L’ALSACE 4 septembre 2015 PATRONAT Pierre Gattaz aspire aux « trente audacieuses » Le président du Medef a regretté, hier à Strasbourg, qu’aux « Trente Glorieuses » aient succédé les « trente piteuses »… Il entend créer les conditions pour les « trente audacieuses » grâce aux atouts dont dispose la France. Alvezio Buonasorte Pierre Gattaz, le président national du Medef, appelle à « ne plus broyer du noir pour se diriger vers une ère plus prospère pour la France », Photo L Pierre Gattaz, le président du Medef, est venu ouvrir l’Université d’été du Medef Alsace, qui se tenait pour la troisième année consécutive, hier matin à Strasbourg, à l’École de management (EMS). Avec le sens de la formule qui le caractérise, il a regretté qu’aux « Trente Glorieuses des années 1950 à 1980 aient succédé les trente piteuses, provoquées , selon lui, par des aspirations à moins de travail et à plus de vacances. Nous devons créer les trente audacieuses, car nous avons tous les atouts. Mais la France se comporte aujourd’hui comme un surdoué au fond de la classe qui rêve et qui ne fait rien… » Il a, durant une demi-heure, passé en revue les forces – « Notre crédibilité militaire et diplomatique, notre culture, notre rayonnement, notre histoire, notre climat et nos filières d’excellence » – et les faiblesses de notre pays « notre faible nombre d’ETI [NDLR : établissement de taille intermédiaire] : 4 200 en France contre 8 000 en Italie et 12 500 en Allemagne ». Mais aussi, insiste-t-il, « notre environnement fiscal punitif, l’importance de nos dépenses publiques et des prélèvements obligatoires ». « Un plan en cinq V » Pierre Gattaz prépare un « Livre bleu » qui préconisera des réformes sociales, fiscales, du droit du travail… Pour ce dernier dossier, il s’est réjoui du consensus qui se dessine pour sa simplification et pour que l’accord d’entreprise devienne prioritaire. Le président national du Medef entend « accompagner le changement de notre pays pour l’aider à affronter la tempête que nous traversons grâce aux entrepreneurs qui sont les aventuriers des temps modernes ». Pour cela, il préconise « un plan en cinq V » : « Une vision pour la France, un projet économique pour un futur à construire et une planète à équiper ; la vérité sur la situation actuelle de notre économie ; la volonté, le courage d’affronter la complexité administrative ; les valeurs à réhabiliter : efforts, travail, mérite et non pas le travail vécu comme une exploitation ou une souffrance, même si celle-ci peut exister ; et, enfin, la victoire de tous, en ramenant le chômage entre 5 et 6 %. » Il préfère cette voie à celle « des augmentations du pouvoir d’achat pour acheter des produits chinois ou coréens ». Cette université d’été – qui avait pour thème « Le dialogue » – avait été ouverte par l’hôte des lieux, Isabelle Barth, la directrice générale de l’EMS. Elle a souligné que « les mots peuvent être dangereux comme des projectiles », mais que le dialogue est le début de l’acceptation de l’autre et qu’il faut se forcer à « un temps de silence pour écouter l’autre ». Le président du Medef Alsace, Olivier Klotz, est aussi administrateur de l’EMS qui forme 3 000 étudiants, futurs managers, dont 700 étrangers venus de 40 pays. Il a rappelé « les difficultés que nous traversons avec le ralentissement de la croissance en Chine, le problème des migrations, mais aussi les nouvelles organisations régionales qui bouleversent la donne pour les entreprises ». Favorable à l’évolution du régime local Il a évoqué le régime local d’assurance-maladie, confiant que « le Medef Alsace n’est pas opposé à l’évolution de cet outil généreux et solidaire que nous aimerions conserver, mais cela doit se faire sans augmentation de charges pour les entreprises ». Il rappelle que les accords nationaux ANI ne prévoient pas que la couverture complémentaire santé soit étendue, comme c’est le cas en AlsaceMoselle, aux ayants droit, chômeurs, retraités… Cette université d’été a réuni quelque 600 participants – dirigeants, managers, étudiants, élus… –, venus participer aux ateliers, conférences et autres débats durant toute cette journée qui sonne l’heure de la rentrée économique, la veille de l’inauguration de la Foire européenne par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron.