OD
E
ON
N
\Vr1
0
N
AL
CLiA
O
p
E
O
N
THEATRE
NITÎONAL
Ci,Â
*
/
e
aa
i
Directeur
:
Jean
LE
POULAIN
Directeur
adjoint
:
Patrick
DE
VAUX
Secrétaire
général
:
Marie-Annick
DUHARD
Administrateur
:
François
ROUCHARD
Agent
comptable
:
Gabriel
VERRON
Directeur
de
scène
:
Christian
D
AMMAN
Chef
comptable
:
Odette
YERGNE
Directeur
artistique
du
Petit-Odéon
:
Jacques
BAILLON
HISTORIQUE
DU
THÉÂTRE
DE
L'ODÉON
1782
-
1793
:
LES
COMÉDIENS
FRANÇAIS
CHEZ
EUX
Le
9
avril
1782
est
inauguré
le
théâtre
construit
spécialement
pour
abriter
la
Comédie-Française
dans
le
quartier
neuf
à
proximité
des
écoles,
sur
la
rive
gauche
de
la
Seine.
Premier
théâtre
«
monumental
»
de
la
capitale,
il
est
la
pièce
maîtresse
d'un
ambitieux
projet
d'urbanisme,
confié
à
deux
architectes
novateurs,
Marie-Josèphe
Peyre
et
Charles
de
Wailly.
Ses
plans
serviront
de
référence
à
la
grande
Encyclopédie.
Le
«
Théâtre
de
la
Nation
»,
selon
l'expression
employée
dans
l'arrêt
de
1770
désignant
les
maîtres
d'oeuvre,
est
réservé
à
la
seule
troupe
reconnue
officiellement,
les
Comédiens
du
Roi.
1784
C'est
sur
cette
scène
qu'une
troupe
particulièrement
brillante
écrit,
le
27
avril,
l'un
des
épisodes
les
plus
éclatants
de
son
histoire
:
la
création
triomphale
et
mouvementée
du
Mariage
de
Figaro,
de
Beaumarchais.
1787
Parmi
les
jeunes
comédiens
qui
débutent,
un
futur
grand
tragédien
:
François-Joseph
Talma.
1789
Officiellement
baptisée
Théâtre
de
la
Nation,
la
Comédie-Française
vit
à
l'heure
de
la
Révolution,
déchirée
entre
partisans
de
la
monarchie
et
adeptes
des
idées
nouvelles.
1791
A
la
tête
de
la
faction
révolutionnaire
de
la
troupe,
Talma
quitte
la
Comédie-Française
pour
le
Théâtre
de
la
République,
rue
de
Richelieu.
1793
La
représentation
de
pièces
considérées
comme
réactionnaires
(l'Ami
des
lois,
Laya
;
Paméla,
François
de
Neufchâteau)
entraîne
en
septembre
la
fermeture
du
théâtre
et
l'arrestation
des
comédiens.
La
Comédie-Française
a
momentanément
cessé
d'exister.
Depuis
l'ouverture
de
la
salle,
129
pièces
nouvelles
sont
entrées
au
répertoire.
1793
-
1799
:
L'ODÉON
DANS
LA
TOURMENTE
Quelques
anciens
de
la
troupe
reviennent
cependant
jouer
dans
la
salle
qui
prend,
en
1796,
le
nom
antique
d'ODÉON.
Elle
est
le
lieu
d'importants
événements
politiques
:
l'insurrection
des
sections
royalistes
sévèrement
réprimée
le
13
vendémiaire
(1795),
la
proclamation
du
coup
d'Etat
du
18
fructidor
(1797)
par
le
Conseil
des
Cinq-Cents.
1798
Le
banquier
Sageret
rouvre
le
théâtre,
jusqu'à
ce
que
le
gouverne-
ment
lui
retire
l'Odéon,
dont
l'incendie,
en
mars
1799,
fait
de
la
salle
Richelieu
le
lieu
définitivement
dévolu
aux
Comédiens
français
réunis.
