CAPES de Math´ematiques Universit´e Joseph Fourier
Pr´eparation `a l’´ecrit Ann´ee 2007-2008
Alg`ebre et probabilit´es
Fiche 7 : Alg`ebre (1) Groupes
«L’ˆetre humain n’est pas un tueur. Le groupe, si. »Konrad Lorenz
1 Rappels de cours
Une loi de composition (interne) sur un ensemble Eest une application :E×EE. On
note xyl’image de (x, y) par . La loi est associative si et seulement si, pour tous x,yet z
´el´ements de E, (xy)z=x(yz). La loi est commutative si et seulement si, pour tous x
et y´el´ements de E,xy=yx. Un ´el´ement ede Eest un neutre pour la loi si et seulement
si, pour tout x´el´ement de E,xe=ex=x. Quand la loi poss`ede un ´el´ement neutre e, un
inverse d’un ´el´ement xde Eest un ´el´ement yde Etel que xy=yx=e. Dans ce cas, on
note souvent y=x1.
Un groupe (G, ) est un couple form´e d’un ensemble Get d’une loi de composition sur G,
associative, admettant un ´el´ement neutre, et telle que tout ´el´ement poss`ede un inverse. Si de
plus, la loi est commutative, on dit que (G, ) est ab´elien ou commutatif.
Exercice 1.1. 1) Montrer que le neutre est unique, au sens o`u, si eet e0sont deux ´el´ements
neutres d’un groupe (G, ), alors e=e0.
2) Montrer que l’inverse est unique, au sens o`u, si xest un ´el´ement d’un groupe (G, ) et si yet
zsont des inverses de x, alors y=z.
Exercice 1.2. 1) Les ensembles Z,Z/nZ,Q,Ret Csont des groupes pour l’addition.
2) Pour tout ensemble Enon vide, S(E) est un groupe pour la composition.
3) Pour tout ensemble E,P(E) est un groupe pour la diff´erence sym´etrique.
4) Pour tout ensemble Enon vide et tout groupe (G, ), l’ensemble GEest un groupe pour la
multiplication terme `a terme d´efinie comme suit : si ϕet ψsont des ´el´ements de GE, on pose,
pour tout ´el´ement xde E, (ϕ·ψ)(x) = ϕ(x)ψ(x).
Exercice 1.3. Montrer que, quand (G, ) = (Z/2Z,+), l’exemple 4 de l’exercice 1.2 correspond
`a l’exemple 3.
Une partie Hde Gest stable par si, pour tous xet y´el´ements de H,xyappartient `a H. On
note alors de nouveau la restriction de `a H×H.
Une partie Hde (G, ) est un sous-groupe de (G, ) si et seulement si Hest stable par et si
(H, ) est un groupe.
Soit AG. On note hAil’intersection de tous les sous-groupes de (G, ) contenant A. Alors la
partie hAiest elle-mˆeme un sous-groupe de (G, ), appel´e le sous-groupe engendr´e par A. Comme
toute intersection de sous-groupes d’un groupe est elle-mˆeme un sous-groupe, hAiest aussi le
plus petit sous-groupe de (G, ) contenant A.
1
Si A={x1,...,xn}est fini, on note hAi=hx1,...,xni.
Soit xun ´el´ement de Get el’´el´ement neutre. On d´efinit par r´ecurrence xnpour tout entier relatif
nen posant x0=epuis, pour tout n>0,
xn+1 =xnx, x(n+1) =xnx1.
Exercice 1.4. Montrer que xnxp=xn+ppour tous net pentiers relatifs.
Un groupe (G, ) est cyclique s’il est engendr´e par un seul ´el´ement, donc s’il existe x´el´ement de
Gtel que G=hxi, c’est-`a-dire G={xn;nZ}.
Attention : cette ´ecriture ne signifie pas que Gest en bijection avec Z.
L’ordre d’un ´el´ement xd’un groupe (G, ) d’´el´ement neutre eest
inf{n>1|xn=e}.
Exercice 1.5. L’ordre de xest le cardinal de hxisi hxiest fini, et +sinon.
