Commission Médicale
Le muscle
(suite)
Dr Claude Cateloy
L’anatomie fonctionnelle du muscle :
Dans le précédent article nous avons terminé avec l’anatomie microscopique du muscle
avec les trois types de fibres. L’ anatomie fonctionnelle envisage leur comportement,
donc celui du muscle dans son ensemble, dans le déroulement du mouvement
volontaire.
1- Les fibres musculaires
¾ Fibres I (fibres rouges) : caractéristiques fonctionnelles :
Utilisation du métabolisme oxydatif
Fibres activées par des motoneurones modérés, avec une vitesse de conduction
lente
A seuil d’activation bas donc souvent mobilisées pour contractions de faible niveau
très résistantes à la fatigue donc exercices prolongés.
Donc des fibres toniques et lentes
¾ Fibres II a (fibres blanches) : caractéristiques fonctionnelles :
Utilisation du métabolisme oxydatif et glycolytique
Résistance à la fatigue plus faible que pour le type I
Force de contraction + élevée que type I
Donc des fibres rapides et résistantes à la fatigue
¾ Fibres I I b (fibres blanches) : caractéristiques fonctionnelles :
Utilisation du métabolisme glycolytique
Résistance à la fatigue très faible
Force de contraction très élevée
Donc des fibres rapides et fatigables
2- Chaque muscle a ces 3 types de fibres en proportion variable selon son rôle dans le
mouvement.
En moyenne, les muscles contiennent :
50 % de fibres de type I
25 % de fibres IIa
25 % de fibres IIb
Le % de fibres varie considérablement en fonction des muscles
Exemple : muscle vaste externe de l’homme, au niveau du quadriceps (muscle de la
cuisse)
53 % de fibres I
33 % de fibres IIa
14 % de fibres IIb
Mais la proportion est liée aussi à leur fonction usuelle :
Muscles posturaux (cou, dos, jambe) : proportion ++ de fibres I
Muscles actifs (bras, épaule) : proportion ++ fibres glycolytiques
Il y a toujours une dominante mais jamais un seul type de fibres
3- Mise en fonction des différentes fibres.
Exemple : la marche un exercice de faible intensité
La force musculaire est essentiellement générée par les fibres I lentes
Si la tension musculaire augmente, les fibres II a (rapides et résistantes) interviennent
en association avec fibres I
L’exercice atteint une intensité maximum, les fibres II b ( rapides et fatigables) sont
recrutées pour une obtenir une tension maximum.
NB : les fibres II b sont mises en jeu pour une tension maximum correspondant à une charge
de 70 à 80 % de charge maximum possible. En effet même lors d’un effort maximum, le
système nerveux ne recrute pas 100 % des fibres disponibles (seulement 1 fraction) = pour
prévenir les lésions musculaires et tendineuses.
Donc les fonctions musculaires peuvent être étudiées selon 3 niveaux :
o Les fonctions analytiques découlant de l’anatomie morphologique : déduites de la
position sur le squelette, de sa direction et de son trajet. Il se contracte ou se relâche
entrainant un déplacement des segments squelettiques. C’est la fonction biomécanique
de base, soumise aux lois physiques des leviers.
o Les fonctions synthétiques : un muscle ne fonctionne jamais seul même en cas de
mouvement distal sélectif précis il y a intervention des muscles voisins ou de ses
antagonistes : c’est la synergie.
o Les fonctions déduites de l’équipement histo-enzymatique des trois types de fibres
musculaires :
- Les fibres I ou S (tonique et lent) à fonction tonique
- Les fibres IIA ou FR (rapide et résistant à la fatigue) à fonction posturale
- Les fibres IIB ou FF (rapide et fatigable) à fonction phasique.
Il y a corrélation entre cet équipement et la fonction.
Données bio-mécaniques des muscles :
1- Action :
Au niveau des membres ils sont : fléchisseurs/
extenseurs, pronateurs/supinateurs, abducteurs/
adducteurs,
Au niveau du tronc : fléchisseurs/extenseurs,
inclinaison droite/gauche, rotateurs droite/gauche
2- Ils peuvent être :
Mono-articulaires (action inter-segmentaire)
avec une seule articulation
Poly-articulaires (pluri-segmentaire) avec 2
articulations, exemple le biceps inséré au-dessus
de l’articulation de l’épaule et sous celle du coude,
Et selon leurs insertions ils peuvent avoir plusieurs
fonctions : exemple le biceps à la fois fléchisseur
du bras et supinateur de l’avant-bras.
3- Pour le tonus ils sont :
Agonistes : raccourcissement
Antagonistes : allongement.
Cet allongement n’est pas un phénomène passif. Il existe un tonus résiduel et régulé de
l’antagoniste s’adaptant au degré d’allongement et à la force nécessaires. Il est
appréciable dans une flexion en charge.
Il existe donc un équilibre dans la répartition des forces mécaniques qui s’exercent
dans l’espace intra-articulaire.
Ne pas oublier qu’un muscle peut être agoniste pour une action et antagoniste pour une
autre : exemple le biceps brachial
Il est agoniste pour la flexion de l’avant-bras sur le bras, alors que le triceps sera
antagoniste pour cette action. Le biceps devient antagoniste quand le triceps est
agoniste lors de l’extension de l’avant-bras.
Notion de chaînes musculaires cinétiques.
Nous avons vu précédemment que le recrutement de fibres de même nature dans des muscles
proches intervient pour faciliter et rendre efficiente l’action projetée au niveau d’un segment
de membre.
Dans le déroulement du projet il y a donc une suite organisée d’actions musculaires,
successives ou simultanées recrutant les muscles agonistes/antagonistes synergiques dans
le segment de membre mobilisé.
Mais il y a aussi recrutement des différents segments du membre pour cette action, de façon
successive ou simultanée.
Dans le déroulement du projet il y a donc une suite ou groupements organisée d’actions
musculaires concordantes appelées :
« Chaînes musculaires Cinétiques » (CMC) qui conduisent l’action vers l’extrémité distale
du membre.
Dans ces CMC des muscles anatomiquement différents et dans segments différents vont
associer leurs actions principales et secondaires pour assurer le déroulement normal du
mouvement.
Exemple de Chaîne Musculaire Cinétique : pour l’ enroulement du membre supérieur,
sont utilisés
Le biceps brachial qui est fléchisseur du coude et supinateur de l’avant-bras.
Le long supinateur qui est supinateur de l’avant-bras et fléchisseur du coude.
Le court supinateur qui est fléchisseur du coude et supinateur de l’avant-bras
Les fléchisseurs du poignet sont recrutés dans la flexion du coude.
L’enroulement du membre supérieur : c’est
Pour le bras : une abduction avec rétro-pulsion, une rotation ,
Pour l’avant-bras : une flexion et une supination puis
Pour la main une flexion sur le poignet, afin une extension des doigts.
Différents segments se sont associés et ont utilisés leurs muscles agonistes et antagonistes pour
l’action projetée tout au long de la C.M.C.
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