Revue littéraire
de la Fondation La Poste
>
numéro 150,
édition décembre 20
1
3
SOMMAIRE
01
E
dito
02
09
Winston Churchill -
Portrait
10
Lettre
s
choisies - W. & C.
Churchill
13
Jacques Schlanger,
Vivre selon la nature
15
Dernières parutions
17
Agenda décembre-
janvier 2014
20
Agenda des actions de la Fondation La
Poste 2013
26
Meilleurs v
œ
ux 2014
01
FloriLettres
avec le soutien de
« Ma chérie & ma toute belle -
Tout se dirige vers la catastrophe & l’effondrement. Je suis
intéressé, remonté à bloc & content. Ce n’est pas épouvanta-
ble d’être ainsi fait ? (...) Reste que je ferais tout mon possi-
ble pour la paix, & que rien ne m’inciterait à porter le premier
coup par vilenie - (...) » Winston Churchill, 28 juillet 1914,
minuit. (
Conversations intimes
, Tallandier, page 135).
« Churchill était belliqueux, mais pas belliciste. Avant une
guerre, il faisait tout pour l’éviter. Mais une fois la guerre dé-
clarée, il faisait tout pour la gagner » commente François
Kersaudy, historien, spécialiste de l’œuvre de Winston Chur-
chill, qui a notamment retraduit ses
Mémoires de Guerre
,
écrit sa biographie (Tallandier), et présenté sa correspon-
dance entretenue avec son épouse de 1908 à 1964.
Sélectionnées et réunies sous le titre
Conversations intimes
,
les lettres sont publiées en un volume chez Tallandier (avec
le soutien de la Fondation La Poste), annotées et introduites
par Lady Mary Soames-Churchill, leur fille : « Je suis
convaincue
que les lettres qui sont présentées ici donnent
de mes parents un portrait exact de ce qu’ils ont été. »
L’ouvrage est passionnant. Il aborde des aspects très per-
sonnels et des questions de politique nationale et interna-
tionale. Il permet de suivre les échanges émaillés d’humour,
d’affection de l’un des plus grands hommes du XXe siècle
et de sa femme, Clementine, de dix ans sa cadette, belle,
intelligente, dont le rôle a été essentiel. Effi cace en politique
intérieure, motivée par les grandes réformes sociales, elle
n’a cessé de conseiller son époux judicieusement et a su le
« canaliser ».
Winston et Clementine Churchi
ll
Correspondance
(1908-1964)
Fondation La Poste
http://www.fondationlaposte.org/
http://www.fondationlaposte.org/
Winston et Clementine Churchill
Conversations intimes (1908-1964)
Présenté par François Kersaudy
Introduit et annoté par Lady Mary Soames-
Churchill.
Traduit de l’anglais par Dominique Boulonnais
et Antoine Capet
É
et Antoine Capet
É
et Antoine Capet
ditions Tallandier, novembre 2013
843 pages, 29.90 €
Entretien avec
François Kersaudy
Propos re
cueillis
par
Nathalie Jungerman
Florilettres >
numéro 150, édition décembre 20
1
3
Vous avez présen les lettres de
Winston et Clementine Churchill
(annotées par Lady Mary-Soames
Churchill) et publié plusieurs
ouvrages sur Churchill, notam-
ment
une biographie parue en
2009 aux éditions Tallandier...
Vous êtes-vous passion pour
cet homme parce que sa vie, tout
à fait extraordinaire, était nale-
ment peu connue en France ?
François Kersaudy
Ce n’est pas
exactement pour cette raison que
j’ai commencé à m’intéresser de
près à Churchill. À la n des années
j’ai commencé à m’intéresser de
près à Churchill. À la n des années
j’ai commencé à m’intéresser de
1970, alors que j’étudiais la campa-
gne de Norvège (avril - juin 1940),
je suis tombé par hasard dans les
archives britanniques sur le procès-
verbal d’une féroce dispute entre le
général de Gaulle et Winston Chur-
chill. Un document daté de 1941,
qui n’aurait pas se trouver dans
le dossier que je consultais, et qui
s’est révélé être extrêmement amu-
sant. Comme j’avais lu leurs
Mémoi-
res
respectifs, mais que je n’avais
rien vu de ce genre, j’ai demandé
au bibliothécaire s’il existait d’autres
documents semblables. Il y en avait
cinq dossiers, qui racontaient l’his-
toire orageuse de la relation entre
De Gaulle et Churchill. Leur lecture
m’a complètement détourné de ce
que j’étais en train d’étudier. Je me
suis aperçu qu’à l’exception d’un
petit article, rien n’avait été publié
sur la relation entre les deux hom-
mes. Comme j’étais en Angleterre à
l’époque et que les éditeurs français
refusaient de me publier parce que
j’étais inconnu, j’ai proposé le sujet
aux éditeurs anglais, qui ont immé-
diatement accepté. Mon livre intitulé
Churchill and De Gaulle
est sorti en
Angleterre chez HarperCollins en
1981, et l’année suivante en France,
aux éditions Plon naturellement
sous le titre
De Gaulle et Churchill.
