ÉDITORIAL LES JÉSUITES EN INDONÉSIE Quand je suis allé en Indonésie, au début de l’année, c’était d’abord pour connaître le contexte de vie et de travail d’un des missionnaires de chez nous, décédé l’an dernier, le père Louis Leahy. En échangeant avec ses confrères jésuites et plusieurs de ses anciens étudiants, j’ai beaucoup appris sur cet homme si discret de nature duquel, somme toute, nous ne savions que bien peu de choses. Les pages qui suivent vous proposent donc de le découvrir : il fut un missionnaire dans l’âme, un professeur apprécié et surtout sans doute un véritable philosophe de l’époque contemporaine. Mais mon séjour au pays de Louis Leahy – il avait pris la nationalité indonésienne – me permettait aussi de faire brièvement la connaissance d’une Province jésuite tout à fait originale. Concentrés surtout sur l’île de Java, les quelque 300 jésuites d’Indonésie œuvrent de multiples manières au cœur du pays où l’on retrouve le plus grand nombre de musulmans. On connaît peu de ce pays si loin de chez nous, du point de vue géographique, et l’image qu’on se fait des pays musulmans n’est souvent pas très positive. Ce fut une véritable découverte, pour moi, de constater l’étendue des engagements de la Province jésuite d’Indonésie, certains plus traditionnels, d’autres plus nouveaux, lors de ma visite des régions de Jakarta, la capitale, de Yogyakarta et de Semarang. Le BRIGAND vous présente donc une première partie d’un dossier indonésien, un dossier que nous poursuivrons dans le prochain numéro. Cette fois-ci, nous concentrons notre attention d’abord sur le père Leahy, ensuite sur les activités jésuites dans la région côtière de Semarang, un port important où est installée l’administration provinciale des jésuites d’Indonésie. Dans le prochain numéro, il sera question du travail remarquable des studios audiovisuels Puskat, à Yogyakarta, mais plus encore des réflexions que font certains jésuites spécialistes de l’Islam et engagés sur le terrain des relations entre chrétiens et musulmans. De fait, qu’est-ce qu’on sait de l’Indonésie sinon que c’est là qu’on trouve Bali, une sorte de paradis sur terre, selon les agences touristiques? On a peut-être ouï-dire qu’il y avait eu, là comme ailleurs, des tensions entre groupes religieux et que des islamistes fondamentalistes s’étaient manifestés de temps à autre. Pourtant, de manière générale, l’Islam en Indonésie n’est pas celui des groupes radicaux. Les jésuites qui vivent là-bas, s’ils ne sont pas naïfs et qu’ils reconnaissent le danger que représentent certaines factions extrémistes, considèrent que le pays est généralement marqué par la tolérance religieuse. En Indonésie, islam, christianisme, bouddhisme, hindouisme et animisme se côtoient globalement sans heurts. Un exemple, illustré par la photo ci-dessus : Borobudur, à Java, est la fierté des Indonésiens : c’est le plus grand temple bouddhiste du monde. Pierre Bélanger, S.J. Directeur de la revue Le Brigand [email protected] ■ Photo : Le directeur du Brigand, Pierre Bélanger, S.J., en visite au temple Borubudur. 3