Document 4 : Les œuvres philosophiques principales de Sénèque :
- Consolation à Marcia
- Consolation à Helvia
- Consolation à polybe
- Sur la colère (De ira)
- Sur La Clémence (De clementia)
- Sur la tranquillité de l’âme (De tranquillitate animi)
- Sur la brièveté de la vie (De brevitate vitae)
-Sur l’oisiveté (De otio)
- Sur la constance du sage (De constantia sapientis
- Sur les bienfaits (De beneficiis),
- Le traité Sur la vie heureuse (De vita beata)
- Sur la providence (De providentia),
- Questions naturelles (Naturales Quaestiones)
- Lettres à Lucilius (Senecae ad Lucilium epistolae morales), sont adressées à son ami Lucilius.
Document 5 :
Ils perdent le jour par l'attente de la nuit, la nuit par la crainte de l'aube. Leurs voluptés mêmes
sont tremblantes et agitées de diverses frayeurs ; au milieu du plus grand transport survient
cette angoissante interrogation : « Pour combien de temps ? » C'est à cause de ce sentiment
que des rois ont pleuré sur leur puissance : la grandeur de leur bonheur les charmait moins
que ne les terrifiait la crainte de le voir un jour finir. Quand, sur de vastes espaces, il déployait
une armée non pour la dénombrer, mais seulement pour l'évaluer, le plus arrogant des rois de
Perse versa des larmes en songeant que d'ici cent ans aucun de ces jeunes guerriers ne serait
plus ; pourtant, lui-même allait précipiter pour eux le destin sur lequel il se lamentait, et
conduire à leur perte, les uns sur mer, les autres sur terre, les uns au combat, les autres dans
la fuite, et en peu de temps anéantir ceux pour qui il redoutait la centième année !
Dirai-je que leurs joies aussi sont troublées ? Car elles ne s'appuient pas sur des bases
solides, mais tremblent sur le terrain inconsistant où elles s'élèvent. Que dire, selon toi, des
moments qu'ils avouent eux-mêmes malheureux, quand ceux aussi dont ils s'exaltent, où ils se
croient montés plus haut que l'humain, sont si mêlés ? Les plus grands bonheurs sont inquiets,
et il n'est pas de fortune moins sûre que celle qu'on croit la plus favorable ; il faut une nouvelle
félicité pour conserver la félicité, et pour remplacer les vœux exaucés il faut en formuler
d'autres. Car tout ce qui vient du hasard est instable ; plus on s'élève haut, plus on risque de
tomber ; or, la perspective d'une chute ne réjouit personne. Sénèque
La brièveté de la vie
Document 6 :
Nous pensons que seuls consacrent leur temps à de véritables occupations, quoi qu'on dise,
ceux qui veulent avoir Zénon, Pythagore, Démocrite et tous les autres prêtres des valeurs
suprêmes, Aristote, Théophraste, comme familiers de chaque jour. Aucun d'eux ne nous fera
faux bond, aucun ne renverra son visiteur sans le rendre plus heureux, plus disposé à l'aimer,
aucun ne le laissera partir les mains vides. Tout mortel peut aller les trouver la nuit comme le
jour.
Parmi eux, nul ne te forcera mais tous t'apprendront à mourir. Parmi eux, aucun ne dilapide tes
années mais tous t'apportent les leurs. Avec eux, un entretien ne présentera jamais aucun
danger, aucune amitié ne sera funeste, ni aucun hommage coûteux. Tu emporteras d'eux tout
ce que tu voudras ; il ne se trouvera rien pour t'empêcher de puiser chez eux autant que tu le
désires. Quel bonheur, quelle belle vieillesse attend celui qui s'est placé sous leur patronage !
Il pourra délibérer avec eux des sujets les plus minimes comme des plus graves ; il pourra les
consulter chaque jour sur ce qui le concerne : ils lui diront la vérité sans l'outrager, le loueront
sans le flatter, et il pourra se modeler à leur image. On a coutume de dire qu'il n'a pas été en
notre pouvoir de choisir nos parents, que le hasard nous les a donnés : mais l'homme vertueux
peut naître où il veut. Les esprits les plus nobles composent des familles. Choisis celle dont tu
veux faire partie, et tu en recevras non seulement le nom, mais les biens, que tu n'auras pas à
préserver avec une avarice sordide et mesquine parce qu'ils s'accroîtront d'autant plus que tu
les partageras davantage. Ils te donneront le chemin vers l'éternité et t'élèveront en un lieu où
nul ne pourra te jeter à bas. C'est le seul moyen de dépasser sa condition de mortel, et même
de la transformer en immortalité. Les honneurs, les monuments, tous les décrets que l'ambition
Association ALDÉRAN © - Conférence 1000-007 : “Le Symbolisme du Solstice dʼHiver” - 18/12/1998 - page 5