No81
Février-Mars
2014
La Lettre de l’AFMA bulletin trimestriel de l’Association Fonds Mémoire d’Auschwitz – Loi 1901 – PARIS No243476
17, rue Geoffroy l’Asnier – 75004 PARIS – Tél. et fax : 01.48.32.07.42 – C.C.P. : 1769182 E PARIS - Site : www.afma.fr
Directeur de la publication : J. Celiset – Commission paritaire no 1212A06296 – Imprimerie SIPÉ, 91350 GRIGNY
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ÉDITORIAL
Un vent mauvais souffle sur notre société. Pour
la première fois depuis la fin de l’occupation
nazie de notre pays, il s’est trouvé 20.000 mani-
festants pour hurler des slogans antisémites et haineux
tels que les juifs dehors. D’autres comme les musul-
mans, les francs-maçons et les homosexuels étaient
également visés. Comme le déclare le grand Rabbin de
France Michel Gugenheim un tabou vient de tomber
70 ans après la Shoah quant à l’iman de Drancy
Hassen Chalghoumi ce jour de colère ne sert qu’à ren-
forcer les extrémistes voire les intégristes de tous bords.
Aux difficultés économiques dont souffre notre pays,
un bouc émissaire est tout désigné, c’est l’étranger.
Nous assistons à une conjonction hétéroclite d’élé-
ments rejetant le gouvernement, d’extrémistes de
droite, de catholiques intégristes de l’Institut Civitas
et tout dernièrement de l’adhésion de Farida Belghoul
à l’origine de la journée de retrait de l’école qui s’affi-
che avec l’antisémite Alain Soral.
L’humoriste Dieudonné reprenant les thèses négation-
nistes de Alain Soral tourne en dérision les victimes de
la Shoah ajoutant la vérité c’est pour les cons. Ce
même Soral agitant la provocation effectue une que-
nelle, salut nazi inversé devant le Mémorial aux
victimes juives à Berlin suivi par un autre devant
l’école de Toulouse, théâtre de la tuerie d’enfants juifs.
Nous assistons à une banalisation de l’antisémitisme
pourtant condamné, par la loi mémorielle dite loi
Gayssot qui rappelle que l’antisémitisme n’est pas une
opinion mais un délit.
D’autres pays européens sont atteints par l’émergence
de mouvements populistes voire fascistes comme en
Grèce avec le parti ouvertement nazi l’Aube dorée
représenté au Parlement.
Comment empêcher cette gangrène de gagner notre
société ? Nous en avons les moyens par l’application
de l’arsenal juridique mais aussi en interrogeant les
politiques lors des élections municipales afin qu’ils se
prononcent clairement sur la banalisation de l’antisé-
mitisme et la xénophobie, par un effort pédagogique
sans précédent auprès des jeunes au niveau de
l’Education nationale sachant que pour certains, la
Shoah est trop enseignée !
Dans notre travail de transmission de la mémoire, le
volet antisémitisme et racisme est toujours enseigné.
Enfin pour des associations de mémoire comme la
nôtre, nous redoublerons d’efforts pour donner les
explications historiques qui ont conduit à la Shoah
lors de l’accueil de classes d’élèves à notre exposition
permanente à Drancy et lors des commémorations
auxquelles nous participons. Tout pour le travail de
mémoire, meilleur rempart contre l’antisémitisme et
le racisme. Jacques Celiset
SSOOMMMMAAIIRREE
• Journée de la Shoah .......................................... p. 1 à 5
• Convoi Bordeaux-Drancy .................................. p. 6
• Concours National Résistance Déportation .... p. 7
• Pourquoi les Sonderkommandos ........ p. 8
• Evénements mémoriels .........................p. 9
• Le dernier des injustes ......................... p. 10
Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes
de la Shoah et de prévention des crimes contre l’humanité.
69ème anniversaire de la libération d’Auschwitz.
Ce lundi 27 janvier 2014 se sont déroulées en France des cérémonies de commémoration :
A l’UNESCO, une cérémonie ponctuée de discours, organisée conjointement avec l’Institut
Georg Eckert pour la recherche internationale sur les manuels scolaires, le Bureau internatio-
nal de l’Education de l’UNESCO, des délégations permanentes de la Grèce et de la Pologne
auprès de l’UNESCO, avec le soutien des délégations permanentes de l’Allemagne, de la
France et de la Hongrie.
