La réactivation d`une enzyme ayant une action sur - adn

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L’activation de la Télomérase inverse la dégénérescence tissulaire liée à l’âge
Le vieillissement s’accompagne d’un déclin global et progressif des capacités tant fonctionnelles que
structurelles. De nombreux facteurs explicatifs, intrinsèques et environnementaux, coexistent. Parmi eux,
des facteurs génétiques expliquent en partie la dégénérescence tissulaire liée à l’âge. La perte de l’intégrité
du génome est la conséquence d’une perte des systèmes de détection des dommages de l’ADN, d’une
insuffisance fonctionnelle des mécanismes de réparation de l’ADN et d’un raccourcissement des télomères.
Les télomères sont des séquences non codantes du génome qui se trouvent aux extrémités des
chromosomes et qui ont un rôle de protection en évitant aux régions internes des chromosomes codant
pour des protéines fonctionnelles d’être supprimées. Au cours de la vie, les cellules se renouvellent en se
divisant. A chaque division cellulaire, la longueur des télomères diminue. Ce nombre de division est limité
(environ une cinquantaine) par la longueur des télomères car à un certain degré de raccourcissement, la
cellule n’est plus capable d’entrer dans le cycle cellulaire et devient alors sénescente ou meurt. Cela a pour
conséquence un risque accru de maladie (infections, maladies cardio-vasculaire et neurodégénérative,
cancer…), une atrophie tissulaire et une défaillance de système d’organe dans les maladies dégénératives.
Cependant, certaines cellules de notre organisme (cellules germinales et cellules souches) sont capables de
se diviser un grand nombre de fois car elles disposent d’une enzyme active, la télomérase, dont le rôle lors
de la réplication de l'ADN, permet de conserver la longueur du chromosome en ajoutant une structure
spécifique à chaque extrémité.
De nombreuses études réalisées montrent qu’en forçant l’expression de la télomérase dans les cellules, on
induit la restauration du potentiel prolifératif de la cellule. Mais est-ce que cette nouvelle capacité
proliférative peut enrayer les dommages tissulaires et fonctionnels liés à l’âge ? Oui.
Récemment, une étude a été menée par une équipe de recherche d’Harvard sur des modèles animaux. Ils
ont utilisé des souris génétiquement modifiées pour permettre l’expression de la télomérase. Ils confirment
l’effet de cette enzyme sur la diminution des signaux de dommage de l’ADN et la diminution de l’atrophie
tissulaire surtout dans les tissus fortement prolifératifs. Mais ils ont aussi étudié son impact sur le cerveau
dont la dégénérescence est l’un des principaux déterminants de la vieillesse. Les résultats mettent en
évidence une restauration de la prolifération des progéniteurs neuronaux avec un rétablissement du nombre
de cellules, une augmentation du poids du cerveau et une diminution de la carence en myéline, substance
permettant la conduction de l’influx nerveux. Par ailleurs, ils ont étudié l’effet sur l’olfaction. La vieillesse
s’accompagne d’une diminution de l’odorat qui est probablement le résultat d’atteinte du nerf olfactif car le
tissu nasal est sensiblement le même que chez la personne jeune. La réactivation de la télomérase permet,
par les mêmes mécanismes que le cerveau de diminuer la perte d’odorat.
En conclusion, cette étude met en évidence un impact bénéfique de la réactivation de la télomérase tant sur
le plan cellulaire que sur la fonctionnalité des tissus notamment cérébraux. Des études complémentaires
pour soutenir le développement de stratégies de régénération visant à rétablir l'intégrité des télomères sont
justifiées, particulièrement pour les maladies liées à l’âge avec accumulation de stress genotoxique. Ces
données devraient permettre de vérifier l’extrapolation de ces résultats chez l’homme avec certains
activateurs.
Docteur Marine LOUSTAU-LEGRAND, Spécialiste Santé Publique et Gérontologie aigüe
En collaboration avec le Professeur TAURAND, Chef du Pôle Gériatrie à l’Hôpital Simone VEIL.
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