ExrRArrr Philosopher dès l,enfance Montaigne continue de développet l,idêe qu,il se fait de < l,édu_ cation > idéale des enfants et prône l'enseignement de la philosophie dês le plus jeune âge. Puisque la philosophie est ce qui nous apprend à vivre, et que même I'enfance, tout autant que les autres âges, y a des leçons à prendre, pourquoi ne pas la lui1 enseigner ? s DEPÉTRARQUE, maître illettré (détail), 1532 talgne évoque toujourc I,enfant s'agirâ d,éduquer le: maladie vénérienne ( petite vérole , désigne la variole ; celui qui a la manie de tout contester. (f3f3-1375) : auteur italien, Iiargile est molle et humide : il faut nous hâter. Et que la roue agile en tournant la façonne, ! On nous apprend à vivre quand la vie est passée; cent étudiants ont attrapé la vérole3 avant d'en être arrivés à la 1eçondâristote leur enseignant Tatempérance ! cicéron disait que, même s,il vivait aussi longtemps que deux hommes, il ne prendrait pas la peine d,étudier io les poètes lyriques. Etje trouve ceux qu,on peut appeler des ergo_ teursaencore plus tristement inutiles. Lenfant dont je parle estbien plus pressé : ii ne doit à l'éducation que les premiers qwinzeou seize ans de sa vie ; le reste est dri à l,action. Il faut donc employer un temps si court aux enseigaements nécessaires.otez toutes 1eschoses rs superflues, comme les subtilités épineuses de la dialectique qui sont sans effet sur notre vie, et preîez les sujets simples dont s,occupe la philosophie ; sachez les choisir et les traiter comme il faut, ils sont plus faciles à comprendre qu,un conte de Boccaces: un enfant en est capable dès qu'ii a quitté sa nourrice, bien mieux que d,apprendre . sÉeuENcE RÊNAfssANcE FrHUMANISMT I 45t 6. Plutarque (v 50-v. 125 ap. J.-C.) : auteur d'une vie dAle&ndre à laquelle Montaigne fait référence ici. 7. Alexandre le Grand, dont Aristote f,!+ lê hré.Fh+êrrr 8. Syllogisme : type de raisonnement logique. 9. Viatique : soutien. t0- Perse, Safire V. u. Ménicée : un des correspondants du philosophe grec Épicure (341-270 av. J.-C.). 12. Portefaix : personne chargée de porter des fardeaux. 20 à lire ou à écrire. La philosophie traite du premier âge des hommes aussibien que de leur décrépitude. Je suis de l'avis de Plutarque6: Aristote s'occupa moins d'apprendre à son éminent é1ève7l'art de composer ses syllogismess,ou les principes de 7agêornétrie, qu'à lui enseigner les bons préceptes 2s concernant la vaillance,labravoure, \a magnanimité, \a modération et lui donner l'assurance que 1'on a quand on n'a peur de den ; Et avec ce bagage, il envoya ensuite ce jeune homme soumettre ie monde entier avec 30 000 fantassins,4 000 chevaux et quarante deux mille écus seulement. Les autres arts et sciences,dit Plutarque, ro Alexandre 1es honorait, il louait leur excellence et leur noblesse, mais malgré le piaisir qu'il y prenait, i1 n'était pas homme à se laisser séduire au point de vouloir 1espratiquer. Prenez-là,jeunes gens et uieillards, une règleferme de conduite, et un uiatlqueepour l'âge misérable des cheueuxblancsto. C'estbien ce que disait Épicure au début de sa lettre à Ménicée11: n Que le plus jeune ne se refuse à philosopher, et que le plus vieux ne s'en lasse.Celui qui fait autrement semble dire, ou bien que n'est pas encore venu le moment de vivre avec bonheur, ou bien que ce n'est plus le moment. DEt pour tout ce qui vient d'être dit, je ne veux 40 pas que l'on emprisonne ce galçon. Je ne veux pas qu'on le livre à l'humeur colérique et mélancolique d'un maître à l'esprit dérangê. Je ne veux pas corrompre son esprlt en 1e soumettant à la torture et au travail, comme les autres, qualorze ou quinze heures par jou4 comme un portefaix". [...] Je ne veux pas 4s non plus que 1esbonnes dispositions de I'enfant se trouvent gâtées par ia grossièretéet 3s 1abrutalité des autres. [...] Pour notre élève, une chambre, un jardin lnp talrle rrn lit ; 1a SOlitUde et 1a COm- so pagnie, 1e matin et 1e soil à toute heure, en tout lieu, comme sal1ed'étude. Car 7aphilo" sophie, qui sera son principal objet d'étude, en tant qu'elle forme le jugement et le càt&c:. tère, a cet avantage de pouvoir s'introduire ss partout. r.. n De l'institutionr MlcHEtDEM0NTAIGNE' des enfants r, Essals, I' 26' 7580'':' traduit en français moderne par Guy de Perno*;' ,i' 'i!{t: PoYtrait d'un jeune ,AN VANSCOREL, econer,1JJt. 452 ;#