Le soir cérémonie avec lecture de poèmes, témoignage du grand Rabbin d’Israël rescapé de
Buchenwald et président de Yad Vashem. Spectacle Théâtral et une exposition inaugurée dont
la durée s’étend jusqu’au 13 février.
En France, des manifestations à vocation pédagogique et commémorative sous l’égide du
Mémorial de la Shoah avec le soutien du Ministère de la Défense (DPMA) de l’ONACVG en
partenariat avec l’Amicale du Camp de Gurs, du Cercil (Beaune-la-Rolande, Pithiviers,
Jargeau), du Centre européen de l’ancien camp de Natzweiller, du Centre d’histoire de la
Résistance et de la Déportation de Lyon, du Mémorial du camp de Rivesaltes, ville du
Chambon sur Lignon et d’autres lieux ou institutions de mémoire.
Citons-en quelques-unes : à Strasbourg, une cérémonie avec un témoignage exceptionnel de
Mme Ruth Posner, rescapée juive polonaise suivi de la représentation théâtrale « La traversée
de la nuit » de Geneviève Anthonioz de Gaulle et une exposition consacrée aux femmes
porteuses de mémoire.
Au camp des Milles, au mémorial de Compiègne avec la participation d’élèves du collège
Claude Debussy de Margny-lès-Compiègne accueillis par la directrice Anne Bonamy en com-
pagnie de M. Bernard Régnier Recteur de l’Académie d’Amiens et où fut lu un texte écrit par
Simone Veil, à Marseille, à la gare de Bobigny où notre association est intervenue pour
rappeler qu’à partir de ce lieu entre le 18 juillet 1943 jusqu’en août 1944, 22.400 Juifs venant
du camp de Drancy ont été embarqués pour les camps de la mort dont Auschwitz-Birkenau.
BULLETIN D’INFORMATION DE L’ASSOCIATION FONDS MÉMOIRE D’AUSCHWITZ
LA LETTRE DE
LAFMA
Chers adhérents, réservez dès maintenant votre journée dans votre agenda
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
DIMANCHE 4 MAI 2014
À 9 h 30 dans les salons du Relais Paris-Est
4, rue du 8 mai 1945
(Cour d’honneur de la Gare de l’Est. Parking assuré)
Déjeuner prévu avec accompagnement musical.
Une convocation sera adressée dans la première quinzaine d’avril précisant l’ordre
du jour, le formulaire de candidature au Conseil d'Administration et le bulletin
d’inscription au repas pour ceux qui souhaitent y participer.
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LA LETTRE DE L’AFMA
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Journée internationale
de commémoration en mémoire
des victimes de la Shoah
Gare de Bobigny
le 27 janvier 2014
Un vent glacial souffle, les personnes ras-
semblées devant le bâtiment voyageurs de
l’ancienne gare où se déroule la commé-
moration sont transies de froid, ce qui fait
dire à Jacques Celiset qu’il a une pensée
émue pour les déportés à qui nous rendons
hommage, à l’évocation des conditions
climatiques qu’ils devaient endurer, peu
vêtus et affamés.
Discours de Jacques Celiset
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour
commémorer cette Journée internationale,
pris comme symbole de la libération
d’Auschwitz. Journée en mémoire des
victimes de la Shoah, quelques 6 millions
de Juifs dont 1,5 million enfants assassi-
nés par le régime nazi durant la seconde
guerre mondiale du XXème siècle, soit dans
les camps d’extermination, soit par fusil-
lades dès 1941, lors de l’invasion alle-
mande en Ukraine et en Russie.
À la Journée de recueillement et de souve-
nir à laquelle nous participons, nous
devons aussi évoquer la découverte par le
monde de l’horreur des crimes accomplis
par les nazis, il y a 69 ans.
Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp
d’extermination où périrent dans les
chambres à gaz et les fours crématoires
près d’un 1,1 million de victimes dont
90% de juifs, 70.000 polonais, 20.000
tziganes, 15.000 soviétiques dont les
premiers 600 gazés à l’automne 1941.