(J’ai donc été mon propre traducteur,
et un critique français a
pu écrire : «
L’auteur est anglais, mais la traduction
est excellente » !)
En tout cas, ces
deux personnages m’ont paru tout
à fait extraordinaires, et leurs rela-
tions pouvaient faire des étincelles.
Mais ils savaient qu’ils étaient très
au-dessus de leurs contemporains,
par le talent, le patriotisme, leur vi-
sion longue de l’histoire et de l’ave-
nir. Ils se sont reconnus dans leur
admiration mutuelle...
J’étais déjà très intéressé par De
Gaulle quand j’ai commencé à me
passionner pour Churchill. Qui plus
est, à la n des années 1970, les
archives s’ouvraient et les témoins,
voire les acteurs, étaient encore
et acceptaient volontiers de parler
aux historiens (la famille de Churchill
,
l’Amiral Mountbatten, l’aide de camp
d’Hitler, le général Béthouart, vain-
queur de Narvik, et presque tout
l’entourage du général de Gaulle).
Pour un doctorant en histoire, c’était
une situation privilégiée. Il est très
rare en effet de disposer à la fois des
archives et des témoins. Par la suite,
dans bien cas, j’ai rencontré
Churchill,
car si l’on écrivait sur De Gaulle, les
États-Unis ou l’Union Soviétique, il
était toujours présent. Cependant,
là encore, je me suis aperçu que
nous n’avions pas en France de syn-
thèse correcte de sa vie ; seuls de
tout petits livres, des résumés pour
les
étudiants, et un somptueux
Wins-
ton
Churchill
de William Manchester,
qui s’arrêtait en 1940, - un quart
de siècle trop tôt. Une biographie a
paru chez Fayard en 1999, écrite par
François Bédarida.
Malheureusement,
elle posait d’énormes problèmes dont
le principal était l’absence de chrono
lo-
gie
– un ouvrage « à l’américaine
02
François Kersaudy
© Radio France
François Kersaudy est un historien français,
en 1948, spécialisé en histoire diplomati-
que et militaire.
Diplômé de l’Institut d’étu-
des politiques et docteur ès lettres, il parle
neuf langues et est l’auteur de nombreux
ouvrages écrits en français et en anglais. Il a
enseigné l’histoire contemporaine à Oxford,
puis a été professeur de langues anglaises
et anglo-saxonnes à l’universide Paris I
Panthéon Sorbonne. Il dirige aux éditions
Perrin la collection Maîtres de Guerre.
Il est notamment spécialiste de l’œuvre
de Winston Churchill, dont il a retraduit
les
moires de Guerre
.
François Kersaudy est chroniqueur au
Point.fr
.
Point.fr.Point.fr
François Kersaudy
Winston Church
ill
Le pouvoir d
e l’imagination
É
ditions
Tallandier
,
Tallandier, Tallandier
20
00 et 2009
»,
avec enterrement avant la mort,
puis naissance avant la rencontre
des parents, et nouveau décès à la
n... On avait du mal à s’y retrou-
ver, sans parler des répétitions. Il n’y
avait que 25 pages très aérées sur le
premier quart de siècle de la vie de
Churchill, ce qui était un peu court.
En fait, c’était une bonne étude de
sciences politiques, mais pas une
bonne biographie. J’ai donc pensé
que les lecteurs allaient avoir besoin
d’un ouvrage dans lequel on suit le
héros depuis sa naissance jusqu’à sa
mort, en évitant les tremblements
de temps... C’est pourquoi j’ai écrit
Winston Churchill, Le pouvoir de
l’imagination
(Tallandier, 2001, puis
2009 avec cent pages de plus. )
Dans cet ouvrage biographique,
on apprend que Churchill « mar-
che sur les pas de son père » bien
qu’il fût rabaissé par lui et même
délaissé par ses deux parents.
