année de l`outre mer en France Mais aussi année internationale des

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2011 : Année Outre-Mer en France
Les départements et territoires d’Outre-Mer en France d’Outre-Mer, sont l’appellation usuelle
des terres françaises situées hors de la métropole.
Mais comment expliquer ces petits bouts de France situés parfois à l’autre bout du monde ?
Je vais vous donner une explication simpliste, mais tellement réaliste !
Il est dans la nature de l’homme de vouloir toujours plus. Le sens du territoire et de la propriété chez l’humain
est considérable.
Au départ, comme pour l’animal, le territoire est justifié par les besoins vitaux. Mais l’homme justement ne
s’arrête pas là.
Les guerres pour le territoire ont donc toujours existées…
La France a vu ses frontières évoluer plus d’une fois car malheureusement ses voisins aussi ont cet instinct !
Et leurs moyens guerriers évoluaient en même temps.
Quand les français et leurs voisins ont pu partir découvrir le monde avec de grands bateaux… ils ont trouvé
d’autres territoires à s’approprier. Des contrées où des peuples existaient, certes ! Mais moins « civilisés ».
En s’arrangeant plus ou moins avec cette population… ou en les exterminant … sous prétexte même d’y appor-
ter la civilisation, ils se sont installés un peu partout en déclarant : « C’est chez nous ! »
Nous reviendrons plus en détail dans le prochain numéro sur l’histoire des territoires français d’outre-mer.
Mais 2011 a aussi été déclarée par l’ONU :
Année internationale des personnes
d’ascendance africaine
En s’installant dans ces immenses contrées lointaines, les européens, les colons avaient besoin de main d’œuvre
… le moins cher possible bien sûr ! D’où cette superbe idée de commerce d’esclaves.
Soyons honnêtes, les esclaves et leur commerce ont toujours existé.
L’esclavage a toujours été associé aux guerres en Afrique, les prisonniers devenant esclaves.
L’idée géniale des européens a été d’en profiter et de faire passer l’esclavage, prise de guerre, au statut d’escla-
vage commerce. C’est la traite négrière.
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Des bateaux entiers transportaient cette main d’œuvre aux colonies en ayant besoin.
Les noirs étaient traités comme du bétail, beaucoup mouraient en route… mais le quota de perte devait sans
doute rester correct !
Ce commerce humain était considéré comme tout à fait normal car la science et la religion de cette époque ne
considéraient pas les noirs comme de vrais hommes ou comme de vrais chrétiens.
Revenons sur l’historique de l’esclavage :
Les esclaves ont toujours existé, mais leurs conditions de vie ont beaucoup évolué dans un sens ou dans l’autre
au fil des siècles.
En 61 après Jésus Christ, dans l’empire romain Pétrone affirme que les esclaves sont aussi des hommes.
En 64, Sénèque proclame l’égalité de tous les hommes, esclaves compris.
Il existe toujours des esclaves mais leur sort s’améliore.
Au VIème siècle en 506, le meurtre d’esclaves est puni d’excommunication.
Au VIIème siècle, Mahomet établit un statut pour les esclaves qui les protège.
Entre autre « il est interdit de les battre sous peine d’émancipation obligatoire ».
Au XIVème siècle, le 3 juillet 1315, en France, Louis X le Hutin publie un édit qui affirme que « selon le droit
de nature, chacun doit naître franc ». Officiellement à partir de cette date « le sol de France affranchit l’esclave
qui le touche ».
Au XVème siècle :
En 1435, le pape Eugène IV condamne la mise en esclavage des indigènes noirs des Canaries .
En 1454, le pape Nicolas V autorise le roi du Portugal à réduire en esclavage les « sarrasins, païens et autres
ennemis du Christ » (suite à la découverte de la Guinée).
En 1492, 1er voyage transatlantique du Christophe Colomb. Des noirs sont embarqués dans les caravelles dès le
3ème voyage en 1498.