Par le nombre de victimes le plus élevé de
tous les camps, Auschwitz-Birkenau est le
symbole du crime contre l’humanité com-
mis contre des populations civiles.
Pour commémorer la Journée internatio-
nale de la Shoah décidée par l’Assemblée
générale des Nations Unies c’est le 27 jan-
vier qui a été pris comme journée annuelle
de cette célébration.
C’est en effet le 27 janvier 1945 qu’une
unité de l’Armée rouge entrait dans le
camp d’Auschwitz, abandonné quelques
jours plus tôt, plus exactement le 18 jan-
vier par les geôliers SS, emmenant sur les
routes glacées quelque 60.000 déportés.
Ce fut la Marche de la mort tant le nom-
bre des victimes fut élevé, exténuées, affa-
mées, frappées et abattues en cours de
route. Quant aux Russes, ils trouvèrent
des malades grabataires.
En retenant cette date de la libération du
camp d’Auschwitz, pris comme symbole,
les Nations Unies ont voulu en faire la
Journée internationale de commémoration
des victimes de la Shoah.
Au cours de la cérémonie officielle en
2006, le Secrétaire général de l’ONU
déclarait : » La tragédie sans pareil que fut
l’holocauste ne pourra jamais être effacée,
tant que les hommes pourront se souvenir,
ils devront continuer d’y penser, emplis de
honte et d’horreur ; Seul le souvenir per-
mettra de rendre aux victimes l’hommage
qu’elles méritent. Des millions de juifs et
de membres d’autres minorités ont été
massacrés… le souvenir est la meilleure
riposte face à ceux qui affirment que l’ho-
locauste est une invention ou une exagéra-
tion et que nous devons dénoncer,
concluant que le souvenir est aussi un
garde-fou pour l’avenir.
Et c’est bien le sens de notre présence ici,
aujourd’hui.
Or à quoi assistons-nous aujourd’hui en
Europe ? À une montée des populismes où
l’antisémitisme et le rejet de l’étranger
sont des réponses aux frustrations et aux
difficultés : en Grèce, en Hongrie, aux
Pays-Bas, en Slovaquie, au Danemark
pour n’en citer que quelques-uns.
Si le souvenir est un hommage aux victi-
mes et aussi une nécessité, la transmission
de la mémoire est une obligation morale et
La façade de la gare avec les plaques commémoratives
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LA LETTRE DE L’AFMA
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Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah
civique. En France « nous ne pouvons-
nous résigner à ce que deux jeunes sur
trois ne sachent pas ce que fut la rafle du
Vel d’Hiv, comme le rappelait le Président
de la République, que dans certains collè-
ges ou lycées, il devient impossible de
parler de la Shoah.
Des événements récents ont démontré que
non seulement nous assistons à une bana-
lisation de l’antisémitisme – qui est un
délit puni par la loi – rappelons-le mais la
Shoah est tournée en dérision, on met sur
le même plan les nazis les criminels et les
juifs les victimes ! Ce qui est plus inquié-
tant, ce sont les gens qui assistent, qui
approuvent ce révisionnisme, ce négation-
nisme diffusés à des millions par internet.
Ce constat doit nous inciter à redoubler
d’efforts, d’être plus offensifs dans notre
travail de transmission vers les jeunes
générations. Ce travail d’explication est
rendu plus nécessaire que jamais alors que
l’antisémitisme est ancré dans une partie
de la société française, que le racisme et la
xénophobie ne cessent de progresser et
que la lutte contre l’antisémitisme et le
racisme sont une priorité.
Hier dans Paris on a pu entendre des slo-
gans antisémites et racistes par des manifes-
tants ultras de l’extrême droite et des fans de
Dieudonné et de son mentor Alain Soral.
L’antisémitisme et le racisme sont une
priorité lorsque nous accueillons des clas-
ses d’élèves à l’exposition permanente de
l’AFMA sur le site de Drancy.