Au début de sa carrière, il est un
véritable personnage de roman.
Très courageux, il risque sa vie
et échappe au danger mortel de
façon extraordinaire...
F. K.
Churchill marche sur les pas
de son père dans le domaine de la
politique, mais pas dans celui de la
guerre. Randolph-Spencer Churchill,
son père, n’a jamais été militaire.
C’était un politicien, très compétent,
orgueilleux et téméraire, mais qui
manquait de mesure - ce qui lui a
coûté son poste de ministre -, sans
parler de la syphyllis, qu’on ne sa-
vait pas soigner à l’époque, et qui a
débouché sur une démence et une
issue fatale. Les Malborough, après
le grand duc, n’étaient pas spéciale-
ment glorieux, et le courage guerrier
dont a fait preuve Churchill s’était
perdu dans la famille depuis assez
longtemps
.
En partie parce qu’il a passé sa jeu-
nesse au château de Blenheim et
parce qu’il avait entendu le récit
des exploits de son illustre ancêtre,
Winston Churchill a cru posséder une
sorte de génie militaire qu’il aurait
reçu par les gênes, en quelque sorte.
Il a vécu au milieu d’armes, d’armu-
res, d’étendards et de peintures de
batailles, et ses soldats de plombs
ont aussi joué un rôle : à l’âge de
14 ans, il a montré à son père cette
ar
mée en
ordre de bataille - il avait
une collection qui représentait un
millier de gurines, que lui donnaient
les amis de son père et les amants
de sa mère. Il raconte cette histoire
admirablement dans un livre sur sa
jeunesse (
Mes jeunes années
, réé-
dité en 2007 par Tallandier). Il écrit
que son père, pour la première fois,
avec un « œil expert et un sourire
fascinant », a passé vingt minutes à
observer la scène « qui était réelle-
ment imposante ». Son père lui a de-
mandé alors s’il voulait rentrer dans
l’armée. Winston a acquiescé et a
été immédiatement pris au mot. Il
s’est imaginé en grand stratège, ce
qu’il était loin d’être. C’était un bon
militaire pour la formation qu’il avait
reçue, c’est-à-dire sous-lieutenant
de cavalerie formé à Sandhurst. Il
n’avait pas été jugé assez intelligent
pour être admis à l’école de guerre
et apprendre la stratégie. Tous ses
exploits guerriers entre 1895 et
1900, ce sont des exploits indivi-
duels, de lieutenant, de tacticien, ou
au commandement d’un petit pelo-
ton. Quand il est venu en France, en
1915, il commandait un bataillon et
le faisait admirablement bien, mais
il ne connaissait pas les règles de la
haute stratégie. Pendant la Seconde
Guerre mondiale,
il inventait donc au
fur et à mesure, ce qui pouvait être
tour à tour génial et catastrophique.
Ce que le président Roosevelt a
ré-
sumé
en une phrase très juste :
«
Churchill
a deux cents idées par jour,
dont quatre seulement sont bonnes,
mais il ne sait jamais lesquelles. »
La biographie nous renseigne
davantage sur les débuts de sa
relation avec Clementine que la
Correspondance
...
F. K.
Quand Churchill rencontre
Clementine, c’est un trentenaire,
célibataire endurci, qui a rencontré
peu de femmes et qui s’en méfi e.
Galanterie un peu platonique, gaf-
fes...
il n’a pas tellement de chances
de rencontrer une femme.
Dans sa
vie sentimentale, il y a une amie
proche,
Violet Bonham Carter, et
cette relation platonique avec Pame-
la Plowden, qui décide d’en épouser
un autre après l’avoir trop attendu.
Il a fallu l’aide de sa mère, de sa
tante, de son cousin pour empê-
Florilettres >
numéro 150, édition décembre 20
1
3
Entretien avec François Kersaudy
03
François Kersaudy
, Bibliographie
- Stratèges et Norvège 1940, les Jeux
de la Guerre et du Hasard
, Hachette,
1977.
- De Gaulle et Churchill,
Plon, collection
« espoir », 1982
- Vi stoler paa England
, Aschehoug,
Oslo, 1990 (en norvégien seulement)
-
Winston Churchill : Le pouvoir de
l’imagination
, Tallandier, 2000 et 2009.