En 1494, au retour de son 2ème voyage Christoph Colomb vend 300 esclaves indiens.
En 1498, on attribuait aux colons espagnols des communautés indiennes qu’ils utilisaient comme force de tra-
vail à condition de les nourrir et les instruire dans la religion catholique !
Au XVIème siècle, grande période de colonisation de l’Amérique du sud et des Indes.
En 1517, Charles Quint autorise l’esclavage des amérindiens. Avant de l’interdire en 1526.
En 1537, le pape Paul III condamne « toute forme d’esclavage présente et à venir, toute mise en doute de la
pleine humanité des amérindiens et toute atteinte à leurs droits à la liberté et à la propriété ».
En 1550, Charles Quint affranchit tous les esclaves des Indes.
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Au XVIIème siècle, les anglais plantent massivement du sucre à la Barbade (vers 1640) puis à la Jamaïque
(années 1660). La flambée des prix sucriers incite au défrichage des Antilles françaises.
En 1619, pour la première fois 19 engagés (volontaires) noirs arrivent en Virginie.
C’est qu’aura lieu la première vente aux enchères de ces noirs (qui ne sont toujours pas esclavage à vie) en
1638.
En 1661, le code des esclaves de Barbade, de droit anglais, sert de base légale.
Il institue l’esclavage à vie et par naissance à tous les descendants d’esclaves
avec droit de vie et de mort pour leurs propriétaires.
Aux Antilles françaises, cette loi inspirera le code noir, mis en place en 1685
par Louis XIV rompant avec une tradition propre aux pays latins, dans lesquels
les métis étaient pour la plupart affranchis et qui a favorisé le métissage à grande
échelle dans l’empire espagnol de l’ Amérique du Sud.
Le code noir institue qu’être esclave est héréditaire. C’est la femme qui transmet le statut à son enfant.
Fini l’espoir pour ces femmes de voir leurs enfants libres….
L’hypocrisie du législateur le pousse ... pour mettre fin aux abus des colons qui se constituaient ainsi un cheptel
bon marché ?...ou par souci moral ?... À rajouter que « avoir un enfant avec une esclave est sanctionné par une
amende ». Par contre « si le maitre l’épouse, la femme et l’enfant sont affranchis ».. Mais cela ne s’est pas pro-
duit souvent….on s’en doute.
Le code noir met en place un catalogue de sanctions en fonction des fautes commises par les esclaves…
Les propriétaires ont le droit de les fouetter comme ils veulent...mais pas de les torturer !
Les esclaves qui s’enfuient, au bout d’un mois, auront les oreilles coupées et seront marqués d’une fleur de lys au
fer rouge. S’ils recommencent, on leur coupera le jarret… et 2ème fleur de lys sur l’autre épaule… la 3ème fois, la
mort.
Le code noir est appliqué aux Antilles en 1687, en Guyane en 1704,
à la Réunion en 1723 et en Louisiane en 1724 où l’article 9 est durci
en interdisant le mariage interracial.
Le texte du Code Noir fait de la notion “d’esclave” un fait, une réalité. En légi-
férant sur un statut pour les esclaves, il légalise officiellement l’esclavagisme.
Le Code encourage à baptiser, instruire, éduquer et enterrer les esclaves dans la reli-
gion catholique. Il interdit la pratique du protestantisme. Ses rédacteurs pensaient
que les esclaves étaient dotés d’une âme et donc qu’ils étaient capables de salut.
Etrange hypocrisie qui fait dire dans le même texte à l’article .44 que « l’esclave
est meuble » et peut par conséquence être acheté, vendu, donné ou saisi tel un meu-
ble.
Ils ne sont pas pour autant des choses car ils peuvent se marier, témoigner ou se
plaindre. Cependant leur personnalité juridique est celle d’une personne mineure,
leur témoignage est considéré comme peu fiable et ils doivent avoir l’autorisation
de leur maitre pour se marier.
