introduction au theatre

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INTRODUCTION AU THÉÂTRE
Par Léa Stijepovic – Chargée des relations publiques
01 42 23 17 29
[email protected]
Théâtre de l’Atalante
10 place Charles Dullin, 75018 Paris
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1. LE THÉÂTRE – PHÉNOMÈNE SOCIAL UNIVERSEL
♦ On trouve à l'origine du théâtre toutes sortes de rites et de danses magiques,
ayant un rôle religieux, et qui subsistent encore chez certains peuples dits
primitifs. L'emploi de la danse d'abord est à l'origine de la représentation.
Certains peuples expriment par des danses rituelles la chasse, la fécondation,
la fertilité. Ce mélange de sacré et de profane (cf. les orgies rituelles du culte
de Dionysos) est à la source de toute représentation théâtrale.
♦ Ce qui fait le théâtre, c'est avant tout le regard. Le mot théâtre a pour
origine le mot grec « theatron » qui signifie « lieu où l’on regarde ».
♦ Des éléments principaux fondent ce qui « fait théâtre » : un lieu, une personne
qui fait (qui joue la plupart du temps), et une (ou plusieurs) personne qui
regarde.
♦ Le théâtre implique une participation du spectateur pouvant aller jusqu'à
l'identification. Même si le spectateur est souvent physiquement passif, il est
actif dans sa capacité à regarder, percevoir, imaginer. Il crée l’œuvre autant
que ceux qui sont sur scène.
♦ Pour que le spectacle soit compris, le théâtre suppose la mise en place d’un
réseau complexe de signes et de significations. (culturels, sociaux, etc. Par
exemple, il nous est difficile de "lire" le théâtre japonais ou africain)
♦ Celui qui joue a statut particulier ; il est acteur ou comédien.
♦ Celui qui écrit également ; il est dramaturge.
♦ Celui qui porte à la scène le texte écrit est le metteur en scène.
♦ Le théâtre fait partie des arts du spectacle, ou des arts vivants. La spécificité
du théâtre réside dans son statut particulier qui le fait appartenir aux arts de la
performance (danse,
musique) et
à
ceux
de
la
représentation
mimétique (peinture, cinéma). Il est tout à la fois présence vivante ayant pour
supports des corps, et signe d’une absence par la fiction mettant en jeu des
personnages imaginaires.
♦ Le théâtre a longtemps été considéré comme un art populaire et éducatif,
capable de transformer la « conscience » du spectateur. En raison de la
concurrence du cinéma et de l'audiovisuel, puis du coût de plus en plus élevé
des spectacles, le théâtre a, dans la plupart des pays, cessé d'être un art
apprécié de tous ou une forme de divertissement prioritaire.
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2. La pièce de théâtre
♦ Une pièce de théâtre est un texte porté sur une scène de théâtre (ou autre :
espaces publics pour les arts de rue, appartements, caves, etc.) à travers la
parole, la voix, les gestes des comédiens, ainsi que la lumière, une
scénographie, etc.
♦ C’est donc une œuvre destinée à être jouée durant une représentation
théâtrale.
♦ Le texte est essentiellement constitué de dialogues entre les personnages et
d'indications concernant la mise en scène : les didascalies (décor,
localisation géographique, ambiance lumineuse et sonore, gestuelle des
personnages - avec des cas limites puisque certaines pièces sont composées
sans dialogue verbal, par exemple les Actes sans paroles de Samuel Beckett).
♦ Les interprètes d'une pièce de théâtre sont les comédiens ; dans le théâtre
moderne (depuis la fin du 19ème siècle) le rôle du metteur en scène est aussi
très important, voire starifié. En effet, en fonction de l'interprétation du texte
qu'il veut communiquer au public, il reprend (ou parfois ne reprend pas…) les
indications de la mise en scène écrites par l'auteur, et ajoute les siennes pour
diriger le jeu des acteurs.
♦ La spécificité du genre oblige le dramaturge (l’écrivain des pièces de théâtre)
à penser aux contraintes multiples d’espace, de temps, de langage, d’action et
de construction, que lui impose cet art très particulier. Car le théâtre est avant
tout un art vivant.
