LE TRAGIQUE DESTIN DES ENFANTS JUIFS
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Bien avant que l'Allemagne
ne fasse pression sur le pays,
le gouvernement français
mit en place sa propre poli-
tique antisémite et, dans un
contexte durci, ne chercha pas
à protéger les enfants juifs.
Organe du gouvernement
de Vichy, le Commissariat
général aux questions
juives, créé en mars 1941,
conduisit une politique
visant à contrôler et à
exclure les Juifs de France.
Les autorités françaises se chargèrent elles-mêmes du
recensement des familles juives, contribuèrent à leur
arrestation et à leur rassemblement dans des
camps français provisoires, favorisant ainsi leur identi-
fication et leur déportation.
Les Justes
Des initiatives individuelles et des réseaux organi-
sés tel l’OSE, organisation de secours aux enfants,
permirent de sauver des enfants juifs. Placés dans
des familles d'accueil ou dans des institutions, ceux-ci
ne durent leur survie qu’au vouement de leurs
protecteurs et à de multiples supercheries (adoption
d’une fausse identité et mensonge sur la religion...).
Centre de
documentation
«Résistance
et Déportation
de Saône-et-Loire»
AGE TENDRE ET ANNÉES NOIRES
Sur ordre de l’administration, Raymond
Alkan déclare son appartenance à la religion
juive, juillet 1941 (1W452)
Extrait de recensement des Juifs
de Saône-et-Loire, 1941 (1W451)
Izieu, été 1943
Entre mai 1943 et avril 1944,
la colonie d’Izieu (Ain) servit de
refuge à plus d’une centaine
d’enfants juifs.
Le 6 avril 1944, les 44 enfants
présents, âgés de 4 à 17 ans,
et leurs éducateurs
sont arrêtés sur ordre de
Klaus Barbie puis déportés.
Léa Feldblum, adulte, fut la seule
survivante.
Repères -
Au total, plus de 75 000 Juifs - dont 24 000 de natio-
nalité française - ont été déportés depuis la France.
Parmi eux se trouvaient 11 000 mineurs dont 2 000
avaient moins de 6 ans et 4 000 entre 6 et 12 ans. En
général gazés dès leur arrivée dans les camps, moins
de 100 d’entre eux ont survécu à leur déportation.
Rapport de police
rapportant l’arrestation
et l’internement
de la famille Krauze,
1944
(1W451)
L’étoile jaune de David est le signe
vestimentaire distinctif imposé aux
Juifs par les nazis. En France, une
ordonnance allemande (29 mai 1942)
a rendu son port obligatoire aux Juifs
de plus de 6 ans.
Progressivement, les Juifs sont exclus de la
majorité des lieux publics : ici, une aire
de jeux parisienne, novembre 1942.
Alors que les travaux d’identification des victimes se
poursuivent encore aujourd’hui, une liste - assurément
non exhaustive - de 12 mineurs juifs résidant en Saône-
et-Loire au moment de leur arrestation a pu être établie
d’après les listes officielles des convois de déportation.
Parcours -
En mai 1940, Joseph et Annette
Israël furent expulsés de Lorraine
avec leurs trois enfants. Réfugiés
à Mâcon, ils sympathisent avec
Albert et Renée Blanvillain, égale-
ment parents de trois enfants.
Malgré les dangers Léon, le
frère de Joseph, est assassiné par
la milice le 27 avril 1944 –, la famille Blanvillain
apporte un soutien infaillible (faux papiers,
caches) à la famille Israël. Les liens entre les deux
familles ont perduré jusqu’à ce jour.
M. et Mme Blanvillain ont reçu le titre de Justes
parmi les Nations en 2006.
Ayant trouvé refuge à La Clayette chez la famille
Gaillard, Rébecca Hakim, jeune lyonnaise juive
née en 1935, est présentée comme une fille de
prisonnier mise à l’abri à la campagne. Pour ne
pas éveiller les soupçons, elle fréquente l’école
libre et va à l’église. En 1945, Rébecca a le bonheur
de retrouver vivants sa mère, ses frères et sœurs
ainsi que son père, prisonnier de guerre rapatrié.