1806
-
1818
:
DU
THÉÂTRE
DE
L'IMPÉRATRICE
AU
SECOND
THÉÂTRE-FRANÇAIS
1806
«
Le
Théâtre
de
l'Impératrice
est
considéré
comme
une
annexe
du
Théâtre-Français,
pour
la
Comédie
seulement
».
De
1807
à
1815,
les
chanteurs
italiens
y
donnent
également
l'opéra.
1818
Un
nouvel
incendie
détruit
l'Odéon,
qui,
reconstruit,
est
réorganisé,
sous
la
direction
de
Picard,
sur
le
modèle
de
la
Comédie-Française
et
baptisé
Second
Théâtre-Français.
1819
-
1848
:
LE
SECOND
THÉÂTRE-FRANÇAIS
:
TREIZE
DIRECTEURS
A
LA
DOUZAINE...
Les
directeurs
se
succèdent
à
la
tête
du
Second
Théâtre-Français
qui
a
du
mal
à
se
situer
par
rapport
à
la
Comédie-Française.
Parmi
les
comédiens
recrutés
par
Picard,
nombreux
sont
ceux
qui
passeront
rue
de
Richelieu
:
Firmin,
Samson,
Joanny,
Monrose,
Beauvallet...
D'autres,
qui
ont
appar-
tenu
à
la
Comédie-Française,
jouent
à
l'Odéon
:
Mlle
George,
Ligier...
1829
-
1831
Les
Romantiques
débutent
à
l'Odéon
:
auteurs
(Dumas,
Hugo,
Vigny
et
Musset),
et
acteurs
(Frédérick
Lemaître,
Bocage,
Marie
Dorval).
Illl
A
deux
reprises,
l'Odéon
est
concédé
à
la
Comédie-Française
pour
une
exploitation
partielle
(1832-1833
:
42
représentations
en
alternance
avec
l'Opéra-Comique)
ou
totale
(180
représentations
en
1837-1838).
1841
Le
Second
Théâtre-Français
est
désormais
totalement
indépendant
de
la
Comédie-Française.
Malgré
une
situation
financière
difficile,
il
participe
activement
à
la
création
dramatique
:
succès
de
Lucrèce,
de
François
Ponsard,
en
1843,
et
de
la
Ciguë,
d'Emile
Augier,
en
1844.
1849
-
1906
:
THÉÂTRE
EN
TOUS
GENRES
George
Sand
trouve
à
l'Odéon,
malgré
l'échec
de
Cosima
à
la
Comédie-
Française
en
1840,
un
public
et
le
succès.
François
le
Champi(
1849)
et
le
Marquis
de
Villemer
(
1864)
marquent
des
sommets
dans
sa
carrière
dramatique.
Dans
les
dernières
années
du
XIX
e
siècle,
et
jusqu'à
la
nomination
d'Antoine
(1906),
au
milieu
d'un
répertoire
très
varié,
les
plus
grands
succès
de
l'Odéon
appartiennent
à
des
courants
littéraires
divergents
puisque
aussi
bien
triomphent
les
grandes
fresques
d'inspiration
romanes-
que,
mais
de
facture
traditionnelle
(François
Coppée),
les
œuvres
plus
intimistes
d'Alphonse
Daudet,
les
adaptations
des
grands
romans
russes,
tandis
que
s'impose
progressivement
le
répertoire
naturaliste
(les
frères
Concourt,
Henry
Becque,
Emile
Fabre
et
Emile
Zola).
C'est
à
l'Odéon
que
débutent
la
jeune
Sarah
Bernhardt,
qui
triomphe
dans
le
Passant,
(François
Coppée)
en
1869,
les
frères
Mounet,
Albert
Lambert,
Mme
Segond-Weber,
etc..
1875
Le
théâtre
est
restauré
et
les
foyers
aménagés.
1888
Installation
de
l'éclairage
électrique
(un
an
après
la
Comédie-
Française).
Le
peintre
Jean-Paul
Laurens
réalise
le
nouveau
plafond.