Un morphisme (de groupes) d’un groupe (G, ) dans un groupe (H, ) est une application ϕ:
GHcompatible avec les lois et , c’est-`a-dire telle que, pour tous xet y´el´ements de G,
ϕ(xy) = ϕ(x)ϕ(y). Si G=H, on dit que ϕest un endomorphisme (de groupe) du groupe G.
L’image du morphisme ϕ:GHest ϕ(G) = {zH;xG, ϕ(x) = z}.
Le noyau du morphisme ϕest ker(G) = {xG;ϕ(x) = eH}.
Exercice 1.6. L’image d’un morphisme de groupes ϕ: (G, )(H, ) est un sous-groupe de
Het son noyau est un sous-groupe de G.
Un morphisme de groupes de Gvers Hest injectif si et seulement si son noyau est le sous-groupe
trivial, donc r´eduit `a {eG}.
Enfin, si un morphisme de groupes ϕde Gvers Hest bijectif, l’application inverse ϕ1:HG
est aussi un morphisme. Dans ce cas, on dit que ϕest un isomorphisme, que ϕ1est l’isomor-
phisme inverse de ϕet que les groupes Get Hsont isomorphes.
2 Vrai ou faux
Prouver chacune des assertions suivantes ou en donner un contre-exemple.
1. (N,+) est un groupe ab´elien.
2. (Q,+) est un groupe.
3. (Q,×) est un groupe.
4. (Z,+) est un groupe.
5. (Z,×) est un groupe.
6. Soit (G, ·) un groupe. Pour tout entier n>1 et tous xet y´el´ements de G, (x·y)n=xn·yn.
7. Soit (G, ·) un groupe et xet ydeux ´el´ements de Gd’ordres finis, not´es respectivement o(x)
et o(y). Alors o(x·y) est fini et divise le produit o(x)o(y).
8. Mˆeme affirmation avec «groupe ab´elien »au lieu de «groupe ».
9. Soit HGune partie non vide d’un groupe (G, ·). La condition suivante entraˆıne que H
est un sous-groupe de G: pour tout h´el´ement de H,h1appartient `a H.
2
10. Mˆeme affirmation avec la condition : pour tous het h0´el´ements de H,h·h0appartient `a
H.
11. Mˆeme affirmation avec la condition : pour tous het h0´el´ements de H,h1·h0appartient
`a H.
12. Mˆeme affirmation avec la condition : pour tous het h0´el´ements de H,h·h0et h1
appartiennent `a H.
13. L’ensemble U={zC;|z|= 1}des nombres complexes de module 1, muni du produit
des nombres complexes, est un sous-groupe du groupe C= (C\ {0},·).
14. La fonction exponentielle est un morphisme de groupes de (R,+) dans R= (R\ {0},·).
15. La fonction exponentielle est un morphisme de groupes de (R,+) dans R
+= (R+\{0},·).
16. Les groupes (R,+) et R
+sont isomorphes.
17. Les groupes (R,+) et Rsont isomorphes.
3 Exercices
Exercice 3.1. Soit une loi sur un ensemble E,egun neutre `a gauche et edun neutre `a droite.
On suppose donc que, pour tout x´el´ement de E,egx=x=xed. Prouver que eg=ed.
Exercice 3.2. Soit E=] π
2,π
2[ et :E×EEd´efinie par
xy= arctan(tan x+ tan y).
a) Prouver que (E, ) est un groupe ab´elien.
b) Pr´eciser si le groupe (E, ) est isomorphe `a (R,+).
Exercice 3.3. Soit Eun ensemble, (G, ·) un groupe, ϕ:EGune bijection et
:E×EE, x y=ϕ1(ϕ(x)·ϕ(y)).
Prouver que (E, ) est un groupe et que ce groupe est isomorphe `a (G, ·).
Exercice 3.4. Soit G=R×Ret la loi sur Gd´efinie par
(x, y)(u, v) = (xu, xv +y).
a) Prouver que (G, ) est un groupe. Pr´eciser si ce groupe est commutatif.
b) Montrer que R
+×Rest un sous-groupe de G.
