,Pépie: soif.
Allusion aux guerres
de Religion.
s'étonne
que les désordres
relativement supportabies,
f impunité dont bénéflcient
acteurs des guenes de Religion.
épicuriens croient en l'existence
ExrRArrz
Apprendre en observant le monde
Montaigne ineiste ensuite sur l,importance de forger des esprits
aptes à la peneée, plutôt que des puiæ de savoir. Il recommande
également de fortifier les enfants, aussi bien phyeiquement qu€
moralement, et de les faire voyager, non pas pour accumuler des
connaissances, mais porra ( frotter et lirner notre cervelle confic
celle d'autrui >. Ilétude de I'homme fait en effet partie intégrante
de la formation de l'enfant si l'on veut lui enseigner la vertu. Aussi
Montaigne conseille-t-il l'aliprentissage de l,histoire, non pas pona
connaître par c(Eur la date des événements historiques, mais pour
comprendre la moralité des hoanmes qui ont mLatqaê l,histoire.
La fréquentation du monde fournit an êc1afuage
précieux pour
la compréhension du genre humain. Nous sommes tous repliés sur
nous-mêmes, et notre vue ne dépasse
guère le bout de notre nez. On
demandait à Socrate d'où il était ; il ne répondit pas n dâthènes ,,
mais r du monde >. Lui qui avait un esprit mieux rempli et plus
large que celui des autres, il ernbrassait l'univers comme sa vi1le, et
dédiait ses connaissances, sa société et ses affections à tout le genre
humain ; à la différence de nous qui ne regardons que le bout de
nos pieds. Quand 1es
vignes gèlent dans mon village, mon curé en
tire argument disant que c'est 1a manifestation de la co1ère de Dieu
contre la race humaine, et il doit penser que 1es
Cannibales eux-
mêmes en aurontbientôt la pêpie'...
À voir nos guerres civi1es2,
qui ne s'écrierait que 1e monde se
détraque, et que nous sommes bons pour 1e Jugement Dernie4 sans
voir que bien des choses
pires encore se sont produites, et que pour-
tantla plus grande part de l'humanité continue de mener joyeuse
vie pendant ce temps-là ? Et moi, devant f impunité dont jouissent
ces
guerres-là,
je m'étonne de les voir si douces
et si tièdes3. Celui à
qui la grê1e
tombe sur la tête s'imagine volontiers que la tempête et
7'orage règnent sur tout l'hémisphère. [...]
Mais celui qui se représente, comme dans un tableau, cette
grande image de notre Mère Nature, dans toute sa majesté ; celui
qui 1it sur son visage une te1le constance dans 1a diversité ; celui qui
voit là-dedans non lui-même seulement, mais tout un royaume, tracé
d'une pointe fine et dêlicate, celui-là seulement donne aux choses
leur véritable dimension.
Ce grand monde, que certains divisent en multiples espèces
appartenarrt au même genrea, c'est le miroir dans lequel i1 faut
nous regarder
pour bien nous voir. En somme,
je veux que ce soit le
livre de mon élève. On y voit tant de caractères, de sectes, de juge-
ments, d'opinions, de lois et de coutumes, que ceia nous apprend
à
juger sainement des nôtres, et enseigne à notre jugement de savoir
reconnaître son imperfection et sa faiblesse naturelle - ce qui n'est
pas un apprentissage si aisé. Thnt de bouleversements politiques
et de changements dans le destin commun nous apprennent à ne
pas faire grand cas de la nôtre. lbnt de grands noms, tant de-
vic-
toires et de conquêtes ensevelies par l'oubli rendent ridicule,lfgsp-oir
plusieurs
mondes.
RENAISSANCE
ET HUMANI5ME
. SEQUENCE
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