1906
-
1914
:
LA
DIRECTION
D'ANTOINE
La
nomination
d'André
Antoine
à
la
direction
de
l'Odéon,
en
même
temps
qu'un
hommage
rendu
à
son
action
à
la
tête
du
Théâtre
Libre,
puis
du
théâtre
qui
porte
désormais
son
nom,
est
aussi
la
consécration
d'un
répertoire
qui
fait
une
large
part
à
la
création
contemporaine,
au
natura-
lisme
et
au
théâtre
étranger
notamment.
Il
multiplie
les
audaces
de
mise
en
scène
et
monte,
parmi
d'autres,
la
première
pièce
«
unanimiste
»
de
Jules
Romains,
l'Armée
dans
la
ville.
En
7
ans,
il
fait
jouer
364
pièces
différentes,
mais
finit
par
donner
sa
démission.
1914
-
1946
:
LA
RONDE
DES
DIRECTEURS
recommence,
avec,
de
1921
à
1925,
à
la
tête
de
l'Odéon,
Firmin
Gémier,
disciple
d'Antoine
et
fondateur
du
Théâtre
National
Populaire,
qui
élargit
encore
le
répertoire
aux
plus
grandes
œuvres
étrangères.
1930
Paul
Abram,
qui
lui
succède,
fait
faire
de
nouveaux
travaux,
pour
moderniser
le
théâtre.
1946
-
1959
:
LA
SALLE
LUXEMROURG
L'Odéon
est
à
nouveau
concédé
à
la
Comédie-Française
au
titre
de
seconde
salle,
avec
le
nom
de
salle
Luxembourg,
pour
la
distinguer
de
la
salle
Richelieu.
Les
Comédiens
français
y
jouent
pendant
treize
ans
leur
répertoire
classique
courant
et
y
créent,
conformément
au
cahier
des
charges,
un
certain
nombre
d'oeuvres
contemporaines
les
noms
de
Jean
Cocteau,
Montherlant,
Audiberti,
Jules
Romains...
côtoient
ceux,
plus
boulevardiers,
de
Jacques
Deval,
Roger-Ferdinand,
Marcel
Achard...
1959
-
1968
:
L'ODÉON
-
THÉÂTRE
DE
FRANCE
Le
ministre
André
Malraux,
en
conflit
avec
la
Comédie-Française,
lui
retire
l'exploitation
de
l'Odéon,
qu'il
donne
à
Jean-Louis
Barrault
pour
y
abriter
sa
compagnie.
En
inaugurant
la
salle,
rebaptisée
«
Théâtre
de
France
»,
avec
Tête
d'or
de
Paul
Claudel,
Barrault
montre
sa
volonté
d'être
résolument
contemporain.
Outre
Claudel,
monté
à
plus
d'une
reprise,
Ionesco,
Beckett,
Genet,
Billetdoux,
Marguerite
Duras
sont
à
l'affiche.
1967
L'aménagement
d'une
petite
salle
(le
Petit-Odéon,
aujourd'hui
salle
Roger
Blin)
permet
de
faire
une
place
plus
grande
à
l'avant-garde.
1968
:
L'ODÉON
EST
OUVERT...
Le
15
mai,
à
l'issue
de
la
représentation
des
Ballets
de
l'américain
Paul
Taylor,
qui
se
produisent
dans
le
cadre
du
Théâtre
des
Nations,
un
groupe
de
contestataires
pénètre
dans
la
salle,
il
est
rejoint
par
plusieurs
milliers
de
personnes
qui
vont,
pendant
près
d'un
mois,
«
occuper
»
l'Odéon,
y
organisant
un
gigantesque
happening
vont
sombrer
les
costumes
et
les
accessoires
de
la
troupe.
1968
-
1971
Jean-Louis
Barrault,
abandonné
par
André
Malraux,
quitte
l'Odéon
dévasté,
qui
se
trouve
réduit
à
l'état
de
«
théâtre
garage
»...
1971
-
1982
:
LE
THÉÂTRE
NATIONAL
DE
L'ODÉON
En
1971,
la
direction
de
l'Odéon
est
confiée
à
Pierre
Dux,
administrateur
de
la
Comédie-Française,
pour
une
durée
de
trois
ans
(qui
sera
renou-
velée),
avec
pour
adjoint
Jean-Pierre
Miquel.
