RVU-AGM – Syndrome IRC 10/04/2015 PAPAGNO Prescillia L3 CR : AUDOAURD Justine RVU-AGM Pr BURTEY 8 pages Syndrome d'Insuffisance Rénale Chronique Plan A. Epidémiologie B. Définition C. Physiopathologie I. Le phénomène d'adaptation II. Les complications de l’IRC D. Démarche diagnostique I. Affirmer la chronicité de l'insuffisance II. Rechercher la cause III. Prise en charge E. Conclusion Introduction du prof : La spécialité de néphrologie a été créée dans les années 60, c'est donc une spé récente. C'est le médecin français J. Hamburger qui l'a initié : il a été le 1er à réussir une transplantation rénale. Cette spé existe « à cause » de l'existence de l'insuffisance rénale chronique. A. Epidémiologie L'IR est un problème fréquent. L'insuffisance rénale chronique (IRC) concerne : 10 millions de personnes aux Etats-Unis et 2 millions en France dont 100 mille personnes en IRC terminale sous traitement de suppléance (dialyse) ou transplantation. B. Définition L'insuffisance rénale chronique (IRC) est une altération progressive et irréversible des fonctions excrétrices et endocrines du rein. Le délai est de trois mois entre deux mesures, avant cette période on ne la caractérise pas comme chronique. La fonction rénale est évaluée par le débit de filtration glomérulaire (DFG). Cependant, il ne faut pas résumer les fonctions du rein au DFG car le rein a beaucoup d'autres fonctions. Comme ces dernières s'altèrent en même temps que la filtration, on a tendance à résumer et associer la déficience de toutes les fonctions rénales au DFG. L'IRC est différente de l'IRA car elle est irréversible et progresse dans le temps. Quand on est étiqueté IRC on sait qu’au bout d'un temps on finira en dialyse ! Des fois ça prendra trop de temps et le sujet mourra avant. 1/8 RVU-AGM – Syndrome IRC Les fonctions normales du rein sont: – le maintien de l'homéostasie du milieu intérieur : • Équilibre hydro-électrolytique • Équilibre acido-basique – l'élimination des déchets azotés – le contrôle de la pression artérielle – l'erythropoïèse – le métabolisme osseux – le vieillissement – organe de la détoxification : il existe plus de 90 toxines urémiques. L'IR est une accumulation de choses qui devrait être normalement éliminer. D'où viennent ces toxines ? Il se suffit de se souvenir du rôle du rein. « La stabilité du milieu intérieur est la condition d'une existence libre et indépendante. » Claude Bernard La perte de ces fonctions au cours de l'IRC est progressive, ainsi, l'adaptation empêche une symptomatologie claire. Le défaut d'élimination des déchets est ce qui vient le plus précocement (c'est le syndrome urémique). Le milieu intérieur reste contrôlé assez longtemps. Exemple de l'indoxyl sulfate : C'est une toxine inévitable pour les maladies cardio-vasculaires. Les noyaux indols viennent du tryptophane alimentaire qui est clivé par des bactéries dépendante de la flore bactérienne. Il y a donc production d'indol. Cette molécule est très hydrosoluble et donc facilement éliminer par le rein. Le risque est de se retrouver sans bactériobiote. La majorité de ces toxines ont une origine alimentaire. Les toxines urémiques : Elles sont responsables de nombreuses complications de la maladie rénale chroniques. Elles accélèrent la progression de la maladie rénale chroniques. Elles aggravent la sévérité des maladies cardio-vasculaires. Il y a un empoisonnement par les métabolites non éliminés par le rein. C. Physiopathologie L’installation lente permet une adaptation de l’organisme aux anomalies et une meilleure tolérance des symptômes. (Si les symptômes sont présents : la dialyse est proche.) Toutes les maladies rénales chroniques peuvent conduire à l’insuffisance rénale chronique terminale. On peut actuellement ralentir l'évolution des IRC. I. Le phénomène d'adaptation Il est essentiel dans la compréhension de l'IRC : – La perte des néphrons va obliger les survivants à augmenter leur activité (s'il ne reste pas beaucoup de néphrons) En effet, nous avons tous une réserve néphronique, nous ne nous servons pas de tous nos néphrons. Il faut un temps d'adaptation pour que les nouveaux néphrons deviennent fonctionnels (c'est pour cela que l'adaptation est inexistante dans l'IRA, d'où la créatinine augmentée). 