par conséquent, un apparat de dispositifs particularisant le corps, le savoir et les modalités
info-communicationnelles. De ce fait, la relation à la technique et à l’objet dans son trajet
anthropologique est une condition existentielle, un conditionnement de notre vie quotidienne,
de notre rapport au monde et subséquemment à la connaissance. Les changements de
perceptions et de sens, donc les variables des chocs perceptifs, sont un des résultats de ce
trajet temporel à partir duquel il est possible d’observer, par exemple, la façon à travers
laquelle avec la naissance de la métropole se produit une nouvelle visibilité des choses. En
recourant à d’autres exemples, l’on peut noter que le dévoilement technique de la
photographie permet une visualisation particulière du quotidien ; le cinéma se forme non
seulement comme simple instrument de montrer, mais comme mode singulier de voir, sentir
et habiter le monde ; le territoire numérique évolue comme flux visuel d’expérience et
langage. En somme, dans la situation post-organique actuelle, l’être humain se fonde avec la
technique en définissant un rapport au monde dominé par une irruption massive du numérique
technologique dans le réel. C’est le cas ici d’une pénétration techno-symbolique qui modifie
les aspects sensoriels dans la pluralité de la vie sociale. Il suffit, à ce titre, de penser à
comment le smartphone –véritable télécommande de la vie quotidienne –en tant qu’objet
transitionnel (on pourrait même l’envisager comme le « doudou techno-magique » des jeunes
générations) d’un vécu techno-communicationnel-ludique formé par des parcours existentiels
et des modalités d’habiter le monde dans une optique d’expérience et gestes pluriels,
d’identifications multiples, de partage de flux vital. Dans ce sens, l’être humain devient, dans
le paradigme ubimédiatique et technologique contemporain, un être-flux. On constate ainsi le
passage de la personnalité mono-psychique à celle flux-schizoïde qui décrète la mort du sujet
cartésien et la présence hybride de l’homme symbiotique. Un hybridisme que nous pouvons
concevoir aussi en fonction de l’expérience visuelle du vécu comme Télé-Présence, Ciné-
Présence, Photo-Présence: c’est-à-dire, une visualisation perceptive de l’être ici et maintenant,
dans un environnement de réalité renforcée comme produit de plusieurs sphères visuelles. La
visualisation, le « monstrer » et le percevoir sont les actions d’une nouvelle instantanéité du
vécu à travers des appareils technologiques qui redéfinissent l’apparaître même de l’être
humain et notre présence aux choses. Il s’agit, en reprenant ici l’analyse de Stéphane Vial
(2013a), d’un sentiment ontophatique instituant des nouvelles modalités de « se sentir » au
monde. Cela est bien une condition techno-existentielle basée, en particulier, sur des stratégies
de vision technique qui modifient l’expérience en générant des nouvelles formes de présence
sociale. D’un point de vu phénoménologique, l’être-là –en tant que dasein, présence –se
situe dans une optique de changement de l’acte perceptif et de l’action du « monstrer »,
conditionné par l’effet techno-numérique. La situation perceptive numérique ne comporte pas
seulement un nouvel événement historico-social, mais coïncide surtout avec le dévoilement
d’une nouvelle expérience phénoménologique du monde, de la modalité à travers laquelle
l’existence est et apparaît. En ce sens, l’être-au-monde est influencé aussi par le pouvoir de
technique qui, de son côté, en influence la structure visuelle et perceptive en créant une union
hybride où le système technique spécifie nos modes de voir et faire voir. Nous comprenons
ainsi que la révolution temporelle de la technique, qui coïncide dans l’optique de la
climatologie contemporaine avec l’avènement du numérique, n’est pas seulement une
mutation d’objets (les divers dispositifs) mais aussi une mutation de sujets et donc de modes à
travers lesquels l’être communique et vit sa quotidienneté. Dans cette visée, le paysage