jeudi 8 novembre 2012
14 MARCHÉS & PRODUITS
PAGE
JIAN SHI CORTESI
*
Les actions chinoises montrent des signes de reprise
après deux ans de sous-performance par rapport au
marché global. D’un point de vue macro, les récen-
tes statistiques ont favorablement surpris, la politi-
que monétaire s’est assouplie et les mesures de re-
lance modérées des infrastructures ont contribué à
une amélioration progressive de l’économie. Sur le
plan microéconomique, la croissance des bénéfices
industriels s’est accélérée en septembre et les prix des
principales matières premières sur les marchés in-
térieurs ont atteint un plancher ou commencent à
s’apprécier à nouveau. Ces facteurs pourraient ren-
forcer l’indice MSCI China, qui se négocie actuel-
lement à près de dix fois les bénéfices estimés, ce
qui est peu en comparaison historique.
Dans un scénario de reprise, les valeurs cycliques do-
mestiques liées à l’industrie lourde et à la construc-
tion pourraient afficher une forte performance et of-
frir des opportunités de transactions à court terme.
Toutefois, les sociétés que nous privilégions le plus
demeurent bien positionnées pour tirer parti de la
tendance à long terme de croissance des revenus et
de la consommation en Chine. Les nouveaux diri-
geants chinois entreront en fonction l’an prochain,
mais ils sont déjà actifs à des postes clés du gouver-
nement depuis plusieurs années. Ils continueront
ainsi de guider la Chine sur la voie tracée par le
12eplan quinquennal et leur objectif politique prin-
cipal sera susceptible d’englober la croissance de la
consommation, la protection de l’environnement, la
réforme du marché des capitaux et des logements
abordables. Les principaux bénéficiaires de ces po-
litiques pourraient être les entreprises de la vente
de détail, de l’automobile, de l’électronique grand
public, du divertissement, de la technologie de l’in-
formation et des assurances. Dans ce segment, nous
privilégions les sociétés qui ont un avantage concur-
rentiel, une forte capacité de générer des revenus, un
bilan solide et une stratégie de croissance raison-
née. Nous avons récemment augmenté notre pon-
dération dans les actions liées à la consommation qui
remplissent ces critères. Selon notre analyse, les pré-
visions de bénéfices de ces sociétés commenceront
à s’améliorer dans la première moitié de 2013, et nous
considérons que les prix bas actuels des actions consti-
tuent de bons points d’entrée. Nous avons également
augmenté l’exposition au secteur du charbon car
nous prévoyons un creux des prix et de la demande.
*JB Chindonesia Fund
Les opportunités du scénario de reprise chinoise
Les prévisions de bénéfices des sociétés commenceront à s’améliorer dans la première moitié de 2013. Les prix bas actuels des actions représentent de bons points d’entrée.
THOMAS STADELMANN
*
Malgré leur taux de croissance im-
pressionnant, les petites économies
asiatiques sont souvent oubliées
face à la croissance de la Chine.
Mais l’importance de ces pays de-
vrait progresser dans les années à
venir. En raison de leurs impor-
tants avantages de coûts, ces tigres
asiatiques attirent en effet de plus
en plus l’attention des entreprises
étrangères.
Les nouveaux tigres asiatiques se
sont rassemblés en 1967 avec la
formation de l’ASEAN, l’Associa-
tion des nations de l’Asie du Sud-
Est. Les Etats fondateurs incluaient
la Thaïlande, l’Indonésie, la Malai-
sie, les Philippines et Singapour.
Au cours des décennies suivantes,
d’autres pays ont rejoint l’organi-
sation qui se compose désormais
de 10 pays et représente près de
600 millions d’habitants, soit qua-
siment le double de l’Union eu-
ropéenne. Mais il ne s’agit pas du
tout d’un groupe homogène:
constitué de pays prospères
comme la cité-État de Singapour
et des nations émergentes dynami-
ques que sont la Malaisie et l’Indo-
nésie, il compte également des pays
pauvres comme le Laos et le Cam-
bodge. L’association présente éga-
lement d’importantes disparités en
termes de religions et de systèmes
politiques. Mais malgré toutes ses
divergences, cette union qui reste
précaire envisage à moyen terme
une fusion basée sur le modèle eu-
ropéen. L’objectif est de supprimer
les obstacles douaniers entre les
États membres d’ici à 2015, même
s’il est souvent perçu par les obser-
vateurs politiques comme très am-
bitieux.
