AK1978_5_10_499-521

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Mémoire
Le complexe de l'épaule
Étude anatomique descriptive
et incidences bio-mécaniques
Ann. K/né,llnir.,
A. BERTHE
1978, J, 499-'21
*
Deux points sont à retenir de ce travail exhaustif: la disposition des
muscles de la ceinture scapulaire en nappes dont on peut suivre la
continuité grâce à la direction des fibres, et la position de l'apophyse
coracoïde ((clé de voûte )) sur laquelle prennent appui des muscles importants de la stabilité scapulaire et de la mobilité humérale. Cet article sort
délibéremment des sentiers battus en allant plus loin que les classiques et ennuyeux - rappels qui ne sont qu'un mélange de phrases empruntées à
d'autres publications. L'auteur aborde le complexe de l'épaule avec un œil
neuf, et s'est astreint à rechercher lui-même ce dont il nousfait part.
INTRODUCTION
Le membre supérieur est entièrement programmé vers la fonction de
préhension distale. On peut le comparer à une grue articulée. Cette grue va
se déployer dans la trajectoire voulue, une fois l'ajustement obtenu, la
pince distale va pouvoir effectuer son travail de préhension. Il faut alors
que toutes les structures proximales soient stabilisées et ce, à coût énergétique réduit.
Le complexe de l'épaule axé vers la mobilité doit donc être stabilisé de
façon importante, les structures assurants cette fonction seront décrites
grâce aux vues de dissection. Certains points forts de ce complexe
pourront être mis en évidence, expliquant lors des traumatismes, les
modifications de mécanique et d'usure des structures .
• M.C.M.K .. enseignant à l'école de kinésithérapie de Nice.
Exercice libéral :20. rue de Jussieu, F 06000 Nice.
499
A) Précisions Anatomiques et cinésiologiques
sur les articulations du complexe
1) Articulation
Sterno-Costo-Claviculaire
(SCC)
Seul point de contact articulaire (os-os) avec le thorax, la SCC
possède une très grande stabilité, expliquant la rareté des luxations. Les
tigures 1, à 5, résument les caractéristiques de cette articulation.
La stabilisation active de l'articulation est assurée par des muscles au
contact: Sterno-mastoïdien et Sterno-occipital (tig. 34), et des muscles à
distance: sous-clavier (tig. 6), cléïdo-mastoïdien et cléïdo-occipital, et
grand pectoral (faisceaux claviculaires) (tig. 34); enfin, trapèze supérieur et
deltoïde antérieur (tig. 33).
2) Articulation Acromio-claviculaire
(AC)
Les surfaces éliptoïdes manquent de coaptation. Les mouvements
articulaires (tig. 7), ne sont pas aussi analytiques. La forme ovalaire du
thorax empêche cette mobilité, il y aura association de mouvement selon
trois degrés de liberté entraînant « sonnette» en dehors, antépulsion,
adduction, et « sonnette» en dedans, rétropulsion, abduction.
Les moyens d'union décrits par les figures 8 et 9 réduisent la mobilité
d'antépulsion pour le trapézoïde, d'élévation et de rétroplusion pour le
conoïde et le coraco-claviculaire interne.
Les moyens actifs sont:
a. - au contact: le deltoïde antérieur et le deltoïde moyen, avec le
trapèze supérieur. Ces muscles sont réunis entre eux par une chappe
Muscle
sous - clavier
FIG. 1. - Articulation sterno-costo-claviculaire luxée. On voit le tendon costo-claviculaire pivot de
cette articulation. Le calque de la photo permet de mettre en évidence la terminaison du muscle
sous-clavier. qui vient renforcer le ligament costo-claviculaire. Le tendon terminal est infériorisé.
cette disposition anatomique répond aux contraintes anti-élévation de la clavicule.
500
aponévrotique
dont l'intégrité
prime dans les luxations acromioclaviculaires (fig. 8, fig. 33),
b. - à distance: les muscles stabilisateurs de l'omoplate et de la clavicule. Deux muscles semblent assurer cette stabilisation active, le petit
pectoral et le caraco-brachial par la continuité des ligaments coracoclaviculaires. Leurs actions seront précisées dans le paragraphe B, II.
Haut
Bas
FIG. 2. - Extrémité sternale de la clavicule. A noter la présence d'une protubérance qui va empêcher le mouvement de
s'effectuer de manière analytique, il va
produire une rotation automatique de la
clavicule.
FIG.
