2016 Ce spectacle n’est pas politique. Ce spectacle n’est pas une réflexion sur la politique mais plutôt, peut-être, une de ses conclusions possibles. En 1835, pour la première fois, un Européen détourne son regard du modèle athénien. Alexis de Tocqueville observe la formation des Etats-Unis d’Amérique, au moment où naît une nouvelle démocratie fondée sur les principes du puritanisme et de l’égalité des individus. Avec elle, on assiste au déclin de l’expérience de la tragédie en tant que forme de conscience et de connaissance politique de l’être. Le grand laboratoire artificiel de la négligence de l’être – la tragédie – a été définitivement mis au rebut ; l’expérience vitale et antibiotique, inhérente à la démocratie athénienne qui permet au citoyen assis sur les gradins du Théâtre de Dionysos, durant la brève durée d’un spectacle et hors de la démocratie même, de constater la dysfonction existentielle, d’écouter la plainte de la victime expiatoire et qu’aucune politique n’est en mesure de sauver, est déclarée obsolète. Plus aucun sacrifice, mais encore aucune politique. Plus aucun Dieu, mais encore aucune cité de l’homme. Une fois chassé le bouc émissaire, le couteau nous tombe des mains, le ciel est vide, neuf, bleu, froid. Il ne reste que le cérémonial vide qui célèbre la grandeur de cette perte. Lorsque le jeune aristocrate français Alexis de Tocqueville rentre d’un long voyage d’étude aux Etats-Unis en 1832, il publie un essai en deux tomes sur le nouveau système politique américain. Dans une œuvre qui deviendra fondamentale pour la réflexion politique occidentale contemporaine, Tocqueville décrit un nouveau modèle de démocratie représentative et en cherche les origines dans les mœurs, les coutumes, les idées, la conscience collective des anciennes colonies de la vieille Europe, désormais affranchies de leur tutelle et en marche vers un futur de refondation et de liberté. La démocratie américaine – la première qui ait été mise en place à l’époque moderne dans ces dimensions et cette radicalité – avait pu se constituer grâce au phénomène que Tocqueville nomme Puritan Foundation, c’est- à-dire l’apport des communautés puritaines qui ont jeté les bases d’une véritable égalité entre les hommes qu’elles trouvaient dans les Evangiles. Le vrai sujet de l’essai de Tocqueville cependant, ce n’est pas l’Amérique mais la démocratie elle-même, dont il étudie minutieusement et impitoyablement l’anatomie : la renaissance, sur un territoire vierge, d’un modèle politique usé par les siècles dans la vieille Europe. Tocqueville analyse les promesses d’une jeune démocratie et en montre en même temps les dangers et les limites, comme la tyrannie de la majorité, les menaces pesant sur la liberté intellectuelle face à la rhétorique populiste, les rapports ambigus entre intérêt général et ambitions individuelles. En même temps, le pouvoir du Nouveau Monde remettait en question sa propre représentation. Dans la Grèce classique, la tragédie était le double nécessaire et l’ombre de la démocratie athénienne. Avec De la démocratie en Amérique, Romeo Castellucci suit l’exemple de Tocqueville et se situe dans ce moment qui précède la politique et, une fois coupées ses profondes racines grecques, dans ce qui vient avant la naissance du théâtre, dans cet instant d’indétermination où les pieds nus piétinent encore les cendres tièdes de la fête désormais abandonnée des dieux, alors qu’on ne voit pas encore les débuts de la tragédie inventée par l’homme. Une œuvre qui évoque une célébration oubliée, un rite encore sans nom, dans laquelle le théâtre retrouve sa fonction première : être le double obscur et nécessaire du combat politique et des formes que prennent les sociétés de l’espèce humaine. 19 20 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 RIMINI PROTOKOLL Création à Vidy (STEFAN KAEGI/DOMINIC HUBER) Nachlass Conception : Rimini Protokoll Stefan Kaegi / Dominic Huber Vidéo : Bruno Deville Dramaturgie : Katja Hagedorn Assistanat conception : Magali Tosato Déborah Helle (stagiaire) Assistanat scénographie : Clio Van Aerde Marine Brosse (stagiaire) Conception technique et construction du décor : Théâtre de Vidy Traduction du surtitrage anglais : Elaine Sheerin Production : Théâtre de Vidy, Lausanne Coproduction : Rimini Apparat Schauspielhaus Zürich Bonlieu Scène nationale Annecy et la Bâtie-Festival de Genève dans le cadre du programme INTERREG France-Suisse 2014-2020 Maillon, Théâtre de Strasbourg - scène européenne Stadsschouwburg Amsterdam Staatsschauspiel Dresden Carolina Performing Arts Avec le soutien de: Fondation Casino Barrière, Montreux Le Maire de Berlin Chancellerie du Sénat Affaires culturelles Création le 14 septembre 2016 au Théâtre de Vidy 31.03 – 2.04 Salle René Gonzalez Durée : 1h45 Théâtre/Installation Programme Commun : lieu et horaires annoncés en décembre. Programmation complète disponible le 19 janvier. 21 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 TEXTE DE PRÉSENTATION DU SPECTACLE PAR ERIC VAUTRIN, 2016 Nachlass, de nach, après, et lassen, laisser. Nachlass, comme ce que laisse un défunt derrière lui. Le metteur en scène Stefan Kaegi et le scénographe et plasticien Dominic Huber, rejoints par le cinéaste Bruno Deville et la dramaturge Katja Hagedorn et assistés de Magali Tosato, ont enquêté sur la mort aujourd’hui. C’est en effet devenu un enjeu de société majeur : au cours du siècle dernier, l’espérance de vie en Suisse a augmenté de près de 40 ans. Grâce à une médecine de plus en plus performante, il devient possible de reporter la fin de la vie de plus en plus tardivement, alors que la législation accorde, à l’inverse, le droit de décider du moment et des circonstances de son propre décès. Et les questions liées à la fin de vie, à la solidarité entre les générations ou à l’impôt sur les successions sont âprement débattues. Ainsi la mort relie et condense aujourd’hui des enjeux personnels et familiaux, mais aussi éthiques, médicaux, économiques, urbanistiques, sociaux, culturels et spirituels, sans qu’il soit possible de les distinguer simplement. En quoi les lois et les progrès médicaux affectent-ils les choix personnels ? Quelle place pour les traditions et les rituels à l’heure de la globalisation et de la mort anticipée ? Pour y répondre, l’équipe rassemblée autour de Stefan Kaegi s’est rendue pendant deux ans dans des centres de soins palliatifs et des hôpitaux, dans des laboratoires scientifiques et des entreprises de pompes funèbres, auprès de médecins légistes, de neurologues et de notaires, dans des maisons de retraite et auprès de communautés religieuses – pour qui la mort est une affaire courante. Ils ont rencontré ensuite des personnes qui prévoient, pour différentes raisons, leur propre mort. Ils ont préparé avec certaines d’entre elles une chambre particulière mettant en scène leur nachlass, les traces de leur vie qui leur surviraient, ou la manière dont elles envisagent leur propre disparition: la mise en scène d’une transmission, d’un legs, d’un partage avant de partir. La distance inhérente à tout projet artistique a permis à ces personnes de se risquer à anticiper leur mort de leur vivant, en imaginant à quoi pourrait ressembler un espace qui évoquerait leur souvenir quand elles ne seront plus là. Un couple âgé, décidé à mourir ensemble, raconte sa vie et se rappelle sa jeunesse ; une femme réalise un rêve avant de mourir ; un père s’adresse à sa fille ; un scientifique examine techniquement ce qui lui survivra ; un Zurichois d’origine turque voit son décès comme un retour aux origines dans son pays natal. Les huit chambres ainsi préparées sont devenues autant des lieux de mémoire que l’occasion de confidences des absents aux présents. Chaque témoin a choisi la place qu’il donne aux hôtes de passage que nous sommes, et sa manière de transmettre quelque chose de sa vie. Il met en scène son absence autant que la situation d’écoute, et il nous parle. Les chambres sont ainsi autant de seuils entre la présence et l’absence, entre la vie et la mort, témoignage sensible de la seule expérience humaine à ne pouvoir être relatée. Créant ainsi une situation inédite éminemment théâtrale – la scène est toujours un seuil entre la fiction et le réel, l’absent et le présent – Nachlass s’adresse aux vivants et rappelle, s’il en était besoin, que les morts ne disparaissent pas avec le décès. Ils interviennent au contraire dans la vie des vivants et interagissent avec eux, dialoguent, influencent, proposent, invitent à entrevoir sa propre vie différemment. Ainsi, Nachlass n’expose pas l’œil noir et aveugle de la mort, mais dessine les contours des limbes d’aujourd’hui et montre comment, quoi qu’ils en disent, les vivants accueillent les défunts et cheminent avec eux. Ainsi le théâtre documentaire de Rimini Protokoll témoigne-t-il de la relation paradoxale que la société contemporaine entretient avec la mort. Car si notre modernité s’est caractérisée par son déni jusqu’à refouler les mourants hors de l’espace familial, dans l’anonymat de l’hôpital, elle n’a jamais été aussi médiatiquement exposée et socialement présente. Pourtant, cette récurrente mise en scène médiatique, médicale et sociale ne peut parvenir à surclasser le scandale de la disparition. De quoi est faite la