© RÉGIS DEBRAY, 2008. TOUS DROITS RÉSERVÉS. 2
consultation. Il y a dans cette masse d'actifs un lot de livres rares et
précieux qui, ajouté aux estampes, cartes et photographies anciennes du
site Richelieu, pourrait être utilement mis sur le marché (comme il y a des
zoophiles et des pédophiles, il existe des bibliophiles). L'intérêt sera triple.
Sanitaire : assainir des réserves d'imprimés où pullulent les agents de
corruption chimique et biologique. Sécuritaire : réduire l'effectif des
magasiniers, personnel syndicalisé, surpayé (1 000 euros mensuels ou
plus), où prospèrent des étrangers souvent en condition irrégulière.
Budgétaire : éponger les grandissants déficits de cet établissement public à
la charge du contribuable.
3. La publicité audiovisuelle. Le livre souffre d'un défaut de visibilité
médiatique et de reconnaissance sociale. Or la France est le seul pays
d'Europe qui interdit la publicité des livres à la télévision. Il reviendra aux
chaînes privées de remédier à cette anomalie. C'est le seul moyen d'assurer
à nos best-sellers locaux, malgré le handicap de la langue, une présence
sur le marché qui soit à la hauteur des Da Vinci Code et autres Harry
Potter.
4. Abrogation du prix imposé. Limitant à 5 % le rabais autorisé sur ce
produit, la loi Lang, typiquement corporatiste et n'hésitons pas à le dire
d'inspiration soviétique, punit en fait le consommateur pour complaire à
une profession protégée. Prix unique, parti unique, pensée unique : dût-on
rougir de cette préhistoire, rappelons que cette mesure remonte à une
époque où des communistes siégeaient au gouvernement. Il y a des
stigmates à effacer, pour l'honneur du pays.
5. L'affaire Google. Imaginer que l'Europe pouvait et devait répondre
à cette entreprise américaine qui entend numériser une quinzaine de
millions de livres imprimés relevait d'un amour-propre désuet, quasiment
souverainiste. Il est clair qu'un vague consortium d'établissements publics
européens n'aura pas les moyens financiers de rivaliser avec le pionnier
d'outre-Atlantique. Pourquoi ce dernier nous voudrait-il du mal ?
L'Occident ne doit pas disperser ses forces, qu'il s'agisse de la lecture sur
écran comme de la chasse au taliban. Il est temps de rallier le Google