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de change et la réduction des contrôles comm erciaux par l’élimination des restrictions à l’importation,
ainsi que le blocage des taux tarifaires à un bas niveau.
2. Une politique libérale
Selon cette perspective, l’objectif principal doit être d’encourager le développement d’une
industrialisation à vocation exportatrice et compétitive au niveau international. Les économistes de cette
école suggèrent que si ces étapes sont franchies, une utilisation optimale tant du capital que du travail
encouragera le développement de la production conformément au mécanisme de l’avan tage comparatif.
Ils affirment que le lien de causalité est double: de la libéralisation du commerce vers l’orientation
exportatrice et du libre jeu des forces domestiques du marché vers des incitants à l’exportation. De ces
deux liens résulteraient une augmentation du niveau d’ind ustrialisation, des exportations ainsi que de la
croissance économique.
L’argument principal de cette théorie est que la confiance dans le laissez-faire, dans l’avantage
comparatif et dans les politiques de détermination du juste prix est la clé du succès des NPI asiatiques.
Selon la Banque Mondiale, ces derniers doivent leur réussite à des politiques orientées vers les marchés
extérieurs ainsi qu’à une utilisation efficace de politiques de prix et de marché pour assurer le
développement économique.
Les économistes de la Banque Mondiale affirment également que ces économies orientées vers
l’extérieur ainsi qu’une distribution efficace des ressources ont aidé les NPI à surmonter les difficiles
conditions dans lesquelles se trouvait leur balance des paiements, conditions dues aux chocs des
récessions économiques des années 1974-76 et d’après 1979 [World Bank, 1983, 24-26].
Toutefois, la théorie néoclassique ne parvient pas à expliquer pourquoi les autres pays du Sud
s’avèrent incapables à égaler ce modèle de développement économique. Elle explique comment les forces
du marché mènent à une certaine efficacité dans le cadre d’une économie parfaite, mais cela ne fonctionne
pas dans des cas économiquement imparfaits tel le Bangladesh.
3. La critique de la théorie
En fait, le problème majeur de cette théorie est que, lorsque ses tenants tentent d’analyser le
développement économique des NPI, ils n e tiennent aucun compte du fonctionnement du système
capitaliste mondial, du colonialisme, de l’impérialisme, du rôle de l’Etat et de la lutte des classes dans
les pays du Tiers M onde. Ils proposent ainsi une analyse incomplète des raisons de la récente croissance
économique des NPI et ignorent la différence de contexte entre, d’une part, les pays développés lorsqu’ils
entamèrent leur processus de développem ent et, d’autre part, les pays du Tiers M onde aujourd’hui.
Cette théorie se focalise largement sur l’Etat-nation perçu de manière indépendante et, de la sorte,
ignore les relations politiques et économiques qui opèren t au niveau du système intern ational.
Qui plus est, l’Etat a joué un rôle important dans le développement historique des NPI en stimulant
l’épargne interne ainsi qu’en orientant ces fonds vers des investissements productifs [C.A. Barone, 1983,
41-67 et R. Leudde-Neurath, 1980, 48-53]. En outre, et contrairement aux affirmations néoclassiques,
l’intervention de l’Etat fut souveraine en matière de régulation des activités économiques par le biais de
politiques taxatoires corporatistes, de l’utilisation de barrières de protection tarifaires, ainsi que
d’autorisations d’arrangement et de fixation des prix au niveau du marché domestique.
En Corée du Sud et à Taïwan, l’Etat contrôlait également les principaux leviers de commande de
l’économie nationale, en ce y compris le secteur bancaire. Au début des années 70, douze des seize
principales industries appartenaient au secteur public, qui contrôlait deux-tiers des ressources investies
dans l’économie sud -coréenne. A Ta ïwan, le secteur public détenait plus de la moitié du capital fixe des
entreprises étrangères [M.K. Datta-Chaudhuri, 1981, 56; R. Wade, 1983, 11-28]. Suite à cela, on peut dès
lors en conclure que l’insistance des partisans de la thèse néoclassique sur les politiques économiques
libres et sur un moindre contrôle des pouvoirs publics n’est pas la meilleure des prescriptions politiques.