vie que nous avons vécue, quel souvenir laisserons-nous, combien de temps les vivants l’entretiendront-ils, quel sera notre legs aux générations suivantes – restent des questions qui ne disparaissent pas avec les formulaires administratifs et les questions éthiques liées à la fin de vie. Et si prévoir n’est pas accepter, le souci de sa propre finitude est peut-être aussi la condition d’une vie sereine. Ainsi Nachlass, audelà de son témoignage social ou sociétal, rappelle à chacun ce qui le lie aux autres et à son temps, ce qu’il reçoit et ce qu’il transmettra. Nachlass © Samuel Rubio 22 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 DANIEL HELLMANN Requiem for a piece of meat Conception, mise en scène, chorégraphie et direction musicale : Daniel Hellmann Dramaturgie : Johanna-Yasirra Kluhs Décor et costumes : Theres Indermaur Direction musicale : Abélia Nordmann Lukas Huber Son : Lukas Huber Lumière : Ursula Degen Œil extérieur : Jessica Huber Musique : John Dowland, Lukas Huber, Marin Marais, Tarquinio Merula, Gérard Pape Avec : Giovanna Baviera Moonsuk Choi Géraldine Chollet Guacamole Lukas Huber Lena Kiepenheuer Krassen Krastev Florencia Menconi Nacho Garra Rufa Tatiana Saphir Rui Stähelin Diffusion : Florence Francisco Production : Daniel Hellmann – 3art3 Company – novantik project basel Coproduction : Théâtre de Vidy – Gessnerallee, Zurich – Theater Chur – Gare du Nord, Bâle – Nationaltheater, Mannheim Avec le soutien de : Département de la culture de la ville de Zurich – Canton de Zurich – Département danse et théâtre des cantons de Bâle-Ville et BâleCampagne – Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture – Pourcent culturel Migros – Fondation Christoph Merian – Fondation Sophie et Karl Binding – Fondation Nestlé pour l’Art Création le 23 mars 2017 à la Gessnerallee, Zurich MAG 7 p. 22 25.04 – 27.04 Salle René Gonzalez Mardi 25.04 19h00 Mercredi 26.04 20h00 Jeudi 27.04 21h00 Durée estimée : 1h30 Danse/Musique Tarif M VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Mer. 26.04 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation Requiem... EN TOURNÉE 2017 Gessnerallee, Zurich 23-29.03 Theater Chur 31.03-1.04 Gare du Nord, Bâle 4-7.04 Nationaltheater, Mannheim 8-9.04 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 23 NOTE D’INTENTION DE DANIEL HELLMANN, 2016 Un espace vide, blanc, neutre. Une coulisse de théâtre en arrière-plan. Une forêt. Des corps pénètrent la scène. Ils paraîssent étrangement exposés, leur peau rejette une lumière éblouissante. Exposés, délivrés. Ils sont beaux. Ils sont la chair. Du fond de leurs corps s’élèvent des bruits, ils respirent, mâchent, tuent. Ou bien estce que ce serait les porcs derrière la scène? Requiem for a piece of meat s’oriente, en sept images sonores et visuelles, le long d’un requiem musical. Des moments complexes et denses formés de corps en mouvement et silencieux explorent les relations entre êtres humains et animaux, entre matériaux sociaux et physiques. Un groupe de corps qui se transforme en producteur de son, en surface de friction, en chair vivante et dynamique. Des corps qui chantent de la musique sacrée, des respirations, de simples séquences qui retracent le mouvement des côtes, du diaphragme, des muscles et des tendons. Au milieu de l’espace, un arbre. Une chèvre y est attachée. Des humains se regroupent autour de l’animal. Un endroit protégé. Dans une lumière douce, tous les corps se fondent. Une union qui rend flou les différences entre les espèces. La campagne comme une sorte de fantaisie érotique. Merula. Une ligne vocale qui ne s’arrête jamais, même pas quand l’obscurité laisse disparaître l’image. Patterns dynamiques et mouvements se détachent des corps auquels ils seraient automatiquement attribués. On y voit l’idéal antique de la beauté corporelle, on entend le grognement des cochons au fond du Hadès. Les scènes plongent dans la pègre de notre société : est-ce le rejet de l’Animal dans l’Homme qui a rendu possible les cruautés des siècles passés ? Est-ce que, suivant la pensée de Marx, une société sereine est possible tant que le statut des animaux est inférieur à celui de l’humain ? Lumières et musique créent des contradictions autour de nos considérations habituelles. C’est la latence qui nous intéresse : comment peut-on suggérer sans prétendre ? Est-ce que nous pouvons tout doucement construire une fente dans laquelle chaque spectateur devient auteur de questions existentielles et troublantes au lieu d’affirmer de nouvelles vérités ? Comment est-ce qu’un questionnement radical peut-il être à la fois inquiétant et beau ? Assis face au public, ils mangent de la viande. Dans un silence total. Ils se servent de leurs mains. Pas de fourchettes, pas de couteaux. Une cérémonie de grill, un sacrifice rituel, un moment sensuel. On les entend engloutir, déglutir, des os qui cassent, des dents qui mâchent. On voit les mains, les doigts, les chairs et les langues d’une choréographie archaïque entre la vie et la mort. Un mouton se tient à côté d’eux. Quelqu’un joue de la viole de gambe. De quelque part, on entend le bruit des intestins. Requiem for a piece of meat (travail en cours) © Daniel Hellmann 24 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ANTOINE JACCOUD & GUESTS ÊTRE BÊTE(S) © Juniors Bildarchiv GmbH / Alamy Stock Photo Invité par le Théâtre de Vidy, l’auteur, dramaturge et scénariste Antoine Jaccoud propose d’explorer notre rapport omniprésent et paradoxal aux animaux. D'un côté, les partisans d'un adieu définitif aux bêtes au nom de l'éthique animale. De l’autre, ceux qui veulent tout à la fois manger les animaux et se faire consoler et guérir par eux. Compassion, violences et ambiguïtés, les ingrédients d’un drame théâtral sont réunis... ÊTRE BÊTE(S) se décline en plusieurs rendez-vous : l'exposition The Shimmering Beast, qui débute dès le 22 mars, la création d’un nouveau texte, Le Zoophile, confiée à Emilie Charriot et un temps fort qui déploie le sujet dans tous les espaces du théâtre, les 28 et 29 avril : deux jours de performances, lectures et débat consacrés à l’étonnante relation que nous entretenons avec les bêtes. DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION D’ANTOINE JACCOUD SUR « ÊTRE BÊTE(S) », 2016 J’ai commencé à accumuler de la documentation sur l’évolution de nos rapports avec les animaux voici quelques années. J’avais fait pareil dans le passé pour la grippe aviaire – En attendant la grippe aviaire, 2006 –, l’obésité – Obèses, 2011 – ou les problèmes d’enneigement de nos stations de ski – Désalpe, 2011. Autant de sujets et de thématiques qui ont donné lieu à des spectacles, à des débats, à des critiques, voire à des reprises – Désalpe a été adapté à la radio par la RTSI, puis présenté en audiovision dans divers lieux du Tessin. Cet usage augmenté de l’espace public est un peu la philosophie de Selma 95, compagnie créée en 2005 avec Françoise Boillat pour amener, par exemple, sur le plateau du Théâtre Saint-Gervais les rescapés de Srebrenica et se vouer ensuite à porter au théâtre divers « sujets de société » généralement choisis pour la rhétorique anxiogène de leur traitement dans les médias. S’agissant de nous et des bêtes, il me semblait qu’une proximité croissante et troublante orientait de plus en plus nos relations avec ces dernières. Mon intuition a trouvé de quoi se consolider dans mes lectures – la production académique sur ces questions est abondante –, ma fréquentation des récentes Journées Philosophiques de Bienne, consacrées à cette thématique et rassemblant un panel international de philosophes, ou par l’observation attentive et continue d’une voisine, qui gère un cheptel de cinq yorkshires tremblants. Quelque chose de très puissant se passe, probablement une véritable révolution – celle de l’ensemble de nos relations avec les animaux, de notre pacte passé avec elles –, mais une révolution polymorphe, voire contradictoire. Deux mouvements peuvent être en effet clairement identifiés aujourd’hui. L’un, dont les vegans constituent en quelque sorte la manifestation soft et les antispécistes la fraction dure, appelle à la transformation radicale de nos rapports avec les bêtes par l’interdiction absolue de les tuer, de les mutiler et de les détenir. Si j’extrapole les conséquences de ces principes, et c’est là que l’ex-sociologue laisse la place à l’auteur et au dramaturge, c’est une forme d’adieux aux animaux que ce courant prépare puisque seul le consentement mutuel (!) permettra une relation avec l’animal. L’autre tendance prône au contraire, mais probablement avec un respect non moins grand – quoique différent dans sa nature –, à l’égard de l’animal, un usage généralisé de celui-ci comme auxiliaire de santé. Ce courant, que l’on appellera ici celui de l’animal pansant, connaît un succès non moins retentissant que le veganisme. Récemment opéré à la clinique La Source, j’ai vu le chat appartenant à cet établissement – pour le bien des malades et non l’extermination des souris –, et une éducatrice m’a raconté il y a peu comment l’hippothérapie, largement mobilisée pour le soin des personnes dépendantes à l’alcool ou les enfants souffrant d’autisme, était utilisée également, même dans le canton de Vaud, pour la resocialisation des « racailles » les plus dures dans les institutions vouées à accueillir les jeunes en rupture scolaire. On le voit, la question de l’Animal est une puissante question sociétale dont le potentiel théâtral n’échappera à personne – cérémonies, spectacles, performances, lectures, conférences, retour de l’animal sur le plateau à l’heure où le cirque doit se passer de ses services. 