discours du ministre délégue chargé de la microfinance á la foire

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République du Sénégal
Un Peuple – Un But – Une Foi
MINISTERE DE LA FEMME, DE LA FAMILLE ET DE L’ENFANCE
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MINISTERE DELEGUE CHARGE DE LA MICROFINANCE ET DE
L’ECONOMIE SOLIDAIRE
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DIRECTION DE LA MICROFINANCE
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DISCOURS DE MONSIEUR LE
MINISTRE DÉLÉGUÉ À L’OCCASION DE
LA CÉRÉMONIE D’OUVERTURE DE LA
PREMIÈRE ÉDITION DE LA FOIRE AUX
INVESTISSEURS EN MICROFINANCE
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Grand Théâtre de Dakar, 16-17 décembre 2014
C’est avec une très grande satisfaction que je me retrouve parmi vous ce
matin pour procéder, au nom du Gouvernement, à l’ouverture officielle
de la première édition de la Foire aux investisseurs en microfinance.
Cette foire, un évènement inédit au Sénégal, constitue une occasion
unique pour l’ensemble des acteurs de la finance inclusive de notre pays
et de la sous-région de réfléchir à un cadre de partenariat fécond pour
favoriser l’accès des Systèmes Financiers Décentralisés ou institutions de
microfinance, à un dispositif de refinancement adéquat et sur une base
durable et pérenne.
Permettez-moi donc, avant de poursuivre mon propos, de féliciter très
chaleureusement les organisateurs de cette Foire, particulièrement
l’Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés du
Sénégal, le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires et
l’ensemble des Partenaires Techniques et Financiers impliqués dans cet
activité phare de l’agenda national de la finance inclusive.
Mesdames, Messieurs
La problématique de l’accès des institutions de microfinance au
refinancement, surtout en termes de ressources longues et stables, a
toujours été une préoccupation de l’Etat du Sénégal. En effet, le
Gouvernement a très tôt pris conscience que l’accès des SFD à des
ressources viables, à côté de la mobilisation de l’épargne des populations,
constituait un des piliers essentiels pour réaliser l’inclusion financière
dans nos pays. Dès le 19 novembre 2003, date marquant le lancement du
processus d’élaboration de la première Lettre de Politique Sectorielle de
la microfinance, les acteurs avaient identifié cette thématique comme
élément clé du diagnostic du secteur qui sera réalisé en 2004 et qui
permettra de structurer par la suite le Plan d’action. Et c’est ainsi,
honorables invités, que l’amélioration de l’accès des SFD à des
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ressources longues et stables pour favoriser le financement des micros,
petites et moyennes entreprises a été un des axes phares de la Stratégie
Nationale de Développement de la Microfinance, élaborée en 2004, mise
à jour en 2008 et dont l’actualisation est en cours.
Dix ans plus tard, cette problématique reste plus que jamais actuelle
malgré l’évolution de l’environnement légal et réglementaire et la
diversification des acteurs intervenant dans le secteur.
En guise d’illustration, notons qu’au 31 décembre 2013, les emprunts
contractés par les SFD auprès des banques et des autres structures de
refinancement s’élevaient à près de 44 milliards FCFA, soit 18,5%
seulement du portefeuille de prêt des SFD.
Ce qui démontre le chemin qui reste encore à parcourir pour arriver à
mobiliser de façon efficace les ressources nationales et internationales
disponibles et assurer une couverture satisfaisante des besoins de crédit
(moyen et long termes, court terme et de trésorerie) de l’ensemble des
agents économiques situés dans les segments médians et inférieurs du
marché.
Au rang des contraintes qui freinent l’accès des SFD au refinancement,
figurent en bonne place :
 La faiblesse du niveau des fonds propres des SFD de petite taille et
de taille moyenne ;
 La dégradation de la qualité du portefeuille, notamment au niveau
des SFD à positionnement rural marqué et engagés dans le
financement des MPME ;
 La faiblesse des capacités institutionnelles des SFD de petite taille
et de taille moyenne ;
 Les problèmes liés à la qualité de l’information financière produite
par certains SFD ;
 La frilosité des banques commerciales à refinancer les SFD à des
conditions adéquates malgré leur surliquidité ;
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 L’inaccessibilité du guichet de refinancement de la BCEAO aux
SFD, même pour ceux de grande taille, même si des efforts
louables ont été déployés par l’Autorité Monétaire à travers, entre
autres, la publication en 2011 d’un avis relatif à l’admissibilité des
crédits bancaires octroyés aux SFD en support des refinancements
de la BCEAO.
 Etc.
Chers acteurs
Malgré toutes ces nombreuses contraintes, je reste convaincu
qu’ensemble nous pouvons relever le défi de l’accès des SFD à des
ressources adaptées et ceci grâce à un partenariat fructueux et sincère
entre les différents acteurs. En effet, le dispositif institutionnel national
reste aujourd’hui très dense et de nombreux Fonds d’investissement
internationaux et Bailleurs de fonds sont engagés à nos côtés pour
réaliser l’inclusion financière des couches défavorisées car en définitive
c’est cela la finalité même de nos interventions.
Mesdames, Messieurs, Honorables invités,
Ma présence aujourd’hui témoigne, s’il en était encore, de l’importance
qu’attache l’Etat du Sénégal, à sa tête le Président de la République, Son
Excellence Monsieur Macky SALL, au secteur de la microfinance. Dès
son accession au Pouvoir Suprême en 2012 et ayant très tôt compris
l’importance de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté, dans
l’épanouissement de l’être humain et le développement socio3
économique des économies émergentes, le Chef de l’Etat a intensifié les
efforts entrepris jusque-là pour consolider le secteur.