Clothilde et Marie-Aimée Gaillard ont reçu le titre
de Justes parmi les Nations le 14 novembre 2007.
Diplôme remis aux Justes
par l’Institut Yad Vashem
Furent déportés entre juillet et novembre 1942 : Henri
Bobbe, Oswald Pariser et Bernard Schainer (17 ans),
Nelly Reich (16 ans), Frida Brenner (14 ans), Théodore
(13 ans) et Thérèse (4 ans) Reicher, Marcel (11 ans) et
Berthe (3 ans) Krauze - la trace de leur sœur, Renée
(5 ans), se perd -, Alexandre Messinger (4 ans) et
Régine Dyler (3 mois), puis en 1944 : René Lyon
(2 ans).
Izieu, un lieu de mémoire
RESISTANCES ET COLLABORATIONS
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Résistances
L’exaspération, l’audace, la disponibilité, le patriotisme,
pour certains aussi la traque dont ils furent l’objet
(Juifs, jeunes soumis au travail obligatoire), ont
poussé des milliers de jeunes à agir malgré le danger
de mort encouru.
En grand nombre dans les
mouvements organisés de la
Résistance, les moins de 30 ans
ont aussi été nombreux à expri-
mer et à opposer leur résistance
par des actions isolées : chant
subversif, commémoration du 11 novembre et du
14 juillet, campagne des V…
Collaborations
La collaboration des jeunes, phénomène minori-
taire prit des formes variées : action militante au
sein de mouvements radicaux,
délation, engagement volon-
taire sous l’uniforme allemand,
participation aux exactions de
la Milice…
Centre de
documentation
«Résistance
et Déportation
de Saône-et-Loire»
AGE TENDRE ET ANNÉES NOIRES
Affiche clandestine posée à
Cormatin, juillet 1943 (AD71)
Maquisards à Saint-Martin-en-Bresse
(collection privée)
(1328W44)
(1910W33)
(BH4603)
(1714W135)
Les enfants dont les parents appartenaient à la
Résistance, non Résistants eux-mêmes, ressentirent
les effets de leur implication. Malgles précautions de
ses parents, Michel Wicker, 10 ans, se rendit compte
des absences nocturnes de son père et surprit des
conversations aux mots étranges : « avion », « tract »,
« planque ». Sans savoir ce qu’était la Résistance, il
comprit qu’il devait se taire pour protéger sa famille.
Parcours -
Denise Griveau, agent de liaison
FTP, arrêtée puis déportée, mourut a
23 ans des suites de sa déportation
peu de jours après sa libération.
Avant de rejoindre le maquis de
Brancion en 1943 et de participer à
ses coups de mains (sabotages de voies ferrées…),
Jean Effernelli, dit « Séraphin », fut de ces jeunes qui
ont commencé par tracer des croix de Lorraine.
Dans le sillage de son frère aîné,
Roland Degueurce, Montcelien, effec-
tue ses premières missions à 12 ans
en tant qu’agent de liaison puis de
renseignements. Dénoncé, il rejoint
le maquis de Marizy et participe
notamment aux combats de libération
de Montceau-les-Mines.
Denise Griveau
(BH4970)
Roland
Degueurce
(Grenadier
bourguignon)
« Mourir à 20 ans, il vaudrait mieux
n’avoir jamais existé » Cellule 51
Les jeunes de Saône-et-Loire ont vécu, entre 1939 et
1945, des expériences différentes, plus ou moins
traumatisantes, qui les ont fait rir avant l’âge et
privés d’une part d’insouciance propre à la jeunesse.
A jamais marquantes, ces années ont déterminé
nombre d’engagements publics et personnels dans leur
vie d’adulte.
(collection privée)
Seule une poignée de jeunes rejoignit les mouvements
de jeunesse des partis de la collaboration, le parti
franciste de Marcel Bucard, le Rassemblement National
Populaire (RNP) de Marcel Déat et le Parti Populaire
Français (PPF) de Jacques Doriot.
Les jeunes miliciens, plus nom-
breux mais fraction mineure des
35 000 membres que compta la
Milice, présentaient pour la plupart
un profil de marginaux davantage
séduits par l’appât du gain, l’aven-
ture, la violence que mus par des
considérations idéologiques.
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