49 ans en 1998. Les inscriptions scolaires ont, elles aussi, stagné ou diminué dans de
nombreux pays au cours des dix dernières années.
L’Afrique subsaharienne est en outre caractérisée par trois types de situations : des
structures inadéquates (manque d’infrastructures, étroitesse des marchés, secteurs
industriels ébauchés, faiblesse de l’environnement institutionnel), des politiques ina-
déquates (économie administrée, poids de la corruption, mauvaise gestion des sec-
teurs publics et privés) et, enfin, des vulnérabilités internationales (endettement, prix
des matières premières). Elle reste en effet marquée par une économie de rente, où
l’enrichissement résulte davantage de prélèvements que de créations de richesses, qui
se marginalise à l’échelle internationale. Les logiques redistributives l’emportent ainsi
sur les logiques productives. Or l’Afrique doit gérer le passif de la dette tout en
répondant aux défis démographiques et urbains : 45 % de la population a moins de
15 ans, et l’explosion scolaire a peu débouché sur la formation de compétences utili-
sables par le système productif.
Plusieurs facteurs expliquent en partie le blocage de l’accumulation. L’Afrique est
demeurée largement une économie de rente, spécialisée dans des produits agricoles,
miniers et pétroliers. On y constate un faible taux d’investissement et surtout une
mauvaise utilisation du capital. Dans ces conditions, le modèle d’exportation de pro-
duits de base et de substitution des importations n’a pu enclencher un processus
auto-entretenu conduisant à une diversification de la production.
TABLEAU 1. —Principaux indicateurs macro-économiques
de l’Afrique subsaharienne (taux de croissance en %)
1960-
1970 1970-
1980 1980-
1990 1990-
2000
Population 2,4 2,9 3,1 2,6
Produit national brut (PNB) 4,6 3,0 2,1 2,5
Industrie 10,1 8,2 0,6 0,2
Agriculture 2,5 1,9 2,5 1,5
Investissement brut 15,0 20,6 16,0 16,0
Source : Philippe Hugon, L’économie de l’Afrique, Paris, La Découverte, 2001.
Une marginalisation extérieure
L’Afrique se marginalise, tant du point de vue des flux commerciaux que des flux
technologiques et financiers, ce qui aboutit à une « déconnexion subie ». Quarante
ans après les indépendances, la part des produits primaires dans les exportations est
restée la même, autour de 90 %, tandis que le poids de l’Afrique dans le marché mon-
dial est passé de 2,4 % en 1970 à 1 % en 2000. En outre, si la part de l’Afrique dans
les investissements directs à l’étranger (IDE) mondiaux est de l’ordre de 1 %, le revenu
moyen africain, qui représentait il y a trente ans 14 % du revenu des pays développés,
est passé aujourd’hui à 7 %.
Par ailleurs, dans un contexte d’endettement permanent, l’aide, au lieu de consti-
tuer une transfusion provisoire, est devenue une perfusion permanente, permettant
aux États d’assurer le minimum de fonctions régaliennes. Elle représente en effet
généralement plus de 10 % du PIB des pays africains et tend à baisser depuis le début
de la décennie 1990.
PHILIPPE HUGON ■109