2/8 RVU-AGM – Syndrome IRC – – – On a une augmentation de la filtration glomérulaire sur le néphron isolé Au fur et à mesure que le nombre de néphrons encore intacts diminue, ils s'hypertrophient et deviennent hyperfonctionnels. On a une augmentation des capacités de transport tubulaire (donc de réabsorption). Pour éliminer la charge azotée quotidienne, on a besoin d’augmenter la concentration urinaire en urée et créatinine sanguine (pour plus de 50% des néphrons perdus) L’augmentation du DFG, à l’échelle du néphron isolé, va conduire à une glomérulosclérose accélérée. Cette dernière implique une accélération de la perte de la fonction rénale. L'adaptation connait donc des limites et participe à la progression de l'IRC paradoxalement, c'est un cercle vicieux. Une des bases du traitement est donc de limiter l’hyperfiltration glomérulaire sur les néphrons restants. Explication : La métaphore de la galère : (pour expliquer aux patients ou pour mieux comprendre !) Les néphrons sont des galériens. Au cours d'une attaque de pirates, la moitié de l'équipage meurt. Le capitaine veut rentrer au port vite, et force la moitié restante à maintenir la vitesse initiale. Ils y arrivent pendant un certain temps puis progressivement à cause de la fatigue, ils s'épuisent et meurent. Si on ne ralentit pas la cadence, on accélère la mort néphronique. Il faut donc aller moins vite pour aller plus loin... Une adaptation trop efficace entraine à long terme une évolution vers l'insuffisance rénale. II. Les complications de l’IRC Elles sont secondaires à : – La perte des fonctions normales du rein en particulier endocrines • Erythropoiétine qui baisse • Vitamine D qui baisse • Rénine qui augmente (la capacité totale de production baisse mais elle est beaucoup synthétisée dans l'IRC pour permettre la vasoconstriction, d'où l'apparition de l'HTA) – • • L’accumulation de substances normalement éliminées par le rein Les toxines urémiques (empoisonnement chronique) (def: Substance dont la concentration plasmatique ou tissulaire augmente en cas d’insuffisance rénale. Substance dont la concentration élevée est responsable d’un effet toxique spécifique) Certaines ont le même effet que la dioxine : effet dioxine-like. C'était une substance utilisée par l'armée américaine au Viet nam: elle rentrait dans la composition de l'agent orange (gaz d'attaque). Elle était vendue par le géant Monsanto, et dispersée dans l'air par l'armée. Cette molécule ne se métabolise que par la combustion, sinon elle persiste dans le milieu. Ceci est un cas d'intoxication chronique mais elle peut aussi l'être en aiguë : intoxication d'un ancien président Ukrainien Viktor Iouchtchenko..) Elle reste stockée dans le gras et est à l'origine d'empoisonnements et de malformations encore aujourd'hui. Elle cause des atteinte cardio-vasculaires en accélérant la formation de plaques athéromateuses. 