Chaque
année,
la
Comédie-
Française
est
tenue
de
réaliser
plusieurs
spectacles,
tant
dans
la
grande
salle
qu'au
Petit-Odéon,
en
orientant
l'action
de
l'Odéon
«
vers
la
création
et
la
recherche
».
En
1978,
un
nouveau
décret
précise
que
l'Odéon
est
administré
par
un
directeur,
qui
est,
ès
qualités,
l'administrateur
de
la
Comédie-Française.
Pendant
plus
de
dix
ans,
la
Comédie-Française
a
présenté
à
l'Odéon,
grande
et
petite
salles,
un
répertoire
varié,
principale-
ment
axé
sur.la
littérature
étrangère
et
la
création
contemporaine
(80
%
au
Petit-Odéon,
50
%
dans
la
grande
salle).
Elle
a
également
coréalisé
un
certain
nombre
de
spectacles,
tandis
q»e
l'Odéon
recevait
les
troupes
de
la
décentralisation
et
le
Jeune
Théâtre
National.
1980
Des
troupes
étrangères
sont
invitées
à
se
produire
à
l'Odéon,
dans
le
cadre
de
la
grande
fête
du
théâtre
qu'est
le
tricentenaire
de
la
Comédie-Française.
1982
L'Odéon
fête
son
bicentenaire
par
diverses
manifestations
:
exposi-
tions
et
spectacles
de
prestige.
1983
-
1986
:
LE
THÉÂTRE
NATIONAL
DE
L'ODÉON
ET
LE
THÉÂTRE
DE
L'EUROPE
Le
statut
de
l'Odéon
est
modifié
par
un
décret
du
6
mai
1983.
Les
activités
du
théâtre
sont
réparties
en
deux
secteurs
:
sous
la
direction
artistique
de
Giorgio
Strehler,
le
Théâtre
de
l'Europe
présente
des
spectacles
montés
en
français
et
en
langues
étrangères.
Le
reste
de
l'année,
le
Théâtre
national
de
l'Odéon,
sous
la
direction
de
François
Barachin,
accueille
différentes
troupes
et
coproduit
certains
spectacles.
1986
19
septembre,
nouveau
décret,
avec
un
retour
au
statut
de
1978
:
le
directeur
de
l'Odéon
est
l'administrateur
de
la
Comédie-Française.
Jean
Le
Poulain,
administrateur
général
de
la
Comédie-Française,
devient
donc
directeur
de
l'Odéon.
L'Odéon
-
qui,
par
ailleurs,
continue
à
accueillir
dans
ses
murs
le
«
Théâtre
de
l'Europe
»,
toujours
dirigé
par
Giorgio
Strehler
ne
saurait
être
le
«
double
»
du
Théâtre-Français,
encore
moins
une
deuxième
salle
de
la
Comédie-Française.
Il
devient
ainsi
«
l'autre
visage
»,
celui
de
l'aventure
et
de
la
création,
par
rapport
au
Théâtre-Français
qui
est
celui
du
Répertoire.
Illl
3-20
mars
1987
du
mardi
au
samedi
à
20
h
30
(matinée
le
dimanche
à
15
h)
représentations
supplémentaires
les
mercredis
11
et
18
mars
à
15
h
;
les
samedis
7
et
14
mars
à
15
h
;
les
dimanches
8
et
15
mars
à
20
h
30
ESTHER
Tragédie
en
trois
actes
de
Jean
Racine
mise
en
scène
:
Françoise
Seigner
assistée
de
Mauricette
Gourdon
décor,
costumes
et
lumières
:
Jean-Pierre
Barlier
chœur
et
orchestre
sous
la
direction
de
Michel
Frantz
chef
de
chant
:
Nicole
Fallien
avec
:
Bérengère
Dautun
(Zarès)
François
Beaulieu
(Assuérus)
Nicolas
Silberg
(Hydaspe)
Dominique
Rozan
(Mardochée)
Martine
Chevallier
(Esther)
Alain
Mottet
(Aman)
et
Pauline
Macia
(Élise)
Samuel
Labarthe
(Asaph)
Amalia
Metzger
(Thamar)
le
chœur
:
Sophie
Marin-Dégor
(soprano),
Danielle
Peretz
(mezzo-soprano),
Frédérique
Cerbonnet,
Catherine
Corringer,
Claire-Ingrid
Cottanceau,
Corinne
Devaux,
Brigitte
Froment,
Laurence
Frossard,
Marie-Frédérique
Habert,
Véronique
Lacour,
Anne
Lapalus,
Laure
Julian,
Corine
Ricouard,
Juliette
Sane,
Nathalie
Spitzer,
Patricia
Thibault,
Véronique
Vella.
