
N° 46 - Pag e 4 - La L e t t r e d e L’ObservatOire du MouveMent
Imagerie du coude du sportif
Modalités d’imagerie
Les radiographies standard doivent être réali-
sées en première intention après un examen
clinique précis an d’orienter ou de poser un
diagnostic. Elles comprennent une incidence
de face et une incidence de prol. Des inci-
dences obliques peuvent compléter le bilan.
L’échographie permet d’explorer les parties
molles périarticulaires, particulièrement les
lésions tendineuses et ligamentaires. Bien
qu’opérateur dépendant, c’est un examen
rapide, peu couteux, et dynamique. La to-
modensitométrie (TDM) n’a d’intérêt que
pour la recherche de lésions osseuses dans le
cadre du coude traumatique, en précisant le
nombre de fragments, leur déplacement et
leur rapport avec les surfaces articulaires. L’ar-
thro-TDM permet d’analyser le cartilage et les
surfaces osseuses, et détecte des corps étran-
gers. L’IRM permet l’analyse de l’ensemble
des éléments constitutifs du coude : muscles,
structures tendino-ligamentaires, structures
osseuses et cartilagineuses. L’injection intra-
veineuse de gadolinium avec saturation des
graisses s’avère parfois nécessaire dans cer-
tains contextes de traumatismes chroniques,
à la recherche de processus inammatoires
tendineux, synoviaux… L’artro-IRM a un in-
térêt dans les pathologies ligamentaires,
notamment dans les bilans d’instabilité du
coude, dans la recherche d’ostéochondroma-
tose et dans les bilans d’ostéochondrites.
La pathologie épicondylienne
Radiographies standard : Leur intérêt est li-
mité, car elles sont le plus souvent normales.
Les calcications des parties molles épicondy-
liennes sont rares. Il existe parfois voir des irré-
gularités corticales du condyle huméral, voir
des signes d’arthrose huméro-radiale.
Echographie : Elle conrme le diagnostic dans
les cas douteux, précise la sévérité des lésions
et permet de suivre la réponse sous traite-
ment : épaississement hypoéchogène du
tendon en regard de son insertion, perte de
l’aspect brillaire, zones de clivage en rapport
avec la rupture partielle ou totale, épaississe-
ment des parties molles péri-tendineuse, et
ne lame liquidienne supercielle à l’origine
du tendon. En phase chronique, il existe des
irrégularités corticales, des productions os-
seuses sur l’épicondyle latéral.
L’IRM permet de quantier la dégénérescence
tendineuse, le degré de rupture, l’évaluation
des structures adjacentes, et particulièrement
l’état du tendon court extenseur radial du
carpe et du ligament collatéral latéral. Elle per-
met la détection d’anomalies de l’interligne hu-
méro-radial et du cartilage. La présence d’une
image méniscoïde de l’interligne radio-humé-
ral appelé « ménisque » n’est pas rare. Elle se
présente sous la forme d’une petite formation
triangulaire en hyposignal en T1, et en signal
intermédiaire ou en hypersignal en T2.
Pathologies traumatiques du
tendon distal du biceps brachial
Échographie : En cas de rupture complète
elle montre l’absence du tendon du biceps
qui apparaît rétracté et la présence de liquide
hypoéchogène dans le lit tendineux en rap-
port avec l’hématome. Les ruptures partielles
sont moins fréquentes que les ruptures to-
tales. Elles apparaissent sous la forme d’un
épaississement ou un amincissement hypoé-
chogène tendineux, aux contours irréguliers
sans discontinuité.
L’IRM : Les signes de ruptures complètes sont :
une discontinuité tendineuse, un épanche-
ment liquidien dans la gaine bicipitale distale,
une rétraction tendino-musculaire et l’exis-
tence d’une masse mal dénie au niveau de
la distalité tendineuse. Les ruptures partielles
se situent le plus souvent au niveau de l’inser-
tion tendineuse ; elles seront évoquées devant
un amincissement tendineux, un hypersignal
intratendineux en séquence pondérée T2 et
la présence de liquide péritendineux. Le dia-
gnostic diérentiel de la tendinopathie du
biceps brachial est la bursite radiale bicipitale.