Nous sommes réunis ce jour sur le site de
la gare de Bobigny qui vit partir il y a plus
de 70 ans, 22.400 juifs entre juillet 1943 et
août 1944, déportés vers les camps de la
mort où ils furent assassinés.
Votre département eut le triste privilège de
compter sur son territoire le camp de
Drancy antichambre d’Auschwitz, le plus
grand camp d’internement en France où
étaient amenés les juifs arrêtés par la
police française avant leur déportation
vers les camps de la mort. 76.000 dont
11 000 enfants. En 1945, ils seront moins
de 2.500 à être revenus, mais aucun enfant.
Un crime commis en France par la France.
Un Mémorial rappelle leur souvenir.
De cette gare de la douleur, votre munici-
palité soutenue par les partenaires institu-
tionnels dont la SNCF et les associations
dont la nôtre l’Association Fonds
Mémoire d’Auschwitz, nous ferons
ensemble de cette gare, un haut lieu de la
déportation des juifs de France, un
Mémorial, repère pour que les générations
qui suivent, se souviennent que cela fut,
pour faire du site de l’ancienne gare de
Bobigny un lieu digne de ce nom un lieu
de mémoire et aussi de vie dans une
complémentarité avec le Mémorial de la
Shoah à Drancy.
2014, c’est aussi la libération de notre
territoire. Les célébrations qui auront lieu
seront aussi une opportunité pour dénon-
cer l’occupation nazie de notre pays et la
complicité active du gouvernement de
Vichy dans la déportation des juifs de
France.
Le devoir de mémoire ne peut se conce-
voir sans appel à la vigilance. C’est le
sens de notre combat. Comme l’a dit
Paul Eluard « Si l’écho de leurs voix
faiblit nous périrons. » A nous de rele-
ver ce défi pour qu’il n’en soit jamais
ainsi.
Discours de Catherine Peyge,
Maire de Bobigny
Mesdames et messieurs les Elus,
Mesdames et messieurs les représentants
des associations d’anciens déportés et de
leurs familles,
Mesdames et Messieurs.
En ce 27 janvier 2014, nous sommes
réunis ici à Bobigny pour célébrer le sou-
venir de 22.400 personnes, qui parce
qu’elles étaient considérées comme
Juives par l’Allemagne nazie et par
le gouvernement de Vichy, ont été embra-
Mme Isabelle Choko, M. André Berkover et un jeune lycéen déposant la gerbe de l’AFMA
Jacques Celiset prononçant son discours
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LA LETTRE DE L’AFMA
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quées sur ces rails, puis déportées
pour finalement mourir exterminées à
Auschwitz-Birkenau.
Au-delà des chiffres, ce sont des milliers
d’anonymes, tailleurs, fonctionnaires
petits et grands, commerçants, artisans,
avocats, médecins, femmes au foyer,
enfants affamés d’à peine quelques jours,
adolescents amoureux ou vieillards
inquiets qui ont été embarqués ici même.
Au rythme de un ou de deux convois par
mois, pendant 13 mois, 1.000 corps habi-
tés de 1.000 âmes, 1.000 esprits qui
craignaient pour leurs vies montaient
silencieusement dans des wagons qui
seraient bientôt plombés.
Il y avait parmi aussi des sportifs recon-
nus (Alfred Nakache ou Yong Perez), des
poètes comme Benjamins Fondane ou
Itzhak Kathelnelson, des artistes comme
Hélène Berr ou Charlotte Salomon ; des
physiciens comme Henry Abraham et
Eugène Bloch ; des rabbins dont le poids
moral et l’intelligence du cœur comp-
taient pour leur communauté comme
Elie Bloch, René Hischler, ou Robert
Brunschig.
Il y avait aussi des résistants comme
Rose Warfam, Edith Pulvern et Salomon
Gluck.
Parmi ces résistants il y avait aussi Yvette
Levy. Elle a été arrêtée par la gestapo à
18 ans. Elle s’occupait alors du sauvetage
d’enfant Juifs, avec lesquels, pour
certains d’entre eux, elle sera déportée le
31 juillet 1944. Cela se passait ici même.
Je remercie Yvette Levy, pour le courage
qu’elle a eu alors et pour le patient travail
de transmission auquel elle continue de
se livrer, notamment au sein de l’Union
des déportés d’Auschwitz.