3/8 RVU-AGM – Syndrome IRC D. Démarche diagnostique I. Affirmer la chronicité de l'insuffisance Il faut d'abord affirmer que la maladie rénale est chronique : il faut deux dosages de la créatinine à 3 mois d'intervalle. On identifie ensuite le stade de la maladie rénale chronique grâce au DFG et à la protéinurie En effet, le stade détermine le pronostic de la progression vers l'IRC terminale (dernier stade) et la prise en charge du patient. La classification ci dessus est utilisée couramment. (le vert est en haut à gauche, le rouge en bas à droite) II. Rechercher la cause Il faut ensuite rechercher la cause (anatomie et histologie) car certaines maladies rénales peuvent se soigner et on peut limiter la progression de l'insuffisance (la limiter mais pas la stopper). On peut aussi savoir si le patient connaitra des récidives (ce qui peut contre indiquer une greffe) et faire du dépistage, de l'information aux proches pour les maladies génétiques. III. Prise en charge 1) Des facteurs de progression Il faut prendre en charge les facteurs de progression: – Supprimer la cause – « Ralentir la galère » en limitant l’hyperfiltration (utilisation de traitements néphroprotecteur : IEC ou sartans contre l'HTA car elle abime les néphrons, limiter l'apport en protéine) – Prévenir des poussées d’IRA (en limitant l'exposition aux toxiques et aux périodes d'hypohydratation) 2) Des complications On doit aussi prendre en charge les complications. L'IRC est une maladie générale qui demande une prise en charge et une éducation du patient. 4/8 RVU-AGM – Syndrome IRC Les complications de l’insuffisance rénale chronique se répercutent sur tous les appareils : – – – – • • • • Anémie (par défaut de production de l'EPO, par hémolyse du fait des toxines) Troubles de l’hémostase: saigne (à cause d'anomalie de fonction des plaquettes) + thrombose (augmentation des facteurs) le prof :«c'est une association paradoxale mais en néphro rien n'est simple» Déficit immunitaire (sensibilité aux infections accrue) Atteinte cardiovasculaire +++ (première cause de mortalité chez les IRC, ie 50%) HTA (surcharge hydrosodée) Péricardite urémique (devenue rare avec la prise en charge, due à la surcharge hydrosodée et aux toxines, s'observe au stade ultime avec une synthèse de liquide dans le péricarde). Cardiomyopathie (due à la surcharge et l'HTA) Athéromatose (les risques sont accrus, aussi en partie à cause de l'HTA et du risque accru de thrombose) Pour se faire une idée : un patient d'une 20aine d'années en IR va présenter un taux de risque d'accidents cardio-vasculaires supérieur à un patient de 85ans non IR. Il est multiplié par 100. – Pulmonaire : OAP (surcharge) – • • • Métabolisme phosphocalcique Hyperphosphorémie puis hypocalcémie (baisse de production de la vitamine D) Hyperparathyroidisme secondaire Ostéomalacie (due à la carence en Vit D) – Amylose à β2 microglobuline. – Baisse de la libido, diminution de la fertilité ( surtout chez la femme) – • • • • Digestifs Nausées et Vomissements Inappétence (surtout envers les protéines) Hémorragies digestives +++ (toxiques urémiques) Hépatite B et C (virus présents parfois dans les machines d'hémodialyses) – • Neurologiques : vastes. Encéphalopathie (toxine dans pays en voie de développement. Le traitement se fait par immunosupléants) Trouble du sommeil (toxine) AVC (athérome+HTA. Le risque est x2/3 par rapport à la population normale ) Polynévrite et syndrome des jambes sans repos (toxines urémiques attaquent le nerf périphérique en diminuant sa myélinisation) Crampes • • • • – • • Cutanées Xérose et prurit (très fréquent) ( « les patients se grattent tout le temps ») Ongles pincés « pincer-nail » (cause inconnue, surtout aux orteils, environ 20% des IR, mais parfois cela peut être présent de naissance) 5/8 RVU-AGM – Syndrome IRC – • • • • • • Métaboliques : ces conséquences apparaissent tardivement ! (en général à partir d'un DFG<30) Acidose métabolique Hyperkaliémie Dénutrition protéique (inapétence) Hyperuricémie Dyslipidémie (HDL > aux LDL, les HDL représentent dans ce cas le mauvais cholestérol) Rétention hydrosodée : perte de masse maigre et conservent l'eau salée. 