3. - Vue antérieure,
grand
pectoral
claviculaire récliné. Les instruments montrent le
ligament costo-claviculaire,la première côte.
Extrém ité
acromiale
FIG.4. - L'axe du mouvement se situe dans le ligament costo-claviculaire. On peut comparer au
point de vue mécanique l'ensemble à un levier interappui, Les mouvements de l'extrémité acromiale
étant inverses de ceux de l'extrémité stern ale. Seul le mouvement d'abaissement sort de ce cadre,
du fait de la structure élastique du ligament.
501
Haut
Elévation
Î
8 à 10 cm
RétropuI5io~/"-\
Arr.
1
,
1
.
O
El'evation
U Sion
AnlEip
l'
Rotation interne
,
(
Av.
\.._../Antépulsion
'-J .
Rétrapulsian
AbQiSSemen~"'I/('\
Rotation
,{ l ",
o
externe
,
Abaissement
Bas
5à6cm
FIG.5. - Schéma récapitulatif des mouvements
selon son long axe est de 3D' environ.
de l'extrémité acromiale de la clavicule. La rotation
100 environ
de
mobilite
FIG. 6. - Muscle sous-clavier, son rôle de coaptation de la sec est le plus important. Il absorbe
les contraintes verticales exercées surla sec (17J.
502
FIG.7. - Principaux mouvements
de l'articulation A C.
FIG.8. - Moyens d'union de l'articulation AC à distance, les instruments visualisent le ligament
trapézoide (en OH), le conoide (au centre) le coraco-claviculaire interne (en 00).
FIG. 9. - Apophyse coracoide : point de confluent Iigamentaire, On voit en OH le ligament coracoacromial. On voit aussi les plans de glissements du muscle sus-épineux avec le ligament cora coacromial,
503
3) Articulation scapulo-humérale
(15) (18) (9) (2)
Enarthrose, la surface glénoïde entre dans la classification de surface
ovoïde (13). Le centre de mobilité articulaire se situe sur une courbure
d'enroulement.
Il se produit donc un mouvement de glissement et de roulement
associé excepté au début et à la fin du mouvement. Ce mouvement diadochal oblige à une troisième composante de mobilité qui est la rotation
associée. On peut dire qu'à tout mouvement de flexion et abduction, va
s'associer une rotation externe. L'extension sera associée à une adduction
et une rotation interne.
Les moyens d'union passifs, ligaments caraco-huméral et gléno-huméraux ont été largement décrits, nous verrons leurs importances dans un
paragraphe à la fin de ce chapitre.
Les moyens d'union actifs représentés par les muscles peuvent être
classés en intrinsèques et extrinsèques. Nous nous attacherons qu'aux
seuls intrinsèques: sus-épineux, sous-épineux, petit rond, sous-scapulaire
(fig. 10, 11, 12).
FI G. 10. - Vue anatomique du muscle sous-scapulaire.
le grand pectoral est en place.
504
Le muscle deltoide antérieur a été récliné,
FIG. 11. - Vue supérieure du sus-épineux. Une partie de la clavicule a été réséquée. On voit le
passage du tendon sous le ligament coraco-acromial.
FIG. 12. -
Vue supérieure du sus-épineux. L'acromion 8 été réséqué.
Reprenons les études effectuées (7) (4) (11) (12). Les études électromyographiques ont montré une activité des muscles intrinsèques lors des
mouvements articulaires par exemple pour le sus-épineux: abduction =
activité importante à 10°, croissance avec un maximum entre 90 et 100°
qui correspond à la « close-packed-position}) décrite par Mac Connail et
Basmajian (13).
505
Flexion = progression sommet vers 70, 800 puis décroissance.
Extension = valeur minimale vers 200, augmentation jusqu'à 500•
Rotation externe = augmentation en ligne brisée jusqu'à 500•
Rotation interne = sommet à 100, décroissance régulière jusqu'à 600•
Le sous-épineux
Abduction = montée linéaire jusqu'à la limite articulaire.
Flexion = sommet vers 550,
plateau jusqu'à 900•
Extension = minimum à 100, augmentation jusqu'à 500, puis sommet.
Rotation externe = augmentation régulière, valeur minimale à 100
maximale à 500•
Rotation interne = valeur constante de 10 à 500•
Ainsi mis en place les structures articulaires et musculaires, il convient
de faire quelques remarques dont certaines sont inspirées par l'étude de la
pathologie (19) (1).
