miste't4; retrouvant par là même un rôle qu'il a déjà joué quel-
ques vingt années plus tôt. Le succès considérable des Consé-
quences économiques de la paix (1919), même si la leçon a été
peu entendue par les responsables politiques, font de lui un ex-
pert particulièrement clairvoyant. Il est maintenant impossible
de recommencer les mêmes erreurs; le prix à payer, tant du
point de vue économique que politique, en a été trop élevé. De
plus, comme économiste-théoricien, Keynes est considérable-
ment mieux outillé pour faire face au problème
"macroéconomique" et financier que représente la guerre.
Grave question: les gouvernements peuvent-ils, comme pour la
Première Guerre Mondiale, s'en remettre au laissez-faire? De-
puis 1926, au moins, Keynes admet qu'il n'est plus historique-
ment la solution5.
Dès le début des hostilités6, deux choses sont parfaite-
ment claires: (1) la guerre est d'abord l'utilisation efficace des
ressources disponibles; (2) l'activité économique ne peut
qu'augmenter. Donc, il faut à tout prix, ne pas voir ces moyens
supplémentaires fondre avec l'inflation comme cefut le cas dans
la Première Guerre Mondiale. Sa réflexion débute donc par la
recherche d'un programme d'''économies obligatoires"; c'est
l'idée qu'il soumet d'abord à une réunion de la Marshall Society
pour en Lfaire ensuite la matière de deux articles (plus une ré-
ponse aux critiques) parus dans le Times en novembre 1939.
Soucieux de voir son projet pris au sérieux, plusieurs exemplai-
res en sont distribués au Chancelier de l'Echiquier et à de hauts
4D.E.Moggridge, Keynes, Mac Millan, 3° édition 1976, chapitre 6, p.122-
154.
5voir Lafin du laissez-faire (1926) in Essais de persuasion (traduction fran-
çaise Gallimard, 1932, p.223-23 1; repris dans Essais sur la monnaie et l'éco-
nomie, Payot, p.117-126).
6voir aussi C.H.Hession, op.cU., p.376 et sq; ainsi que les deux livres de
D.M.Moggridge déjà cités. Cette partie de la vie de Keynes n'a pas encore fait
l'objet d'une étude en profondeur puisque le monumental travail de
R.Skidelsky s'arrête pour le moment encore à l'année 1937 : R.Skidelsky,
John Maynard Keynes/Hopes Betrayed, 1883-1920, Mac Millan, 1983 et
R.Skidelsky, John Maynard Keynes/The Economist as Savior, 1920-1937,
Penguin Press,
1994.
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