Exercice 3.5. a) Soit Eun ensemble. Prouver que l’ensemble S(E) des bijections de Esur E,
muni de la loi (s, t)7→ sto`u st:EEest d´efinie par st(x) = s(t(x)), est un groupe.
b) Pour tous nombres r´eels aet b, soit Fa,b :RRtelle que F(t) = at +b. Soit Bl’ensemble
des fonctions Fa,b avec aet br´eels et anon nul. Soit AS(R) l’ensemble des bijections affines
de Rdans R. On rappelle que F:RRappartient `a Asi et seulement si, pour tout r´eel udans
[0,1] et tous r´eels set t,
F(ut + (1 u)s) = uF (t) + (1 u)F(s).
Montrer que B=A. On pourra distinguer le cas o`u tappartient `a [0,1], puis le cas o`u t > 1 en
´ecrivant 1 = (1/t)t+ (1 1/t)0, puis le cas o`u t < 0.
En d´eduire que Aest un sous-groupe de S(R).
c) Prouver directement que Aest un sous-groupe de S(R).
d) Pr´eciser si le groupe Aest isomorphe au groupe Gde l’exercice 4.
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Exercice 3.6. Soit G1=R×Ret la loi sur G1d´efinie par
(x, y)(u, v) = (xu, xv +yu1).
a) Prouver que (G1,) est un groupe.
b) Parmi les parties suivantes, pr´eciser lesquelles sont des sous-groupes de G1:
R× {0},{−1} × R,{−1,1} × R,{1} × R,Q×Q,Q×R,Q×Z,{−1,1} × Z.
c) Pour tout tdans R, soit Ht={(x, t (xx1)) ; xR}. Montrer que Htest un sous-groupe
commutatif de G1.
Exercice 3.7. Pour tout nombre complexe a, on d´efinit ra:CCpar z7→ ra(z) = az et
sa:CCpar z7→ sa(z) = az. Soit
D={ra, sa|aC}.
Pour tout entier n>1, soit
Dn={ra, sa|aC, an= 1}.
a) Prouver que Dest un sous-groupe de S(C) (on appelle Dle groupe di´edral).
b) Prouver que Dnest un sous-groupe `a 2n´el´ements de D.
c) Donner les tables de composition de D2et D3.
d) Prouver que Dnest commutatif si et seulement si n= 1 ou n= 2.
e) Prouver que l’application u:D({−1,1},·) d´efinie par u(ra) = +1 et u(sa) = 1 est un
morphisme de groupes.
Exercice 3.8. Soit (G, ·) un groupe. Le centre de G, not´e Z(G), est l’ensemble des ´el´ements x
de Gqui commutent avec G, c’est-`a-dire tels que, pour tout ´el´ement yde G,x·y=y·x.
a) Prouver que Z(G) est un sous-groupe de Get que Z(G) = Gsi et seulement si le groupe G
est ab´elien.
b) Prouver que Z(G) est un groupe ab´elien.
c) D´eterminer le centre des groupes Ade l’exercice 5, G1de l’exercice 6, et D,D2n+1 et D2nde
l’exercice 7.
d) Pr´eciser si le centre d’un groupe est son plus grand sous-groupe ab´elien, ou non.
Exercice 3.9. a) Soit u:CUd´efinie par u(z) = z/|z|. Montrer que uest un morphisme
surjectif du groupe multiplicatif (C,·) dans (U,·).
b) Construire des isomorphismes du groupe (C,·) sur chacun des groupes produits (U,·)×(R
+,·)
et (U,·)×(R,+).
Exercice 3.10. a) Soient (G, ·) un groupe et ϕet ψdes endomorphismes du groupe Gqui
commutent, c’est-`a-dire tels que ϕψ=ψϕ. Montrer que ϕ(ker ψ)ker(ψ).
b) Soit (A, ·) un groupe ab´elien et n>0 un entier. On note pnl’application de Adans Ad´efinie
par pn(a) = anpour tout adans A. Montrer que pnest un endomorphisme de A. Montrer que
si ψest un endomorphisme de A, alors ψpn=pnψ.
c) D´eduire de a) et b) que, si pnn’est pas injectif, alors il n’existe pas d’endomorphisme sde A
tel que pns= IdA, puis que pnest un isomorphisme si et seulement s’il existe une application
sde Adans Atelle que pns= IdA.
d) Pour A=C, rouver que p2
Cest surjectif, mais qu’il n’existe pas d’endomorphisme rde C
tel que p2
Cr= IdC. En d’autres termes, il n’existe pas de morphisme «racine carr´ee ».