(Grand prix d’histoire de la Société des
gens de lettres de France. Grand prix
de la biographie politique 2009.
-
Churchill et Monaco
,
É
de la biographie politique 2009.
É
de la biographie politique 2009.
ditions du
Rocher, 2002.
-
Churchill contre Hitler,
Tallandier,
2002.
-
De Gaulle et Churchill : La sen-
tente cordiale
, Perrin, 2003.
-
De Gaulle et Roosevelt : Le duel au
sommet,
Perrin, 2004. (Prix Henri
Malherbe 2005, Prix Maurice Baumont
2005)
-
L’affaire Cicéron : 1943
, Perrin, 2005.
-
Lord Mountbatten,
Payot, 2006.(Prix
Guillaume le Conqrant de la biogra-
phie 2006)
- Nouvelle traduction, introduction et
commentaires des
moires de Guerre
de Winston Churchill
, Tallandier, 2009
et 2010
-
Hermann Goering : Le deuxième
homme du IIIe Reich
, Perrin, 2009.
-
Le monde selon Churchill : Sen-
tences, con dences, prophéties et
parties,
Tallandier, 2011.
-
Hitler
, Perrin, 2011 (Collection Maî-
Hitler, Perrin, 2011 (Collection M-Hitler
tres de Guerre)
Staline
, Perrin, 2012 (Collection Maî-
tres de Guerre)
-
Les Secrets du IIIe Reich,
Perrin,
2013
-
Stalingrad,
Perrin, septembre 2013
François Kersaudy
Church
ill contre Hitler
Norvège 1940, la victoire fatale
É
ditions
Tallandier
, 2012,
Tallandier, 2012, Tallandier
366 pages
.
(première édition
20
02)
cher
Clementine de fuir aussi avant
le mariage, tellement le nombre de
gaffes de Churchill était impression-
nant. Par rapport aux conventions,
Clementine a fait des concessions.
Même au moment du mariage, après
la cérémonie, il n’a pas compris qu’il
fallait sortir avec la mariée, il s’est
mis à parler politique avec LIoyd
George devant l’autel. Quant au
voyage de noces à Venise, Clemen-
tine regrettait de ne pas avoir été en
gondole, car son nouvel époux rédi-
geait des rapports ministériels... Il y
a tout un arrière-fond qui ne se voit
pas dans la correspondance, et dont
il faut tenir compte pour comprendre
les débuts de cette relation peu ordi-
naire. Mais à l’évidence, tout cela a
débouché sur un mariage heureux.
Vous écrivez dans la biographie :
« Churchill, seul guerrier parmi les
politiciens, seul politicien parmi les
guerriers, seul politicien-guerrier
qui soit également journaliste, est
devenu bre grâce à la campa-
gne du Soudan, pu grâce à la
guerre des Boers, gure nationale
grâce à la Premre Guerre mon-
diale et ros national grâce à la
Seconde. »
F. K.
s l’âge de vingt ans, Churchill se
sent à la fois des vocations de journa-
liste, de guerrier et de politicien. Toute
sa vie, il sera incapable de choisir en-
tre ces trois vocations, et il voudra les
poursuivre en me temps. Chaque
fois qu’il sera ar dans l’une de ses
carrres, il continuera avec l’autre. Et
il refusera de privilégier l’une par rap-
port à l’autre. Bien r, la fonction de
ministre de la guerre l’amènera à pri-
vigier la haute stragie militaire par
rapport au politique et au journalisme.
Et quand je dis « journalisme », je veux
dire aussi écrivain. Churchill avait une
façon très imagée de voir les choses. Il
traduisait les alis et ses sentiments
avec des mots et des expressions que
les autres auraient été incapables de
trouver. Ceux qui l’on connu m’ont
tous rapporté qu’on l’écoutait discourir
jusqu’à 4 heures du matin sans pou-
voir s’endormir, de peur de manquer
une de ses tirades, en étant bien cons-
cient que personne d’autre ne pou-
vait en faire de semblables. Churchill
était effectivement un écrivain, un po-
liticien et un guerrier. La plupart des
politiciens de son époque écrivaient
mal, et ils n’étaient pas du tout guer-
riers. Le Premier ministre Asquith, par
exemple, était très mal à l’aise dans
les affaires militaires, et pendant les
comis de guerre, il écrivait à sa maî-
tresse ! Churchill était capable d’écrire
et declamer merveilleusement bien
- il écrivait lui-me ses discours poli-
tiques - et de se passionner en me
temps pour la guerre. En politique in-
rieure, il était plutôt maladroit. Son
épouse Clementine, qui était libérale,
avait un bien meilleur sens politique à
cet égard, et elle intervenait souvent
pour le conseiller. S’il n’y avait pas eu
les deux guerres, je ne dis pas que
Churchill aurait ni comme son re,
mais sans doute comme un original
prêchant dans le sert. Après tout, à
la n des années trente, il avait seule-
ment 4 partisans au Parlement !