♦ Certains auteurs ont quelquefois considéré que le théâtre devait être lu plutôt
que joué : c’est le cas d’Alfred de Musset, qui parlait de «Spectacle dans un
fauteuil» (entendre : «le fauteuil du lecteur »). Mais le théâtre propose
généralement des décors, des costumes, de la musique, et même des mimes
ou des danses.
♦ La pièce de théâtre est donc un genre littéraire aisément repérable, inscrit
comme tel dans l'histoire générale de la littérature et, comme elle, divisible en
périodes.
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3. L’ÉQUIPE D’UNE COMPAGNIE DE THÉÂTRE
♦ Le rapport spectacle / spectateur
Chaque représentation est une aventure où la troupe doit intéresser le public. Selon
les orientations, elle privilégie la réflexion (Brecht), la sensibilité (th. romantique) ou
l'esthétique du corps (Pina Bausch), happening…
Le contexte socio-culturel de la représentation intervient évidemment dans la
création d’une pièce dans la mesure où celle-ci s'inscrit dans l’époque des
spectateurs.
♦ L'acteur
Il est selon les conceptions, simple instrument ou alors, responsable de la
représentation. Ce métier exige un travail important qui ne peut apparaître à la
représentation. La diction et les gestes sont des signes qui commentent un texte et
lui donnent un sens particulier. La sensibilité est vraie ou jouée. On appelle rôle de
composition la façon mémorable, inattendue d'un acteur de jouer un personnage.
Quand la personnalité de l'acteur s'enrichit d'une autre vie, il peut ressentir un état
quasi mystique, avoir l'impression d'une révélation intérieure.
♦ Les techniciens-artistes
Scénographe : Anciennement décorateur, il produit de simples toiles peintes ou un
dispositif à grand spectacle. Le décor est réaliste (il cherche à créer l'illusion de la
réalité) ou suggestif (il fait allusion à la représentation de la réalité, il annonce
explicitement qu'il s'agit d'un "jeu" théâtral), voire abstrait. A partir d'un dessin puis
d'une maquette, le décor sera souvent réalisé de manière à pouvoir être démonté et
transporté. Aujourd’hui, le rôle du scénographe est très important, il est considéré
comme artiste à part entière et créé l’univers plastique des pièces.
Éclairagiste/régisseur lumière : Il crée une réelle ambiance à travers les lumières.
Certains régisseurs lumières créent des espaces, des décors seulement avec les
jeux de lumières. Il peut jouer sur l'intensité, la focalisation, la couleur, les
changements doux ou brutaux.
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Régisseur son : Dans les pièces où la musique est omniprésente (en live ou
enregistrée) ou dans les spectacles où les comédiens se servent de micros, le
régisseur son est celui qui règle le son et harmonise tout.
Costumier : Contemporains ou anciens, les costumes doivent éviter de paraître trop
neufs. De plus, ils imposent à l'acteur certaines contraintes (mouvements, démarche,
voix). Parfois ils produisent un contraste, parfois ils agissent en redondance. A
travers le choix du costume, apparaît aussi l'option réaliste ou allusive du metteur en
scène.
Maquilleur/Coiffeur/Perruquier : Les cosmétiques permettent de modeler et
d'accentuer les traits. Des postiches et des rembourrages peuvent dessiner le corps
ou le transfigurer.
♦
Le metteur en scène
Au XXe siècle, le théâtre est autant l’affaire de mise en scène que de texte et le
spectacle théâtral, en se détachant du texte écrit préexistant, est en voie de prendre
son autonomie.
Quelques grands noms (Antoine, Copeau, Jouvet, Dullin, Pitoëff, Barrault, Vilar,
Brecht, Mnouchkine…)
En Belgique : Philippe Sireuil, Valérie Cordy, Frédéric Dussenne…
La mise en scène est le travail qui donne à la représentation sa cohérence. Le choix
de la scénographie, des acteurs, des décors, de l’espace, fait de chaque mise en
scène une œuvre unique. L'occupation du plateau, le décor, les costumes, le jeu des
comédiens, leur diction… sont autant de signes qui, ensemble, suscitent du sens.