barytons
:
Pierre
Curon,
Philippe
Dorlac,
Eric
Frachey,
Jean
Faucher,
Hubert
Weller,
Pierre
Vanhoenackere.
Production
:
Comédie-Française.
Dominique
Rozan
et
Martine
Chevallier.
Quel
désir,
quelle
impulsion
nous
poussent
en
1986
à
monter
Esther
de
Racine
?
La
même
impulsion,
le
même
désir
qui
poussent
le
public
à
se
précipiter
au
bureau
de
location
du
théâtre
dès
l'annonce
de
la
programmation
du
spectacle.
Les
grands
auteurs,
les
grands
textes
subissent
des
éclipses
(Esther
n'a
pas
été
jouée
à
la
Comédie-Française
depuis
quarante-quatre
ans
!).
Les
raisons
:
la
mode,
les
tendances
du
moment,
la
volonté
de
trouver
dans
les
auteurs
de
son
temps
le
reflet
et
l'image
de
son
époque.
Souvenons-nous
de
Musset
dans
Une
soirée
perdue
:
«
J'étais
seul
l'au-
tre
soir
au
Théâtre
Français...
[on
n'y
jouait]
que
Molière...
»
Toute
l'époque
romantique
a
banni
notre
grand
Molière,
et
l'engoue-
ment
actuel
pour
notre
patron
n'est
revenu
qu'avec
Jouvet
quand
il
a
monté
l'Ecole
des
femmes
et
qu'on
a
redécouvert
ses
chefs-
d'œuvre.
La
tragédie
est
évidemment
en-
core
plus
sujette
à
ces
éclipses
;
la
difficulté
de
trouver
des
moyens,
les
physiques
hors
du
commun
font
que,
plutôt
que
de
tomber
dans
le
quotidien
ou
la
médiocrité
(qui
enlèvent
la
crédibilité),
on
préfère
aban-
donner.
Est-ce
peut-être
un
défi
(mais
j'aime
les
défis),
à
notre
époque,
d'essayer
de
faire
connaître
à
toute
une
jeunesse
ignorante
de
son
patrimoine
une
pièce
qui
traite,
trois
siècles
après
sa
création,
d'un
sujet
d'une
actualité
criante,
écrite
avec
force,
dans
un
langage
d'une
beauté
infinie,
comme
aucun
auteur
moderne
ne
pourrait
le
faire
?
Le
théâtre
a
toujours
été
le
reflet
d'une
épo-
que
;
c'est
ce
qui
fait
son
utilité,
sa
péren-
nité.
Nous
éprouvons
le
besoin
en
ce
moment,
par
un
certain
instinct
de
conser-
vation
(nous
sentant
au
fond
d'un
gouffre),
de
renouer
avec
le
beau,
le
mystique,
la
passion.
Comment
expliquer
autrement
le
grand
succès
des
films
sur
la
religion
?
Comment
expliquer
le
succès
du
Mystère
de
la
charité
de
Jeanne
d'Arc
de
Péguy,
le
public
ne
criait
pas
«
bravo
!
»
mais
«
merci
!
»
?
Je
voudrais
dire
à
tous
ceux
qui
me
feront
le
plaisir
d'assister
à
ces
représenta-
tions,
que
mes
camarades
et
moi
faisons
tout
avec
une
passion
identique.
La
pièce
n'est
que
passion
folle,
fanatisme
religieux,
folie
raciale,
et
n'a
rien
de
saint-sulpicien
ni
de
«
bondieusard
»,
comme
certains
semblent
le
croire.