Rapports de l'humérus avec les structures péri-articulaires: le mouvement d'abduction a été décrit mais le plan de ce mouvement doit être
précisé (14) (21). Le plan frontal strict ne représente pas le plan normal de
mouvement. En effet dans le plan frontal se produisent des tensions
ligamentaires (gléno-huméral) qu'il faut prendre en compte lors des
luxations antéro-internes de la tête (23). Toujours dans ce plan frontal
(fig. 15, 16) le trochiter se trouve sous l'acromion alors qu'il en est libéré
par le placement dans un plan physiologique (300 de flexion en moyenne,
mais adaptation particulière selon la morphologie du sujet). Dans ce plan
le trochiter est surmonté par le ligament coraco-acromial avec lequel il a
des rapports étroits. Il existe en effet (fig. 17) une bourse de glissement qui
sert d'articulation entre la face supérieure du sus-épineux (fig. 13, 14) avec
la face inférieure du ligament (fig. 9).
Lors du mouvement dans le plan frontal, le trochiter n'entre pas en
contact avec l'acromion. En effet le muscle sus-épineux produit une action
immédiatement importante entraînant après le roulement, le glissement
de la tête dans la glène. Cette action permet une descente du trochiter
(fig. 18, 19). De plus la rotation externe qui s'associe va postérioriser le
trochiter (21).
Lors des ruptures de la coiffe des rotateurs, nous pouvons observer
quelques réactions coroborant ces concepts théoriques. Le tendon du susépineux se rompt à environ 1 centimètre de son insertion distale (3) (16).
Le sus-épineux ne pouvant produire le glissement, la tête monte et il se
forme une néo-articulation avec l'acromion (fig.20). Le reliquat distal de
tendon terminal, appelé « bourrelet de Hoseley», forme un obstacle ne
pouvant passer sous le ligament coraco-acromial. Dès que ce bourrelet
cicatriciel est passé par une manœuvre de décoaptation sous le ligament,
le mouvement d'abduction peut se poursuivre car la tête est alors stabilisée
par les autres intrinsèques: long biceps et la longue portion du triceps. Ce
surmenage explique les ruptures associées du long biceps (20), la
rétraction et la tonicité importante du triceps à la palpation.
506
FIG. 13. -
Tendon terminal du sus-épineux. On voit le tendon du biceps.
Structure ligam entaire pour le passage
sous le lig.coraco· acromial
Tendon terminal
FIG. 14. -
Schéma de la terminaison
du muscle sus-épineux.
507
FIG. 15. - Radiographie,
/'acromion.
bras en abduction
dans le plan frontal.
FIG. 16. - Radiographie montrant le dégagement
alors une détente capsulo-ligamentaire
antérieure.
508
du trochiter
Le trochiter
se projette
dans le plan physiologique.
sous
" existe
FIG. 17. - Bourse de glissement
située entre la face supérieure du sus-épineux et la face inférieure
du ligament coraco-acromial.
FIG. 18. - Le trochiter semble toucher /'acromion, le sus-épineux n'ayant pas produit le maximum
de son action de glissement.
509
FIG. 19. -
Le sus-épineux a produit le glissement permettant
FIG.20. - Lésions de rupture
voute acromiale et le trochiter.
510
du muscle
sus-épineux,
l'effacement
du trochiter.
on voit la néo-articulation
formée
par la
B) Mouvements
globaux du complexe
Après les possibilités articulaires des trois vraies articulations du
complexe, il convient d'analyser les mouvements de l'omoplate sur le gril
costal, ses stabilisateurs, et ceux de la clavicule.
1) Mouvements de l'omoplate et sa stabilisation:
Les mouvements de l'omoplate habituellement décrits (9) sont la
translation horizontale, la translation verticale et le mouvement de « sonnette », la pointe de l'omoplate tournant vers l'intérie.ur ou l'extérieur.
Ces mouvements analytiques ne peuvent exister à cause de la forme
ovalaire du thorax et des possibilités de l'Acromio-claviculaire. Les mouvements peuvent se classer en deux catégories:
a. - Translation horizontale en DH, abaissement, sonnette en DH.
b. - Translation horizontale en DD, élévation, sonnette en DD.
La mobilité de l'omoplate sur le thorax permet d'orienter le plan de
l'omoplate dans l'axe du mouvement. Une fois ce positionnement obtenu,
une stabilisation va permettre la fixation solide de l'omoplate sur le thorax.
L'étude anatomique permet d'isoler deux types de stabilisation:
a. Une postérieure produite par, grand dorsal, rhomboïde, angulaire'
et grand dentelé.
b. Une antérieure par les muscles petit pectoral et coraco-brachial.