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4. LE LIEU THÉÂTRAL
Différentes conceptions du lieu théâtral sont apparues progressivement dans
l’histoire du théâtre. Certaines survivent encore aujourd’hui et chacune offre des
avantages spécifiques.
a) Le théâtre en plein air
- Théâtres Grec et Romain
Grecs et Romains représentent leurs spectacles à
ciel ouvert, d’abord à côtés des temples sacrés ou
dans l’agora, puis dans des théâtres antiques,
toujours à ciel ouvert.
Théâtre Grec
- Théâtre Médiéval
Dans l'Occident médiéval, les premières œuvres de théâtre sont jouées dans les
édifices religieux, elles illustrent les Écritures (religieuses). D'abord intermèdes
insérés dans la liturgie, les mystères et miracles ont été progressivement expulsés
des édifices religieux.
Ils seront montés sur la place publique:
LAUFER R. & LECHERBONNIER
•
soit à même le sol
•
soit sur une estrade montée sur des
tréteaux. Parfois ronde, elle dispose
dans certains cas de trappes pour
les substitutions de personnages.
Des panneaux décorés distinguent les lieux
de l'action et les acteurs passent de l'un à
l'autre. Parfois des rideaux enrichissent cet
appareil technique.
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b) théâtre "à la française"
Les premiers édifices consacrés à la
pratique du théâtre sont l'Hôtel de
Bourgogne (±1560) et le Théâtre du
Marais.
A noter les gradins aménagés au fond :
on est loin de la scène mais on voit
mieux.
(DEGAINE)
c) théâtre élisabéthain (1550 - 1642)
Conçu en rond, ce lieu propose quatre aires de
jeu : avant scène, scène, arrière-scène, balcon.
Deux théâtres connus à Londres : le Globe
(Shakespeare) et Le Cygne.
Un site est consacré au Nouveau Théâtre du
Globe, reconstruit à l'identique.
http://www.vanupied.com/londres/monumentlondres/the-globe-theatre-shakespearelondres.html
(DEGAINE)
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d) théâtre à l'italienne XVIIIe-XIXe siècles
(DEGAINE)
Voir et être vu, telle est la fonction
de ce dispositif. Les spectateurs
pauvres sont relégués aux étages
supérieurs avec parfois des
escaliers séparés. Les artistocrates
viennent au théâtre surtout pour se
montrer. C’est un rituel social. Une
rampe éclaire la scène et sépare
acteurs et spectateurs. Le décor est
en trompe-l'oeil. Le cadre de scène
ressemble à un encadrement de
tableau. La scène est le siège
d'une machinerie complexe (la
cage de scène : poulies, panneaux,
trappes, glissières,...)
Le site de la Scala de Milan permet
une visite virtuelle d'un tel bâtiment.
http://www.teatroallascala.org/en/lascala/theatre/virtual-tour.html
e) théâtre contemporain
Il est souvent joué sur des scènes polyvalentes. La
cage de scène est supprimée. Par contre une régie,
parfois placée dans la salle même, permet aux
techniciens de contrôler certains éléments (sons,
éclairage, effets spéciaux…) Un plafond technique
est aménagé sur toute la salle (passerelles).
L'isolation acoustique est poussée, et les normes de
sécurité imposent certaines contraintes liées à
l'évacuation rapide des spectateurs.
La scène et les gradins sont transformables pour
jouer à l'italienne, à l'antique, à l'élisabéthaine, en
annulaire, en éperon, en rond…
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5. LES PRINCIPAUX GENRES THÉÂTRAUX
On peut envisager plusieurs types de classement des œuvres de théâtre selon le
genre, le ton, le degré de liberté des personnages, le dénouement, les sentiments
suggérés, le contexte historico-littéraire…
1. la tragédie antique
Origine : Cérémonie à caractère religieux en l'honneur de Dionysos, "la tragédie
chante le combat que la raison, pour imposer son ordre, livre aux forces qui pèsent
sur l'homme de tout le poids du Ciel ou qui fermentent dans son propre sang " (R.
Pignarre, cité par Littérature et langages).
La tragédie grecque met en scène un chœur qui chante et joue de la musique
accompagnant l’action. Il représente le peuple qui réfléchit aux évènements. Elle met
aussi en scène un coryphée, sorte de chanteur-conteur qui présente l’action. Plus
tard, il y en eut plusieurs (les personnages), d’origine noble.