3) Une approche thérapeutique On peut ralentir la progression de l'insuffisance rénale chronique : – Traiter la cause – • • • • • Néphroprotection : Contrôle de la tension artérielle Limiter la protéinurie (IEC et sartans) Régime limiter en protéine Arrêt du tabac Eviter les néphrotoxiques – – Dépister et traiter les complications : cardio-vasculaires, milieu intérieur dont le régime est essentiel Parler suffisamment tôt du traitement de suppléance pour préparer le patient physiquement et psychologiquement Le traitement de suppléance : – Epuration extra-rénale : Hémodialyse, Dialyse péritonéale – Transplantation rénale : donneur décédé ou donneur vivant Pour ralentir la progression, préparer, parler, discuter, proposer, il faut avoir du temps. Le diagnostic précoce est impératif. 30% à 50% des insuffisants rénaux chroniques terminaux rencontrent le néphrologue pour la première fois pour la première séance de dialyse... Dépister pour ralentir la progression et préparer. a) Hémodialyse : Echanges entre le sang et un soluté, le dialysat à travers une membrane semi-perméable, le dialyseur. Echanges par diffusion (gradient de concentration) et convection (gradient de pression) Nécessité d'un abord vasculaire Circuit extra-corporel 6/8 RVU-AGM – Syndrome IRC Le meilleur apport vasculaire est une fistule artério-veineuse sur l'avant-bras, pour accélérer le débit de sang (besoin de 250mL/min de débit minimum en dialyse). Contrainte spatio-temporelle : – 3séances par semaine – une séance de 3h à 6h – dans un centre Permet de vivre : hémodialysé depuis 40ans... Couts importants : 89000euros/an b) Dialyse péritonéale : Echanges entre le sang et le dialysat à travers une membrane semi-perméable, le péritoine. Echanges essentiellement par diffusion Nécessité d'un abord péritonéal Dialyse intra-corporel Soit DP manuel, soit automatisée avec échange la nuit. Technique quotidienne : temps pour la technique identique à l'HD Plus grande indépendance Nécessite une bonne compréhension et une bonne hygiène Diminution des coûts : 64000euros/an c) Transplantation rénale : 7/8 RVU-AGM – Syndrome IRC Le meilleur traitement de l'insuffisance rénale chronique terminale : améliore la survie et améliore la qualité de vie. Ce n'est qu'un traitement Nécessité de prises médicamenteuses Nécessité d'un suivi médical régulier – – – – – Une aventure Risque lié à l'immunosupression : infections, cancers Intervention chirurgicale Première année parfois difficile Médiane de survie d'un transplant : 15ans On ne guérit pas d'une IR même après transplantation. La transplantation du rein est hétérotopique, en fosse iliaque branché sur les vaisseaux iliaques. La plupart du temps, les reins natifs restent en position initiale. – – – – – Une liste d'attente Durée moyenne d'attente : 18 à 24mois Deux sources de transplant : Donneur décédé (85%) Donneur vivant (15%) Activité gérée par l'agence de la biomédecine Coûts : 86000euros la première année puis 20000euros les années suivantes. E. Conclusion L’Insuffisance rénale chronique est un monde à part entière. Elle résulte d'une intoxication chronique par des substances normalement éliminées par le rein. Quand les reins ne fonctionnent plus l’histoire continue ( à la différence d'autres organes comme le coeur) • Epuration extra-rénale • Transplantation rénale On ne meurt plus d'IRC terminale dans les pays développés. En néphrologie la relation patient/médecin est primordiale : le patient vient en dialyse 3x par semaine ! Phrase de conclusion : « Le grand destin de l'Homme est de refuser son destin » J. Hamburger. 1943 : première hémodialyse aux Pays-Bas par Kolf. 17 premiers patients avant la première réussite, ils sont tous morts par hypokaliémie. 8/8