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dans les régions rurales.
Les banquets annuels des bourgeois (réunissant les conseillers ou les membres d'une corporation ou d'une
sociétés analogue), qui imitaient les manières de table des élites, étaient nettement plus distingués et plus
dispendieux. La table était dressée avec opulence, recouverte d'une nappe et décorée (insignes corporatifs,
chandeliers, fleurs), munie de couverts (cuillers, couteaux, poinçons, puis fourchettes dès le XVIe s.),
d'assiettes et de gobelets individuels. Les mets étaient présentés dans des plats et des coupes, les boissons
dans des channes en étain et en argent. La vaisselle constituait une part importante de la fortune des
corporations et des familles patriciennes aristocratiques. Les repas à plusieurs services, parfois accompagnés
de musique, duraient des heures.
Dans toutes les auberges, on faisait table commune. Le repas était servi en même temps à tous. Cette
coutume trouva un prolongement dès 1830 dans la table d'hôte proposée par les hôtels modernes. Les
mœurs en vigueur dans les salles à boire des corporations de nobles ou d'artisans, ou dans les tavernes et
pintes publiques, étaient dictées par les sociétés masculines. Bien qu'interdites par les autorités, les pratiques
impliquant l'obligation de boire étaient courantes, même pour les jeunes gens, ce qui entraînait souvent des
conséquences fâcheuses. Ces habitudes furent ritualisées au XVIIIe s. dans les us et coutumes des sociétés
d'étudiants.
Auteur(e): Anne-Marie Dubler / UG
3 - Habitudes quotidiennes et coutumes festives
A la campagne, les paysans prenaient chaque jour deux repas principaux chauds, le matin et à midi, et
faisaient en outre plusieurs collations (neuf heures, quatre heures, souper). Leur alimentation était frugale et
tributaire des saisons (bouillies, pain, légumes et fruits; pommes de terre dès le XVIIIe s.); ils buvaient de l'eau
et du vin, du lait dans les régions pratiquant l'élevage. A la période d'abondance (moissons, récoltes et
boucherie) de la mi-juillet à la mi-janvier succédaient les mois de pénurie (englobant les quarante jours de
carême, des Cendres à Pâques). Les repas plantureux et la consommation immodérée de boissons et de mets
traditionnels pendant les fêtes religieuses et laïques faisaient oublier aux convives la frugalité du quotidien.
Une quantité énorme de saucisses, de viande fumée, bouillie ou rôtie était servie lors des repas de récolte, de
boucherie ou de mariage. Des autorités, tant protestantes que catholiques, condamnèrent en vain, dans leurs
mandats sur les moeurs, ce gaspillage ruineux. Dans les milieux bourgeois, patriciens et aristocratiques, la
table était généreuse les jours de fête, mais les quantités étaient moindres (habitude prise dans les repas à
plusieurs services) et les vins coupés pour des raisons diététiques.
L'étiquette faisait partie des manières de table. Les convives étaient placés strictement en fonction de leur
rang. En général, le père de famille s'asseyait à la tête de la table, la maîtresse de maison près de lui, puis
venaient les enfants, sur les deux longs côtés. Les domestiques mangeaient à la cuisine. Chez les paysans, la
famille occupait le haut de la table, puis venaient les valets et les servantes, enfin les artisans et ouvriers à la
journée.
Les manières de table régissaient aussi la façon de recevoir. Plusieurs de ces usages ont perduré jusqu'au
XXe s. à la campagne. La prévenance due à un hôte voulait qu'il soit servi en premier par la maîtresse de
maison, laquelle servait ensuite son époux sans prendre elle-même part au repas; comme celui-ci devait
refléter le statut social de l'amphitryon, la nourriture était abondante et l'on poussait, avec insistance, l'hôte à
bien manger (voir les récits de Jeremias Gotthelf, pour l'Emmental du XIXe s.).
Auteur(e): Anne-Marie Dubler / UG