Winston était du parti conserva-
teur et a séduit les libéraux puis
est redevenu conservateur. En
fait, il n’était pas l’homme d’un
parti mais un homme de convic-
tions.
F. K.
En effet. Le parti était censé
re éter ses ies. À partir du moment
En effet. Le parti était censé
re éter ses ies. À partir du moment
En effet. Le parti était censé
le parti n’exprimait plus ses idées,
il le quittait : « Certains changent de
convictions pour lamour de leur parti.
Moi, je change de parti pour l’amour
de mes convictions ».
Au début, il a
été conservateur parce que son père
l’était. Ensuite, il s’est aperçu que
cela ne lui convenait pas, donc en
1904, il est passé chez les libéraux.
À partir de 1924, il s’est rendu comp-
1904, il est passé chez les libéraux.
À partir de 1924, il s’est rendu comp-
1904, il est passé chez les libéraux.
te que les libéraux ne refl étaient plus
ses convictions, et il est repassé
discrètement chez les conservateurs,
qui lui ont donné un poste ministériel
,
non sans rancoeur. Puis, vers la n
des années vingt, il a compris que
les conservateurs allaient abandon-
ner une partie de l’Empire, qui était
sacré pour lui, il a démissionné des
cadres du parti pour devenir
conserva-
teur d’opposition : « Tout le monde
peut retourner sa veste, mais il faut
un certain talent pour la remettre
à l’endroit ! » En tout cas, pendant
toutes les années trente, c’était un
électron libre au Parlement...
On redoutait Churchill parce qu’il ne
faisait rien comme tout le monde.
On voulait abandonner l’Empire, il ne
Florilettres >
numéro 150, édition décembre 20
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04
Entretien avec François Kersaudy
Winston Churchill
en 1900
Clementine Ogilvy Spencer-Churchill
e Hozier (1885-1977)
en 1915
Winston Churchill aux éditions
Tallandier, collection « Texto »
moires de guerre
Tome 1, 1919 - Février 1941
Traduction de François Kersaudy
2009 & 2013
moires de guerre
Tome 2, Février 1941-1945
Traduction de François Kersaudy
2010 & 2013
moires de guerre - Tome 1 et 2
Traduction de François Kersaudy
septembre 2013 (coffret)
Mes jeunes anes
Traduction Jean Rosenthal
2007
exions et aventures
Traduction Charly Guyot
2008
Discours de guerre
Traduction Aude Chamouard, Denis-Armand
Canal, Guillaume Piketty
2009
Mon voyage en Afrique : 1907
Traduction Pierre Guglielmina
2010
Journal politique 1936-1939
Traduction Pierre Guglielmina
2010
voulait pas ; on voulait apaiser Hitler,
il ne voulait pas ; on voulait désar-
mer, il ne voulait pas... Il faisait des
discours redoutables à la Chambre
- ce qui évidemment le mettait en
opposition avec la direction des par-
tis conservateurs. Il est également
intéressant de constater que Chur-
chill était belliqueux, mais pas bel-
liciste.
Avant une guerre, il faisait
tout pour l’éviter. Mais une fois la
guerre déclarée, il faisait tout pour
la gagner.
Il dit d’ailleurs
:
« la défaite est
insupportable quelle que soit la
façon dont on la console, l’expli-
que ou la minimise ».
(
Conver-
sations intimes,
p. 40,
16 avril
1908
)
F. K.
Absolument. Selon lui, il n’y a
pas d’excuse à la défaite. Churchill
- qui connaissait le Kaiser (c’était un
ami de ses parents), et qui, à maintes
reprises, a été invité aux manœuvres
militaires en Allemagne avant la
Pre-
mière Guerre mondiale -, a
supplié le
Kaiser de ne pas provoquer un confl it.