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La révolution française abolit l’esclavage en 1794
mais Napoléon Bonaparte la rétablit en 1802 ! ! !
Napoléon...ce grand homme qui a tant fait pour la France….qui a tant fait pour son économie, sa société, ses fron-
tières….Ce grand homme dont les corses sont si fiers…. Ne devrait on pas plutôt voir en lui ce guerrier qui vou-
lait tout conquérir et grâce à qui tant d’hommes sont morts ? Ce politique qui s’est proclamé empereur ?
Ce dictateur qui a décrété la race noire comme inférieure et a décidé de rétablir l’esclavage pour servir ses inté-
rêts ? (Ceci est une réflexion personnelle…. Mais pensez y !)
La traite négrière continue donc pour le plus grand profit de certains...
La traite est abolie par le Royaume Uni en 1807, les Etats-Unis en 1808 et la France en 1817.
L’esclavage lui est aboli dans ces mêmes pays en 1833, 1860 et 1848.
Malgré l’abolition de la traite par plusieurs pays, elle va continuer pendant des années.
En France, elle est illégale mais pas clandestine ! Jusqu’au milieu des années 1820, des bateaux négriers sont
armés à Nantes ou Bordeaux à la vue de tous, bafouant délibérément la loi.
En 1815 et 1833 on recense 353 bateaux de traite à Nantes.
La traite négrière rapport trop aux riches marchands pour
qu’ils abandonnent aussi facilement ce « commerce » si juteux !
C’est l’époque du commerce triangulaire : les bateaux partent de France
chargés de tissus d’armes et d’alcool qu’ils échangent en Afrique contre des noirs « prises de guerre ».
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Ils emmènent cette marchandise humaine aux Amériques ils les vendent contre de l’argent ou des produits de
là-bas (tabac, sucre…).
Ce commerce honteux aura fait la fortune de certaines familles et la richesse de certaines villes portuaires comme
Nantes ou Bordeaux.
Il faudra pratiquement tout le 19ème siècle pour que l’esclavage soit réellement interdit partout. Ou presque.
C’est au 20ème siècle, en 1962 qu’il est abolit officiellement en Arabie Saoudite et en 1980 en Mauritanie.
Malgré tout il existe encore aujourd’hui des formes modernes d’esclavage.
Nous y reviendrons peut être dans le prochain journal.
Le 25 septembre 1926, la Société des Nations adopte une convention
préconisant notamment la répression de l’esclavage qui ressurgit sous
d’autres formes, faisant référence au travail forcé
En 1948, les Nations Unies proclament dans l’article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme que
« nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs
formes »
En 1949, l’ONU adopte également une « Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’ex-
ploitation de la prostitution d’autrui »
En 1992, à l’initiative du CIPN( Comité International des Peuples Noirs), une manifestation a lieu à Paris sur le
parvis des droits de l’homme , un courrier adressé au président de la république française demande reconnaissan-
ce en droit et réparation pour les trois crimes contre l’humanité que sont la traite et l’esclavage, le génoci-
de amérindien et le génocide africain.
A partir de 1993, la mobilisation monte partout dans le monde noir.
En 1998, suite aux mobilisations populaires du mois de mai, une proposition de loi est déposée par la députée de
guyane, Mme Taubira.
Mai 2001 : Adoption de loi française 2001-434 dite Loi Taubira, reconnaissant la
traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité
2005 : Adoption du 10 mai comme jour national de la commémoration de l’abolition
de l’esclavage.
Si le 10 mai est le jour de l’adoption de la loi Taubira en 2001 , cette date a aussi une autre symbolique:
Le 10 mai 1802 : Le colonel Louis Delgrès et ses compagnons ont placardé dans la nuit à travers la Guade-
loupe une proclamation exhortant la population à résister par tous les moyens au rétablissement de l’escla-
vage.
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