Madame
de
Sévigné,
qui
n'engen-
drait
pas
la
mélancolie,
disait
d'Esther
:
«
Racine
n'a
rien
fait
de
plus
beau,
ni
de
plus
touchant,
il
est
pour
les
choses
saintes
comme
il
était
pour
les
profanes,
la
Sainte
Écriture
est
exactement
suivie
dans
cette
pièce.
Tout
est
beau,
tout
est
grand,
tout
est
traité
avec
dignité.
C'est
un
rapport
de
la
musique,
des
vers,
des
chants,
des
person-
nages,
si
parfait
et
si
complet
qu'on
n'y
souhaite
rien
de
plus.
»
Je
ne
fais
qu'un
vœu
:
c'est
que
le
public
de
1987
puisse
en
dire
autant...
Françoise
Seigner
Illl
31
mars
-
30
avril
1987
du
mardi
au
samedi
à
20
h
30
(matinée
le
dimanche
à
15
h)
L'ÉTERNEL
MARI
adaptation
de
Victor
Haïm
du
roman
de
Fiodor
Dostoïevski
mise
en
scène
:
Simon
Eine
décor
et
costumes
:
Charlie
Mangel
lumières
:
Francis
Junek
musique
originale
:
Dominique
Laurent
avec
:
Claude
Winter
(Clavdia
Pogoreltzev)
François
Chaumette
(Alexeï
Ivanovitch
Veltchaninov)
Michel
Aumont
(Pavel
Pavlovitch
Troussotzki)
Bérengère
Dautun
(Natalia
Vassilievna)
Jean-Philippe
Puymartin
(Alexandre
Lobov)
et
Fabienne
Tricottet
(Pélagie)
Natacha
Mircovich
(Nadia)
en
alternance
Marie-Eugénie
Maréchal
(Lisa)
Coproduction
:
Comédie-Française
Théâtre
national
de
l'Odéon.
Portrait
de
Dostoïevski
par
Pérov.
Le
piège
d'une
adaptation
théâtrale
est
d'extraire
du
roman
son
dialogue
et
de
le
livrer,
brut
de
fonderie,
aux
feux
de
la
rampe.
Adversaire
résolu
des
modes,
j'ai
souvent
dénoncé
la
facilité
et
la
cuistrerie
des
auteurs
improvisés
qui
s'emparent
des
dialogues
d'un
livre
pour
«
bâtir
»
un
spec-
tacle
sans
tenir
compte
de
la
nature
singu-
lière
de
l'écriture
scénique.
Lorsque
la
Comédie-Française
m'a
de-
mandé
une
adaptation
de
l'œuvre
publiée
par
Dostoïevski
en
1870,
je
me
suis
dit
que
cet
Eternel
Mari
risquait
de
devenir
un
chef-d'œuvre
en
péril.
Mieux
valait
refer-
mer
le
livre.
Un
livre
qui
ne
prétend
pas
être
subtil
mais
qui
est
cruel
et
fort,
roublard
et
simple,
vaudevillesque
et
tragique.
J'ai
donc
refermé
le
roman,
convaincu,
tout
de
même,
que
mon
subconscient
s'im-
prégnerait
de
ces
personnages
terribles
et
proches
qui
inspirent
de
la
répulsion
et
de
la
pitié,
cachant
dans
les
replis
secrets
de
l'âme,
des
trésors
d'interrogations
concep-
tualisées,
plus
tard,
par
Freud.
J'ai
écrit
une
pièce.
Je
me
suis
servi
de
mon
expérience
d'auteur
dramatique
qui
ne
sait
pas
écrire
autre
chose
que
«
du
théâtre
».
Il
faudrait
connaître
le
russe
pour
soute-
nir
que
l'écriture
de
Dostoïevski
n'a
rien
d'extraordinaire...
Je
ne
connais
pas
le
russe.
On
ne
pourra
donc
pas
prétendre,
pour
définir
mon
apport
dans
cette
aven-
ture
:
«
texte
français
de
Victor
Haïm
»...
On
pourra,
en
revanche,
déceler
que
je
me
suis
laissé
fasciner
et
investir
par
ce
génie.