Qui, mieux que ces témoins directs,
qui pour certains d’entre eux, sont
aujourd’hui encore parmi nous, peuvent
témoigner de ce qui fût l’extermination
des Juifs d’Europe ?
Longtemps leur voix a transmis l’indici-
ble. Longtemps ils se sont tus, mais long-
temps aussi ils ont parlé.
Viendra un jour où la voix du dernier
d’entre eux s’éteindra pour ne plus
jamais parler.
D’autre voix prendront alors leur relais
comme celle de Fanny Mary, qui tout à
l’heure va nous lire un extrait de « la voix
dans le débarras ». C’est le texte d’un
enfant sauvé de la déportation parce que
sa mère l’avait caché dans un débarras.
Dès le 31 janvier prochain, ce texte sera
mis en scène par Sarah Oppenheim à la
maison de la Culture de Bobigny.
Ces voix s’éteindrons un jour, mais
l’éternité n’oubliera pas ces quatre
années où l’humanité avait créée, sur
terre, des usines dont l’unique fonction
était d’exterminer à plein régime des
corps habités par des esprits qui avaient,
avant cela, aimé, rêvé, peint, chanté et
fait tout ce que l’humanité peut porter de
plus beau.
Nous continuerons à témoigner. Mais de
quoi témoignerons nous et surtout pour-
quoi ?
Outre les lieux comme celui-ci, les livres,
les bibliothèques mais aussi les œuvres
d’art conçues et fabriquées dans les
camps resteront à jamais des témoins de
ce drame.
Car l’art est aussi témoignage. Dans les
camps des peintres ont surmonté la peur
pour tenter de dire l’indicible et pour
décrire l’enfer auquel ils assistaient. Le
film de Christophe Coignet « Parce que
j’étais peintre » que nous projetterons ce
soir au Magic-Cinema en avant- première
donnera la parole à ces artistes témoins.
Aujourd’hui encore, l’art est un moyen
de résistance intellectuelle, un moyen de
transcender et de symboliser les souffran-
ces subies. C’est aussi un moyen de s’in-
terroger sur nos engagements moraux et
sur la possibilité que nous avons ou non
de contrôler nos vies.
L’art peut aussi être un outil de résistance
spirituelle. Il perpétue la vie, il interroge
l’identité de chacun et celle de l’autre.
C’est pourquoi il est indispensable à
notre projet. Il en est son centre. La
Grande Halle des marchandises que vous
avez derrière vous sera réhabilitée. Elle
aura vocation à accueillir des cérémonies
commémoratives comme celle-ci, mais
également des événements culturels qui
interrogerons la question de l’extermina-
tion des Juifs d’Europe pour à la fois en
tirer des enseignements, mais également
Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah
La Maire Catherine Peyge et l’adjoint Bernard Grinfeld déposant la gerbe de la Mairie
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dépasser un événement qui a fait voler en
éclats toutes nos certitudes et surtout
notre foi en l’espèce humaine.
Le permis de construire relatif à cette
réhabilitation sera déposé en février cette
année et nous espérons vous accueillir en
janvier 2016 au plus tard dans un nou-
veau bâtiment rénové. Dans ce projet le
soutien de la SNCF est décisif.
Victor Hugo disait que « l’art est le reflet
que renvoie l’âme humaine éblouie de
la splendeur du beau ». Mais après
Auschwitz le miroir s’est brisé.
Nous ne devons rien forcer, nous
ne devons pas vouloir transmettre à
tout prix, mais nous devons dialoguer,
interroger, inviter les jeunes et les moins
jeunes à se poser des questions. A une
question, nous devons répondre par une
autre question.
Vous savez que nous tenons à l’idée de
faire vivre, ici, avec le moins de
contrôle possible, un jardin de friche
composé uniquement de plantes qui
s’installent de façon naturelle sur place.
Parmi ces plantes certaines sont dites
pionnières. Lors de l’inventaire de ces
plantes sur place, nous avons trouvé
quatre espaces rares et protégées.
Certaines autres sont dites invasives,
d’autres exotiques, voire colonisatrices.