1) Stabilisation postérieure de l'omoplate:
. Un plan superficiel (fig. 21) montre le trapèze inférieur et moyen. Si
nous réclinons le trapèze nous voyons (fig. 22) le rhomboïde orienté en
haut et en dedans. Si nous remontons vers le haut, il existe une continuité
des fibres entre rhomboïde inférieur, supérieur et angulaire de l'omoplate
(fig. 23) .
. Si nous descendons nous voyons une réunion (fig.24) par un plan
aponévrotique entre rhomboïde et grand dorsal. " existe également une
continuité des fibres vues à la dissection entre rhomboïde et grand dentelé
(fig.25).
De cette étude anatomique nous pouvons tirer quelques conclusions:
une nappe musculaire contribue à plaquer le bord spinal de l'omoplate
contre le thorax. Les études pratiquées par Limbourg et Zintzen (12)
suivant des notions différentes de pentes de courbe montrent une
contraction importante de rhomboïde lors des mo"uvements de l'épaule, la
contraction pouvant être dans le sens concentrique ou exentrique
(abduction, flexion) (fig. 26). Si nous reprenons les mouvements globaux
de l'omoplate nous voyons que ces mouvements mettent en tension
passivement une partie de cette nappe musculaire, tandis que l'autre
participe au mouvement.
2°) Stabilisation antérieure de l'omoplate:
S'insérant sur l'apophyse coracoïde, deux muscles assurant cette
511
FIG.21. - Vue postérieure de l'omoplate
trapèze se croisant avec celles du rhomboïde
FIG.22. en haut.
512
Vue postérieure
de l'omoplate
après ouverture. On note l'orientation
et grand dorsal (supérieur).
après soulèvement
des fibres du
du trapèze, le rhomboïde
est oblique
FIG. 23. -
FIG.24. - Vue postérieure,
Schéma du plan postérieur
la pince montre
de stabilisation
la continuité
de l'omoplate.
des fibres entre rhomboïde
et grand
dorsal supérieur.
513
Avant
Bard spinal de
l'omoplate
Rhomboïde
FIG. 25. - Schéma d'une coupe transversale du plan postérieur. Continuité des fibres
du grand dentelé et du rhomboide.
FIG. 26. - La nappe musculaire formée par
grand dentelé et rhomboide tend à plaquer en
permanence le bord spinal de l'omoplate contre
la face postérieure du thorax. Ces musc/es
sont synergiques.
stabilisation. Le petit pectoral tendu jusqu'aux 30, 40, 60 côtes en dedans,
le cora co-brachial jusqu'au 1/3 supérieur et interne de l'humérus (6) (6).
Ce dernier situé en dessous le court biceps est réuni à ce dernier (tig. 27).
Lors de la contraction du biceps, il se forme un plan interne rappelant en
arrière le tendon bicipital.
La configuration géométrique permet de tirer quelques conclusions
mécaniques. Les deux muscles font penser à une figure architecturale
appellée voûte. Les colonnes latérales sont représentées par les deux muscles, la clef de voûte ou voussoir par la coracoïde (tig. 28). La stabilité de
cette coupole est fonction de l'angle (tig. 29, 30).
Dans le plan sagittal, l'obliquité de ces muscles en bas et en avant
oblige à penser à l'enroulement antérieur du moignon de l'épaule par
bascule de l'omoplate (tig. 31).
Il) Stabilisation
de la clavicule:
La clavicule est stabilisée par trois groupes de muscles antagonistes
et synergiques (tig. 32, 33, 34, 35).
1) Sous-clavier, sterno-mastoïdien et occipital.
2) Cléïdo-mastoïdien et occipital avec les faisceaux claviculaires du
grand pectoral.
"
3) Trapèze supérieur et deltoïde antérieur.
Les études électro-myographiques
montrent
pour le grand
pectoral (12) une très nette activité lors du mouvement d'antépulsion et de
514
- Anatomie du muscle caraco-branchial. A noter les relations de continuité entre court
biceps et braéhii (BB) et caraco-brachial (C-B).
FIG.27.
- a. - Insertion du petit pectoral et du caraco-brachial sur la rrclé de voûte ii
coracoidienne: a. Projection dans le plan frontal; b. L'obliquité des colonnes latérales est un
facteur de stabilité de l'ensemble.
FIG.28.
515
FIG.29. - Mouvement d'adduction. L'angle de la coupole augmente, la stabilité diminue.