25 26 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ÉMILIE CHARRIOT Création à Vidy Le Zoophile d’ANTOINE JACCOUD Texte : Antoine Jaccoud Mise en scène : Emilie Charriot Lumière : Yann Godat Costumes : Isa Boucharlat Avec : Jean-Yves Ruf Production : rue#917- Cristina Martinoni et Anne-Laure Sahy 26.04 – 3.05 La Passerelle Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Mardi Mercredi 26.04 27.04 28.04 29.04 2.05 3.05 19h30 19h00 21h00 21h30 19h30 19h30 Durée estimée : 1h15 Théâtre Tarif S VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 27.04 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation MAG 7 p. 24 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION D’ÉMILIE CHARRIOT, 2016 J’ai rencontré Antoine Jaccoud lorsque j’étais étudiante à la Manufacture. Ce dernier nous donnait un stage d’écriture radiophonique. J’ai immédiatement « accroché » avec cette personnalité, son univers, son humour. Nous avons formulé dernièrement un désir de collaborer ensemble pour la radio ou le théâtre. Faire entendre la pensée d’un auteur à travers un travail de monologue est pour moi un défi à relever. Il n’y a pas de recette qui marche pour cela. Il faut trouver une cohésion entre l’acteur et le texte, l’acteur et le metteur en scène, le metteur en scène et l’auteur, et le tout avec la lumière. Et il ne faut se tromper sur aucun de ces points fondamentaux. C’est toujours une aventure différente. La relation de confiance entre le metteur en scène et l’acteur est primordiale. Il faut littéralement entrer dans un univers littéraire. S’en imprégner suffisamment pour que tout respire les mots de l’auteur. L’air, le corps, la voix, les éclairages. Tout est à créer et jauger au millimètre, en allant dans ce sens. Lorsque cet auteur est vivant et qu’il peut travailler en tant que collaborateur sur la création, il s’agit d’une expérience précieuse, j’en ai bien conscience. Cela sera donc notre première collaboration avec Antoine Jaccoud, forte d’une complicité artistique et relationnelle, et d’une grande sympathie d’esprit. A l’heure actuelle, je ne peux qu’être brève dans mes intentions de mise en scène, simplement parce que le texte est en cours d’écriture. Un monologue est toujours un moment particulier dans la vie d’un acteur, une chance. Il faut avoir les épaules solides pour faire face, seul, au public… Souvent, le travail technique est de bonne augure pour un tel défi. Dans le cas d’un acteur de cinéma avéré, je pense que l’atout majeur n’est pas la technicité mais justement l’union avec l’univers de l’auteur. J’ai l’impression que le choix de l’acteur est un choix de « nature humaine » forte pour incarner un zoophile. Il faut un homme qui affleure de failles, dont les fractures sont visibles, palpables à chaque instant. Il faut plusieurs facettes. Le but est de perdre le spectateur, entre réflexion et émotion. Arriver à un point de perdition, au sein duquel il n’y a plus de jugement de valeur, mais quelqu’un qui, sous nos yeux, perd le contrôle des règles de savoir-­vivre, sociétales, sentimentales… Il s’agit d’une fracture. La scénographie sera constituée de l’acteur et d’un âne, et probablement quelques brebis. Et c’est tout. J’imagine reproduire avec sobriété, une atmosphère montagnarde (brume au sol, air frais, voire quelques gouttes de rosée, odeur de nature...). L’éclairage aura une place importante. 27 28 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ANNE GOLAZ The Shimmering Beast Exposition NOTE D’INTENTION D’ANNE GOLAZ, 2016 Mon parcours artistique est peuplé de figures animales et les questions du rapport aux bêtes apparaissent comme un motif récurrent dans mon travail photographique depuis son commencement. Ainsi surgissent des ombres portées dans lesquelles nous tentons de distinguer une forme animale ou humaine, ainsi se tracent et s’entremêlent des liens et des limites entre la société des hommes et le monde des bêtes. Pourtant il n’est pas question de définir ces rapports mais plutôt de faire apparaître, de faire miroiter ses complexités avec ses tensions et contradictions. Qu’il s’agisse de l’animal domestiqué – ou familial, presque humain ou presque objet, ou de la bête sauvage, qui pourtant ne l’est plus mais qui se dessine fructueusement dans nos désirs de liberté et d’authenticité, ou encore de créatures chimériques bien vivantes au coeur de mondes imaginaires ou de symboles identitaires. © Anne Golaz MAG 7 p. 24 22.03 – 29.04 La Kantina Photographie/Vidéo Entrée libre 29 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 MARTHE KELLER MATHIEU AMALRIC lecture de textes d’ANTOINE JACCOUD Textes : Antoine Jaccoud Lecture : Marthe Keller Mathieu Amalric 29.04 Les deux acteurs Marthe Keller et Mathieu Amalric lisent des textes d’Antoine Jaccoud écrits pour l’occasion, sur la scène de la salle Charles Apothéloz. Salle Charles Apothéloz Samedi 29.04 19h30 Lecture Tarif S Marthe Keller © Miguel Bueno MAG 7 p. 25 Mathieu Amalric © DR 30 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ALAIN BOREK Les Chiens d’ANTOINE JACCOUD Texte : Antoine Jaccoud Mise en lecture : Alain Borek Son : Alain Borek Lecture : Mathias Urban Françoise Boillat Thiphanie Bovay-Klameth Rebecca Balestra Baptiste Gilliéron Romain Daroles Claire Deutsch Production: rue#917 - Cristina Martinoni et Anne-Laure Sahy NOTE D’INTENTION D’ANTOINE JACCOUD, 2016 Une mise en lecture de la pièce Les Chiens constitue une seconde proposition de ce programme créé pour le Théâtre de Vidy. Ce texte a une histoire. Ecrit immédiatement après la mort du père de l’auteur pour prolonger une phrase de celui-­ci – « je pourrais compter ma vie en chiens » –, ce texte fut d’abord créé en 2005 au Théâtre National de Tuzla, en Bosnie-­ Herzégovine, avec l’appui du DFAE sous le titre de psi et interprété comme une évocation des deuils liés à la guerre de Bosnie. Il fut ensuite mis en lecture au Centre Dramatique de Chambéry par Denis Maillefer. En 2017, je souhaite confier à Alain Borek, ancien de la Manufacture et comédien aujourd’hui engagé dans de multiples aventures performatives, la responsabilité d’une nouvelle mise en lecture qui dise le caractère grotesque et touchant de ce texte – dont deux personnages sont des chiennes – et sache amener cet exercice à un haut niveau artistique et festif. MAG 7 p. 25 28.04 – 29.04 La Passerelle Vendredi 28.04 18h00 Samedi 29.04 15h00 Durée estimée : 1h10 Lecture Tarif S 31 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 GÉRALDINE CHOLLET Itmar Chorégraphie : Géraldine Chollet Son : Renée Van Trier Lumière : Dominique Dardant Costumes : Diane Grosset Conseil artistique : Fabrice Gorgerat Avec : Géraldine Chollet Et Les Tälerschwinger : Charles Dénervaud Jacques Chollet Raphaël Raccuia 26.04 Salle René Gonzalez Vendredi 28.04 17h30 Samedi 29.04 21h30 Durée : 35 min Danse/Musique Tarif S Coproduction : Théâtre Sévelin 36, Lausanne Avec le soutien de : Ville de Lausanne Canton de Vaud Loterie Romande SIG Fondation Nestlé pour l’Art Création le 14 mars 2015 au Théâtre Sévelin 36, Lausanne NOTE D’INTENTION DE GÉRALDINE CHOLLET, 2016 A travers Itmar, je revisite les archétypes féminins de mon enfance, dans un milieu paysan, religieux et patriarcal. De ce questionnement sur le décalage entre l’univers dans lequel j’évolue aujourd’hui – urbain, alternatif et féministe – et mes racines, est né le désir d’explorer la notion d’exotisme et de poursuivre une réflexion personnelle autour des racines et de l’intimité. Itmar est un rituel, un hommage décalé de la femme que je suis aujourd’hui à cet « idéal » féminin de mon enfance. Grâce à cette figure icônique, je questionne mon bagage familial, pour le transcender, en souligner l’extraordinaire, tout en créant une autre contre-culture de détournement du folklore suisse. MAG 7 p. 25 Itmar © Philippe Weissbrodt DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 ÊTRE BÊTE(S), C'EST AUSSI LES VENDREDI 28 ET SAMEDI 29 AVRIL, DEUX JOURS DE LECTURES, DÉBAT, SPECTACLES ET PERFORMANCES Ven. 28.04 Sam. 29.04 18h00 Lecture BOREK Les Chiens (env. 1h10) 21h00 Théâtre CHARRIOT Le Zoophile (env. 1h15) 15h00 Lecture BOREK Les Chiens (env. 1h10) 17h30 Danse CHOLLET Itmar (35 min) Débat « Etre bête(s) » (1h30) 19h30 Lecture KELLER/AMALRIC (env. 50 min) 21h30 Théâtre CHARRIOT Le Zoophile (env. 1h15) Danse CHOLLET Itmar (35 min) DÉBAT « Etre bête(s)» Samedi 29.04 17h30 La Passerelle Entrée libre De l’éthique animale à la mythologie, de l’affection aux connaissances scientifiques, les questions animales croisent l’ensemble des champs de la culture et de la recherche. Philosophes, scientifiques et artistes échangent leurs approches et leurs points de vue. Avec la participation, le samedi, de la compagnie-école de cirque et théâtre équestres Shanju, basée à Ecublens, et de ses animaux ; ainsi que d’étudiants-acteurs de la Manufacture à la suite d’un workshop avec Antoine Jaccoud au