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Exercice 3.11. Soit (G, ·) un groupe, eson ´el´ement neutre et Al’ensemble des ´el´ements xde
Gtels que x2=e. Prouver que Aest aussi l’ensemble des ´el´ements xde Gtels que x=x1. En
d´eduire que l’ensemble B=G\Aest stable par l’application x7→ x1. Montrer les assertions
suivantes.
a) Si A=G, alors (G, ·) est ab´elien.
b) Si Gest fini, alors le cardinal de Best pair.
c) Si le cardinal de Gest pair, alors il existe un ´el´ement xde Gdiff´erent de etel que x2=e.
Exercice 3.12. Soit (G, ·) un groupe cyclique de g´en´erateur aet d’´el´ement neutre e.
a) Soit π:ZGd´efinie par π(n) = an. Montrer que πest un morphisme surjectif de groupes.
b) Prouver que πest un isomorphisme si et seulement si Gest infini.
c) Soit Hun sous-groupe de (G, ·). Prouver que si Gest fini ou si H6={e}, alors A=π1(H)
contient un ´el´ement strictement positif, puis que Aest l’ensemble des multiples entiers de son
plus petit ´el´ement strictement positif. En d´eduire les assertions suivantes.
c1) Tout sous-groupe de (G, ·) est cyclique.
c2) Tout sous-groupe de (G, ·) est stable par les endomorphismes de (G, ·).
d) Donner des contre-exemples de c1) et c2) quand (G, ·) n’est pas cyclique.
Exercice 3.13. a) Soit Aune partie finie de Q. En consid´erant un d´enominateur commun de
tous les ´el´ements de A, prouver que le sous-groupe hAide (Q,+) est cyclique.
b) Pr´eciser si tout sous-groupe de (Q,·) engendr´e par une partie finie est cyclique.
c) Pr´eciser si les groupes (Q,+) et (Q+\ {0},×) sont isomorphes.
Exercice 3.14. Soit ϕ: (G, ·)(K, ·) un morphisme de groupes et xun ´el´ement de Gd’ordre
fini. Prouver que l’ordre de ϕ(x) dans Kdivise l’ordre de xdans G.
Exercice 3.15 (Suppl´ement : exercice corrig´e). Soit Run anneau et GLk(R) le groupe des
matrices carr´ees de taille k>1 `a coefficients dans Ret inversibles. L’application det envoie les
´el´ements de GLk(R) dans le groupe Rdes ´el´ements inversibles de Ret le groupe SLk(R) est son
noyau, donc
SLk(R) := {M∈ Mk×k(R) ; det M= 1}.
Le but de l’exercice est d’´etudier certains sous-groupes SLk(Z/nZ).
1) D´eterminer SL2(Z/2Z) et montrer que ce groupe est isomorphe `a S3.
2) Calculer l’ordre de SL2(Z/nZ) quand nest un entier premier.
3) Trouver des sous-groupes de SL2(Z/nZ) isomorphes `a Z/nZet (Z/nZ).
4) Calculer l’ordre de A:= µ1 2
1 0dans G:= SL2(Z/3Z).
5) D’apr`es la question pr´ec´edente, l’ordre de Gest 24. Montrer que pourtant, Gn’est pas
isomorphe `a S4.
Indications de solution
1) On ´enum`ere d’abord les 6 ´el´ements de l’ensemble SL2(Z/2Z). Ensuite, chacun de ces ´el´ements
repr´esente une application lin´eaire sur (Z/2Z)2qui pr´eserve (0,0) et correspond `a une bijection
de (Z/2Z)2\ {(0,0)}dans lui-mˆeme.
2) On choisit d’abord la premi`ere ligne de M, qui est un vecteur non nul, disons (a, b). Soit
(c, d) la deuxi`eme ligne. Si a6= 0, il reste `a choisir cpuis d= (1 + bc)a1est impos´e, donc n
possibilit´es pour bpuis npossibilit´es pour (c, d), pour chaque anon nul. Si a= 0, dest libre
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