Eschyle, Sophocle et Euripide sont les grands noms du théâtre grec. Ils ont laissé
des œuvres consacrées aux grands mythes antiques : Œdipe, Antigone, Phèdre,
Iphigénie, Oreste… Ces mythes ont souvent été revisités plus tard.
catharsis : effet de "purgation des passions" (Aristote) que produit sur les
spectateurs une représentation dramatique. Le spectateur se projette dans les actes
et les sentiments des personnages et ainsi "nettoie" son âme de ses propres
passions.
2. Le théâtre médiéval
L'origine religieuse apparaît dans trois formes théâtrales : les miracles, les mystères
et les passions.
La production profane est riche aussi : soties, farces et moralités. A retenir : la Farce
de maître Pathelin.
3. le théâtre baroque
Le théâtre baroque se fonde sur l'idée que le monde est en équilibre instable ; il
privilégie le mouvement, l'illusion, l'irrationnel, le décor. Il s'adresse plus à la
9
sensibilité qu'à la raison. Il use de la folie, du déguisement, des intrigues complexes.
Auteurs célèbres : Calderon, Shakespeare. En France : Corneille.
Plus tard, E. Rostand avec son Cyrano de Bergerac continue dans la même lignée.
4. La Commedia dell'Arte XVIe-XVIIIe siècles
Née en Italie au XVIème siècle, c’est un genre de théâtre populaire où des acteurs
masqués improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité.
Ce genre est apparu avec les premières troupes de comédie avec masques,
en 1528. Elle se fonde sur des canevas traditionnels et des personnages aux
caractères fixés : Arlequin, Pedrolino (Pierrot), Scaramouche, Colombine… A partir
de ces matériaux/expressions, les acteurs improvisent.
5. Le théâtre classique français
Basé sur le respect des unités de temps, de lieu, d'intrigue, le théâtre classique
présente des types "éternels" ; il vise à montrer des caractères humains en évitant
toute brutalité ou actions spectaculaires.
En comédie : Molière (L'Avare, La Malade Imaginaire, Tartuffe, Les Femmes
Savantes, Don Juan...),
En tragédie : Racine reprend ses thèmes à l'histoire antique (Phèdre, Andromaque,
Britannicus, Bérénice...).
Sans être proprement classiques : Marivaux (préciosité, déguisements, quiproquos)
et Beaumarchais (légèreté, ironie, critique de l'Ancien Régime : Le Barbier de Séville,
Le mariage de Figaro))
6. le théâtre romantique
Le drame romantique s’oppose aux principes de la tragédie classique. Victor Hugo
fonde l'esthétique romantique sur cinq points capitaux : reproduction de la vie réelle
(mélange des genres), rejet du carcan classique (règle des trois unités, bienséances,
vraisemblance), recherche d'une grande liberté créatrice, maintien de
la versification et peinture d'une « couleur locale ».
Les représentations des pièces du théâtre romantique ont donné lieu à des
confrontations entre les « modernes » et les « classiques ». En 1830, Hernani, de
Victor Hugo, déclenche les passions et provoque la bataille d'Hernani en raison de
son thème, de son style et de sa composition.
En comédie : Musset
En drame : V. Hugo (Hernani, Ruy Blas)
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7. Le théâtre symboliste
Issu de la poésie symboliste, il entend rompre avec la « pièce bien faite », devenue
e
un modèle d'écriture dominant au XIX siècle, et plus généralement avec
l'appauvrissement de l'art dramatique français. Partageant avec le romantisme une
profonde nostalgie du passé, il vise la résurgence d'un théâtre tragique et spirituel
placé sous le signe de dramaturgies aussi diverses que le drame musical wagnérien.
Craig, Appia, Maeterlinck (L'Oiseau Bleu, Pelléas et Mélisande).
8. La farce
Dès le Moyen-Age, la Farce de Maître Pathelin illustre la veine populaire. Le courant
s'est maintenu bien que l'on ne conserve que peu de traces de cette littérature
populaire. Au XXe, on la retrouve chez A. Jarry (Ubu Roi), Ionesco (La Cantatrice
chauve), ou dans une pièce comme Le Père Noël est une ordure. La farce se
distingue de la satire en ce qu'elle utilise des moyens plus "gros" pour susciter le rire.