Il aspirait donc vraiment à la paix. Ce
n’était pas un pacifi ste,
car il n’était
pas prêt à faire des concessions hu-
miliantes pour obtenir la
paix, mais il
était prêt à tout faire pour qu’on s’en-
tende et qu’on n’ait pas recours à la
guerre. Par contre, quand la guerre
était déclarée, c’était un autre hom-
me.
Il pouvait tout sacrifi er pour la
gagner. Et une fois l’ennemi battu,
il ne pensait qu’à la réconciliation.
Il
a combattu comme un lion en
Afrique du Sud, mais une fois les
Boers vaincus, il est devenu leur
meilleur avocat en temps de paix. Il
a eu de dèles alliés parmi les
an-
ciens Boers, notamment le Maréchal
Jan Christiaan Smuts et le Président
Botha, qui lui ont rendu d’immenses
services pendant les deux guerres.
Durant la Première, les Sud Africains
ont conquis les colonies allemandes,
ils étaient les meilleurs alliés des
Anglais, et pendant la Seconde, un
des conseillers les plus sages, les
plus écoutés de Churchill, c’était le
général sud-africain Smuts, qui a
été nommé Maréchal britannique
en 1941. Le Chef d’
É
été nommé Maréchal britannique
É
été nommé Maréchal britannique
tat-major de
Churchill et certains de ses généraux
faisaient appel à lui, son ancien ad-
versaire, pour le raisonner et l’empê-
cher de faire des erreurs. La plupart
des anciens ennemis de Churchill,
y compris certains qui ont voulu
l’assassiner, sont devenus ses plus
chauds partisans par la suite. C’est
le cas du célèbre activiste Edward
Carson, qui a fait ensuite ses campa-
gnes électorales ! Churchill est bien
un personnage de roman.
On peut parler aussi de la naïveté
de Churchill quant à son avis sur
Staline, ou son amit avec Roose-
velt. Et sa rencontre avec Musso-
lini en 1927.
F. K.
Distinguons Mussolini et
Staline.
Avant que Mussolini ne devienne le
Duce conquérant, il était le pire
adversaire d’Hitler. Jusqu’en 1935,
si vous étiez pour Mussolini, cela si-
gnifi ait que vous étiez contre Hitler.
C’est Mussolini qui l’a empêché de
phagocyter l’Autriche en 1934, en
envoyant des soldats à la frontière du
Brenner pour protéger l’indépendan-
ce de l’Autriche. C’est lui dont tout
le monde cherchait l’alliance pour
contrer Hitler. Mussolini était hau-
tement fréquentable jusqu’à ce qu’il
se lance dans l’aventure de l’Ethiopie
et de la guerre d’Espagne en 1936.
Avant cela, que Churchill ait été par-
tisan de fréquenter Mussolini, cela se
comprend très bien. C’était un allié
potentiel contre Hitler, et même Léon
Blum recherchait son alliance...
Dans le cas de Staline, l’idée que
Churchill pouvait avoir les mêmes
relations avec lui qu’avec Roosevelt
montrait son côté naïf et enfantin.
Churchill, qui était férocement anti-
communiste et surestimait énormé-
ment son pouvoir d’infl uence, pensait
qu’en dehors d’Hitler, tous les gens
étaient raisonnables. Il a fait la même
bêtise à propos de Tito, et a prêté
à certains personnages qui étaient
de simples bandits des sentiments
de noblesse churchillienne qui leur
étaient entièrement étrangers.
Par-
fois, Churchill trouvait que
Sta-
line
était un homme anormal, mais
il disait : « On a besoin de lui pour
vaincre Hitler, et de toute façon, il ne
pourra pas faire autrement que de
s’entendre avec nous ». Il n’avait pas
compris qui était Staline. Avec une
totale naïveté, il pensait que
c’était
Florilettres >
numéro 150, édition décembre 20
1
3
Entretien avec François Kersaudy
05
Winston Churchill
moires de guerre
Tome 1, 1919 - Février 1941
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Tallandier
, 2009
Tallandier, 2009Tallandier
Winston Churchill
moires de guerre
Tome 2, Février 1941-1945
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Tallandier
, 2010
Tallandier, 2010Tallandier
Winston Churchill
moires de guerre
Tome 1 et 2
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Éditions
Traduction de Fraois Kersaudy
Tallandier
, septembre 2013
Tallandier, septembre 2013Tallandier
(Poche), 1642 pages
Winston Churchill
(1874-1965)
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