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P
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F
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HALLORAN
ET
A
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MELK
et réplicative » ont trait au phénotype
in vitro
des cellules somatiques qui ont
atteint la limite de leur faculté de réplication, un état qui peut ou non exister pour
ces mêmes cellules
in vivo
. Les études
in vitro
qui utilisent des cellules âgées,
c’est-à-dire provenant d’un sujet âgé, doivent être distinguées des études qui uti-
lisent des cellules sénescentes, c’est-à-dire des cellules qui ont développé
in vitro
un phénotype de sénescence. Des études
in vivo
peuvent d’ailleurs chercher à iden-
tifier ces cellules sénescentes.
Le phénotype de sénescence rénale
Chez l’homme, la sénescence rénale est caractérisée par une diminution de la
masse rénale, particulièrement aux dépens du cortex, du nombre de cellules [2],
une augmentation de l’hétérogénéité et l’apparition d’anomalies focales. Les prin-
cipales caractéristiques histologiques de la sénescence rénale sont des anomalies
vasculaires (hyalinose et épaississement fibreux de l’intima des artères, hyalinose
des artérioles), une sclérose diffuse des glomérules avec duplication des capsules
de Bowman, une atrophie tubulaire focale avec présence de lipofuschine, une
fibrose interstitielle et des foyers d’inflammation. Les relations entre ces différen-
tes lésions sont encore peu claires : sclérose glomérulaire, atrophie tubulaire et
fibrose interstitielles sont-elles primitives ou secondaires ? En revanche, la sénes-
cence rénale n’est pas associée à une protéinurie significative, une hématurie,
l’apparition d’une insuffisance rénale chronique terminale, une sclérose focale ou
un infarctus lié à une occlusion artérielle. Les glomérules scléreux du cortex super-
ficiel semblent avoir leur artériole afférente occlue par un épaississement de
l’intima tandis que les glomérules scléreux du cortex profond semblent avoir des
shunts entre artériole afférente et efférente. Dans les deux cas, les modifications
artériolaires pourraient être secondaires aux modifications glomérulaires et vice
versa.
Les manisfestations du vieillissement du rein dans une population humaine non
sélectionnée peuvent être décrites grâce à des formules telles que celle de Cock-
croft-Gault [3] ou celle du MDRD [4]. Ces formules décrivent un phénotype fonc-
tionnel de sénescence rénale non sélectif qui reflète certes les modifications
spécifiquement liées à l’âge mais aussi celles qui sont liées aux maladies associées
à l’âge comme l’hypertension artérielle ou l’insuffisance cardiaque. La Baltimore
Longitudinal Study on Aging décrit un phénotype plus sélectif puisque en sont
exclues toutes les maladies rénales, l’hypertension artérielle et l’insuffisance car-
diaque. Dans ce cas, la diminution moyenne du débit de filtration glomérulaire est
de, 0,75 ml/min/an. Un tiers des sujets de 80 ans ont encore une fonction rénale
normale [1]. Ainsi, les caractéristiques phénotypiques de la sénescence rénale
pourraient être dues à des facteurs n’ayant rien à voir avec le temps, comme le
stress ou le niveau de pression artérielle.
Quel est le mécanisme expliquant la perte de néphrons en l’absence de protéi-
nurie, d’hématurie, de perte de sel et d’autres marqueurs de maladie rénale ? Bien
que les sujets âgés aient une diminution de leurs facultés d’excrétion et/ou de réten-
tion d’eau et de sel, ils parviennent néanmoins à maintenir un état stable malgré
une baisse d’environ 50 p. 100 de leur débit de filtration glomérulaire. Nous pen-
sons qu’il doit exister d’abord un détecteur puis un interrupteur. Le détecteur éva-
lue la performance globale d’un néphron donné et décide de l’exclure en mettant
en jeu l’interrupteur. L’interrupteur quant à lui est probablement d’origine vascu-