printemps. MAG 7 p. 25 32 © Sophie Calle/ADAGP, Paris 2016 Courtesy Galerie Perrotin « Quand ma mère est morte, j’ai acheté une girafe naturalisée. Je lui ai donné son prénom, et je l’ai installée dans mon atelier. Monique me regarde de haut, avec ironie et tristesse. » Sophie Calle 34 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 SOPHIE CALLE Histoires vraies Exposition 4.05 – 23.06 La Kantina Arts visuels Entrée libre © Sophie Calle/ADAGP, Paris 2016 Courtesy Galerie Perrotin Une exposition de Sophie Calle à Vidy en écho à l'exposition Miroir Miroir au mudac (31.05 au 1.10) MAG 7 p. 26 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 EXTRAITS D’HISTOIRES VRAIES, ÉDITIONS ACTES-SUD, 2013 Le nez J’avais quatorze ans et mes grands-parents souhaitaient corriger chez moi certaines imperfections. On allait me refaire le nez, cacher la cicatrice de ma jambe gauche avec un morceau de peau prélevé sur la fesse et accessoirement me recoller les oreilles. J’hésitais, on me rassura : jusqu’au dernier moment j’aurais le choix. Un rendez-vous fut pris avec le docteur F., célèbre chirurgien esthétique. C’est lui qui mit fin à mes incertitudes. Deux jours avant l’opération il se suicida. Le strip-tease J’avais six ans et j’habitais rue Rosa-Bonheur chez mes grands-parents. Le rituel quotidien voulait que je me déshabille tous les soirs dans l’ascenseur de l’immeuble et arrive ainsi nue au sixième étage. Puis je traversais à toute allure le couloir et, sitôt dans l’appartement, je me mettais au lit. Vingt ans plus tard, c’est sur la scène d’une baraque foraine donnant sur le boulevard Pigalle, que je me déshabillais chaque soir, coiffée d’une perruque blonde au cas où mes grands-parents qui habitaient le quartier viendraient à passer. Les chats J’ai eu trois chats. Félix mourut enfermé par inadvertance dans le frigidaire. Zoé me fut enlevée à la naissance d’un petit frère que j’ai haï pour cela. Nina fut étranglée par un homme jaloux qui, plusieurs mois auparavant, m’avait imposé l’alternative suivante : dormir avec le chat ou avec lui. J’avais choisi le chat. La cravate Je l’ai vu un jour de décembre 1985. Il donnait une conférence. Je le trouvai séduisant. Une seule chose me déplut : sa cravate aux tons criards. Le lendemain je lui fis parvenir anonymement une discrète cravate marron. Quelques jours plus tard, je le croisai dans un restaurant : il portait ma cravate. Elle jurait avec sa chemise. Je décidai alors de lui envoyer, tous les ans, pour Noël, un vêtement à mon goût. Il reçut en 1986 une paire de socquettes grises en soie, en 1987 un gilet noir en alpaga, en 1988 une chemise blanche, en 1989 des boutons de manchette, en 1990 un caleçon à motif de sapins de Noël, rien en 1991, et en 1992 un pantalon de flanelle grise. Le jour où il sera totalement vêtu par mes soins, j’aimerais le rencontrer. Le cou Il souhaitait me photographier avec son Polaroïd. Lorsque l’image parut, une ligne rouge barrait mon cou. Je ne voulus pas que ce cliché finît en des mains étrangères. Je demandais à le garder et me tins sur mes gardes dans les jours qui suivirent. Deux semaines plus tard, la nuit du 11 octobre, un homme tenta de m’étrangler dans la rue et me laissa inanimée sur le trottoir. 35 36 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 LA RIBOT Another distinguée Conception, installation et costumes : La Ribot Lumière : Eric Wurtz Réalisation de l'installation : Marie Prédour Victor Roy Avec : La Ribot Juan Loriente Thami Manekehla Production : La Ribot, Genève Coproduction: Théâtre de Vidy Latitudes contemporaines, Lille Centre Pompidou CND - Centre National de la Danse, Paris Teatros del Canal, Madrid FÊTE DE LA DANSE 2017 3 – 7.05 Salle Charles Apothéloz Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche 3.05 4.05 5.05 6.05 7.05 20h00 18h30 20h00 18h00 16h00 Durée : 1h20 Danse Tarif S VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Sam. 6.05 Création le 16 juin 2016 à Latitudes contemporaines, Lille à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation Another distinguée EN TOURNÉE 2017 Swiss dance days, Théâtre du Grütli, Genève 1-3.02 Théâtre du Grütli, Genève 4-12.02 Teatros del Canal, Madrid 20.02-5.03 Mercat de les Flors, Barcelone 10-11.03 Teatro Principal, Palma de Majorque 17-18.03 Centre Pompidou, Paris 29.03-3.04 Tramway, Glasgow Mai 2017 The Place, Londres Mai 2017 MAG 7 p. 28 37 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 PRÉSENTATION DU SPECTACLE PAR JAIME CONDE SALAZAR, 2016 Vingt-trois ans se sont écoulés depuis que La Ribot initia le projet des Pièces distinguées qui depuis n’a cessé de se déployer et de se transformer, révélant à chaque fois de nouvelles couches et significations. Courtes actions organisées en séries, où chaque série est un spectacle, les Pièces distinguées ont été présentées dans différents dispositifs qui vont de la scène de théâtre à la galerie d’art. Another distinguée, la nouvelle série qui est présentée en 2016, ajoute à l’œuvre des Pièces distinguées une nouvelle strate en l’amenant dans un lieu surprenant où tout ce qui a été fait auparavant se redéfinit. Another distinguée est une invitation à s’abandonner dans l’oubli et, paradoxalement, également un exercice de mémoire. La mémoire est capricieuse et ne tolère aucune tentative de contrôle sur ce qu’elle produit. La mémoire construit ses souvenirs comme s’ils étaient nouveaux à chaque fois: elle déplace, répète, invente, rajoute, réprime, etc. Another distinguée ne nous montre pas que de la nouveauté mais nous précipite vers l’inconnu. La clarté caractéristique des pièces antérieures s’est transformée en un espace d’ombres, en une obscurité graphique presque onirique dans laquelle le corps de La Ribot a cessé d’être un fétiche pour le regard du spectateur et est devenu une sorte de présence multipliée qui glisse et habite d’autres corps possibles. Héroïne et super héros, guerriers, sirènes, La Ribot et ses acolytes s’inventent et se créent une identité dans chaque pièce... pour mieux l’oublier par la suite. Another Distinguée © Anne Maniglier Another distinguée invite à s’aventurer dans un espace particulier, un lieu caractéristique et unique qui peut être désigné comme un « black cube ». L’espace appelle à l’expérience individuelle et directe : chaque spectateur est libre de décider où et comment il veut être à chaque moment. Cependant, à cette occasion il ne devra pas seulement tenir compte des autres personnes qui l’accompagnent dans l’espace : Another distinguée n’est pas uniquement fait d’ombres. Une énorme présence obscure, opaque et inquiétante domine le lieu, établissant un principe d’invisibilité qui multiplie à l’infini les points de vue possibles, et limite profondément chaque tentative de contrôler visuellement ce qui se déroule. Another Distinguée © Collectif des Routes 38 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 CINDY VAN ACKER Anechoic FÊTE DE LA DANSE 2017 Chorégraphie : Cindy Van Acker Assistanat : Stéphanie Bayle Musique : Pan Sonic Avec : Des élèves de la Manufacture – Haute école des arts de la scène du Marchepied – Compagnie Junior de danse contemporaine et du Ballet Junior de Genève (distribution en cours) Production : Cie Greffe Coproduction : P.A.R.T.S Vrijstaat O La Compagnie Greffe bénéficie d’une convention de soutien conjoint de la Ville de Genève, du Canton de Genève et de Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture depuis 2009. Création le 4 juillet 2014 au Vrijstaat O, Ostende Spectacle présenté à Vidy en collaboration avec la Fête de la Danse JEUDI 4 MAI : VIDY FÊTE LA DANSE Ouverture de la Fête de la danse 2017 à Vidy (du 4 au 7 mai à Lausanne et dans toute la Suisse) 18h00 Cours Histoire des avant-gardes de la danse (entrée libre, sur rés.) - 1h00 18h30 Représentation d’Another Distinguée de La Ribot 19h00 Présentation de l’installation et du clip-danse de la troupe amateur ENSEMBLE (entrée libre) - 30 min 19h45 Apéritif d’ouverture 20h45 Représentation d’Anechoic de Cindy Van Acker 22h00 Vidy fête la danse : dancing party Plus d‘infos : fetedeladanse.ch MAG 7 p. 29 4.05 Jeudi 4.05 20h45 Danse En plein air, rendez-vous 15 min avant le début du spectacle au Théâtre de Vidy Entrée libre pour les Adhérents de Vidy et les détenteurs du Pass Fête de la Danse 2017 Anechoic EN TOURNÉE 2017 Fête de la Danse Genève 3.05 Zürich Tanzt 5.05 Fête de la Danse, Sierre 6.05 39 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE CINDY VAN ACKER, 2014 Le ciel, l’horizon, une vue à l’infini. La mer, la courbe cotidale, la plaine de la plage. La couleur de toute cette matière. L’ensemble forme un monochrome. 