Un indice calculé par le World
Economic Forum (WEF) compa-
rant la qualité des infrastructures
de chaque pays montre qu’il existe
des différences majeures entre les
États membres de l’ASEAN. L’As-
sociation se compose d’une part de
plusieurs pays très développés,
comme Singapour, qui occupe la
troisième place du classement du
WEF, et d’autre part de pays
comme le Vietnam et les Philippi-
nes, qui présentent d’importants
retards en matière d’infrastructu-
res. Les gouvernements ont re-
connu qu’il fallait agir et des ac-
cords de libre-échange, y compris
avec des pays non membres de
l’ASEAN, devraient favoriser la re-
lance de la croissance de l’écono-
mie régionale. La Suisse a d’ores et
déjà conclu un accord de ce genre
avec Singapour et des accords si-
milaires devraient bientôt suivre
avec des pays comme l’Indonésie,
le Vietnam et la Malaisie (la Suisse
et la Malaisie ont lancé ce proces-
sus ce lundi). Malgré le manque
d’homogénéité et les restrictions
réglementaires actuelles en matière
d’investissements étrangers, la ré-
gion dans son ensemble devrait en-
registrer un développement très
dynamique dans le futur, et les in-
vestissements directs étrangers de-
vraient fortement augmenter avec
l’ouverture de l’économie régio-
nale. Une nouvelle vague d’inves-
tissements devrait se concentrer
avant tout sur l’extraction et le trai-
tement des matières premières
dans des pays comme l’Indonésie
et le Vietnam.
Une politique monétaire plus ex-
pansionniste devrait relancer l’an
prochain la dynamique de crois-
sance dans la région. Les investis-
sements directs étrangers devraient
également augmenter sous l’effet
des processus d’intégration conti-
nus. L’une des raisons du dévelop-
pement positif de la région est l’ac-
célération de la croissance des
salaires en Chine au cours des der-
nières années, laquelle a rendu des
pays comme le Vietnam et l’Indo-
nésie plus compétitifs par rapport
à d’autres pays asiatiques. Les coûts
unitaires de main-d’œuvre repré-
sentent également un critère im-
portant lorsqu’il s’agit d’évaluer la
compétitivité mondiale d’un pays.
En l’état actuel des choses, les coûts
de la main-d’œuvre chinoise peu-
vent sembler bas dans un contexte
mondial, mais ils augmentent et
représentent une part de plus en
plus importante des marges sur les
produits. Par conséquent, les en-
treprises avec des processus exi-
geants en main-d’œuvre transfè-
rent de plus en plus d’emplois vers
des pays aux coûts salariaux infé-
rieurs.
L’Indonésie a souvent joué un rôle
de pionnier dans la région. Cet Etat
multiethnique s’est considérable-
ment développé depuis la crise
asiatique de 1997/98. En effet,
l’aversion accrue des investisseurs
pour les risques liés aux marchés
émergents n’a concerné l’Indoné-
sie que pendant une période de
temps très courte. Au cours des
cinq dernières années, la croissance
économique de l’Indonésie - qui
compte pas moins de 240 millions
d’habitants - n’a jamais été infé-
rieure à 4,5%, et elle est montée l’an
dernier à un taux impressionnant
de 6,5%. Durant la crise financière,
le pays s’est également montré très
robuste. Il est parvenu à échapper
à la tendance généralement néga-
tive dont a souffert la région. Le
fait que l’Indonésie ait réussi à gé-
nérer une croissance solide malgré
un contexte de ralentissement éco-
nomique mondial s’explique par
la relativement faible dépendance
du pays (d’après les standards des
pays émergents) à l’égard de ses ex-
portations, son économie étant
avant tout tirée par une demande
interne solide.
Cependant, l’Indonésie est déter-
minée à renforcer l’internationali-
sation de son économie et suit à cet
égard les traces de son important
voisin chinois, dont l’économie est
fortement axée sur l’exportation.
Le pays prévoit ainsi dans le futur
plusieurs projets d’infrastructures
majeurs visant à favoriser l’inter-
nationalisation de son économie.
Par exemple, l’entreprise publique
Indonesia Port Corporation II a
démarré la mise en chantier du
Kalibary Port, une extension de
Tanjung Priok, le port principal
du pays situé au nord de Djakarta.
Pas moins de 2,5 milliards de dol-
lars ont été investis dans ce pro-
jet. A l’achèvement des travaux
en 2023, Kalibaru devrait être l’un
des dix plus grands ports au
monde. Ceci donne un aperçu de
l’ampleur des ambitions de ce pays
multi-insulaire.
Les tigres asiatiques deviennent de
plus en plus attractifs sur fond de
concurrence internationale entre
les pays. Les faibles coûts salariaux
attirent un nombre croissant d’en-
treprises dont l’activité tourne au-
tour de la fabrication de produits
exigeants en main-d’œuvre. Ce dé-
veloppement s’explique aussi par
le fait que les gouvernements de ces
pays cherchent à accroître leur at-
tractivité par le biais d’investisse-
ments en infrastructures. Plusieurs
membres de l’ASEAN devraient
susciter l’intérêt croissant des inves-
tisseurs étrangers pour l’implanta-
tion de leur production industrielle,
surtout par rapport à la Chine.