9. La satire
Pour critiquer les travers sociaux ou individuels, le théâtre satirique les représente à
travers des personnages: J. Romains (Knock, Topaze)
B. Brecht a créé le "théâtre épique" dans lequel il met en scène l'actualité (l'arrivée
au pouvoir d'Hitler, l'oppression bourgeoise… afin de susciter la réaction de
spectateurs (Mère Courage).
La théorie de la distanciation
Dans le théâtre ordinaire, on essaie de donner aux spectateurs l'illusion de la réalité.
Ils doivent en arriver à croire que ce qu'ils voient est un morceau de vie réelle, avec
des personnages de chair et de sang, animés par des émotions authentiques. L'un
des triomphes de cette formule était obtenu quand le public du mélodrame
romantique, non seulement huait le traître, mais l'attendait à la sortie des artistes
pour lui faire un mauvais parti. On ne voyait plus en lui le comédien qui, dans la vie
privée, pouvait être le meilleur des hommes, mais seulement l'affreux individu qui,
pendant toute une soirée, avait odieusement persécuté une malheureuse orpheline,
sous les regards d'un public horrifié.
Pour Brecht, ceci est malsain et endort le public. Pris par l'émotion, le spectateur
oublie de réfléchir à ce qu'a voulu dire l'auteur. Il faut au contraire faire travailler
l’esprit critique du spectateur ; qu’il prenne conscience de sa condition de spectateur,
qu’il réfléchisse activement à la société qui l’entoure, à sa condition sociale, sans se
laisser aller au divertissement. Au lieu d'essayer de faire entrer le spectateur dans
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l'action, il faut l’éloigner, le distancier de ce qu’il voit. Il faut lui rappeler qu'il est au
théâtre, et non pas devant un fait réel. Que les comédiens ne cessent jamais d'être
des comédiens. Que les décors ne cessent pas d'être des décors. Pour ensuite, au
sortir de la représentation, commencer à préparer la révolution.
Pour arriver à ce résultat, Brecht employait toutes sortes de moyens: interruption de
l'action par des chansons, par des projections, par des défilés de pancartes; décors
et accessoires symboliques et non pas réalistes; emploi de masques ou de
maquillages très élaborés; faculté pour le comédien de cesser tout à coup de jouer
son rôle, pour s'adresser à l'assistance en tant que porte-parole de l'auteur;
changement de décor "à vue", derrière ou devant un petit rideau coulissant
horizontalement sur un fil tendu à mi-hauteur; présence des machinistes en
salopettes sur le plateau...
10. Le théâtre existentialiste (1945-1960)
Sur l'idée que l'homme n'existe que par ses actions et ses rapports avec les autres,
J.-P. Sartre a produit (Huis Clos) et A. Camus (Caligula).
Sans être véritablement existentialistes, d'autres auteurs appartiennent à la même
période: J. Anouilh (Antigone, Beckett ou l'honneur de Dieu, La Sauvage) :
modernisations de thèmes mythiques ou historique ; E. Ionesco (Le Roi se meurt); P.
Claudel (L'Annonce faite à Marie).
11. Le théâtre de l’absurde
Ce théâtre se fonde sur le non sens absolu de l'existence humaine. En attendant
Godot de S. Becket en est le meilleur exemple. On peut aussi ranger sous cette
"étiquette" le "Rhinocéros" de Ionesco.
12. Les autres tendances
théâtre fantastique (M. De Ghelderode, P. Willems…)
théâtre de boulevard et vaudeville (Labiche, Feydeau…) et la comédie légère
(Achard, Guitry…)
théâtre de marionnettes
théâtre dialectal
théâtre social (comme instrument de lutte ou de réinsertion).
théâtre scolaire
théâtre thérapeutique
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6. PETIT LEXIQUE THÉÂTRAL
Acte : (n.m.) moment de l’action représentée. Le passage d’un acte à un autre
s’accompagne souvent d’un changement de décor.
Scène : (n.f.) subdivision de l’acte, il y a changement de scène quand un
personnage entre ou sort.
Cette subdivision en acte et en scène date du théâtre classique. Actuellement,
beaucoup d’auteurs n’utilisent plus ce découpage. Ils préfèrent découper leur pièce
en tableaux, en moments, en mouvements, en séquences… Il arrive même qu’une
pièce ne soit pas découpée.