Je
m'en
suis
inspiré
pour
écrire
une
pièce
de
théâtre
totalement
théâtralisante.
Je
laisse
le
soin
à
quelques
contempteurs
spirituels
de
découvrir
qu'entre
Dostoïevski
et
moi,
il
y
a
au
moins
un
point
commun
:
le
tréma
sur
le
i.
Victor
Haïm
Illl
12
mai
-
21
juin
1987
du
mardi
au
samedi
à
20
h
30
(matinée
le
dimanche
à
15
h)
LA
RONDE
d'Arthur
Schnitzler
texte
français
:
Henri
Christophe
mise
en
scène
:
Alfredo
Arias
décor
et
costumes
:
Claudie
Gastine
lumières
:
André
Diot
musique
originale
:
Jean-Marie
Sénia
avec,
notamment
Michel
Duchaussoy
(le
Mari)
Michel
Aumont
(l'Auteur)
Christine
Fersen
(la
Comédienne)
Christine
Murillo
(la
Prostituée)
Stéphane
Freiss
(le
Jeune
Monsieur)
Coproduction
:
Comédie-Française,
Centre
dramatique
national
d'Aubervilliers
-
Groupe
Tse
-,
Théâtre
national
de
l'Odéon.
En
une
ronde
fragile,
au
gré
de
leurs
accou-
plements,
dix
personnages,
cruels
ou
naïfs,
se
rencontrent
au
carrefour
du
sexe.
La
demoiselle
de
petite
vertu,
le
soldat,
la
bonne,
le
fils
de
famille,
la
femme
du
monde,
son
mari,
la
grisette...
Tous
sont
menés
par
cette
volonté
de
croire,
encore
une
fois,
que,
cette
fois-ci,
la
poursuite
du
plaisir
pourrait
ne
pas
les
décevoir.
Volonté
d'aveuglement
et
ténacité
du
fragile...
Schnitzler
savait
qu'on
ne
s'attaque
pas
impunément
à
une
société
de
débauchés,
mais
pudibonde,
lorsqu'à
la
fin
du
siècle
dernier
il
écrivit
cette
Ronde.
Dès
1905,
des
bruits
circulaient
à
Vienne
sur
une
œuvre
«
licencieuse
»
écrite
par
cet
auteur
déjà
très
à
la
mode.
Mais
aucun
théâtre
n'osa
la
monter.
Schnitzler
en
tira
deux
cents
exem-
plaires
à
compte
d'auteur,
et
il
fallut
atten-
dre
1921
pour
qu'on
joue
la
pièce
à
Vienne.
Le
scandale
fut
énorme,
la
pièce
retirée
et
l'auteur
ne
revint
jamais
sur
sa
décision.
Autres
temps,
autres
mœurs,
le
sexe
aujourd'hui
ne
fait
plus
écran
à
cette
des-
cription
au
scalpel
des
diverses
classes
sociales
de
la
Vienne
cynique
et
frivole
d'alors.
L'art,
dont
l'auteur
fit
son
bouclier,
éclate
au
grand
jour.
Rappelons
que
la
Ronde
a
été
portée
à
l'écran
par
Max
Ophiils
(première,
à
Paris,
le
27
septembre
1950)
et
par
Roger
Vadim
(première,
à
Paris,
le
16
octobre
1964).
Illl
H
Le
Petit-Odéon
:
un
grand
projet
A
l'aube
de
ses
vingt
ans,
le
Petit-Odéon
est
devenu
un
point
de
densité
théâtrale.
Il
joue
de
ses
contraintes
pour
créer
une
exigence
artistique
:
radicaliser
le
passage
de
la
fiction
à
la
représentation.
L'échange
entre
le
spectateur,
l'acteur
et
l'auteur
y
devient
plus
authentique.
Mais
qu'est-ce
qu'un
point
de
densité
sinon
un
ensemble
de
points
d'action
?
Le
Petit-Odéon
est
un
point
d'émergence
:
de
nouveaux
auteurs
y
surgissent
sans
cesse.
Voici
Christine
Albanel,
une
jeune
femme
passionnée
qui
nous
rappelle
combien
il
est
vital
que
les
dramaturges
nous
racontent
des
histoires.