Composante phare de l’axe « Création de richesses » de la Stratégie
Nationale de Développement Economique et Sociale (SNDES),
l'importance accordée au secteur et les attentes y relatives ont été
réaffirmées par le Gouvernement comme priorité dans le Plan Sénégal
Emergent (PSE), dont le tour de table, tenu les 24 et 25 février 2014 à
Paris, a connu un succès éclatant.
Le PSE, Mesdames/Messieurs, traduit la volonté du Chef de l’Etat,
son Excellence Monsieur Macky Sall, de proposer à son peuple un
nouveau Paradigme de développement, alliant croissance économique et
obligation de solidarité dans une même finalité de Développement
Humain Durable, soutenu par la culture de la Gestion Axée sur les
Résultats. La structuration autour des trois (3) Piliers que sont : (i)
Transformation structurelle de l’économie et croissance (ii) Capital
Humain, protection sociale et développement durable, (iii) Gouvernance,
institution paix et sécurité, offre, à cet effet, à notre secteur de vastes
chantiers en termes d’enjeux stratégiques, de défis et d’opportunités pour
l’identification et la valorisation du potentiel et des capacités productives
des femmes, des jeunes et des familles.
Au niveau du pilier n°1 sur la « Transformation structurelle de
l’économie et croissance », le PSE, en vue de l'approfondissement du
secteur financier, a prévu un certain nombre d'actions phares qui sont
entre autres :
 L’élaboration d’un Plan de développement d'une offre de services
et produits financiers qui cible la clientèle à revenus faibles,
modestes ou irréguliers ;
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 Le développement et la consolidation du secteur de la
microfinance,
 L'accompagnement intégré de l'économie rurale : élargissement de
l'offre et innovation (mobile banking), produits spécifiques et
accompagnement de la demande ;
 Le renforcement du cadre institutionnel d'encadrement des
systèmes financiers décentralisés ;
 L’adoption d’un plan pour renforcer la finance responsable et la
protection des usagers des services financiers.
Toutes ces actions seront exécutées pour une large part dans le cadre de
la nouvelle Lettre de Politique Sectorielle de la Microfinance dont le
processus d’élaboration est toujours en cours et qui devrait être
disponible au début du deuxième trimestre de l’année 2015. D’ailleurs
une Enquête nationale du l’inclusion financière au Sénégal va bientôt être
lancée en partenariat avec l’Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie.
La balle est donc, Mesdames et Messieurs, dans notre camp et nous
devons faire preuve d’imagination fertile et de d’innovation pour saisir
les multiples opportunités offertes par le Programme Sénégal Emergent
et la nouvelle LPS/MF.
Mesdames, Messieurs
Sans vouloir anticiper vos travaux, je voudrais profiter de la tribune qui
m’est offerte ce matin pour formuler un certain nombre de
recommandations nécessaires afin satisfaire de façon durable la demande
solvable en refinancement des SFD, à savoir :
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Assurer une bonne segmentation des SFD selon leur niveau de
développement et proposer des refinancements sur mesure selon le type
de SFD ;
Améliorer la qualité de la gouvernance au sein des SFD et accompagner
le renforcement institutionnel des institutions émergentes et isolées dans
les domaines suivants : gestion des risques, transparence financière,
qualité des ressources humaines, amélioration des SIG, gestion
financière, etc. ;
Assurer un assainissement intelligent et responsable du secteur ;
Etudier la possibilité des SFD d’une grande taille d’accéder directement
au guichet de refinancement de la Banque Centrale ;
Développer des synergies entre les différentes structures de
refinancement et promouvoir le dialogue avec les SFD ;
Combiner divers mécanismes d’appui complémentaires en fonction des
besoins spécifiques des SFD (garantie, bonification, assistance
technique) ;
Eviter les distorsions du marché en offrant des fonds fortement
subventionnés au delà des limites de taux de marché réguliers.
Mesdames, Messieurs
Permettez-moi, avant de terminer, de renouveler mes sincères
remerciements et mes chaleureuses félicitations à l’Association
Professionnelle des SFD du Sénégal (AP/SFD), au FONGIP, parrain de
cette première édition, et à l’ensemble des acteurs qui ont participé à
l’organisation de cet évènement. Je voudrais aussi saisir cette occasion
pour remercier vivement tous les Partenaires Techniques et Financiers
qui n’ont ménagé aucun effort pour le développement du secteur de la
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Microfinance au Sénégal et en Afrique depuis sa phase d’émergence dans
notre pays au milieu des années 80.
Le Gouvernement vous sera toujours reconnaissant et nous espérons
que les efforts déployés jusque-là au profit du secteur seront poursuivis
et renforcés davantage.
Aussi, voudrais-je inviter l'ensemble des acteurs de la microfinance réunis
ici à redoubler d'efforts et à intensifier les actions entreprises afin de
mieux connecter les populations pauvres et défavorisées aux circuits
financiers et garantir leur accès durable à des services financiers adéquats.
A ce titre, j’en appelle au leadership et au dynamisme des acteurs
institutionnels (Ministères en charge de la Microfinance, Banque
Centrale, Association Professionnelle) pour faire face aux enjeux actuels
et faire de la microfinance un véritable outil de développement.
Je reste attentif aux résultats de vos travaux tout en vous appelant à
assurer un suivi rigoureux des recommandations qui sortiront de ces
assises pour permettre à l’ensemble de acteurs de faire l’état
d’avancement dès l’année prochaine, à l’occasion, je l’espère, de la
deuxième édition.
C’est sur ces mots que je déclare ouverte la première édition de la Foire
aux investisseurs en microfinance. Je vous remercie de votre bien
aimable attention et souhaite plein succès à vos travaux, tout en espérant
que cette Foire devienne un évènement de référence dans l’agenda
« microfinancier » de l’Afrique de l’Ouest.
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