FIG.30. - Mouvement d'adduction: l'angle de la coupole diminue, le voussoir perd son efficacité.
A noter le tendon du long biceps, et sa poulie de réflexion assurant la coaptation g/éno-humérale, et
la rotation interne par sa projection dans un quadrant antérieur de la téte humérale.
516
45'
/
//
/
/
/
/
<.
Omoplate
Plan
sag i tla 1
FI G. 31. - Projection dans le plan sagittal. L'orientation des fibres en bas et en avant produit une
bascule de l'omoplate vers l'avant.
Trapèze
FIG.32.
-
supérieur
Schéma représentant la stabilisation de la clavicule.
517
FIG.33. - Chappe trapézo-deltaidienne.
Cette
importance dans les luxations acromio-claviculaires
continuité
(8).
aponévrotique
prend
FIG.34. - Vue anatomique des muscles stabilisateurs
de la clavicule. Les faisceaux
pectoral peuvent être différenciés des faisceaux sternaux par un tissu aponévrotique.
518
toute
son
du grand
Cleïdo
mastoïdien
occipital
Grand
,/
,/,/,(
faisceaux
pectoral
claviculaires)
FIG.35. - Schéma d'insertion du c1eido-occipital, avec le grand pectoral. Leurs insertions montrent
les composants du mouvement, antépulsion rotation interne et vice-versa.
sa stabilisation. Lors de l'extension une activité à 100 de base diminuant
progressivement.
Pour le cora co-brachial et le petit pectoral, le seul auteur qui se soit
intéressé à leur comportement électromyographique est Guillot (6) qui
note une activité du coraco-brachial lors de "antépulsion de l'humérus et
une activité du petit pectoral lors de l'antépulsion de la ceinture scapulaire.
Leur travail synchrone semble confirmer ce que nous avançions quant à
l'influence de ces deux muscles sur les mouvements conjugués ceinture
scapulaire-humérus:
nombre de mouvements usuels entraînent un
avancement simultané de la ceinture scapulaire et de l'humérus qui se
fléchit (prendre un objet sur une étagère, saisir un outil placé devant soi
sur une table). Apartir de la clé de voûte coracoïde, l'activité df' ces deux
muscles se comprend aisément.
C) Récapitulation générale
Ayant vu toutes les possibilités articulaires et musculaires nous pouvons donner comme synthèse que les mouvements du complexe de
l'épaule peuvent se classer en deux grandes catégories de mobilités (10)
(25).
519
1) Mouvement de: flexion, rotation externe, adduction ou abduction
qui fait intervenir:
.
a. Clavicule: rétropulsion, rotation externe, abaissement.
b. Omoplate: élévation de l'acromion, rotation pointe de l'omoplate
en OH, abaissement, translation en OH.
c. Humérus: antépulsion ou flexion, rotation externe, le degré
d'abduction pouvant rester variable.
2) Mouvement de: extension, rotation interne, adduction ou abduction,
a. Clavicule: antépulsion, rotation interne, élévation.
b. Omoplate: translation en 00, élévation, sonnette en 00.
c. Humérus: extension, rotation interne, degré adduction variable.
Conclusion générale
Le membre supérieur n'a pas un plan strict de mouvement, il existe un
ensemble de composants se répartissant dans toutes les articulations du
MS, Pour ce qui est du complexe de l'épaule, toutes les articulations
prennent en charge une partie du mouvement, permettant une orientation
de tous les segments dans la direction voulue. Cela réalise aussi une
économie articulaire.
Le complexe de l'épaule est constitué de points forts de stabilisations:
articulaire avec la sterno-costo-claviculaire, et musculaire avec un point
fort antérieur et postérieur, l'articulation gléno-humérale étant stabilisée (11) par les intrinsèques ou courts rotateurs,
Le mouvement analytique vue de manière didactique doit être
remplaçé par un mouvement qui fait intervenir les trois degrés de liberté
articulaire. Cette vue globale permet de saisir l'anatomie fonctionnelle.
Toute structure articulaire, mûsculo-aponévrotique et ligamentaire a sa
raison d'être, on voit alors que des: muscles négligés par les exercices
habituels prennent une importance égale à celle de muscles plus prisés
des enseignants et des rééducateurs.
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L'auteur tient à exprimer ses remerciements les plus sincères à Monsieur le Professeur RICHELME qui l'a
accueilli au Laboratoire d'Anatomie de I·U.E.R.de Médecine de Nice, lui a permis de réaliser les dissections et l'a
guidé de ses conseils.
521
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