Tous ces termes doivent pourvoir être
interrogés intelligemment. Nous devons
nous demander ensemble qu’elle est la
différence entre un pionnier et un colon.
Nous devons nous intéresser à tout ce
qui est vivant, sensible et présent autour
de nous pour faire émerger de la
connaissance du passé, un avenir paci-
fié. La pensée et l’intelligence se doi-
vent d’être confrontées à l’intuition. La
curiosité des visiteurs doit être aiguisée
et leur intelligence touchée.
Le succès de ce projet ne dépendra pas
du nombre de visiteurs annuels, mais
bien de la qualité de ceux que l’on aura
accueillis.
ici et de la qualité des questions qui y
auront été posées et des réponses que
nous y aurons apportées. Nous ne
devons pas forcer, mais inciter.
Si un seul enfant, parmi ceux qui vien-
drons ici, prend conscience des méca-
nismes qui conduisent au mieux à la
méfiance de l’autre au pire à sa haine ;
si un seul de ces enfants apprend à faire
des ponts entre ce qui relève du présent,
du passé et du futur et si celui-ci devient
l’un des diplomates qui obtiendra la
paix au Proche-Orient, nous aurons
ensemble gagné notre pari.
Je vous remercie de votre attention.
Marseille 27 janvier 2014
à l'école Yavné de Marseille
Une journée pour ne pas oublier
pour que cela ne se reproduise pas
Aboutissement d'un remarquable travail
impulsé par le chef d'établissement Mireille
Pallot, dans lequel se sont impliqués les
élèves et leurs professeurs.
Monsieur le Recteur de l'Académie d'Aix-
Marseille a honoré de sa présence cette
journée à laquelle furent conviés : Albert
Barbouth, Président de l'AFMA-Marseille,
Serge Coen, délégué du Comité français
pour Yad Vashem, Robert et Gilberte
Mizrahi, élus des 13
ème
et 14
ème
arrondisse-
ments, Renée Dray-Bensoussan, histo-
rienne, Présidente de l'A.R.E.S (Association
pour la Recherche et l'Enseignement de la
Shoah), l'Amicale d'Auschwitz, représentée
par Maurice Finkelstein.
La cérémonie commémorative nous a ras-
semblés dans l'amphithéâtre, aux côtés des
délégués des classes et des élèves.
Intervention remarquée de Monsieur le
Recteur de l'Académie d'Aix-Marseille qui
s'est adressé aux citoyens de demain : après
avoir rappelé les valeurs qui fondent notre
République démocratique, il les a exhortés
à ne pas se laisser influencer par ceux qui
tiennent des discours extrémistes émaillés
d'idées simplistes. Il a aussi rappelé aux
adultes qu'ils ont un rôle à jouer et se doi-
vent d'être un modèle.
Puis la parole fut aux élèves : ils nous ont
offert un magistral parcours de Mémoire et
Citoyenneté : une scène chargée de symbo-
les évoquant l'extermination à Auschwitz,
lecture de lettres de détenus dans les camps
d'internement de Gurs, Rivesaltes, les
Milles, projection de photographies et de
dessins réalisés par les classes, évocations
musicales avec la magnifique prestation d'un
jeune lycéen dans deux chants : elle s'appe-
lait Sarah, rahem.
La cérémonie s'est achevée par l'allumage
des bougies.
Les jeunes acteurs de cette commémoration
se sont rassemblés sur la scène et Maurice
Finkelstein, au nom de notre amie Denise
Toros-Marter, Présidente de l'Amicale
d'Auschwitz-Provence, a remis à chacun un
exemplaire de l'ouvrage Marseille, Vichy et
les nazis, initié par l'Amicale.
Dans le hall, la très belle exposition réalisée
par les classes, faite de panneaux de photo-
graphies et de dessins, engage une réflexion
sur les génocides, ce qui y conduit et ce qui
doit être.
Une journée placée sous le signe de la
convivialité, très émouvante, qui a amené
à beaucoup des larmes dans les yeux. Un
bonheur !
Mireille Champion - 30/01/2014
Journée internationale de commémoration de la Shoah
Une vue partielle des participants
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