Pathologies du tendon du triceps
brachial
Echographie : Le tendon rompu est irrégu-
lier, rétracté et entouré par du liquide. L’écho-
graphie dénit le degré de rétraction tendi-
neuse et aide au diagnostic de lésion partielle.
Une bursite olécranienne est retrouvée, par-
ticulièrement dans le cadre de microtrauma-
tismes répétés.
IRM : Conrme la rupture et précise les lé-
sions partielles. Les tendinopathies tricipitales
se révèlent en IRM par un épaississement
tendineux et des modications du signal in-
tra-tendineux.
Pathologie ligamentaire et
instabilité du coude
Echographie : Elle permet d’étudier le liga-
ment collatéral ulnaire. L’analyse est bilatérale
et comparative, en position neutre et en val-
gus forcé. Une lésion ligamentaire se traduit
par un aspect hypoéchogène avec interrup-
tion de la continuité des bres. L’étude en val-
gus forcé permet de mesurer l’ouverture de
l’interligne articulaire huméro-ulnaire et de la
comparer à l’ouverture mesurée en position
neutre.
L’IRM : En aiguë, l’IRM visualise une contusion
osseuse sur le compartiment latéral associée
à l’atteinte ligamentaire ; une atteinte des
tendons échisseurs est fréquente. La majo-
rité des lésions (90 %) se localise au niveau
des bres moyennes et proximales du fais-
ceau antérieur du ligament collatéral ulnaire.
Dans 10 % des cas, l’atteinte est distale. Lors
de ruptures complètes, il existe une solution
de continuité ligamentaire. Les lésions chro-
niques liées à des microtraumatismes répé-
tés se caractérisent par un épaississement
ligamentaire. Le ligament peut contenir des
calcications voire parfois une ossication
notamment au niveau de son insertion sur
l’apophyse coronoïde. L’arthro-IRM permet
dans ces cas de mieux localiser les éléments
ossiés au sein de la distension liquidienne
articulaire et permet de distinguer les lésions
ligamentaires complètes des lésions par-
tielles. Les examens sont identiques pour les
instabilités postéro-latérales du coude par
incompétence du ligament collatéral radial.
L’arthro-IRM semble l’examen le plus sensible
pour montrer la distension ligamentaire et/ou
la rupture.
Ostéochondrite disséquante
Radiographies standard : elles permettent
de visualiser les remaniements osseux le plus
souvent localisés au niveau du capitulum : dé-
minéralisation osseuse, kyste sous chondral
entouré d’un liseré osseux, fragmentation
et décrochage articulaire, voire corps étran-
gers intra-articulaires. L’arthro-TDM, l’IRM ou
l’arthro-IRM permettent de mieux préciser
ces lésions. L’IRM permet d’analyser le signal
du cartilage et l’interface entre la lésion os-
téochondrale et l’os natif ; La présence de li-
quide articulaire ou d’un tissu de granulation
en hypersignal sur les séquences sensibles
à l’œdème au niveau de cette interface té-
moigne d’une lésion instable. L’arthro-IRM a
pour avantages de faciliter la détection des
corps étrangers et d’établir la communication
entre le fragment osseux sous chondral et
l’articulation en suivant le trajet du produit de
contraste, confortant le diagnostic de lésion
instable.
Atteinte nerveuse
L’échographie permet de bien analyser les
structures nerveuses du coude, de préciser
une anomalie de calibre, d’échostructure ou
mettre en évidence une compression extrin-
sèque voire une instabilité dynamique du
nerf.
L’IRM fait aussi partie des techniques d’image-
rie dans les neuropathies du coude, en com-
plément de l’échographie.
Dr Chiavassa-Gandois Hélène, Service d’Imagerie
Médicale. CHU Purpan Toulouse