53 danseurs. Je pense Anechoic comme un monochrome vivant, dans lequel le regard peut se perdre. Comme dans un vide sans fond où tout tombe vers le bas sans fin. Comme le son qui se perd dans un champ libre, le son qui ne résonne pas, qui a perdu son écho. PRÉSENTATION DU SPECTACLE PAR ANNE DAVIER, 2015 La pièce Anechoic de Cindy Van Acker est écrite pour 53 danseurs. Elle s’inscrit dans un vaste paysage et débute au crépuscule. Au début, les danseurs côte à côte forment une ligne sombre au lointain. A la fin, ils sont dispersés à terre, proche du public. Entre ces deux moments, ils auront franchi plus d’une centaine de mètres dans la nuit tombante et le silence, se seront emboîtés en duos, auront délaissé leurs vêtements foncés sur le sol et cassé la ligne et la rythmique originales. Plus qu’une danse, Anechoic construit un paysage qui se dérobe peu à peu à la contemplation pour s’ordonner aux corps en mouvement. Sa partition se développe dans l’espace à plusieurs échelles. Très loin, les 53 danseurs forment des ribambelles, oscillent et se posent comme des notes sur une portée musicale. S’approchant, leur masse compose une société soudée mais jamais cimentée, jamais immobile. Quand le groupe se désagrège, les danseurs dessinent une cataracte de formes, comme si l’on avait déversé sur le sol un amas de joyaux tandis que la lumière et le son inondent l’espace. Les duos croissent, s’absorbent mutuellement et formulent en canon un drama implicite. Les corps sont plastiques, et cette plasticité les met en rapport direct avec le paysage. Derrière, la vaste étendue, l’espace vide, mais non point inerte. Dynamisé, il est peuplé de vibrantes aspérités et de traces laissées par le passage du groupe. Le paysage et la danse sont ici pensés ensemble. Et c’est cette danse de l’espace qu’il s’agit aussi de capter. Car Anechoic intensifie réellement le paysage et les expériences que l’on peut en faire. Anechoic © Cindy Van Acker 40 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 MOTUS MDLSX Mise en scène et dramaturgie : Enrico Casagrande Daniela Nicolò Collaboration artistique : Paolo Panella Damiano Bagli Lumière et vidéo : Alessio Spirli Son : Enrico Casagrande Avec : Silvia Calderoni Production : Motus-Elisa Bartolucci et Valentina Zangari Avec le soutien de : MIBACT Région Emilia Romagna 9 – 13.05 Salle René Gonzalez Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 9.05 10.05 11.05 12.05 13.05 19h30 19h30 19h30 19h30 19h30 Dès 16 ans Durée : 1h20 En italien surtitré en français et en anglais Théâtre/Performance Tarif M VIDY Création le 11 juillet 2015 au Festival de Santarcangelo, Rome INTRODUCTION AU SPECTACLE Mer. 10.05 à 18h30 RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 11.05 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation MDLSX EN TOURNÉE 2017 Arts center Vooruit, Gand 26-27.01 Maxim Gorki Theater, Berlin 16-18.02 Teatro Metastasio, Prato 23-26.02 MA scène nationale, Montbéliard 12.04 Le Liberté, Toulon 27-28.04 MAG 7 p. 30 41 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 PRÉSENTATION DU SPECTACLE PAR UN FAUTEUIL POUR L’ORCHESTRE , AVRIL 2016 Une performance coup de poing, intelligente et subtile, sans esbroufe et sans autre provocation que sa vérité, vérité subversive, magnifiquement transgressive et terriblement indispensable, nécessaire. Une création qui interroge le genre. Sujet ô combien brûlant aujourd’hui et qui fait débat jusqu’à tomber dans le rance et l’abject. Là nous avons une réponse cinglante et sensible, sans pathos, d’une force et d’une violence formidable et menée avec une énergie folle. MDLSX est un objet hybride, musical, performatif, un hymne à la liberté absolue et à la création de soi. L’un n’allant pas sans l’autre. Entre fiction et autobiographie, refusant le victimisme, Silvia Calderoni et la compagnie Motus (Enrico Casagrande et Daniela Nicolo) démontent et dénoncent les mécanismes sociaux, politiques et économiques qui imposent la catégorisation des sexes au détriment du genre. Le sexe n’est pas le genre n’en déplaise aux tenants de la morale normative. Fragments de biographie, dont ceux de Silvia Calderoni, et fragments littéraires (Pasolini, Virginia Woolf, Jeffrey Eugenides) font la trame d’un récit implacable, sans victimisme, d’une métamorphose, d’une liberté conquise. La frontière est volontairement brouillée entre la fiction et la réalité. Parce que ce qui s’énonce là, ce qui est dénoncé, dépasse très vite le cas particulier pour une portée plus générale. Défense et illustration magistrale en quelque sorte de la théorie du genre. Où il ressort que la première identité que l’on prend est celle de l’insulte qui nous est donnée. Chaque chapitre, chaque marche vers l’appréhension, la conquête de soi, sont menés tambour battant, accompagnés d’une playlist affolante. Chaque track est plus qu’une illustration sonore, c’est un discours, un écho qui rehausse d’un cran ce qui s’énonce sur le plateau. Comme ces chansons qui vous aident à vivre parce qu’elles sont pile-poil le reflet de nos sentiments quand les mots viennent à manquer et que tout se barre en sucette. Alors se déhancher dessus ça fait du bien aussi, il faut que le corps, ce monstre, cette chimère, exulte sa rage, empoigne sa vérité intime, sa conviction d’être ce qu’au fond de lui il n’ignore pas. Comment une petite fille devint ce qui était pour lui une évidence, un garçon. Silvia Calderoni irradie le plateau de sa présence, de son humour, de son urgence à être. Elle sidère par sa rage et sa force. Le corps en avant, fière androgyne, elle n’élude rien. Pas de faux semblant ni de compromis. C’est cash. Et puis il y a cette conclusion incroyable où découvrant ce fils qu’il ignorait le père pose cette question: « N’était ce pas plus simple de commencer par là ? ». MDLSX © Renato Mangolin MDLSX © Diane Ilariascarpa MDLSX © Simone Stanislai 42 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 DORIAN ROSSEL Voyage à Tokyo d’après le scénario de YASUJIRŌ OZU et KŌGO NODA 11 – 13.05 Scénario : Yasujirō Ozu Kōgo Noda Mise en scène : Dorian Rossel Scénographie : Manon Fantini Clémence Kazémi Sibylle Kössler Dramaturgie : Carine Corajoud Collaboration artistique : Delphine Lanza Lumière : Abigail Fowler Costumes : Amandine Rutschmann Assistanat mise en scène et dessins: Clément Lanza Avec : Rodolphe Dekowski Xavier Fernandez-Cavada Delphine Lanza Yoshi Oïda Fiona Sanmartin Elodie Weber Et les musiciens : Alexandre Muller Ramirez, Immanuel de Souza Diffusion : Emilie Henin (Bureau Formart) Production : Cie STT Coproductions : Théâtre Forum Meyrin – Maison des Arts de Créteil – TPR - Centre Neuchâtelois des Arts Vivants – La Garance Scène Nationale de Cavaillon – Théâtre Paris Villette Avec le soutien de : Fondation Meyrinoise du Casino – Loterie Romande Genève – Corodis – Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture – Pour-cent culturel Migros – Fondation Ernst Göhner La Compagnie STT est conventionnée avec les Villes de Lausanne, Genève et Meyrin et avec le Canton de Genève. Elle est en résidence et associée au Théâtre Forum Meyrin et à la Garance, Scène Nationale de Cavaillon. Création le 28 septembre 2016 au Théâtre Forum Meyrin, Genève MAG 7 p. 32 Salle Charles Apothéloz Jeudi 11.05 19h00 Vendredi 12.05 20h00 Samedi 13.05 17h00 Durée : 1h25 Théâtre/Musique Tarif M VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Ven. 12.05 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation Voyage à Tokyo EN TOURNÉE 2017 DSN Scène Nationale de Dieppe 16.05 43 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE STT, 2016 Les films de Ozu sont une source d’inspiration pour notre travail. Nous les avons découverts lors de la création de Quartier lointain en 2009, dont l’auteur Taniguchi a été influencé par le travail de Ozu. Après cette première exploration, nous désirons poursuivre cette recherche. Plus Ozu avance dans sa carrière, plus il épure les traits de son cinéma. Il opte pour des plans fixes à hauteur de tatami et déplace la caméra de manière précise. Les ponctuations opérées par le montage sont quelques coupes placées comme des respirations. Ses scènes se passent dans des intérieurs et se centrent sur les liens de famille. Sur le plan esthétique, cette recherche d’une ligne épurée caractérise nos choix de mise en scène qui rompent avec un traitement réaliste. Par un travail de transposition à travers des métaphores scéniques, il y a une manière de raconter l’intériorité des personnages sans recourir à un appareil psychologique. Nous voulons inviter le spectateur à s’immiscer dans le spectacle de manière suggestive, en restant plus évocateurs qu’explicatifs. Cela libère, selon nous, l’imaginaire et l’émotion, tout en donnant au spectateur une place active. Jusqu’alors, nous avons déjà interrogé notre pratique de la scène par la transposition d’univers textuels non issus du répertoire théâtral (roman, cinéma, BD). En reprenant une matière cinématographique, nous cherchons la porte d’entrée à la profondeur de l’univers de Ozu qui, par des situations très concrètes, trouve le moyen d’ouvrir sur l’universel. Cela suppose de trouver des transpositions scéniques qui donnent à voir et à entendre le goût d’une réalité qui nous dépasse. En décontextualisant les mots de l’image réelle, en les faisant résonner sur la scène, il y a aussi matière à les faire entendre différemment. Quelles métaphores pour toucher l’intimité et l’intériorité des films, la force des situations décrites ? Comment transposer les sentiments intérieurs par des actions concrètes ? A quelle intensité placer le jeu des comédiens ? Quels univers visuels et musicaux ? Quel rapport entretenir avec le public ? Cela ne signifie pas une économie de moyens, mais au contraire d’utiliser la dimension spectaculaire du théâtre pour amplifier les traits sans perdre la qualité et la finesse du langage cinématographique. Nous voulons