avec enterrement avant la mort,
puis naissance avant la rencontre
des parents, et nouveau décès à la
fi n... On avait du mal à s’y retrou-
ver, sans parler des répétitions. Il n’y
avait que 25 pages très aérées sur le
premier quart de siècle de la vie de
Churchill, ce qui était un peu court.
En fait, c’était une bonne étude de
sciences politiques, mais pas une
bonne biographie. J’ai donc pensé
que les lecteurs allaient avoir besoin
d’un ouvrage dans lequel on suit le
héros depuis sa naissance jusqu’à sa
mort, en évitant les tremblements
de temps... C’est pourquoi j’ai écrit
Winston Churchill, Le pouvoir de
2009 avec cent pages de plus. )
Dans cet ouvrage biographique,
on apprend que Churchill « mar-
che sur les pas de son père » bien
qu’il fût rabaissé par lui et même
délaissé par ses deux parents.
Au début de sa carrière, il est un
véritable personnage de roman.
Très courageux, il risque sa vie
et échappe au danger mortel de
Churchill marche sur les pas
de son père dans le domaine de la
politique, mais pas dans celui de la
guerre. Randolph-Spencer Churchill,
son père, n’a jamais été militaire.
C’était un politicien, très compétent,
orgueilleux et téméraire, mais qui
manquait de mesure - ce qui lui a
coûté son poste de ministre -, sans
parler de la syphyllis, qu’on ne sa-
vait pas soigner à l’époque, et qui a
débouché sur une démence et une
issue fatale. Les Malborough, après
le grand duc, n’étaient pas spéciale-
ment glorieux, et le courage guerrier
dont a fait preuve Churchill s’était
perdu dans la famille depuis assez
En partie parce qu’il a passé sa jeu-
nesse au château de Blenheim et
parce qu’il avait entendu le récit
des exploits de son illustre ancêtre,
Winston Churchill a cru posséder une
sorte de génie militaire qu’il aurait
reçu par les gênes, en quelque sorte.
Il a vécu au milieu d’armes, d’armu-
res, d’étendards et de peintures de
batailles, et ses soldats de plombs
ont aussi joué un rôle : à l’âge de
14 ans, il a montré à son père cette
ordre de bataille - il avait
une collection qui représentait un
millier de fi gurines, que lui donnaient
les amis de son père et les amants
de sa mère. Il raconte cette histoire
admirablement dans un livre sur sa
dité en 2007 par Tallandier). Il écrit
que son père, pour la première fois,
avec un « œil expert et un sourire
fascinant », a passé vingt minutes à
observer la scène « qui était réelle-
ment imposante ». Son père lui a de-
mandé alors s’il voulait rentrer dans
l’armée. Winston a acquiescé et a
été immédiatement pris au mot. Il
s’est imaginé en grand stratège, ce
qu’il était loin d’être. C’était un bon
militaire pour la formation qu’il avait
reçue, c’est-à-dire sous-lieutenant
de cavalerie formé à Sandhurst. Il
n’avait pas été jugé assez intelligent
pour être admis à l’école de guerre
et apprendre la stratégie. Tous ses
exploits guerriers entre 1895 et
1900, ce sont des exploits indivi-
duels, de lieutenant, de tacticien, ou
au commandement d’un petit pelo-
ton. Quand il est venu en France, en
1915, il commandait un bataillon et
le faisait admirablement bien, mais
il ne connaissait pas les règles de la
haute stratégie. Pendant la Seconde
fur et à mesure, ce qui pouvait être
tour à tour génial et catastrophique.
Ce que le président Roosevelt a
en une phrase très juste :
a deux cents idées par jour,
dont quatre seulement sont bonnes,
mais il ne sait jamais lesquelles. »
La biographie nous renseigne
davantage sur les débuts de sa
relation avec Clementine que la
Quand Churchill rencontre
Clementine, c’est un trentenaire,
célibataire endurci, qui a rencontré
peu de femmes et qui s’en méfi e.
Galanterie un peu platonique, gaf-
il n’a pas tellement de chances
vie sentimentale, il y a une amie
cette relation platonique avec Pame-
la Plowden, qui décide d’en épouser
un autre après l’avoir trop attendu.
Il a fallu l’aide de sa mère, de sa
tante, de son cousin pour empê-
numéro 150, édition décembre 20
Entretien avec François Kersaudy
03
- Stratèges et Norvège 1940, les Jeux
de la Guerre et du Hasard
- De Gaulle et Churchill,
Oslo, 1990 (en norvégien seulement)
Winston Churchill : Le pouvoir de
, Tallandier, 2000 et 2009.
(Grand prix d’histoire de la Société des
gens de lettres de France. Grand prix
de la biographie politique 2009.
de la biographie politique 2009.
É
de la biographie politique 2009.
De Gaulle et Churchill : La mésen-
De Gaulle et Roosevelt : Le duel au
Perrin, 2004. (Prix Henri
Malherbe 2005, Prix Maurice Baumont
Guillaume le Conquérant de la biogra-
- Nouvelle traduction, introduction et
Hermann Goering : Le deuxième
Le monde selon Churchill : Sen-
tences, confi dences, prophéties et
, Perrin, 2011 (Collection Maî-
Hitler, Perrin, 2011 (Collection Maî-Hitler
, Perrin, 2012 (Collection Maî-
Les Secrets du IIIe Reich,
Norvège 1940, la victoire fatale
Tallandier, 2012, Tallandier