Transports d`ici, transports d`ailleurs : Du Sénégal à l`Afrique de l`Ouest

UNIVERSITE DU HAVRE
UFR DE LETTRE ET SCIENCES HUMAINES
Mémoire d’habilitation à diriger des recherches
Présentée et soutenue publiquement par
Jérôme LOMBARD
Le Havre
Le 21 juin 2011
Transports d’ici, transports d’ailleurs :
Du Sénégal à l’Afrique de l’Ouest
Volume 3
Texte original
Jury
M. Benjamin STECK, professeur de géographie, Université du Havre
Mme Sylvie BREDELOUP, Directrice de recherches à l’IRD, socio-anthropologue
M. Athanase BOPDA, professeur de géographie, Université du Havre
M. Babacar FALL, professeur d’histoire, Université Cheikh Anta Diop de Dakar
M. Michel LESOURD, professeur de géographie, Université de Rouen
M. Jean-Luc PIERMAY, professeur de géographie, Université de Strasbourg
M. Roland POURTIER, professeur de géographie, Université de Paris 1
2
Transports d’ici, transports
d’ailleurs : du Sénégal à l’Afrique de
l’Ouest
Volume 3
Allers et retours
3
«
Je partais de Dakar en fin de journée, après avoir chargé mes marchandises,
souvent du sel ; je marrêtais à Kaolack pour dîner ; le lendemain, je déjeunais à
Tambacounda puis filais à Vélingara, avant de descendre plein Sud vers la frontière
bissau-guinéenne ; je passais à Salikéné et arrivais à Bissau après trois jours de
route. Je déchargeais dans le magasin que possédait mon patron et, de là, je
rayonnais pendant deux mois sur le pays, en faisant des livraisons. Enfin, je
remontais sur le Sénégal avec des oranges et des mangues [ …] Parfois, j’allais à
Nouakchott, je faisais l’aller-retour en trois jours. Je montais en une journée et une
nuit, avec du sucre, du lait en poudre, du savon ; je rechargeais immédiatement des
biscuits mauritaniens, très prisés au Sénégal, et redescendais []. Vers le Mali, je
mettais trois jours pour aller à Kayes puis je revenais tout de suite ; je n’allais pas
plus loin. Jemportais du riz et d’autres produits divers ; au retour, je chargeais du
coton arrivé par train de Kita, destiné au port de Dakar
».
Pierre Sene, un chauffeur sénégalais faisant de « l’international », rencontré en
septembre 2000.
«
Un homme n’a pas de lieu fixe
».
Un taximan malien, à Dakar depuis six ans, interrogé en juin 2001.
4
INTRODUCTION
Lieux et liens
5
Les allers et venues en camion décrits ci-dessus par Pierre Sene, sa quête des lieux et
surtout des liens, de mon côté, je les ai vécus comme chercheur1
Une autre époque a commencé. Le téléphone filaire a longtemps rythmé mes soirées,
quand il me fallait annoncer à d’autres ce que je voyais ici ; mais c’était cher, onéreux même,
et le contact était fragile. Désormais, le « télécentre », le cybercafé, le portable, omniprésents,
. Dès mon arrivée en Gambie,
à l’aéroport de Banjul, un soir de 1984. Si ma descente sur le tarmac de l’aérogare a été
remarquée, les douaniers, tout à leur tâche, n’hésitant pas à contrôler et à vider mes sacs, dès
le lendemain, après la traversée du fleuve, j’étais déjà affairé à « sentir » le transport. Je
négociai un taxi pour Dakar et filai sur la capitale en revoyant des paysages que je n’avais
jamais vus mais que Paul Pélissier m’avait décrits avec passion.
Ce fut le début d’un long « pas de deux », entre ce pays que je découvrais ce jour- et
celui de ma jeunesse. Nombre d’avions depuis ont servi de lien entre les deux. J’ai « loupé »
l’époque durant laquelle on pouvait encore, sans trop de soucis, traverser en camion le Sahara
algérien ; il me reste le porte-containers entre Le Havre et Dakar, que j’espère un jour
emprunter, ou la Mercedes entre Tanger et Saint-Louis, via Nouadhibou. Le « goudron » est
achevé et la « descente » du Maroc me permettrait de joindre tous les bouts de ma géographie
personnelle, l’Espagne que j’ai parcourue jusqu’à Grenade, la Mauritanie que j’ai traversée en
long et en large, jusqu’à la frontière du Sahara occidental et, entre les deux, le Maroc dont je
ne connais que laéroport international de Casablanca.
Un temps, je me suis tenu éloigné du Sénégal, en enquêtant les transporteurs du nord de la
France, tout en commençant à comparer les pratiques des uns et des autres, dans des contextes
différents. Là, j’ai trouvé moult ressources puis, attiré par le Sud, j’y suis retourné, enrichi et
encore plus ouvert.
1 Par un clin d’œil, je me réfère à l’ouvrage Tropiques, lieux et liens, édité par l’ORSTOM en hommage à P.
Pélissier et G. Sautter (Antheaume, Blanc-Pamard et al., 1989), dont les textes sous-entendaient déjà la nécessité
de décloisonner les espaces, de lier les approches et de multiplier les échelles d’analyse.
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