trouver la force et la dimension percutante de Ozu en créant une partition sonore et visuelle pour exprimer les enjeux que traversent les personnages, captés à un moment crucial de leur existence. Voyage à Tokyo © Carole Parodi 44 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 TÊTE DANS LE SAC - MARIONNETTES Aman’ Aman’ Tout public dès 8 ans Conception, texte, création marionnettes et interprétation : Cécile Chevalier Franck Fedele Collaboration texte : Adeline Rosenstein Musique : Géraldine Schenkel Fred Commenchal Pascal Demonsant Lumière : Flore Marvaud Assistanat mise en scène : Laurent Frattale Production : Tête dans le Sac - Marionnettes Coproduction : Théâtre des Marionnettes de Genève CRéAM - Centre Régional des Arts de la Marionnette, Dives-sur-mer Avec le soutien de : Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture Loterie Romande Fondation Ernst Göhner Société Suisse des Auteurs Création le 4 mai 2016 au Théâtre des Marionnettes de Genève MAG 7 p. 33 16 – 20.05 La Passerelle Mardi 16.05 14h15 s 18h30 Mercredi 17.05 18h30 Jeudi 18.05 14h15 s 18h30 Vendredi 19.05 14h15 s 18h30 Samedi 20.05 16h30 Durée : 55 min Théâtre/Marionnettes/ Musique Tarif S 45 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE LA COMPAGNIE TÊTE DANS LE SAC, 2016 A travers les histoires simples d’un musicien, d’une jeune fille fuyant la guerre, de deux lapins nostalgiques du « pays », de deux « zozios migrateurs » en quête de liberté, le public découvrira les musiques du bassin méditerranéen. Ces histoires seront ponctuées d’événements scéniques faisant appel aux registres documentaire et musical. Musiciens et marionnettes, engagés ensemble sur le plateau, rempliront de vie et de musique un castelet modulable permettant un voyage à travers une multitude d’espaces. Nos marionnettes interpréteront cette histoire d’amitié, de séparation et de rencontres musicales, abordant par ce biais des thèmes majeurs contemporains : l’exil et les migrations. Bien que ces thèmes puissent être délicats à aborder, nous savons que la naïveté, l’humour et la poésie propres à nos marionnettes nous permettront de proposer une œuvre originale où les émotions profondes pourront être mises à distance par le rire, la musique et des contenus ethnomusicologiques. Les exils entraînent dans leurs déplacements ce que les hommes peuvent emporter. La musique et les chansons, porteuses de mémoire et expression de vie, continuent d’être et de se transformer là où se déplacent les exilés. Dans cette époque de crispations identitaires, nous voulons rappeler que nos héritages culturels partagés sont le fruit de ces fluctuations. Aman’ Aman’ © Florence Guillermin A notre époque, où les mouvements migratoires s’intensifient et divisent le monde, entre Nord et Sud, Est et Ouest, Orient et Occident, il nous paraît fondamental d’aborder le sujet de la migration avec la jeune génération, et de rappeler qu’elle est profondément liée à l’histoire de l’humanité, que nous sommes nous-mêmes le produit de nombreuses migrations, humaines et culturelles. Ce sujet est arpenté à travers l’histoire des migrations musicales en ce qu’elles proposent un point de vue porteur d’espoirs sur la capacité humaine au métissage pacifique et créatif. La musique est un domaine où les particularismes culturels peuvent s’exprimer sans conflit. D’avoir un jour été ému par un chant d’origine lointaine, même sans en comprendre les paroles ou d’avoir été entraîné par un rythme venu d’ailleurs, de telles expériences nous amènent à prendre conscience de l’unité de la nature humaine, une unité qui ne s’oppose pas à sa diversité mais qui s’en nourrit. Il ne s’agit pas de tolérer l’autre malgré sa différence mais de l’accepter dans sa différence, car elle a quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes. Là réside l’un des plus grands défis que nous impose le monde contemporain. « Très souvent utilisée comme justification ou comme prétexte pour exécuter d’innombrables crimes, l’identité devrait être redéfinie en relation avec tout ce qui est universel, avec tout ce qui nous traverse, nous sculpte, s’inscrit en nous, en chacun de nous. Ainsi l’identité ne serait plus l’affirmation d’une frontière, d’une cuirasse, d’une forteresse, d’un dedans ou d’un dehors. Identité signifierait identifier le mouvement ininterrompu du monde en moi, en toi, en lui, en elle, en ça, en cela, en vous, en nous, en eux. Identité signifierait dialogue, transfert, connaissance et découverte de l’autre en moi et de moi même en l’autre, par la conjugaison vivante et collective de tous les verbes qui sont et à venir. » JORGE LOPEZ PALACIO, MA VOIX NOMADE Aman’ Aman’ © Carole Parodi 46 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 DEAD CENTRE Chekhov’s First Play d’après Platonov de WILLIAM SHAKESPEARE 17 – 20.05 Texte : Anton Tchekhov Bush Moukarzel Ben Kidd Mise en scène : Bush Moukarzel Ben Kidd Scénographie : Andrew Clancy Chorégraphie : Liv O’ Donoghue Lumière : Stephen Dodd Son : Jimmy Eadie Costumes : Saileóg O’ Halloran Effets spéciaux : Grace O’ Hara Maquillage : Bridge Lucey Avec : Distribution en cours Production : Battersea Arts Centre, Londres Irish Arts Center, New York Coproduction : Dublin Theatre Festival Baltoscandal, Rakvere Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine NXTSTP avec le soutien du programme culturel de l’Union européenne Avec le soutien de : Culture Ireland Création le 24 septembre 2015 au Samuel Beckett Theatre, Dublin MAG 7 p. 34 Salle Charles Apothéloz Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 17.05 18.05 19.05 20.05 20h00 19h00 20h00 17h00 > Durée : 1h10 En anglais surtitré en français Théâtre Tarif M VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 18.05 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation 47 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 TEXTE SUR LE SPECTACLE PAR JULIE CADILHAC LA GRANDE PARADE, 2016 L’ennui règne dans le domaine d’Anna Petrovna, jeune veuve...même en compagnie de quelques amis venus profiter de la campagne. Alors on attend Mikhaïl Vassilievitch Platonov, intellectuel hâbleur issu de la petite noblesse, jouisseur et séducteur, qui a choisi d’être instituteur à la campagne par dépit contre la société. Ce personnage en apparence d’humeur plaisante et joyeuse se fait vite remarquer, pourtant, par son cynisme et son désespoir...Enfin ça, c’est ce qui se passe dans la pièce originale...Le Dead Centre propose quant à lui une version aussi singulière que personnelle de cette première pièce de Tchekhov, composée à l’âge de 18 ans. Très vite, en effet, la pièce bascule, l’on s’éloigne des mots du dramaturge pour laisser place à l’improvisation de comédiens au bord de la crise de nerfs. Un « dérapage existentiel » surprenant - et aussi drôle que source de réflexions sur nous-mêmes - qui aboutit à la destruction totale de la représentation. Tout le monde sait qu’on ne se méfie jamais trop d’une conversation. Son potentiel dramatique est sans limite. Jusqu’à la catastrophe. De là donc à en imaginer une dramaturgie, il n’y a qu’un pas - farceur - dans lequel a eu envie de plonger la compagnie du Dead Centre. Fondée à Dublin en 2012 par Bush Moukarzel et Ben Kidd, le Dead Centre a créé au Dublin Fringe en 2012 sa première pièce, Souvenir, présentée ensuite à Londres et New York en 2013. Chekhov’s First Play est leur second projet, créé en octobre 2015. Le postulat de départ est simple : si Anton Tchekhov est un dramaturge d’une excellence incontestable, sa première pièce - erreur de jeunesse? - n’a pas encore son génie...mais elle a croisé des acteurs givrés qui lui ont superposé d’autres lignes de lecture et de jeu qui provoquent - dans un premier temps autant l’amusement que la confusion chez le spectateur qui tente vainement d’embrasser dans sa globabilité le dialogue issu de la pièce originale et les commentaires décrochés du metteur en scène un tantinet nombriliste qui aurait besoin d’une psychanalyse...comme le reste de la troupe. Donc tout part de là...de cette parenthèse russe en villégiature qui dérape - Bien heureux saurait dire à quel moment exactement ! Et tandis qu’on s’éloigne progressivement de l’intrigue de Platonov, comédiens et public s’étourdissent de digressions existencielles et voilà l’occasion de nourrir une métaphore filée étonnante sur la vie, le rôle du théâtre, l’identité, la projection sur l’autre, le poids des conventions sociales... La première pièce de Tchekhov annonce déjà les suivantes, met déjà en place des thématiques qui lui seront chères, fait intervenir des personnages qui reviendront ensuite. Le Dead Centre s’amuse à nous le rappeler...par intention pédagogique? Pensez-vous ! Il plaisante de la tendance naturelle d’un certain théâtre à les souligner...et, à l’allusion délicate et subtile d’une métaphore qu’il pourrait ménager, préfère bousculer avec l’allégorie fracassante. Finis les repas conventionnels où les passions, les ressentiments et les impulsions s’étouffent ou ne dépassent pas l’éclat du verbe, là les visages et les corps éclatent et impriment les émotions sans retenue. D’ailleurs, on nous rappelle : il y a un pistolet dans chaque pièce de Tchekhov, sauf dans la dernière, parce que dans la dernière, il faut enfin être courageux et affronter la vie. Mais ici, comme le dramaturge en a ajouté un, tout le monde est tenté d’appuyer sur la gachette et de s’exposer au jeu de la roulette russe...Soyez prêts ! Chekhov’s First Play est un delirium à l’ambiance sonore surprenante où autour d’un Platonov qui n’a aucun libre-arbitre, spectateur de lui-même et de ses compagnons de villégiature, s’agitent des personnages-acteurs qui en décousent avec le quatrième mur et l’existence. Un chant du cygne délirant qui tourne presque au grand-guignolesque portée avec une troupe à la pêche communicative et à la singularité remarquable ! Chekhov‘s First Play © Jose MIguel Jimenez 48 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 WAJDI MOUAWAD Seuls Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad Dramaturgie et écriture de thèse : Charlotte Farcet Conseil artistique : François Ismert Scénographie : Emmanuel Clolus Lumière : Eric Champoux Costumes : Isabelle Larivière Son : Michel Maurer Musique : Michael Jon Fink Vidéo : Dominique Daviet Assistanat mise en scène : Irène Afker Avec : Wajdi Mouawad Production : La Colline – Théâtre national Coproduction : Au Carré de l’Hypoténuse, France Abé Carré Cé Carré, Québec Espace Malraux - Scène nationale de Chambéry et de la Savoie le Grand T-théâtre de Loire-Atlantique Théâtre 71-Scène nationale de Malakoff la Comédie de Clermont-Ferrand-Scène nationale Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées le Théâtre d’Aujourd’hui, Montréal le manège.mons Avec le soutien de : Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme « New Settings » Le texte Seuls : Chemin, texte et peintures est publié chez Leméac / Actes Sud-Papiers Création 2008 MAG 7 p. 36 30.05 – 3.06 Salle Charles Apothéloz Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 30.05 31.05 1.06 2.06 3.06 19h00 20h00 19h00 20h00 17h00 Durée : 2h Théâtre Tarif M VIDY INTRODUCTION AU SPECTACLE Mer. 31.05 à 19h00 Entrée libre, sans réservation Seuls EN TOURNÉE 2017 Sortie Ouest, Béziers 17-19.01 Le manège.mons 28-29.03 Le Maillon – scène nationale de Strasbourg 27-29.04 Théâtre national Populaire centre dramatique national, Villeurbanne 10-13.05 et 20-21.05 > 49 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 WAJDI MOUAWAD À PROPOS DE SEULS DANS SEULS, CHEMIN, TEXTE ET PEINTURES, ÉDITIONS LEMÉAC/ACTES SUD-PAPIERS, 2008 Ce qui est beau avec le théâtre, c’est que parfois il n’existe pas. En ce sens, si Seuls est du théâtre, Seuls n’est pas forcément une « pièce de théâtre ». Tout au plus le titre d’un « spectacle de théâtre ». Cette différence a pris tout son sens avec Seuls : Son apparition, sa fabrication, son évolution, m’ont conduit dans des endroits qui, sans être nouveaux pour bien des artistes, l’étaient pour moi qui m’y aventurais pour la première fois. Il faut dire qu’après Littoral, Incendies, Forêts, je cherchais une manière d’écrire différente. Mais cela ne se fait pas ainsi. Cela ne peut pas être que musculaire. On ne change pas sa respiration comme ça. Pour cela, il faut une aventure. Il faut tomber de haut. Il faut casser l’outil qui nous a permis de survivre jusquelà, il faut le haïr, le tuer même. Seuls se cabrait, se taisait, s’en allait, lorsque j’écrivais avec le même lyrisme que d’habitude, dès que je tentais un peu de poésie... Seuls ne semblait accepter que les mots du quotidien. Condamnés à leur banalité, ils m’auront fait marcher sur des routes qui me terrorisaient tant elles me semblaient ennuyeuses. Mais elles étaient les seules à être tolérées par le spectacle. Il fallait les suivre sans savoir où elles allaient mener, sans savoir que nous allions, l’équipe de création et moi-même, déboucher dans une clairière douloureuse où virevoltait un oiseau splendide qui avait la forme d’un mot : polyphonie. Un oiseau polyphonique nous a indiqué la voie : Seuls est un spectacle de théâtre qui repose sur une polyphonie d’écriture. Ce mot-là a été prononcé en répétition par la dramaturge, Charlotte Farcet, alors que nous tentions de comprendre pour quelle raison ce que nous construisions ne fonctionnait pas. Huit semaines de répétitions n’avaient conduit qu’à une série de propositions disparates de projections vidéo, montages sonores et musicaux, que j’avais réalisés moi-même. Si chaque chose était intéressante en ellemême, l’ensemble était morne. Charlotte a dit à peu près ceci : « Je crois que nous nous trompons sur la nature de l’écriture du spectacle. Elle n’est pas seulement les mots écrits ; mais aussi les vidéos tournées, les sons captés, les voix enregistrées. Tout cela est écriture. Nous nous entêtons à travailler sur un rapport mot/acteur qui serait appuyé par la scénographie, le son... Nous nous entêtons à mettre en scène d’abord ce rapport, avant d’ajouter le reste ! Nous nous trompons. Nous devons les voir comme de l’écriture textuelle, les mettre en scène tout de suite comme des répliques ; ne travailler que sur les mots, c’est comme ne travailler que sur une partie du matériau. » C’est alors que nous avons commencé à regarder autrement. Nous avons quitté cette clairière miraculeuse pour pénétrer dans une forêt plus dense mais nouvelle pour moi. Polyphonie par les mots, les vidéos, les sons, la musique, la lumière, les costumes, le silence. Le spectacle s’est construit millimètre par millimètre avec toujours la question de l’entrelacement des écritures et de la polyphonie. Ce travail a perduré jusqu’à la première et au-delà. Ainsi en va-t-il de la création de Seuls en 2008, qui a depuis été représenté plus de 150 fois à travers le monde. Seuls © Thibaut Baron 50 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 YAN DUYVENDAK/OMAR GHAYATT Still in Paradise Conception et scénographie : Yan Duyvendak Omar Ghayatt Traduction : Georges Daaboul Collaboration scénographie : Sylvie Kleiber Avec : Georges Daaboul Yan Duyvendak Omar Ghayatt Production déléguée : Dreams Come True, Genève Avec le soutien de : Ville de Genève République et Canton de Genève Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture Fondation Meyrinoise du Casino Loterie Romande Fondation Leenaards Création le 13 octobre 2016 au Théâtre Forum Meyrin, Genève 6 – 10.06 Salle René Gonzalez Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 6.06 7.06 8.06 9.06 10.06 19h00 20h00 19h00 20h00 17h00 Durée : 2h30 En français et arabe Théâtre/Performance Performance déambulatoire (possiblité de s’asseoir ponctuellement) Tarif M VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES Jeu. 8.06 à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation MAG 7 p. 38 51 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE YAN DUYVENDAK ET OMAR GHAYATT, 2016 Made in Paradise, créé par Yan Duyvendak, Omar Ghayatt et Nicole Borgeat en 2007, s’attaquait à un phénomène social, politique et médiatique qui alimente quotidiennement l’actualité depuis le 11 septembre 2001 et même avant : la peur de l’Islam. On ignorait tout de l’Islam, mais depuis l’effondrement des Twin Towers, l’Autre avait fait irruption dans nos salons de manière effrayante. Le Printemps Arabe de 2011 semblait, le temps d’une jolie saison, avoir dissipé ces peurs : les pays proche-orientaux devenaient singuliers, jamais on avait su si bien où était la Syrie et où était la Tunisie. Des pays différents habités par des individus : la Lybie ne cherchait pas la même forme de démocratie que l’Egypte, qui ne se révoltait pas de la même manière que la Syrie. Les Arabes n’étaient plus forcément tous des musulmans, ni l’inverse d’ailleurs ; et eux aussi voulaient d’autres mondes, osaient élever leurs voix. Mais cette jolie saison n’a guère duré, on est entré dans une vraie guerre froide, avec son climat délétère. En Occident, le Musulman et/ou l’Arabe est à nouveau le Mal absolu, Terroriste par définition. Tout comme les migrants, d’ailleurs. Tout ça dans un pêle-mêle nauséabond. Et au Proche-Orient, nous autres Occidentaux sommes les hérétiques d’aujourd’hui. En outre, avec 260’000 à 470’000 morts en Syrie, la vague d’attentats qu’on sait dans plusieurs pays du globe revendiqués par des extrémistes musulmans et la déferlante des migrants sur l’Europe, le paradigme semble avoir changé sa forme d’expression. C’est toujours la peur qui sous-tend nos rapports à l’Islam, mais son expression est autre : il y va de la haine. Made in Paradise © Magda Stanova L’Islam nous est aujourd’hui dépeint comme une pensée rétrograde, aveuglée par les dogmes, en confrontation avec la modernité et le progrès. Une religion de la haine en quelque sorte. Haine de l’autre, haine voire maltraitance de la femme, haine de l’Occident et de ses symboles, haine des différences. Une spiritualité qui fonctionnerait sur le mode binaire et manichéen d’opposition du bien et du mal, qui s’impose sans concession par un prosélytisme insistant. En 2013, après six ans de vie de tournée du projet, nous pensions que Made In Paradise arrivait à la fin de sa vie. Non pas parce que la pièce nous semblait démodée ou qu’on s’ennuyait à la faire. Mais bel et bien parce que le paradigme sur lequel on l’avait construite, qui était celui posé par les évènements du 11 septembre 2001 et le néfaste « choc des civilisations » clamé par Samuel Huntington qui s’en était suivi, semblait s’effacer grâce aux Printemps arabes. En