Aparté : (n.m.) propos d'un acteur qui est censé être entendu par les spectateurs
tout en échappant aux autres personnages.
Confident : (n.m.) personnage secondaire qui reçoit les confidences d'un
personnage principal, ce qui permet au spectateur d'être mis au courant des faits
nécessaires à la compréhension de l'action.
Cour, jardin : le côté cour désigne la droite de la scène par rapport au spectateur, le
côté jardin, le gauche. Ces termes sont hérités de la salle des machines du théâtre
des Tuileries.
Dialogue : (n.m.) ensemble des paroles échangées entre les personnages d'une
pièce.
Didascalie : (n.f.) indication de mise en scène fournie en dehors du texte de la
pièce. Les didascalies indiquent la répartition des rôles et les modalités de la mise en
scène. Les didascalies comprennent: les noms des personnages (liste complète au
début, nom du locuteur avant chaque réplique) + l’indication du lieu de l’action + les
marques de division du texte (actes, scènes, tableaux…) + les indications scéniques
en italique (geste, déplacement, intonation des personnages…).
Dramaturgie : (n.f.) ensemble des techniques théâtrales utilisées par un auteur.
Jouer à bureaux (guichets) fermés: faire salle comble après avoir loué la totalité
des places disponibles.
Metteur en scène : personne qui élabore et supervise le spectacle et assure ainsi
son unité.
Monologue : (n.m.) propos qu'un personnage, seul sur la scène, se tient à lui-même
révélant ainsi au spectateur ses sentiments. Scène constituée par ce type de tirade.
Personnage : (n.m.) le personnage de théâtre porte un nom, parfois plusieurs (le
personnages peut lui-même jouer un rôle), il n’est pas décrit, car on le voit sur scène
et sa psychologie se déduit de ses paroles et de ses gestes.
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Protagoniste : acteur principal.
Quatrième mur : cette expression désigne la frontière invisible qui sépare les
acteurs du public.
Pour en savoir davantage, lisez : Le quatrième mur par Axel RENEVEY (avec le
travail de Tom Calcoen)
Quiproquo : (n.m.) effet de théâtre exploitant une méprise.
Récit : long développement par lequel un personnage généralement secondaire,
vient exposer des faits qui se sont déroulés hors de la scène.
Réplique : (n.f.) partie du dialogue prononcée d'un seul tenant par un personnage.
Rôle de composition : rôle qui amène un acteur à travestir son aspect physique et
sa voix.
Scénographie : (n.f.) ensemble des techniques qui envisagent l'organisation de la
scène et ses rapports avec la salle.
Stichomythie : (n.f.) succession de répliques de longueur égale ou à peu près égale.
Théâtralité ou écriture théâtrale : ensemble des éléments qui donnent à un texte sa
force théâtrale.
Tirade : (n.f.) longue réplique.
Trois unités (règle des) :La règle des trois unités est un ensemble de lois élaborées
en France tout au long du XVIIe siècle, formulée explicitement pour la première fois
par l'Abbé d'Aubignac. Régentant une bonne part du langage théâtral de l'époque,
ces règles devinrent une des caractéristiques de ce qu'on appela plus tard le théâtre
classique. [...] Ces règles sont basées sur la notion de vraisemblance. L’action ne
doit pas dépasser une « révolution de soleil » (Aristote) (de 12 à 30 heures selon les
théoriciens): unité de temps. Toute l'action doit se dérouler dans un même lieu (un
décor de palais pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une comédie):
unité de lieu. Tous les événements doivent être liés et nécessaires. Une intrigue
principale doit avoir lieu du début à la fin de la pièce. Les actions accessoires doivent
contribuer à l’action principale. L'œuvre ne doit donc contenir qu'une seule intrigue
majeure: unité d'action.
14
TABLEAU HISTOIRE DU THÉÂTRE
ÉPOQUE
GENRE
CONTEXTE
AUTEURS
1. La tragédie grecque met en
scène un chœur qui chante et joue
de la musique accompagnant
l’action. Il représente le peuple qui
réfléchit aux évènements. Elle met
aussi en scène un coryphée, sorte
de chanteur-conteur qui présente
Les pièces de
l’action. Plus tard, il y en eut
théâtre étaient
plusieurs (les personnages),
jouées durant les
d’origine noble.
dionysies (fêtes
religieuses vouant
Plusieurs caractéristiques :
le dieu Bacchus).
