
Paris, le 17 septembre 2013 
 
L’ASEAN 
  
 
  L’ASEAN est une construction politique comparable à l’UE, mais bien moins intégrée. Créée en 1967 
par  Singapour,  la  Malaisie,  les  Philippines,  l’Indonésie  et  la  Thaïlande,  l’organisation  a  ensuite  intégré 
successivement le Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge. Elle représente aujourd’hui un PIB 
de 2 200 milliards de dollars en croissance de 5,5% par an et 600 millions de personnes, avec une pyramide 
des âges jeune, comparable à celle de l’Inde. 
En revanche, les différences économiques et politiques entre ces pays  en font  une zone  très hétérogène. Le 
PIB  par  habitant à  Singapour est  plus  de  50  fois  son  équivalent  en  Birmanie ! Le  Brunei est  une  monarchie 
absolue  tandis que  l’Indonésie  ou  la  Thaïlande  sont  des  démocraties actives,  avec  leurs  lots  de  soubresauts 
politiques. 
Ces différences considérables ont nécessité une approche beaucoup plus souple 
que celle suivie en Europe, avec des principes de consensus, de non-ingérence 
mutuelle et de non-coercition. L’idée première était aussi de réduire les risques 
de  conflits  dans  la  zone.  Pour  chaque  étape  d’intégration,  chaque  pays  peut 
choisir  ou  non  de  participer. Cela  rend  évidemment le  processus  quelques fois 
interminable,  mais  réduit  considérablement  les  tensions  et  accessoirement, 
limite les lourdeurs administratives. Le Secrétariat de l’ASEAN basé à Jakarta ne 
compte que 260 personnes ! 
La  libre  circulation  des  biens  est  acquise.  L’objectif  aujourd’hui  est  d’arriver  à 
une  libre  circulation  des  capitaux  pour  créer  une  zone  d’investissement  plus 
forte,  devenir  une  classe  d’actif  à  part  entière  sur  les  marchés  mondiaux  et 
faciliter  ainsi  le  financement  de  l’économie.  Déjà,  l’Asean  Trading  Link  permet 
une interconnexion entre les bourses malaise, thaïlandaise et singapourienne. Il 
est aussi possible de lister un titre sur les trois bourses avec un seul et unique 
prospectus.  La  même  chose  devrait  venir  pour  les  fonds  d’investissement. 
L’Indonésie,  les  Philippines  et  le  Vietnam  s’y  joindront  à  relativement  court 
terme. Les autres (Brunei, Laos, Birmanie et Cambodge) pourront faire de même quand ils seront prêts, c’est-
à-dire  quand  les  structures  financières  de  chacun  seront  suffisamment  développées.  L’objectif  d’une 
intégration financière complète pour 2015  ne  sera pas atteint et  il  faudra certainement 5 ou  10  ans de plus 
pour  y  arriver.  Mais  cette  approche  pragmatique,  pas  à  pas,  limite  grandement  les  risques  de  crises  et  de 
désaccords.  
En termes économique les effets sont, et seront, bien réels. D’autant plus que l’ASEAN ne se construit pas en 
isolation. On mentionne souvent l’ASEAN+1, le « 1 » étant l’Inde. De même, Brunei, Singapour, la Malaisie et 
le Vietnam font aussi partie du Partenariat Trans-Pacifique qui vise à établir une zone de libre-échange autour 
du Pacifique, que le Japon va intégrer prochainement. 
Ces  développements  offrent  des  opportunités  nombreuses  et  variées  d’investissement,  surtout  après  les 
baisses récentes. Notons que la chute des devises émergentes du mois d’août n’a rien à voir avec les crises de 
1997 et  1991  (en  Inde) : il  y  a  une grande  différence entre la  baisse  d’une devise qui  a  été  défendue sans 
succès  et  une  baisse  sans  vraie  défense  comme  aujourd’hui.  Dans  le  premier  cas  la  contraction    monétaire  
et/ou  la  hausse  des  taux  entraîne une  crise  bancaire  (et  une  capitulation  de  la  banque centrale). Dans  
le  second  cas,   la   baisse  de   la   devise pèse sur l’économie locale via le réajustement entre les secteurs 
exportateurs  (qui  gagnent)  et  importateurs  (de  produits  ou  de    capitaux    qui    perdent).    La    crise    ne    se  
propagera    aux  banques  que  si  trop  d’importateurs  font  défaut,  ce  qui  nous  semble  un  risque  encore 
relativement éloigné  au  vu  de  la  solidité  des  bilans.  De  plus,  les    banques    centrales    sont  certes  dans des 
situations délicates, mais disposent encore de moyens d’action.  
Singapour est un pays développé souvent vu comme un havre. La Malaisie est un marché traditionnellement 
« défensif » qui a encore bien résisté le mois dernier. L’Indonésie a peut-être l’économie la plus fragile de la 
zone, avec une balance des paiements et une devise vulnérables, confirmé par la chute du mois d’août, mais 
les politiques menées sont bonnes, notamment la dérégulation progressive des prix de l’essence et la hausse 
récente  des  taux.  La  Thaïlande  souffre  de  bruit  politique  incessant  et  de  retard  dans  son  programme 
d’investissement. Mais cela reste un des marchés les plus ouverts et les plus cycliques de la région, qui devrait 
donc  bénéficier  pleinement  de  la  croissance  des  pays  développés.  C’est  aussi  le  pays  le  mieux  placé 
géographiquement pour profiter de l’intégration progressive de l’ASEAN. Enfin, les Philippines sont aujourd’hui 
dans une situation économique quasi-parfaite avec un cycle d’investissement qui n’en est encore qu’au début. 
La bonne tenue récente de ce marché est d’autant plus remarquable que sa petite taille le rend sensible aux 
flux de capitaux. 
Le Japon est le premier investisseur en Asie du Sud-Est. C’est certainement un très bon choix : d’une classe 
d’actif intéressante, l’ASEAN est en train de devenir une zone d’investissement incontournable. 
 
« Le désir d’amitié vient assez promptement, mais l’amitié est un fruit qui mûrit lentement. » 
Aristote 
 
 
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