effet, notre tournée continuait, proche de 100 dates dans sept pays différents, mais nous sentions que le projet tombait, légèrement, à côté. Face à ce constat, nous avons arrêté de tourner Made In Paradise. A une date exceptionnelle près, en été 2014. Au moment où l’élan des printemps tournait à l’hiver et à la guerre incessante en Syrie. Et vlan ! Ça collait à nouveau. Mieux qu’avant. Pire qu’avant. A notre grand étonnement, les paradigmes étaient de nouveau là, plus forts. Les murs s’étaient relevés, comme de vieux démons qui ne meurent pas et qui reviennent renforcés. Et ça, c’était avant les assassinats à Charlie Hebdo, Beyrouth, Paris et Ankara. Aujourd’hui, Omar ressent la tension des deux côtés : tant dans les rues de sa ville d’adoption Berne, où on le regarde de travers parce qu’il a l’air arabe, que sur les réseaux sociaux où il fait ce qu’il ne peut pas faire en tant que musulman : émettre des doutes sur l’Islam. Et Yan se crispe dans la rue quand il voit des Salaphistes et ne supporte plus de voir des femmes voilées. Alors si ces deux ressentent le mépris de l’autre, eux qui ont tant travaillé à se rencontrer, que dire de la population lambda ? Made in Paradise © Raoul Gilibert Et donc, il nous semble important, impératif même, de remettre Made In Paradise en selle, en créant Still in Paradise afin que le projet corresponde à l’actualité récente et soit pertinent face à ces nouveaux événements, parce que nous pouvons, nous devons même, avec nos petits moyens, contribuer à déjouer les anciens et les nouveaux clichés, les vieux et les jeunes démons, et aller à la rencontre de l’Autre. Nous devons renouer le dialogue et chercher là où ça fait mal, pour y mettre du baume. C’est nécessaire. C’est urgent. Made in Paradise © Steeve Iuncker 52 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 MARION DUVAL Claptrap Conception : Marion Duval Texte : Marco Berrettini Marion Duval Collaboration artistique : Louis Bonard Dramaturgie : Adina Secretan Scénographie : Florian Leduc Lumière : Antoine Frammery Costumes : Séverine Besson Sculptures : Djonam Saltani Son : Olivier Gabus 14 – 17.06 Avec : Marco Berrettini Marion Duval Jeu. 15.06 Production : Chris Cadillac Coproduction : TU-Théâtre de l’Usine Centre culturel ABC, La Chaux-de-Fonds Avec le soutien de : Ville de Genève République et Canton de Genève Loterie Romande Fondation SIS Fondation Ernst Göhner Corodis Pro Helvetia - Fondation suisse pour la culture Création le 3 mars 2016 au Théâtre de l’Usine, Genève MAG 7 p. 39 Salle René Gonzalez Mercredi Jeudi Vendredi Samedi 14.06 15.06 16.06 17.06 19h00 19h00 19h00 17h00 Durée : 2h45 avec entracte Théâtre/Performance Tarif S VIDY RENCONTRE AVEC LES ARTISTES à l’issue de la représentation Entrée libre, sans réservation 53 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NOTE D’INTENTION DE MARION DUVAL, 2016 Quand nous avons commencé à sortir ensemble Marco Berrettini et moi, nous avons constaté que beaucoup de gens du milieu de la culture et d’ailleurs étaient interpellés par notre relation, séduits par le couple que nous formions. La différence d’âge ne les empêchait jamais de voir l’amour qui nous liait. Comme nous travaillons dans le spectacle vivant tous les deux, nombreux sont ceux qui ont exprimé le souhait de nous voir en duo. Ça revenait tellement, comme s’ils s’étaient passés le mot ! Evidemment, nous avons adoré l’idée. Dès que nos agendas nous l’ont permis, nous nous sommes mis au travail. Effectivement, nous partagions l’envie de dire pas mal de choses sur le monde. Pendant deux ans, nous avons cherché partout une pièce qui pouvait raconter une histoire d’amour proche de la nôtre. Nous n’avons pas trouvé, toujours insatisfaits par ce qui nous était proposé. Mais rapidement certains amis nous ont suggéré qu’il était absurde de se mettre dans la peau d’autres personnages quand nous pouvions réinventer sur scène notre propre histoire. Effectivement, pourquoi emprunter les traits d’autres figures si mon héros à moi, c’est lui, si son héroïne à lui, c’est moi ? C’est ainsi que nous avons fait de nos vies notre matière de travail et de notre travail une matière pour nos vies. Bien sûr, il y eut des moments intenses, de joie mais aussi d’affrontements, parce que nous avons deux tempéraments bien trempés ! Mais combien de rigolades et d’émotions vraies... Aujourd’hui, notre spectacle, Claptrap, est fait de tout ça et surtout de beaucoup d’amour. Parce que parfois, oui, l’amour fait beaucoup. Claptrap © Dorothée Thébert Filliger 54 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 NICOLAS TRUONG NICOLAS BOUCHAUD/JUDITH HENRY Interview 20 – 22.06 Conception et mise en scène : Nicolas Truong Collaboration artistique : Nicolas Bouchaud Judith Henry Dramaturgie : Thomas Pondevie Scénographie et costumes : Elise Capdenat Lumière : Philippe Berthomé Son : Mathias Szlamowicz Avec : Nicolas Bouchaud Judith Henry Production déléguée : MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Bobigny Coproduction : Le Théâtre des idées Théâtre du Rond-Point, Paris Théâtre national de Strasbourg Avec le soutien de : Princeton Festival Monfort théâtre, Paris Théâtre Paris-Villette Région Ile-de-France Création le 18 juillet 2016 au Festival d’Avignon MAG 7 p. 40 Salle René Gonzalez Mardi 20.06 20h00 Mercredi 21.06 20h00 Jeudi 22.06 20h00 Durée : 1h30 Théâtre Tarif M Interview EN TOURNÉE 2017 Théâtre du Rond-Point 21.02-12.03 La Criée, théâtre national de Marseille 16-18.03 Sortie Ouest, Béziers 22-24.03 MC2:Grenoble 6-14.04 Le Liberté, Toulon 12-13.05 Comédie de Reims, Centre dramatique national 20.05 Le Quai, Centre dramatique national d’Angers Pays de la Loire 23-24.05 La MC93 au Montfort Théâtre, Paris 29.05-17.06 DOSSIER DE PRESSE SECONDE PARTIE DE SAISON 16/ 17 55 NOTE D’INTENTION DE NICOLAS TRUONG, 2016 Après Projet Luciole, voyage dans la pensée critique et philosophique contemporaine dont j’observe par passion et profession les contours depuis vingt-cinq ans, Interview est également une façon de partir de mon expérience et de mettre en scène une partie de ma propre pratique : celle d’un journalisme d’idées qui ne cesse d’utiliser cette figure imposée du métier, cet exercice de style médiatique, cet art de l’accouchement des pensées. Inépuisable matière à situations de jeu, lieu d’une rencontre, expression d’une parole solidement bâtie - parfois totalement réécrite - ou de l’improvisation orale, l’interview s’impose assurément comme un singulier théâtre de la parole qui appelle pour ainsi dire le plateau. Le fil scénique du projet, expérimenté lors d’une première semaine de résidence à l’Université de Princeton en octobre dernier est le suivant : figurer le passage du langage codifié de l’interview mainstream à celui de la parole singulière des entretiens au sein desquels des moments de vérité adviennent ; passer du conformisme du genre à l’exception de l’événement (de pensée, de révélations, etc). Pour cela, « le but, comme dit Gilles Deleuze, ce n’est pas de répondre à des questions, c’est de sortir, d’en sortir ». Inspirés par la démarche de Jean Rouch et d’Edgar Morin dans Chronique d’un été qui interrogeaient les Français des années 1960 sur le bonheur (« Comment tu te débrouilles avec la vie ? »), il s’agira de trouver la question qui serait à poser aujourd’hui. À partir d’interviews que l’équipe a menées auprès de journalistes et d’intellectuels (comme Florence Aubenas, Patrick Boucheron, Régis Debray, Jean Hatzfeld ou Edgar Morin), le spectacle donne à voir la façon dont on prépare et dont on mène des entretiens, cet exercice que Michel Foucault qualifiait de « beau danger » parce qu’il se risque à l’aventure périlleuse et amusante du face-àface et de la conversation. L’idée consiste à nous réapproprier nos propres questions, à les fabriquer. Ces paroles seront utilisées sur le plateau de manière anonyme, par des séries de réponses sans question, notamment. Ensuite, il s’agira de glisser du commun de l’interview (par un florilège d’entretiens littéraires, sportifs ou politiques) à l’interview singulière, celle qui déborde de son cadre, l’interview-fleuve en somme qui, à l’image du dernier entretien de Pier Paolo Pasolini, intitulé Nous sommes tous en dangers (La Stampa, 1er novembre 1975), prend un tour poétique et métaphysique au détour d’un dialogue politique. Il s’agira bien sûr, à travers ce déroulé, de mettre en scène les différentes figures de l’interview. De jouer avec et de voir ce que l’interview fait au jeu : entretiens célèbres appréhendés du seul point de vue de l’interviewer ; montage qui tronque un entretien ; interviewer finalement questionné par l’interviewé, pure gestuelle de dialogues, etc. Mais aussi de dessiner un portrait de l’interviewer. Et de raconter une histoire, de composer un récit, celui de l’acheminement vers la parole qui aboutit à l’urgence et à l’éloge du silence dans le monde du bavardage généralisé. Interview © Christophe Raynaud Delage À NOTER LUNDI 22.05.17 À 11H00 Conférence de presse de la première partie de saison 17/18 DOCUMENTATION ET IMAGES CONTACTS PRESSE A télécharger sur vidy.ch (page du spectacle, onglet « en savoir plus ») Sandra Scalea [email protected] / +41 (0)21 619 45 25 Constance Chaix [email protected] / +41 (0)21 619 45 67