- Les acteurs portaient des
Le théâtre antique a Grecs :
masques.
beaucoup influencé Tragédies :
• - Les acteurs jouaient
Aristote
le théâtre en
plusieurs rôles.
Sophocle
Europe :
• - Les femmes ne pouvaient
Euripide Eschyle
pas être comédiennes, les
• - le théâtre Comédies :
rôles de femmes étaient
classique a Aristophane
tenus par des hommes
repris les
• - La violence n’était pas
codes du
Romains :
montrée. Ces diverses
théâtre selon Tragédies :
caractéristiques ont pour but
Aristote.
Sénèque
de favoriser la distanciation
Comédies :
du spectateur.
• - Le théâtre Plaute Térence
contemporai
2. La comédie est, en quelque
n rejoue les
sorte, le contraire de la tragédie.
pièces
Ses personnages sont issus du
antiques en
peuple, et l’intrigue se termine
les
bien. Mais le rire que la comédie
remaniant.
suscite n’est généralement pas
innocent : la comédie sert souvent
des causes politiques, et le rire est
utilisé afin de railler les défauts
humains. La comédie fut surtout
exploitée par les Romains.
•
La Grèce
et Rome
(Vème
siècle
avant JC)
15
1. Au Moyen-Âge, on
joue prioritairement du
théâtre religieux : des
Miracles (légendes des
Saints), la Passion (du
Le peuple était
Christ), les Mystères
Les auteurs
(pièces très longues qui analphabète, donc le
étaient souvent
duraient parfois 40 jours et théâtre religieux servait à anonymes
inculquer les paroles des (surtout le théâtre
employaient 500
évangiles et de la Bible à religieux). Nous
Le théâtre
personnages).
la foule.
médiéval
avons cependant
2. Les comédies
retrouvé des
(XIème siècle romaines sont
Les pièces religieuses
après JC)
étaient jouées soit dans œuvres de
sauvegardées par les
Rutebeuf, Adam
clercs. Elles alimentaient l’Eglise soit sur le parvis
de la Halle,
les comédies médiévales : durant les fêtes
Eustache
farces (satires politique), religieuses telles que
Deschamps
soties (dont le héros est Noël, Pâques...
un sot), moralités. Ces
comédies décrivent
surtout un monde de
tromperies (mari cocufié,
valet trompeur...)
Mélange des genres :
- Redécouverte et
traduction des
tragédies et comédies
antiques.
C’est l’époque du
mouvement baroque
(irrégularité, courbe,
abondance...)
C’est aussi l’époque du
théâtre élisabéthain en
Angleterre grande
- Ballet comique.
influence de
Shakespeare dans le
-Opéra (c’est le début de
théâtre en Europe.
la coupure
entre les arts musicaux et
le
théâtre)
- Tragédies en latin ou en
français
Le théâtre
avec des thèmes antiques
de la
ou
Renaissance bibliques.
(XVIème
siècle)
Corneille
(comédie,
tragédie et tragicomédie)
Monteverdi
(opéra)
Goldoni
(commedia
dell’arte)
- Tragicomédie (pièce
tragique avec un
dénouement heureux).
16
- Commedia dell’arte
(acteurs
improvisant au moyen
d’un personnage type :
maître, valet... Cela fait
beaucoup rire,
déguisement, masques
bastonnades,
obscénités...
Le théâtre
classique
(XVIIème
siècle)
Tragédies et comédies
qui se veulent
C’est l’époque de Louis
descendantes directes XIV (qui a un pouvoir
du théâtre antique. C’est culturel presque absolu),
pourquoi, elles doivent
du classicisme (ligne
respecter la règle des trois droite, équilibre, rigueur, Théâtre français :
Corneille
unités reprises
règle...) et du cardinal de
partiellement d’Aristote : Richelieu (conseillé de (comédies et
• - unité d’action :
Louis XIV et homme de tragédies : le
une seule intrigue théâtre qui a légitimé ce dilemme
cornélien)
• - unité de temps :
genre et donné une
l’intrigue dure
pension aux auteurs. Il a
maximum 24
créé la troupe royale qui Racine (tragédies
heures
est devenu la Comédie : fatalité du
destin)
• - unité de lieu :
française.