Comme
son
Barrio
Chino,
une
histoire
avec
du
soleil,
de
la
nuit
et
des
amours.
Un
auteur
à
suivre,
de
la
même
façon
qu'il
faut
suivre
le
parcours
de
beaucoup
;
car
nous
ne
devons
pas
manquer
d'inscrire
des
permanences.
Le
Petit-Odéon
est
un
point
de
convergence
:
il
rassemble
des
acteurs
et
des
créateurs
de
cinéma,
des
comédiens
du
Français
et
du
privé,
des
metteurs
en
scène
de
théâtre
et
de
la
télévision,
et
puis
des
écrivains
qui
cultivent
l'ensemble
de
ces
domaines.
Tel
Jean
Gruault,
scénariste
de
Truffaut
et
de
Resnais,
qui
nous
prouve,
avec
Crucifixion
dans
un
boudoir
turc,
que
le
verbe
dramatique
ne
perd
rien
de
sa
luxuriance
à
nourrir
de
multiples
modes
d'expression.
Car
nous
ne
devons
pas
oublier,
non
plus,
d'articuler
des
différences.
Le
Petit-Odéon
est
un
point
de
référence
:
nous
consti-
tuons
une
filière-textes
et
démontrons
que
l'écriture
réalise
un
tissu
qui,
à
tous
les
plis
de
notre
histoire,
se
renvoie
à
lui-même.
Ainsi
du
travail
d'Elisabeth
de
Fontenay
sur
Diderot,
avec
aujourd'hui,
Madame
de
la
Carlière.
Au
travers
de
cette
entreprise
de
repli
et
de
divergence,
de
re-présentation
et
de
greffe
de
l'écriture,
nous
savons
qu'il
est
de
notre
devoir
de
tracer
un
chemin
d'expériences.
Le
Petit-Odéon
peut
devenir
un
point
d'ouverture.
Pour
ce
faire,
surmontons
certains
tabous
et
franchissons
quelques
barrières-obstacles
tant
de
contenu
que
de
forme.
Est-il
possible,
par
exemple,
de
montrer,
simplement,
les
person-
nages
de
l'histoire
contemporaine
la
plus
effrayante
?
Voilà
ce
que
nous
tenterons
avec
les
silhouettes
d'Eva
Braun
et
de
Clara
Petacci
dans
Conférence
au
Sommet
!
au
Petit-
Montparnasse.
Prélude
d'une
coopération
entre
les
«
salles
pointues
»
de
recherche
et
de
création,
qu'elles
dépendent
du
secteur
public
ou
forment
le
secteur
privé.
Enfin,
le
Petit-Odéon
doit
servir
de
point
d'investigation
et
de
réflexion.
Naturellement,
un
texte
apparaît
dans
une
culture
particu-
lière,
il
se
représente
dans
une
situation
donnée,
un
contexte
d'écriture
et
de
pensée.
Jean
Le
Poulain
poursuivra
la
collaboration
avec
Claude
Santelli
et
la
SACD
pour
l'organisation
de
la
Semaine
des
auteurs,
semaine
dont
il
faut
souligner
la
liberté
face
à
tous
les
sectarismes.
Cette
année,
nous
envisageons
de
réaliser
cette
manifestation
au
grand
auditorium
de
la
Bibliothèque
nationale.
Nous
mettons
en
place
un
Collège
de
théâtre
qui
sera
présidé
par
le
philosophe
Jean-Pierre
Faye.
Une
volonté
de
rapprocher
et
de
confronter
la
pratique
théâtrale
et
la
pratique
des
idées.
Combien
de
choses
on
peut
soulever
en
prenant
appui
sur
un
point,
aussi
petit
semble-t-il
!
Que
de
chemin
déjà
parcouru
et
que
d'espoirs
encore
à
développer
!
De
Jean-
Louis
Barrault
en
1967
à
Jean
Le
Poulain
à
partir
de
maintenant,
plus
que
jamais
le
Petit-Odéon
est
un
grand
projet.
Jacques
Bâillon
Directeur
artistique
du
Petit-Odéon
Illl
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