Introduction
Les textes portant sur le jazz du philosophe allemand Theodor W. Adorno occupent une
position particulière dans son œuvre notamment puisqu’ils sont problématiques à divers
égards. Ceci est vrai autant pour ses détracteurs que ses défenseurs. Les premiers rejettent du
revers de la main les écrits portant sur le jazz et la musique populaire alors que les derniers
reconnaissent que ces écrits apparaissent à première vue comme étant les moins convaincants
de l’ensemble de son œuvre. Ses détracteurs perçoivent ces textes comme une cible facile qui
remettent en question la légitimité de sa théorie esthétique et plus particulièrement sa critique
virulente de l’industrie culturelle. En effet, ils affirment que la critique adornienne du jazz fait
preuve d’ignorance et d’élitisme. Ceux-ci avancent que la critique adornienne du jazz repose
sur une connaissance pauvre, partielle et inadéquate de ce qu’est le jazz, l’étendue de ce genre
musical, sa complexité, son histoire, ainsi que sa genèse. Ainsi, l’ignorance dont fait preuve
Adorno à ce sujet remet en question la validité de sa critique du jazz et de la musique
populaire. Cette ignorance, selon ses détracteurs, est le fruit d’un parti pris pour la musique
d’une soi-disant haute culture, la musique classique. Ils affirment qu’Adorno est incapable de
prendre au sérieux le jazz puisqu'il aborde le sujet avec une préférence implicite pour une
musique classique dite d’une haute culture. Si Adorno formule une critique exhaustive et
complexe de la musique classique, c’est tout le contraire pour sa critique du jazz, de la
musique populaire et de l’industrie culturelle. Cette préférence pour la musique classique, ou
encore la haute culture, est le fondement, selon ses détracteurs, du manque de rigueur dont fait
preuve Adorno lorsqu’il aborde le sujet du jazz, de la musique populaire et de l’industrie
culturelle.