souvent vestibule
Molière
où tout le monde
Les autres troupes
passe.
n’avaient le droit de se (comédies de
Cette règle sert à produire que durant les caractères)
ce que les
foires en été. Puis, elles
spectateurs
n’ont plus pu parler, c’est Lulli (opéra)
s’identifient aux
pourquoi, elles ont
Théâtre espagnol
personnages
inventé le théâtre de
(contrairement au marionnettes, les mimes, :
Lope de
but du théâtre
les écriteaux.
V ega, Calderón
grec).
C’est aussi l’époque du de la Barca...
Il y a aussi la règle Siècle d’Or en Espagne
de bienséance (on (grandeur culturelle :
ne peut représenté peinture, littérature,
la violence sur
colonies...).
scène)
17
Le drame bourgeois, créé
par Diderot, est opposé
au théâtre classique :
• - en prose
• - décor familial (pas
de noblesse)
• - importance de la
condition
sociale (plus du
caractère comme
Molière) : le
magistrat,
C’est l’époque de la
Le drame
l’agriculteur,
montée de la classe
bourgeois
l’épouse, le père... bourgeoise. Celle-ci
• - il prône les vertus,
s’oppose au théâtre
(XVIIIème
la tolérance, la
classique créé pour les
siècle)
mesure
nobles.
• - il joue sur le
pathétique et le
moralisateur
• - il aime les coups
de théâtre
• - dénouement
malheureux, mais à
cause de l’homme,
pas à cause de la
fatalité du destin
comme pour Racine
Drame
bourgeois :
Diderot
Beaumarchais
Autre : Opéra de
Rousseau,
tragédies
classiques de
Voltaire,
comédies
amoureuses de
Marivaux
(marivaudage =
galanterie
précieuse...)
Le drame romantique est
issu de l’admiration pour
le théâtre élisabéthain.
Caractéristiques :
• - contre l’unité de
temps et de lieu
Le drame
•
- mélange sublime
romantique
et grotesque
(XIXème
• - personnages
siècle)
nobles et
passionnés
• - sujet souvent
historique
• - couleur locale (on
doit ressentir d’où
l’histoire provient)
C’est l’époque du
romantisme (importance
de la nature, le héros
romantique est mal dans
sa peau, sa société,
triomphe du cœur sur la
raison).
Hugo, Dumas,
Musset...
•
18
Le règne
des
metteurs
en
scène
(XXème
siècle)
Théâtre de la
distanciation (Brecht) : on
revient à ce que les Grecs
faisaient pour que les
spectateurs fassent
travailler leur esprit critique
(du coup : pièces souvent
politiques). Pour ce faire :
pièce morcelée,
intermèdes musicaux,
acteurs qui se changent
sur scène...
Les metteurs en scène
sont presque plus
importants que les
auteurs, d’où l’importance
décroissante du texte pour
privilégier la mise en
scène (donc plus grande
Brecht, Artaud,
importance des
Ionesco,
didascalies). Mais cela
Beckett...
pose un problème de
Théâtre du corps (Artaud) transmission, de traces :
les films, les photos ne
: importance du
mouvement du corps pour rendent pas complètement
la mise en scène.
frapper l’imagination.
Influence du Symbolisme
et du surréalisme
Théâtre de l’absurde
(Ionesco, Beckett):
dérision, réflexion
métaphysique.
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SOURCES
Cours de Mme Sophie Ratto, professeure, donnés à Paris 3 en 2012-2013.
Cours de M. Thomas Cepitelli, professeur, donnés à Paris 3 en 2011-2012.
Cours de Mme Nathalie Coutelet, professeure, donnés à Paris 8 en 2014-2015
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/histoire_du_théâtre/96913
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/le_théâtre_contemporain/186019
http://www.universalis.fr/encyclopedie/symbolisme-theatre/
http://www.enseignons.be/upload/secondaire/francais/05-01-09Sequence-sur-linitiation-au-theatre.pdf
http://www.acnice.fr/ienvalsiagne/admin/administration/concertation_theatre/histoire.htm
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pièce_de_théâtre
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