*Hyposwiss Private Bank
L’intérêt pour les outsiders
asiatiques se développe
Le poids des pays de l’ASEAN ne cesse de croître. Ils devraient susciter l’intérêt croissant des investisseurs.
TAUX DE RÉMUNÉRATION HORAIRE
U.S. Bureau of Labor Statistics (département américain du Travail)
Secteur manufacturier. (Variation annuelle en pourcentage).
30
20
10
0
-10
06 07 08 09 10 06 07 08 09 10 06 07 08
Asie Europe occidentale Chine
Danone visé
par l’américain
Nelson Peltz
L’investisseur activiste américain
Nelson Peltz a Danone dans son
viseur, estimant que le groupe ali-
mentaire français devait réduire
ses coûts et faire une meilleure uti-
lisation de ses liquidités au profit
des actionnaires, affirme mercredi
le quotidien Financial Times.
Trian, le fonds d’investissement
fondé par M. Peltz, a accumulé
une participation de l’ordre de 1%
dans Danone, moyennant un in-
vestissement d’environ 300 mil-
lions d’euros, selon des personnes
proches du dossier citées par le
journal économique britannique.
«Il existe dans nos statuts une pro-
cédure indiquant que tout fran-
chissement de seuil de plus de
0,5% du capital doit faire l’object
d’une déclaration écrite», a expli-
qué une porte-parole du groupe.
«Pour le moment nous n’avons
rien reçu, donc on ne fait pas de
commentaire», a-t-elle ajouté.
Les investisseurs activistes ont
pour stratégie de prendre une par-
ticipation dans une société cotée
dont ils jugent le cours sous-éva-
lué pour l’obliger à modifier sa
stratégie dans un sens plus favo-
rable à l’actionnaire.
M. Peltz s’en est déjà pris dans le
passé à plusieurs groupes alimen-
taires, comme Heinz, Kraft et
Cadbury. C’est la première fois
qu’il intervient dans une société
cotée française, note le journal, en
relevant l’aversion traditionnelle
des milieux d’affaires de l’Hexa-
gone envers l’activisme actionna-
rial incarné par M. Peltz.
Tension sur
les taux italiens
et espagnols
Les taux d’emprunt de l’Espagne
et de l’Italie se sont tendus hier sur
le marché obligataire, pénalisés
par les prévisions moroses de la
Commission européenne sur la
zone euro, tandis que la dette amé-
ricaine profitait de la réélection
du président Barack Obama.
Le taux à 10 ans de l’Espagne
grimpait hier à 5,693% (contre
5,660% mardi à la clôture) sur le
marché secondaire, où s’échange
la dette déjà émise.
Madrid va en outre procéder à un
emprunt obligataire jeudi matin,
qui sera très suivi par les marchés,
à échéance 2015, 2018 et 2032.
De son côté, le taux de l’Italie sui-
vait la même tendance et progres-
sait légèrement à 4,908% (contre
4,896%).
Parmi les pays les plus solides, le
taux de l’Allemagne baissait à
1,380% (contre 1,439%), tout
comme celui de la France à
2,180% (contre 2,202%).
Hors zone euro, le taux britanni-
que reculait à 1,759%, contre
1,816% la veille.
Enfin, aux Etats-Unis, le taux à
10 ans baissait à 1,637% contre
1,751% la veille, tout comme ce-
lui à 30 ans à 2,829% contre
2,920% mardi. Le taux à 3 mois
progressait à 0,10%, contre 0,09%
la veille.
PÉTROLE: effondrement
Les prix du pétrole se sont effon-
drés hier à New York, dans un
marché préoccupé par la réélec-
tion aux Etats-Unis du président
Barack Obama et d’un Congrès
divisé. Le baril de «light sweet
crude» (WTI) pour livraison en
décembre a chuté de 4,27 dollars
à 84,44 dollars sur le New York
Mercantile Exchange (Nymex).
Les prix ont accentué encore da-
vantage leurs pertes après la
publication du rapport hebdoma-
daire du Département de l’Ener-
gie sur les réserves d’or noir. S’il a
fait état d’une hausse de 1,8 mil-
lion de barils des stocks de brut
lors de la semaine achevée le 2 no-
vembre, en ligne avec les attentes
des analystes, ce rapport a an-
noncé des hausses inattendues des
stocks de produits raffinés. Les ré-
serves d’essence ont affiché une
hausse de 2,9 millions de barils,
alors que les experts attendaient
une diminution de 1,3 million de
barils, et les stocks de produits dis-
tillés ont augmenté de 100.000
barils, alors que les analystes pa-
riaient sur un recul de 1,6 million
de barils.